Le trio de Québec FLOES qui dévoilait deux extraits coup sur coup plus tôt ce printemps vient de publier un EP de 5 titres fort bien ficelé. Intitulé Shade & Mirror, le maxi récapitule et nous ramène les deux pièces présentées au public, en l’occurence «Showdown» et «Hooked», dévoilées respectivement à la fin avril et au début mai. Ces deux morceaux, dont le potentiel était vraiment intéressant et laissait augurer un projet mature et abouti, ils se sont avérés plutôt représentatifs de cette parution, qui conserve un niveau de qualité élevé.
Il faut dire que les gars du band n’en sont pas à leur première initiative musicale et que ça se ressent bien. Le trio mené par Samuel Wagner (Harfang) et complété par Simon Tam (Émeraude) et Pierre-Philippe Thériault (PopLéon) sait comment produire une musique originale, captivante et accessible. Le niveau de production est très élevé et n’a pas grand chose à envier aux albums des majors de ce monde. Très léchée, leur pop fait une place à l’électro comme trame de fond et à des pistes vocales délicates qui viennent y occuper l’espace de fort belle manière. Le tout est complété par des rythmiques variées, passant sans problème de celles du hip hop à celles de l’indie rock.
Le titre qui ouvre l’album, «Shadows», est construit sur un lit de guitares bien fignolées et met progressivement la table en termes d’ambiance sonore et d’esthétisme. La seconde composition, la première à avoir été révélée au public, intitulée «Showdown», demeure probablement le moment fort de l’album, avec sa mélodie mémorable et sa production impeccable. La collaboration avec deux des hommes forts de la sphère sonore de Québec, surtout avec Dragos Chiriac (Men I Trust) mais on trouve également mentionné Jean-Étienne Collins-Marcoux (De La Reine), n’est probablement pas étrangère à cette réussite. La réalisation et le mix s’est passée surtout à deux, Dragos Chiriac venant épauler Samuel Wagner à réaliser le projet. «Hooked», la troisième piste du EP, était également connue du public, ayant servi de deuxième extrait, et elle conserve la cohérence esthétique et sonore tout en ajoutant une belle variété à la palette.
Le second moment fort de l’album à mon avis, c’est le quatrième ttire «Burning light», qui installe progressivement des couches sonores venant se compléter et se relancer, jusqu’au moment où le rythme change à l’amorce du dernier tiers, permettant aussi à la mélodie d’évoluer, d’incorporer des synthés qui sonnent comme une tonne de brique et de pousser les cordes vocales du chanteur-claviériste un peu plus loin. Un groove complètement captivant nous accompagne jusqu’à la fin, introduisant avec brio le dernier morceau du EP. Celui-ci, intitulé «A lifetime ago», rappelle au début certaines pièces de Radiohead, avec la voix qui rappelle plus que jamais celle de Thom Yorke, mais en plus serein. Tout de suite après le début, le style vocal change et le rythme aussi, dévoilant au final un titre un peu plus conventionnel mais avec une belle progression dynamique. Après le bridge, le morceau gagne en efficacité pour clore le disque en beauté.
C’est vraiment une belle grande parution que nous offre FLOES, malgré sa courte durée. Le disque démontre un savoir-faire indéniable derrière les compositions et l’interprétation est aussi au rendez-vous pour couronner de succès l’entreprise du groupe. Il leur est permis de rêver d’un succès international, le tout se déroulant en anglais, surtout si l’éventuel premier album complet relève le défi de garder un standard de qualité élevé et constant en plus d’élargir avec cohérence leur répertoire. Disons que la barre, ils se la sont fixée assez haute.
Un lancement au Pantoum à Québec est prévu pour le jeudi 2 juin – plus d’infos ici.
La formation indie folk originaire de Québec qui s’est fait connaître sous le nom Harfang vient tout juste de dévoiler son nouveau single. La pièce, intitulée «Flatline», se trouve à être une composition transitoire entre Flood, paru il y a un peu plus d’un an, et le prochain album complet, que le groupe prévoit publier au début 2017.
« Flatline » explore le thème du deuil comme un passage salutaire. La pièce est dévoilée en même temps qu’un magnifique clip qui la met en images. Pensé comme un court-métrage musical, le clip qui offre, outre la pièce, une introduction cinématographique, présente la mort comme élément central et fixe la nature intouchable de celle-ci dans un assemblage d’animations tridimensionnelles et de scènes parfois dramatiques, parfois contemplatives.
Pour l’expérience audio-visuelle complète:
Pour écouter la pièce sans les images:
[bandcamp width=100% height=120 track=1277221366 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false artwork=small]
Coproduit par Boîte Béluga et le Pantoum, le Mammifest a battu son plein samedi dernier pour une première édition qui a connu un franc succès. Conçu pour «donner une nouvelle vitrine pour la relève de Québec», comme nous l’a annoncé Jean-Étienne Collin Marcoux du Pantoum, ce festival nous a présenté quatre groupes locaux ainsi que Royal Canoe (Winnipeg) et Organ Mood (Montréal / Sherbrooke) en tête d’affiche. Six spectacles uniques d’affilée dans une ambiance «animale» où chacun était libre de se déguiser en son mammifère préféré.
Le Complexe Méduse avait été transformé en jungle pour l’occasion, grâce à des décors faits main par Carol-Anne Charrette et Pier-Anne St-Jean. Pour couronner le tout, le Coin fabriquait même sur place des T-shirts personnalisés à l’effigie du festival. Quand la soirée a commencé, vers 21h, la salle était déjà pleine.
Floes – 21h
C’est Floes qui a ouvert le bal. Composé de Samuel Wagner (Harfang),Pier-Philippe Thériault (PopLéon) et Simon Tam (PopLéon, Émeraude), le groupe nous a offert son premier spectacle à vie. Ils avaient sorti un extrait quelques jours avant, Showdown, qui nous promettait un électro franchement pop, voire hip-hop, tout en gardant un côté introverti et planant.
N’ayant pas peu d’expérience chacun de leur côté, les musiciens du trio ont bien tenu leur promesse. Résultat, des beats intéressants, des mélodies pop dont l’aspect répétitif était cassé de temps en temps par le son plus rock de la guitare, sans oublier la voix de Samuel Wagner qui contrebalançait le tout avec sa légèreté et son côté planant. Un mélange osé et intéressant, où chaque son avait sa place. Pendant une trentaine de minutes, Floes nous a joué ses quelques pièces, dont on retrouvera une partie sur leur mini-album qui devrait sortir bientôt.
De la Reine – 21h45
Autre trio assez récent, De la Reine se démarque par son énergie et son groove. Les trois musiciens du groupe, Jean-Étienne Collin Marcoux (batterie), Vincent Lamontagne (guitare et basse) ainsi qu’Odile Marmet-Rochefort (voix et claviers), ont eux aussi déjà fait leurs armes (ou leurs instruments) dans différents autres groupes locaux de la ville de Québec.
[disk_player id= »25770″]
Dans un style qui mêle le trip-hop et le rock à beaucoup d’autres substances musicales, le groupe a livré une performance qui avait quelque chose de percutant, d’accrocheur. On est heureux de constater, aussi, que la langue française de leurs textes se marie bien avec leur musique, un autre pari intéressant. Le groupe a aussi profité du Mammifest pour lancer sa cassette, leur premier opus.
Medora – 22h30
Programmé au OFF l’an passé, Medora a été chaudement accueilli par le public samedi soir. Public qui, d’ailleurs, ressemblait fortement à celui du OFF : attentif et curieux, ouvert, festif.
Contrastant avec le côté pop du début de la soirée, le groupe s’est lancé très rapidement dans leur rock cru et planant à la fois, comme le serait une remise en question existentielle. Ils ont joué plusieurs pièces de leur récent maxi intitulé Les Arômes ainsi que Sillage, une des pièces phares de leur premier disque. Ils n’ont pas déçu le public, qui semblait habitué à l’intensité du groupe et à ses crescendos psychédéliques.
On a aussi eu droit à une reprise d’une chanson d’Avec Pas D’Casque ainsi qu’à une nouvelle pièce au tempo rapide et où la voix du chanteur s’est déployée avec agilité : Tsunami. On y a aussi senti un côté plus dissonant qui ajoute une autre couleur à la musique du groupe. Cette chanson se trouvera apparemment sur le prochain opus de Medora, premier album complet, sur lequel ils travaillent en ce moment.
Harfang – 23h15
Très attendus eux aussi, les membres de Harfang sont montés sur scène peu après Medora. Le harfang n’est pas un mammifère, mais samedi dernier il faisait vraiment partie de la famille : le groupe était visiblement heureux de jouer devant un public déjà pour la plupart initié à sa musique, qui plus est entouré d’une équipe avec laquelle il est habitué de travailler. La performance n’en a été que plus énergique, d’un enthousiasme contagieux.
Harfang a joué plusieurs pièces de ses deux maxis Harfang EP et Flood, en plus de quelques pièces qui ne figurent pas encore sur aucun disque. Ces nouvelles chansons, dont une qui a été jouée pour la première fois en spectacle au Mammifest, témoignent de nouvelles influences qui ont été mélangées au folk rock distinctif du groupe. J’ai cru y voir passer des traces de jazz, de blues, quelque chose du pop des années 80 et même un peu de musique du monde. Ce sera à explorer plus amplement quand le groupe sortira son prochain disque, un album complet, prévu pour la fin 2016.
Royal Canoe – 0h15
En tournée pour la promotion de leur nouvel album Today we’re believers, le groupe manitobain a fait un arrêt au Mammifest pour le plus grand plaisir des spectateurs. Royal Canoe, ce sont des arrangements musicaux élaborés autour d’un jeu répété, des tempi et des structures rythmiques complexes, le tout accompagné par la voix du chanteur transformée par différents effets électroniques.
Leur musique, un mélange hétérogène de différents styles qui ressortent en un tout psychédélique et électro à la fois, a emporté le public qui s’est graduellement mis à danser. Vraisemblablement enchanté par la réaction du public, le groupe a étiré sa performance en jouant autant de vieilles chansons que de nouvelles.
Organ Mood – 1h15
Après quatre heures de spectacle intense, rien de mieux pour terminer la soirée que la performance d’Organ Mood. Spectacle inclusif, ambiant, où le public et l’improvisation musicale psychédélique tenaient des rôles prépondérants. Les effets visuels, faits main, étaient eux aussi créés spontanément sur place à l’aide de rétroprojecteurs et d’acétates.
Les spectateurs, mêlés à la performance qui se donnait sur le plancher de la salle, en ont profité pour se poser pendant la première partie du spectacle. En bonne partie assis, quelques uns les yeux fermés, ils appréciaient l’ambiance musicale et ses effets de transe. Après une intéressante performance de deux spectateurs sur un instrument inventé par le groupe, Organ Mood a invité le public à se disperser dans la salle. Celui-ci en a profité pour se propager, discuter, profiter du moment ou encore danser. La piste de danse s’est élargie à mesure que la performance avançait.
Jean-Moufette – Très tard
Pour les quelques motivés qui restaient et en redemandaient encore après Organ Mood, Jean-Michel Letendre Veilleux du Pantoum (a.k.a. Jean Moufette) a fait un DJ set jusqu’à 3h du matin. Le tout s’est apparemment très bien terminé, selon l’autre pilier du Pantoum Jean-Étienne Collin Marcoux.
Un festival prometteur
Local autant par sa programmation (Floes, De la Reine, Medora, Harfang) que dans son organisation (Boîte Béluga, Pantoum, Le Coin), le Mammifest a su plaire au public et rassembler une variété intéressante de styles. L’ambiance était festive et le concept, bien exploité. Le timing était parfait pour nous remettre en mode festival et pour nous faire patienter jusqu’au OFF.
On espère que cette édition soit la première d’une longue série qui poussera encore plus loin ses exploits et qui fera voir à qui le veut bien à quel point notre scène locale se porte bien. En espérant y croiser toujours davantage de nouveaux visages (autant du côté du public que de celui des musiciens) et qu’on offrira à ce festival la visibilité qu’il mérite.
Soyons honnêtes deux minutes. J’ai manqué les 10-15 premières minutes. Le froid a dû me faire marcher trop lentement, ou bien c’est peut être la bière que j’ai pris pour me réchauffer qui s’est un peu éternisée. J’en ai pas manqué trop quand même! J’ai eu le temps de voir assez de Harfang pour vous en parler d’une manière selon moi plus qu’adéquate!
Et justement, Harfang ont été plus qu’adéquats, impeccables même. La guitare électrique est réverbérée, houleuse, une toile sur laquelle pouvaient glisser les harmonies de Samuel Wagner et Antoine Angers. La voix d’Antoine semblant d’ailleurs prendre une place moins effacée, plus assumée qu’auparavant, contrastant doucement avec le fausset de Samuel. Je vais essayer de ne pas trop comparer avec le passé, pour les nouveaux venus à Harfang (il doit en rester 4 ou 5 à Québec), mais je dois mentionner le glissement subtil du son folk, qui s’efface un peu pour laisser paraître un rock planant, mature et franchement plus intéressant, intégrant les guitares acoustiques comme élément de texture sonore plutôt que comme élément central du groupe. Je dois admettre mon biais par contre, je suis l’escroc bien élevé du rock indépendant à Québec (Simon calme toi) alors je préfère un peu les sons plus croquants, plus assumés, les percussions fortes, l’influence métal de Mathieu Rompré aux percussions, la guitare au look rockabilly de David Boulet-Tremblay… ad infinitum.
Enchaînant surtout les pièces de Flood, et, si mes oreilles ne se trompent pas, quelques nouvelles pièces, on voyait un groupe confiant, solide, qui connaît et aime son matériel. Ils se sont d’ailleurs gâtés avec un cover de Perth de Bon Iver, jouée justement, avec émotion, mais sans plus. J’aurais voulu entendre plus de Harfang, plus de changements dans la pièce, une touche plus personnelle! Mais bon, le beau Alexis dansait avec sa basse alors que demander de plus.
Donc, Harfang c’est beau, mais on les connaît, il faut passer à la pièce de résistance.
Mouse on the Keys est un trio, formé d’Akira Kawasaki aux percussions, et d’Atsushi Kiyota et Daisuke Niitome, tous deux aux claviers! Ils étaient accompagnés sur scène d’une excellente trompettiste et d’un habile projectionniste aux noms inconnus! Ils sont vêtus de noir, la scène est éclairée très timidement, le Cercle devient monochrome, les introductions sont faites.. ça sonnait comment?
Si ma mémoire est bonne, ils ont ouvert avec Spectres de Mouse, tirée de leur album le plus connu,An Anxious Object. Allez écouter ça, vous allez avoir une bonne idée. Mais bon, je vais faire mon travail quand même et vous le décrire! Je vais crier un brouillon d’influences, faites-en ce que vous en voulez et ensuite on pourra parler de leur performance scénique!
Donc, sans ordre précis, j’ai entendu, ou ressenti:
Une base jazz assez bien assumée, voire même une touche de fusion, mais sans le kitsch. Une attitude et une fougue tirant définitivement vers le punk. Un look et des éléments échantillonnés rappelant le japanoise (ジャパノイズ pour les intimes). Une émotion presque trip-hop par moments avec des progressions dynamiques et harmoniques qui rappellent Reich et les autres grands du classique contemporain. Je sais, ça semble incompréhensible.. et en relisant les notes je me dis la même chose, mais le spectacle était assez incompréhensible aussi!
Le visuel, de son côté, était impeccable. Avec 4 ou 5 projecteurs, derrière le groupe, sur le groupe et sur les murs, contrastant avec la noirceur, on avait des projections géométriques, monochromes en noir et blanc, haletantes et dynamiques. Un bel ajout à l’expérience déjà surréelle. Parlant de surréalisme, la performance instrumentale était hors de ce monde. Les interactions entre les deux claviéristes, se répondant, mélangeant leurs mélodies, remplissait l’espace sonore comme les pâtes alphabet dans une soupe qui a déjà beaucoup de légumes, un mélange consistant et savoureux.
Si les claviers sont légumes et pâtes, les percussions font le bouillon. Alternant les métriques et les tempos, sans jamais qu’on ne s’en rende compte ou qu’on arrête de danser, jouant avec les dynamiques, les intensités, les références au jazz, au hip-hop, au math rock, Akira Kawasaki était sans contredit le meneur du groupe sur la scène, celui que l’on regarde, et avec raison!
Le spectacle s’est déroulé comme un rêve, une expérience qu’on ne peut comprendre, qu’on ne peut qu’observer en pâmoison, en pleurant, probablement. Je rêve souvent en pleurant. On ne s’est réveillés qu’à la dernière chanson du rappel, où le projectionniste est allé derrière les tambours pendant que Kawasaki grimpait les murs du Cercle et imitait les DJs. Comme quoi on peut être hilarant même si vêtu que de noir.
Bon, je me perds vraiment dans mes mots en ce moment, l’article s’éternise!. Tout ça pour dire: J’ai adoré!
Pour moi, la barre est mise pour l’année 2016, et elle est mise haute.
Les jolies photos agrémentant l’article ont été prises par François-Samuel Fortin. Sauf celle de soupe, évidemment.
Directement venu du Japon, le power trio (oui, j’assume le terme et je crois qu’ils le méritent) Mouse on the Keys foulera les planches du Cercle, le 11 février prochain. Le trio instrumental n’hésite pas à brouiller les pistes en mélangeant plusieurs styles, en passant du funk au jazz en passant par le post-rock (si une telle chose existe). Un spectacle de musique haute voltige, où le visuel ne sera pas laissé pour compte.
Le trio sera accompagné par une des coqueluches de Québec, le groupe Harfang, fort d’une présence au Cabaret Festif! de la Relève le 23 janvier dernier. En effet, la scène du Cercle sera gratifiée de l’indie-rock envoûtant de la troupe de Samuel Wagner, qui travaille en ce moment sur son premier album complet après la sortie de 2 EP, Harfang et Flood, et qui devrait sortir au courant de l’année 2016.
Ce spectacle hors du commun aura lieu le 11 février prochain au non-moins célèbre Le Cercle.Les billets ne sont que 18$ : une aubaine pour une expérience musicale si enrichissante.
Samedi dernier s’ouvrait à Baie-Saint-Paul le sixième Cabaret festif de la relève, une initiative des organisateurs du magnifique festival Le Festif qui vise à faire connaître aux mélomanes charlevoisiens de jeunes artistes bourrés de talent qu’on risque de voir au cours des prochaines années!
Cette année est particulièrement relevée et on connaît déjà un peu quelques-uns des artistes qui présenteront leurs projets à la Salle multi de l’Hôtel Germain. La barre va être très haute. En tout cas, mes attentes l’étaient. Belle soirée pour être membre invité du jury (hé, faut qu’on surveille attentivement à qui on va le remettre, ce prix qu’on va remettre!).
Avant de commencer le tout, pourquoi pas réchauffer la salle avec une bien trop courte prestation de Dany Placard (je ne veux pas me plaindre, mais j’aurais mis ce bout-là sur Repeat tellement c’était bon), venu montrer aux jeunes blancs-becs c’était quoi avoir des bonnes tounes pis les interpréter de façon convaincante. Puisant dans ses chansons les plus tendres, Placard a continué de gagner de nouveaux fans. Un par un.
Samuele
La soirée allait commencer avec Samuele, auteure-compositrice-interprète-spokenwordeuse qui n’a pas la langue dans sa poche et qui a semblé charmer le public avec sa spontanéité et ses passages parlés qui fessent.
Accompagnée d’excellents musiciens (Alex Pépin à la contrebasse, Jean-Sébastien Brault-Labbé à la batterie et Julie Miron à la guitare), la jeune femme a proposé des chansons folk-rock un brin bluesées. C’est pas toujours propre, mais c’est tant mieux. Belle découverte!
Notons que Samuele a remporté le vote du public et affrontera les deux autres choix du public dans un vote Internet qui ne fera pas de quartier.
Lucil
Fallait aimer le blues en ce début de soirée. Après le folk-blues de Samuele, voici le blues assumé de Lucil. Ulysse Ruel à la voix et à l’harmonica, Martin Boudreault à la guitare, Olivier Laflamme à la basse et Alexis Hernandez-Funes aux percussions (dont une poubelle de métal qui « sonnait bien »), ont présenté les chansons de leur album Denys Arcand, lancé en décembre dernier.
Les chansons de Ruel et ses comparses ont été bien accueillies par le public qui a apprécié la belle énergie du groupe.
Harfang
Oh boy. Évaluer Harfang comme si je ne les avais jamais vus. Ça n’allait pas être facile. Heureusement, les gars m’ont aidé un peu en jouant quelques nouvelles chansons fort prometteuses, qui donnent l’impression que les gars ont écouté beaucoup de trucs pleins de soul (Alt-J) et qu’ils ont décidé d’ajouter cette couleur à un palette déjà riche.
Prestation encore sans faille pour Samuel Wagner, Antoine Angers, Alexis Taillon-Pellerin, David Boulet-Tremblay et Mathieu Rompré.
Gab Paquet
Ça fait plusieurs années que Gab Paquet peaufine son « personnage » de crooner français avec la moustache, le pad et les paillettes. Samedi, en quatre chansons (dont la toujours mauditement accrocheuse Consommations), Paquet et ses musiciens (Hugo LeMalt, Jean-Étienne Collin-Marcoux, Claudia Gagné et Claude Amar) ont donné la totale : une prestation sans faille, d’excellentes chansons bien interprétées et surtout une mise en scène assumée.
Samedi soir, Paquet a marché comme un funambule sur la très mince ligne qui sépare le kitsch-cool et le quétaine à mort, mais il l’a fait avec tant d’aplomb, avec une telle assurance (et un tel professionnalisme) qu’il était plus grand que nature. On a bien hâte d’entendre ce qu’il va sortir en finale.
Vendredi dernier sont débarqués, au mythique bar le Zénob, rue Bonneaventure à Trois-Rivières, Harfang et Men I Trust, du beau monde de Québec.
Le petit bar s’est rapidement réchauffé quand Dragos Chiriac et ses belles se sont installés sur scène. Le savant compositeur et producteur de musique s’est installé derrière sa machine à la pomme et ses claviers pour orchestrer une performance aux allures de fête. Les belles voix nébuleuses d’Emmanuelle Proulx et d’Odile Marmet-Rochefort se sont faites entendre sur des rythmes électro deephouse. Comment ne pas tomber en amour ?
Les boys d’Harfang ont ensuite pris la relève, offrant une performance aux accents plus indie-folk que leurs compères de Men I Trust. Les cinq musiciens de la capitale ont ainsi présenté les chansons de leur opus Flood en plus de quelques autres titres dont la merveilleuse reprise de New York de Milk & Bone qu’ils ont fait à la toute fin du spectacle lors du rappel.
Grosse soirée sur St-Joseph mercredi soir dernier! Les deux étages du Cercle étaient bien occupés : en haut, la formation rimouskoise Equse lançait son troisième album « Like a Whisper » (précédé de nos chouchous Harfang et de Jérome Casabon), puis en bas, on allait danser ferme avec Anatole et X-Ray Zebras. Le genre de soirées où tu sais quand et comment ça commence, mais où la fin devient de plus en plus floue… l’alcool aidant.
Jérome Casabon
On l’a vu à quelques reprises, le grand Jérome, mais c’était la première fois qu’on le voyait flanqué d’une équipe complète de musiciens! Le sympathique auteur-compositeur-interprète à l’humour chansonnier a fait appel à Cédric Martel (basse), à Shampouing (guitare) et à Bruno Lemieux (batterie) et ses chansons rigolotes ont pris beaucoup de lustre. Gagnant un public difficile (et méméreux) un membre à la fois à force d’humour et d’interactions amusantes, avouons-le, Casabon a un peu volé le show avec son énergie qui nous a aidés à passer à travers la soirée.
Harfang
Nos cinq amis qui écrivent cet indie rock atmosphérique qu’on aime tant ont encore une fois été à la hauteur de leur talent. On apprécie encore un peu plus chaque fois leur jeu de guitare, les belles harmonies vocales entre Samuel et Antoine, ainsi que les quelques irruptions au clavier qu’on avait moins l’habitude d’entendre. Dans un genre sursaturé où pullulent les Half Moon Run et cie, Harfang tire son épingle du jeu en offrant un son bien à lui, plus près des mélodies planantes de Radiohead à l’époque d’OK Computer que de l’indie rock montréalais. Va falloir les surveiller de près, j’ai l’impression que 2016 sera une maudite belle année pour Harfang. En passant, jolie, cette reprise de Bon Iver!
Equse
Si vous avez lu ma critique de l’album, vous savez que j’attendais le groupe rimouskois avec impatience, question de voir si les membres allaient être aussi prudents sur scène qu’ils ne l’ont été sur disque. Prudents ils ont été, en effet. Les chansons de Like a Whisper étaient rendues très fidèlement, mais elles s’écoutaient beaucoup mieux sur la scène du Cercle que dans mon salon. Beaucoup plus de punch, par contre, sur S.T.O.P., que j’aimais bien sur l’album. Et le vieux matériel ne souffrait pas de la même retenue que les dernières chansons. Equse a un talent fou, on ne peut que le reconnaître. Il ne manque que cette étincelle que la formation précédente (Harfang) possède en quantité industrielle. Chapeau en passant pour les projections qui ont ajouté du punch!
Anatole
À peine le temps d’entendre les dernières notes d’Equse qu’il fallait descendre en bas pour entendre le très lascif squelette d’Alexandre Martel et ses acolytes nous faire danser de façon très osée. Alexandre a fait un énorme bout de chemin avec ce projet depuis le début de l’année et bien qu’il ne scandalise plus personne (vous auriez dû entendre les commentaires de certains aux Francouvertes, vous autres), Anatole demeure un des projets les plus intéressants sur la scène musicale québécoise. On a BEAUCOUP hâte de mettre la main sur l’album en 2016. Vous aussi, j’en suis certain.
X-Ray Zebras
Les zèbres étaient de retour au sous-sol du Cercle et il nous a fallu puiser dans nos dernières réserves d’énergie pour suivre les rythmes endiablés et les grooves irrésistibles de la formation québéco-montréalaise. Heureusement, plusieurs personnes, qui avaient manqué le show d’en haut, sont venues nous rejoindre au sous-sol avec leur énergie toute neuve.
De notre côté, nous n’avons pu rester jusqu’à la fin. La soirée a été longue et le lendemain promettait d’être aussi reposant.
Mais ce genre de soirées un brin festivalières, on en prendrait un peu plus à Québec, s’il vous plaît!
Ces dernières années, plusieurs groupes indie folk ont pris le Québec d’assaut avec leurs pièces aux mélodies atmosphériques. On n’a qu’à penser aux Half Moon Run (Montréal), Bears of Legend (Trois-Rivières) ou Harfang (Québec). À ce groupe, on peut également ajouter la formation rimouskoise Equse, qui a lancé en novembre un troisième album intitulé Like a Whisper. Le groupe composé de Jean-Raphaël Coté, Alexandre Robichaud et Gabriel Turcotte (accompagnés par Antoine Létourneau-Berger) offre ici un album fort joli, mais sans grande surprise, comme si, en aplanissant les faiblesses, on avait aussi roulé sur les forces, quitte à laisser certains passages un peu tièdes.
Certes, les arrangements sont soignés et les instruments, nombreux. Les gars d’Equse sont d’excellents musiciens, ça s’entend. Y’a du rythme, de la mélodie, ça pianote, ça gratte, ça fesse sur tout ce qui se trouve à portée de la main. Du côté des voix, rien à redire non plus. Jean-Raphaël Côté chante avec douceur et justesse et il est complété par de solides harmonies. On avoue avoir un faible pour Release Me, un morceau instrumental qui montre à quel point les influences du groupe vont dans tous les sens (on n’a pas pensé qu’à Half Moon Run ou Patrick Watson en écoutant l’album, loin de là! Y’a des petits côtés très jazz un peu partout). Après cette chanson, dès le début de la pièce titre, on retourne à cette prudence un brin frustrante. On a ici un groupe composé de musiciens extrêmement talentueux qui auraient pu foncer, repousser des frontières, mais qui semblent se complaire dans une certaine zone de confort.
Alors voilà, on se retrouve devant un très bon album qui aurait pu être excellent. Like a Whisper ne compte ni temps mort, ni longueur, on ne ressent pas le poids des 40 minutes que dure l’album. Seulement, on trouve un peu dommage que Côté, Robichaud et Turcotte aient joué d’une prudence telle qu’en évitant les temps morts, ils ont également évité de multiplier les moments forts. À ce sujet, on les sait capables, The Rain is Coming est une finale des plus savoureuses où toutes les forces des membres du groupe sont regroupées pour former un sept minutes des plus explosifs.
Enfin, après avoir passé plus d’une demi-heure à se dire « ouais, pas mal du tout… », on a l’occasion de dire « wow »!
On a bien hâte d’entendre ça sur scène. Parions que les wow viendront plus facilement.
Ça tombe bien, Equse sera au Cercle ce mercredi 9 décembre (premières parties : Casabon + Harfang). Les billets sont disponibles au Cercle et sur lepointdevente.com
30 septembre- 8h a.m. C’était un jour gris, venteux. Sur Grande-Allée, on entendait les échos d’une manifestation qui semblait proche et lointaine à la fois. L’atmosphère, étrange mais attrayante, reflétait bien ce qui nous attendait à l’intérieur de la vieille Église tout près du Concorde.
Le collectif LIM∅NADE avait déjà organisé le décor, selon ce qu’ils appellent le concept de Nouvel Ordre – ou de Nouveau Désordre, dépendamment de si l’on parle à Maxime Laurin ou à Gabriel Lapointe, les deux réalisateurs. Pour compléter le trio du collectif, Étienne Turmel portait (et portera) le chapeau du producteur. Leur idée pour cette première session : différents éléments éclectiques organisés de façon à créer un univers surréel. Étienne Bureau, fondateur de Cambium Lab Sonore, studio qui prête son nom aux présentes sessions, est arrivé peu après pour préparer minutieusement son matériel.
L’Église était un lieu bien choisi pour le groupe Harfang qui, pour les lecteurs quotidiens de notre blogue, n’a plus besoin d’introduction. Leur musique, un indie-folk mélodique qui sait parfois être introverti et d’autres fois être intense, cadrait bien avec ce lieu plein d’histoire, avec son odeur de vieux livres. La pièce qu’ils nous présentent, Exposure, fait partie de leur dernier maxi (Flood) sorti en avril dernier.
Comme on l’a dit dans notre prépapier à propos des sessions Cambium, ce sont des tournages à mi-chemin entre la performance live et le vidéoclip. Ainsi, elles comprennent mise en scène, décors, figurants accompagnant le groupe, qui doit pour sa part jouer sa pièce d’un bout à l’autre en une prise. Gros défi, auquel tous les collaborateurs sont parvenus seulement avec plusieurs heures de tournage. En effet, 14 prises ont été nécessaires pour obtenir le résultat escompté : c’est que les acteurs des sessions Cambium cherchent à créer du matériel professionnel. D’une part, Étienne Bureau (Cambium Lab Sonore) a travaillé avec l’écho naturel de l’endroit pour faire ressortir un son plus intéressant, plus proche de la réalité. D’autre part, le collectif LIM∅NADE a bien pensé son concept, en plus d’y ajouter de nombreuses techniques de tournage pour assurer une vidéo de qualité. Le groupe, quant à lui, a persévéré malgré les répétitions après répétitions. Sans mentionner la participation des figurants.
Malgré tout ce travail, on pouvait remarquer le plaisir avec lequel tous ces gens collaboraient, ainsi que la complicité qui les animait. C’est ce que me rappelle aussi Samuel Wagner, l’initiateur de ce projet, dans la courte entrevue que j’ai fait avec lui par la suite.
Entrevue avec Samuel Wagner
Comment t’est venue l’idée du projet ?
À la base je travaillais avec Étienne Bureau chez Cambium, puis j’ai eu l’idée de profiter du fait qu’on avait un contact qui faisait de la vidéo[, LIM∅NADE]. Ils étaient équipés, et nous autres on était équipés en son (Étienne venait de s’acheter un enregistreur portatif) alors je me suis dit qu’on pourrait faire quelque chose qui était à mon avis inaccessible ou presque pour les bands émergents.
Nous autres avec Harfang, par exemple, combien de fois a-t-on essayé d’avoir des sessions live ? Pour le premier EP, on était censé en faire deux ou trois, c’était dans nos plans, mais les opportunités ne se présentaient pas… C’est aussi compliqué d’avoir de la qualité et tout… Alors je me suis dit que pour les bands, c’était un besoin en ce moment : c’est-à-dire que les sessions live sont une bonne façon de promouvoir un album avant qu’il sorte ou quelques mois après. Et on a tellement cherché à en faire avec Harfang que quand j’ai eu les contacts je me suis dit : ‘hein cool on va pouvoir faire une session ! Pis en plus, tant qu’à avoir le tout, pourquoi ne pas le faire pour les autres ? Ce sont des bands qui ont les mêmes besoins que nous’. Donc c’est de là qu’est venue mon idée. Je me suis dit que c’était une belle façon de stimuler la scène émergente.
Pour les sessions Cambium, personne n’est payé (pas même moi). Qu’est-ce qui motive les différents acteurs selon toi ?
C’est un domaine qui est stimulant. Autant les gars de LIM∅NADE que moi, que Étienne, on veut tous baigner là-dedans. Nous autres, LIM∅NADE et Cambium [Lab Sonore], on est deux compagnies qui démarrent, alors c’est une belle façon de faire ce qu’on aime. Et puis ça paye autant pour tout le monde : autant le nom du band circule, autant ça fait du contenu pour les blogues, pis autant que le nom du studio, le nom de la compagnie de production vidéo circulent.
J’voulais que ça soit rassembleur au lieu que ça soit compétitif. C’est pour ça qu’on ne s’est pas fait notre plateforme, ce qui serait beaucoup plus payant à long terme pour nous. Il y a des bands qui sont bons et vous[, à ecoutedonc.ca,] n’avez pas les moyens techniques en ce moment pour faire ça. Nous autres, on les a : faisons-le. Tout le monde vit pour ça, on est juste content de le faire.
Une prochaine session Cambium est déjà prévue. Restez à l’affût pour plus de détails sur la performance et sur le projet lui-même.
Crédit Photo (sauf photo de Samuel Wagner): collectif LIM∅NADE