Hé qu’on avait hâte de retourner à Baie-Saint-Paul, où nos amis du Festif! (vous savez, le festival de fou auquel on assiste quasi-religieusement depuis quelques années) nous accueillaient samedi dernier pour la première soirée de qualifications de la huitième édition du Cabaret Festif! de la relève. Comme nous vous l’avons dit il y a quelques jours, nous aurons la chance de voir cet hiver douze excellents artistes de tous les horizons nous présenter leurs (beaux) projets musicaux. Leur premier objectif : se tailler une place pour la finale du 31 mars, où les participants auront la chance de remporter des prix d’une valeur totale de plus de 10 000 $ et des prestations au Festif! et ailleurs.
Cette année, l’événement est de retour au Cabaret de la Maison Otis (du moins pour les préliminaires) après quelques années passées dans la grande salle multi de l’Hôtel Germain. Et ben franchement, c’est une bonne nouvelle (même si le photographe en moi grognait un brin… pour rien, comme vous pouvez le voir plus bas). L’ambiance déjà relax du Cabaret (on vous l’a déjà dit, on ne s’y sent pas comme dans un concours) est renforcée par ce cadre intimiste.
Avant de commencer le concours proprement dit, les organisateurs du Cabaret ont eu la brillante idée d’inviter un jeune artiste longueuillois de 21 ans qui aurait tout le talent nécessaire pour participer lui-même au Cabaret. Un dénommé Émile Bilodeau, qui fait dans le folk du quotidien qui suscite un certain intérêt chez les spectateurs. Il a dû inviter quelques membres de sa famille à venir l’encourager : on entend du monde chanter ses chansons avec lui.
Blague à part, le porte-parole de cette édition du Cabaret a présenté quelques chansons, dont une plus récente qui montre que depuis qu’il est reparti avec les grands honneurs de la cinquième édition, la plume de ce jeune homme a pris beaucoup de maturité. Il a dû convaincre quelques adolescentes la veille lorsqu’il est allé chanter à la polyvalente du coin parce qu’elles occupaient toute l’avant-scène! Mais les voir chanter, les yeux pétillants et le sourire aux lèvres, les chansons d’Émile, chansons qu’elles connaissaient par coeur, c’est beau.
Fait chaud. On sue déjà pas mal, mais on a la chance de ne pas se trouver sous les projecteurs. On ne reste pas trop loin, parce que le premier groupe entre en scène, mais on irait bien se lancer dans un banc de neige (bien lourde et mouillée) dehors.
La première formation en lice est un duo folk de Québec nommé The Johans et composé d’Émilie Rochette et Cynthia Larouche. Premier constat : comment ont-elles fait pour passer complètement sous notre radar depuis leurs début? Bien qu’encore un peu vertes, les deux filles sont super talentueuses. Elles ont le sens de la mélodie, qu’elles affichent avec une belle authenticité, sans compter une belle présence sur scène (on est dans un concours et les grands prix comprennent des grosses prestations, alors c’est important!). Accompagnées de deux musiciens pour l’occasion, Émilie et Cynthia n’ont eu aucun mal à convaincre le public, qui a accepté leur proposition avec enthousiasme. Émotion et conviction assorties de mélodies efficaces. Je pense qu’on va revoir ces deux-là plus tôt que tard.
Laura Babin a ensuite foulé les planches pour nous présenter quelques-unes de ses chansons. Même si on l’avait déjà vue voler solo, il était intéressant ici de la voir proposer son rock aérien dans un trip à trois bien exécuté. On a Water Buffalo et ses couplets aussi lents que ses refrains sont intenses en tête depuis.
Parlant de trip à trois, ce sont Les Monsieurs qui ont le plus impressionné les membres du jury en cette première soirée. En formule trio (un membre était absents), les trois musiciens ont livré une prestation convaincante en menant une charge à fond de train. Des textes solides et engagés, une musique livrée avec énergie brute, un rock typiquement québécois, un projet prêt pour la scène, on peut comprendre pourquoi le jury les a choisis.
La soirée s’est terminée avec nos chouchous pantoumiens De la Reine. La pop groovy aux accents trip-hop d’Odile Marmet-Rochefort, Vincent Lamontagne et Jean-Étienne Collin Marcoux a visiblement plu aux Charlevoisiens qui ont écouté attentivement, sauf pour applaudir les prouesses de nos trois musiciens (surtout les solos de Vincent et les envolées d’Odile – qui m’impressionne chaque fois que je l’entends). Seul regret : vingt minutes ne suffisent pas pour saisir toutes les nuances de la proposition du groupe de Québec. De la Reine a remporté le vote du public, ex aequo avec The Johans; les deux formations seront donc du vote Internet qui se déroulera en mars prochain, juste avant la finale.
On a passé une maudite belle veillée à Baie-Saint-Paul avec quatre formations complètement différentes, mais toutes talentueuses. Sur papier, il était difficile de prévoir un gagnant. Après avoir vu les quatre prestations, il était encore plus difficile d’en déterminer un.
Ça annonce bien pour la suite. Prochain rendez-vous le 17 février avec Artifice Palace, Jessy Benjamin, Joey Robin Haché et Natation. Ben franchement, on sait pas qui va se démarquer. Et c’est bien ainsi! Billets en vente ici :
Le samedi 27 janvier, j’ai eu le plaisir de découvrir Gabriel Bouchard. Le jeune homme originaire de Saint-Prime au Lac Saint-Jean (municipalité où Fred Fortin a aussi grandi) a assuré la première partie du spectacle en solo avec sa guitare. Ses textes racontent des histoires de grosses soirées et d’amours manqués avec un débit qui rappelle un peu le folk trash. Les thèmes abordés dans ses textes, sa prestance et son style musical nous rappellent les échos d’un autre Fortin… Dédé! Devant un auditoire semi-attentif, Gabriel Bouchard a enchaîné ses chansons en réussissant à capter l’attention de quelques curieux. J’ai même aperçu quelques fans qui chantaient en choeur plusieurs de ses refrains.
On a pu avoir des versions solos des pièces de son EPCerveau-Lent,sorti cet automne. J’ai beaucoup apprécié la balade « Yé passé où l’soleil? », où Gabriel Bouchard nous a démontré l’étendue de ses capacités d’auteur-compositeur-interprète. Le texte est à la fois nostalgique et d’une candeur déchirante.
Cette mise en bouche nous a donné envie d’en entendre plus, et la prochaine fois, avec son groupe. Peut-être aurait-il pu mieux capter l’attention de la salle avec une formule full-band. N’empêche que Gabriel Bouchard a livré une très belle performance. Nous avons hâte de le revoir.
Fred Fortin
Le dernier show d’une tournée qui dure depuis 2016, ça se fête en grand ! Plusieurs se souviennent du spectacle de Fred Fortin à l’Impérial cet été à l’occasion du Festival d’été de Québec (FEQ). Le 27 janvier, nous avons eu le spectacle complet : une soirée où Fortin était maître de cérémonie et le public, rassemblé en fidèles, a écouté ses chansons défiler pendant plus de 2 heures.
Ce public m’a d’ailleurs surpris ; il était composé autant de fans dans la vingtaine que de vétérans autour de la quarantaine. C’est à la suite de ce constat que je me suis souvenu que son premier album, Joseph Antoine Frédéric Fortin Perron, date de 1996, ce qui explique l’étendue d’âge de son public. Amassée devant la scène, la foule a tout de suite réagi aux premières notes d’une belle introduction planante avant « Oiseau », cette chanson incroyable qui m’a tout de suite conquis lors de ma première écoute de son plus récent album, Ultramarr, à sa sortie.
Composé surtout de pièces dudit album, sa set list faisait cohabiter autant les chansons plus rock que folk doux du répertoire de Fortin. Quoique durant cette soirée-là, on a eu droit à des versions électriques pesantes de plusieurs chansons. C’est le cas de « Gratte », où Fred a livré un long solo de guitare bien appuyé par ses musiciens. Et ses musiciens, justement, parlons-en ! Pour ce spectacle full band, l’artiste s’est entouré d’une bande de musiciens les plus talentueux les uns que les autres. La chimie entre Olivier Langevin et lui-même, le duo vedette de Galaxie, était palpable. On a eu droit à des vrais jams aux influences notables de Gros Mené (entre autres dans « Ti-chien aveugle ») par le son lourd et puissant de cet autre projet du duo.
Alors que la formation quittait la scène après une version allongée de « Scotch », nous étions certains que le concert était fini. Évidemment, nous en redemandions plus. Fred est revenu sur scène pour deux chansons solos qui lui ont valu un sincère et émouvant « Merci Man ! » d’un spectateur visiblement très ému du moment qu’il vivait. C’est alors que le groupe est encore revenu sur scène pour un dernier 30 minutes de pure folie où le jam et la complicité étaient les seuls maîtres.
Le groupe semblait lui aussi ému lors des derniers adieux. Après plus d’un an de tournée ensemble, Fred et sa bande ont livré une ultime performance qui marqua très certainement tous ceux et celles qui ont eu le privilège d’assister à cette soirée inoubliable.
Ne vous inquiétez pas, vous aurez encore la chance de revoir Fred Fortin dans les prochains mois : il entame une série de spectacle solo auxquels nous avons déjà hâte d’assister.
Merci Fred pour cette soirée intense. Merci pour ta musique ! Nous attendons la suite.
La gent estudiantine a répondu en grand nombre à l’appel que lui faisait la CADEUL mercredi dernier à l’occasion du Show de la Rentrée de la session d’hiver. Il faut dire que le savant dosage de la programmation devait y être pour quelque chose. Combinant les rythmes irrésistibles de Le Couleur au succès incontesté de l’artiste local Karim Ouellet, le spectacle a pourtant débuté avec une incursion dans la scène émergente de la Vieille-Capitale grâce au sombre velours musical que tisse Fria Moeras.
Fria Moeras
Fria Moeras – Photo : Jacques Boivin
Ceux qui fréquentent assidûment la scène du Pantoum avaient eu la chance d’entendre Fria Moeras il y a à peine quelques mois. Or, dans le cas de la majorité des spectateurs, ça m’avait tout l’air d’une première rencontre. Pour l’occasion, l’artiste avait invité trois comparses bélugas à l’accompagner à la guitare (Simon Provencher), à la basse (Mathieu Michaud) et à la batterie (Jérémy Boudreau-Côté). Leur présence donnait une force rock à l’indie-pop mélancolique de la chanteuse.
Musicalement, l’univers de Fria Moeras impressionne par son exhaustivité : exploitant autant les graves suaves que des aiguës éphémères, elle raconte des histoires de cœur, d’aéroport ou de fièvre. La simplicité des arrangements permet de mettre en avant l’originalité des mélodies ainsi que le grain particulier de sa voix.
Le Couleur
Le Couleur – Photo : Jacques Boivin
Alors que les spectateurs – pourtant déjà nombreux – continuaient d’affluer, les membres de Le Couleur se présentaient sur scène. Accueil chaleureux de la chanteuse, Laurence Giroux-Do, qui est chaleureusement rendu par le public. Explosion de couleurs* sur les vêtements noirs et blancs du groupe tandis que leur musique transformait le Grand Salon en discothèque le temps d’un soir.
Lors de leur performance livrée avec énergie, Le Couleur nous a littéralement plongés dans son répertoire électro-pop franco savamment brodé autour de l’univers (sonore et thématique) des années 1980 et du disco. Ça n’en prenait pas moins pour accrocher la foule. On peut notamment souligner, à titre de moments forts, l’exotique Club italien, les profondeurs sensuelles de Underage ou encore la pièce finale, que le public a chantée en chœur : Voyage Amoureux.
* : Props aux jeux d’éclairage de Kevin Savard, qui allaient chercher des nuances colorées hors des habituels rouges, bleus et verts.
Karim Ouellet
Karim Ouellet – Photo : Jacques Boivin
Notre fin renard n’a plus besoin de présentation, encore moins dans sa Labeaumegrad d’origine. Foulant un Grand Salon plein à craquer, le cortège alimenta une assistance déjà conquise. Pour l’occasion, Karimétait accompagné d’Olivier Beaulieu à la batterie, des valeureux Valairiens Robert «Tô» Hébert et Jonathan «Doc» Drouin respectivement à la trompette et au saxophone. Le fidèle bassiste Guillaume Tondreau complétait alors l’alignement.
Il nous proposa d’abord d’emprunter cette fameuse « route parsemé de doutes » sur Cyclone, itinéraire accepté à l’unanimité par les amateurs survoltés. S’enchaîna une symbiose pop-folk cuivrée à cheval entre Trente et Fox. À mi-chemin de la prestation, l’audience a pu se régaler de Marie-Jo, ma petite favorite et de L’amour, succès incontesté.
« Tout ceux qui ont un cours demain matin levez vos mains », demanda la vedette de la soirée à une foule d’étudiants en extase. Karim joua le même tour à Guillaume, lui demandant si il allait bien, pour finalement le faire danser à la demande générale. Enrichi par des interludes instrumentales funk entre certaines pièces, comme ce fût le cas pour La mer à boire, nous avons été témoins, sans nous déplaire, d’une performance unique. En plus de déconstruire quelques morceaux, Monsieur Ouellet épata la galerie avec un court solo de guitare à la fin de Trente, titre éponyme de son dernier opus. Karim et le loup, particulièrement entrainante, mis fin à la prestation nickel des animaux de la forêt, arborant leurs camisoles de basketball.
Sans trop lancer de fleurs, (un peu tard me direz-vous) l’idée de débuter les festivités à 21h30 fut profitable pour tout les parties. De facto, on peut clairement affirmer qu’on recense rarement autant de spectateurs pour cette tradition du mois de janvier. Une affluence hors-norme pour un Show de la rentrée hivernal et une réussite sur toute la ligne.
Mots doux et photos sublimes signés Boivin, Fortier, Tremblay
Il y a quelques jours, nous avons rencontré Fany Rousse pour jaser avec elle de Route d’artistes, qui est présentement en période d’inscription (jusqu’au 19 janvier).
On va commencer l’entrevue par une question vraiment plate : Fanny Rousse, c’est ton vrai nom?
Oui, c’est mon vrai nom. Chaque fois que j’ai des entrevues, il y a toujours quelqu’un aussi qui vient me voir pour être sûr. Même des amis que je connais depuis dix ans me le demandent. « Hein! C’est‑tu ton vrai nom? — Bien oui. — Non, donne‑moi tes cartes. »
Présente-nous Route d’artistes.
C’est un réseau de diffusion alternatif présent un peu partout au Québec. On va dans de petits lieux qui permettent de partir en tournée avec des artistes émergents en musique. On peut aussi faire de l’humour, de la poésie, du slam, mais jusqu’à maintenant, y’a que la musique qui a été choisie. On va dans de petits lieux : ça peut être autant un salon, chez les gens directement dans la maison. Ça peut être dans un café, dans un appartement, dans un restaurant. Ça peut être dans une auberge. Plein de petits lieux rassembleurs où on est tout au plus 50 personnes.
Comment est‑ce que ça fonctionne? Est-ce que tu approches les salles ou les lieux, ou bien ce sont les gens qui vont t’approcher en général?
Les deux. J’ai commencé par approcher les gens que je connaissais, les trippeux de musique, qui avaient des maisons; j’ai demandé à des amis de me stooler des amis qui avaient des maisons. Ça a commencé comme ça, puis dans des lieux que je connaissais déjà puisque j’avais habité dans des auberges de jeunesse; au début, c’est moi qui les approchais, puis il y a des gens qui m’ont écrit. Quand je vois des beaux lieux, je dis « hein! C’est donc bien le fun ici, faites‑vous des shows de musique des fois? » C’est toujours ma première question quand je débarque dans un lieu trippant.
Sinon, il y a le bouche à oreille. Quand il y a un spectacle, on est 35, j’explique toujours le concept au début. On est dans une maison, mais des fois, les gens ne sont pas conscients qu’on vient de faire sept shows dans d’autres maisons derrière puis qu’on est présentement en tournée. Je leur dis : « Si vous connaissez des gens n’importe où au Québec, vous pouvez leur dire de m’écrire. Puis il y a les réseaux sociaux.
Quand as-tu commencé?
On a commencé Route d’artistes en septembre 2014.
Depuis ce temps, tu dois avoir créé un certain réseau.
Oui. Mais il faut toujours en parler, comme n’importe quoi. Comme ecoutedonc.ca aussi. Il faut toujours en parler pour que les gens nous connaissent et nous découvrent. Mais, oui, ça commence à faire le tour, les artistes aussi, ils savent c’est quoi.
Fany Rousse – Photo : Jacques Boivin
Vous cherchez avec Route d’artistes à visiter des salles plus intimes, des spectacles d’une cinquantaine de personnes, mais est‑ce qu’il y a beaucoup de gens qui viennent aux spectacles?
Oui. Ce qui marche le plus, c’est les spectacles dans les maisons. Ça marche aussi beaucoup dans les cafés ou les auberges. On fait de soupers-spectacles. Y’a certains endroits publics, une nouvelle microbrasserie, un nouveau café, des fois ça fonctionne moins bien, mais tu sais, en disant « moins bien », il y a peut‑être 15, 20 personnes.
Je trippe à aller faire ça. Puis un café qui vient d’ouvrir, il est intéressé à avoir de la musique, mais il ne sait pas comment ça marche et il n’a pas d’équipement de son. Il ne sait pas ce qu’est la SOCAN; moi, j’arrive, je déclare la SOCAN, j’ai mon équipement de son. Le but, c’est qu’il y ait 15 personnes la première fois, puis 25 quand je reviens…
Un artiste de Québec, Pierre-Hervé Goulet, avait fait quelque chose de similaire quand il a lancé son album. Il a décidé de parcourir le Québec puis d’offrir des spectacles chez les gens. Il y a des démarches comme ça, comme Route d’artistes, qu’on voit de plus en plus émerger en ce moment, puis en parallèle on voit des salles de spectacles comme le Cercle qui ferment. C’est comme si ça annonçait un virage dans l’industrie du spectacle. Qu’en penses-tu?
Bien, je pense que le concept attire beaucoup. Tu sais, s’il y a un concert au coin de la rue, dans un bar, ou dans une salle de spectacle. Je donne tout le temps l’exemple de ma mère. Ma mère n’y irait pas nécessairement. Mais si je fais un show dans une maison où ma mère pourrait venir, je lui dis : « Viens, il va y avoir des amis, il va y avoir du monde que tu connais, invite tes amis ». Ma mère vient voir les spectacles puis elle découvre les artistes.
Des fois, c’est davantage le concept qui impressionne. Il y a un artiste dans la maison de mon ami, ou c’est un show intime dans l’auberge du village où je ne suis jamais vraiment allé parce que les gens ne vont pas nécessairement visiter leur auberge. Tu y vas, puis tu vas découvrir l’artiste, puis c’est sûr que tu vas avoir du fun. Ça fait que je pense que le concept est très vendeur.
C’est comme si toi, tu amenais le spectacle chez eux.
Oui, c’est ça. Souvent, on organise un souper dans la maison avant le spectacle. Si les hôtes de la maison le veulent, ils disent à leurs amis puis à leur monde : O.K., on fait un potluck. Ça fait que, en 5 à 7, on mange tout le monde ensemble, puis après ça, à sept heures et demie (7 h 30), huit heures (8 h), il y a le show. Tout le monde apporte quelque chose, l’artiste est là, puis on mange tout le monde ensemble. Ce qui est drôle, c’est que la plupart des gens ne savent même pas c’est qui, l’artiste. Ils viennent carrément parce que leur ami…
On mange, puis on dit : « ah, toi, tu es qui, t’sais, par rapport à… — Bien, moi, je suis l’artiste. — Ah, salut! » Ça crée un contact qui est vrai, qui est franc aussi avec les gens.
C’est une autre ambiance que la scène, un espace où le public peut avoir une certaine gêne à cause de la distance. T’sais, comme je dis souvent, il n’y a pas de « Bonjour Montréal, ça va bien? », c’est comme « Salut — tout le monde dans les yeux — ça va? Parfait, moi aussi ça va bien. » Ça fait que c’est juste à la bonne franquette, dans le fond, un spectacle.
C’est une façon de revisiter le spectacle qui est très intéressante.
Oui.
Fany Rousse – Photo : Jacques Boivin
Vous avez l’air d’avoir pas mal de succès un peu partout.
Oui, ça va bien. Puis il y a de plus en plus de gens qui offrent leur maison aussi. Ça prend toujours des gens qui offrent leur maison puis des lieux… il y a plein de lieu trippants aussi qui font déjà ça.
Des espèces de shows uniques, mais ils font un ou deux shows par année, puis ils me disent, « hein! Route d’artistes, on vient de te découvrir, on peut faire partie des prochaines tournées? » Je leur réponds : « Ben oui! ». Je rencontre plein de gens trippants avec qui collaborer.
Ce que je trouve le fun, c’est de faire la tournée. De créer la tournée. Puis je trouve ça le fun que les gens font déjà des shows. Tu pourrais en faire une fois par mois, si tu veux, un show chez vous, dans ton appartement, ta maison. C’est génial. Puis si tout le monde faisait ça, ça serait encore plus génial. Mais moi, mon trip, c’est de me dire, O.K., on fait une tournée puis on se promène. Mais il faut que les gens ouvrent leurs maisons puis en fassent de plus en plus, des spectacles comme ça, puis qu’ils contactent l’artiste qu’ils veulent, c’est très facile à faire par la suite.
Si j’ai bien compris, tu apportes les outils et les permis, tu t’occupes de la paperasse ou des choses que les gens ne savent pas nécessairement.
C’est ça qui est le fun. Tout est réglo de ce côté. En même temps, ça profite aussi aux artistes, parce que chaque spectacle, même s’il se produit dans une maison, c’est considéré comme une représentation devant public, parce que public il y a. Tout est déclaré. Ils sont donc mieux payés par la suite.
Est‑ce que c’est relativement rentable pour un artiste de faire ce genre de tournée là?
Pour les artistes, oui. Moi, pour l’instant, je ne suis aucunement payée. C’est du bénévolat. Mais un jour, je vais trouver une formule hyper gagnante et puis je vais balancer tout ça.
Mais pour les artistes, oui, parce qu’ils n’ont aucun… ils n’ont aucune dépense, dans le fond. Ils sont payés à chaque spectacle, ils ont toutes les redevances de la SOCAN, puis ils n’ont pas de nourriture à payer, de gaz. Tout est… c’est comme une tournée inclus. Tout ce qu’ils ont à faire, c’est présenter des spectacles pour se faire découvrir.
Puis la vente d’albums aussi, ça se fait bien dans les…
Dans l’espace privé?
Dans ce contexte‑là, oui. Souvent, les gens veulent vraiment repartir avec un objet.
J’ai fait une tournée avec Jérôme 50 en automne 2016. Il avait un EP de cinq chansons qu’il vendait cinq dollars. Il les a tous vendus. Les gens étaient fâchés en dernier, parce qu’il n’y en avait plus, il leur répondait : « oui, mais là, je n’en ai plus ». Les gens, ils veulent avoir quelque chose après avoir rencontré en proximité comme ça.
C’est très différent du comportement du spectateur moyen dans une grande salle de spectacle.
Route d’artistes, c’est un projet que tu as développé?
Oui.
Où te vois-tu dans ce projet dans cinq ans? Comment ça pourrait se développer?
Je veux que ça se développe, et j’ai des objectifs pour 5, 10, 15 ans, tout le temps! Je ne peux pas trop dévoiler mes idées, mais c’est comme je dis tout le temps, l’idée de Route d’artistes, c’est de faire une espèce de map du métro, là. Si on regarde mettons la map du métro de Montréal, il y a plusieurs tracés.
C’est un peu ça que je veux faire avec Route d’artistes, qu’il y ait vraiment plusieurs routes déterminées… puis des nouvelles aussi, mais qu’on puisse avoir plusieurs tournées même en même temps.
On pourrait se dire : « Cette année on a quatre tournées ou cinq tournées, celle-là, c’est comme la ligne verte. » On a une tournée qui est tracée là pendant qu’il y en a une autre qui démarre au Lac‑Saint‑Jean et qu’une autre fait le tour de la Gaspésie. Donc, si on pouvait avoir des tournées stables comme ça, des chemins établis… Avec plusieurs collaborations aussi, là. Il y a plein d’idées qui sont en chemin.
Fany Rousse – Photo : Jacques Boivin
Donc, Route d’artistes, à surveiller pour les prochaines années, voir comment ça va prendre de l’expansion?
Oui, absolument.
T’es présentement en période d’inscription?
Oui. C’est la troisième année que je fais ça. Il y a une période d’inscription pendant laquelle les artistes peuvent s’inscrire pour faire les prochaines tournées. Les gens ont jusqu’au 19 janvier pour s’inscrire pour les tournées 2018.
Deux artistes seront sélectionnés pour une tournée au printemps, puis une autre à l’automne.
On est une dizaine de personnes sur le jury. On écoute tous les liens, la musique que les gens nous envoient. On détermine chacun nos coups de coeur et selon un système de pointage, les deux personnes qui se démarquent sont sélectionnés.
Comment as-tu composé le jury?
Il y a des gens qui travaillent dans l’industrie. Des gens qui s’occupent de festivals, de salles de spectacles, des agents d’artistes, des gérants. Des gens qui ont des maisons et qui ont déjà accueilli quatre ou cinq shows chez eux. Eux aussi, ils veulent participer au processus! Je les laisse participer et décider de ce qu’ils veulent entendre chez eux. Puis je choisis moi aussi, mais tous les votes ont la même valeur. On vote pour notre coup de coeur, mais il y a toujours quelques artistes qui se démarquent. On ne se connaît pas tous, on ne connaît pas nécessairement nos goûts, mais des fois, c’est l’année de telle personne, puis on est tous d’accord. C’est pas trop difficile.
Je me dis, dans ces spectacles‑là, il y a tout le temps se produire quelque chose de vraiment particulier, vu que ce sont des spectacles plutôt uniques, comme tu disais…
Oui.
As-tu des anecdotes? Des trucs qui t’ont marquée pendant ce parcours?
Chaque tournée est différente. Il faut être là pour le vivre, là. Je pense à la dernière tournée avec Olivier Bélisle, parce que c’est la plus récente. Quand on est arrivé dans une place où je ne connaissais vraiment personne, c’était quelqu’un que je ne connaissais pas qui fêtait un anniversaire, sa blonde qui m’avait écrit pour les40 ans de son chum. Olivier, il a vraiment seizé le monde qui était là, puis il a changé ses textes pour mettre le nom de famille du fêté dans ses phrases, puis là, tout le monde, on chantait ça. C’est comme un moment pas rapport qu’on a vécu tout le monde, on chantait ensemble, même si personne connaissait la chanson, mais Olivier, il a vraiment été vif. Ce sont toutes des petites choses comme ça, là. Sinon, la rue qui déborde de chars un peu partout. Ils ne sont pas habitués d’avoir autant de gens. On s’improvise des stationnements sur le gazon. Il y a aussi Joëlle Saint‑Pierre qui avait dit : « Bon, à quelle heure on revient pour l’entracte? Tout le monde, à 9 h 12, c’est écrit sur le four, on revient. »
Les artistes en profitent souvent pour casser des tounes, puis ils parlent aussi beaucoup entre les chansons pour nous raconter des choses ou juste en profiter pour dire plus de niaiseries quand ils sont habitués de dire des niaiseries, puis…
Tu penses qu’ils se laissent peut‑être un peu plus lousses parce que le contact se fait mieux?
Oui, oui oui, absolument. Il y a une grosse différence. Ce que j’aime de ces shows‑là, c’est que ce n’est pas un show qui est parfait. Ce n’est pas « alors, j’ai une chanson, c’est ça, trois, quatre », avec aucune erreur. T’sais, ce n’est pas ça le but, là. On s’en fout s’il se trompe dans sa guitare, dans les paroles; on la recommence! C’est plus vraiment authentique comme spectacle.
D’après toi, est‑ce que c’est pour tout le monde, Route d’artistes, les types de groupes de musique?
Non, absolument pas! C’est pas tant une question de styles musicaux que de goûts personnels. Il y a des artistes qui disent: « Allez jouer dans le salon chez du monde, c’est tellement la dernière affaire que je veux faire! ». Ce n’est pas pour tout le monde.
Il y en a qui aiment ça, prendre le stage puis que ça sonne fort aussi. Il y a un côté qui est vraiment plus important avec le son, ça fait que quand C’EST un peu plus minimaliste, eh bien, il y en a qui trippent beaucoup moins. Ceux qui s’inscrivent à Route d’artistes, c’est parce qu’ils trippent, parce qu’ils ont envie de revenir à la création entre chacune de leurs chansons ou d’essayer autre chose qu’ils n’ont jamais essayé. Ils ont le désir de cette expérience-là.
Mais au niveau des styles de musique, c’est sûr que, éventuellement, quand tu me demandes ce que Route d’artistes va devenir dans 10, 15, 20 ans, j’aimerais avoir, par exemple, une branche de classique, une branche expérimentale, d’avoir plusieurs styles de musique.
Pour l’instant, ça va beaucoup plus en chanson. En même temps, il y a plein de styles de musique que j’aime puis que les juges aussi aiment. Mais on dirait que c’est tout le temps ça qui ressort pour l’instant. C’est comme plus chanson folk, slam. Ça rassemble à ça.
À quand le festival Route d’artistes avec plusieurs artistes de différents styles artistiques?
Le festival Vue sur la relève, ils ont plusieurs disciplines aussi, puis je trouve ça cool aussi ce qu’ils font. Ce n’est pas juste de la musique, c’est vraiment : tu as le théâtre, tu as la danse, tu as plein de choses. Je trouve ça important, puis ce qui compte dans un show, c’est qu’il soit bon. On se fout un peu de ce que c’est. Tu sais, s’il y a une pièce de théâtre qui peut se faire à deux, trois personnes puis qui est hyper bouleversante, puis que ça fonctionne, puis qu’après ça, tu es complètement, comme, abasourdi, bien, je la veux, puis je veux faire une tournée avec.
Mais pour l’instant, j’y vais tranquillement avec ce que je connais. On ira ailleurs après. Tout ce que je veux c’est quelque chose de vraiment bon, à partager et à faire découvrir.
En terminant, tu as‑tu un conseil pour l’industrie de la musique? T’es tout le temps sur le terrain en ce moment!
Mon conseil ne serait pas pour l’industrie de la musique. Ce que j’aimerais, c’est qu’il y ait davantage d’ouverture dans les écoles. Enseigner au primaire, au secondaire, avoir un artiste qui vient faire une période sur son parcours et qui fait deux ou trois chansons. Il peut analyser un texte. Dans plusieurs disciplines. J’aimerais que ça se produise davantage, il y a un manque, à mon avis.
Les jeunes, après ça, ils seraient mieux sensibilisés par rapport à la culture, ils auraient un sentiment d’appartenance.
Au secondaire, j’ai fait du théâtre pendant tout mon secondaire. Si ce n’avait pas été de ça, je ne pense pas que j’aurais été voir des pièces de théâtre étant plus vieille. Je ne vais pas en voir à tous les jours, mais au moins, j’y vais, comparativement à d’autres personnes qui n’y vont pas parce qu’elles n’ont jamais eu de lien avec ça. Ils ne connaissent pas ça. Si on instaure ça dans les écoles plus tôt, ça peut piquer la curiosité des jeunes, les intéresser à se déplacer.
Ça serait mon souhait.
C’est un beau souhait, je trouve! Merci beaucoup et bonne continuation avec ce projet-là!
Merci.
Vous êtes un artiste et ce genre de tournée vous intéresse? Posez donc votre candidature! Vous avez jusqu’au 19 janvier. Plus de détails ici!
La deuxième moitié de saison des Apéros FEQ débutait jeudi dernier au District St-Joseph. Alexandra Lost, projet électro-pop de Jane Ehrhardt et Simon Paradis, a plongé l’auditoire dans une mer synthétisée. Accompagnée par Hugo Le Malt, la formation a offert son premier single Stranger Game en début de prestation. Une heure de musique planante qui nous a fait voyager dans le passé, quelque part entre les années 80 et 90.
La beauté d’Alexandra Lost prend son essence dans les ambiances new wave et se peaufine par le vocal grave mais ô combien paisible de Jane. D’ailleurs, pour les pièces Towers et Fleeting Dance, elle récite des intros quasi subliminales qui collent drôlement bien à leurs musiques. Chaque chanson est une sorte d’épopée parfois disco, tantôt ambient. On ressent une certaine répétition aux claviers qui donne un fil conducteur à leurs variations. Quelques morceaux avaient des cadences ralenties qui rappelaient le downtempo anglais. Sans manquer d’originalité, ils explorent aussi le blues et Le Malt se paie même un solo de guitare dans le processus.
«I’ve been trying to wake up
from this dream I had»
Extrait que j’ai noté de Trying to grow où la voix d’Ehrhardt est particulièrement envoutante et ce, même sur une trame accélérée. Au final, un apéritif concocté avec brio pour la formation qui en était à son quatrième spectacle depuis sa création.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le trio entame bien 2018!
Prochain apéro FEQ : jeudi 18 janvier avec Lou-Adriane Cassidy
C’est en train de devenir une tradition. Orloge Simard et ses musiciens nous ont conviés à un party de fin d’année, cette fois à l’Impérial Bell, et nous ne pouvions refuser cette invitation. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on peut assister à une telle grande messe avec quelques centaines de fidèles!
Faut dire que les fans d’Orloge sont motivés et ça, on a pu le remarquer assez rapidement : il a fallu traverser un nuage de boucane encore criminelle pour quelques mois avant d’entrer dans un Impérial où quelques fans motivés chantaient déjà les chansons du groupe plus d’une demi-heure avant… la première partie!
Parlant de première partie, c’est Pass qui a ouvert le bal en nous promettant de jouer « jouer du rock and roll ». Yes! Good. Une foule déjà bien réchauffée va se faire chauffer à bloc. Ça commence bien entendu avec du rock, teinté de blues, axé sur les guitares, qui ne manque pas d’entrain. Y’a même un petit accent du Sud! Tant qu’à se réchauffer, pourquoi ne pas ajouter quelques teintes de reggae? Et un brin de ska? Le mélange se fait très bien, les jeunes en bas skankent joyeusement, Pass a réussi à faire monter l’enthousiasme de quelques coches, ce qui n’était pas évident dans les circonstances (un public vraiment là pour Orloge, qui a continué à le montrer pendant l’entracte).
Quand le groupe baieriverain est monté sur scène, j’ai cru que le plafond de l’Impérial Bell allait exploser (ce qui n’aurait pas été une très bonne idée, compte tenu du froid glacial qui sévissait dehors). Le dispositif scénique est fort simple, mais efficace : le drapeau du Royaume hissé bien haut, quelques guirlandes de lumières, deux beaux sapins de Noël et beaucoup de cadeaux. Les membres du groupe portaient tous un beau pyjama de Noël et un maquillage à la Kiss tandis qu’Orloge avait un costume coordonné. D’ailleurs, de nombreux fans (dont notre photographe) avaient décidé de faire de même (maquillage inclus), ce qui ajoutait bien entendu du piquant à une soirée qui allait être assez… sale (d’ailleurs, on avait renforcé la sécurité).
Dès les premières notes de Cabane à pêche, un joyeux moshpit se forme. Faut dire que ça commence fort avec un ver d’oreille juste assez grivois pour être chanté en choeur. On se croirait dans une version trash d’un show des Cowboys Fringants! Ça chante aussi fort et avec autant de passion. Même côté « grande célébration »!
Organic Music suscite une réaction semblable. Le blues-rock psychédélique à l’accent du Saguenay fait danser la foule qui scande le refrain avec le band. Le claviériste bondit déjà sans cesse en se faisant aller les dreads. On a à peine quelques tounes derrière la cravate, tout le monde communie déjà!
Évidemment, La rue Bagot, qui mélange habilement l’esthétique folk sale et le ska endiablé, connaît un succès explosif! Du haut de mon nuage de boucane (celle du monde en bas, pas la mienne), je regarde les pyjamas se rentrer dedans joyeusement en créant de grosses éclaboussures de bière (le plancher doit être glissant).
Pendant ce temps, le claviériste fait des jumping jacks et le reste du band s’amuse ensemble. Orloge harangue la foule (comme si elle en avait besoin!). Tout à coup, les musiciens se mettent à lancer des cadeaux, certains parfois très loin!
Le spectacle se poursuit dans la même bonne humeur (on euphémise) jusqu’à la toute fin, où le claviériste déballe son cadeau de Noël préféré : un orgue! Qu’il s’empresse de… détruire, bien entendu! Les mélomanes crieront au sacrilège, mais le public, lui, est juste trop heureux de s’être bien défoulé lui aussi!
C’est un peu ça, un show d’Orloge Simard : tout le monde sur le party, de bonne humeur, qui s’amuse (très) ferme en dépensant au moins autant de calories qu’il en consomme (c’est-à-dire beaucoup). Qu’on aime ou non le côté vulgaire de l’aucuncadrisme préconisé par ces êtres d’outre-Parc, il est évident que sur une scène, ces gars-là savent y faire. À voir l’air satisfait des spectateurs à la sortie de la salle, il est évident que je ne suis pas seul à le croire…
On vient tout juste d’annoncer les participants à la 8e édition du Cabaret Festif! de la relève qui se déroulera à Baie Saint-Paul les 27 janvier, 17 février, 10 mars (Cabaret de la Maison Otis) et 31 mars (Salle multi de l’Hôtel Germain) prochains. Et on va se le dire tout de suite, cette huitième édition est des plus relevées!
Rappelons que les participants courent la chance de remporter des prix et des bourses dont la valeur totale est de 15 000 $. En plus des grands prix du jury et du public, divers acteurs (diffuseurs, festivals, médias – dont ecoutedonc.ca) offriront aux finalistes des prestations rémunérées un peu partout dans la province.
Les douze participants ont été sélectionnés parmi plus de 120 candidatures par un jury composé d’une douzaine de professionnels de tous les racoins de l’industrie. On nous a dit que les choix n’étaient pas toujours faciles étant donné la grande qualité des projets soumis.
Regardons un peu ces artistes et ces groupes qui donneront leur 110 % pour se mériter une place en finale :
27 janvier
De la Reine – Photo : Jacques Boivin
De la Reine : Menée par la douce voix d’Odile Marmet-Rochefort, la formation De la Reine propose une pop intelligente et sensuelle, un brin groovy, mais toujours divertissante. Si vous ne connaissez pas le groupe, vous pouvez consulter les nombreux articles que nous avons écrit sur le sujet ou tout simplement écouter leur (excellent) album.
Les Monsieurs : La formation joliettaine a lancé l’automne dernier un album réalisé par un certain Placard. Le groupe propose un rock très funky et fuzzé, des paroles engagées et un petit je-ne-sais-quoi qui nous rappelle le bon vieux temps des Colocs… sur l’acide.
The Johans : Deux filles de Québec qui font du folk avec une guitare et un banjo. Plus près du folk du Sud américain que du folk introspectif qui a dominé la scène musicale ces dernières années, voilà un projet rempli de promesses.
Laura Babin : La jeune auteure-compositrice-interprète montréalaise avait déjà attiré notre attention avec son EP Water Buffalo (y’a que le titre qui est en anglais). Babin nous fait voyager dans son univers avec ses mélodies originales et ses arrangements aériens.
17 février
Artifice Palace : Le quatuor montréalais se promène entre ballades atmosphériques et guitares distordues à fond. Un des projets les plus « champ gauche » avec ses sonorités uniques. On est ben curieux de voir ça live. En attendant, on peut écouter l’album Rusty Flowers pour avoir une meilleure idée de ce qui nous attend.
Jessy Benjamin : Le jeune auteur-compositeur-interprète nous présentera ses chansons indie-folk sympathiques et très organiques. On devrait avoir quelques chaudières d’authenticité dans la face.
Natation : Ah ben voilà le groupe qui se chargera de faire danser le public en cette soirée de février! Natation, c’est du rock dansant bilingue, qui sonne parfois comme du Franz Ferdinand à qui on aurait ajouté quelques sonorités eighties. C’est simplifié à l’extrême, mais ça ne change rien : vos fesses vont se décoller de vos chaises! Faudrait peut-être plonger dans Divepour avoir une meilleure idée!
Joey Robin Haché – Photo : Annie-France Noël
Joey Robin Haché : Depuis le temps que j’entends parler de ce jeune (les Acadiens aiment ben ça nous ploguer leurs comparses quand on jase avec eux), il est temps que je le voie. Haché, c’est un heureux mélange de folk-rock tantôt doux, tantôt entraînant, avec des textes fort intéressants. À surveiller.
10 mars
Caterino : Des chansons aériennes aux textes contemplatifs, voilà ce qu’offre l’auteure-compositrice-interprète Caterino (Catherine-Audrey Lachapelle). Avec quelques accents western.
É-T-É : Avec É-T-É, on va se replonger dans la musique un peu plus traditionnelle, axée sur les cordes. Il s’agit de la formation la plus enracinée dans notre terroir parmi les participants. C’est fort bien fait, mais est-ce que le groupe réussira à séduire le public?
Perdrix : Un brin de sarcasme dans les paroles, un peu (beaucoup) de garage dans la musique, des mélodies accrocheuses, gageons que vous ne serez pas capables de vous empêcher de crier HASHTAG avec le groupe!
Pour en savoir plus sur le Cabaret (horaire, comment se rendre, billets), consultez le site Web!
Le groupe local Caravane organisait cette année encore un événement spécial pour rendre gloire à notre sauveur : le rock. Comme toute bonne messe de minuit, le spectacle de jeudi dernier eut lieu dans une église et c’est ainsi que le décor à saveur baroque de la Nef ajouta au charme décadent de ce moment fort en intensité.
Mort Rose
Mort Rose – Photo : Jacques Boivin
La grande célébration commença avec le pop rock grivois de Mort Rose. Revisitant le répertoire rock, blues et même calypso, les quatre musiciens présentaient des pièces entraînantes et colorées par le discours équivoque – et parfois bien direct – du chanteur.
Les spectateurs massés devant la scène ne résistèrent pas longtemps au charme langoureux de cette musique qui fit la gloire d’Elvis. Et plus la prestation avançait, plus le groupe nous faisait découvrir la variété de ses inspirations musicales et l’enthousiasme de ses membres sur scène. Une belle façon de nous faire oublier la température subsibérienne!
Harfang
Après cette joyeuse entrée en matière, ce fut au tour de Harfang de réchauffer les cœurs. Étant donné le nombre de spectateurs qui ne semblaient pas les connaître, le groupe a dû passer en mode séduction. Qu’à cela ne tienne, ils ont relevé ce défi avec brio.
Harfang – Photo : Jacques Boivin
En guise de préliminaires, ils se sont lancés dans leurs pièces les plus lumineuses. Fly away et Wandering ont servi de premier contact, mais c’est vraiment avec Stockholm que le groupe a pris son envol. Il était fascinant de voir avec quelle énergie et quelle intensité les musiciens s’impliquaient dans chacune de leurs pièces, qu’elle soit plus rock, plus folk ou plus introspective.
Caravane
Caravane – Photo : Jacques Boivin
L’heure avançant, on se rapprochait de plus en plus du minuit fatidique de la messe. Caravane, les rockeurs de la Vieille Capitale, se sont chargés de nous livrer la pièce de résistance… et quelle performance ! Il faut le dire, ils ne font pas le bon vieux rock à moitié. Alors qu’on attendait que les musiciens montent sur scène, l’organiste se lança dans un préambule endiablé, après quoi le groupe a balancé pièce sur pièce un rock teinté de blues aux mélodies accrocheuses et aux textes que scandait fréquemment le public.
Plusieurs moments forts se sont démarqués des méandres musicaux dans lesquels les musiciens nous ont plongés. On a particulièrement pu apprécier les soli endiablés de Guillaume Méthot, qu’il nous livrait à genoux comme une offrande. L’intensité du chanteur – qui hésitait ni à se barbouiller le visage ni à se mêler aux foules pour le rock – avait de quoi capter l’attention. Finalement, le groupe a offert en cadeau une superbe reprise de I Want You des Beatles qui n’a laissé personne indifférent, pas même les apôtres ni les évangélistes qui nous regardaient du haut du plafond de la Nef.
Hé oui! C’était bel et bien le dernier chapitre de la saga Love Suprême, tournée du charismatique MC Koriass. Pour cette clôture en sol limoilois, Korey était précédé par KNLO, ce fameux post-rigodoneux. Clin d’oeil à Watts et son rap/rock, chargé de mettre la table avant l’arrivée des principaux intéressés.
Remerciements spéciaux à Jacques Boivin d’avoir prêté son talent de photographe pour le «rap jeu» et à Sabrina Martin pour ses notes dans mon calepin de gribouillis.
KNLO
KNLO – Photo : Jacques Boivin
Que ce soit en solo ou collectivement avec Alaclair Ensemble, on doit s’attendre à un moment groovy quand KNLO est dans les parages. Pour l’occasion, M. Craquenuques s’est entouré de la famille. En compagnie de Caro Dupont et Sev Dee (K6A), Ogden alias Robert Nelson est monté sur scène pour compléter B.B.I.T.C. «On représente Hochelaga, Ste-Foy, Limoilou, le Bas-Canada» s’écria Akena avant l’excellente justecayinque. L’auditoire se dégourdissant les jambes tranquillement, on a eu droit à une panoplie de belles chorégraphies des artistes. Principalement sur Tabac Indien dont l’exécution était digne d’un cours de zumba. Par la bande, il a poursuivi avec un bel hommage à la métropole et à son pote Lou Phelps sur Ville-Marie. Personnellement, mon petit velours de la prestation fut clairement Merci alors que mademoiselle Dupont l’accompagna à la flûte traversière. Non, Eman n’y était pas pour sa partie, mais on ne peut pas toujours beurrer notre pain avec du caramel à l’érable. Une perfo déconstruite parsemée de freestyles sortant drôlement de l’ambiance créée sur sa galette Long jeu.Un honnête prélude pour l’arrivée du deuxième «K» de la soirée.
Koriass
Koriass – Photo : Jacques Boivin
Après presque deux ans à répandre le love suprême aux quatre coins de la province et même en France, Emmanuel Dubois a choisi son quartier de résidence pour clore cette belle tournée. Pour ma part, il s’agissait de ma troisième séance de «cœurs avec mes deux mains» et la plus intime sans aucun doute. Malgré la proximité, on ressentait une réticence du public sur quelques chansons et Korey ne s’est pas caché pour le mentionner. Malgré tout, la marchandise a été livrée d’une main de maître par Koriass et ses musiciens. D’entrée de jeu, on a été frappé au visage par l’incisive Pardon. Ensuite, la foule a été particulièrement captivée par Zombies, cette hymne ou critique sociale aux milles et une références. Se sont succédé par la suite Nulle part, Sorry, Endurance et Légendaire. Constat après cet enchainement, «Korey Hart» n’a pas oublié son flow à la maison. Par la suite, on a fait notre «baby shower dans un after hour» sur la version modifiée de Blacklights. Nous sommes allés dépenser nos «comptes épargnes sur des onces de Jack» sur la puissante Devenir Fou issue de Rue des saules.
Koriass – Photo : Jacques Boivin
Le MC s’est permis quelques courtes pauses pour des anecdotes de famille, ainsi que sur son entourage dans le quartier. À la quête d’une serviette par cette chaleur accablante, il continua avec «ouvre ta fenêtre» et son gag d’en ouvrir une au même instant. Toujours près de son public, il a l’habitude d’amener un fan sur scène pour rapper avec lui. Cette prestation à la frontière de Limoilou et Vanier ne faisait pas exception à la règle. Belle récompense et expérience pour cet amateur particulièrement attentif comparativement à certains de ses homologues.«Est-ce qu’il y a des enfants de l’asphalte dans la salle ici ce soir?». Difficile d’imaginer une meilleure fin que celle-ci, avec ce titre phare de son répertoire. Simulant un rappel, il cracha une deuxième fois pardon, cette fois, sans instruments et sur un rythme effréné.
Soulignons la perfomance de Gabriel «Gabou» Lajoie à la basse, de DJ Nerve aux platines et le travail de son, pas toujours simple, de Gregory Carrier Bonneau.Somme toute, La Source de La Martinière aura été théâtre d’une représentation finale non sans embuches, mais plus que satisfaisante.
Sur ce, attendons son prochain matériel de pied ferme et d’oreilles impatientes!
On le sait déjà, toutes les fêtes deviennent magiques lorsque Gab Paquet et sa bande en prennent le contrôle. Cette année, c’est une véritable messe de minuit qui a eu lieu au Cercle le 14 décembre dernier. Le groupe présentait son spectacle pour une dernière fois en 2017 dans le cadre d’une mini-tournée de trois jours organisée par Le Pantoum. Et du monde, il y en avait à la messe !
Miss Sassoeur & les Sassys
Miss Sassoeur & Les Sassys – Photo : Jacques Boivin
C’est devant un Cercle bien plein que le lauréat du prix ecoutedonc.ca du Cabaret Festif – et, accessoirement, du prix du jury! – venait défendre son Gospel de Ruelles. Jacques Boivin, qui présentait le groupe, a sommé gentiment (Jacques : Ouin…) les admirateurs de Gab, certains plus incontrôlables que d’autres, de prêter l’oreille.
Miss Sassoeur & Les Sassys – Photo : Jacques Boivin
Une fois sur scène, la chanteuse et ses trois choristes se sont lancés dans leur introduction énergique, déballant leurs chansons à l’esthétique Motown avec beaucoup d’attitude et de dance moves. Leur musique, toujours aussi rafraîchissante, mélange la culture afro-américaine à notre propre bagage historique, avec des textes où se confrontent et s’entremêlent anglais, français et québécois.
On était heureux de réentendre leurs titres qui, pour moi, sont devenus de vrais vers d’oreille (Rythmitou, la Rengaine), mais aussi de découvrir leur nouvelle formule améliorée : lors des deux dernières pièces, un DJ les a accompagnés sur scène pour ajouter des beats à ce spectacle principalement centré autour des harmonies vocales. Une direction intéressante à prendre pour Miss Sassoeur & les Sassys, bien que quelques ajustements soient encore à faire.
Bien sûr, Gab Paquet n’allait pas faire les choses comme tout le monde. Bien sûr, il sait faire lever les foules. Bien sûr, ça allait être flamboyant. Mais on ne s’attendait pas à la vague d’énergie qui allait se déployer sur nous dès les premières pièces !
Pour comprendre cela, il faut d’abord savoir une chose. Avec les années, le public du chanteur de charme a évolué : je l’ai vu jouer autant sous le signe de la confidence devant des initiés en liesse que sur des scènes qui le livraient à un public encore à conquérir. Depuis, la Paquetmania s’est répandue hors des Cercles intimes de la star pour contaminer un public qui ne sait pas trop encore ce qui se passe. Le résultat se mesure lors de soirées comme celle de jeudi dernier, alors que la foule faisait littéralement pleuvoir ses acclamations sur le chanteur.
Gab Paquet – Photo : Jacques Boivin
Dès Ton appel à frais virés, les spectateurs se sont donc déchaînés, certains arborant paillettes, pads ou autres signes de frivolité. Tout s’est ensuite enchaîné très rapidement, sans temps morts. Un vrai feu d’artifice avec ses moments flamboyants : Gab faisant du bodysurfing ou ne pouvant retenir sa joie, les récits nous menant de fil en fil aux chansons comme Soucoupes Volantes, etc. Et comme dans tout feu d’artifice, le bouquet final en a mit plein la vue (et les oreilles): après le grand succès Consommations, les musiciens se sont lancés dans une version disco rock de Minuit, chrétiens pour terminer en beauté avec un pot-pourri juste assez kitsch. Pendant ce temps, on sautait, on dansait, ou bien on chantait en chœur des paroles maintenant élevées au rang d’hymnes.
Pour moi, qui n’ai pas eu une dose suffisante de Gab Paquet cette année, ce fut une révélation: un spectacle encore mieux rodé, toujours plus dynamique, qui équilibre bien ses frivolités et ses performances musicales solides. Le groupe a atteint un autre palier de sa carrière et ça se sent. On leur souhaite de continuer sur cette voie en 2018, et on sait qu’on prendra plaisir à les suivre encore longtemps. Parce que la force de Gab Paquet, c’est de se tailler une place dans notre tête avec ses chansons, mais aussi dans notre cœur avec ses manières de charmeur.