L’année 2011 a été riche sur le plan musical, tous genres confondus. Écoute donc ça vous offre son premier palmarès annuel des 100 chansons préférées de 2011. Vous reconnaîtrez de nombreux noms, d’autres vous sembleront nouveaux. Tout ce que nous espérons, c’est qu’aucun ne vous laisse indifférent.
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Mes 50 albums préférés de 2011
Nous sommes rendus au mois de décembre. Je prends quelques heures de mon rush interminable pour dresser avec vous la liste des albums qui ont le plus attiré mes oreilles au cours de la dernière année. Comprenons-nous bien : il s’agit de la liste de MES albums préférés. Je n’ai pas le monopole du bon goût, il se peut que vos choix soient différents des miens. On ne se battra pas pour ça, hein?
50. Black Lips – Arabia Mountain
De la guitare, des mélodies accrocheuses, des gueules qui suintent lorsqu’elles ne crient pas, que demander de plus? Arabia Mountain, c’est du rock garage avec une bonne couche de pop sucrée.
N’empêche, après six albums, il serait peut-être temps que le groupe se décide. Tout le talent est là, ne manque que la volonté de sortir du garage.
49. Anna Calvi – Anna Calvi
La Britannique Anna Calvi a su séduire les critiques avec ce premier opus, paru au tout début de l’année. Elle a coproduit l’album avec Ron Ellis, mieux connu pour son travail avec une certaine Polly Jean Harvey. Pas surprenant qu’on compare la jeune artiste à la grande PJ.
La musique de Calvi a un petit côté vieillot qui ne jurerait pas dans un film d’espionnage des années 1960, un genre qui a semblé à la mode toute l’année durant. Calvi a toutefois tiré son épingle du jeu grâce à son interprétation très dramatique de ses chansons. En voilà une qui a un brillant avenir devant elle.
48. Eleanor Friedberger – Last Summer
Si vous connaissez les Fiery Furnaces, le nom d’Eleanor Friedberger vous dit peut-être quelque chose, puisqu’elle forme la moitié du groupe avec son frère Matthew. Last Summer est son premier album solo lancé en juillet dernier. Indie pop impeccable, mélodies originales et actuelles sans toutefois tomber dans une orgie d’artifices inutiles.
Seul regret : l’album est pas mal passé inaperçu.
47. Wye Oak – Civilian
J’ai eu la chance de voir Wye Oak en première partie des Decemberists au tout début de l’année. Le duo nous offre un indie rock atmosphérique pas piqué des vers.
C’est un album difficile, qui demande de nombreuses écoutes si on veut l’apprivoiser. Le groupe gagnerait beaucoup à laisser tomber les instants de grande intensité où on a l’impression qu’ils mettent le volume au maximum. Quand on a du talent, on n’a pas besoin de le cacher derrière un mur. Et Wye Oak a du talent.
46. The Rosebuds – Loud Planes Fly Low
Ivan Howard et Kelly Crisp, le coeur et l’âme des Rosebuds, étaient mariés. Comme un grand nombre de couples mariés au 21e siècle, ils ont fini par divorcer. On aurait pu croire qu’en mettant fin à leur relation conjugale, ils mettraient fin à leur relation professionnelle. Ce ne fut pas le cas et les Rosebuds nous ont offert un album extrêmement intéressant intitulé Loud Planes Fly Low.
Le divorce, la séparation, les reproches, les pots cassés qu’on aimerait bien recoller, tout s’y trouve. Le tout a donné une suite d’excellentes chansons pop qui auraient mérité plus d’efforts de la part de leur compagnie de disque (la même qu’Eleanor Friedberger et Wye Oak, imaginez-vous donc). Que voulez-vous, Merge en a peut-être trop plein les bras avec Arcade Fire… À écouter : Come Visit Me et Woods (vidéoclip ci-dessous).
45. Les Dales Hawerchuk – Le tour du chapeau
Les Dales Hawerchuk n’ont jamais eu peur de faire du gros rock sale et solide. Nos Jeannois mi-grunge, mi-stoner sont toutefois au sommet de leur art avec ce troisième album débordant d’énergie et sentant la caisse de 24.
Olivier Langevin, complice du groupe depuis ses débuts, a réalisé l’album. On vous mentirait si on disait que ça ne paraît pas. À mettre dans une liste de lecture qui comprend du Galaxie.
44. The Dears – Degeneration Street
Ah, les Dears! Le groupe élu, celui qui était supposé mettre l’indie montréalais sur la carte! Murray Lightburn, qu’on a comparé à Morrissey et à Cocker (Jarvis, pas Joe!). Une pop intelligente, de bons albums, dont celui-ci, qui ne méritait certainement pas la critique brutale de la bible des hipsters américains (Pitchfork, qui lui a donné 2,4/10).
Dans Degeneration Street, on reconnaît la recette du groupe : de bonnes mélodies, des riffs accrocheurs, des refrains d’une grande intensité. L’album n’est pas sans défauts, à certains moments, on a envie de passer à la chanson suivante ou, pire, de changer de disque. La patience est toutefois souvent bien récompensée, surtout lorsqu’arrivent des pièces comme Galactic Tides, qui dépassent la simple chanson et qui deviennent presque des hymnes. Omega Dog est une des meilleures ouvertures d’albums cette année. Un album moins inégal aurait valu un meilleur classement à la troupe de Lightburn.
43. Foster the People – Torches
Torches semble avoir été la bande originale d’un grand nombre de publicités cette année. Normal : le groupe sait composer des mélodies extrêmement accrocheuses et entraînantes. Don’t Stop (Color on the Walls) a ensoleillé l’été de beaucoup de monde et Houdini donne envie de danser.
Un autre bon album qui serait mieux classé si ce n’était de ses petites longueurs.
42. Holy Ghost! – Holy Ghost!
La première fois que j’ai entendu cette première offrande de Holy Ghost!, j’ai eu une pensée pour mes amies du secondaire qui s’habillaient chez Original au Coton.
Si vous aimez l’électro-pop des années 1980, cet album doit absolument faire partie de votre collection.
41. Jay Jay Johanson – Spellbound
Après s’être lancé dans l’électro-pop androgyne puis dans les orchestrations beaucoup trop lourdes pour ses chansons, le grand Suédois retourne aux sources et, sans nécessairement retomber dans le trip-hop qui l’a fait connaître à la fin des années 1990, nous montre pourquoi il mérite pleinement son titre de roi de la mélancolie, de maître du spleen et de champion du mal à l’âme.
Entendre Jay Jay Johanson chanter sa tristesse a un effet apaisant. Surtout quand c’est fait aussi sobrement. À (re)découvrir.
40. Gillian Welch – The Harrow and the Harvest
Il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis le dernier album de Gillian Welch. Huit longues années où l’artiste et son complice de toujours, David Rawlings, considéraient qu’ils n’avaient pas de matériel assez satisfaisant pour faire un disque. Cette franchise est louable et on peut dire sans se tromper que l’attente en a valu la peine.
Welch et Rawlings n’ont jamais réinventé la roue et ils ne s’en sont jamais vraiment cachés. Au contraire, il n’y a rien de plus traditionnel dans la démarche des deux artistes. Ce qui n’empêche pas The Harrow and The Harvest d’avoir un son bien à lui. Welch et Rawlings sont dans une forme du tonnerre, leurs voix et leurs instruments se mélangent à la perfection et le rythme, tantôt enjoué, tantôt lent, n’a pas la monotonie des premiers albums. Un beau retour.
39. Slow Club – Paradise
Surprise! Après un album plutôt folk, le duo britannique Slow Club nous revient avec une proposition plus rythmée et complexe qui se laisse apprécier un peu plus à chaque écoute.
Le rythme plus soutenu a son avantage : les ballades sortent vraiment du lot et des pièces comme Never Look Back ou You, Earth or Ash s’apprécient encore mieux. Une belle découverte pour moi cette année.
38. Paper Aeroplanes – We Are Ghosts
Tant qu’à être dans les découvertes… Connaissiez-vous ce duo gallois? Pop simple, douce, parfois un peu mélancolique mais laissant toujours passer un ou deux rayons de soleil, voilà le menu des Paper Aeroplanes.
L’album, qui dure moins de 30 minutes, nous laisse toutefois sur notre appétit. On a hâte au deuxième service!
37. Lady Gaga – Born this Way
Qu’est-ce qu’on peut dire au sujet du troisième album en quatre ans de madame Germanotta? A-t-elle réussi à égaler The Fame, et surtout The Fame Monster (si vous n’avez jamais entendu Bad Romance, vous vivez sous une roche)? M’est d’avis que non, malgré le fait que Born This Way est un très bon album. Écoutez : des tubes, y’en a assez sur ce disque pour refaire la tuyauterie d’un immeuble à logements. Malheureusement, pour faire un bon album, ça ne prend pas que des hits, ça prend aussi une certaine cohésion, un fil conducteur, à la limite une thématique.
Cela dit, Born This Way s’adresse à un certain public qui se fout très probablement de la présence ou non d’un fil conducteur, tant que ça se danse. Sur ce plan, c’est de la bombe.
Sur le plan des vidéoclips aussi, d’ailleurs :
36. Les Breastfeeders – Dans la gueule des jours
Sur cet album, les Breastfeeders ont été fidèles à eux-mêmes en nous offrant un gros rock n’ roll lourd, dynamique et vitaminé, accompagné par des paroles savantes et des jeux de mots recherchés (quelle joie pour un word geek comme moi!).
Attention aux vers d’oreille (Ne perds pas la tête (Marie-Antoinette) et 400 milles) et aux chansons plus pop de Suzie (dont Manteau de froid, un cadeau d’Étienne Charry), dont le côté sucré vient équilibrer le côté claque sur la gueule de Luc!
35. Lucinda Williams – Blessed
Aux USA, Lucinda Williams est une sorte de monument, même si son succès auprès du grand public n’a éclaté qu’en 1998. Quand l’auteure-compositrice-interprète de 58 ans chante, on ferme les yeux et on écoute. Et on se dit, dans le cas de Blessed, qu’on est dans les bas-fonds du country, là où on chante les amours perdus avec une voix rauque qui trahit les lendemains de veille qui ne chantaient pas du tout.
Cet album devrait accompagner toute cuite post-rupture. Avec une bouteille de whisky. Et un paquet d’Export ‘A’ vertes.
34. Dan Mangan – Oh Fortune
Soyons honnêtes : je ne savais pas qui était Dan Mangan il y a encore quelques mois. Cet album a donc constitué pour moi une jolie découverte. L’artiste britanno-colombien a beaucoup de talent, et ça s’entend dès les premières secondes de About as Helpful as You Can Be Without Being Any Help at All.
Rien ne sort véritablement du lot, mais c’est peut-être une des forces de l’album. Il s’écoute bien d’un trait. On reconnaît les références (Neil Young à gauche, Sufjan Stevens à droite, un soupçon de Mumford & Sons au milieu), mais c’est toujours servi de manière très personnelle. Il paraît que le monsieur est charmant en spectacle.
33. Danger Mouse & Daniele Luppi – Rome
Danger Mouse est partout depuis quelques années, et c’est encore plus vrai en 2011! Il a lancé un EP avec Broken Bells, il a produit le petit dernier des Black Keys, et il a enfin lancé son projet de bande originale de film imaginaire avec Daniele Luppi, le très ambitieux Rome, inspiré des western spaghetti italiens.
Ambitieux, vous dites? Pour l’occasion, il a procédé à la réunion du choeur Cantori Moderni, qui chantait sur Le bon, la brute et le truand. Jack White et Norah Jones prêtent également leur voix.
L’album n’est pas parfait (il n’est quand même pas facile de faire une bande sonore pour un film qui n’existe pas), mais des pièces comme Season’s Trees et Black, auxquelles Norah Jones prête sa voix, sont juste trop cool pour être ignorées.
32. Tristen – Charlatans at the Garden Gate
Vous avez besoin d’oublier vous soucis quelques minutes? La pop de Tristen Gaspadarek, qu’elle qualifie elle-même de traditionaliste, est un remède efficace.
Charlatans at the Garden Gate est un album rempli de mélodies accrocheuses, de rythmes efficaces, d’harmonies bien orchestrées; on trouve souvent les trois dans les chansons. C’est propre, propre, propre, c’est tout le temps cheery-happy-go-lucky même quand c’est triste; si cet album était une personne, elle nous taperait sur les nerfs. Mais pour un petit coup de pied au derrière en faisant la vaisselle, la musique qui s’y trouve est parfaite.
31. Smith Westerns – Dye it Blonde
Quoi? Vous ne vous souveniez plus des Smith Westerns, qui avaient mis tout le monde sur le derrière au début de l’année avec cet album indie rock juste assez sucré pour être comparé aux Beatles? Vous ne vous souvenez plus des critiques dithyrambiques, des 9,5/10 donnés avec enthousiasme par toute la planète hipster?
C’est le problème avec les albums sortis en janvier. On les oublie. Pourtant, Dye it Blonde est une bonne offrande rock n’ roll et montre les signes d’un groupe qui sort du garage tranquillement pas vite : un ensemble de chansons accrocheuses aux riffs efficaces produites avec les coins un peu ronds. Maintenant, si quelqu’un pouvait arracher le bouton reverb de la console pour le prochain album, ça serait parfait.
30. Monogrenade – Tantale
Oubliez le fait que Monogrenade sonne parfois comme une version plus électro de Karkwa. Le groupe nous offre tout un premier long-jeu, ici. Pop planante, mélange d’acoustique, d’électrique et d’électronique, l’univers de Monogrenade est un vaste terrain de jeu pour les oreilles, qui ne peuvent que se réjouir de ces instrumentations riches et soignées. D’ailleurs, c’est très, très léché, au point de manquer parfois de spontanéité.
Ne soyez pas surpris si vous voyez un jour que Monogrenade joue les radios universitaires américaines, comme Karkwa et Malajube. Enlevez l’étiquette « francophone » à Tantale. C’est un bon album tout court.
29. Keren Ann – 101
Le sixième album de l’artiste israélo-hollando-française – son quatrième en anglais – ratisse large : folk, pop bonbon, accents plus indie, chansons plus joyeuses, airs plus sombres, etc. Ça donne une collection plus ou moins décousue de chansons, mais celles-ci sont toutes des propositions intéressantes en soi et montre la grande polyvalence de l’auteure-compositrice-interprète.
Au bout du compte, on se rend compte que les 41 minutes que dure l’album se sont écoulées très rapidement. Strange Weather est une des plus belles pièces de l’artiste, surtout en spectacle.
28. Cut Copy – Zonoscope
Un deuxième album fort attendu pour ces Australiens friands d’électro-pop qui nous avaient offert les chansons Feel the Love et Hearts on Fire. Eh bien, les attentes sont récompensées dès les premières mesures de Need You Now, qui constitue une ouverture magistrale de plus de six minutes à Zonoscope. Même si les synthés se font encore énormément sentir, on peut sentir une touche beaucoup plus humaine sur des chansons comme Take me Over et Where I’m Going (une vraie chanson pop d’aréna, avec ses YEAH! YEAH! YEAH!).
À surveiller : la dernière chanson de l’album, Sun God, qui dure 15 minutes bien sonnées, et qui vaut le détour. Une bonne toune de 15 minutes? Ça n’arrive plus souvent!
27. Beirut – The Rip Tide
C’était, pour moi, une découverte. Je l’avoue. J’ai beaucoup apprécié cet heureux mélange d’indie et de folk balkanais privilégié par Zach Condon et sa bande. The Rip Tide est une question d’équilibre : le son joyeux du ukulele avec la mélancolie des cuivres; la touche de synthé qui va se marier aux instruments à vent. Le Nouveau-Mexique qui se marie avec la Serbie.
À écouter sur le bord de la plage, lors de votre prochain voyage dans le Sud.
26. Austra – Feel it Break
Quand j’ai entendu la première pièce de l’album, Darken Her Horse, je me suis tout de suite demandé si j’avais affaire à une version électronique de la fille d’Evanescence. Tsé, là, chose bine… me souviens plus de son nom. Finalement, non, il s’agissait d’Austra, combo torontois dont l’album s’est retrouvé parmi les finalistes au prix Polaris 2011!
Qu’est-ce qu’on trouve sur Feel it Break? Eh bien, on y trouve le genre d’électro-pop sombre et glacial qui faisait la joie des jeunes alternos (avant qu’on ne les appelle gothiques) de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Ça donne le goût de danser devant des murs de pierre ou des miroirs à la Fourmi atomik!
25. Who Are You? – Breizh
Oh, wow! Pour un premier album, c’est du solide! Il faut dire que le morceau d’ouverture, All Lights On, est du bonbon pour les oreilles… un rock atmosphérique et planant qui, faute de pécher par excès d’originalité, est d’une efficacité incroyable. Si jamais je fais une liste de chansons préférées pour 2011, soyez certains que la chanson y sera.
La suite, tantôt rock, tantôt folk, souvent en anglais, parfois en français, est livrée avec aplomb. Parenthèse : il est drôle de voir les nuances dans le jeu du groupe selon la langue utilisée. Seul bémol : le fort accent de Josué Beaucage peut parfois être irritant. Rien qui ne se corrige pas avec un peu de pratique.
Le spectacle du groupe a été un de mes coups de coeur du Festival d’été. Les gars sont déjà très à l’aise après un seul album. Ils ont trouvé leur son, leur voie. Les prochaines années semblent prometteuses pour Who Are You.
24. Cults – Cults
Vous savez ce qu’on a eu en quantité industrielle en 2011? Des duos mixtes qui font dans la pop bonbon des années 1960. Vous savez qui s’est démarqué du lot? Cults. Leur pop bonbon est absolument irrésistible et donne autant envie de danser deux par deux que de traverser le continent en décapotable.
On apprécie surtout cette touche subtile de modernisme apportée à leurs pièces sorties tout droit des sixties. À écouter si vous avez besoin de soleil.
23. Los Campesinos! – Hello Sadness
Comment définir cette bande de joyeux drilles britanniques? On peut aisément dire que c’est un groupe qui joue à fond la caisse et pour qui une rupture amoureuse équivaut littéralement à la mort (imaginez combien de fois Gareth Campesino peut mourir dans un album…). C’est de la pop indé old school, les tripes sur le plancher et le coeur brisé. C’est triste, c’est sombre, et pourtant, la meilleure chanson de l’album est un hymne presque joyeux (la sublime By Your Hands).
C’est un peu déprimant, mais c’est très efficace. À découvrir.
22. M83 – Hurry Up, We’re Dreaming
C’est pas compliqué, avec cet album double de presque 80 minutes, le français Anthony Gonzalez (M83) vient de devenir une star. Lui qui voulait réaliser une oeuvre aussi ambitieuse que Mellon Collie and the Infinite Sadness, des Smashing Pumpkins, voilà que c’est fait. OK. On est plutôt dans l’électro, la synthpop, l’ambient, mais viennent se joindre à ces musiques synthétiques des instruments plus acoustiques (guitare, saxophone).
Hurry Up, We’re Dreaming est un long voyage qui n’est pas toujours facile à faire d’un seul coup. Normal. Comme l’album qu’il vise à émuler, il est difficile de le diriger au complet du premier coup, surtout que les expériences sont des plus variées. Mais comme Mellon Collie, après quelques écoutes attentives, on saisit le fil conducteur de la proposition et on se laisse bercer par la musique jusqu’à bon port.
21. The Weeknd – House of Balloons
Quoi? Du R&B? Oui, monsieur. Mais c’est pas n’importe quoi! Le Torontois Abel Tesfaye, mieux connu sous le nom de The Weeknd, nous a offert cette proposition vraiment surprenante, gratuitement, sur son site Web.
On est loin de la R&B bonbon qu’on nous offre la plupart du temps à la radio. The Weeknd, c’est du sexe dur, des drogues dures et un mal de vivre très profond. C’est troublant, c’est dur, mais on s’en fout. On en devient vite dépendant.
20. Adele – 21
Quand j’entends Rolling in the Deep ou Someone Like You aujourd’hui, je fais de l’urticaire. Normal. On a juste TROP entendu Adele cette année.
Si on l’a trop entendue, y’a quand même ben une raison : 21 est un sapré bon album, Adele chante ses états d’âme comme pas une et Rolling in the Deep est une saprée bonne toune (qu’on a juste trop entendue). Oui, les mélodies sont convenues, non, Adele ne réinvente rien, mais l’auteure-compositrice-interprète réussit à attirer et à retenir notre attention avec sa voix unique et son intensité. Si vous ne l’avez jamais entendue, voici votre chance. Cette voix, c’est de l’or.
19. Givers – In Light
Givers, c’est un groupe de jeunes musiciens indie pop comme tant d’autres. Euh… en fait, pas vraiment! Cette bande de jeunes Louisianais compose des chansons vitaminées, pleines de soleil, et leur pop est tapissée d’influences africaines. Les amateurs de jeux vidéo ont probablement entendu Up, Up, Up!, qu’on peut entendre sur FIFA ’12.
Si des pièces comme Noche Nada constituent la voie de l’avenir dans le merveilleux monde de la pop indé (où rien n’est unique trop longtemps), préparez-vous, on va danser au cours des prochaines années!
18. Emilie Clepper – What You See
À moitié Texane, à moitié fille de Québec, Emilie Clepper nous offre un deuxième album aux accents folk, qui se déguste seul avec ou un bon fauteuil. La folk de mademoiselle Clepper n’invente peut-être rien, on ne lui a justement pas demandé de réinventer le bouton à quatre trous. Ses chansons respectent parfaitement les règles du genre, sa voix grave, mais juste, rappelle un peu celle d’une Julia Stone en pleine possession de ses moyens, ses musiciens (dont l’omniprésent José Major – est-ce que ce gars-là fait autre chose que jouer de la batterie, des fois?) sont irréprochables, l’enregistrement est d’une qualité impeccable.
Il y eu de meilleurs albums dans le genre cette année, mais les pièces de What You See ont une avantage sur bien d’autres : elles ne suivent pas une mode quelconque qui va mourir l’année prochaine. Emilie Clepper est là pour rester. Et c’est tant mieux.
17. Destroyer – Kaputt
Comment décrire la musique de Dan Bejar (Destroyer)? Soft rock teintée de jazz qui rappelle un peu Sade (la chanteuse, pas l’écrivain), en plus atmosphérique? Effet d’écho omniprésent, jusque dans les trompettes et les saxophones?
Ça vous semble monotone? Détrompez-vous! La musique de Kaputt est d’une grande richesse et elle est assez complexe pour que nos oreilles aient quelque chose de neuf à se mettre sous le tympan après de nombreuses écoutes. Les plus courageux deviendront des inconditionnels.
16. Bon Iver – Bon Iver
Tout d’abord, un petit éclaircissement : Regardez en haut, le titre de l’article. Mes 50 albums préférés. Cet album est peut-être le meilleur de l’année, je ne suis pas en mesure de le juger, du moins, je ne crois pas l’être. Ce que je sais, par contre, c’est que je lui ai préféré quinze albums. Mais entre vous et moi, si j’ai été capable de faire un top 50 et de me permettre d’ignorer quelques bons albums en cours de route, être au 16e rang de ma liste, ça avoisine le coup de coeur. Pas besoin de m’envoyer de menaces. Merci. 😉
Maintenant que c’est dit : Justin Vernon a enregistré un album majeur, qui fera vraisemblablement école. La pièce Holocene est un chef-d’oeuvre nominée aux Grammys. Il règne sur cet album une ambiance incroyable : on sent la neige, le froid, le vent, l’obscurité. Les orchestrations frisent la perfection. Et la voix aiguë de Vernon, si unique, semble celle d’un ange.
Malgré toutes ses qualités, Bon Iver est un album difficile et il ne s’écoute facilement pas d’une oreille en faisant autre chose. Écouter cet album demande d’y investir de l’énergie. Parfois un peu trop. En échange, vous aurez toutes sortes d’émotions. C’est un fichu de bon deal.
15. Malajube – La caverne
Après un troisième album beaucoup plus sombre que ceux qui l’ont fait connaître, Malajube était de retour avec La caverne, un excellent album de musique pop qui constitue, à mon avis, le meilleur travail de ce groupe parfois un peu trop brouillon.
D’entrée de jeu, on n’aime pas Malajube pour son propos. Cessez de vous plaindre. Julien Mineau fredonnerait et ferait des fa la la qu’on ne verrait aucune différence. Une fois qu’on en est conscient, on se concentre sur la musique et là, magie! Synesthésie marque le ton avec son groove enjoué, sa mélodie qui donne envie de hocher la tête et son riff simple, mais efficace. Que ce soit dans leurs chansons rock ou groovy, ou même dans leurs balades, les gars de Malajube ont réussi à atteindre un équilibre et ils ont endisqué un album dont on se souviendra plus tard, même si présentement, on a tendance à le sous-estimer.
14. Dawes – Nothing is Wrong
Avec les Dawes, on ne se casse pas la tête : What you see is what you get. Du bon vieux rock aux accents country, des guitares solides, des mélodies accrocheuses et des harmonies qui fendent l’âme.
Si vous connaissez quelqu’un qui n’aime pas le country, voici l’album parfait pour lui montrer que ce genre musical ne se limite pas à Willy Lamothe et à Shania Twain. On est loin du quétaine, c’est extrêmement accessible sans être racoleur et ça s’écoute à petite comme à forte dose.
Un de mes albums pour le boulot.
13. We are enfant terrible – Explicit Pictures
We are QUOI? À première vue, on se demande qui est cette bande d’extra-terrestres. On lit un peu, on apprend qu’il s’agit d’un groupe français composé d’une chanteuse et de musiciens qui aiment bien programmer leur musique sur des appareils 8 bits (traduction : c’est un peu comme s’ils faisaient leur musique sur un vieux Nintendo ou un Commodore 64). En passant, oui, ils se servent aussi de vrais instruments. Puis on entend les premières mesures de Make You Laugh et on dit wow, on va continuer l’écoute… On se surprend à taper du pied sur Filthy Love, une pièce vachement subversive qui en aurait fait danser plus d’un lors de leur visite au Cercle, semble-t-il.
Ça continue comme ça jusqu’à la fin. La chanteuse, Clo, nous ensorcelle avec l’aide de ses deux complices, qui ont concocté ainsi 45 minutes de rythmes endiablés et de musique qui donne envie de s’éclater. Non, ils ne sont pas les premiers, ils ne sont pas les derniers non plus. Mais un peu comme les Dawes ci-dessus, We are enfant terrible est… terriblement efficace. On écoute une nouvelle fois?
Vous m’excuserez, j’ai envie de danser la fin de Sick Crooner!
12. Mara Tremblay – Mara Tremblay
J’ai hésité un peu avant de mettre cet album dans ma liste. Il s’agit après tout d’un album de reprises. Mais ces reprises sont plus souvent qu’autrement une relecture complète de ses plus belles pièces. On appréciera la version beaucoup moins naïve du Bateau, les guitares beaucoup plus lourdes dans Elvis, la beauté toute dénudée du Printemps des amants en piano-voix, ainsi que la version encore plus country de Douce lueur.
Plus que jamais, on sent la douleur dans Le teint de Linda, qui perd de sa désinvolture, mais gagne en bobos. Et on a envie de tout sacrer là pour la retrouver quand elle nous susurre dans l’oreille Tu n’es pas libre.
Voici votre chance de faire plus ample connaissance avec Mara Tremblay, une des auteures-compositrices-interprètes les plus accomplies du Québec.
11. Salomé Leclerc – Sous les arbres
Ça fait un bout qu’on nous avertit : cette jeune femme risque de marquer le paysage musical québécois! Après avoir attiré l’attention à quelques concours musicaux, Salomé Leclerc est retournée sur les bancs d’école, question de parfaire son art. Puis, contrat de disque en poche, elle est partie en France enregistrer son album, réalisé par une certaine Emily Loizeau.
Le résultat? Une étonnante maturité pour un premier album, aux accents très folk. On voit que Salomé a préparé cet album attentivement, dans les moindres détails. Les arrangements, parfois riches et complexes (par exemple, dans la pièce titre), ne prennent jamais trop de place et mettent l’artiste, qui a une voix parfaite pour le genre de musique préconisé, en valeur.
Lorsque j’ai fait ma critique de l’album, je lui avais accordé un 7/10 sans rien dire de négatif. Je suppose qu’à l’époque, je croyais que j’oublierais rapidement cet album. Je dois avouer qu’aujourd’hui, je ne suis plus tout à fait d’accord avec cette note : à force d’écouter le disque, j’ai appris à en apprécier toutes ses facettes, en particulier les textes. Ça prend un talent certain pour composer une aussi belle chanson que Garde-moi collée, qui nous prend vraiment aux tripes.
10. Iron & Wine – Kiss Each Other Clean
La première fois que j’ai entendu parler de Samuel Beam (Iron & Wine), c’était cette année, lorsque Kiss Each Other Clean est apparu sur iTunes. Il s’agit de son quatrième album et si ses trois précédents lui sont supérieurs, eh ben, j’ai manqué trois chefs-d’oeuvre.
L’album est truffé de compositions pop originales, d’inspiration très Sud des États-Unis (Beam vit au Texas). Beam a dit vouloir créer un album qui rappellerait les cassettes des parents, qui jouaient dans la radio d’auto du paternel pendant un voyage en voiture. Sur ce plan, c’est très réussi : on voyage beaucoup et on évite les écueils que les albums du genre connaissent souvent : on n’a pas l’impression d’entendre constamment la même chanson.
Excellente leçon de pop.
9. The Decemberists – The King is Dead
Collin Melloy et sa bande ne l’ont pas eue facile avec leur album précédent, The Hazards of Love, rejeté par la critique et les fans parçe qu’il était trop lourd et complexe. Il est vrai que cet album-concept était difficile d’approche. Melloy s’est arrangé pour qu’on ne l’y reprenne plus en lançant un album composé de 10 chansons indie folk qui sentent plus que jamais les terres du Sud.
Lorsqu’on est habitué aux longues histoires à boire des Descemberists, les petites ritournelles pop ont de quoi déconcerter. Cependant, une fois la surprise passée, on se retrouve avec une proposition des plus attachantes. Pour tous les goûts.
8. St. Vincent – Strange Mercy
Annie Clark est une sorcière. À moins qu’elle ne soit folle. D’une manière ou d’une autre, Strange Mercy est un album envoutant, tel un sort, qui nous plonge tout droit dans l’univers étrange de St. Vincent. Les arrangements sont juste assez complexes pour offrir un peu de défi aux oreilles, mais ils ne sont pas distrayants. Les riffs particuliers de Clark côtoient les synthés en plusieurs couches et la voix de l’artiste est tantôt douce, tantôt tel un cri de désespoir.
Dans une année où tout était plutôt facile à catégoriser, Strange Mercy est une bouffée d’air frais qui montre qu’il reste encore des artistes qui tentent de se démarquer. St. Vincent fait partie de ce lot.
7. The Black Keys – El Camino
Lorsqu’ils sont venus au Festival d’été de Québec en 2010, j’avais dit à la blague que les Black Keys étaient tellement old school qu’ils étaient incapables de se contenter d’effets pyrotechniques normaux, que c’était la foudre ou rien. Même si on sent la main de Danger Mouse (qui a coréalisé l’album) un peu partout, ce qui donne une touche un peu plus moderne aux chansons blues-rock du duo d’Akron, on demeure dans un blues-rock vachement efficace qui ne souffre d’aucun complexe avec les classiques du genre.
Dan Auerbach et Patrick Carney nous ont donc offert un autre album sans prétention autre que celle de nous faire passer un excellent 40 minutes et sur ce plan, c’est tout à fait réussi. El Camino est une trop rare occasion de crier haut et fort : « Ça, c’est du rock! »
6. PJ Harvey – Let England Shake
On connait surtout Polly Jean Harvey pour son côté rock. Cette fois-ci, elle nous a offert un album de chansons aux mélodies toutes accrocheuses, aux textes mélancoliques (la guerre, la guerre) et à la douleur de vivre dans un pays constamment en guerre.
On appréciera tout particulièrement les mélodies de cet album, qui sont composées d’arrangements sublimes et permettent à Harvey de lancer son cri du coeur.
Un des meilleurs albums de la carrière d’une grande artiste au sommet de son art.
5. Galaxie – Tigre et diesel
Que dire sur cet album qui n’a pas déjà été dit? Que c’est, de très, très, très loin, le meilleur album francophone de l’année, même si les Français risquent de rien piger à l’accent bleuet d’Olivier Langevin? Que Langevin a réussi à pousser encore plus loin un son qui était sa marque de commerce en ajoutant une touche féminine à ses compositions très viriles? Que les pièces sont encore meilleures en spectacle (mais ça, on s’en doutait)? Que les musiciens qui accompagnent Olivier Langevin apportent tous une touche indispensable à l’album? Que Fred Fortin semble avoir un grand plaisir à jouer les seconds violons?
À sacrer dans votre collection au plus vite. Ça presse.
4. Portugal. The Man – In the Mountain, In the Cloud
Je me demande encore comment cet album est passé sous le radar de tant de monde. Ce n’est pas comme si le groupe était sur un label obscur, il est sur Atlantic! Portugal. The Man, c’est un groupe originaire de Wasilia, en Alaska (si cet endroit vous dit quelque chose, c’est normal : c’est aussi de là que vient l’étoile filante de la politique américaine Sarah Palin) qui a un faible pour le rock plutôt psychédélique et les parutions d’albums annuelles. Yep. Si ça continue de même, ils vont être les Woody Allen de l’indie.
Leur sixième album en six ans, In the Mountain, In the Cloud, est vraiment une grande oeuvre. Tout y est plus grand que nature, comme la terre d’origine du groupe et ce, dès les premières notes de So American, qui en plus de donner le vertige, impose le rythme au reste de l’album. Les 40 minutes qui vont suivre suivent le même traitement : des orchestrations brillantes qui transforment ces pièces en hymnes taillés sur mesure pour être chantés au beau milieu d’un stade ou d’un autre grand amphithéâtre d’envergure. Sleep Forever est une fermeture sublime qui rend parfaitement le mot « épique ».
C’est LA découverte de l’année, du début à la fin de l’album.
3. My Morning Jacket – Circuital
My Morning Jacket a passé les dernières années à repousser les frontières du country-rock, à un point tel que certains les appellent les Pink Floyd du Kentucky. Enregistré dans un gymnase attenant à une église de leur ville natale (Louisville), Circuital représente en quelque sorte l’aboutissement de ces années d’expérimentation. Jamais vraiment country, jamais résolument indie, l’album a un son qui lui est propre tout en demeurant extrêmement accessible. Même la très longue Circuital (la pièce-titre), malgré ses sept minutes, s’écoute aisément.
Quand elle est en forme, la bande à Jim James fait un boulot impeccable. Sur Circuital, My Morning Jacket est dans la forme de sa vie.
2. Wilco – The Whole Love
Après un album éponyme extrêmement classique dans sa forme, Wilco offre un plat substantiel à ses fans avec The Whole Love, oeuvre majeure qui ira rejoindre Yankee Hotel Foxtrot comme meilleur album du groupe.
Beaucoup moins country que sur Wilco (The Album), le groupe a composé une douzaine de pièces, allant de la ballade folk de 12 minutes (sublime One Sunday Morning) au rock progressif (Art of Almost, pièce d’ouverture efficace offrant un des solos de guitare les plus endiablés de l’année), tout ça en passant par l’indie pop (Dawned on Me) et le rock un peu glam sur les bords (Standing).
Même trois mois après sa sortie, on ne se lasse pas d’écouter The Whole Love.
1. Feist – Metals
S’il y avait un album que j’attendais cet automne, c’est bien ce quatrième album de Feist, dont les vignettes sur le site de l’auteure-compositrice-interprète promettaient quelque chose de très intéressant. Mes attentes étaient peut-être même un brin exagérées. Cependant, ceux qui ont lu ma critique de l’album sur ce site savent à quel point cette réunion entre l’envoûtante Leslie et moi a été agréable. Le spectacle du 6 décembre dernier (cette liste était déjà coulée dans le béton) n’a qu’ajouté à mon grand amour pour cet album.
Sur Metals, Leslie Feist a décidé de s’éloigner un peu de la pop un peu fofolle (et irrésistible, il faut le dire) qui l’avait fait connaître. Vous ne trouverez pas de 1234, ni d’Inside and Out sur cet album. Vous aurez toutefois la chance d’entendre quelques-unes des plus belles chansons folk-pop de l’année, composées et interprétées par une artiste qui a décidé de ne faire aucun compromis, pour l’amour de l’art qu’elle pratique. La voix douce et aérienne de Feist se marie à merveille avec les choeurs de Mountain Man, qui ajoute une profondeur incroyable à des chansons qui n’en manquaient déjà pas. Les arrangements sont sublimes et ne volent jamais la vedette.
Certaines pièces donnent tout simplement la chair de poule en raison de leur charge émotive (Graveyard, Caught a Light Wind, Comfort Me). D’autres chansons sont des oasis de calme et de sérénité (Cicadas and Gulls) sans être plates pour autant.
Feist ne se fera probablement pas de nouveaux fans avec cet album. Elle pourrait peut-être même en perdre quelques-uns en cours de route, dont ceux qui étaient là pour les morceaux plus pop (et ils sont nombreux). Je crois que Leslie Feist s’en fout un peu. C’est en plein le genre de personnes qui crie « Qui m’aime me suive! » sur tout les toits tout en se disant « pis les autres, ben tant pis pour eux. » Oui, tant pis pour eux. Passer à côté de tant de beauté.
Pfffft.
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D’autre vieux stock en attendant…
Un moment donné, je vais me décider à baladodiffuser… 😉
[8tracks url= »http://8tracks.com/ecoutedoncca/musique-a-ecouter-en-pyjama-avec-un-chocolat-chaud »]
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Non, je ne suis pas mort!
Bonjour tout le monde,
Juste un petit message pour vous dire que le blogue n’est pas mort. Je manque un peu de temps depuis un mois, mais le calme devrait revenir au cours des prochains jours…
Il y a tant d’excellents albums! 🙂
En attendant, pourquoi pas un petit mix?
[8tracks url= »http://8tracks.com/ecoutedoncca/musique-pour-endurer-un-mal-de-dents »]
À bientôt!
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Critique : Salomé Leclerc « Sous les arbres »
Disons-le sans détour : Il y a beaucoup de PJ Harvey et de Cat Power dans les chansons de Salomé Leclerc. Ce ne sont pas les seules influences qu’on retrouve sur Sous les arbres, le premier album de l’auteure-compositrice-interprète de 25 ans, mais elles sont très frappantes (l’ouverture, la très jolie Partir ensemble, est un exemple probant). Dommage qu’on ait senti le besoin d’enrober ces influences d’un vernis propret qui fait perdre en sincérité tous les gains en accessibilité.
Enregistré en France et réalisé par l’artiste française Emily Loizeau, Sous les arbres est un album folk mélancolique très conventionnel qui ne réinvente pas la roue, mais qui a le mérite d’être en français. D’ailleurs, la plume de Leclerc, sans être des plus mémorables, est tout à fait adéquate. La jeune femme sait écrire, elle maîtrise sa langue et elle a tout le temps devant elle pour peaufiner son art. Quant à la musique, il n’y a absolument rien à redire : les arrangements (de Leclerc elle-même) sont superbes et font la part belle à l’artiste, les mélodies, quoique parfois un peu trop grises, retiennent notre attention.
Quelques chansons sortent du lot : la pièce titre, Sous les arbres, qui est mélancolique à souhait, Love, naïve, Love, véritable cri du coeur, et Tourne encore, qui est probablement la chanson la plus légère et pop de l’album.
En résumé, Sous les arbres est un premier jalon pour Salomé Leclerc. Après quatre années à peaufiner son art, elle nous offre une oeuvre aboutie qui rend justice à son grand talent. Les attentes seront très, très élevées pour son deuxième album.
En attendant, savourons celui-ci. Richard Séguin va ENFIN avoir de la concurrence dans la catégorie folk au gala de l’ADISQ 2012! 😉
[youtube http://www.youtube.com/watch?v=Kt6TRmesFxk]Salomé Leclerc « Sous les arbres » (Audiogram)
On donne :
(7/10)
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Critique : Wilco « The Whole Love »
Exception faite des galettes de St. Vincent (déjà disponible) et Feist, peu de disques sont aussi attendus cet automne que le huitième disque de Wilco, The Whole Love, qui sera sur les tablettes de tous les bons (et moins bons) magasins dès le 27 septembre. J’ai profité du fait que le groupe l’a mis en diffusion sur son site Web pendant le week-end de la Fête du travail pour l’écouter en boucle.
L’attente en vaut vraiment la peine. Ce n’est pas un Yankee Hotel Foxtrot (leur grande oeuvre, qui a failli ne jamais voir le jour), mais en s’éloignant de la pop adulte très conventionnelle des deux derniers albums, le groupe nous offre matière à de nombreuses écoutes et réflexions, tant sur le plan des paroles que de la musique.
Ceux qui sont entrés dans le train avec Wilco (The Album) risquent d’être un brin déroutés par la première chanson de l’album, Art of Almost, qui marque le ton d’une manière très éloquente : oui, la chanson commence tout en douceur et s’écoute presque en fermant les yeux, mais au cours des sept minutes qui suivent, elle progresse pour se terminer par un solo de guitare endiablé qui montre que Nels Cline (qui n’était pas là à l’époque de YHF) a décidé qu’il avait autant envie de rocker que de jouer du country.
La pièce titre, qui suit, est justement une chanson country-folk des plus typiques. Et on se promène, comme ça, d’un genre à l’autre, tout en ne perdant jamais son identité, tout en demeurant près de ses racines, mais en continuant d’explorer et d’innover. On a parfois l’impression d’entendre Pink Floyd avec des chapeaux de cow-boy! Ou Dylan en quadriphonie!
Côté paroles, Jeff Tweedy est un auteur accompli, qui a parcouru énormément de chemin depuis Uncle Tupelo. L’americana au sens large demeure un genre qui donne énormément de place aux paroles. Tweedy n’est peut-être pas, à mon avis, un conteur aussi talentueux qu’un M. Ward, mais quand on écoute du Wilco, on a envie d’écouter les paroles, d’entendre la petite histoire qui nous est racontée. One Sunday Morning, qui dure 12 minutes (oui, j’ai bien écrit douze minutes, ce n’était pas une faute de frappe), est une superbe ballade (au sens poétique du terme), que la musique agrémente de façon majestueuse. À elle seule, cette pièce vaut le détour. Elle va faire école.
Je pourrais parler de chacune des pièces de l’album et vous donner tout autant de raisons différentes de l’aimer. Il suffit pourtant de dire The Whole Love fait partie des excellents disques de l’année, avec les Let England Shake de PJ Harvey et In the Mountain, In the Could de Portugal. The Man. Est-ce un nouveau chef-d’oeuvre pour la troupe de Chicago? Seul le temps nous le dira, mais on peut déjà dire que quelques chansons, elles, nous marqueront encore longtemps.
Dire qu’ils étaient à Montréal hier…
Wilco – « The Whole Love » (dBpm Records) – en vente le 27 septembre
On donne :
(9/10)
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Critique : St. Vincent « Strange Mercy »
En seulement deux albums, Annie Clark, mieux connue sous le nom de St. Vincent, a réussi à se constituer un public fidèle grâce à son esprit tordu, une écriture originale et des mélodies facilement reconnaissables. La musique de St. Vincent se trouve à un carrefour où se croisent le folk, l’électronique, la pop et l’indie rock et le mélange est heureux, bien qu’il ne soit pas accessible à toutes les oreilles dès la première écoute.
Strange Mercy, le troisième album enregistré par Clark, était fort attendu, c’est le moins qu’on puisse dire. Et disons-le tout de suite, cette attente n’aura pas été vaine. Cet album est de loin le plus réussi de la jeune auteure-compositeure-interprète jusqu’à maintenant, et on dirait que le meilleur reste encore à venir. Clark mélange toujours la distorsion de sa guitare avec sa voix éthérée, elle chante toujours des airs uniques qui semblent pourtant si naturels, mais on ne se contente plus d’écouter poliment et d’intellectualiser chaque chanson, on hoche la tête, on tape du pied, on fait du air guitar (les occasions ne manquent pas).
Vous avez probablement déjà entendu les deux premiers extraits, soit Surgeon et Cruel. Ces deux titres promettaient, et le vidéoclip de Cruel est superbe. Eh bien voilà, ça continue : Cheerleader est un regard sur le passé trouble de l’artiste, Northern Lights a été enregistrée « dans le piton », Champagne Year, au contraire, est toute en subtilité et en douceur.[mp3j track= »St. Vincent – Cruel@02-Cruel.mp3″ flip=y]
Après quelques pièces plus tranquilles, le disque finit en lion avec Dilettante, aux guitares funkées sur fond de ballade, Hysterical Strength, qui va sûrement se mériter quelques remix, et Year of the Tiger, qui termine l’album avec une touche orientale.
Strange Mercy ne plaira pas à tout le monde. St. Vincent n’entre dans aucun moule précis et ça peut en déconcerter quelques-uns. Tant pis pour eux. On l’oublie souvent, mais la musique, c’est plus qu’un divertissement. C’est un art. Annie Clark est une artiste.
Une artiste qui ne manque pas de talent, ni de créativité. Elle va être là encore longtemps.
St. Vincent – « Strange Mercy » (4AD) En vente le 13 septembre.
On donne :
8/10
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Critique : Artistes variés « Muppets: The Green Album »
Pour faire différent, je vais vous parler d’un disque sur lequel figurent des artistes connus qui reprennent des chansons connues d’une émission de télévision archi-connue en vue de faire la promotion d’un film attendu produit par un des plus gros studios de cinéma au monde! Ça va faire changement de l’indé!
Reconnaissez-vous cette grenouille? C’est la grenouille la plus célèbre du monde! Bien entendu, je parle de Kermit, la grenouille qui a fait connaître le Muppet Show à la fin des années 1970. Pour les 4 ou 5 personnes qui ne connaîtraient pas, le Muppet Show était un théâtre de marionnettes destiné tant aux enfants qu’aux adultes. C’était drôle, c’était absurde et les personnages étaient attachants. Surtout, comme l’émission était montée de la même manière qu’un spectacle de cabaret, il y avait souvent des chansons.[mp3j track= »Sondre Lerche – Mr. Bassman@07-Mr.-Bassman.mp3″ flip=y]
Après la mort de Jim Henson, les droits ont fini par tomber dans les mains de Disney. La société californienne en profitera cet automne pour lancer un film dont les Muppets seront les vedettes. Pour nous faire patienter, on nous donne ce petit bonbon, un album de reprises enregistrées par des artistes et des groupes couvrant pas mal tous les horizons du rock d’aujourd’hui tels que OK Go, Weezer, Hayley Williams (Paramore), The Fray, My Morning Jacket, Alkaline Trio, Amy Lee (Evanescence), Sondre Lerche, the Airborne Toxic Event, Brandon Saller (Atreyu), Billy Martin (Good Charlotte), Andrew Bird, Matt Nathanson et Rachael Yamagata.
Oui, ça râtisse large de même! Cependant, personne ne subit un mauvais casting. J’ai beau ne pas être un grand fan de OK Go, leur relecture de la chanson thème du Muppet Show est tout à fait réussie. D’ailleurs, le vidéoclip qui accompagne la chanson est fichtrement bien réussi, lui aussi, et capte bien le côté un peu fou de l’émission.
De même, l’idée de réunir Weezer et Hayley Williams (la chanteuse de Paramore, les jeunes!) pour chanter Rainbow Connection était excellente. Les voix de Rivers Cuomo et de Williams se marient à merveille. Quant à The Fray, qui reprend Manah Manah, on voudrait bien leur reprocher leur manque d’originalité, mais leur interprétation de ce grand classique (qui comprend les éloignements et les rapprochements du micro) est d’une précision d’horlogerie. Après les trois accords obligatoires d’Alkaline Trio, c’est au tour de My Morning Jacket de s’amuser avec Our World. Jim James et sa bande se sont littéralement réapproprié la chanson, qui n’aurait pas détonné sur leur plus récent album, Circuital.
Amy Lee (oui, oui, la pseudo-gothique d’Evanescence) suit avec une version tout en douceur de Halfway Down the Stars. Sondre Lerche nous offre une version de Mr. Basseman qui fait disparaître les nuages et apparaître le soleil. Chose certaine, on tape du pied et après quelques écoutes, on accompagne Lerche dans ses bam-bam-bam-boom! C’est le meilleur moment de l’album, surtout qu’il est suivi par un autre moment fort, soit l’excellente Wishing Song de The Airborne Toxic Event. Trop courte.
Brandon Saller et Billy Martin, d’Atreyu et Good Charlotte respectivement, reprennent Night Life en rockant virilement. Pour fans finis seulement. Ensuite, Andrew Bird réussit à nous tirer une larme avec Being Green, une chanson sur les inconvénients de la verdeur. Pour fermer la marche, soulignons la très piano-voix I Hope That Somethin’ Better Comes Along par Matt Nathanson, et I’m Going To Go Back There Someday, par Rachael Yamagata.
Rien ne sert de parler de cohésion, de fil conducteur et d’homogénéité pour cet album : il n’y a rien de tout ça. On a plutôt affaire à une compilation hétéroclite de reprises de chansons associées à l’univers de Jim Hanson et produite par Disney, qui tente toujours de plaire au plus grand nombre. Heureusement, même s’il y a quelques moments moins agréables pour l’humble critique que je suis, il faut reconnaître qu’on a tenté de trouver un dénominateur commun autrement qu’en nivelant par le bas. Les artistes sont bons, leurs interprétations sont intéressantes même si elles ne sont pas toujours inventives et dans l’ensemble, une fois passé l’effet nostalgie (obligatoire en l’espèce), il reste des bonnes petites tounes qui s’écoutent sans efforts.
Maintenant, on peut craindre le pire pour le film.
Artistes variés « Muppets: The Green Album » (Walt Disney Records)
On donne :
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Critique – Housse de Racket « Alésia »
J’aurais bien aimé être près de Victor le Masne et Pierre Leroux lorsqu’ils ont trouvé le nom de leur groupe, Housse de Racket, en 2005. On ne peut pas dire que ça manque d’originalité! Le groupe indie pop français, aux influences nombreuses (comme de nombreux compatriotes), s’est fait connaître grâce à la chanson Oh yeah!, une pièce un brin funky qui a fait danser des milliers de Parisiennes.
Depuis, le groupe a signé avec la maison Kitsuné et préparé un nouvel album, Alésia, qui sera bientôt disponible. Il s’agit d’une excellente découverte, particulièrement vitaminée, qui saura ensoleiller les derniers jours de l’été. En fait, la première moitié de l’album est une des meilleures moitiés d’album que j’ai entendues cette année et si ce n’était de la (très) relative faiblesse de la deuxième partie, cet album jouerait du coude pour se hisser dans mon top 3 de 2011.
Human Nature est un excellent choix pour ouvrir l’album. L’auditeur sait à quoi s’attendre : beaucoup de synthés, une guitare simple et un rythme enlevant. Et un accent français qui rend la compréhension des paroles plutôt difficile à l’oreille d’un Québécois. 😉 Cette chanson est suivie par le premier simple du groupe (pour ce que veut dire un simple en 2011…), la très phoenixienne Roman. Si vous n’êtes toujours pas séduits, attendez au moins d’entendre la troisième chanson, Château, qui est à mon avis la meilleure chanson de l’album, remplie de sonorités subtiles et de clins d’oeil aux années 1980.
Suivent Apocalypso, un croisement entre sonorités africaines et synth-pop particulièrement réussi, et Chorus, une des chansons les plus rock de l’album.[mp3j track= »Housse de Racket – Château@03-Chateau.mp3″ flip=y]
Alésia, une chanson qui se donne des airs de Vangelis avec ses synthés omniprésents, brise malheureusement le rythme. Ariane, qui suit, a des airs d’Air. On retrouve un peu de rythme avec Les hommes et les femmes et TGV, puis avec Aquarium, une des meilleures chansons en français que vous entendrez en 2011, ne serait-ce que pour le refrain (« dans ma baignoire, je me noie / oubliez-moi, oubliez-moi / dans une piscine, on me voit / regardez-moi, regardez-moi »), un chef-d’oeuvre en matière de n’importe quoi, ainsi que pour la dernière minute et demie, pendant laquelle il est absolument impossible de ne pas se laisser aller.
Ajoutez à cela Empire, une chanson un peu trop planante et aérienne qu’on n’écoute pas en mode répétition, et voilà, vous avez un album qui montre que Housse de racket a énormément de potentiel, mais qui montre également qu’Alésia est un album inégal qui aurait très bien pu se passer d’une ou deux pièces (qui feront sûrement office de pause-pipi pour les spectateurs qui iront les voir).
Cependant, les meilleures parties de l’album valent bien ce qui s’est fait de mieux cette année. Ça va danser à Paris cet automne!
Housse de Racket – « Alésia » (Kitsuné) En vente le 22 août.
On donne :