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    [ALBUM] Antoine Corriveau – « Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter »

    Les lecteurs réguliers d’ecoutedonc.ca savent que j’aime beaucoup Antoine Corriveau. Sur Les ombres longues, paru en 2014, il a réussi à imprimer un style qui lui est propre, un espèce de folk-rock plutôt sombre tant dans la musique que dans les textes (qui sont de petits bijoux). La barre était donc très haute pour le successeur des Ombres longues.

    Arrive aujourd’hui Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter, le troisième album de Corriveau. A-t-il réussi à combler les attentes peut-être trop élevées de votre humble serviteur?

    Ça serait un euphémisme.

    Cette chose… est un album dans une classe à part. Moins axé sur les guitares que les précédents, riche en arrangements d’instruments à cordes et à vent, aussi lent que langoureux, cet album ne fait pas que s’écouter, il se ressent, il se vit. La première pièce, Rendez-vous, reprend un peu là où on s’était laissés sur Les ombres longues. On reconnaît tout de suite la voix d’Antoine et son regard parfois brutal sur le monde qui l’entoure. Mais aussitôt qu’on embarque dans Les contours clairs, on devient un brin chamboulé. Les émotions suscitées par les magnifiques arrangements de cordes (bravo Marianne Houle), accompagnés de la batterie et des percussions de Stéphane Bergeron  ainsi que d’instruments à vent qui ont l’effet d’une chape de plomb sur cette poitrine qui se fait cogner dessus sans cesse, sont difficiles à décrire. On est loin du bonheur que peuvent nous apporter des Avec pas d’casque ou Saratoga. Même les tragédies chantées par les autres semblent banales par rapport à la proposition de Corriveau. Derrière la console, Nicolas Grou a réussi à bien doser le tout, ce qui permet d’amplifier cet effet « chape de plomb » qu’on ressent tout au long de l’album sans jamais tomber dans un malaise qui nous ferait arrêter l’écoute.

    Difficile de ne pas fondre en larmes à l’écoute de Deux animaux, où Corriveau se montre plus vulnérable que jamais :

    Et tu me demanderas, un jour tu me demanderas si ça marche comme ça
    Quand tu ravales tes mots à moitié nue, tu tournes ta langue cette fois à moitié là
    Sur combien et comment tu as déjà aimé cette envie de mourir
    Je te répondrai que j’ai déjà aimé cette envie de mourir avec toi

    On sent Antoine se fissurer en chantant ces mots. On le voit tomber dans ce trou, et on le voit tomber ainsi jusqu’à la dernière chanson, la magistrale Les trous à rats. On y reviendra.

    Antoine Corriveau - Crédit photo : LePetitRusse
    Antoine Corriveau – Crédit photo : LePetitRusse

    Ça n’empêche pas Corriveau de s’offrir quelques petits moments plus aériens, notamment sur Constellations, où Fanny Bloom (qui a un EP qui porte le même titre…) et Corriveau sont dans les airs plutôt que dans tous ces trous.

    Sur Parfaite, Corriveau fait dans le spoken word et insère en trois minutes tant de mots qu’on s’essouffle juste à l’écouter, du moins à la première écoute. Les plus courageux seront récompensés, Parfaite est un magnifique poème essoufflant, certes, mais il vient accélérer ce coeur qui continue de battre malgré tout ce poids qu’il a sur lui.

    Juste un peu dure plus de sept minutes, mais ce sont sept minutes qui passent extrêmement rapidement. La chanson résume bien l’ambiance générale de l’album (faut dire que tout y est, même les paroles plus marmonnées que chantées dans les couplets et l’opposition cordes aériennes/vents lourds).

    On a encore les yeux humides en écoutant Les hydravions de trop, chanson dépouillée par rapport au reste de l’album. Pas d’orchestrations complexes, pas d’arrangements lourds, juste un piano, un violoncelle, une choriste et Corriveau qui réussit une fois de plus à nous toucher droit au coeur. Comme les trous, les avions reviennent souvent sur cet album, comme quoi on peut se servir de n’importe quoi pour exprimer des hauts et des bas quand on a un peu de talent. Et Corriveau en a énormément.

    Antoine nous avait gardé le meilleur pour la fin : Les trous à rats.

    Il est déjà trop tard
    Tout le monde est déjà mort
    Tout a fermé ses portes, tout sauf les trous à rats
    Où je vais m’en aller pour descendre encore plus bas

    Ben oui, il descend encore. Et encore. Les vents arrangés par Rose Normandin sont comme un coup de grâce : il fait chaud dans les bas-fonds. Et pourtant, après un mur sonore qui vient comme nous réveiller d’un cauchemar, c’est au fond de ce trou que Corriveau semble avoir trouvé la lumière. En effet, la mélodie du dernier droit de cette chanson est remplie de lumière, une lueur d’espoir qu’Antoine exprime en fredonnant doucement. Peut-être qu’il ne fait que lâcher prise, mais c’est pas grave, ça fait du bien.

    Après ces 46 minutes passées sous cette chape de plomb qu’est Cette chose…, il arrive quelque chose d’étrange : tout à coup, on apprécie mieux le silence. On prend le temps de décanter, d’analyser ce qui vient de se passer. Corriveau et ses complices ont réussi ici à nous faire vivre des émotions qu’on ressent rarement en écoutant de la musique. C’est difficile à exprimer, mais j’ai vraiment été chamboulé. Les trous à rats me hante, la chanson s’est glissée dans ma tête et y joue sans cesse. Chaque fois que j’entends le fameux mur sonore du milieu de la pièce, j’ai l’impression que toutes les chaînes qui accompagnent ce mal-être (que je vis peut-être vraiment, qui sait?) se brisent et me libèrent.

    Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter est pour moi, sans contredit, l’album québécois de 2016. Pour ses émotions. Pour les expérimentations. Pour son caractère complètement unique dans notre paysage musical. Quand on sait à quel point 2016 aura été un grand millésime, c’est tout un exploit.

    On va s’en rappeler longtemps, de celui-là. Allez vite l’écouter. Et venez avec moi voir Corriveau au Cercle le 27 octobre prochain. J’ai l’impression que ça va être mémorable.

    [bandcamp width=100% height=120 album=3186267304 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

     

    Jacques Boivin

    21 octobre 2016
    Albums
    Antoine Corriveau, Coyote Records, Le Cercle
  • [SPECTACLE] Fjord (+ Floes), Le Cercle, 21 septembre 2016

    [SPECTACLE] Fjord (+ Floes), Le Cercle, 21 septembre 2016

    Le Cercle s’est graduellement rempli hier soir à l’occasion du lancement de Textures, le tout dernier disque de Fjord. Les spectateurs, regroupés autour des tables à l’arrière de la salle, discutaient calmement en attendant l’arrivée sur scène du premier groupe.

    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    Floes
    crédit : Sébastien Ouellet

    C’est aux alentours de 21h que les premières notes et vibrations de la musique de Floes résonnèrent dans la salle. Attention, ne vous mélangez pas : Floes était bien la première partie de Fjord ce soir-là. Tout comme leur nom, la musique de ces deux groupes s’amalgamait très bien, comme on a pu le constater hier. En effet, Floes propose un électro-pop planant accompagné d’effets, de mélodies et de solos à la guitare. Ce trio, qu’on avait aussi pu entendre au Show de la rentrée, a livré une belle performance au Cercle, le chanteur se montrant particulièrement agile dans les aigües ce soir-là. Autre fait notable : le son était très réussi, ce qui a grandement contribué à immerger les spectateurs dans le monde musical du groupe. En terminant, cette prestation a permis de découvrir un Floes plus intense, plus groundé qu’avant.

    Fjord Crédit : Sébastien Ouellet
    Fjord
    Crédit : Sébastien Ouellet

    Après une bonne pause entre les deux groupes, aux alentours de 22h15, Fjord a fait son entrée sur scène. La salle s’était pas mal remplie à ce point de la soirée, accueillant au grand minimum une centaine de personnes. Les deux musiciens habituels du groupe étaient accompagnés à la guitare, au clavier et à la voix par Antoine Angers, qui joue habituellement dans un autre groupe avec le chanteur de Floes (pouvez-vous deviner lequel ?).

    La musique de Fjord, comme je l’ai dit tout à l’heure, avait bien été introduite par celle de Floes : ils nous ont présenté un électro-pop aux accents un peu plus soul sur lequel les voix en harmonie du chanteur et d’Antoine Angers ajoutaient des couleurs indie-folk. Quelques samples donnaient au tout des touches planantes et introspectives. La performance du groupe a fait plaisir au public, qui les écoutaient attentivement en hochant de la tête, voire en dansant un peu. Fjord a enfilé les pièces de leur nouvel album, pour un set d’un total de 30 minutes. On peut souligner leur enthousiasme ainsi que les extraits vidéos projetés à l’arrière-scène qui venaient accompagner leur musique et nous aider à nous perdre dedans.

    [bandcamp width=100% height=120 track=2275833696 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

     

    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    Floes crédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet
    FjordCrédit : Sébastien Ouellet

     

    Marie-Ève Fortier

    22 septembre 2016
    Région : Québec, Spectacles
    Fjord, Floes, Le Cercle
  • Une soirée toute en folk au Cercle jeudi

    Une soirée toute en folk au Cercle jeudi

    Les amateurs de musique folk auront un festin auditif à offrir à leurs tympans ce jeudi 22 septembre au Cercle. Cette Folk Night accueillera pas moins de sept artistes/groupes tout au long de la soirée : Scarlett Jane, Timothy Luke Dawson, Val Thomas, Josué Beaucage, Jérôme Saint-Kant, Alex Fortin et Cold Folks ont été confirmés!

    Les portes ouvrent à 19 heures, les prestations commencent dès 20 heures! Les billets sont 12 $ en prévente et 15 $ à la porte.

    TIRAGE : Arté Boréal nous a offert une paire de billets à faire tirer parmi nos lecteurs. Pour participer, rendez-vous sur notre page Facebook!

    Jacques Boivin

    21 septembre 2016
    Nouvelles, Région : Québec
    Alex Fortin, arte boreal, Cold Folks, folk, Folk Night, Jérôme Saint-Kant, Josué Beaucage, Le Cercle, Scarlett Jane, Timothy Luke Dawson, Val Thomas
  • [SPECTACLE] Gypsy Kumbia Orchestra, Le Cercle, 16 septembre 2016

    [SPECTACLE] Gypsy Kumbia Orchestra, Le Cercle, 16 septembre 2016

    Soyez prêts à danser! Soyez prêts à danser et accueillez la Gypsy Kumbia Orchestra! On y danse du début à la fin, sans pouvoir s’arrêter. On voudrait que jamais ça ne finisse, on voudrait danser toujours sous leurs rythmes énergiques et hypnotisants, accompagnant la fascinante danseuse qui est si belle qu’on la regarderait danser toujours. Les quelque dix musiciens sur la scène ont une énergie débordante, et on les sent comme une grande famille à la fois exotique et accueillante. Le mélange des musiques gitanes d’Europe de l’Est et des rythmes afro-colombiens entraîne dans son esprit extrêmement festif. Le groupe était composé cette fois-ci de trompettes, de trombones, d’un saxophone, d’un tuba de fanfare, de clarinettes, de percussions variées, et d’un violon. La puissance des cuivres résonne et emporte: C’est la fête!

    Je n’avais pas prévu écrire un article, je n’avais pas de temps, disais-je. Je ne savais pas comment faire, paraît-il. Mais là, il fallait que j’en parle.

    Les musiciens avaient une connexion extraordinaire avec la foule, et ils se mêlaient même au public en descendant de la scène. Ils guidaient la danse; le chanteur parlait pour inviter à la fête. Trouvant la salle du Cercle un peu vide, ils sont sortis pendant l’entracte jouer leur musique sur le trottoir et ont ramené parmi nous une partie des gens qui prenaient l’air devant le District et l’Impérial. En effet, pendant la première partie, la salle était loin d’être pleine. On voyait que les autres spectacles qui avaient lieu vendredi soir avaient su attirer bien des gens, mais tous ceux qui étaient au Cercle y étaient pleinement, ce qui est l’essentiel. Et puis ça faisait plus de place pour danser.

    Cette musique est enthousiasmante. C’est une « révolution par la fête », comme dit mon amie Célia. Il y a quelque chose de symbiotique entre les musiciens et la foule. Je n’ai vu personne qui ne dansait pas. La danse fait partie intégrante de cette musique-là.

    [bandcamp width=100% height=120 album=2890845914 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=643264161]

    revuelta-danza-partyD’ailleurs, Gypsy Kumbia Orchestra est un groupe basé à Montréal, composé de musiciens aux origines diverses (Colombiens, Québécois, Français, et bien d’autres). La formation existe depuis trois ou quatre ans et son premier album, Revuelta Danza Party, est paru il y a un an.

    Alors vous, je comprends que c’était St-Roch Expérience et tout, mais vous avez manqué quelque chose! Heureusement qu’ils reviennent relativement souvent à Québec, vous allez pouvoir vous reprendre la prochaine fois!

    Véronique Parent

    18 septembre 2016
    Région : Québec, Spectacles
    gypsy kumbia orchestra, Le Cercle
  • Liana Bureau lance « On the Run »

    Liana Bureau lance « On the Run »

    On l’attendait, ce premier extrait original! Eh bien voilà, c’est chose faite. Vendredi dernier, Liana Bureau lançait On the Run sur à peu près toutes les plateformes. Alliage de R&B et d’électro, la chanson met en valeur la voix chaude et les mélodies entraînantes de la jeune auteure-compositrice-interprète. Soul comme on l’aime.

    Notons que le toujours excellent Dragos Chirac a mis son grain de sel à la réalisation.

    Ce premier extrait pave la voie à un premier maxi qui devrait sortir à l’automne.

    Le vidéoclip accompagnant la chanson sera lancé le 15 septembre prochain, 18 h, au Cercle. En attendant, gâtez vos oreilles :

    [soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/278915661″ params= »color=ff9933&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false » width= »100% » height= »166″ iframe= »true » /]

    Jacques Boivin

    20 août 2016
    Nouvelles, Région : Québec
    arte boreal, Dragos Chirac, Le Cercle, Liana Bureau
  • [Spectacle] Les Martyrs de Marde au sous-sol du Cercle, 27 juillet.

    [Spectacle] Les Martyrs de Marde au sous-sol du Cercle, 27 juillet.

    Parfois, dans la vie, tu te sens comme de la marde. Le reste du temps, tu feels correct ou ben t’es content parce qu’il fait beau et que tu sue pas trop des pieds. Cette dernière soirée du 27 juillet, j’avais le sourire dans la face en descendant la rue St-Joseph mais y’a pas duré longtemps. Ça a commencé à dégouliner sur les côtés au moment où j’entendis les premières fausses notes des Martyrs de Marde. DZWiNG DZWiNG!

    Les gars qui nous ont donnés le Charme, Sébastien Delorme à la guitare et Daniel Hains-Côté à la batterie, se sont alliés à Mathieu Bédard au gueulage et Guillaume Leaim au clavier pour accoucher de ce bébé difforme et braillard que sont les Martyrs… Bébé qui, je crois, a manqué un peu d’oxygène à la naissance, watch out la DPJ.

    Et que le show commence dans le noir -pour une fois que l’éclairage boboche du sous-sol contribue à l’ambiance-. Le groupe ouvre sur une passe instrumentale qui mise sur la distortion. La guitare agonise et pleure et supplie qu’on l’achève, le drum fait un peu ce qu’il veut, s’enfarge dans les rythmes, manque un coup, se rattrape deux temps plus tard en accéléré et le clavier rempli tout l’espace qui reste de ses ambiances noises tordues. Ces gars-là rident le dragon du chaos comme je l’ai rarement vu.

    DANS UN MONDE DE SCHIZOPHRÈNE, FAUT ALLER PLUS LOIN QUE JUSTE FAIRE LA SPLIT.
    JUSTE UN P’TIT PEU PLUS LOIN.

    Mais c’est au moment où Mathieu Bédard ouvre la bouche que tu te poses de sérieuses questions. Coudonc, j’suis tu rentrée à Robert-Giffard sans m’en rendre compte, moi ?

    On assiste à un factice de psychose, bad-trip sociétal, dégueulis de verbes, prose amère et convulsions. Quelqu’un de sain ne garde pas sa merde en dedans, mais aux âmes sensibles je conseille quand même une shot de venlafaxine.

    les martyrs de marde.XS

    Arielle Galarneau

    3 août 2016
    Région : Québec, Spectacles
    free jazz, fucké raide, Le Cercle, le charme, les maryrs de marde, noise, punk, Sous-sol du Cercle, Spectacle
  • [SPECTACLE] LES ÉVADÉS ET LE LANCEMENT DE LEUR PREMIER ALBUM

    [SPECTACLE] LES ÉVADÉS ET LE LANCEMENT DE LEUR PREMIER ALBUM

    Ce mercredi soir avait lieu le lancement d’une des parutions m’ayant jeté par terre dans les derniers temps, le premier disque du quintet de Québec baptisé les Évadés. Parlant de baptême, c’était la première fois que je les voyais live et ça m’a encore une fois jeté par terre, sauf que cette fois j’avais un filet, armé des multiples écoutes de leur plus récent album pour me préparer à leur assaut. Ils ont commencé le spectacle pas mal pile à l’heure, montrant d’une autre manière qu’ils sont assez tight avec les temps, et ce, tout en douceur. On dit « Ils », mais il y a deux filles dans le groupe, respectivement aux violon et violoncelle, Marie-Christine Roy et Marie-Pier Gagné. Il y a aussi trois gars, soit Mathieu Rancourt à la contrebasse et parfois basse électrique, Alain Fillion à la guitare électrique, qui étaient tous deux dans le groupe dès ses tous débuts avec la violoniste, avant que Olivier Bussières aux percussions ne vienne également compléter le quintet au moment de l’ajout de la violoncelliste.

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    Marie-Pier Roy et Mathieu Rancourt (Les Évadés) (Crédit: Nathalie Picard)

     À ma connaissance c’est avec le titre « Marée basse » qu’ils ont donné le coup d’envoi, donnant l’impression qu’ils ne se livreraient pas, comme la tradition le veut souvent lors d’un lancement, de faire l’album intégralement d’un couvert à l’autre.  Ils ont ensuite interprété les deux premières pièces de l’album, « Compte à rebours » et « Arizona » et de s’adresser au public pour la première fois du concert entre ces deux titres, où la foule a d’ailleurs donné la première d’une longue suite d’acclamations fort nourries. Leur musique est généralement faite de magnifiques mélodies et de transitions assez abruptes mais déployées avec une précision chirurgicale et si sur disque, c’est davantage les mélodies qui nous marquent, sur scène, c’est définitivement les nombreux changements dramatiques et les montées en intensité qui tiennent le spectateur en haleine. La pièce « Résistance » qui enchaînait en donnait encore un bon exemple, en plus d’être le théâtre de solos fort intéressants, notamment pour le violon et les percussions, interprétés pas mal comme sur l’album. La concentration des musiciens, de mise vue la complexité de leur musique, est restée impressionnante tout au long du concert, et ce malgré quelques petits problèmes techniques seulement aperçus et qui n’ont à peur près rien enlevé à nos oreilles. Leur présence scénique était relativement sobre mais tout de même divertissante et surtout très sentie, ce qui avec l’écoute pas mal respectueuse de la part du public, créait une belle chimie, rarement aperçue dans le Cercle où ça discute souvent allègrement pendant les concerts.

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    Marie-Christine Roy (Les Évadés) et son erhu (Crédit: Nathalie Picard)

     Comme si le set n’avait pas encore assez son petit côté magique, la violoniste a troqué son instrument de prédilection pour un erhu, un violon traditionnel chinois à deux cordes, l’instant de deux morceaux, interprétés coup sur coup comme sur l’album, soit « Altiplano » et  « Les ponts qui tombent ». De retour avec un violon, mais se fiant plutôt cette fois sur la guitare et le violoncelle pour transposer la mélodie de la reprise de Bronislau Kaper, « Invitation », suivie comme sur l’album de la plus groovy « Place d’armes », qui ajoute de la variété au set. Parlant de variété, les deux suivantes en étaient de bons exemples, les mêmes que sur leur album Les Évadés, à commencer par « La dernière marche », une de leurs premières compositions, qui est dans la lignée de Bar Kokhba, très fortement basée sur les cordes acoustiques de l’axe contrebasse-violoncelle-violon. La reprise de « Soledad » d’Astor Piazzola, plus mélancolique, apportait un petit creux dans la dynamique musicale de la soirée, mais un creux tout à fait justifié pour remonter l’intensité d’un cran pour la fin du set. La composition qui est probablement la plus intense de l’album et du set, c’était « Embuscade », qui rappelle Secret Chiefs 3, un groupe proche de John Zorn aussi et qui ajoute une dimension métal à un hybride jazz-classique-world.

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    Alain Fillion et Olivier Bussières (Les Évadés) (Crédit: Nathalie Picard)

     Après une ovation fort chaleureuse de l’assistance, ils ont quitté la scène un moment pour revenir assez rapidement conclure ce concert en beauté, comme c’est le cas de l’album, en interprétant son dernier morceau, leur adaptation de la composition  « Caravan », qu’on connaît surtout pour avoir été popularisée dans les années 30 par Duke Ellington, et qui n’a pas pris une ride depuis. D’autres moments musicaux envoûtants se sont enchaînés pour conclure cette soirée mémorable à bien des égards. Assister en direct aux échanges intenses qui peuplent leur nouveau disque a permis de confirmer qu’il s’agit d’une oeuvre aboutie, de la part de musiciens matures et talentueux dont la complicité est évidente.  Si tous les musiciens impressionnent, c’est probablement le violon qui vient le plus prendre l’auditeur pour l’emporter, alors que l’instrument domine les structures mélodiques des pièces et devient souvent le centre d’échanges menés à deux, tantôt avec la guitare et tantôt avec le violoncelle, ce qui donne de superbes résultats.

    Le groupe est à surveiller, car on n’a probablement pas fini d’entendre parler de leurs prouesses. Surveillez d’abord ecoutedonc.ca parce que vous risquez de voir passer une entrevue sous peu, qui sera agrémentée d’une BD d’Arielle Galarneau, dont vous avez pu voir passer les retours dessinés sur les concerts d’Anatole et de Robbob, entre autres. En attendant, régalez-vous de leur disque homonyme dont on venait de glisser un mot la semaine dernière.

    François-Samuel Fortin

    1 juillet 2016
    Région : Québec, Spectacles
    evades, instrumental, jazz, Le Cercle, quebec, ribot, rock, surf, tango, zorn
  • [SPECTACLES] : Islands (+ Lushlife), Le Cercle, 18 mai 2016

    [SPECTACLES] : Islands (+ Lushlife), Le Cercle, 18 mai 2016

    Le Cercle a accueilli une centaine de spectateurs mercredi dernier à l’occasion du spectacle d’Islands. Ce groupe d’indie rock fondé en 2005, de passage à Québec, est actuellement en tournée pour la promotion de deux nouveaux albums : Taste et Should I Remain Here At Sea ? Deux albums assez différents, dont on aura pu goûter la saveur mercredi dernier.

    C’est cependant la première partie, Lushlife, qui est d’abord montée sur scène aux alentours de 21h15. Originaire de la Pennsylvanie, ce rappeur nous a livré une performance hip-hop énergique. Seul sur scène avec séquenceurs, ordinateur, drumpads et micros qu’il manoeuvrait, il a beaucoup interagi avec un public qui s’est montré accueillant et prêt à jouer le jeu. Son hip-hop tantôt très électro, tantôt plus oldschool, m’évoquait tour à tour des scènes de fête de collège ou de tournoi de basketball des films américains. Une musique entraînante avec une attitude idéale pour réchauffer le public, et ce même si ce dernier dans son ensemble ne semblait pas être un grand fan de hip-hop. «C’est mon premier show de hip-hop que j’ai aimé !», nous a même confié Sébastien Ouellet, élément récurrent (pour ne pas dire mascotte) du public de la Ville de Québec.

    Vers 22h15 les quatre membres d’Islands ont fait résonner leurs instruments. Le groupe a joué des pièces de leurs deux nouveaux albums, qui se veulent assez différents l’un de l’autre (Taste se rapprochant du pop avec des synthétiseurs aux sons vintage et l’autre album étant une tentative vers le rock‘n’roll lui aussi assez classique). Résultat, les musiciens alternaient entre synthétiseurs et guitares/basse, ce qui donnait un mélange diversifié, intéressant, mais qui gardait toujours la même signature indie. On pouvait aussi entendre dans plusieurs de leurs pièces des influences tirées de la culture musicale populaire de différentes époques, le tout accompagné de la voix complexe et diversifiée de Nick Diamonds.

    Le groupe, qui avait connu un franc succès avec leur premier disque Return to the sea, a joué peu de pièces de cet album, ce qui a sans doute déplu à quelques admirateurs comme à notre mascotte Sébastien Ouellet. Le public est cependant resté pour la plupart très attentif et plusieurs enthousiastes à l’avant dansaient. Au rappel, le groupe a livré une dernière performance plus énergique avant de quitter la scène.

    Crédit photo: Nicolas Padovani

    Marie-Ève Fortier

    24 mai 2016
    Spectacles
    Islands, Le Cercle, Lushlife
  • [PHOTOS] Emilie & Ogden (+ Marianne Poirier), Le Cercle, 5 mai 2016

    [PHOTOS] Emilie & Ogden (+ Marianne Poirier), Le Cercle, 5 mai 2016

    Belle soirée toute en douceur ce jeudi 5 mai dernier alors que nous recevions une nouvelle fois la talentueuse Emilie Kahn, sa harpe Ogden et ses musiciens (solides Dominic Lalonde et Olivier Bernatchez) dans un Cercle investi par des mélomanes de tous genres et de tous âges.

    Elle me semble beaucoup plus sûre d’elle, cette Emilie qui s’installe, les yeux brillants, aux côtés de sa belle brune. Les spectateurs, qui n’ont d’yeux que pour elles, se laissent transporter par les airs envoûtants de 10,000, le premier album d’Emilie & Ogden. Sa version aérienne (et vraiment personnelle) de Style, de Taylor Swift, a encore fait mouche. Surtout, ses propres chansons étaient tout le temps accueillies chaleureusement.

    En première partie, Marianne Poirier, qui était accompagnée d’Anthony Cayouette, a attiré l’attention des spectateurs avec ses belles compositions interprétées avec brio. Son folk-pop à la Julia Stone a vraiment tout pour plaire, qu’elle chante en anglais ou en français. Elle sera d’ailleurs à la Librairie St-Jean-Baptiste le 18 mai prochain, un lieu parfait pour l’écouter religieusement!

    Marianne Poirier – Photo : Jacques Boivin
    Marianne Poirier – Photo : Jacques Boivin
    Texte et photos : Jacques Boivin
    Emilie & Ogden – Photo : Jacques Boivin

     

    Jacques Boivin

    14 mai 2016
    Région : Québec, Spectacles
    Emilie & Ogden, Le Cercle, Marianne Poirier
  • [SPECTACLE] Les Goules, Le Cercle, 29 avril 2016

    [SPECTACLE] Les Goules, Le Cercle, 29 avril 2016
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier

    Malgré quelques soubresauts de vie (une paire de concerts anniversaires pour souligner les 10 ans de l’album éponyme) Les Goules avaient été placés sur le respirateur artificiel et c’est de façon aussi soudaine qu’inespérée qu’ils ont repris vie de manière fort éloquente avec leur nouvel album Coma, paru début mars. Ils venaient enfin présenter le fruit de cette résurrection vendredi soir dernier dans un Cercle paqueté et suintant. Ils étaient attendus et le moshpit s’est déchaîné en même temps que les premières notes de Parle Parle, la foule s’exécutant après les 4 coups de baguettes du batteur Igor Wellow. Le ton était donné.

    C’est parés de nouveaux déguisements que les Goules ont transmis leur folie à la foule dans une joyeuse épidémie… Ça sautait, poussait, lançait de la bière, crachait les paroles avec acharnement. Le tour de force aura été de constater que les fans massés au-devant de la scène connaissaient déjà très bien le nouveau matériel. Ainsi, des chansons comme Coat de cuir, Piranhas ou Régimes auraient donné l’impression à un néophyte qu’il s’agissait de vieux classiques. Pour ceux-ci, le groupe a eu l’excellente idée de les insérer partout à travers les nouvelles chansons. On a donc pu entonner Taupe, Matelot ou Les Animaux assez tôt dans la soirée. Plusieurs moments goulesques sont venus ponctuer cette soirée dont cette incapacité qu’a eu le chanteur Keith Kouna à faire taire cet enfant terrible qu’était la foule alors qu’il essayait tant bien que mal de faire l’intro de la chanson Folk guitare «déploguée». Après un succès mitigé (pas certain que les gens en arrière aient saisi quoique ce soit de la partie acoustique de la chanson), il y a eu un moment de confusion alors que Kouna a manqué un «cue» de mise en scène lorsqu’il a déposé sa guitare classique à la fin de la chanson. Celle-ci semblait avoir été épargnée avant d’être hargneusement fracassée sur la scène dans ce qui semblait être un véritable exutoire. Le moment « Mes Aïeux », dixit Keith Kouna, se terminait d’une drôle de façon. Plus tard, on a dû deviner qui de Bobby Bazini ou Andrée Waters avait été le premier vivant aperçu par le groupe à son réveil du coma. Nous fûmes bernés par Monsieur Kill… Ils nous ont aussi servi une douce chanson d’amour: Pendaison, une hyperbole! Quand on croyait que la soirée ne pouvait être plus étrange, Kouna avouait être le professeur de danse de Yann Perreau, Beyoncé et Snoopy. On pourrait presque y croire…

    Le concert a donc déboulé à un rythme effréné et le public qui en redemandait sans cesse en a reçu plein les tympans. Cette séance s’est terminée par la performance jubilatoire de Crabe, puis le rappel n’a fait que confirmer le statut mérité de groupe culte qui colle aux Goules, même s’ils n’en ont probablement rien à faire. Que ce soit durant Montagne, Biker, Dynamite ou Ville, le groupe a mis le public à sa main. Du devant de la scène au fin fond du Cercle, des spectateurs en transe chantaient et trippaient constatant que le groupe fétiche dépassait largement les cadres d’une réunion nostalgique. Rabin Kramaslabovitch, Ken Pavel, Klaudre Chudeba, Kouna et Wellow ont semblé profiter du buzz comme il se doit. Nous avons assisté à une renaissance et ce n’est certainement pas Québec qui allait s’en plaindre.

    En première partie, Gerbia a garroché son punk-hardcore crasseux rappelant The Exploited. Pour le peu qu’on saisissait, on comprenait vite le créneau: une exécution ultra rapide sur fond de rébellion. Efficace, mais un brin répétitif n’en déplaise aux fidèles qui se réchauffaient dans le slam.

    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules – Photo : Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules – photo : Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier
    Les Goules Cercle avril 16. Crédit photo: Julien Baby-Cormier

    Julien Baby-Cormier

    2 mai 2016
    Région : Québec, Spectacles
    Gerbia, Igor Wellow, Keith Kouna, Ken Pavel, Klaudre Chudeba, Le Cercle, Les Goules, Robin Kramaslabovitch
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