Déjà en regardant la programmation, on savait que ça allait être quelque chose : Chocolat, Mauves, Cobrateens. Une soirée rock en perspective. Plusieurs ont d’ailleurs répondu à l’appel samedi dernier et c’est devant un Pantoum plein à craquer que Mauves a lancé le bal.
Mauves
Si la musique de Mauves a un côté tantôt plus dansant, tantôt plus planant, les quatre musiciens nous ont rappelé d’emblée l’essence fondamentalement rock de leur musique. Sous le jeu d’éclairages particulièrement élaboré de Kevin Savard et avec la drive de Jean-Etienne Collin Marcoux – qui remplaçait Charles Blondeau à la batterie, le groupe a commencé une J’ai tout essayé intense pour la terminer en envolée instrumentale quasi cathartique. C’était juste la première toune, ça ?
Eh oui, et les autres titres ont défilé avec le même aplomb, et ce pour le plus grand plaisir des spectateurs. Il faut dire que les gars de Mauves se démarquent chacun à leur façon en matière de présence sur scène. Samedi dernier, les deux guitaristes/chanteurs Alexandre Martel et Julien Déry ainsi que Cédric Martel, qui assurait le groove à la basse, nous l’ont encore rappelé.
Le set, qui était particulièrement équilibré, comportait des titres à dominante plus bluesé, comme Eh Fille, qui venaient contraster avec le rock soleil de Longtemps ou encore les complaintes planantes de Manège. Le tout s’est terminé avec XXIe – personnellement ma pièce préférée du moment – histoire de bien nous faire danser.
Cobrateens
Le trio québécois Cobrateens a tôt fait de changer l’atmosphère musicale du Pantoum avec son punk rock bien garage. «14 tounes, 20 minutes» et de l’énergie à revendre ! La recette parfaite pour faire brasser la foule, qui s’est rapidement exécutée (je ne sais pas pourquoi, il y avait un noyau d’éléments perturbateurs qui semblaient tous appartenir à un petit blogue de la Ville de Québec, mais lequel ?).
Et on a sauté, sauté, sous les cris et les exclamations de Roxann Arcand, qui donnait une bonne leçon à ses tambours pendant que le guitariste et le bassiste s’en donnaient aussi à cœur joie. Rien de mieux qu’un bon vieux punk de la première vague pour nous survolter.
Chocolat
S’en suivait le clou du spectacle. Pour nos lecteurs, Chocolat n’a même plus besoin de présentation. Les spectateurs se sont massés à l’avant de la scène pour accueillir ce groupe au rock solide et élaboré qu’ils semblaient déjà bien connaître. Pas étonnant que le groupe ait remporté, le lendemain, le Lucien de l’album rock de l’année au GAMIQ 2017.
À travers le chaos extatique de leur prestation, pendant laquelle on ne parvenait pas à tenir en place bien longtemps, on peut souligner l’énergie que Golden Age a donné aux spectateurs ou encore l’accalmie qu’ont causées des pièces telles que Fantôme – parce que tsé, parfois il faut juste s’arrêter de sauter et écouter avec fascination. Le groupe, comme le public, s’est montré enjoué et généreux, terminant son spectacle avec un jam retentissant suivi d’un long rappel de trois titres.
Bref, samedi dernier, les planètes étaient alignées et pointaient directement dans les murs du Pantoum. Des moments comme celui-là, on savait qu’ils étaient rares et précieux : c’était Noël à l’avance et le Pantoum nous offrait notre gros bonbon de l’année. Même les deux brasseurs de la micro Les Grands Bois de Saint-Casimir étaient de la partie avec une surprise maltée – de quoi célébrer cet événement grandiose. On en a profité jusqu’au bout pour en ressortir lessivés, mais heureux. Un bon vrai spectacle de rock, à saveur indépendante.
Chronique du vestiaire
Par Simon Provencher
Échos du premier vestiaire. L’arrivée se fait calmement, au compte-goutte même. Surprenant pour un spectacle qui promet d’être plein. Et il le sera. Les câbles croulent sous le poids des manteaux mouillés. Je me sers une sage portion de chili végétarien et de cornbread. Après le passage des musiciens évidemment. On en avait visiblement prévu trop. On s’attendait à ce qu’Emmanuel Éthier dévore tout sur son passage mais il est trop lendemain de veille. Christophe taponne un peu le violon, quelqu’un joue du piano dans le studio toute la soirée.
Je vais voir un peu Mauves et Cobrateens quand j’ai le temps. Je me demande quel band sent le moins bon et je conclus que peu importe l’odeur de Cobrateens ça peut pas battre l’haleine de Julien de Mauves. Je monte pour « Ah ouin » et pour les premières notes de la dernière pièce. Jimmy mentionne que c’est la dernière pièce. Pas de temps à perdre, je grimpe sur les épaules d’un ami et je m’adonne à un rapide crowdsurf vers l’arrière de la salle. Route express vers le vestiaire avant la cohue.
Si les gens arrivent calmement, ils veulent tous repartir en même temps les maudits. Les renforts arrivent au moment où le chaos éclate. Laurence attrape habilement les numéros, Émilie part à la recherche des manteaux perdus, je me prends une petite cuillère de chili et je finis ma bière. Sciences Nouvelles de Duchess Says joue dans le tapis. La tension est palpable. J’ai trop mis de piments broyés. Je vais aux toilettes jusqu’à ce que le calme revienne, dans mes mouvements gastriques comme dans le vestiaire.
C’est dans une ambiance pour le moins intime que Laura Sauvage est venue présenter les chansons de son excellent nouvel album The Beautiful (ainsi que ses autres tounes) le 5 novembre dernier au Cercle. Accompagnée de ses trois musiciens (Nicolas Beaudoin à la guitare, Dany Placard à la basse et Jonathan Bigras à la batterie), la jeune Acadienne a commencé sa prestation « en douceur » avec Rubberskin, un extrait de son premier album Extraordinormal. Pendant l’heure qui a suivi, les mélodies de Laura, les riffs de Beaudoin, le groove de Placard et la batterie (très énergique) de Bigras n’ont eu aucun mal à faire hocher les têtes des quelques dizaines de spectateurs présents.
Laura et sa bande avaient visiblement du plaisir sur scène, s’échangeant des sourires et des regards complices tout au long de cette prestation rock aux sonorités un brin vintage. Un plaisir contagieux grâce à une exécution sobre, mais fort sympathique qui mettait en valeur le talent d’auteure-compositrice-interprète de la jeune femme et le jeu du groupe. On s’est promené d’un album à l’autre (en passant par le EP), sans nous balancer toutes les nouvelles d’une claque, un choix judicieux!
En première partie, Mauves, qu’on a déjà vu à quelques reprises, a déjà été un peu moins sage. Faut dire qu’Alexandre (et Cédric) Martel avait eu un samedi fort occupé la veille avec son autre projet (Anatole, pour ne pas le nommer). C’est pas grave, les chansons, elles, demeurent bonnes, surtout celles de Coco (paru il y a déjà un an!).
La CADEUL, en collaboration avec CHYZ 94,3 et Impact Campus vous invitent à célébrer la rentrée le 13 septembre prochain au Show de la rentrée, un événement gratuit qui se déroulera au pavillon Alphonse-Desjardins! Avec près de 10 000 visiteurs sur place, il s’agit du deuxième événement en importance à Québec après Big FEQ!
Au menu, de la musique pour tous les goûts, et ce, sur cinq scènes différentes : The Franklin Electric, Koriass, Chocolat, Bleu Jeans Bleu, Brown, Mauves, Bellflower, Zagata, Helena Deland, Babins, Yokofeu, Victime, Funk Connection et The Blaze Velluto Collection.
Dès 15 heures, sur le stationnement en face du pavillon Desjardins, les visiteurs pourront déguster ce qui se fait de mieux comme bouffe et bière sur le campus!
L’événement est complètement gratuit – 18 ans et plus!
La jeune formation de Québec est arrivée sur la scène Fibe, tout souriant, prête à nous livrer leur belle musique. Après un premier EP lancé il y a un an (ce premier maxi leur a d’ailleurs mérité une nomination au GAMIQ pour le meilleur EP pop), le groupe présentait hier soir beaucoup de nouvelles chansons en prévision de la sortie d’un nouvel opus dans les prochains mois. Leur musique, c’est de la «pop-rêveuse» à base de synthétiseurs joués par Marie-Renée Grondin et de belles paroles qui résonnent dans un écho bien plantant. À noter que le groupe n’utilise pas de batterie pour le rythme, Simon Tam se charge de battre la mesure avec des rythmes électroniques. N’étant pas toujours un grand fan de se genre d’approche, je dois avouer que c’était très à propos. Des synthétiseurs, une jolie voix qui porte de beaux textes en français, une énergie scintillante, il était difficile de ne pas passer un beau moment avec Émeraude. (Louis-Solem Pérot)
Raton Lover – Scène Hydro-Québec
Assister à un show de Raton Lover, c’est comme se retrouver à un comptoir avec de vieux chums. Tout le temps d’une bonne humeur contagieuse, les cinq gars de Quebec, toujours reconnaissants d’être sur scène, entretiennent une chaleureuse relation avec le public. Leur musique de vacances nous emmène dans une sorte de road trip musical sur les routes de campagne et ça donne envie de jouer dehors. Cousins québécois des Sheepdogs, les Ratons portent fièrement les influences des Allman Brothers, de John Forgerty, d’Octobre et de Richard Séguin. Bref, une ouverture parfaite pour une veillée dédiée au rock québécois. D’ailleurs, le groupe a remercié la foule de s’être réunie en grand nombre, soulignant ainsi qu’il est encore et toujours important de pouvoir continuer à faire du rock’n’roll en français en 2017. On ne peut qu’être d’accord. Merci les Ratons! (Christian St-Pierre)
Mauves – Scène Fibe
C’est toujours un plaisir de voir Mauve en spectacle. Alex Martel arborant un magnifique col roulé vert semblait prêt à nous présenter leurs chansons maintenant bien connues de plusieurs d’entre nous. Ce groupe sait très bien approcher les différents styles qu’ils présentent. Tantôt avec un style nous rappelant The Seasons (Longtemps), tantôt avec un rock plus lourd évocateur de Chocolat (J’ai tout essayé), le groupe de Québec est tellement solide qu’ils réussissent avec brio tout ce qu’ils font. Devant un public qui s’est rapproché pour leur prestation (nous pouvons constater la présence de quelques fidèles du Pantoum qui semblent bien connaître leurs chansons), la formation a surtout joué des chansons de son plus récent opus Coco. Je dois avouer que j’ai un faible pour utilisation de la guitare 12 cordes électrique qui donnent une brillance éclatante nous rappelant les sonorités de la côte ouest américaine dans les années 60. Les déhanchements d’Alex Martel et le joli jeu de guitare de Julien Déry nous ont beaucoup charmé, on a déjà hâte à leur prochaine prestation. (Louis-Solem Pérot)
Émile Bilodeau – Scène Hyrdo-Québec
Il s’est passé quelque chose lors de ce show. On entend souvent râler contre les milléniaux pour leur non-souci du français et des enjeux de leur époque. Et voilà que débarque un gamin qui prend position dans une langue solide et qui fait crier une meute de jeunes femmes. Le tout avec des drapeaux du Quebec en première rangée (!!!!). Voilà le phénomène Émile Bilodeau. À peine 21 ans, du talent plein la face, de la fougue, beaucoup d’intelligence et, surtout, pas de complexes pour le jeune auteur-compositeur-interprète qui pourrait passer pour le fils de Mononc Serge. À peine quelques mois après la sortie de son premier album, « Rites de passage », Bilodeau à réuni toute une génération pour chanter ses tounes au Carré D’Youville. Le succès est sans équivoque et l’amour instantané. Lucide et confiant, la recrue a déjà des airs de vétéran, ce qui le place dans la catégorie des joueurs de concession. Rien de moins qu’un prodige qui, comme son collègue Philippe Brach, entre autres, laisse présager de belles années à venir pour le Québec et sa chanson.
Andy Shauf – Impérial Bell
Le Saskatchewanais ouvrait le bal pour Foy Vance, hier soir à l’Impérial. Devant une foule compacte, Shauf a enchainé les chansons provenant de The Bearer of Bad News et The Party. Peu loquace, auteur-compositeur-interprète a parlé à la foule un minimum pour se concentrer sur la musique. Et musique, il y a eu! Les musiciens en forme circulaire permettait de bien voir les deux clarinettes, la guitare-basse, le clavier et la batterie. Les mélodies et les chansons m’ont captivées. Drink My Rivers a parti le bal de cette prestation, qui a été suivie par Hometown Hero. Plusieurs pièces ont été chaudement accueillies par la foule, comme The Party, Begin Again et Martha Sways. (Marie-Eve Duchesne)
Yann Perreau – Scène Hydro-Québec
L’ancien de Doc et les Chirurgiens n’a plus de réputation à se faire. L’opinion de la critique, autant que celle du public ne fait plus de doutes, Perreau est maintenant un incontournable de la chanson du Quebec. Avec son électro-rock fougueux et festif, il livre une performance intense, soutenue, sans compromis. Moment fort de la soirée pour le hit « J’aime les oiseaux » avec lequel le chanteur a transformé la Place D’Youville en boîte de nuit, se payant même le luxe de grimper jusqu’à la cime de la structure scénique pour saluer la foule. Mention aussi à la puissante « Le Bruit des bottes » et aux invités surprises. En effet, Perreau a eu la brillante idée de s’offrir l’appui de la nouvelle coqueluche de la pop québécoise et du Dernier Empereur Bantou. Laurence Nerbonne et Pierre Kwenders sont débarqués pour ajouter à l’énergie déjà atomique du show. Ce fut donc une conclusion à la hauteur de ce qui s’avère la meilleure soirée sur la Scène Hydro de ce 50e! (Christian St-Pierre)
Si la programmation mélangeait des styles qui cohabitent rarement, les groupes ont néanmoins su captiver le public chacun à leur façon, nous faisant passer par toute la gamme des émotions en ce 10 mars dernier, au Cercle. Compte rendu d’une soirée où introspection et extraversion se sont côtoyés le temps d’un spectacle.
Medora
Un peu plus d’un an après avoir lancé Les Arômes dans la même salle, Medora revenait en force hier soir en nous présentant une panoplie de nouvelles créations prometteuses. Si le groupe avait pris une certaine tangente avec leur dernier maxi, on ne pouvait que constater hier soir à quel point ils l’avaient approfondie depuis. Maniant toujours lourdeur et légèreté avec leur rock planant, les musiciens ont su explorer davantage les sonorités psychédéliques et pousser plus loin la progressivité de leurs pièces. On découvrait parfois au détour quelques relents de blues, comme dans Mira. Le chanteur impressionne toujours par sa voix qui prend des allures fantomatiques lorsqu’elle est propulsée dans les aiguës. Pour le plaisir des admirateurs, le groupe a aussi joué Nature et a terminé avec Permanence.
Bien que Dear Criminals se distingue fortement des deux autres groupes sur le plan du style, leur musique n’en fût pas moins appréciée par le public, auquel ils surent imposer le silence. Dès les premières notes de Song for Elisabeth, le groupe semblait nous inviter à plonger dans leur monde. Composé de trois musiciens, Dear Criminals est comme une créature à trois cerveaux et deux têtes qui chantent, celles de Frannie Holder et de Charles Lavoie. Cet incomparable duo de voix qui s’entrelacent, qui semblent tantôt se faire l’amour et tantôt s’engueuler en musique au son de l’électro qui sort du bout des doigts de Vincent Legault et des deux autres, c’est tout ce que ça prend pour nous submerger entièrement. Le dosage parfait de noirceur et de lumière, d’espoir et de solitude.
Tout comme Medora, Dear Criminals a profité de son passage à Québec pour présenter quelques nouvelles pièces dont Nelly, tirée de leur dernier maxi, et Playground, qui n’avait encore jamais été jouée en live. Le public écoutait bouche bée (parfois les yeux fermés) et applaudissait chaleureusement entre chaque pièce. Et ils n’étaient pas les seuls à être contents d’être là : le groupe montréalais a signifié à plusieurs reprises son admiration pour la crowd de Québec, se disant qu’ils devraient jouer plus souvent ici (oui, revenez nous voir !).
Leur performance s’est terminée au milieu du parterre, une guitare acoustique entre les mains et leurs voix douces invoquant le silence une fois de plus. On pouvait entendre les gars du prochain groupe préparer leur gear sur scène et le boum boum du sous-sol. Les spectateurs massés en cercle autour des artistes s’échangeaient des sourires. Puis quand ça a pris fin, on a laissé la magie s’étioler lentement et on s’est préparés pour Mauves.
Mauves
Mauves, c’était toute une autre vibe. Non moins impressionnants que le groupe précédent, les quatre musiciens ont déclenché une avalanche de rock dans le Cercle dès leur arrivée sur scène. C’étaient alors Alexandre Martel et Julien Déry qui se passaient la balle au chant et à la guitare, les deux se complétant assez bien dans le planant et le savoureux. Le résultat global était percutant et envoûtant à sa façon : on ne pouvait s’empêcher de bouger et d’attraper l’enthousiasme des cinq bêtes de scènes qui se déhanchaient devant nous (le batteur, le bassiste, les deux autres et le Cocobra perché au-dessus de tous).
Le groupe a principalement pigé dans Le faux du soir et dans Coco, son dernier album, pour construire leur set. Ça donnait un résultat très diversifié, étant donné que chacun de leurs opus a une nuance particulière de Mauves. Le rock psychédélique et planant du premier était contrebalancé par le rock plus bluesy et catchy du second, que je découvrais pour la première fois en live. Les pièces comme Longtemps ou encore XXIe avaient d’ailleurs cette particularité de commencer en toute simplicité, puis de construire autour de leur noyau plus pop un gros build-up d’intensité pour finir dans une apothéose musicale.
Le public – qui tantôt écoutait Dear Criminals en se tenant presque immobile – s’est progressivement dégourdi, dégêné et la soirée s’est finie avec un gros mosh pit enthousiaste sur Cléo, tandis qu’un des guitaristes se mêlait à la foule en délire.
On se souvient du jeudi 2 mars 2017 comme d’une soirée festive, qui a réuni deux groupes assez improbables ensemble. C’est ce qui a permis de vivre quelque chose d’inusité, mais de génial à la fois.
La première partie était Mauves, groupe pop-rock progressif qui sillonne présentement le Québec en compagnie de plusieurs groupes émergents (et pour la seconde fois avec Half Moon Run cette soirée-là!). Alexandre Martel, Julien Déry, Cédric Martel et Charles Blondeau offrent une prestation de qualité et sentie. J’aime l’intensité des instruments et le clash avec la voix plus haute d’Alexandre Martel et celle plus envoûtante de Julien Déry, qu’on entend sur Parc du Portugal. Les textes sont très imagés, et le nouvel album Coco, paru en 2016, s’écoute comme du bonbon. Quoique inattendue, cette combinaison avec Half Moon Run s’appréciait indubitablement.
La frénésie entourant le groupe Half Moon Run, même si la sortie de Sun Leads Me On date de 2015, est toujours aussi forte. Encore une fois, la Taverne de St-Casimir affichait complet pour le spectacle. Le groupe était un peu partout lors des dernières semaines, ce qui n’a pas semblé affecter leur performance un brin.
Ils ont commencé avec 21 Guns Salute, qui se retrouve sur Dark Moon, le premier opus du groupe. Sans commencer en coup de canon, ça donne le ton pour une soirée planante où la voix de Devon Portielje est l’un des éléments forts. Ils ont enchaîné I Can’t Figure Out What’s Going On, deuxième vidéoclip qu’ils ont lancé de leur second album.
Par la suite, les succès de chacun de leurs opus ont su se ficeler à merveille, alors que le public dansait sur Call Me in the Afternoon, chantait en chœur Devil May Care, et savourait Sun Leads Me On. Ils ont fermé avec Consider Yourself (le court-métrage/vidéoclip de la chanson est à voir selon moi!) pour mieux revenir sur trois pièces très appréciées : Fire Escape, She Wants to Know et Full Circle.
J’ai remarqué que les chansons du premier album avaient un effet plus euphorique chez les gens présents, raison pourquoi, fort probablement, ils ont choisi de terminer avec trois de celles-ci. Le groupe a encore une fois été à la hauteur de sa renommée en terre québécoise avec une performance haute en couleur. Devon a même joué de la guitare avec sa bouche à un certain moment, ce qu’on n’a pas la chance de voir souvent!
Me déplacer à St-Casimir reste toujours un plaisir, et pas seulement parce que leur programmation 2017 est diversifiée et complète. Cette année, ils ont accueilli et accueilleront encore des gros noms de la musique sous leur toit, et seulement 500 personnes sont attendues chaque soir de spectacle. Cela crée, à mon avis, un phénomène de rareté, et on se sent privilégié d’être à l’une de leurs soirées. Ce n’est donc pas surprenant qu’ils affichent souvent complet.
Mercredi, Marie-Michelle vous avait proposé quelques perles triées sur le volet. Aujourd’hui, on fait le tour des principaux spectacles présentés à Québec ce week-end!
Attention, y’en a beaucoup, et pas les moindres!
Jeudi 9 mars
Liana Bureau lance (enfin) son EP intitulé Prime Time au Maelstrom Saint-Roch. On l’a écouté, c’est du bonbon (on vous en reparle bientôt). Enfin du RnB de qualité à Québec! Préparez-vous à groover doucement dans le petit café de la rue Saint-Vallier. La première partie sera assurée par l’excellent groupe Floes. N’arrivez pas trop tard, ça devrait être pas mal plein! Portes : 19 h 30 / Spectacle : 20 h 30. Billets
SUUNS est de retour à Québec pour un concert au Cercle pour nous présenter les pièces de sont plus récent album Hold/Still, un album qu’on décrit « comme un objet énigmatique, une suite musicale à la beauté étrange et à l’interprétation méticuleuse qui englobe les contraires et fait de la distorsion cognitive une vertu.Une oeuvre qui ne cède pas facilement ses secrets. » Première partie : Sarah Davachi. Portes : 20 h / Spectacle : 21 h. Billets
On pense que ça va faire des la la la à l’unisson à l’Impérial Bell avec le retour du grand Alex Nevsky, venu nous chanter les pièces de Nos eldorados. Au menu : de la pop lumineuse et accrocheuse. Juste avant, on pourra voir l’énergique Laurence Nerbonne et ses nombreuses bombes tirées de sont excellent album XO, ainsi que Ria Mae, un jeune auteure-compositrice-interprète haligonienne. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
Vendredi 10 mars
On ne peut pas ne pas vous convier au magnifique triple plateau concocté par le Cercle pour lancer la fin de semaine : Medora (qui nous promet de nombreux nouveaux airs), Mauves (le groupe le plus coco du Québec, qui nous promet de nombreux vieux airs) et Dear Criminals (qui a plein de nouveau matériel à présenter, dont les pièces inspirées par le film Nelly). Une maudite belle soirée en perspective! Portes : 20 heures / Spectacle : 21 heures. Billets
Si vous aimez ça quand ça bûche, vous serez gâtés à La source de la Martinière, qui présente Strigampire, Meet the mailman et Skyhex. Quand on parle de chansons déchaînées et de mélodies aux rythmes effrénés, on se dit que ça va faire un joyeux headbanging devant la scène. 21 heures. Billets
Y’a aussi Matt Holubowski à L’Anglicane et Charlotte Cardin à l’Impérial Bell… mais c’est complet. Désolé!
Samedi 11 mars
Avez-vous déjà entendu la jeune vibraphoniste Joëlle Saint-Pierre? Non? Mais qu’attendez-vous, mautadine! On a eu un gros coup de coeur pour son excellent album Et toi, tu fais quoi? sorti il y a déjà un bout de temps. On l’a vue jouer de son vibraphone, qui est un match parfait pour sa douce voix. Vous voulez faire amende honorable? Elle sera au Palais Montcalm avec ses talentueux musiciens ce samedi à 20 heures. Vous allez être charmés! Billets
Du côté de l’Impérial Bell, on aura droit au talentueux septuor trifluvien Bears of Legend, qui propose (si vous ne le saviez pas) un folk orchestral avec une petite touche de progressif. Un univers des plus imagés au sein duquel vous ferez un maudit beau voyage. En première partie, un autre groupe qui propose un genre de folk orchestral, mais cette fois avec une belle touche de jazz : Bellflower. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
Du côté de la Librairie Saint-Jean-Baptiste, l’artiste Ombre! lancera son EP Hymne à la nuit. On va vous parler du EP d’ici samedi, mais si vous le souhaitez, vous pourrez entendre la folk feutrée de Dany Asselin dès 19 h 30 dans ce lieu propice à l’écoute. Contribution volontaire.
Dimanche 12 mars
De la grande visite à Québec : Le Montréalo-Parisien d’origine saguenéenne Peter Peter vient présenter son tout nouvel album, Noir Eden, au Cercle. La pop-électro savante de Peter Peter mélangée à ses propos pas toujours jojos (quoique Loving Game est plutôt lumineuse, n’est-il pas?) est une façon parfaite de terminer la fin de semaine. La première partie sera assurée par Barbagallo, que vous connaissez peut-être en tant que batteur de Tame Impala, et qui vient également de lancer un album intitulé Grand chien, lui aussi résolument pop. Douze camions ouvrira la soirée derrière les platines. Portes : 19 heures / Spectacle : 20 heures. Billets
On les voit souvent, mais on sait que plusieurs d’entre vous aimez les voir aussi souvent que possible : Los est de retour à L’Anti Bar et spectacles, question de nous chatouiller les oreilles avec les chansons de son excellent Big Surf. Le groupe sera accompagné d’une autre bande de rockeurs au coeur tendre, la formation néo-brunswickoise Little You Little Me. Portes : 20 h / Spectacle : 21 h. Entrée : 12 $ à la porte.
Cette journée de fête des amoureux (qu’on a passé loin de nos tendres moitiés) était particulièrement chargée. Des vitrines un peu partout en 5 à 7 et en fin de soirée, plein de monde partout… et ça a encore vraiment fini tard. À travers tout ça, nous avons pris le temps d’assister au spectacle de lancement de Raton Lover (on vous en reparle un peu plus tard!)
OFF Rideau – 5 à 7 Société oblique/Boîte Beluga à La Ninkasi
(Par Marie-Ève Duchesne)
La Ninkasi présentait mardi soir un spectacle en collaboration avec La Société Oblique et Boîte Béluga. Tour à tour, ce sont San James, Val Thomas, Nicolas Patterson et le groupe Floes qui ont réchauffé les amoureux (et amoureuses) de musique.
San James, projet solo de Marilyse Senécal, a été la première à entrer sur scène. Sa douce pop aux accents de synthétiseurs qu’on a pu entendre sur son EP No One changes overnight a un quelque chose de Charlotte Cardin dans la voix. Elle en a interprété quatre pièces, soit I Never Do, Winter Again, Please Don’t Say et In the End. Une belle présence scénique et quelques conversations avec le public ont conquis bien des coeurs.
Puis c’est la révélation pour plusieurs médias, Val Thomas qui a monté sur scène. Elle a joué la chanson Maze, qui est son premier extrait d’un EP à venir en mai. Les pièces étaient plus courtes et seulement à la guitare lors du spectacle, mais cela permettait de mettre de l’avant la voix chaude de Thomas.
Nicolas Patterson a été lui aussi chaudement accueilli par le public. Lui qui sortait dernièrement son EP Everything is Changing n’a pas manqué de discuter avec le public et de les faire chanter dans sa dernière chanson. S’accompagnant de sa guitare comme instrument de percussion et de rythme, les gens ont tout à gagner à le découvrir.
Le groupe de Québec Floes a fermé le bal avec son électro-pop évolutive et bien planante. Samuel, Simon et Pier-Philippe étaient en plein contrôle de leurs instruments et ont aussi charmé le public de la Ninkasi.
En somme, beaucoup de belles découvertes!
Rideau – Vitrine, Théâtre Petit-Champlain
(Par Jacques Boivin)
Thomas Hellman
Le défi de Hellman était assez corsé : présenter en vingt minutes un aperçu convaincant d’un show théâtral tiré de ses Rêves américains. Hellman et ses deux musiciens se sont parfaitement tirés d’affaire grâce aux belles chansons tirées du vieux répertoire blues et folk américain.
Samuele
La jeune Montréalaise est débarquée avec toute sa gang pour interpréter quelques belles chansons. Toute souriante, Samuele a rapidement mis les délégués dans sa petite poche de derrière en jouant comme une fille (faut la voir réciter Égalité de papier devant un public toute ouïe, qui boit ses paroles revendicatrices), en se permettant une petite chorégraphie avec ses musiciens (après tout, il n’y avait pas d’enjeu, hein?) et en s’éclatant ferme à la guitare sur La sortie. M’est d’avis qu’on va la revoir souvent!
Antoine Corriveau
Petit plaisir égoïste pour votre humble serviteur qui n’était plus en mode découverte, mais en mode total groupie. Accompagné de ses fidèles musiciens, Corriveau nous a présenté quelques pièces qui se voulaient un aperçu de son spectacle régulier, pièces tirées de Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter, mon album préféré de 2016. Que ce soit avec Les contours clairs, Deux animaux, Parfaite ou Les Trous à rats, Corriveau a su convaincre de nombreux délégués qui ne tarissaient pas d’éloges dans l’autobus du retour! Sourire en coin, je me disais qu’ils n’avaient encore rien vu…
Rideau – Vitrine présentée par Bonsound au Cercle
(Par Marion Desjardins)
Les Deuxluxes
Après plusieurs compte-rendus sur des spectacles des Deuxluxes, quoi dire de plus ? Sinon, qu’ils sont toujours et autant des bêtes de scène. Ils ne sont que deux, et ça sonne comme 10. Ils entraînent plus que facilement la foule avec eux (foule qui d’ailleurs semblait être venue en partie pour eux) et bien sûr, il sont magnifiques ! Bref, un début de soirée OFF rideau parfait.
I.D.A.L.G
De retour dans la ville quelques jours seulement après leur dernier passage, ils ont déployé une fougue que j’avais vue oui, au OFF cet été, mais jamais autant ! Je dois avouer être déjà vendue à I.D.A.L.G côté musique, mais leur présence sur scène mardi soir a dû en convaincre plusieurs autres.
Shash’U
Fin de soirée digne des festivals qui finissent très tard: IDALG cède la place à Shash’U. On a perdu quelques personnes en cours de route, mais ceux qui sont restés ont tous dansé ! Mention spéciale à l’intégration de la pièce Ce matin de Safia Nolin: je ne m’y attendais pas et c’était absolument parfait ! Je serais pas mal prête à parier qu’on va le revoir encore une fois sur quelques programmations cet été!
OFF Rideau – Vitrine de fin de soirée à La Ninkasi
(Par Nicolas Padovani)
Les Passagers
Elle porte bien son nom cette formation de Montréal. On se sent embarquer dans un navette spatiale : c’est planant, c’est rapide et ca bouge beaucoup. Arrive un moment où l’on rentre effectivement dans l’espace grâce aux multiples synthétiseurs. Et vu que c’était la St-Valentin, la chanteuse nous a recommandé de flatter la cuisse de notre voisin pendant qu’on se laisser entraîner dans leur nouvel univers. C’était un décollage.
Fuudge
Que dois-je dire de nouveau sur ces 4 fantastiques à part qu’ils continuent à impressionner et à accrocher automatiquement leur public avec leur son lourd et psychédélique. Moi même qui porte un bonnet de King Crimson sur le crâne en permanence, je ne peux juste plus les détester. Ca va chercher le King, Queens of the Stone Age et chatouiller les Beatles en même temps. Ca te secoue. C’était les turbulences.
Violett Pi
Et à partir de là, la navette de la Ninkasi était bien complète pour venir voir les 4 violettes toutes vêtues de robes et de jupes. On entend »en apesanteur, en apesanteur avec toi » rappé en boucle sur fond de punk facon Les Goules, mais c’est encore plus énervé et plus vilain que les prédécesseurs de la soirée. On s’accroche du mieux qu’on peut, on se répète »Jusqu’ici, tout va bien » et on finit par atterrir. C’était un voyage.
Phoque OFF – Le Pantoum
(Par Jacques Boivin)
Anatole
Paraît qu’Anatole a fait une petite virée Nouvelle L.A.-Québec juste pour montrer aux diffuseurs québécois ce qu’il avait dans le ventre (et montrer son ventre aussi). Version condensée du spectacle qu’on a eu l’occasion de voir une ou deux (centaines de) fois. Évidemment, Anatole s’est montré sensuel, salace, lascif et décadent. Comme on l’aime. Et de nombreux fans s’étaient déplacés aussi, question de pouvoir danser comme des déchaînés sur Discollins avec votre humble serviteur qui, l’espace d’une chanson, s’est totalement abandonné.
Gab Paquet
Autre favori du blogue, Gab Paquet est venu nous présenter quelques chansons de son cru, dont la désormais classique Consommations. Évidemment, le public, déjà émoustillé par Anatole, s’est déchaîné et chanté en choeur avec Paquet et son band de feu. Encore une fois, on a chanté, dansé, fait la fête et on a voulu faire l’amour avec Gab, qui nous l’a bien rendu en faisant quelques tours sur le parterre pour nous dire quelques mots doux dans le creux de l’oreille…
Mauves
Question de finir la soirée en beauté, Mauves est venu présenter quelques chansons très coco. On s’est amusés à faire du headbanging au rythme de J’ai tout essayé, on a chantonné sur Nouvelle-Calédonie, et on a trippé sur les morceaux plus atmosphériques du groupe. On en aurait juste pris un peu plus, question de faire durer le plaisir…
La formation originaire de la ville de Québec qui se présente sous le nom d’Anatole, et qui se trouve à être menée par l’alter ego d’Alexandre Martel, chanteur et guitariste de la formation Mauves, a pris son précieux temps entre le moment où elle s’est révélée au public et le moment où elle a finalement accouché de la galette qui nous intéresse ici. La transfiguration du musicien en Anatole est telle que le type est pratiquement méconnaissable, ce qui ajoute à l’impression de nouveauté totale. L’invitation lancée par l’artiste pour son accouchement public était à l’image des thèmes récurrents et de l’aura mythique qui l’entoure. Admettant avoir voulu recréer l’ambiance d’un studio-appartement de Los Angeles où l’alcool coulait à flot, le sexe était décomplexé et les drogues dures tombaient du plafond, l’amuse-gueule servi par le combo et ses acolytes au Pantoum pour le lancement qui se déroulait à la mi-mars a parfaitement atteint son objectif: offrir une soirée ludique et festive, gratuite de surcroît, dans une ambiance survoltée d’énergie sexuelle et qui a pris au final les allures d’un coït interrompu incitant à répéter l’expérience bientôt, un Apéro découverte FEQ étant déjà annoncé pour le 7 avril prochain. (Pour les curieux, ÉCOUTE DONCavait donné de ce lancement spécialement VIP un compte rendu détaillé en mots et en images, et il se trouve ici.)
Après une performance énigmatique et embryonnaire au Festival OFF, performance qui fût tout de même appréciée, le public a dès lors surveillé l’évolution d’Anatole, personnage de poète dandy excentrique et sexuel qui est au centre du groupe et qui est personnifié par Alexandre Martel. Une pièce, Baladeur Sony, avait été présentée au public pour l’occasion, sur la compilation préparée par CHYZ pour le Festival, et on la retrouve à nouveau sur l’album, en version évoluée. Par la suite, un court EP de trois pièces dont deux figurent sur l’album et la troisième, Grosse Massue, est une reprise très réussie et assumée d’un hitque l’on doit à Peter Gabriel et qui est emblématique des années 80, décennie dont Anatole se fait l’apôtre, tant dans sa version visuelle que musicale.
D’emblée, les pièces s’avéraient prometteuses et les musiciens qui donnent vie aux créations d’Anatole procurent aux titres réunis ici un puissant pouvoir d’attraction et une force de rétention. Des mélodies accrocheuses, des sonorités assez poussées et une petite armée de synthétiseurs d’hier et d’aujourd’hui, c’est tout ce dont les musiciens avaient besoin pour donner toute la crédibilité requise à un exercice de style aussi audacieux.
Certains pourraient catégoriser l’album dans la « musique ironique » ou « joke music » de par son aspect loufoque, mais tout comme c’est le cas pour les chansons de Gab Paquet, un autre artiste de la vieille capitale au style rétro et aux performances ambigues, il y a indéniablement un côté sérieux et réussi dans les créations, l’étiquette serait donc réductrice. Il s’agit plutôt d’un exercice de style qui à la base est assez banal de nos jours, soit se projeter dans les années 80, mais qui est réussi ici à un niveau qui légitime la démarche, vue la qualité des résultats.Comme pour Gab Paquet, Anatole pond des hits qui restent en tête longtemps après que la musique se soit tue, les paroles sont farcies de paraboles poétiques et de confessionssur le quotidien et l’existence de ces êtres d’exception. Toutefois la comparaison se termine ici, puisque les artistes sont vraiment distincts l’un de l’autre, le premier avec une instrumentation plus rock et le second, Anatole, qui semble davantage féru d’électro planant et captivant.
Afin d’avoir une bonne idée de ce qui a été entrepris ici, il convient naturellement d’écouter l’album intégralement. Le tempo varie d’une pièce à l’autre, l’intensité sonore peut souvent varier à l’intérieur d’une même pièce et plusieurs couches de synthétiseurs, lorsque superposées avec précision, permettent d’atteindre des sonorités captivantes et euphorisantes, surtout si l’album est dégusté avec des écouteurs et un niveau de concentration adéquat. Les plus mémorables et efficaces compositions sur l’album sont à mon sens souvent les plus mouvementées, qui cadrent mieux avec l’hédonisme d’Anatole, mais même les pièces plus tranquilles sont sujettes à des couches superposées qui leur procure de l’aplomb malgré le rythme lent.
Les performances d’Anatole semblent gagner en excentricité à chaque nouveau contact avec le public et bien que l’on doute que l’expérience du lancement VIP puisse être répétée à nouveau dans un contexte plus formel, l’invitation a été officiellement lancée lors de ce lancement-canapé et la majorité des gens réunis sur place semblaient déjà avoir inscrit à leur agenda la performance en apéro découverte du FEQ du 7 avril prochain ainsi que la véritable performance d’Anatole au FEQ, prévue pour le 13 juillet prochain. La stratégie voulant que la soirée de lancement VIP était une perche tendue pour la soirée du 7 avril et que celle du 7 avril en soit une pour celle du 13 juillet (ainsi que l’apparition surprise du 7 juillet dont on est en droit de rêver, l’instant d’une pièce qui aurait tout intérêt à être interprétée de concert par son créateur et son « réinventeur »), elle aurait pu en décourager plus d’un par son aspect marketing machiavélique, mais ce genre de manoeuvres qui raréfie sa musique et rend plus précieuses ses apparitions pour des longs concerts cadre parfaitement avec le personnage de dandy prétentieux d’Anatole.
C’est après des mois de travail que la gang du Pantoum et leurs invités nous présentaient, hier soir, le disque OPEN HOUSE QC. Cet album se veut un projet permettant de valoriser la scène émergente foisonnante de la ville de Québec. Il regroupe 11 titres d’auteurs-compositeurs locaux réarrangés par BEAT SEXÜ et interprétés par eux ainsi que différents artistes collaborateurs de la ville. Même la pochette, faite main, a été imprimée et assemblée à Québec par Le Coin. Le résultat ? Beaucoup de bonne musique à se mettre dans ses oreilles, certainement quelques découvertes ainsi qu’un gros party pour célébrer tout le travail accompli et la talent de la communauté musicale de Québec. Et un party, c’en a été tout un hier !
Les portes ouvrant à 21h, on a pu tout d’abord prendre une bière et admirer le décor scintillant mis en place par Carol-Anne Charette et Pier-Anne St-Jean. Il faut savoir que BEAT SEXÜ ne fait rien à moitié : boules (avec un S !) disco, paillettes, machine à bulles et autres fantaisies étaient au rendez-vous, sans compter tous les costumes et habits qu’on nous dévoila plus tard. Plusieurs membres du public, eux aussi, s’étaient gâtés sur les paillettes et les guirlandes. Vers 23h, le groupe monte sur scène devant une salle bien remplie, où l’on pouvait retrouver, rassemblée, une bonne partie des collaborateurs du projet et des musiciens de la communauté de Québec. Étaient aussi présents les trippeux de shows, les habitués dont je fais partie, ainsi que quelques nouveaux visages.
Jouant les pièces de l’album les unes après les autres (mais pas dans l’ordre), les musiciens sur scène trouvaient toujours un moyen de renouveler l’énergie et l’enthousiasme ambiant. Dans l’ensemble, on a eu droit à une prestation très réussie sur le plan technique et qui faisait sentir la belle complicité présente entre les artistes. En effet, sans que ce soit nécessairement les mêmes que sur l’album, le groupe a invité sur scène des artistes différents pour chaque chanson ou presque, de sorte qu’un bon roulement se faisait et apportait toujours quelque chose de nouveau. La musique en tant que telle, imprégnée du caractère suave, festif, disco-pop de BEAT SEXÜ, variait pour adopter des styles et des ambiances différentes selon les interprètes et auteurs-compositeurs des pièces. Peu importe ce qu’on peut penser de la musique populaire, il faut savoir que celle qu’on nous a présentée hier soir se démarquait tout d’abord par sa créativité et par le talent qu’elle mettait de l’avant.
Nommer tous les collaborateurs et tous les bons coups de la soirée serait interminable. Il faut cependant souligner quelques moments forts. On a aimé les performances de nos showmen locaux que sont Brun Citron et le fameux alter ego d’Alexandre Martel : Anatole. Ce dernier s’est d’ailleurs promené dans la foule en chantant Le reste du temps, aussi déstabilisant qu’à son habitude, puis a été à l’origine d’une des (nombreuses) crises cardiaques potentielles de l’agent de sécurité, puisqu’en s’allumant une cigarette il a été suivi par un certain nombre de musiciens et de spectateurs. Côté performance musicale des interprètes invités, on peut souligner le solo de guitare de Hugo LeMalt sur Trasher le dancefloor, l’interaction du rappeur Webster avec le public sur X-Girlfriend, l’intensité et le style de Jane Ehrhardt quand elle a interprété sa propre pièce ainsi que la finale ornementée d’Odile Marmet-Rochefort sur celle de son homonyme Odile DuPont. Tout ça sans compter le house band du Pantoum, BEAT SEXÜ, qui s’est donné toute la soirée.
Il ne faut pas non plus passer à côté du clou du spectacle, lorsque Gab Paquet a fait son apparition, accompagné d’applaudissements tonitruants. Le public, fêtard, gonflé à bloc, avait gardé le plus gros de son énergie pour cette finale. Amorcée tout en douceur (sur un fond peut être trop bruyant, mais qui s’est vite calmé à coup de chut), Papa, maman, bébé, amour a explosé ensuite tout d’un coup avec l’énergie que seul BEAT SEXÜ sait dégager. Gab Paquet s’est en outre laissé porté par une confiance aveugle envers le public lors de sa prestation et a fait un bodysurfing aussi inattendu qu’inspirant. Après lui, notre collègue Simon Provencher s’est lui aussi gâté en la matière, au grand déplaisir du gardien de sécurité, qui en était déjà à sa crise cardiaque no.2. La troisième suivit de près, puisqu’après cette performance intense (on nous a même lancé des paillettes !), c’est BEAT SEXÜ qui est revenu en force au rappel pour présenter deux de ses titres originaux. La force des choses étant ce qu’elle était à cet apogée du fun, les danseurs de la foule se sont retrouvés par dizaines sur scène, dans une apothéose de musique festive.
En somme, ce fût une excellente soirée, qui entre facilement dans la catégorie des meilleurs spectacles que j’ai vus à vie. Et c’est arrivé grâce à l’énergie et au talent d’artistes d’ici, ce qui est encore plus beau. Afin d’en savoir plus sur ce projet et ses nombreux collaborateurs, je vous invite à consulter leur bandcamp et à écouter, à partager leur musique. Comme l’ont dit dans un discours émouvant Jean-Étienne Collin Marcoux et Jean-Michel Letendre-Veilleux, principaux organisateurs du projet, il faut célébrer et partager la richesse de la Ville de Québec, parce qu’on a la chance d’avoir une scène locale éblouissante, et qu’on l’oublie trop souvent.