Le Pantoum a choisi de finir sa saison en grand en accueillant The Luyas dans ses murs vendredi dernier. Le passage du groupe montréalais à Québec marquait aussi le dernier jour d’une tournée lancée en vue de célébrer leur dixième anniversaire. Accompagnés d’Abrdeen en première partie, ils ont su captiver l’auditoire avec leur musique atmosphérique et innovatrice.
The Luyas
Les quatre musiciens de The Luyas sont montés sur scène aux alentours de 22h45. Maniant toutes sortes d’instruments, en en trafiquant parfois les sons, ils parvenaient à créer un fond musical tantôt saturé, tantôt planant sur lequel la voix douce et vaporeuse de la chanteuse venait déposer ses mélodies. On eut droit à des passages de cor modifiés pour donner un effet électro, à une chanson accompagnée au moodswinger ainsi qu’à des rythmes de batterie vibrants qui, par leur accent sur la répétition, ajoutaient une touche transcendantale au tout. Il faut souligner que le jeu d’éclairage avec les ampoules disséminées sur la scène rajoutait quelque chose à l’atmosphère des chansons.
Le groupe montréalais nous a joué des pièces de son plus récent maxi – Says You – qui marquait le retour en force du groupe après les quatre ans qui séparaient cet opus de l’album précédent, paru en 2012. On a aussi eu la chance d’entendre quelques chansons inédites, telles que Self-Unemployed, qui se retrouveront sans doute sur un prochain album. Le spectacle s’est terminé sur un rappel retentissant avec la chanson homonyme Says You. Les spectateurs, pour la plupart médusés tout au long de la performance du groupe, les ont applaudi chaleureusement.
Abrdeen
Heureusement pour les spectateurs ayant bravé le froid et la fin de session, Abrdeen les a accueilli chaleureusement en leur présentant son rock downtempo tantôt langoureux, tantôt assez garage. Leur musique, rappelant celle de Beck ou encore certaines pièces du film Scott Pilgrim versus the World, avait quelque chose de résolument accrocheur, d’une simplicité efficace.
La bonhomie des musiciens et leur plaisir évident à jouer ont rapidement rendu l’ambiance intime et amicale. Ils ont présenté, plus ou moins fidèlement – ils ont avoué ne pas les avoir pratiquées depuis un bon moment – les pièces qui figureront sur leur maxi à paraître en 2017. Le groupe a su entertainer ses spectateurs jusqu’à la fin, et ce malgré les cordes brisées de la guitare de la chanteuse, qui en a profité pendant son «solo» pour venir danser avec nous sur le parterre.
Chronique : courrier du coeur
Bon, je suis en retard un peu pour rendre ma chronique [pas juste un peu!]. J’ai dit à Mary que je l’avais oubliée, que j’avais la tête ailleurs. La vérité c’est que notre relation [littéraire] est de plus en plus distante [J’avais remarqué]. Tous les jours j’ai l’impression qu’elle me cache quelque chose [C’est toi qui as commencé!]. J’ai même trouvé des cheveux sur son manteau et malgré ma calvitie croissante, je pense pas que ce soient les miens [Bingo! Tu étais parti de ma vie littéraire depuis si longtemps – deux semaines – , il fallait que je me trouve un autre chroni-coeur! Mais ce n’était que du vent, tu le sais bien que personne ne parle de crottes de nez comme tu le fais!].
Je pense que ça vaut encore la peine d’essayer [pour vrai? 😀], si vous connaissez un bon endroit pour une thérapie de couple, je suis tout ouïe. En attendant j’ai quand même laissé ma haine grandissante de côté [JOIE!]. Les Luyas étaient au Pantoum. C’était magnifique mais je sais pas si ça a aidé. J’ai quand même pleuré en retournant chez moi [Moi aussi.].
Btw: je commence à manquer d’emojis pour exprimer ma frustration sur l’internet, il devrait y en avoir plus.
Le jazz et la philosophie sont descendus de leurs hautes sphères hier soir pour venir partager une idylle avec nous sous la forme de Flâneurs Romantiques. Compte-rendu du lancement du troisième disque de la Troupe, merveilleusement introduit par la performance de Miss Sassoeur & les Sassys.
La Troupe des Flâneurs Romantiques
Pour l’occasion, la Troupe est venue en version full band. Aux quatre membres habituels – soit Gabriel Côté à la guitare, Thierry Sterckeman à la contrebasse (le GROS violon), Audrey-Anne Roberge au saxophone et Alexandre Therrien au trombone à pistons – se sont ajoutés deux des trois musiciens qui ont contribué à l’album : Philippe Grant au piano et Édouard Poliquin-Michaud à la batterie.
Afin de mettre la table, le groupe a commencé avec quatre pièces de leur dernier album, Égoportrait. Les accords bien placés du pianiste et les rythmes originaux du batteur sont venus ajouter de nouvelles couleurs aux chansons qu’on connaissait déjà et la formule à six musiciens permettait de bien accompagner chaque solo.
Grâce à une «transition extraordinaire», telle qu’annoncée par Gabriel Côté, nous sommes ensuite passés aux quatre pièces de résistance qui composent La simultanéité des contraires. On a été agréablement surpris par la fougue des musiciens dans les parties improvisées. La légèreté a tout de suite donné le ton du troisième album : on y retrouve le mélange (ou plutôt le contraste) entre le jazz cool et langoureux du premier et le groove sous-jacent du deuxième. Cependant, c’est avec La diaphanéité qu’on a pu remarquer que le groupe avait aussi exploré de nouvelles avenues avec ce disque, sans doute en raison de la collaboration de nouveaux musiciens.
On ne peut aborder la Troupe des Flâneurs Romantiques sans parler de leur auteur-compositeur et porte-parole Gabriel Côté. À travers ses interventions d’éternel philosophe – déstabilisantes, mais toujours drôles – il nous guidait à travers les pièces ou nous racontait des anecdotes plus ou moins douteuses. Après La simultanéité des contraires et Égoportrait, ce dernier nous a invité à entendre aussi quelques pièces de leur tout premier album, apparemment «extraordinaire pour faire ses devoirs ou pour accompagner les actes de l’amour». Après avoir laissé beaucoup de place à ses musiciens dans les premières pièces, Gabriel a choisi cette occasion pour nous montrer de quoi il était capable.
Au rappel, le groupe a redoublé d’énergie pour nous livrer un standard retentissant : Tenor Madness de Sonny Rollins.
Miss Sassoeur & Les Sassys
Quoi de mieux pour commencer la soirée que la belle découverte musicale que fut Miss Sassoeur, la chanteuse principale, et les Sassys, ses choristes? Avec leur mordant, leur attitude et leurs chorégraphies, les membres du groupe qui «a plus de S que toé» ont vite installé une belle ambiance. Le public, timide mais attentif, n’avait besoin que de cela pour se laisser aller graduellement à son enthousiasme. Décidément, le groupe avait travaillé sa mise en scène.
En revisitant différentes musiques populaires d’influence afro-américaine ou latine (soul, gospel, blues, Motown, calypso, habaneras, etc.), le groupe de Montréal trouve son originalité dans ses textes chantés dans une langue qui leur est propre : un post-créole qui mélange anglais, français et jargon québécois pour rythmer les pièces. Les harmonies a capella des choristes recréaient l’ambiance des girl groups des années 1960 tandis que la chanteuse nous charmait avec sa voix riche en émotions et très soul. Nul besoin d’autre chose qu’un clavier pour accompagner le tout.
Depuis ses ébats littéraires infidèles avec Arielle Galarneau au lancement de Lesbo Vrouven, mon chroniqueur Simon Provencher a apparemment pris l’habitude de délaisser mes articles du Pantoum. Il a dit qu’il avait un spectacle en même temps que le mien, mais je ne le crois pas. MENSONGE. J’ai essayé d’être drôle à sa place, mais je n’ai pas autant de talent que lui. REVIENS SIMON ! JE TE JURE QUE JE VAIS CHANGER !
La soirée au Pantoum a commencé vendredi dans une salle peu remplie et intime. Hannah Epperson, violoniste américaine et canadienne était une découverte pour la plupart d’entre nous. Elle a su nous fasciner en tissant, au moyen d’une pédale de loop, différentes mélodies,
superposant toutes les possibilités et textures de son violon, tant pour en jouer avec son archet, ses doigts, ou pour le frapper doucement pour qu’il batte comme un cœur. On le sentait être vivant. Sa voix aérienne, mais aussi puissante, venait se joindre à celle de l’instrument. Le Pantoum, assis en indien sur le plancher, écoutait dans un silence religieux, fasciné par sa musique mélancolique et douce. Timide et charmante, Hannah était manifestement très heureuse d’être présente. C’était un moment extraordinaire, qui nous laisse avec, en nous, plus de calme et de silence.
Son nouvel album, paru il y a un mois, s’intitule Upsweep.
Nous nous sommes remis sur nos pieds pour Tous Azimuts, groupe originaire de Québec et bien connu des lieux. La chaleur du violoncelle et de la voix de Jordane (dans son téléphone rouge aux échos fascinants) ainsi que l’énergie du groupe nous ont fait oublier l’automne et la grisaille. Ils nous ont joué plusieurs pièces tirées de Kilomètre Zéro, leur deuxième album,
ainsi que quelques-unes de celles qui se trouveront sur leur nouvel album qui paraîtra très bientôt, La course du soleil. Ils nous en ont d’ailleurs parlé dans une entrevue la semaine dernière. Présentant « Le sel de la terre », Clément nous invita à suivre le conseil qui a inspiré cette chanson : profiter de nos amis pendant qu’ils sont encore là, et c’est ce que nous avons fait auprès d’eux.
À la fin du spectacle, tout le monde désirait en entendre plus, et après que Clément et Jordane aient interprété une pièce, seuls sur scène, ils ont invité les autres membres du groupe ainsi qu’Hannah à se joindre à eux pour un jam rempli de complicité et du plaisir de jouer ensemble qui a merveilleusement bien terminé la soirée.
Dans le cadre de la série ORBITE des Nuits psychédéliques, le Pantoum a accueilli hier soir une faune assez différente de celle qu’on y trouve à l’habitude. Surtout vêtus de noir, grandes barbes et cheveux longs, ils (et elles, mais sans les barbes) étaient venus apprécier l’intensité des trois groupes à l’affiche : Metacognition, Hopital et Grand Morne.
Metacognition
C’est Metacognition qui a commencé le spectacle vers 21h30 avec ce qu’on pourrait qualifier d’une expérience sonore. Son de guitare déformé par les multiples distorsions, sons synthétiques réglés à la console, tout n’était que son et le peu de notes qu’on a entendu évoquaient les sifflements de machine plus que des instruments quelconques. Le résultat : du noise qui rappelle la musique contemporaine des années 1945 (musique concrète et bruitisme). À la fin de la performance, le public a chaudement applaudi les musiciens.
Hopital
Hopital nous a ensuite présenté son rock uptempo au rythme complexe et changeant. L’atmosphère harmonique, créée à l’aide une guitare électrique et de samples, était constante et plutôt répétitive, ce qui se rapprochait d’un effet de transe. Le public écoutait, attentif, et plusieurs hochaient la tête. Il faut saluer l’intensité du duo (batteur et guitariste), qui m’a rappelé la verve de Yonatan Gat lorsque je les avais vus au Festival OFF 2015.
Grand Morne
Finalement, aux alentours de 23h, Grand Morne prend place sur scène. Les gens se pressent sur le parterre pour voir le groupe, qui lançait hier soir son dernier album : Recifer. Ils nous ont balancé à la figure leur stoner prog. Qu’est-ce que c’est ? Des instruments électriques qui jouent des airs machiavéliques dans le registre très grave et avec beaucoup de distorsion sur un beat qui oscille entre le très lent et le très rapide. Une musique pour hocher de la tête et avoir l’air méchant. Si certains ont trouvé que le groupe était quelque peu répétitif dans sa musique, d’autres y ont trouvé un aspect coloré et poétique.
Chronique du vestiaire #1: les sons fatigués des crottes de nez
Simon Provencher, un habitué/bénévole du Pantoum ainsi qu’un rédacteur chevronné, se permet d’envahir mes articles pantoumesques pour y mettre sa touche de folie.
J’ai un défaut, un seul: je me fouille encore dans le nez. J’ai essayé souvent d’arrêter, sans succès. Je le fais sur un disque de Fet.Nat, je le fais en prenant vos manteaux, je le fais en tentant de séduire les quelques filles présentes au Pantoum, je le fais en écoutant Absolutely Free et je le fais en vous redonnant votre manteau. J’entends en sourdine le bruit assourdissant du premier groupe alors que le vestiaire entame un vinyle de Wild Domestic. Je vais aux toilettes… drôle d’odeur quand je vais en chercher une bonne croquante, peut être que je ne me suis pas assez lavé les mains. Marie-Ève me dit que ça ne la dérange pas… elle n’a pas de manteau. Je monte voir Hôpital. Je trouve ça excellent et je fouille à outrance.
Si vous avez eu la malchance de vouloir découvrir de la nouvelle musique vendredi soir, de sortir de chez vous pour vous baigner dans la culture avec un grand C, vous avez été en contact avec mes muqueuses, avec mes crottes de nez, avec un grand C.
«Québec c’est plate.» Vous l’avez déjà entendue aussi, celle-là ? Eh bien, on peut remercier l’entièreté de notre scène locale et émergente, qui nous permet de démentir cette affirmation. Parmi ses différents acteurs, on compte les membres fondateurs du Pantoum, devenu un véritable centre culturel pour les musiciens de la ville et d’ailleurs. Ils nous invitent d’ailleurs ce vendredi à sortir une fois de plus de notre zone de confort pour aller voir un spectacle de la rentrée dont la programmation est entièrement inconnue : ils nous gardent la surprise. À l’occasion de cet évènement, nous sommes allés interroger les deux musiciens à l’origine de cet endroit mystérieusement caché quelque part près du coin de la patate.
Mais qu’est-ce que le Pantoum ?
Certains me le demanderont. À la base, c’était le projet de deux musiciens qui avaient envie de créer un «espace multifonctionnel doublé d’une communauté et de gens qui travaillent à développer la scène […], le tout recoupé dans un même espace», comme l’explique l’un d’entre eux. Cette idée, Jean-Michel Letendre Veilleux et Jean-Etienne Collin Marcoux (aux ambitions aussi grandes que leurs noms composés) la mènent à bien depuis 2012. Depuis, le Pantoum s’est doté d’une salle de spectacle, de studios de pratique et d’enregistrement, d’un service de sérigraphie ainsi que d’une boîte de diffusion et de production d’évènements relativement récente (Pantoum Records).
«Pendant longtemps le projet de label est resté un peu plus latent, puis finalement on a décidé de grossir notre équipe quand on a commencé à avoir un peu plus de groupes qui étaient vraiment nés du Pantoum, je pense entre autres à BEAT SEXÜ […]. On s’est dit que ça prenait vraiment un organisme de plus qui supporte ces bands-là et c’est là qu’on a décidé de partir la maison de disques, qui devient de plus en plus officielle, de plus en plus sérieuse depuis un an et demi ou deux ans», nous explique Jean-Etienne.
En effet, le Pantoum cherche surtout à répondre aux besoins des musiciens plus ou moins indépendants qu’ils regroupent : «C’est un peu ça l’objectif du Pantoum, ajoute Jean-Etienne. Il y a plein de services ici. Toi t’es un band indépendant, tu prends ce dont tu as besoin dans le pool.» Ils visent donc non seulement à regrouper tous les services qu’un band indépendant à Québec a besoin, mais aussi à personnaliser ces services en fonction du groupe avec lequel ils travaillent : «On n’appuie pas de la même façon des projets comme Le Charme, versus BEAT SEXÜ, versus Gab Paquet », conclut-il. En outre, la collaboration des groupes avec d’autres acteurs (maisons de disques, salles de spectacles, etc.) est favorisée par l’offre non exclusive de services au Pantoum, qui vise surtout à ouvrir les horizons de ces groupes.
Afin de parvenir à ces résultats, le duo est soutenu par une large équipe de bénévoles qui les aident à maintenir les activités du Pantoum ainsi qu’à organiser différents projets et évènements, comme le spectacle de la rentrée de vendredi.
Le show de la rentrée du Pantoum
«Chaque année, on essaie de garder cet aspect-là un peu d’essayer de faire en sorte que les gens viennent et soient prêts en général, dans d’autres salles de spectacle, à débourser pour aller découvrir quelque chose qu’ils ne connaissent pas, m’explique Jean-Michel. J’pense que ça fait partie de notre manière de travailler à l’émancipation de la curiosité chez les gens.»
Cette année, la stratégie est simple : personne ne saura quels groupes ils vont voir jouer. «On leur impose d’avoir du fun, c’est un peu ça l’idée», ajoute Jean-Etienne. Cette idée de surprise plait beaucoup aux organisateurs, qui aiment se permettre des programmations complètement éclectiques. «Cette année, explique Jean-Etienne, il y a quand même une certaine liaison entre les bands. Il y a des trucs qui les unissent, mais ça reste tout de même trois univers complètement différents.»
Mais encore, à quoi peut-on s’attendre ? Selon les deux organisateurs, le spectacle devrait plaire autant aux novices qu’aux plus grands mordus de la scène indépendante. Au sujet de la tête d’affiche, Jean-Etienne nous confie que c’est «quand même un band qui actuellement vit une belle hype à Québec, qui a fait des shows cet été à Québec, et au OFF, et au Show de la Rentrée de l’université.» Ce dernier fera sans doute plaisir à ceux qui le connaissent comme à ceux qui le découvrent.
Le deuxième groupe, qui n’a joué qu’une seule fois à Québec dans un Rock & Pabst l’an passé, toujours selon les dires de Jean-Etienne, est encore très peu connu et constitue une «belle découverte pour la crowd d’ici». Finalement, le premier groupe qui jouera ce soir-là provient directement de la Ville de Québec, mais il est apparemment encore très jeune et donc encore à découvrir. «Tout le monde va trouver son compte dans ce genre de soirée là», conclut Jean-Etienne.
Un aperçu de la saison prochaine
Le spectacle de la rentrée amorcera aussi la nouvelle saison du Pantoum, qui est d’une certaine façon en continuité avec les saisons précédentes : «L’esprit de la place, c’est un espace de découvertes, explique Jean-Michel. Ça peut parfois déroger un peu de ça, mais dans l’ensemble le but de l’endroit c’est de faire découvrir des groupes et que cet endroit serve à des groupes qui en ont vraiment besoin.» C’est pourquoi il y aura au menu des groupes comme The Luyas (16 décembre), dont certains éléments sont connus et qui dans l’ensemble méritent de l’être, ainsi que Le Charme, groupe signé Pantoum qui lancera son album le 14 octobre prochain en compagnie de Fuudge.
Parlant de déroger, il ne faut pas manquer de parler de l’attendu lancement d’album de Chocolat, qui aura aussi lieu dans les murs du Pantoum en novembre. Pourquoi faire une exception pour un groupe aussi connu dans le milieu que Chocolat ? «Notre clientèle habituelle, explique Jean-Etienne, c’est quand même le genre qui trippent énormément sur Chocolat. Donc c’est un peu un cadeau qu’on fait à cette gang-là.» Parce que oui, le Pantoum gâte aussi ses spectateurs. «Et en même temps la gang de Chocolat, ce sont des musiciens avec qui on travaille à d’autres moments dans l’année et qui avaient vraiment envie de faire ça ici parce que c’est un projet qui leur tient à cœur et qu’ils ont envie de faire avec des amis plutôt que dans une salle de spectacle lucrative», conclut-il.
Autrement, quelques groupes en tournée viennent aussi s’insérer dans la programmation. C’est le cas de Walrusqui, bien qu’ils soient devenus «le genre de band qui n’ont peut-être plus besoin de passer par le Pantoum» aux dires de Jean-Michel, passent par là le 14 octobre et seront donc accueillis par le Pantoum pour une soirée aux côtés de Le Charme et Fuudge.
Le Club Paradis : un nouveau projet dans les parages
Parmi les derniers évènements dans lesquels le Pantoum s’est investi, on peut compter Open House QC, le Mammifest et le SPOT, pour lequel ils s’occupaient de l’évènementiel. Ces différents projets ont surtout pour but de faire rayonner la scène locale, qui est parfois(souvent) trop méconnue. Cette année encore, le Pantoum travaillera activement dans cette perspective par l’entremise de son partenariat avec le tout nouveau Club Paradis, sur Grande Allée.
«Le Club Paradis c’est pas quelque chose qu’on avait de prévu cette année, explique Jean-Etienne. On s’est fait approcher par Isaac Larose [l’auteur des Catfight Friday au Boudoir], qui est derrière le projet, qui est soutenu aussi par les propriétaires de la Taverne Grande Allée. […] Isaac proposait en fait d’exporter un concept de spectacle du Pantoum, qui est un concept très différent, très indie, dans une place qui est complètement loufoque : Grande Allée. » Attiré par le concept et charmé par l’ambiance intime de la salle, le Pantoum a accepté le projet.
C’est donc une sorte de pèlerinage par lequel le Pantoum cherchera à faire tout autant un «espèce de fuck you poli à Grande Allée» que de créer un «poste avancé de musique underground», qui d’habitude ne sort pas trop des limites de la Basse-ville, tel que l’explique Jean-Etienne.
Le Club Paradis, avec le Pantoum, fait aussi le pari d’aller chercher un nouveau public. «Il y a beaucoup d’enthousiastes de musique à Québec, poursuit Jean-Etienne. Au Festival d’Été, ce ne sont pas seulement des gens de l’extérieur qui consomment les spectacles. C’est principalement des résidents de la ville.» Et pourquoi ne viennent-ils pas en plus grand nombre aux spectacles de la scène locale et émergente ? «Est-ce que c’est parce que la Basse-ville fait peur, se demande Jean-Etienne. Est-ce qu’on est trop dans notre petit monde en Basse-ville ? L’idée c’est donc de créer quelque chose qui va être en Haute-ville, qui se frotte un peu aux trucs plus mainstream et aux trucs plus classiques.»
C’est comme ça qu’ils espèrent aller chercher des gens qui traînent sur Grande Allée et qui, curieux, entreront peut-être au Club Paradis. «Et là au lieu de tomber sur un chansonnier quétaine, ajoute Jean-Etienne, ils vont tomber sur un show de musique underground taggué Pantoum et à ce moment-là nous on espère qu’ils vont tripper sur ce qu’ils vont vivre.» Et si l’on se fie à la réaction des nouveaux visiteurs au Pantoum («Hein, il y a ça à Québec !»), selon le duo, le charme risque d’opérer.
Plus concrètement, le Club Paradis offrira donc, sous l’égide du Pantoum, des «soirées à 12 piastres dans un Club un petit peu perdu où tu vas avoir une espèce d’ambiance de feu», tel que décrit par Jean-Etienne. Ça commence dès demain, ce jeudi, avec IDALG et Funk Connection, et ça se poursuivra à raison d’un spectacle ainsi que quelques DJ sets par mois. C’est ce qu’ils ont décidé d’appeler les soirées Pantoum Paradise. «C’est lefun de pouvoir sortir des murs du Pantoum, conclut Jean-Michel. Il y a beaucoup de choses qui prennent du sérieux et ça commence à être vraiment excitant de manœuvrer ça.»
Pis, c’est tu plate Québec d’après vous ? Je vous mets au défi de le vérifier par vous-même.
Coproduit par Boîte Béluga et le Pantoum, le Mammifest a battu son plein samedi dernier pour une première édition qui a connu un franc succès. Conçu pour «donner une nouvelle vitrine pour la relève de Québec», comme nous l’a annoncé Jean-Étienne Collin Marcoux du Pantoum, ce festival nous a présenté quatre groupes locaux ainsi que Royal Canoe (Winnipeg) et Organ Mood (Montréal / Sherbrooke) en tête d’affiche. Six spectacles uniques d’affilée dans une ambiance «animale» où chacun était libre de se déguiser en son mammifère préféré.
Le Complexe Méduse avait été transformé en jungle pour l’occasion, grâce à des décors faits main par Carol-Anne Charrette et Pier-Anne St-Jean. Pour couronner le tout, le Coin fabriquait même sur place des T-shirts personnalisés à l’effigie du festival. Quand la soirée a commencé, vers 21h, la salle était déjà pleine.
Floes – 21h
C’est Floes qui a ouvert le bal. Composé de Samuel Wagner (Harfang),Pier-Philippe Thériault (PopLéon) et Simon Tam (PopLéon, Émeraude), le groupe nous a offert son premier spectacle à vie. Ils avaient sorti un extrait quelques jours avant, Showdown, qui nous promettait un électro franchement pop, voire hip-hop, tout en gardant un côté introverti et planant.
N’ayant pas peu d’expérience chacun de leur côté, les musiciens du trio ont bien tenu leur promesse. Résultat, des beats intéressants, des mélodies pop dont l’aspect répétitif était cassé de temps en temps par le son plus rock de la guitare, sans oublier la voix de Samuel Wagner qui contrebalançait le tout avec sa légèreté et son côté planant. Un mélange osé et intéressant, où chaque son avait sa place. Pendant une trentaine de minutes, Floes nous a joué ses quelques pièces, dont on retrouvera une partie sur leur mini-album qui devrait sortir bientôt.
De la Reine – 21h45
Autre trio assez récent, De la Reine se démarque par son énergie et son groove. Les trois musiciens du groupe, Jean-Étienne Collin Marcoux (batterie), Vincent Lamontagne (guitare et basse) ainsi qu’Odile Marmet-Rochefort (voix et claviers), ont eux aussi déjà fait leurs armes (ou leurs instruments) dans différents autres groupes locaux de la ville de Québec.
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Dans un style qui mêle le trip-hop et le rock à beaucoup d’autres substances musicales, le groupe a livré une performance qui avait quelque chose de percutant, d’accrocheur. On est heureux de constater, aussi, que la langue française de leurs textes se marie bien avec leur musique, un autre pari intéressant. Le groupe a aussi profité du Mammifest pour lancer sa cassette, leur premier opus.
Medora – 22h30
Programmé au OFF l’an passé, Medora a été chaudement accueilli par le public samedi soir. Public qui, d’ailleurs, ressemblait fortement à celui du OFF : attentif et curieux, ouvert, festif.
Contrastant avec le côté pop du début de la soirée, le groupe s’est lancé très rapidement dans leur rock cru et planant à la fois, comme le serait une remise en question existentielle. Ils ont joué plusieurs pièces de leur récent maxi intitulé Les Arômes ainsi que Sillage, une des pièces phares de leur premier disque. Ils n’ont pas déçu le public, qui semblait habitué à l’intensité du groupe et à ses crescendos psychédéliques.
On a aussi eu droit à une reprise d’une chanson d’Avec Pas D’Casque ainsi qu’à une nouvelle pièce au tempo rapide et où la voix du chanteur s’est déployée avec agilité : Tsunami. On y a aussi senti un côté plus dissonant qui ajoute une autre couleur à la musique du groupe. Cette chanson se trouvera apparemment sur le prochain opus de Medora, premier album complet, sur lequel ils travaillent en ce moment.
Harfang – 23h15
Très attendus eux aussi, les membres de Harfang sont montés sur scène peu après Medora. Le harfang n’est pas un mammifère, mais samedi dernier il faisait vraiment partie de la famille : le groupe était visiblement heureux de jouer devant un public déjà pour la plupart initié à sa musique, qui plus est entouré d’une équipe avec laquelle il est habitué de travailler. La performance n’en a été que plus énergique, d’un enthousiasme contagieux.
Harfang a joué plusieurs pièces de ses deux maxis Harfang EP et Flood, en plus de quelques pièces qui ne figurent pas encore sur aucun disque. Ces nouvelles chansons, dont une qui a été jouée pour la première fois en spectacle au Mammifest, témoignent de nouvelles influences qui ont été mélangées au folk rock distinctif du groupe. J’ai cru y voir passer des traces de jazz, de blues, quelque chose du pop des années 80 et même un peu de musique du monde. Ce sera à explorer plus amplement quand le groupe sortira son prochain disque, un album complet, prévu pour la fin 2016.
Royal Canoe – 0h15
En tournée pour la promotion de leur nouvel album Today we’re believers, le groupe manitobain a fait un arrêt au Mammifest pour le plus grand plaisir des spectateurs. Royal Canoe, ce sont des arrangements musicaux élaborés autour d’un jeu répété, des tempi et des structures rythmiques complexes, le tout accompagné par la voix du chanteur transformée par différents effets électroniques.
Leur musique, un mélange hétérogène de différents styles qui ressortent en un tout psychédélique et électro à la fois, a emporté le public qui s’est graduellement mis à danser. Vraisemblablement enchanté par la réaction du public, le groupe a étiré sa performance en jouant autant de vieilles chansons que de nouvelles.
Organ Mood – 1h15
Après quatre heures de spectacle intense, rien de mieux pour terminer la soirée que la performance d’Organ Mood. Spectacle inclusif, ambiant, où le public et l’improvisation musicale psychédélique tenaient des rôles prépondérants. Les effets visuels, faits main, étaient eux aussi créés spontanément sur place à l’aide de rétroprojecteurs et d’acétates.
Les spectateurs, mêlés à la performance qui se donnait sur le plancher de la salle, en ont profité pour se poser pendant la première partie du spectacle. En bonne partie assis, quelques uns les yeux fermés, ils appréciaient l’ambiance musicale et ses effets de transe. Après une intéressante performance de deux spectateurs sur un instrument inventé par le groupe, Organ Mood a invité le public à se disperser dans la salle. Celui-ci en a profité pour se propager, discuter, profiter du moment ou encore danser. La piste de danse s’est élargie à mesure que la performance avançait.
Jean-Moufette – Très tard
Pour les quelques motivés qui restaient et en redemandaient encore après Organ Mood, Jean-Michel Letendre Veilleux du Pantoum (a.k.a. Jean Moufette) a fait un DJ set jusqu’à 3h du matin. Le tout s’est apparemment très bien terminé, selon l’autre pilier du Pantoum Jean-Étienne Collin Marcoux.
Un festival prometteur
Local autant par sa programmation (Floes, De la Reine, Medora, Harfang) que dans son organisation (Boîte Béluga, Pantoum, Le Coin), le Mammifest a su plaire au public et rassembler une variété intéressante de styles. L’ambiance était festive et le concept, bien exploité. Le timing était parfait pour nous remettre en mode festival et pour nous faire patienter jusqu’au OFF.
On espère que cette édition soit la première d’une longue série qui poussera encore plus loin ses exploits et qui fera voir à qui le veut bien à quel point notre scène locale se porte bien. En espérant y croiser toujours davantage de nouveaux visages (autant du côté du public que de celui des musiciens) et qu’on offrira à ce festival la visibilité qu’il mérite.
Samedi soir dernier, le Pantoum gâtait nos oreilles avec un plateau double tout en douceur : Samuele et L’Octopus allaient se succéder pour offrir aux spectateurs une soirée toute simple, sans prétention, mais mémorable.
Tout d’abord, Samuele s’est présentée seule devant le public qui s’est sagement assis devant elle. Plutôt que d’occuper la scène, les artistes allaient occuper un des coins du loft. Tout le monde était donc assis en tailleur et la jeune auteure-compositrice-interprète a présenté son répertoire de chansons et de courts poèmes. Toujours aussi personnelle et engagée que lorsqu’on l’avait vue rapidement au Cabaret Festif de la relève en janvier dernier, Samuele était visiblement en territoire ami samedi, le silence religieux du public n’étant interrompu que par des applaudissements plus que polis. Au milieu de la prestation, Claudia Gagné (L’Octopus elle-même) est allée rejoindre Samuele avec sa contrebasse. Belle idée qui mettait le rythme des chansons en valeur. Fait rare pour une première partie : un rappel (bien mérité) pendant lequel nous avons eu droit à une reprise de Daniel Balavoine (Tous les cris, les S.O.S.).
L’Octopus a suivi tout de suite après. Derrière Claudia, Hugo (LeMalt) et Daniel (Hains-Côté), on voyait des projections réalisées par Lap (Louis-Antoine Pelletier), qui appuyaient magnifiquement les chansons de la pieuvre et de ses musiciens! Là encore, on a eu droit à une très jolie prestation fondée principalement sur le premier album complet de l’artiste, qui s’est même payé le luxe d’une chanson en haut d’un escabeau, au clair d’une projection au plafond. Le spectacle s’est poursuivi sans faille jusqu’à la dernière chanson, Yukon (une des chansons de son EP), où Claudia a eu un énorme blanc de mémoire en oubliant son deuxième couplet et à la suite duquel elle a lancé un rire proportionnellement contagieux. Ça arrive, on ne lui en tiendra pas rigueur.
L’Octopus sera à la Librairie St-Jean-Baptiste avec Miss Sassoeur & Les Sassys le 21 mai prochain.
Elle assurera également la première partie du spectacle de Julie Blanche au Cercle le 9 juin.
Anatole nous a ouvert les portes de son studio hier soir et il a recréé pour son public l’ambiance de la Nouvelle LA pour un lancement hors du commun. Compte-rendu d’un voyage dans le temps et l’espace pour nous amener au lieu le plus tendance de la L.A. du temps d’Andy Warhol.
Exploration des lieux
À 19h pile, un gardien de sécurité impassible nous ouvre la porte qui mène au deuxième étage du Pantoum, endroit méconnu du public puisque la scène est habituellement au troisième. On est ensuite balancés dans un monde sorti d’une autre époque, où chaque pièce a son ambiance propre. On peut se déplacer jusqu’à la salle d’écoute munie d’encens, de lavalamps et de guirlandes de lumières. L’album y joue en boucle, accompagné d’une projection rétro pour le plaisir de ceux qui s’affalent dans les divans pour apprécier l’art d’Anatole.
Il y a aussi une salle principale où les gens peuvent se rejoindre pour discuter entre eux. On y croise la crème de la scène émergente de la ville de Québec, ce qui rajoute à l’ambiance hip du décor. Mais autre chose s’y passe aussi : on peut y voir différentes performances, effets visuels et sonores maison. Anatole, la vedette de la soirée, nous a présenté quelques acteurs de la soirée. Le premier qu’il nous présente est Kenton Mail, le batteur : «c’est un très bon batteur de jazz que j’invite souvent pour me divertir», explique-t-il dans son rôle de dandy. On a aussi eu droit à la performance de Fabien Piché, danseur, et à celle de Laps, «qui est associé à Canadian Bacon, entre autres, et qui est un très bon peintre», toujours selon le maître de la soirée. Les autres membres du groupe, finalement, oeuvrent aussi à la réussite de la soirée pendant qu’on nous offre des cosmopolitains dans un coin de la salle.
La salle la plus théâtrale, cependant, reste la loge d’Anatole. Certaines choses qui s’y passaient ne se racontent même pas (vous devrez aller jeter un coup d’œil aux photos), le tout pour le simple plaisir de la vedette de la soirée. Celle-ci nous explique en quelques mots le thème de la soirée : «L’idée c’était de faire voir un peu aux gens dans quel climat j’évoluais. En ce moment, on est en pleine création», nous confie le dandy.
Les choses se passent
Après la découverte de l’endroit, vers 19h30, l’atmosphère de la salle principale change : quelque chose va se produire. Anatole sort de son antre et se promène dans la foule, quand soudain une explosion sonore nous annonce qu’il va se mettre à chanter. Inattendue, cette prestation de deux ou trois titres électrise la foule, qui vers la fin danse tout autour de lui alors que de la poudre, accessoire primordial à l’ambiance, est lancée à tout vent dans la salle. La star retourne ensuite dans ses quartiers aussi promptement qu’elle en était sortie, nous annoncant au passage son apparition prochaine au District, le 7 avril prochain.
Commentaires du public
Hors du commun est un excellent qualificatif pour cette soirée, qui a été très appréciée par le public. À travers notre exploration de la salle, on a recueilli quelques témoignages.
«Psychédélique, mais à la fois conceptuellement arrêté. C’est intéressant d’avoir cette expérience de lancement qui va au-delà de la simple musique, mais vraiment dans le concept et dans la personnification d’Anatole. C’est un peu une mise en scène, c’est théâtral tout ce qui se passe, je trouve ça intéressant ce genre d’approche là»
– Jean-Louis Bordeleau, CHYZ.
«J’ai vraiment l’impression que l’ambiance qu’ils voulaient créer fonctionne. Le côté fashion L.A., c’est vraiment sur la coche,» ajoute aussi un autre témoin satisfait.
Nombreux étaient ceux qui avaient déjà vu Anatole au Pantoum, au Sous-sol du Cercle, au Rock N’ Pabst, et même au Zénob à Trois-Rivières, comme me l’ont confié quelques personnes venues de là-bas expressément pour le lancement.
«On avait des attentes, mettons qu’on savait que ça allait être hors de l’ordinaire, mais c’est encore mieux», nous dit aussi l’une de celles qui l’avaient déjà vu à plusieurs reprises.
Et même les nouveaux ont semblé satisfaits. «J’ai vraiment aimé, j’ai trouvé ça original. Je trouvais que c’était une prestation sans préjugé», nous explique une novice d’Anatole, qui nous confie qu’elle récidivera.
Derniers mots d’Anatole
Pour bien clore la soirée, qui aller voir d’autre qu’Anatole ? Voici ses derniers mots sur la soirée. «Je pense que les gens ont été un peu surpris peut-être, mais c’est ce qu’on voulait. J’ai trouvé le public super, toujours super le public.»
Comme la majorité des personnes présentes le connaissait déjà, lui et ses performances hautes en couleur, on lui a aussi demandé de nous parler de l’effet qu’il faisait à son auditoire.
«Le choc vient de la première fois, après ça on veut juste renouveler l’expérience et on y prend goût», dit-il. «Passé la première fois c’est toujours un peu plus difficile de choquer, mais l’expérience ne perd pas de sa qualité, j’ai l’impression. Au contraire, à force d’usage c’est de mieux en mieux».
En terminant, Anatole nous partage son rêve le plus fou : «Chanter avec Peter Gabriel ou avec Bryan Ferry sur les plaines cet été.» Pour Gabriel, il avoue que sa version de Sledge Hammer (Grosse Massue) serait une bonne pièce à chanter et dit qu’avec Bryan Ferry il chanterait ce que Ferry voudrait, peu importe.
Nos amis de chez Lisbon Lux Records entament l’année 2016 avec un EP fort agréable du duo Bronswick. C’est en 2014 que Bertrand Pouyet a rencontré la chanteuse Catherine Coutu. En 2015, leur premier EP Errances fut bien reçu et le duo récidive cette année avec Chassés-Croisés, un mini-album de cinq pièces totalisant près de vingt minutes.
Il est difficile de décrire le style musical de Bronswick, mais dès les premières notes poussées par la chanteuse Catherine Coutu, nous restons accrochés à sa voix si claire et vive. Nous faisant voyager dans différents univers électroniques, grâce aux instruments et au mixage de Bertrand Pouyet, nous désirons en apprendre d’avantage sur le groupe. Sans contredit, les influences des années 80s sont facilement audibles et la comparaison avec Le Couleur, autre groupe de Lisbon Lux Records, est évidente. Est-ce une copie? Certainement pas. Par contre, nous sentons que les deux groupes ont empruntés les mêmes influences de la French Touch.
La première pièce, Comme la Mer, ouvre les portes d’un univers planant très intéressant musicalement. Les textures et les mélodies sont douces et agréables. Nous voyons, dès le départ, que le duo s’éloigne un peu du R&B qui avait teinté leur premier opus. Les rythmes mis en places par le duo prennent une place importante dans tout l’album.
Sur Un Degré de Séparation, nous entrons dans la thématique du chassés-croissés, de là le titre du mini-album. La voix de Catherine Coutu qui chante le refrain de la pièce est un futur vers d’oreille garanti. La mélodie semble venir chercher ses inspirations d’artistes tels que Jamie XX, ou encore M83. Nous pouvons, d’ailleurs, entendre la contribution du deuxième membre du duo dans les chants de la pièce. Un Degré de Séparation est le premier single du EP. Un clip a d’ailleurs été produit, il est visible ci-bas.
En continuant sur Trouble, les mélodies deviennent de plus en plus sombres, se rapprochant beaucoup plus des origines r&b, voire même hip-hop, du duo. En ouverture, une ambiance obscure s’amorce avec Bertrand au micro. De nombreuses sonorités dignes de pièces hip-hop sont entendues. Le mélange de genre que représente Bronswick est à son apogée sur cette troisième pièce. À la fois sombre et hip-hop lors des allocutions du musicien, nous revenons dans une mélodie plus sobre et pop lors des portions de la chanteuse.
Nous terminons l’écoute avec Tout effacer et Insomnie, deux pièces très agréables musicalement, qui restent dans la même veine que les précédentes. Soulignons toutefois la magnifique contribution vocale de la chanteuse sur Insomnie, dernière chanson du EP. Sa voix est à son meilleure sur cette dernière pièce.
Ce mini-album nous met l’eau à la bouche et nous donne envie d’entendre un al bum complet du duo. On ressent une belle chimie entre les deux membres du duo, ce qui semble prometteur pour les spectacles à venir. Parlant de spectacles, l’album fut lancé la semaine dernière à Montréal du côté du Théâtre Fairmount avec plusieurs artistes de l’étiquette de disque, dont Paupière, Das Mörtal et Le Couleur.
En ce qui concerne Québec, le groupe sera de passage au Pantoum le 18 mars prochain selon leur site web.
La Bourse RIDEAU a commencé en force cette année : deuxième édition du Phoque OFF le soir de l’amour. Pour ceux qui ne connaissent pas l’évènement, c’est un gros party qui se déroule au Pantoum, présenté par Sexy Sloth et Kapuano Records. Il y a bien sûr des prestations musicales, mais aussi d’arts multidisciplinaires. Un petit bonus en prime: des pantoufles à l’effigie de la soirée sont remises aux participants. L’an dernier on avait pu y voir Caravane, Sandveiss et Les Marinellis. Cette année : UUBBUURRUU, Prieur&Landry et Adam Strangler nous attendent.
Puisque je suis arrivée un peu avant l’heure (j’avais hâte il faut croire), j’en ai profité pour aller voir l’œuvre de la chorégraphe Priscilla Guy dans le sous-sol du Pantoum. La mini salle est tout en blanc: coton-tige, lunette de soleil, napperon de dentelle et une petite télévision. C’est dans cette dernière que se passe toute l’action. Catherine Lavoie-Marcus et Priscilla Guy, les interprètes, s’échangent des dialogues en mouvements sur fond blanc.
Un léger grondement se fait entendre, on est maintenant prêt pour le rock psychédélique d’UUBBUURRUU ! J’avais très hâte à cette soirée pour finalement voir le groupe. À noter que j’avais dans la tête la pièce Cosmic Cannibalism depuis déjà une semaine, véritable excellent ver d’oreille ! Tania B. Lacasse s’occupait des projections, c’était un match parfait comme qui dirait. La soirée aurait pu se terminer là que j’aurais été heureuse: le rock en plein dans la face, parfait tout comme les gars sur scène qui suent pour la cause.
Je profite de l’entracte pour aller voir ce qui se passait au 2e étage. Des cadres, de la tulle et une boite de carton font office de décors. Une marionnette en bois sera le personnage principal de cette courte pièce en son et image inspirée de la mythologie féminine. Non sans mentionner aussi, les jeux d’ombres qui faisaient partie intégrale de ce petit 10 minutes efficace, offert par Sabrina Baran, marionnettiste et sa comparse. C’était sans doute une belle mise en bouche sur cet art.
Je remonte à l’étage, Louis-Karl Picard-Sioui est en pleine performance que j’ai pas mal manqué. Il laisse la place à ce qu’on pourrait appeler nos petits préférés : le duo Prieur&Landry. Dès les premières notes, je ressens un petit velours réconfortant qui me met encore plus dedans. Si en début de soirée j’étais un peu fatiguée de ma fin de semaine, après la première pièce, j’étais prête pour un marathon. Je pourrais gager qu’encore une fois Prieur&Landry a su faire tourner quelques têtes inattentives, qui étaient surprises par toute cette ampleur de décibels, produits par seulement deux gars !
Pour terminer cette soirée digne du mot « parfait », Adam Strangler venait y faire son lancement d’album. Ce dernier que j’ai écouté toute la semaine et que j’ai vraiment adoré. J’ai cependant eu un petit doute pendant le spectacle: est-ce vraiment le même band que j’ai entendu dans mon chez moi ? La critique n’est pas négative, c’est seulement que je m’attendais à quelque chose qui bougeait plus et qui aurait certainement bien terminé cette soirée en action. Ça a plutôt eu comme effet de créer un baume relaxant sur l’assistance, ce qui n’est pas mal non plus. Petit clin d’œil à la pièce Astronomy, qui est une de mes favorites et fut aussi magique en version live. Bref, c’était vraiment excellent ! Je serai sans doute présente lors de leur retour dans la ville afin de mieux apprécier leur côté plus ambiant.
Le Phoque OFF conserve donc son gage de qualité et de party à ne pas manquer. J’en profite pour mentionner la présence de Pascal et Alex (Les Indiens), qui étaient là pour assurer l’ambiance musicale entre les groupes et en fin de soirée. Défi relevé par toute l’équipe, j’ai déjà hâte à l’an prochain !