Après avoir passé les derniers jours à écouter attentivement (et en boucle) L’issue du soir, j’avais bien hâte de voir comment les nouvelles chansons de Simon Paradis allaient se défendre sur scène. C’est justement ce que Paradis a montré vendredi soir dernier, et ce, de bien belle façon, devant un public nombreux composé de parents, d’amis, de fans, de mélomanes et de curieux venus d’aussi loin que Fredericton au Nouveau-Brunswick!
Même s’il nous a offert quelques vieilles compositions, Paradis s’est concentré sur les magnifiques pièces de L’issue du soir (après tout, on lançait l’album!) accompagné de ses musiciens et amis (Renaud Pilote, Jane Ehrhardt, Hugo LeMalt, Serge-André Amin). Comme sur l’album, les chansons étaient donc belles, interprétées par un band visiblement émotif, et le public était là, écoutant tranquillement ce qui se passait devant (est-ce que le public du Cercle s’est donné le mot cet automne pour devenir agréable, coudonc?). Kim Drouin-Radcliffe est même venue jouer un brin de violoncelle sur quelques chansons.
Tout le monde y a trouvé son compte (chacun a sa chanson préférée sur L’issue du soir). Personnellement, mon moment à moi s’est produit au rappel, sur Appartement, mon nouveau ver d’oreille préféré (tasse-toé, Consommations de Gab Paquet!). Je ne suis pas le seul à avoir bien apprécié, les applaudissements étaient plutôt nourris.
Simon, ta nouvelle carrière de gourou attendra encore un peu.
Alexandre Martel
C’est le chanteur/leader des formations Mauves et Anatole, Alexandre Martel, qui a eu la tâche de réchauffer le public. Pour ce faire, il n’avait pas de grosse touffe de poils sur la tête, ni de costume de dandy ou de squelette. Mais il avait un public conquis d’avance, prêt à le suivre dans ses aventures les plus folles. Il en a donc profité pour nous jouer… des nouvelles compositions de Mauves (et d’Anatole) seul, à la guitare, ben straight. En mode chansonnier! [NDLR : Hé, c’est pas comme si on n’avait pas déjà assez de photos du torse nu d’Alexandre dans nos archives!]
Du beau matériel plein de potentiel suivi d’un retour en arrière avec le St-Jean-Baptiste Country Club, le temps d’une chanson.
On a assisté à bien des premières et à beaucoup d’amour hier soir au Cercle. C’est que Safia Nolin et sa première partie, Laura Sauvage, ont toutes deux amorcé leurs projets musicaux respectifs assez récemment, en plus d’être authentiques et attendrissantes sur scène.
C’est un peu nerveuse à l’idée de monter seule sur scène que Vivianne Roy a débuté la première partie, accompagnée uniquement de sa guitare. Habituellement entourée des deux autres membres des Hay Babies, celle qui se fait appeler Laura Sauvage nous a présenté son tout premier spectacle sous ce nom. Heureusement, le public a été généreux : il a fait preuve d’une bonne écoute et de nombreux gestes réconfortants (on lui lève notre chapeau, écoutedonc voit rarement ça). Rapidement, Laura Sauvage s’est sentie à sa place, sur le stage, au milieu de son blues-rock teinté de soul. Elle accompagnait sa guitare d’une voix grave, rock, mais douce. J’ai été étonnée par la beauté simple de ses mélodies, sur lesquelles elle raconte des histoires de dates ou de vendeurs de magasines.
Le public aussi semble avoir apprécié, puisque certains ont même accompagné les oh-oh-ooooh de Laura sur Avalanche et que l’artiste a été chaudement acclamée à la fin de sa performance. Moment fort de sa prestation : elle nous a joué une de ses nouvelles chansons (un work in progress, comme elle l’expliquait), qui a quelque chose du grunge de Nirvana, et pendant laquelle Laura Sauvage a fait preuve d’une belle intensité. Son premier maxi (Americana Submarine) sortira dès la fin du mois, et elle travaille déjà sur un album. Si en solo ses chansons étaient déjà bonnes, les arrangements musicaux viendront certes les perfectionner ; on vous conseille donc de suivre attentivement la progression de ce projet. Juste avant de partir, Vivianne Roy a remercié ces musiciens fictifs et a quitté sur un candide «faites pas de drogue, j’vous aime».
Ma première tête d’affiche
Safia Nolina ensuite pris le relais, commençant tout de suite en musique son premier spectacle en tant que tête d’affiche. Les deux guitares (la sienne et celle, électrique, de Joseph Marchand) ainsi que la magnifique voix de Safia ont envahi la salle, alors assez pleine et toujours aussi attentive (pour vrai gang, bravo). Avec sa musique douce, mélancolique, à fleur de peau et sa personnalité pétillante mais réservée, je suppose que Safia Nolin a récolté ce qu’elle a semé. Tel artiste, tel public. Comme elle souhaitait que son album soit le plus raw possible, on a aussi pu constater que sa prestation live correspondait presque parfaitement à sa version sur album, au grand plaisir du public qui s’est pris quelquefois à chanter vers la fin du spectacle.
D’entrée de jeu, après son intro en musique, Safia nous parle, discute même avec nous. Entre ses pièces, elle fait quelques commentaires, nous avertit qu’une de ses chansons «finit sec». Cela a eu pour effet de créer une ambiance toute particulière, remarquée par l’artiste elle-même : «On dirait plus mon party de fête qu’un show !» Moment fort de sa prestation : une reprise bien à la bonne franquette de Calvaire (oui oui, de La Chicane). N’ayant pas pu l’apprendre au complet mais voulant la jouer quand même, Safia a demandé l’aide du public pour la compléter, ce qui a créé une très belle atmosphère chaleureuse.
Après quelques rires, quelques commentaires particuliers de Joseph («vu la forme de la salle, pourquoi ça s’appelle Le Cercle ?») et blagues sur Metallica (qui jouait le même soir au Centre Vidéotron), l’artiste a poussé ses dernières chansons et a fait ses remerciements. La salle, visiblement émerveillée, l’a applaudie à n’en plus finir, demandant un rappel qu’on lui offrit sans attendre. Ça s’est terminé sur Igloo, la chanson qui parle de Limoilou, dont plusieurs représentants étaient présents (avec leurs t-shirts). L’album de Safia Nolin, Limoilou, est disponible depuis le 11 septembre dernier. Pour découvrir ou retrouver sa voix puissante, mais qui montre parfois sa faiblesse, je vous encourage à vous le procurer.
Safia Nolin vient à peine de lancer un des albums les plus attendus de l’automne. Un maudit bel album, en plus. Mélancolique à fond, Limoilou est la trame sonore parfaite d’un lundi pluvieux de septembre. Gros contraste avec la jeune femme dynamique, enjouée, aux yeux brillants qu’on a rencontré un mardi ensoleillé!
Safia arrive à peine de Rouyn-Noranda, où elle a participé au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un des plus beaux festivals de musique au Québec. « C’était fou! Je suis vraiment une grande fan de FME. Pour vrai! Je suis arrivée jeudi puis je suis partie lundi. Je suis restée un bout. » C’était son deuxième séjour au FME, son premier en tant qu’artiste sur l’affiche. « À chaque fois à la fin, je braille, ça n’a pas de sens parce que c’est trop nice puis c’est triste que ça finisse aussi vite. Ça pourrait bien durer deux semaines, le FME! »
Je lui demande si c’était pour elle une façon de décompresser un peu avant la semaine de fou qui s’en venait. « C’est quand même stressant parce que j’avais de la promo puis j’avais des perfos tous les jours, maisj’aurais pété au frette dans un autre contexte. Mettons, cette semaine‑là dans un autre festival ou bien, comme, ailleurs, là, genre à Montréal, j’aurais pété au frette. Mais là, à Rouyn, ils savent tellement comment accueillir les gens, ça n’a pas de sens! » Entrée en scène de Marion, venue prendre quelques photos. Avant d’aller plus loin, les deux filles s’échangent d’autres anecdotes du FME (pendant que j’assiste à tout ça, en bon spectateur).
La première fois que j’ai vu Safia, c’était il y a près de deux ans, au Cercle, en première partie de Groenland. Le spectacle était à guichets fermés. La fille qui est montée sur scène ce soir-là était plutôt nerveuse. « Oui, sacrement que j’étais nerveuse. » En plus, le public avait été particulièrement difficile ce soir-là. Ça parlait sans arrêt. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Safia me raconte qu’il lui était arrivé la même chose à Trois-Rivières, encore avec Groenland. C’était un party de grande brasserie, la bière coulait à flots, « ils les ramenaient, puis là, ils sont arrivés au show. J’étais comme what the fuck?« , mais tu sais, en même temps, c’est un genre d’exercice. Il faut que je me concentre pis que je joue pour la personne en avant qui m’écoute. »
Pour les 3-4 qui ne le savaient pas encore, Safia vient de Québec. D’où, au juste? C’est dur à dire tellement elle a habité partout : « Je suis née à Sainte-Foy, j’ai vécu à Duberger, à Charlesbourg, je suis retournée à Sainte-Foy, on est allés à Montcalm, la haute-ville, les portes, Limoilou… » Puis Saint-Férréol-les-Neiges. Mais comme on peut le constater par le titre de l’album, Limoilou l’a marquée : « C’est là que j’ai commencé à écrire. C’est pour ça que je suis comme… c’est pour ça que mon album s’appelle Limoilou aussi, puis… fuck, c’est un beau quartier, là, c’est fucking un beau quartier. » À Montréal, elle se fait souvent demander ce que Limoilou veut dire. « C’est vrai que c’est un esti de mot weird. »
Safia en profite pour nous révéler un secret : « Je suis tellement perdue à Québec, je ne me souviens de rien. C’est vraiment fucké, parce que les noms de rue sont pareils à Montréal. » Elle habite la métropole depuis deux ans. « À Montréal, tu es comme obligé de connaître les rues parce que c’est vraiment fait en quadrilatère. Ici, pas vraiment, tu sais, ça fait que… tu es un peu perdu. »
L’album. Réalisé par Philippe Brault, aussi efficace qu’effacé. « Il est vraiment slacker. Ben, il n’est pas slacker, mais il est vraiment… il y va avec le flow, puis il s’adapte super bien aux artistes avec qui il travaille, tu sais. Phil pis moi, on se connaît vraiment bien. Il m’appuie depuis le début. Il savait ce que je voulais. Il sait ce que j’écoute, il sait ce que j’aime, il sait ce que je fais. Ça fait qu’on n’a pas tant eu besoin de se parler. On n’a pas fait de pré‑prod, on est allé en studio, puis on s’est assis puis on s’est dit : « Moi, je veux ça. » Moi, c’était juste, comme, le plus petit possible, tu sais, ce n’était pas… le moins d’instruments, là. »
Ça a donné un album cru, minimaliste, mais rempli d’étincelles. Safia ne cache pas ses influences. Les marées sonne comme du Bon Iver. « Moi, la première influence que j’ai dit à Phil, c’était genre, je veux que ça sonne comme For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver, parce que lui, il a eu la mononucléose puis il s’est enfermé dans un chalet pendant deux mois. J’étais comme : « je veux que ça sonne raw comme ça ». » Difficile de faire plus cru. On entend parfaitement les doigts glisser sur les cordes. Safia ajoute qu’on entend des trucs qui tombent. Même le chat s’en mêle!
L’album a été enregistré live, de la façon la plus naturelle possible. Safia jouait, assise sur le divan, sans écouteurs. « Ça coulait, c’était vraiment hot! » Contrairement à l’album de Bon Iver, Limoilou a été enregistré en cinq petites journées. On parle de la durée de l’album : 43 minutes. « J’avais peur qu’il soit super long! » Au contraire, on a l’impression d’en avoir que pour une demi-heure.
Les prochaines chansons pourraient être un brin différentes. « Quand je suis toute seule chez nous, je pense que là, en ce moment, je ne suis vraiment pas comme il y a trois ans, parce qu’à l’époque, j’étais au bout. J’étais vraiment… j’avais touché le fond, mettons, puis faire de la musique, ça m’a fait remonter. Je n’ai pas l’impression que mon deuxième album va être aussi dark. Peut-être que oui, mais d’une autre manière, tu sais. Il va falloir que je puise un petit peu plus loin, je pense. C’est juste que là, tu sais, ça, ça m’a comme guérie, de faire ça. »
Mercredi, Safia retourne au Cercle, cette fois avec une bien plus grande confiance en elle et un spectacle qu’on dit solide. Ce sera son premier spectacle comme tête d’affiche! Comme au FME, elle sera accompagnée de Joseph Marchand (« mon pref’! »). Et c’est une de ses meilleures amies, Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies), qui assurera la première partie. « Elle est fucking bonne pis elle écrit crissement bien! Pour vrai. Moi, elle m’impressionne, pis j’ai hâte à ce show-là! » Un beau contraste entre Safia, dont les chansons sont d’une grande douceur, et Laura, qui est la rockeuse des Hay Babies, est à prévoir.
On va être là.
Safia Nolin sera au Cercle mercredi le 16 septembre à 20 heures (portes 19 h). Première partie : Laura Sauvage. Billets en vente au Cercle et sur lepointdevente.com.
CONCOURS : Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de mercredi au Cercle. Plus de détails sur notre page Facebook!
Vilain Pingouin n’a jamais arrêté de tourner et Rudy Caya écrit encore des chansons qui viennent nous chercher. N’empêche, samedi soir, il y avait un air de nostalgie à ce spectacle soulignant le 25e anniversaire du premier album de Vilain Pingouin dans un Cercle rempli de quadragénaires pour l’occasion. C’était un de ces soirs où votre humble serviteur n’avait pas l’impression d’être parmi les plus vieux dans la salle. Et c’était un de ces soirs où il connaissait toutes les chansons par coeur.
Le groupe s’est pointé sur scène sans son chanteur pour lancer les festivités avec un Passe-moi le celt on ne peut plus énergique. Il n’en fallait pas plus pour que le public manifeste sa joie. Sans attendre un instant, les gars ont poursuivi avec François, au début de laquelle un Rudy Caya prêt à faire la fête est monté sur scène. Chanceux, Caya. Il avait une chorale à lui tout seul! Tout le monde chantait. Le gars de la sécurité chantait. Les employés au bar chantait. Je chantais en prenant mes photos. Je gagerais que même la portière chantonnait joyeusement! Voilà, ça allait être un de ces concerts de type bouillon de poulet : prévisible mais délectable.
Je dis « prévisible », mais je n’avais pas prévu que Vilain Pingouin installerait une table et deux chaises sur scène pour y inviter à tour de rôle des spectateurs à s’y assoir et à manger du gâteau (d’anniversaire). « Vous allez voir comment ça sonne ici », lance Caya avec un grand sourire, avant de lancer Délinquance, puis son plus grand succès solo, Mourir de rire. Que tout le monde chante en choeur, bien entendu.
On a eu la visite d’Hugo Mudie, qui est venu en pousser une petite avec le groupe. Sur le côté de la scène, la communauté des rockeurs chums de Caya chante avec autant de plaisir que les fans sur le parterre. Caya, de son côté, n’a pas l’air d’un gars qui a eu un ACV il y a à peine quatre mois. Il nous rappelle que Vilain Pingouin ne s’est jamais arrêté et qu’il écrivait encore constamment de nouvelles chansons. Comme La faim du monde, une chanson récente qui montre que la plume de Caya est toujours aussi juste.
Après un petit segment plus doux (faut bien donner la chance à un couple d’amoureux de danser un slow sur la scène au son de Sous la pluie), la fête reprend de plus belle avec Le droit de chialer et Marche seul, qui finissent de mettre le feu au Cercle. Après avoir invité tout le monde à poursuivre la fête de l’autre côté après le spectacle, les gars de Vilain Pingouin ont terminé ce concert avec vigueur, entonnant Le train et Merci, une belle façon de donner tout ce qui reste dans la tank avant de rallumer les lumières.
Pendant quelques heures, j’étais à nouveau un petit jeune de 17 ans plein d’idéaux qui chantait OOH OOH OOOH, je marche seul le poing levé avec plein d’autres ados de mon âge. Merci, les gars.
Simon Kearney
Écoutez, on ne perdra pas trop de temps, on vient à peine de voir Simon pas plus tard que mercredi et il était excellent. Cette fois-ci, il était en duo acoustique avec son (contre)bassiste Christophe. Toujours aussi à l’aise, toujours aussi heureux d’avoir une place où jouer ses tounes, Simon a rocké la guitare acoustique comme il rocke la six-cordes électrique, avec un entrain et une énergie qui se sont répandus chez les spectateurs qui ont remplacé leurs applaudissements polis du début en applaudissements nourris à la fin.
On aurait apprécié une meilleure qualité d’écoute, à l’image de celle qui régnait quand Vilain Pingouin est monté sur scène, mais Simon, lui, a plus que tenu sa part du contrat.
Depuis quelques années, on remarque une recrudescence d’excellents artistes et groupes rock qui veulent se faire connaître (et qui y parviennent). Pas besoin de chercher très loin, on ne parle que de ça ici-même sur ecoutedonc.ca. Ça me rappelle mon entrée dans le monde des adultes, lorsque j’ai terminé mon secondaire et commencé mon cégep dans les alentours de 1990.
Mise en contexte
On sortait d’une période plutôt sombre sur le plan musical au Québec. Oui, les « grands esprits » Paul Piché, Michel Rivard et Richard Séguin ont tenu le fort, même Pagliaro faisait encore des albums, mais les jeunes, eux, s’étaient tournés vers les Américains, les Britanniques… et les Français. Pendant que notre scène était encore imprégnée du rock et du folk des années 1970, le reste de l’Occident sortait du New-Wave et entrait à pieds joints dans la dernière décennie du 20e siècle. En même temps que les Nirvana, Nine Inch Nails et autres groupes qui allaient changer la donne. Une fois de plus.
Heureusement, de jeunes artistes québécois avaient faim et ils voulaient jouer de la musique comme ils en entendaient quand ils allaient aux Foufs ou à la Fourmi. Jean Leloup et sa Sale affaire nous contaminaient avec leur folie. Daniel Bélanger proposait une relecture moderne du folk-pop (il le propulsera plus tard dans un Spoutnik). Les Parfaits Salauds débarquaient avec leurs cuivres. Et il y avait ce groupe que j’ai aimé beaucoup dès que j’ai entendu Le train et Salut salaud pour la première fois : Vilain pingouin. Le premier album (homonyme) avait pris bien des gens par surprise en raison de sa qualité et de son originalité, tant du côté des textes que de la musique. D’un côté, les textes étaient particulièrement engagés et collaient parfaitement aux préoccupations des jeunes de l’époque : le racisme, le suicide, la politique, le mal de vivre, tout y passe. Les X et les Y se sentent enfin interpellés. Musicalement, la troupe de Rudy Caya et ses complices mélange joyeusement le folk-rock américain à la Springsteen et l’esprit festif des Pogues avec de nombreux éléments du rock alternatif français (on peut sentir l’influence de groupes comme Bérurier noir dans des chansons comme Régime de fer). Des instruments qu’on n’a aucunement l’habitude d’entendre viennent agrémenter les chansons du groupe : banjo, accordéon, cuivres accompagnent les guitares qui s’alourdissent sur Roche et roule, un des meilleurs albums de rock québécois des années 1990.
C’est à la première montréalaise du groupe au vieux Club Soda, le 24 avril 1991, que j’ai commencé ma manie d’arriver des heures à l’avance pour avoir la meilleure place dans la salle (la bière sur le stage!). Je me souviens de ce spectacle comme si c’était hier. Un groupe nerveux en raison de la présence des nombreux médias, mais qui offrait un spectacle rodé au quart de tour (à l’époque, on tournait partout au Québec avant de triompher à Montréal…). Au rappel, une fois les médias partis (la fameuse tombée, celle qui n’existe plus aujourd’hui), Rudy s’est senti beaucoup plus à l’aise et le party, déjà bien pris, est devenu démentiel. J’avais 17 ans à l’époque.
Ça va?
Près de 25 ans plus tard, me voilà dans un café de Place d’Youville, assis en face d’un gars visiblement heureux d’être en vie et capable de faire encore ce qu’il aime aujourd’hui. Caya nous a fait une petite peur ce printemps, victime d’un AVC. « La réhabilitation suit son cours », me répond-il lorsque je lui demande comme va la santé. « Ça progresse plus vite que ce qu’on avait anticipé. Je suis patient à propos de certaines choses et moins patient sur d’autres. » Alors qu’on lui a dit qu’il aurait besoin d’un an pour être complètement rétabli, il fonctionne déjà très bien quatre mois après l’accident et il espère pouvoir se considérer rétabli dans deux mois. Les médecins lui ont dit que c’était sa tête de cochon et son mode de vie qui l’avaient dirigé vers l’AVC. La même tête de cochon allait travailler de pied ferme pour reprendre toutes ses forces.
Sa tête de cochon. Rudy Caya aime la vie et il est prêt à se battre pour elle. « Je veux continuer encore longtemps. Je dis souvent que ma retraite, je vais la prendre au cimetière. »
Du rock en français qui bûche? Oui, ça se fait!
Le show du 12 septembre prochain sera un peu spécial. Ce sera le jour du 25e anniversaire du lancement du premier album de Vilain Pingouin. Je dis à Rudy qu’il y a toute une génération de nouveaux fans à conquérir, des jeunes qui ne connaissent pas le groupe, mais qui ont la chance de vivre un boum créatif semblable à la période au cours de laquelle Vilain pingouin est apparu. « Je suis pas mal sûr qu’on vit un autre âge d’or du côté de la musique québécoise, présentement. Indépendamment de la langue. » Ce n’est pas parce qu’il a choisi de chanter en français qu’il a quelque chose contre l’anglais. « Mon grand-père est un Américain de Boston. Un Irlandais. Les trois quarts de ce que j’ai écouté étaient en anglais. J’ai appris à adorer le français parce que mon père était prof de français. J’aime les deux langues, mais je suis plus à l’aise en français parce que j’ai grandi dans une société francophone. »
J’ai envie d’en savoir plus sur les influences de Vilain pingouin à l’époque. On sent autant Springsteen que la chanson française dans les chansons écrites par Caya. On remarque tout le métissage, tous ces instruments qui pouvaient nous sembler insolites parce qu’on avait perdu l’habitude de les voir. « Mes années formatrices musicalement, je les ai vécues dans un creux pour la musique québécoise », raconte Caya. Il ne restait à peu près plus qu’Offenbach. Caya, lui, préférait de loin Black Sabbath. « Au début du groupe, quand on nous demandait nos influences on donnait des réponses comme les Clash. Nos interlocuteurs insistaient : « oui, mais du côté francophone? » ». Trop jeune pour Beau dommage et Harmonium. Ça lui prenait quelque chose de plus heavy. La seule référence d’ici pour le jeune Caya, c’est un album en anglais de Pagliaro. « Un chef-d’oeuvre, aussi bon que le meilleur des Eagles ou des Allman Brothers. » Avec son groupe précédent, Les taches, Rudy va en France. Il y découvre La mano negra, Bérurier noir et plein d’autres. « OK, ça se fait! De la musique arrache comme j’aime, du punk, du metal qui brasse, mais avec une attitude. » Il trouve sur la scène française une subtilité qu’il ne retrouve pas sur la scène américaine. Les Français vivaient, cinq ans avant leurs cousins québécois, une belle période d’effervescence créative sur tous les plans. « J’ai signé avec Boucherie Records (la maison des Garçons bouchers). On allait aux partys de la Mano Negra, On s’est rendus compte que du rock en français, comme ma génération l’aime, c’est possible. » Même le nom Vilain pingouin est calqué sur l’approche française un objet, une qualité. Comme les Négresses vertes, par exemple.
À quoi s’attendre le 12 septembre
On retourne à la raison première de cette journée de promotion à Québec : le spectacle que Vilain pingouin donnera au Cercle le 12 septembre prochain. Rudy Caya nous avertit : on va avoir mal à la tête! « Mets du Tom Waits pas trop loin, pis attends-toi de te lever pis d’être dans la brume jusqu’à au moins une heure, une heure et demie. » Aucun invité surprise n’est prévu, c’est le 25e de Vilain Pingouin avec… Vilain Pingouin. Ensuite, la tournée se poursuit. « Honnêtement, on n’a jamais arrêté. On a toujours fait 15-20 shows par année! C’est pas un retour des Pingouins. » Si on lui demande comment se déroulent les retrouvailles, Caya répond « pareil comme à toutes les années. » Le fait que la présente série de spectacles correspond avec le 25 anniversaire du groupe amène une plus grande visibilité, mais Vilain Pingouin a toujours été actif.
Caya compose encore, il y a de nouvelles chansons sur l’anthologie (Les belles années, sur étiquette Pingouin Records), et il y en avait aussi sur l’album live paru au début des années 2000. Il aime bien jouer ses anciennes chansons, question de remercier son public pour la belle carrière qu’il a eue (et qu’il a encore, disons-le), jouer Le Train comme on s’y attend, nous voir sauter de joie en chantant, l’adrénaline que tout ça donne, mais il n’est pas nostalgique. Le chanteur avoue n’avoir aucun disque de Vilain Pingouin : « Mes enfants ont une copie du dernier vinyle, mais moi, j’en ai pas. » S’il apprécie le passé, il apprécie encore plus le présent et l’avenir. « Pourquoi vivre une moitié de vie pis la revivre après? J’en ai une complète, je veux la vivre au complet! »
Un nouvel album, avec ça?
Tant qu’à parler de nouveautés, on parle d’un éventuel album complet : « Je vais sûrement préparer un album solo. Monter 12 chansons avec les Pingouins, avec nos jobs, c’est difficile. On y va à coup de quatre tounes. Comme on l’a fait avec l’anthologie. » Quand il se met en mode composition, Caya est all-in. C’est pour cela que le prochain album risque de ressembler à une compilation de sa participation à divers projets. Par exemple avec Bod’haktan. « C’est mes chums. J’ai envie de jouer avec eux, pas juste par marketing! » Caya est aussi un fan fini de Sandveiss. Du stoner en plein dans ses cordes. « Ce qui est le fun avec ces bands-là, c’est que leurs tounes sont bonnes, mais c’est le trip de chums que le monde va voir. Ils ont l’impression de faire partie de la gang. » Il parle aussi des Épicuriens, « un band de ska. On pourrait appeler le projet Rudy SCaya. » Il nomme aussi Fidel Fiasco et termine avec les Pingouins. Finalement, ça donnerait un album d’une douzaine de chansons avec quatre ou cinq groupes différents. « Et ça veut pas dire que je chanterais chaque toune, donner d’autres couleurs, c’est le fun! »
Bon ben salut, salaud!
J’ai gardé mes questions les plus délicates pour la fin. Est-ce qu’il serait possible de sortir une chanson comme Salut, Salaud en 2015 et avoir le même effet qu’en 1990? Après tout, on en sait plus sur la dépression et d’autres maladies mentales responsables d’un bon nombre de suicides. Rudy reconnaît que ces maladies existent, mais si son regard était déjà perçant, on le voit s’animer comme il ne l’avait pas fait avant. Il me répond que l’effet aurait été le même parce que les gens se sont reconnus dans la chanson. « C’est une histoire qu’une fille m’a racontée, et j’ai mis en paroles et en musique les sentiments qu’elle a exprimés. » Quand les gens lui racontaient leur histoire, Caya ne comprenait pas vraiment, c’était une situation qu’il n’avait jamais vécue lui-même! « De façon dont on m’en parlait, j’avais l’impression que j’avais bien compris le message de cette fille-là. »
Ces sentiments, il a eu l’occasion de les ressentir lui-même il y a trois ans quand le père de la meilleure amie de sa fille a commis l’irréparable. Dans le cercle d’amis de sa fille, il était l’autre papa-poule, celui qui faisait toujours des lifts aux filles pour s’assurer de leur sécurité. Quand il a fait ça, Caya a dit : « Mon tabarnak! T’as pas le droit de dire à ta fille que c’est une solution! J’accepterai jamais que tu rejettes tes problèmes sur les autres! » Réaction très forte, certes, mais si vous êtes passé par là, vous l’avez ressentie, ne dites pas le contraire. « Jamais je vais donner à mes enfants ce message-là, que le suicide, c’est la solution. C’est toute ma vie, pis n’importe qui qui oserait même penser leur faire du mal, il n’a aucune idée de la tempête! Impossible que je sois cette personne-là. »
Te retourne pas, sur Roche et roule, est un peu le yang du yin qu’est Salut, salaud. Caya a une anecdote au sujet de cette chanson : « C’était à un genre de conférence de la SOCAN. On devait apporter une chanson et un panel en faisait la critique. On ne voulait pas brûler des tounes qui seraient peut-être un succès, on s’est dit qu’on allait prendre la moins hit dans le tas. On a pris cette chanson-là. On s’est fait dire « Ah, la structure est bizarre », pis là, Claude Rajotte a dit « Attention, c’est Vilain Pingouin, vous savez pas qui ils sont, je les ai eus comme invités et je vous le dis, le rock québécois est sur le bord de changer avec des bands comme Vilain Pingouin. » Wow, j’avais tellement de respect pour Claude, pis c’était le seul qui avait compris de quoi la chanson parlait. » Pour Caya, être normal dans un monde comme le nôtre, c’est pas normal. Avoir des problèmes, c’est normal, et comme de nombreux musiciens, il lui est arrivé de lancer ce genre de cri d’alarme. « Pour 90 % du monde, cette chanson-là leur est passée 100 pieds au-dessus de la tête. Les 10 % qui sont sensibles à ça, eux, l’ont compris. »
Le droit de voter, c’est aussi (mais pas juste) le droit de chialer
On parle de deux chansons de circonstance en cette campagne électorale, deux chansons toujours aussi criantes d’actualité : Le droit de chialer et, bien entendu, Viva l’élection. « La seule chose que je regrette de cette chanson-là, c’est que c’est pas comme ça que je l’entendais, j’aurais voulu faire du Setzer big band bien avant Setzer, du big band arrache. Mais bon, j’aime la chanson, j’aime les paroles, j’aime le swing, ça manque juste de trompettes et de trombones à mon goût. » Viva l’élection est encore totalement d’actualité. Les panneaux électoraux, les beaux discours… « C’est triste de voir que ça n’a pas changé, que c’est le même manège! » Quel que soit le parti! Caya ajoute : « Un gars qui joue au hockey, que ce soit pour les Bruins, les Black Hawks ou les Nordiques, il joue au hockey. Un politicien de carrière, c’est pareil. On change de parti deux, trois fois, l’idéologie n’est pas nécessairement à la base de leurs motivations politiques. La vie de politicien les intéresse. C’est pareil chez les musiciens! On en voit qui veulent devenir des rock stars parce que c’est le mode de vie qui les intéresse plutôt que l’idée de faire de la musique.
Caya indique qu’il a changé d’idée à propos de Le droit de chialer : « Dans ce temps-là, c’est ce que je pensais. La chanson, c’est ma version française d’If you want to bitch, vote. Avec le recul, je me suis rendu compte que voter, c’est tellement pas suffisant à moins que ça soit une bonne excuse pour se déculpabiliser et se déresponsabiliser. Si tu veux vraiment que les choses changent, oui, va voter, c’est une des étapes, mais c’est la plus facile. Faut que tu t’impliques dans un dossier que tu te connais. Je me rappelle de Michel Chartrand qui disait à Bernard Derome qu’il ne voulait pas gagner. « Mais si vous ne voulez pas gagner, qu’est-ce que vous faites là? » Il a répondu quelque chose comme « Un gouvernement est aussi bon que son opposition. » Il voulait être le chien de garde. C’est parfait, il voulait jouer son rôle. » Selon Caya, les intentions de Chartrand étaient bonnes et pures. « Dire que le gouvernement ou les syndicats, c’est de la marde, c’est dire que le monde, c’est de la marde. Ils représentent le monde. Ce qu’ils en font, comment ils le manipulent, le corrompent, ça, c’est une autre histoire. » Le problème, selon lui, ce ne sont pas les institutions, mais ce que nos représentants en font. Ce n’est pas vrai qu’on peut rien faire. « Personne ne me contrôle si je ne l’écoute pas. « Ouais, mais t’as pas le choix! » Mais oui j’ai le choix! « Mais t’auras pas d’argent, t’auras pas ci, t’auras pas ça! » J’men câlice. Garde-le, ton argent! Là, il peut pu rien faire. » Le seul pouvoir qu’ont ces personnes, c’est celui qu’on leur donne.
Déjà une demi heure!
Je regarde l’heure. Ça fait déjà plus de 30 minutes qu’on jase. Rudy Caya a une autre entrevue avant d’aller se reposer. On se serre la main, on se dit à samedi le 12. Je quitte le café avec une certitude : je vais arriver tôt au Cercle samedi, question d’être en avant. La bière sur le stage. En train de crier Ooh ooh ooh, je marche seul! avec du monde de 18 à 55 ans. Ça devrait être une bonne soirée.
En plus, Caya va avoir la chance de rencontrer un autre trippeux de musique puisque c’est Simon Kearney qui assurera la première partie. Grosse semaine pour Simon, qui joue également au Show de la rentrée ce mercredi soir.
Le spectacle est à 20 heures, les portes ouvrent à 19 heures, et les billets sont disponibles à la billetterie du Cercle et sur lepointdevente.com.
Les concerts de Kandle Osborne et de ses Krooks (quatre garçons pas juste dans le vent) sont toujours attendus à Québec. Il s’agissait de sa troisième visite au Cercle et les fans, tant au parterre qu’en haut, n’ont pas hésité à manifester leur joie aussitôt que la jeune auteure-compositrice-interprète est montée sur scène.
Avec Kandle, the Krooks forme un groupe guitare-guitare-guitare-basse-batterie. Parfait pour ce son qui mélange avec justesse le rock, le blues et le folk avec une touche un brin vintage! Sur scène, c’est un mur de guitares qui accompagnent la magnifique voix de Kandle, beaucoup plus puissante que sur l’album.
En fait, les chansons de son premier album complet In Flames semblent avoir pris un peu de punch (c’est pas comme si elles en manquaient déjà). Même les chansons les plus calmes étaient entraînantes et cette magnifique de Girl, You’ll Be a Woman Soon a terminé la job : le public était conquis!
Pas une seule seconde de ce concert, même pendant les deux ou trois nouvelles chansons présentées par le groupe, ne s’est déroulée sans qu’on tape du pied, qu’on hoche de la tête, ou qu’on se laisse aller les hanches. De leur côté, Kandle et ses Krooks avaient un plaisir évident et contagieux. Il y a une symbiose parfaite entre les membres de ce groupe et ça paraît. Kandle a beau être magnifique et attirer l’attention sans avoir à lever le petit doigt, les gars ne sont pas là pour faire de la figuration! Par exemple, Sam Goldberg Jr. (Broken Social Scene, Yardlets) enfile les solos et semble s’amuser comme un gamin pendant que les deux autres jeunes hommes à l’avant-scène chantaient en harmonie et que le batteur essayait de faire disparaître toute la boucane autour de lui.
La boucane. Faut que j’en parle. On a un peu abusé, je crois, et ce n’est pas mon oeil de photographe qui se plaint (je comprends parfaitement que le show est destiné aux spectateurs). Les musiciens en avaient de la misère à respirer. Ça a beau être de la vapeur, on finit par suffoquer! Mais bon, de loin, ça donnait un effet assez spectaculaire…
Plaisir renouvelé. On a déjà hâte à la prochaine visite.
Jane Ehrhardt
Jane Ehrhardt avait la lourde tâche de réchauffer la salle pour Kandle et elle a tiré de son répertoire des chansons qui s’intégraient bien au programme de la soirée. Seule au piano ou accompagnée de sa guitare, Jane a chanté des chansons beaucoup plus douces que celle qui l’a suivie, mais n’ayez crainte : pour une rare fois, les spectateurs présents écoutaient religieusement toutes ces belles chansons. J’en ai même surpris quelques-uns à fredonner les airs qui se trouvent sur Terminus!
Belle entrée en matière qui complétait bien le menu de la soirée!
Ragers, c’est un groupe qui « mix » de l’électro-rap-rock depuis deux ans. Avec leur EP Chapters, sorti récemment, ils ont fait des spectacles toute l’été et leurs performances ont été mémorables partout où ils sont passé. Ils seront au Cercle le 4 septembre prochain et je leur ai posé quelques questions par courriel:
Expliquez le choix de ce nom et le concept du band
Un représentation de notre état d’âme face à l’industrie et le monde d’aujourd’hui. Nos background punk nous fait voir le monde en méritocracie, et l’industrie musicale en est tout le contraire.
Expliquer le dessin qui vous représente
L’intérieur caché de plusieurs jeunes d’aujourd’hui. Power to the youth.
Comment est arrivée l’idée de porter des masques ?
C’est une manière de dépersonaliser notre musique, en un sens. On s’est dit que si les gens voyait pas le visage des gars, il seraient forcés à porter attention à la musique plutôt qu’aux personnes qui la font. Ca a un peu backfire au début, avec beaucoup de gens qui portaient trop attention au branding. Mais maintenant que les gens nous connaissent et nous voient un peu partout avec les patchs et tout, ca c’est calmé et les gens ont compris ce qui est important (la musique elle-même).
Votre dernier EP, Chapters, a connu un succès fou. Quel est le prochain chapitre de votre carrière?
Le prochain chapitre s’écriera une fois de plus à Los Angeles. Nous partons pour 2 mois ce printemps pour produire le deuxième album. On vient de signer avec une nouvelle compagnie de booking, et on a les gens de la Royale Électrique qui font un travail absolument exceptionnel. Les pages du chapitre vont s’ouvrir plutôt vite, et que les gens pourront les lire en même temps que nous. Espérons que la Rage Cage (notre van Montana Pontiac 2001) n’explosera pas mi-chemin.
Quelles sont vos inspirations musicales?
Chaque instants se transforme en inspiration.
Ce que vous avez appris à travers le temps dans le milieu c’est :
Le milieu de l’industrie c’est comme l’océan, c’est rempli de requins.
Vous faites souvent des collaborations, comme celle qui va sortir bientôt avec Manast et ZéFIRE. Depuis vos début, avez-vous un ou des collaborateur (s) coup de cœur?
On a rencontré Manast à travers Asura, qui est le DJ de Joke (un rappeur Français très connu qui commence à faire du bruit ici aussi). Ca fait des mois qu’on planche sur la chanson, et c’est dur vu la distance Montréal-Paris et que tout doit se passer par courriel. Chaque collaboration est une expérience unique en soi. Du moment où ils entrent au Gold Labs (notre havre-studio) des choses historiques se produisent. Enfin nous sommes impatient de vous présenter les prochaines chansons avec Hussa du groupe The Posterz.
Outre Loud Lary Ajust, quels sont les autres artistes que vous aimez ou aimeriez remixer leurs chansons?
On respecte beaucoup l’univers musical de Robert Robert et CRi. Honnêtement, on se concentre sur du matériel original. De plus maintenant, il est de plus en plus difficile de publier des remix car Soundcloud resserre leurs réglementations face à l’utilisation de matériel sans droit d’auteur.
Qu’est -que vous aimez que les gens fassent dans vos spectacles? (placez ici un anecdote, si applicable)
On est toujours partant pour les “after-party” que les gens nous proposent… Il nous est même arrivé une fois de rester embarré hors de la maison, à plusieurs kilomètres de l’hôtel… sans que personne ne puisse nous ouvrir…. Très longue nuit…
Le spectacle du 4 septembre au sous-sol du Cercle ça va être :
Aussi mémorable et arrosé qu’un party de sous-sol au secondaire sans le mixtape de Big Shinny Tunes 6 en repeat. Pis après le show, tout le monde au Carole!
Les visites de Kandle Osborne à Québec sont toujours des occasions de faire la fête. C’est que la jeune femme sait comment enflammer ses spectateurs! Son mélange de blues, de vieux folk et de rock sale est efficace et Kandle a une voix puissante, pleine de soul, qui vient nous prendre par les tripes.
Ce sera donc un bonheur de la retrouver ce jeudi dès 20 heures au Cercle avec son band bien à elle, The Krooks, et les chansons d’In Flames, un album qui donne des frissons.
La première partie sera assurée par nulle autre que l’auteure-compositrice-interprète de Québec Jane Ehrhardt (dans un très rare spectacle à Québec cet automne). Gageons que de nombreuses chansons de son excellent maxi Terminus seront mises de l’avant.
Les billets sont 15 $ en prévente, 18 $ à la porte le soir du spectacle. D’ici là, vous pouvez vous procurer vos billets au Knock-Out, à la billetterie du Cercle et sur lepointdevente.com.
C’est devant une complexe station de claviers et de pédales que Moonface a fait son apparition sur scène devant une foule . Spencer Krug avait mentionné en entrevue vouloir interpréter un mélange de vieilles et de nouvelles chansons, mais très peu de détails avaient émergé au sujet de cette courte tournée puisqu’il s’agissait seulement de la troisième soirée.
Il a, dès les premières notes, réussi à captiver la foule avec ses nouvelles chansons bâties autour de mélodies lourdes au clavier évoquant parfois Mogwai. Les chansons anciennes, que ce soit The Fog qui était précédé d’une longue intro hypnotisante ou Love The House You’re In qui était livrée de façon simple avec l’ajout d’une bonne dose de réverbération, ne faisaient que prouver l’effet envoûtant de sa voix et sa très bonne maitrise.
Il a également puisé une pièce sur son album collaboratif avec Sinaii (Heartbreaking Bravery) et sur son premier disque solo (Fast Peter). Après avoir conclu sa performance avec une longue et onirique nouveauté de 8 minutes, il est revenu pour un court rappel dans une ambiance enfumée pour faire une obscure reprise d’un groupe montréalais dont le nom m’échappe.
Ce fut donc une très bonne performance d’à peine plus d’une heure. Il est atypique de voir un artiste seul au clavier, c’est donc mission accomplie pour Krug, d’autant plus qu’il a seulement interprété un morceau de son album le plus connu (l’excellent Julia with blue jeans on). Il sera intéressant de voir où nous mènera Moonface, lui qui a souvent tendance à brouiller les pistes entre ses différentes parutions.
Depuis les quelques années que je le connais, Simon Kearney a fait beaucoup de chemin. C’est aussi ce qu’a voulu rappeler Nicolas Lemieux, le directeur de Sphère Musique, juste avant de laisser place à l’artiste. Il a découvert Simon sur Internet alors qu’il n’avait que 13 ans et qu’il publiait des vidéos sur YouTube. Maintenant à 19 ans, avec beaucoup de spectacles et de compositions derrière la cravate, Simon Kearney était vraisemblablement prêt à nous livrer un premier album.
Sur scène, il a offert une belle prestation qui témoigne elle aussi de sa progression : chansons plus travaillées, plus d’aisance sur scène et surtout un fun tangible à jouer devant la salle pleine du Cercle, en partie occupée par des amis proches et de la famille. Comme toujours, le spectacle a donné l’impression d’une soirée entre amis, avec en prime du rock authentique, assumé et à fleur de peau. Les pièces en tant que telles, réarrangées sur scène comme dans l’album, reflétaient encore plus qu’avant la variété musicale qu’a tenté d’aller chercher l’auteur. Et ce ne sont que des vers d’oreille. Je vous mets au défi d’écouter l’album et de ne pas en avoir au moins une qui vous trotte dans la tête.
En somme, la soirée s’est bien déroulée, on a eu droit à des chansons encore jamais entendues en spectacle ainsi qu’à des solos endiablés et les quelques remerciements chaleureux de l’artiste reconnaissant ont coulé de source. Tout comme quelques autres perles de la scène québécoise, Simon Kearney saura vous charmer et je ne doute pas qu’il fasse encore beaucoup parler de lui prochainement.
Pour plus d’info sur l’album, vous pourrez lire la critique de Jacques Boivin qui sort ce mercredi. Le disque est disponible un peu partout et, si vous êtes déçu de l’avoir manqué, Simon Kearney jouera sur la terrasse du Pub de l’Université Laval dans le cadre du Show de la rentrée le 9 septembre prochain.