Si jeudi, on a célébré sur les Plaines d’Abraham la chanson française d’ici, hier soir, c’était le rock bien actuel et bien de chez nous qui était à l’honneur dans un Impérial bondé et bouillant. Il faisait chaud et ce n’était pas David Marin, ni Peter Peter, et encore moins Louis-Jean Cormier qui allaient nous permettre de nous rafraîchir, loin de là!
Ceux qui pensaient que tout le monde allait se garrocher sur les Plaines ou au Parc de la Franco pour la soirée hip-hop ou pour voir des vieux routiers du punk et sont arrivés après 18 heures dans Saint-Roch pour aller à l’Impérial ont eu toute une surprise : une longue file s’était déjà formée! On me dit qu’on a dû refuser beaucoup de monde et que 200 personnes sont demeurées dans la file jusqu’à la fin du show dans l’espoir d’attraper ne serait-ce qu’une seule petite chanson.

Dommage pour eux, parce qu’à l’intérieur, le show était bon en maudit.
Tout d’abord, l’auteur-compositeur-interprète David Marin est venu ouvrir le bal avec sa folk chansonnière pas piquée des vers. L’artiste en a profité pour tester ses nouvelles chansons, qui se trouveront sur son prochain album, tout en jouant quelques pièces de son premier opus, À côté d’la track. Fort sympathique, le bonhomme, qui semblait agréablement surpris de l’accueil chaleureux de la foule.
Peter Peter a suivi et nous a offert une prestation très rock, fondée sur Une version améliorée de la tristesse (un bon disque, en passant), qui a su charmer les nombreuses demoiselles présentes dans la salle. Soyons francs, le gars a le tour d’écrire de maudits bons textes et avec son band, il les interprète majestueusement. Dire qu’il y a deux ans, on ne connaissait pas ce jeune homme. Hier, il aurait pu voler le show si la tête d’affiche n’avait pas été aussi magistrale. Dans deux ans, Peter Peter va être incontournable. Mention spéciale au saxophoniste, qui était tout simplement en feu!
Nous étions déjà tout en sueur lorsque Louis-Jean Cormier est monté sur scène à 22 h 15 sous les acclamations de la foule. Arborant un t-shirt Baltrakon tout ce qu’il y a de plus local (New York, Toronto, Londres, Sydney, Limoilou!) et accompagné d’un band talentueux avec lequel il est manifestement en parfaite symbiose, Cormier a ouvert le bal avec La Cassette, toujours aussi efficace, même dans un emballage encore plus rock. En fait, toutes les chansons uptempo avaient reçu une couche de vernis rock supplémentaire, les claviers étant remplacés par encore plus de guitares. Notons au passage la majestueuse Le coeur en Teflon, du bonbon à entendre live.
Après nous avoir promis la soirée de notre vie, Cormier a pris quelques instants pour nous dire que ça allait bien avec Karkwa et que sa tournée solo lui permettait de réaliser un rêve en ayant ses Beach Boys bien à lui, parce que tous les membres du groupe chantent (bien, en passant).
Un segment minimaliste nous a permis d’apprécier quelques-unes des plus belles chansons de l’auteur-compositeur-interprète. Seul avec Adèle Trottier-Rivard, il a interprété Les chansons folles. Mais on se rappellera surtout d’Un monstre, avec le reste du groupe entourant le micro d’ambiance et avec le public, qui s’est chargé des percussions en tapant du pied. Un beau petit moment comme le Festival nous en donne tant.
Est-ce que je vous ai parlé des incursions dans le répertoire de Karkwa? Des poèmes de Miron, qui rockaient comme jamais? De celui de Félix? Des remerciements malhabiles de Cormier, qui nous remerciait de notre curiosité et d’écouter de la musique dans toutes les langues, dont le français? De la complicité plus qu’évidente avec son groupe (les sourires, les clins d’oeil)?
Après cette généreuse prestation, j’étais, comme qui dirait, repu. Pour une deuxième soirée de suite, pas de show de fin de soirée. On dirait que je n’ai plus 20 ans… En même temps, je suis extrêmement satisfait de ma soirée.
On se reparle plus tard pour le programme de la journée.

David Marin : Il a eu la chance d’enregistrer son premier album en 2008 avec l’aide de la tête d’affiche de la soirée, Louis-Jean Cormier. C’est folk, c’est bien senti, et on devrait avoir une tonne de nouveautés, qu’il compte endisquer cet automne.
Peter Peter : Créateur d’atmosphères et de jolies histoires, Peter Peter a déjà deux excellents albums à son actif. On n’appréciera jamais assez la richesse de sa plume. Monsieur sait écrire de belles et bonnes chansons.
Louis-Jean Cormier : Le chanteur de Karkwa a vu son disque solo Le 13e étage encensé par la critique et il a même réussi à se faire connaître d’un plus large public grâce à une prestation à l’émission La voix. Son spectacle, tout en jolies chansons et en harmonies, est très prometteur. Avec Karkwa, Cormier avait mis le feu à l’Impérial en 2011. Répètera-t-il l’exploit en solo, avec son (excellent) band, ce soir?
The Record Company : Aussitôt sorti de l’Impérial, on traverse au Petit Impérial pour voir ce groupe américain de blues-rock prometteur. Beaucoup de plaisir en perspective.
Dom La Nena : La sensation indie folk brésilienne fait beaucoup parler d’elle depuis quelque temps. Y’a un petit côté Lhasa qui n’est pas désagréable du tout. En tout cas, à votre place, j’y irais la voir. Meilleur apéro à Québec. 🙂
Fuck you, la pluie. On a gagné.
Eh ben on a été gâtés. Disons-le tout de suite, les gros fans, ceux qui connaissent les chansons les plus obscures et les B-sides les moins évidents, ont été les plus gâtés de tous. Il y avait de vieilles chansons qui n’avaient jamais été jouées en tournée (dont la première chanson instrumentale du groupe, Judy is a Dick Slap, qui ouvrait le spectacle), des B-sides obscurs (quelle joie que d’entendre Your Cover’s Blown, qui se trouve sur Books), des chansons connues, mais dépoussiérées (Piazza, New York Catcher), des chansons de Stevie Jackson (To Be Myself Completely) et des classiques (Boy with the Arab Strap). Vraiment. Tout le spectre était couvert.
Et les premières parties ont malheureusement eu beaucoup de mal à réchauffer la foule. Born Ruffians a dû composer avec la pluie, mais le groupe torontois aurait pu donner l’impression qu’il avait vraiment envie d’être là. Ça manquait vraiment de rythme. Et Here We Go Magic, qui ouvrait, aurait connu un plus grand succès en salle, devant des fans venus les voir jouer leur rock planant.
Here We Go Magic
Born Ruffians
Buddy McNeil & The Magic Mirrors

Soirée fort remplie hier soir dans un Métropolis bondé, qui accueillait la douzaine de membres d’Edward Sharpe & The Magnetic Zeros, venus nous interpréter leurs chansons folk-pop follement amoureuses de la vie.
Il était près de 22 heures lorsque Alex Ebert, toujours habillé comme ma chienne, mais confortable, Jade Castrinos, toujours aussi belle et naturelle (ce ne sont même pas ses plus grandes qualités, imaginez!), ainsi que les quelques dix autres membres des Magnetic Zeros ont fait leur entrée sous les acclamations d’une foule joyeuse et festive, prête à en prendre plein la gueule. 40 Day Dream commence. On est en terrain conquis, tout le monde chante en choeur, y compris votre humble serviteur, les deux pieds sur le parterre (moi qui suis un habitué du balcon pour *voir* le show et vous en parler plutôt que de le *vivre*), mais les mains haut dans les airs et la voix pleine d’entrain. Tout le monde lévite déjà. Le show ne fait que commencer.


