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  • Critique : Grouplove – « Spreading Rumours »

    Grouplove - Spreading RumoursSi on voulait décrire le groupe californien Grouplove à un néophyte, on pourrait tout simplement dire : « Tu connais Bon Iver? Ben c’est exactement le contraire! »

    Même s’ils sont parfois brouillons et font un peu n’importe quoi, les cinq membres de la formation (et amis inséparables) ont une énergie qui ferait pâlir d’envie un Alex Ebert sur le speed et une joie de vivre absolument contagieuse.

    Leur premier album, Never Trust A Happy Song, était une suite jouissive de pièces vitaminées parfaites pour faire la fête. Et c’est encore plus vrai sur scène, où ils entrent en communion parfaite avec leurs fans, tout aussi déjantés qu’eux. J’ai rarement eu autant de plaisir que lorsque j’ai vu Grouplove à Bonnaroo en 2012.

    On comprendra donc que j’étais un peu fébrile lorsque j’ai appris que le groupe enregistrait un deuxième album. Le premier échantillon, la pièce Ways to Go, aura fait décupler les attentes des fans. Une vraie bombe pop, beaucoup plus riche en synthés que ce que le groupe nous avait habitués. Est-ce que le groupe allait entreprendre un virage étonnant?

    Aucune inquiétude, dès la première écoute de Spreading Rumours, malgré une présence plus marquée des claviers, on a affaire au même groupe, qui fait un peu n’importe quoi, mais qui le fait avec un bonheur contagieux!

    En ouverture, I’m With You a de quoi étonner avec ses claviers omniprésents et ses rythmes électroniques. Même Christian Zucconi commence en chantant plutôt qu’en criant! Mais à mesure que la chanson avance, qu’Hannah Hooper fait ses Ah Ah Ah et ses Oh Oh Oh si reconnaissables, que la batterie s’excite, on se rassure. Borderlines And Aliens suit immédiatement (littéralement, sans aucune espèce de pause). Et cette chanson, c’est du pur Grouplove. Des riffs accrocheurs, une basse super funky, et Zucconi et Hooper qui se laissent complètement aller. Ça y est, on saute partout dans le salon, la power pop du quintette californien nous envahit et notre copine demande de baisser le son parce que franchement, Zucconi, elle est pas capable.

    Schoolboy est aussi rock que sa précédente, mais je dois avouer qu’elle me plaît un peu moins. Peut-être parce qu’on a tendance à oublier son existence dès les premières mesures de Ways To Go, une chanson construite presque parfaitement, avec ses couplets tranquilles suivis d’un refrain qui se chante en bondissant!

    Shark Attack est chaleureuse et s’écouterait bien sur le bord de la plage avec un petit drink rafraîchissant. C’est un peu comme si de la vitamine D sortait de vos haut-parleurs. C’est ensoleillé de même! La voix de Hooper se marie encore aussi bien aux cris de Zucconi, comme le démontre la très edwardsharpesque Sit Still, une autre de ces relatives pauses qui permettent de donner un break aux pieds tout en nous obligeant presque à taper des mains.

    Hippy Hill est une de ces pièces plus lentes que j’aime moins de ce groupe, mais je dois avouer que les sonorités d’inspiration dubstep ont un petit quelque chose de spécial. Le refrain de What I Know, une chanson plus power que pop, rappelle vaguement un croisement entre Weezer et les Campesinos. Après quelques écoutes, on ne peut que conclure que cet album est truffé de références et de clins d’oeil de toutes sortes. Mais ces références n’enlèvent rien, heureusement.

    Didn’t Have to Go est la girlie song de l’album, où Hannah Hooper prend totalement les devants et fait une Katy Perry d’elle-même. Bitin’ The Bullet a un petit côté psychédélique… OK, un GROS côté psychédélique où les membres du groupe ont l’air d’en avoir fumé de l’excellent.

    News to Me est une autre chanson où on reconnaît facilement la signature du groupe, à une nuance près : comme il arrive souvent sur Spreading Rumours, Zucconi et Hooper s’échangent les couplets d’une même chanson, ce qu’ils n’avaient pas vraiment fait sur Never Trust… Raspberry a un petit côté Pixies et un refrain absolument accrocheur. À mon avis, ça va tourner sur les radios friandes d’indie.

    Save the Party for Me termine Spreading Rumours en beauté, en finesse et avec une sobriété surprenante pour un groupe qui ne fait pas dans la dentelle. Encore un heureux mariage entre Hooper et Zucconi… et une guitare.

    Comme Never Trust A Happy Song, Spreading Rumours aura certainement ses détracteurs. Si vous aimez juste les chanteurs à la voix d’or, oubliez Grouplove. Zucconi crie plus qu’il ne chante et parfois, ça peut être fatiguant. Mais cette façon de faire cadre parfaitement avec l’énergie du groupe, une énergie décuplée pendant les spectacles. En fait, même si on a beaucoup de plaisir à les écouter à la maison, les pièces de Spreading Rumours semblent, pour la plupart, avoir été écrites pour être jouées live et faire danser encore plus les fans déchaînés dont je fais partie.

    Non, l’album n’est pas parfait, loin de là. La girly song de Hooper, bien que plus dynamique que ce qu’on avait sur l’album précédent, me laisse plutôt froid. Et puis faut se l’admettre, on aurait pu se passer d’une ou deux chansons (News to Me, par exemple) sans que l’album n’en souffre trop.

    En résumé, sans être l’équivalent indie pop d’un OK Computer, Spreading Rumours permettra à Grouplove de faire le plein de nouveaux fans sans s’aliéner ceux de la première heure. En plus, il s’agit d’un album idéal pour éloigner les premières neiges et réchauffer le dehors cet automne… un automne dansant, on dirait bien!

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=VGvHnDeS12o&w=480]

    Ma note : offset_7

    Jacques Boivin

    9 septembre 2013
    Albums
    7/10, Critique, Grouplove, septembre 2013, Spreading Rumours
  • Critique : Capital Cities – « In a Tidal Wave of Mystery »

    Capital Cities - In a Tidal Wave of MysteryCapital Cities nous entraîne dans un raz-de-marée électro-pop indé, issu du choc créateur des deux plaques techno – voyons – tectoniques nommées Ryan Merchant et Sebu Simonian. Deux ans après la sortie de leur single à grand succès Safe and Sound, les deux compositeurs accompagnés de leurs quatre musiciens lancent In a Tidal Wave of Mystery.

    Safe and Sound, vous l’avez probablement déjà entendue et aimée instantanément. Elle introduit l’album, elle est sweet comme un baiser spontané, elle est une merveilleuse comme ponctuation, mais elle perdrait vite son charme si on la répétait ad nauseam. Quoiqu’avec Capital City, c’est un peu de même pour toutes les chansons…

    Parce qu’on ne se le cachera pas, In a Tidal Wave of Mystery est un album largement superficiel. Au beau milieu de celui-ci trône l’hymne au good shit intitulé Farrah Fawcett Hair qui en vedette Andre 3000. À partir de là, plus aucun doute sur l’unique objectif de l’album : nous faire sentir bien… et c’est saprément bien réussi! Au point où j’aurais du mal à écrire que c’est un album en anglais. D’après moi, c’est essentiellement un album en langage international du party :

    « Love, just love away, just do it every day, just do it every way » (Love away)

    « On a mission, on a mission, gonna get it right, don’t think about it, I don’t think about it » (Center Stage)

    « I want it all and nothing less, I want it all, I want the best for you, I’m telling you the truth » (Patience gets us nowhere fast)

    « You know it when you see it, you know it when it’s there, like Michael Jackson Thriller, like Farrah Fawcett Hair, it’s good shit (3x). Oh Yeah! » (Farrah Fawcett Hair)

    Vous voyez ce que je veux dire?

    C’est quand même malhonnête de ma part de séparer ces paroles de leurs synthé, basse, guitare, trompette, batterie et échantillons de voix, parce qu’elles ne forment qu’un minuscule fil dans le grand patchwork musical assemblé par Capital Cities, dont les matières premières sont le dance, la trance, le disco, la techno, la soul, le reggae et les autres sonorités qu’ils ont recyclées pour notre plus grand plaisir. Le tout, cousu avec du feel good très léger, mais bien robuste.

    En tout cas. Écoute donc ça, pis fais-moi accroire que tu n’aimes pas ça :

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=47dtFZ8CFo8&w=480]

    Ma note : offset_6

    Jean-François Melançon

    9 septembre 2013
    Albums
    6/10, Albums, Capital Cities, In a Tidal Wave of Mystery, septembre 2013
  • Critique : Nine Inch Nails – « Hesitation Marks »

    NIN - Hesitation MarksLes fruits de l’hésitation

    De celui qui a martelé pendant plusieurs années « Nothing can stop me now », Hesitation Marks surprend d’abord par son titre. Fort d’une œuvre bien établie, Trent Reznor semble en effet bien peu hésitant dans ce neuvième album de Nine Inch Nails.

    Après une courte introduction instrumentale aux sonorités étranges, une véritable tradition pour le groupe, l’album ouvre avec force sur Copy of A. NIN y brille aussitôt par sa maîtrise de la superposition successive de rythmes électros. La progression est rapidement entraînante, et ce titre, pourtant moins violent que pouvait l’être Mr. Self Destruct, Somewhat Damaged, The Beginning of the End ou 1,000,000 en tant qu’ouvertures des albums précédents, est d’une force et intensité des plus envoûtantes.

    Suit aussitôt Came Back Hunted, premier extrait de l’album, qui séduit par sa nouveauté et sa familiarité. Ici comme ailleurs sur l’album, on croit être en présence d’un hybride : une touche de The Fragile, un air de Year Zero, un écho de With Teeth… Une formule qui varie d’une pièce à l’autre, sans vraiment sombrer dans un moule ou un modèle prédéfini.

    Avec All Time Low, un véritable tour de force, NIN explore des rythmes plus funk, tout en rappelant un brin Capital G, qui déjà sortait du territoire musical habituellement ratissé par le groupe. La pièce semble même inclure un clin d’œil, intentionnel ou non, à une célèbre mélodie des jeux Final Fantasy.

    D’autres parallèles se succèdent : un rythme électronique plutôt minimaliste rappelant le Radiohead des dernières années traverse Disappointed, tandis qu’un certain air de The Cure est au cœur d’Everything, rare morceau de NIN chargé positivement.

    Various Methods of Escape, tantôt calme et plaignard, tantôt puissant et rempli d’espoir, partage cette même veine positive. Véritable chanson d’affirmation, cette pièce place les guitares au premier plan, une utilisation bien précise sur cet album aux multiples textures, et devient ainsi un des moments forts du disque.

    Running, aux rythmes pratiquement tribaux, rappelant certains Ghosts, lui succède et emprunte un tout autre parcours, sans toutefois perdre d’efficacité. En outre, c’est sans doute le moment de l’album où NIN se rapproche le plus de How to Destroy Angels.

    Somme toute, Hesitation Marks guide son auditeur d’une sonorité à l’autre, et pourrait sembler hésitant dans ses expérimentations et sa variété. Mais lorsqu’on place l’album dans le contexte de l’œuvre, l’hésitation vient du processus de création de l’album en soi, du chemin qui a mené, de 1988 à 2013, à Hesitation Marks. L’hésitation est un constat de Reznor sur sa propre œuvre. Ce qu’il révèle sur Find My Way, morceau le plus intime de l’album, est d’une part un regret, d’une part une errance : “You were never meant to see /All those things inside of me / (…) I have been to everyplace / I have been to everywhere / I’m just tryin’ to find my way”. On sent donc une longue et profonde réflexion chez Reznor, une quête à tâtons qui a conduit à apprentissage et une expérience de vie. S’il emprunte ici et là à ses anciens albums, et s’il en ignore certains autres, c’est qu’alors qu’il se cherche continuellement, il arrive aussi parfois à se trouver. Tandis que certains fans ont instantanément monté aux barricades à l’écoute de certains des nouveaux titres, les accusant essentiellement de ne pas être The Downward Spiral, plusieurs autres ont rapidement su apprécier la nouvelle maturité du groupe. Une hésitation qui en vaut la peine, donc, puisque l’album est sans doute l’un des meilleurs et des plus cohérents du groupe depuis The Fragile.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=TgwrxcO48N8&w=480]

    Stéphane Desjardins

    3 septembre 2013
    Albums, Non classé
    Hesitation Marks, Nine Inch Nails, septembre 2013
  • Critique : Volcano Choir – « Repave »

    Volcano Choir - RepaveJustin Vernon a mis Bon Iver sur la glace, le temps de savoir composer avec l’immense succès qu’il a connu. Ça n’a pas empêché ce boulimique créatif de se lancer dans toutes sortes de projets (allant même jusqu’à se partir un petit band de soul-rock – les Shouting Matches – ou à mettre sa main un peu partout sur le dernier Kanye).

    Volcano Choir est un de ces à-côtés de Vernon, un mariage entre le collectif post-rock Collections of Colonies of Bees et le troubadour d’Eau Claire, Wisconsin. Le premier album, Unmap, avait connu un certain succès d’estime et se distinguait quand même pas mal de For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver.

    De son côté, le nouvel album, intitulé Repave, semble la suite logique de Bon Iver, tant dans l’atmosphère que dans les instrumentations et la voix de Vernon. Tout y est : la voix de fausset, le plus que parfait mélange d’instruments acoustiques et de synthés, l’atmosphère froide, mais intense. Mais en mieux. Comme si Collections of Colonies of Bees avait donné à Vernon le peu qui lui manquait pour dépasser ses propres limites.

    Ça commence dès les premières secondes de Tiderays. Les premières secondes laissent toute la place à un orgue, qui est rejoint rapidement par une guitare acoustique au son pur et à la voix en plusieurs couches de Vernon. Évidemment, on n’en reste pas là. L’intensité grimpe lentement et on a des frissons quand la chanson se termine. Acetate bouge un peu plus, et il fait bon d’entendre d’autres voix que celle de Vernon dans les choeurs.

    Comrade est du pur Vernon. Couplets ultra-atmosphériques, mais relativement calmes, ce qui ne nous empêche pas de savoir que le refrain va nous en mettre plein la gueule. Les attentes sont plus que satisfaites, on voit nos poils se hérisser instantanément. Émotion pure qui se poursuit sur Byegone, une des pièces les plus solides de l’album, qui se laisse dévoiler lentement pendant que Vernon chante avec un rythme presque Rn’B (écoutez comme il faut et fermez les yeux, vous allez voir le flow, je vous jure!).

    Alaskans est belle comme une soirée d’hiver sur le bord du foyer. Vernon sort sa voix grave (qui ressemble donc à celle de Chris Martin, de Coldplay – peut-être pour ça qu’il préfère chanter en falsetto). Dancepack est une des rares chansons de l’albums qui donne au moins le goût de taper dans les mains pendant que Vernon nous invite à prendre note qu’il y a toujours un trou dans notre coeur. Keel, un autre de ces crescendos dont Vernon a le secret, nous porte à croire qu’un doublé Justin Vernon-Patrick Watson constituerait une soirée parfaite que rien ne pourrait jamais battre musicalement. Rien à redire sur Almanac, une clôture géniale qui résumé très bien l’album.

    Comme le reste de l’oeuvre de Vernon, Repave est un album qui se déguste les yeux fermés, l’attention totalement portée sur la musique douce, mais intense de Volcano Choir. Quand Almanac se termine (beaucoup trop tôt), on a l’impression de sortir d’un rêve teinté de blanc, de froid, de neige. Vernon et ses acolytes poussent encore plus loin la douce mélancolie et ils réussissent à se surpasser, ce qui est une tâche difficile quand on a déjà quelques-uns des plus beaux albums des 10 dernières années derrière la cravate.

    Si Vernon a de la misère à composer avec le succès, il n’a aucun mal à composer de la bonne musique.

    À écouter l’esprit et le coeur ouverts.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=f4dZbJHT7_4&w=480]

    Ma note : offset_9

    Jacques Boivin

    1 septembre 2013
    Albums
    9/10, Critique, Justin Vernon, Repave, septembre 2013, Volcano Choir
  • Critique : Horrorshow – « King Amongst Many »

    Horrorshow - King Amongst Many

    Pour ma première chronique sur ecoutedonc.ca, j’ai décidé de sortir des styles de musique habituellement mis en vedette ici, et de vous présenter un excellent album de rap australien.

    Horrorshow ne fait pas du rap d’automobile avec un subwoofer dans le coffre et un rétroviseur qui vibre. C’est du rap qui s’écoute avec des écouteurs et un café dans le bus du matin, avec une chaîne stéréo maison quand on a quelque chose d’important à préparer, avec un matelas ou un sofa et le livret des paroles, avec un verre à la main et plein de monde qui groove dans une petite salle…

    Parce que King Amongst Many est un album mesuré, subtil. Manifestement, Solo et Adit, les deux membres d’Horrorshow, sont des passionnés de musique. Leurs instrumentaux sont riches, vivants et propres. Ils respirent le blues, le jazz, le funk, l’électro, le tribal et plus encore. Ajoutez à ça le lyrisme d’élite qu’exhibe généreusement Solo dans chacune de ses pièces, et vous obtenez un album qui surprend coup sur coup par sa profondeur.

    La musique est rythmée sans devenir agressive. Les paroles laissent place à une démarche artistique authentique et ambitieuse qui jette regard critique sur l’humanité, avec une perspective historique toujours franche, souvent touchante, et parfois brutale. Trop souvent, la scène rap devient une tribune pour le narcissisme. Horrorshow ne tombe pas dans le piège. La performance vocale irradie la confiance en soi : les couplets sont clairs et posés, et les refrains sont amples et pleins d’âme. On ne peut pas dire que Solo rappe avec le flow le plus magnétique sur terre, mais dans le cas de King Amongst Many, c’est le prix à payer pour que l’on puisse bien comprendre ses textes si brillamment travaillés.

    Si vous ne connaissez pas Horrorshow, je vous suggère fortement de les découvrir, et quoi de mieux pour ça qu’une version acoustique d’un des hits de leur album précédent.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Kn60nQ_ZZKo&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jean-François Melançon

    1 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Horror Show, King Amongst Many, septembre 2013
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