C’est dans une ambiance pour le moins intime que Laura Sauvage est venue présenter les chansons de son excellent nouvel album The Beautiful (ainsi que ses autres tounes) le 5 novembre dernier au Cercle. Accompagnée de ses trois musiciens (Nicolas Beaudoin à la guitare, Dany Placard à la basse et Jonathan Bigras à la batterie), la jeune Acadienne a commencé sa prestation « en douceur » avec Rubberskin, un extrait de son premier album Extraordinormal. Pendant l’heure qui a suivi, les mélodies de Laura, les riffs de Beaudoin, le groove de Placard et la batterie (très énergique) de Bigras n’ont eu aucun mal à faire hocher les têtes des quelques dizaines de spectateurs présents.
Laura et sa bande avaient visiblement du plaisir sur scène, s’échangeant des sourires et des regards complices tout au long de cette prestation rock aux sonorités un brin vintage. Un plaisir contagieux grâce à une exécution sobre, mais fort sympathique qui mettait en valeur le talent d’auteure-compositrice-interprète de la jeune femme et le jeu du groupe. On s’est promené d’un album à l’autre (en passant par le EP), sans nous balancer toutes les nouvelles d’une claque, un choix judicieux!
En première partie, Mauves, qu’on a déjà vu à quelques reprises, a déjà été un peu moins sage. Faut dire qu’Alexandre (et Cédric) Martel avait eu un samedi fort occupé la veille avec son autre projet (Anatole, pour ne pas le nommer). C’est pas grave, les chansons, elles, demeurent bonnes, surtout celles de Coco (paru il y a déjà un an!).
Quand on a annoncé la sortie de The Beautiful, on a été plusieurs à célébrer… Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies) est une des artistes les plus intéressantes à l’heure actuelle grâce à un rock qui tire sa source dans les années 1970 tout en sonnant actuel. Et on serait tenté de dire que le successeur d’Extraordinormal poursuit dans la même veine.
En fait, les limites de l’auteure-compositrice-interprète acadienne semblent avoir été poussées un peu plus loin. Oui, on reconnaît Sauvage assez facilement sur ses chansons qui ont pour la plupart un petit côté rock psychédélique très années 1970. Everything is In Everything (et son « les meilleures choses de la vie, ce ne sont pas les choses, c’est la vie ») est déjà très prometteuse, mais c’est avec You’re Ugly When You Cry, la deuxième pièce, qu’on prend vraiment la mesure de la créativité de la jeune femme. Tout à coup, on se retrouve quelque part en 1978 et on se dit que les Mac et autres Blondie de ce monde risquent d’avoir de la concurrence.
À peine deux tounes derrière la cravate qu’on regrette déjà de ne pas avoir d’auto. The Beautiful, c’est l’album parfait pour un petit road trip.
Alien (Anything Like It, Have You?), avec ses synthétiseurs, est le genre de morceau qu’on relance immédiatement après l’avoir terminé à quelques reprises. C’est bon, ça part lentement, c’est groovy à fond, puis les guitares prennent de plus en plus de place. Les refrains sont comme de petites poussées d’adrénaline qui nous préparent pour une finale des plus explosives.
Dit de même, ça a l’air complexe, mais maudit que c’est efficace… et accessible!
Il y a une belle dualité entre le rock fougueux de Roy (Monkeys in Space et ses guitares qui graffignent) et sa douceur (Vegas et Patio Living). Les deux se complètent à merveille et permettent à l’album de prendre de nombreux virages intéressants. Ajoutez à cela quelques commentaires sociaux (Song for D.J.T. s’adresse directement à un certain Donald Trump), et vous avez tout ce qu’il faut pour passer une demi-heure fort agréable.
Toujours bien appuyée (Dany Placard, François Lafontaine, Nicolas Beaudoin, auxquels s’ajoutent Katrine Noël et Julie Aubé, ses complices des Hay Babies, aux choeurs), Roy assure ici les commandes devant et derrière la console. Le résultat? Un son qui lui colle à la peau.
On sent qu’on va beaucoup écouter The Beautiful cet automne. Parce que l’album passe par toute la gamme des émotions. Parce que ses riffs sont accrocheurs sans tomber dans la facilité. Comment dire? Ça graffigne doucement, comme des ongles qui te marquent doucement la peau… ça fait pas trop mal sur le coup, mais la sensation peut durer un bon moment.
Comme quoi on peut prendre son pied dans la douleur!
Même si on vous encourage d’aller visiter votre disquaire préféré toute l’année, un fait demeure : la journée des disquaires indépendants (le Record Store Day pour les intimes) est une journée à ne pas manquer pour les mélomanes!
Même si l’événement a été un brin récupéré par les majors qui en profitent pour nous balancer quelques trucs oubliables (Africa, de Toto, sérieusement?), il reste que la Journée est le moment idéal pour mettre la main sur quelques objets exclusifs et célébrer la galette de vinyle avec tous les égards qu’elle mérite.
Nous étions donc dans la file qui s’allongeait devant le Knock-Out, rue Saint-Joseph, dès 7 h 45 samedi matin pour mettre la main sur une des 500 copies numérotées de l’albun La llorona de Lhasa, magnifiquement réédité (et comprenant quelques reproductions de l’artiste), ainsi que d’autres trucs un peu moins rares, mais tout aussi le fun. Nous sommes retournés au Knock-Out en début d’après-midi pour assister à une brève prestation de Laura Sauvage (toujours en voix, même à une heure de l’après-midi) et à une célébration des vieilles chansons d’Avec pas d’casque (qui profitait de l’occasion pour offrir ses deux premiers albums en vinyle – de même qu’une nouvelle impression du toujours excellentissime Astronomie). Le groupe, qui ne devait interpréter que trois ou quatre chansons, s’est laissé porter par le moment et nous a offert six magnifiques morceaux de son répertoire. Les enfants, assis en tailleur à l’avant, écoutaient les oreilles grandes ouvertes pendant que leurs parents, derrière, tentaient tant bien que mal de cacher leurs yeux pleins d’eau.
On vous invite à continuer à encourager vos disquaires indépendants locaux où que vous soyez et ce, toute l’année durant. Ce sont des lieux de découvertes infinies!
Laura Sauvage, pour moi, est encore un monde à part, une belle « bébitte » que j’essaye de comprendre. Le 21 avril dernier, je me suis donc laissé traîner dans son univers « Extraordinormal » au Temps d’une pinte à Trois-Rivières.
Je suis accoté au comptoir avec mon petit verre de Ratchet (la meilleure bière rousse de la place) alors que Laura Sauvage et ses musiciens traversent le bar pour aller prendre place sur scène. On est vraiment choyés, car avec elle pour nous jouer les chansons de son premier album, il y a Dany Placard à la guitare, entre autres.
Le spectacle commence sans qu’un d’entre eux ne s’adresse au public, mais l’ambiance s’y prête bien. Les textes de Laura Sauvage, Vivianne Roy de son vrai nom, sont souvent très personnels et je pense que c’est ce qui fait que je me suis senti impliqué et interpellé par ces propos. Elle ne fait pas que nous raconter une histoire, on la vit avec elle.
J’ai eu des frissons et une envie soudaine de me fermer les yeux pour écouter la pièce No direction home. C’était vraiment un beau moment simple et enveloppant.
Un peu après cette chanson, j’étais en train de chercher une référence pour vous faire comprendre facilement l’ambiance du spectacle et mon ami Martin est arrivé de nulle part en me disant « On dirait de la musique de Jameson (en faisant le geste de boire) » et je n’ai pas trouvé ça bête du tout ! Imagine-toi dans les années 70 (paix et amour) dans un beau divan brun en train de boire du Jameson. C’est exactement ce que j’ai ressenti ce soir-là.
C’était un trop court spectacle de moins d’une heure, mais une si belle soirée que Laura Sauvage et ses musiciens nous ont fait vivre. Je n’étais pas convaincu que j’aimais le style, en écoutante l’album, mais en spectacle, j’ai été charmé par la sincérité, l’humour et le charisme de Vivianne Roy. Après avoir fait un rappel accéléré, c’est-à-dire sans faire semblant de partir et de « revenir back » sur scène, les gênes en voulaient encore, mais elle a dit, toute gênée « C’est tout ce que j’ai, sorry ».
Québec avait de la grande visite vendredi et samedi soirs. Patrick Watson relançait sa tournée à l’Impérial Bell après avoir déjà conquis le monde une fois avec son magistral Love Songs for Robots.
Nous avions déjà eu le plaisir de voir le spectacle à quelques reprises l’été dernier et nous avions hâte de voir si les cartes avaient au moins été un peu brassées. Nous sommes arrivés dans un Impérial déjà bien garni de jeunes (et moins jeunes) mélomanes déjà tous souriants. La magie allait être dans l’air.
Et n’eut été d’un problème de son chronique qui a agacé Watson, ses musiciens et le public tout au long du spectacle, cette soirée aurait été presque parfaite.
C’est au son de la très feutrée Know That You Know que Watson et son groupe font leur entrée. Quelle entrée en matière, beaucoup plus énergique si on compare aux spectacles de l’année dernière alors que le concert commençait par Love Songs for Robots! Le Montréalais n’a pas perdu de temps et il a enchaîné avec Good Morning Mr. Wolf, Hearts et Bollywood. On remarque déjà que le son n’est pas tout à fait à la hauteur, ce qui semble agacer Watson pendant qu’à la console, on sue à grosses gouttes pour trouver le bobo. On fait son possible pour faire comme si de rien n’était, on se réchauffe le coeur avec Grace, langoureuse, chaude, pop baveuse, mélodieuse comme une chanson des Beach Boys.
Pendant qu’on est à chaud, aussi bien en profiter avec Mishka, Joe, Robbie, et les autres musiciens (dont une section de cuivres), pour nous jouer quelques vieilles chansons… en mode acoustique, tous autour du même micro! Words in the Fire, Wooden Arms et la déjà classique Into Giants ont su charmer des fans conquis d’avance. Malheureusement, les problèmes de son se sont montrés plus agaçants pendant cette période plus tranquille.
Visuellement, on avait droit une fois de plus à du bonbon grâce à des jeux de lumières savants basés sur ces fameuses lampes qui étaient installées au fond de la scène. On a même eu droit à un impressionnant jeu de lasers qui a ébloui autant le parterre que le balcon, qui ont lancé des « ooh » d’émerveillement. Réussite totale sur ce plan.
C’est une transition magnifique entre Love Songs for Robots et Places You Will Go qui a marqué le début du dernier droit du spectacle qui nous a donné une nouvelle occasion de nous émerveiller avec une Adventures in Your Own Backyard magistrale, épique et complète, trompette incluse. Turn into the Noise est venue clore ce plat de résistance dans une nouvelle immersion son et lumière qui s’est conclue sous un tonnerre d’applaudissements.
L’obligatoire rappel n’a pas déçu, alors que Watson a interprété Big Bird in a Small Cage et Step Out For a While avant de terminer tout en douceur avec Lighthouse. Beaucoup de chansons des deux derniers albums, ce qui n’a pas empêché Watson de piger quelques chansons des premières années de son répertoire.
Sérieux, si ce petit problème de son agaçant avait pu être réglé (une vraie badluck), on aurait eu droit à la totale. Comme les spectateurs du lendemain ont eu. Pas grave, on se reprendra.
Laura Sauvage
En septembre dernier, elle présentait ses chansons en solo devant public pour la première fois. Quelques mois plus tard, Laura Sauvage (Vivianne Roy) a beaucoup plus de matériel à présenter et franchement, c’est toujours aussi prometteur. Les pièces folk-rock se mélangent fort bien à l’attitude et à la voix de Sauvage, qui peut autant jouer en douceur que mordre à pleines dents dans la vie. Extraordinormal, le premier album complet de la jeune auteure-compositrice-interprète, sera lancé à la fin du mois sur Simone Records.
On a assisté à bien des premières et à beaucoup d’amour hier soir au Cercle. C’est que Safia Nolin et sa première partie, Laura Sauvage, ont toutes deux amorcé leurs projets musicaux respectifs assez récemment, en plus d’être authentiques et attendrissantes sur scène.
C’est un peu nerveuse à l’idée de monter seule sur scène que Vivianne Roy a débuté la première partie, accompagnée uniquement de sa guitare. Habituellement entourée des deux autres membres des Hay Babies, celle qui se fait appeler Laura Sauvage nous a présenté son tout premier spectacle sous ce nom. Heureusement, le public a été généreux : il a fait preuve d’une bonne écoute et de nombreux gestes réconfortants (on lui lève notre chapeau, écoutedonc voit rarement ça). Rapidement, Laura Sauvage s’est sentie à sa place, sur le stage, au milieu de son blues-rock teinté de soul. Elle accompagnait sa guitare d’une voix grave, rock, mais douce. J’ai été étonnée par la beauté simple de ses mélodies, sur lesquelles elle raconte des histoires de dates ou de vendeurs de magasines.
Le public aussi semble avoir apprécié, puisque certains ont même accompagné les oh-oh-ooooh de Laura sur Avalanche et que l’artiste a été chaudement acclamée à la fin de sa performance. Moment fort de sa prestation : elle nous a joué une de ses nouvelles chansons (un work in progress, comme elle l’expliquait), qui a quelque chose du grunge de Nirvana, et pendant laquelle Laura Sauvage a fait preuve d’une belle intensité. Son premier maxi (Americana Submarine) sortira dès la fin du mois, et elle travaille déjà sur un album. Si en solo ses chansons étaient déjà bonnes, les arrangements musicaux viendront certes les perfectionner ; on vous conseille donc de suivre attentivement la progression de ce projet. Juste avant de partir, Vivianne Roy a remercié ces musiciens fictifs et a quitté sur un candide «faites pas de drogue, j’vous aime».
Ma première tête d’affiche
Safia Nolina ensuite pris le relais, commençant tout de suite en musique son premier spectacle en tant que tête d’affiche. Les deux guitares (la sienne et celle, électrique, de Joseph Marchand) ainsi que la magnifique voix de Safia ont envahi la salle, alors assez pleine et toujours aussi attentive (pour vrai gang, bravo). Avec sa musique douce, mélancolique, à fleur de peau et sa personnalité pétillante mais réservée, je suppose que Safia Nolin a récolté ce qu’elle a semé. Tel artiste, tel public. Comme elle souhaitait que son album soit le plus raw possible, on a aussi pu constater que sa prestation live correspondait presque parfaitement à sa version sur album, au grand plaisir du public qui s’est pris quelquefois à chanter vers la fin du spectacle.
D’entrée de jeu, après son intro en musique, Safia nous parle, discute même avec nous. Entre ses pièces, elle fait quelques commentaires, nous avertit qu’une de ses chansons «finit sec». Cela a eu pour effet de créer une ambiance toute particulière, remarquée par l’artiste elle-même : «On dirait plus mon party de fête qu’un show !» Moment fort de sa prestation : une reprise bien à la bonne franquette de Calvaire (oui oui, de La Chicane). N’ayant pas pu l’apprendre au complet mais voulant la jouer quand même, Safia a demandé l’aide du public pour la compléter, ce qui a créé une très belle atmosphère chaleureuse.
Après quelques rires, quelques commentaires particuliers de Joseph («vu la forme de la salle, pourquoi ça s’appelle Le Cercle ?») et blagues sur Metallica (qui jouait le même soir au Centre Vidéotron), l’artiste a poussé ses dernières chansons et a fait ses remerciements. La salle, visiblement émerveillée, l’a applaudie à n’en plus finir, demandant un rappel qu’on lui offrit sans attendre. Ça s’est terminé sur Igloo, la chanson qui parle de Limoilou, dont plusieurs représentants étaient présents (avec leurs t-shirts). L’album de Safia Nolin, Limoilou, est disponible depuis le 11 septembre dernier. Pour découvrir ou retrouver sa voix puissante, mais qui montre parfois sa faiblesse, je vous encourage à vous le procurer.
Safia Nolin vient à peine de lancer un des albums les plus attendus de l’automne. Un maudit bel album, en plus. Mélancolique à fond, Limoilou est la trame sonore parfaite d’un lundi pluvieux de septembre. Gros contraste avec la jeune femme dynamique, enjouée, aux yeux brillants qu’on a rencontré un mardi ensoleillé!
Safia arrive à peine de Rouyn-Noranda, où elle a participé au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un des plus beaux festivals de musique au Québec. « C’était fou! Je suis vraiment une grande fan de FME. Pour vrai! Je suis arrivée jeudi puis je suis partie lundi. Je suis restée un bout. » C’était son deuxième séjour au FME, son premier en tant qu’artiste sur l’affiche. « À chaque fois à la fin, je braille, ça n’a pas de sens parce que c’est trop nice puis c’est triste que ça finisse aussi vite. Ça pourrait bien durer deux semaines, le FME! »
Je lui demande si c’était pour elle une façon de décompresser un peu avant la semaine de fou qui s’en venait. « C’est quand même stressant parce que j’avais de la promo puis j’avais des perfos tous les jours, maisj’aurais pété au frette dans un autre contexte. Mettons, cette semaine‑là dans un autre festival ou bien, comme, ailleurs, là, genre à Montréal, j’aurais pété au frette. Mais là, à Rouyn, ils savent tellement comment accueillir les gens, ça n’a pas de sens! » Entrée en scène de Marion, venue prendre quelques photos. Avant d’aller plus loin, les deux filles s’échangent d’autres anecdotes du FME (pendant que j’assiste à tout ça, en bon spectateur).
La première fois que j’ai vu Safia, c’était il y a près de deux ans, au Cercle, en première partie de Groenland. Le spectacle était à guichets fermés. La fille qui est montée sur scène ce soir-là était plutôt nerveuse. « Oui, sacrement que j’étais nerveuse. » En plus, le public avait été particulièrement difficile ce soir-là. Ça parlait sans arrêt. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Safia me raconte qu’il lui était arrivé la même chose à Trois-Rivières, encore avec Groenland. C’était un party de grande brasserie, la bière coulait à flots, « ils les ramenaient, puis là, ils sont arrivés au show. J’étais comme what the fuck?« , mais tu sais, en même temps, c’est un genre d’exercice. Il faut que je me concentre pis que je joue pour la personne en avant qui m’écoute. »
Pour les 3-4 qui ne le savaient pas encore, Safia vient de Québec. D’où, au juste? C’est dur à dire tellement elle a habité partout : « Je suis née à Sainte-Foy, j’ai vécu à Duberger, à Charlesbourg, je suis retournée à Sainte-Foy, on est allés à Montcalm, la haute-ville, les portes, Limoilou… » Puis Saint-Férréol-les-Neiges. Mais comme on peut le constater par le titre de l’album, Limoilou l’a marquée : « C’est là que j’ai commencé à écrire. C’est pour ça que je suis comme… c’est pour ça que mon album s’appelle Limoilou aussi, puis… fuck, c’est un beau quartier, là, c’est fucking un beau quartier. » À Montréal, elle se fait souvent demander ce que Limoilou veut dire. « C’est vrai que c’est un esti de mot weird. »
Safia en profite pour nous révéler un secret : « Je suis tellement perdue à Québec, je ne me souviens de rien. C’est vraiment fucké, parce que les noms de rue sont pareils à Montréal. » Elle habite la métropole depuis deux ans. « À Montréal, tu es comme obligé de connaître les rues parce que c’est vraiment fait en quadrilatère. Ici, pas vraiment, tu sais, ça fait que… tu es un peu perdu. »
L’album. Réalisé par Philippe Brault, aussi efficace qu’effacé. « Il est vraiment slacker. Ben, il n’est pas slacker, mais il est vraiment… il y va avec le flow, puis il s’adapte super bien aux artistes avec qui il travaille, tu sais. Phil pis moi, on se connaît vraiment bien. Il m’appuie depuis le début. Il savait ce que je voulais. Il sait ce que j’écoute, il sait ce que j’aime, il sait ce que je fais. Ça fait qu’on n’a pas tant eu besoin de se parler. On n’a pas fait de pré‑prod, on est allé en studio, puis on s’est assis puis on s’est dit : « Moi, je veux ça. » Moi, c’était juste, comme, le plus petit possible, tu sais, ce n’était pas… le moins d’instruments, là. »
Ça a donné un album cru, minimaliste, mais rempli d’étincelles. Safia ne cache pas ses influences. Les marées sonne comme du Bon Iver. « Moi, la première influence que j’ai dit à Phil, c’était genre, je veux que ça sonne comme For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver, parce que lui, il a eu la mononucléose puis il s’est enfermé dans un chalet pendant deux mois. J’étais comme : « je veux que ça sonne raw comme ça ». » Difficile de faire plus cru. On entend parfaitement les doigts glisser sur les cordes. Safia ajoute qu’on entend des trucs qui tombent. Même le chat s’en mêle!
L’album a été enregistré live, de la façon la plus naturelle possible. Safia jouait, assise sur le divan, sans écouteurs. « Ça coulait, c’était vraiment hot! » Contrairement à l’album de Bon Iver, Limoilou a été enregistré en cinq petites journées. On parle de la durée de l’album : 43 minutes. « J’avais peur qu’il soit super long! » Au contraire, on a l’impression d’en avoir que pour une demi-heure.
Les prochaines chansons pourraient être un brin différentes. « Quand je suis toute seule chez nous, je pense que là, en ce moment, je ne suis vraiment pas comme il y a trois ans, parce qu’à l’époque, j’étais au bout. J’étais vraiment… j’avais touché le fond, mettons, puis faire de la musique, ça m’a fait remonter. Je n’ai pas l’impression que mon deuxième album va être aussi dark. Peut-être que oui, mais d’une autre manière, tu sais. Il va falloir que je puise un petit peu plus loin, je pense. C’est juste que là, tu sais, ça, ça m’a comme guérie, de faire ça. »
Mercredi, Safia retourne au Cercle, cette fois avec une bien plus grande confiance en elle et un spectacle qu’on dit solide. Ce sera son premier spectacle comme tête d’affiche! Comme au FME, elle sera accompagnée de Joseph Marchand (« mon pref’! »). Et c’est une de ses meilleures amies, Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies), qui assurera la première partie. « Elle est fucking bonne pis elle écrit crissement bien! Pour vrai. Moi, elle m’impressionne, pis j’ai hâte à ce show-là! » Un beau contraste entre Safia, dont les chansons sont d’une grande douceur, et Laura, qui est la rockeuse des Hay Babies, est à prévoir.
On va être là.
Safia Nolin sera au Cercle mercredi le 16 septembre à 20 heures (portes 19 h). Première partie : Laura Sauvage. Billets en vente au Cercle et sur lepointdevente.com.
CONCOURS : Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de mercredi au Cercle. Plus de détails sur notre page Facebook!
Vous la connaissez sous sons vrai petit nom, Vivianne Roy, des Hay Babies. Mais comme on en avait discuté avec Julie il y a quelques semaines, Vivianne travaillait sur un projet solo et pour les besoins de la cause, elle se transforme en Laura Sauvage, qui laisse tomber la pop de grange des Hay Babies pour un son beaucoup plus rock. On reconnaît bien les intonations vocales de Vivianne, mais la rockeuse Laura s’impose.
Faut dire qu’avec Emmanuel Éthier, Dany Placard et Mathieu Vezio, il était difficile de faire autrement.
On attend son premier EP chez Simone Records cet automne. Mettons que ça augure bien. On n’ose même pas imaginer les flammèches et les étincelles en spectacle.