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  • [ALBUM] Dave Rawlings Machine – «Nashville Obsolete»

    [ALBUM] Dave Rawlings Machine – «Nashville Obsolete»

    J’ai longuement hésité avant de vous parler des deux formidables musiciens que sont Dave Rawlings et Gillian Welch. Parce que pour le faire, il faut inévitablement parler de musique country et que ce genre musical a un immense lot de détracteurs. Parmi ceux-ci, les blasés qui n’en peuvent plus d’en entendre parler (il est vrai que le country est un peu le « glutamate monosodique musical » du moment), les snobs qui sont persuadés qu’il faut venir de la campagne et/ou porter des franges pour apprécier et les épidermiques, qui semblent n’entendre que les trois mêmes accords, le ton geignard et les voix nasillardes. Rien de péjoratif ici: je suis moi-même blasée qu’on utilise le mot country comme rehausseur de goût pour tous les artistes qui utilisent une guitare acoustique, snob de musique pop et épidermique de jazz fusion, de prog et de pousseuses de notes qui font trop de fions. Je crois cependant que pour chaque genre musical (bon, peut-être pas pour le jazz fusion), il existe des artistes capables de transcender les clichés et de rejoindre à peu près n’importe qui. C’est le cas de Dave Rawlings et Gillian Welch.

    Rawlings et Welch se sont rencontrés dans une prestigieuse école de musique de Boston au début des années 90. Elle était déjà reconnue pour sa voix riche et mélancolique et lui, pour son exceptionnel jeu de guitare, son Epiphone Olympic de 1935 et ses harmonies. Inspirée par les chansons traditionnelles country, folk, blues et bluegrass, leur écriture avait la particularité de donner aux thèmes chers à cette culture (l’errance, les grands espaces, les amours déçus) un son plus contemporain, son qui allait plus tard contribuer à définir le courant Americana que l’ont connaît aujourd’hui.

    C’est alors qu’ils étaient en concert à Nashville qu’ils ont été remarqués par T-Bone Burnett, musicien et réalisateur de renom, qui leur a déniché un premier contrat de disque et qui a réalisé le magnifique album Revival en 1996 et Hell Among the Yearlings en 1998. Dans les années qui ont suivi la parution de ces deux albums, Welch contribue à la fabuleuse trame sonore du film qui me l’a fait découvrir: O’Brother Where Art Thou, des Frères Coen. Rawlings remplace ensuite Burnett et réalise les troisième et quatrième albums du duo: le mémorable Time (The revelator) en 2001 et Soul Journey en 2003. En 2004, il débute une collaboration avec Old Crow Medecine Show, d’abord à titre de réalisateur puis comme musicien – en studio et sur scène – et comme auteur-compositeur. En 2006, Rawlings, Welch et des amis musiciens commencent à se produire sous le nom Dave Rawlings Machine, avec cette fois Rawlings qui chante et Welch qui fait les harmonies. Après un premier album paru en 2009, « la Machine » revient en force cette année avec le très attendu Nashville Obsolete.

    C’est peut-être à cause de cette pochette qui annonce un contenu plutôt sombre (on croirait la photo tirée d’un western à la Dead Man de Jim Jarmush), mais on est un d’abord un peu surpris par la lumière qui émane de la première pièce, The Weekend. Le timbre un peu rauque de Rawlings, les guitares, la douceur des harmonies de Welch et les cordes (qui viennent graduellement et délicatement appuyer l’ensemble juste avant le premier refrain) font en sorte qu’on se sent immédiatement à la maison, dans un son très chaleureux et familier qui nous rappelle un peu Dylan, mais surtout Neil Young et son Harvest Moon, pedal steel et harmonica en moins. Exit les trois accords monotones, le ton geignard et les timbres de voix qui grafignent les épidermiques : quand Dave Rawlings et Gillian Welch font de la musique, tout n’est que beauté. Ce nouvel album le confirmera tout au long des sept pièces sur lesquelles on se laissera planer avec bonheur, particulièrement The Trip, magnifique chanson-fleuve de onze minutes et Pilgrim (You Can’t Go Home), qui se fout également du format radio avec ses huit minutes de frissons.

    Entourés de Paul Kowert des Punch Brothers à la contrebasse, de Willie Watson des Old Crow Medecine Show à la guitare, de Brittany Haas au violon et de Jordan Tice à la mandoline, nos deux comparses (qui recevaient la semaine dernière le Lifetime Achievement Award for Songwriting de l’Americana Music Association pour leurs vingt ans de collaboration) nous ont préparé un autre sans-faute, reprenant là où ils nous avaient laissés avec A friend of a friend en 2009.  Reste à espérer qu’on les entendra sur scène dans les prochains mois. Tous ceux et celles qui, comme moi, ont eu la chance d’être au National en 2011, lors de leur seul passage en sol québécois, ne se sont pas encore remis de leurs émotions et attendent désespérément leur retour.

    *Au moment de publier cet article, Acony Records n’avait pas fourni d’extrait de l’album Nashville Obsolete (qui est sorti le 18 septembre).  Pour vous donner une petite idée du son, je vous en ai choisi un de l’album précédent.

    **Et juste pour le plaisir, cette étonnante reprise de Led Zeppelin, avec John Paul Jones à la mandoline!

    Julie Fradette

    21 septembre 2015
    Albums
    Americana, Country, Dave Rawlings, Dave Rawlings Machine, folk, Gillian Welch, John Paul Jones, Led Zeppelin, Nashville Obsolete, Old Crow Medecine Show, Paul Kowert, Punch Brothers, Willie Watson
  • [ALBUM] Rosie Valland – « Partir avant »

    [ALBUM] Rosie Valland – « Partir avant »

    Après un premier maxi qui a fait tourner quelques têtes, voici le premier album, fort attendu, de la jeune auteure-compositrice-interprète Rosie Valland, Partir avant. Une très belle carte de visite folk nuancée aux accents atmosphériques qui s’écoute sans trop de mal du début à la fin, si ce n’est de cette impression constante qu’on a déjà entendu cette musique quelque part.

    Album de rupture, un brin mélancolique, résolument atmosphérique, Partir avant a toutes les caractéristiques d’un album longuement mûri, peaufiné, travaillé. Accompagnée de Jesse MacCormack et de Jean-Philippe Levac (Pandaléon), Valland nous sert une collection de neuf chansons folk-rock sages, mais pas trop, qui lui ressemblent.

    On a toujours peur quand on écoute un premier album, surtout quand il est fort attendu comme celui-ci. On a peur de se retrouver avec des chansons un peu naïves, un peu trop premier degré, remplies de rimes faciles et de jeux de mots primaires. Valland évite ces écueils : les textes sont beaux et touchants, le vocabulaire est riche, Valland chante ses émotions comme elle nous parle, et nous, ben nous restons là, suspendus à ses lèvres.

    En musique, le power trio composé de MacCormack, Levac et Valland a réussi à envelopper ces textes avec de fort jolies musiques. Comme on l’a dit, c’est très atmosphérique, souvent très feutré, mais on n’a pas peur de sortir les sonorités plus rugueuses et intenses au besoin. Ce ne sont pas des chansons qu’on risque d’entendre très souvent à la radio (bien que Olympe et St-Denis ont un petit côté pop piqué des vers), mais ça, c’est surtout la faute des diffuseurs.

    Seul hic, et dans mon cas, il est assez gros : dès les premières notes d’Oublier, on a une grosse impression de déjà entendu. Voilà, Rosie Valland a un timbre de voix qui ressemble beaucoup à une autre auteure-compositrice-interprète qui fait dans le folk-rock (Salomé Leclerc, pour ne pas la nommer). Ajoutons à cette (belle) voix un univers musical qui ressemble un brin à celui de Leclerc, et nous voilà un brin agacés. J’imagine que cet agacement sera moins grand chez ceux qui connaissent moins bien le répertoire de Salomé. J’imagine aussi qu’au fil des écoutes, cet agacement laissera sa place au plaisir d’écouter de bonnes chansons. Est-ce le fruit du hasard? Quand on lui demande de nous parler de ses influences, Valland parle plutôt de Cat Power, de Feist et de James Blake. Des influences que nous reconnaissons dans ces chansons, certes, mais pas aussi clairement.

    Est-ce suffisant pour bouder son plaisir? Naaaah. Partir avant est un très, très chouette album qui, à notre avis, n’a qu’un vilain défaut. Combien d’artistes auraient rêvé pouvoir lancer leur carrière avec un tel album? Combien d’artistes ont des chansons qui frappent droit au coeur comme Finalement ou Nucléaire? Il y en a plein qui n’y arriveront pas, même en s’essayant pendant des années et des années.

    Sur ce plan, Partir avant est une réussite. Rosie Valland est lancée et rien ne pourra l’arrêter. À 23 ans, elle livre déjà des chansons magnifiques, émouvantes, parfois un brin troublantes, qui parlent autant au coeur qu’à la tête. Une écoute est de mise.

    Rosie Valland sera au Pantoum le 24 septembre prochain. Détails : https://www.facebook.com/events/878489625571511/

    [bandcamp width=100% height=120 album=3925717716 size=large bgcol=ffffff linkcol=ff9933 tracklist=false artwork=small]

    Jacques Boivin

    19 septembre 2015
    Albums
    Duprince, Jean-Philippe Levac, Jesse MacCormack, Partir avant, Rosie Valland
  • [ALBUM] Big Brave – « Au De La »

    [ALBUM] Big Brave – « Au De La »

    La première fois que j’ai entendu le son de Big Brave, c’est lors du Fetivoix de Trois-Rivières 2014, au café-bar Le Zénob. Je suis ressortie de là complètement vidée d’énergie. Je pense que la chanteuse, avec ces cris et sa voix aiguë, et les sons lourds des guitares m’avaient tout pris. Pour moi, c’était une expérience très positive puisqu’après ça, je me sentais légère, je me sentais en paix. Moi, c’est ça que ça m’a fait chaque fois que j’écoute leur musique ou que je vais les voir en spectacle. Vous comprendrez que j’avais plus que hâte à la sortie de AU DE LA. Un peu plus raffiné que Feral Verdure, Au De La est tout aussi intense et énergique.

    L’album est composé de 5 pièces, durant entre 5 et 13 minutes, ce qui fait un album juste assez long pour nous donner le goût de le réécouter plusieurs fois d’affilée.

    Les répétitions des notes de guitare et de la batterie, ensemble ou non, sont vraiment un élément fort de cet album. C’est le cas, entre autres, pour la première pièce, On the By and By and Thereon, ce qui met bien la table pour le reste de l’album. Avant cet album, j’avoue n’avoir jamais connu un groupe qui inclut un silence voulu et bien placé d’environ 10 secondes en plein milieu d’une chanson lourde comme celle-là. Ça surprend, mais ce n’est pas désagréable du tout. Ça donne un deuxième élan à la chanson.

    big brave
    Le silence en plein milieu, prouvé par Soundcloud

    Avec Look at how the world has made a change, on est dans le planant et dans le rêve. On dirait presque des incantations. C’est la chanson de l’album où tu te laisses transporter ailleurs. On entend les cymbales frotter presque tout au long, ce qui donne un côté magique et les notes de guitares viennent ajouter une continuité, jusqu’à la coupure vers le milieu, où l’ambiance devient plus lourde et saccadée.

    Dans la pièce do.no.harm.do.no.wrong.Do.No.Harm.Do.No.Wron.DO.NO.HARM.DO.NO.WRONG  la distorsion et la gradation de la voix font grimper le poil des bras et grincer des dents. Ça donne des frissons jusque dans le cerveau. C’est comme des bonbons sures, ça pogne dans les joues, mais on aime tellement ça. Big Brave, c’est mes bonbons sures préférés.

    Avec And as the waters go, on se croirait dans un suspense d’un film qui s’annonce tragique. Les quelques courts moments de silences au milieu de la pièce font l’effet d’un ralenti sur une image.

    La pièce de 13 minutes qui termine l’album, re Collection Part II, débute lentement avec plus de 2 minutes d’instrumentale. Vers le milieu, on entend le batteur loin d’un micro crier des paroles qu’on distingue à peine, mais qui font que cette pièce à un son plus brut que les autres. Alors qu’on passe par des éclats de feux d’artifices vers les 10 minutes, c’est une fin douce et lente qui nous attend.

    Ce que j’aime de cet album, et vous l’aurez remarqué tout au long de ma critique, c’est que ces 5 pièces nous transportent dans un univers, dans un ailleurs qui font tout oublier. Pour moi, ça, c’est l’avenir de la musique. C’est audacieux, c’est recherché, c’est unique, c’est sans prétention, c’est imaginatif, c’est lourd et c’est raffiné à la fois.

     

    Informations:

    Robin Faye – voix, guitare électrique Louis Alexandre Beauregard – batterie. voix Mathieu Ball – guitare électrique

    Avec Jessica Moss au violon sur les chansons 1, 2 & 5.

    Enregistré et mixé par Efrim Manuel Menuck à Hotel2Tango en février/mars 2015.

    Mastering par Harris Newman au GreyMarket.

    Sortie sous le label Southern Lord Recordings

    Karina Tardif

    18 septembre 2015
    Albums
    ambiante, Au De La, Big Brave, expérimental, rock
  • [ALBUM] Beat Market – Sun Machine

    [ALBUM] Beat Market – Sun Machine
    Beat Market Sun Machine (Lisbon Lux)
    Beat Market
    Sun Machine (Lisbon Lux Records)

    Mon été fut rempli. Professionnellement rempli (j’pas payé pour être blogueur, tu sais?). Mon radar fut sur hold le temps de trois mois. Juste assez de temps pour que mes vieilles habitudes s’embourbent dans l’épais sillon de sirop contre la toux laissé par Future, l’émouvant hommage à un basketteur retraité par un wigger du Texas et les douces élucubrations d’un blondinet de la Zone 3. J’avais besoin d’un changement d’air et Beat Market arrive, comme sur un plateau d’argent, avec son deuxième opus , Sun Machine. Au bon moment, quoi !

    D’emblée, je joue la carte de l’honnêteté : je ne suis que très peu familier avec Beat Market. Ma première expérience fut live, lors de l’Hivernal de Baie-Saint-Paul. Bizarrement, je n’ai vécu que l’expérience auditive puisque j’étais bénévole (j’m’occupais des manteaux!), mais je ne fus pas moins ravi du produit offert. J’avais rapidement compris que Louis-Josep et Maxime (j’parle comme si s’t’ait mes grands chums. Vous m’en voulez pas, les gars?) avaient musicalement plus d’affinités avec nos cousins français qu’avec nos voisins du Sud.

    À mon humble avis, un album de musique électronique principalement instrumentale a le devoir de fournir à son auditeur assez d’éléments et d’information pour que celui-ci puisse rapidement comprendre le monde dans lequel l’artiste veut le transporter. Beat Market a ce souci, à travers des morceaux comme « Dune », la pièce titre ainsi que « Riders », qui m’ont personnellement permis multiples situations et univers liés à la science-fiction (clichés, je sais!) et je crois que c’étais le désir du groupe de laisser son public s’éclater, quoi!

    Parce que oui, on peut s’éclater ferme. L’écoute de ce disque qui est structuré de façon à ce que le tout coule bien. Le soucis de dansabilité (s’tu un mot, ça? Note du correcteur : Non.) est très présent et ce, à plusieurs niveaux . « Oz » est une bonne référence qui peut peut-être clarifier mes propos en plus d’être un bel hommage à Daft Punk. Mais, voila une des problématiques du CD : cet envie de toucher à tout, de rendre hommage. Le son « Beat Market » se perd à travers le désir de « vouloir sonner comme ». Les références sont évidentes, sans pour autant tombées dans le cliché, mais elles sont là. Les clin d’œil évident à cette époque où le crew Ed Banger faisait la pluie et le beau temps sont charmants, certes, mais un peu datés par rapport à l’offre actuelle.

    Dans l’ensemble et malgré tout, « Sun Machine » est un solide disque, bien travaillé, qui offre aux auditeurs une expérience en soi, comme l’expérience visuelle que le groupe offre live. On constate que Beat Market cherche un peu son identité, tout en offrant un produit de qualité dans le paysage électronique locale qui est, disons le, peu représenté. Leur musique peut facilement traverser les diverses frontières et plaire aux puristes, qui n’auront pas honte de se déhancher. Bref, Beat Market brûleront les planches qu’ils fouleront au cours de l’année et ce, avec brio!

    https://www.youtube.com/watch?v=W1QTwbAuL28

    Simon Belley

    18 septembre 2015
    Albums
    Beat Market, Lisbon Lux Records, Sun Machine
  • [ALBUM] Navet Confit – « LOL »

    [ALBUM] Navet Confit – « LOL »
    Navet Confit LOL (La Meute)
    Navet Confit
    LOL (La Meute)

    La dernière fois qu’on avait eu des nouvelles de Navet Confit, il avait sorti 3 albums simultanément. La consistance des différentes propositions (LP4, LP5 et LP6) permettait de douter de la pertinence d’en faire un best of tant plusieurs excellentes pièces étaient laissées de côté avec cette formule. Cette fois, il nous offre un seul (long) album qui aura encore le mérite de nous déstabiliser. Il y a d’abord cette pochette et son titre (LOL) qui devraient probablement accompagner un album aux sonorités « eighties » avec une pléiade de claviers dégoulinants, mais il n’en est rien. Il y a aussi ces deux pièces instrumentales qui servent du curieux prologue à l’album, puis la pièce Mannequin de magasin qui est répétée 3 fois de façon quasi identique. Chaque fois, elle intervient comme un rare moment pop-soleil (d’automne) dans un tortueux album aux allures tantôt grunge, tantôt punk. Finalement, il y a le côté déjanté du Navet qui côtoie des pièces aux textes beaucoup plus sérieux créant une dichotomie encore plus marquée que sur ses albums précédents.

    Les petits brûlots pop-punk sont souvent accompagnés de court texte montrant l’absurdité de la vie quotidienne (combien de cafés, un jour elle changera, tu tournes en rond et la très « dans ta face » crisse que t’es conne). Sans être inintéressantes, c’est surtout les chansons plus étoffées qui soutiennent l’album. Kevin Bacon c’est la pièce absurde de résistance, soutenue par un riff addictif et des paroles qui combinent Kevin Parent, Hillary Clinton et Alfa Rococo; faut le faire. Intéressante collaboration avec Annie-Claude de Duchess Says sur la pièce Butterscotch nuts.  Février (pas comme la chanson de Vincent Vallière), la très grunge Plumes et goudron (pièce composée par Carl-Éric Hudon qui prête aussi ses talents de musicien sur l’album) et JP in the sky with guépards (pièce aux allures personnelles qui sonne sans surprise comme une chanson des Beatles) sont aussi trois excellents exemples de la force de frappe mélodique de Jean-Philippe Fréchette(son vrai nom). LOL est une autre preuve de sa versatilité et de son talent. Sa réalisation (il est homme à tout faire) est aussi impeccable.

    C’est probablement encore moins grand public qu’avant; on s’attend donc à un autre succès d’estime même si on espère secrètement que quelques curieux découvriront son univers singulier à la fois glauque et lumineux. Navet Confit, c’est l’absence de compromis musicaux et ça fait vraiment du bien. Bel exutoire.

    L’album LOL est disponible aujourd’hui chez votre disquaire préféré ou sur bandcamp.

    Navet Confit sera en concert de lancement le 24 septembre au tamtam Café (421 boul. Langelier) à 20h.

    Julien Baby-Cormier

    18 septembre 2015
    Albums
  • [ALBUM] Safia Nolin – « Limoilou »

    [ALBUM] Safia Nolin – « Limoilou »
    Safia Nolin Limoilou (Bonsound)
    Safia Nolin
    Limoilou (Bonsound)

    On ne se le cachera pas, Limoilou était, de loin, l’album le plus attendu de cette rentrée automnale. C’est qu’on la voyait venir de loin, cette Safia Nolin, récipiendaire du prix SOCAN à Granby, repêchée par l’étiquette Bonsound et vantée par tout ce qui grouille, grenouille et scribouille du côté de la scène culturelle montréalaise. On avait déjà entendu quelques chansons, dont la bouleversante Igloo, on savait que Safia était capable du meilleur. On ne savait juste pas encore si elle était capable d’offrir le meilleur de façon soutenue.

    Alors voilà, Limoilou est maintenant disponible partout. Déjà, le buzz est énorme, les critiques sont positives, tout le monde souligne le talent de la jeune femme et malgré ses quelques défauts (qui agacent plus ou moins, selon le critique qui en parle), l’album fait partie de bien des listes de recommandations cette semaine.

    Personnellement, je ne sais pas pourquoi, mais je me suis senti interpellé par ce projet. Bon, je l’avoue, j’aime les albums folk un brin minimalistes, j’aime le froid et j’adore l’hiver. C’est donc avec un grand intérêt que j’ai lancé l’album aussitôt que je l’ai eu en mains.

    On a beau être en pleine vague de chaleur, dès les premières mesures de Les excuses, la chair de poule m’envahit. Il y a ce piano, à peine effleuré, et cette voix qui nous captive, nous envoûte. Il y a ces mots, bouleversants. Dans le petit coeur de Safia, il fait frette, comme disait Fortin il y a très longtemps. Suit La laideur, une chanson qui nous donne déjà le goût de distribuer des câlins à tous les gens tristes de la Terre.

    Avec Philippe Brault, qui joue encore une fois les réalisateurs effacés, mais diablement efficaces, Safia a réussi son pari : un album minimaliste, le plus live possible, qui se rapproche beaucoup de l’esprit de For Emma, Forever Ago, le célèbre album de Bon Iver. Les marées font d’ailleurs un peu penser à notre homme d’Eau Claire (WI).

    Certains pourraient trouver l’album un brin linéaire. Il est vrai que les chansons se succèdent et ont une certaine ressemblance, surtout qu’elles ne sont pas ce qu’il y a de plus enjoué. Mais on passe tellement de temps à se plaindre de nos jours que les albums ne sont plus que des collections de pièces hétéroclites, vous me pardonnerez de trouver que la présence d’un fil de conducteur fait du bien.

    Côté plume, Safia brille. On sent que la solitude a beaucoup pesé sur la jeune Safia. La solitude qui s’installe après une rupture. Celle qui nous envahit quand on quitte un lieu pour en investir un autre. Celle qu’on ressent quand on se cherche. Celle qu’on cherche quand on se construit un Igloo. Safia se met littéralement à nu devant nous et elle y met le paquet. Les textes sont magnifiques, superbement imagés, tout en demeurant criants de vérité.

    Musicalement, les arrangements dépouillés sont au service de la voix et (surtout) des mots de Safia. On écoute, on ferme les yeux, on se concentre aisément sur les images proposées par l’auteure-compositrice interprète. Les chansons les plus complexes sont loin d’être mauvaises, en passant. Le goût du ciment est de toute beauté et, comme on le disait, Les marées a ce petit côté Bon Iver qui vient un peu briser le rythme lent de l’album et apporter un peu de chaleur qui fait du bien après avoir passé 20 minutes dans la glace.

    Ce premier album de Safia Nolin était attendu avec raison. Pour utiliser une métaphore du baseball, avec Limoilou, Safia a frappé la première balle qui lui a été lancée hors du terrain. Ce mélange doux/amer, tendre/intense, livré avec une sobriété qui laisse toute la place aux mots et aux émotions tout en étant « fucking » mélodieux est la plus belle carte de visite que Safia pouvait laisser aux mélomanes québécois.

    Album coup de poing, album coup de coeur. 43 minutes qui semblent en durer 20.

    L’album Limoilou est disponible chez votre disquaire préféré.

    Safia se produira au Cercle le 16 septembre prochain à 20 heures. Première partie : Laura Sauvage (Vivianne Roy des Hay Babies). Les billets sont en vente, notamment sur lepointdevente.com

    Nous nous sommes entretenus avec Safia cette semaine. L’entrevue sera présentée ce week-end.

    Jacques Boivin

    11 septembre 2015
    Albums
    Bonsound, Limoilou, Safia Nolin
  • [ALBUM] Joëlle Saint-Pierre – «Et toi, tu fais quoi?»

    Et toi, tu fais quoi? (Coyote Records)
    Et toi, tu fais quoi? (Coyote Records)

    Les chansons de Joëlle Saint-Pierre se sont faufilées jusqu’à mes oreilles par une journée de grands vents. Vous savez, le genre de journée-tempête bruyante qui secoue les médias et les réseaux sociaux, où tout le monde s’indigne et s’empresse, sans réfléchir, de hurler son opinion? Où l’heure de pointe nous bouscule à coups de klaxons, de vélos qui circulent en fous sur les trottoirs et de zombies qui traversent la rue en regardant leur cellulaire, malgré cette petite main qu’ils devraient serrer plus fort?

    Je ne sais pas pour vous mais moi, quand le poids du monde se fait trop lourd sur mes petites épaules, je n’ai qu’une envie: me rouler en boule dans mon lit, avec des bouchons dans les oreilles, et m’endormir au son de mon coeur qui bat. Arrêter le bruit. Sauf que ce soir-là, plutôt que m’endormir, j’ai trouvé refuge dans une merveilleuse bulle de paix.

    Objet sonore unique dans le paysage musical québécois, Et toi, tu fais quoi?, le premier album de l’auteure-compositrice-interprète saguenéenne envoûte et surprend dès les premières notes de Choc Électrique. La voix est jolie, assurée, le timbre est clair, aérien, les mots sont pesés, sentis et déposés délicatement sur de ravissantes mélodies. Le son du vibraphone (trop peu utilisé en chanson) et la douceur de la musique apaisent alors que l’intelligence du propos invite et impose le silence. Résultat : malgré l’inconfortable chaise de bureau qui me torturait le bas du dos, je suis restée hypnotisée, dans un total état de flottaison, jusqu’à la fin de ma deuxième écoute (parce que 30 minutes, c’est parfois trop peu de paix).

    Si, à l’image de la pochette, le contenu s’annonce minimaliste, on devine assez vite la somme de travail derrière l’écriture de ces petits bijoux de chansons (Stéphane Robitaille et Catherine Lalonde ont collaboré à certains textes alors que Louis Dugal a coécrit deux musiques) et le souci apporté aux détails. Je pense entre autres aux superbes arrangements de cors de Pietro Amato et au travail de Vincent Carré (batterie), Marc-André Landry (contrebasse), Stef Scheider (percussions), Alex Blais (contrebasse) et Cédric Dind-Lavoie (contrebasse) qui accompagnent Joëlle sur la pointe des pieds, en lui laissant toute la place. Soulignons d’ailleurs que la vibraphoniste, qu’on peut aussi entendre au piano et à la guitare, est particulièrement douée dans le maniement des baguettes (« oui, quatre, et oui, c’est lourd », précise-t-elle dans sa sympathique autobiographie).

    Beaucoup de soin a également été mis dans la prise de son (Daniel Gélinas), faite dans une chapelle d’Ulverton, en Estrie et au studio The Pines, à Montréal. Je salue le choix d’avoir opté pour une captation spontanée (une seule prise) et d’avoir laissé traîner, dans les racoins de pistes, quelques souvenirs des lieux (bruits de chars et planchers qui craquent). Le  son de l’ensemble n’en est que plus vivant. J’ai aussi apprécié l’ordre des chansons, qui nous fait passer de la lumière (Choc électrique) à la noirceur (Rose, On a pleuré sur la lune), des amours impatientes (Cent pas) à la mort (Murs), permettant ainsi de révéler le talent d’interprète de l’artiste, sensiblement à l’aise dans tous les registres. J’ai très hâte de la voir sur scène (et mes collègues de Québec aussi car tout le monde semblait bien déçu qu’elle ne passe pas par la vieille capitale pour faire son lancement).

    Mes coups de cœur : Souris, petite valse au texte délicieusement ironique, Jour doré (une chanson ne pourrait davantage séduire la fan de Gainsbourg que je suis) et la déchirante Jamais seule, dont la mélodie me hante depuis la première fois que je l’ai entendue. Mais ne vous fiez pas sur moi, je crois que je vais changer d’idée à tous les jours…

    Lancement d’album à Montréal
    MARDI 15 SEPTEMBRE – 17h
    VERRE BOUTEILLE

    Lancement d’album à Saguenay
    JEUDI 24 SEPTEMBRE – 20h
    CAFÉ-THÉÂTRE CÔTÉ-COUR

    Pour plus d’infos :

    http://joellesaintpierre.com/

    http://www.coyoterecords.ca/artistes/

    Julie Fradette

    11 septembre 2015
    Albums
    Catherine Lalonde, chanson, Joëlle Saint-Pierre, Pop franco, Stéphane Robitaille, Vibraphone
  • [ALBUM] Achigan – «La Société du Mépris»

    [ALBUM] Achigan – «La Société du Mépris»

    11752447_10153542800164629_8291852707703224319_nL’année 2015 fut chargée en émotions et en contenu pour les membres de Mort Aux Pourris (MAP). En plus des quelques concerts (dont quatre encore à venir) qu’ils ont donnés au Québec, trois membres du groupe ont trouvé le temps de faire revivre un de leurs autres groupes : Achigan. Pour faire suite à leur premier opus Au fond des toilettes du monde paru en 2010, le trio nous offre La Société du Mépris en exclusivité sur Bandcamp.

    Qui est ce fameux trio? À la voix et à la basse, Christian Jacques est présent avec une voix déchirée et des textes mordants. Guillaume Guité et Simon Vivier sont respectivement à la guitare et à la batterie. Bien que La Société du Mépris soit produit de façon indépendante, un quatrième joueur s’est joint au trio initiale pour bien ficeler l’album.  Jef Fortin, connu pour son travail avec Mute et Anonymus, réalise l’album.

    Qu’est-ce que La Société Du Mépris? Une bonne dose de punk d’une trentaine de minutes qui vient ridiculiser les méprisants qui composent notre société. L’ouverture sur Minou gentil prouve tout de suite qu’Achigan est dans une sonorité beaucoup plus lourde que Mort Aux Pourris. Les paroles crues écorchent pratiquement tous les mieux nantis de la Capitale-Nationale et même de la province. Aux travers des onze pièces de l’album, Richard Martineau, les gouvernements provincial, fédéral et municipal, le port de Québec et le magasine Prestige se feront tous un par un ridiculiser. C’est d’ailleurs la plus grande force de cet album. Les textes, les métaphores, les comparaisons et les sujets abordés sont tous bien choisis. La lecture des paroles vient ajouter une deuxième dimension à cet album, car la sonorité peut parfois être trop divergente par moment. Je conseille, d’ailleurs, vivement de faire une écoute active avec le livret de parole.

    En effet, la sonorité peut parfois faire sursauter. Je pense à la (courte) pièce Personne ne mérite d’être adulé, où l’on se rapproche parfois d’une sonorité métal, autant au niveau instrumental qu’au niveau du registre vocal de Christian Jacques. Les paroles sont dignes des meilleurs albums punk qui ont vu le jour depuis les heures glorieuses du genre. Le côté musical vient parfois, par contre, nous perdre. Malgré tout, il y a de magnifiques perles sur cet nouvel effort d’Achigan. Je pense, entre autres, à La Pêche Miraculeuse, qui vient nous faire rire avec ces magnifiques comparaisons et métaphore relié au monde de la pêche et aux communicateurs de notre province.

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    Sans toujours dénoncer des problèmes politiques directement, le groupe nous envoie de magnifiques compositions qui font réfléchir sur divers problèmes de société comme le suicide et notre réaction face à la mort. Je vous conseille vivement d’écouter, et de lire, les pièces M’étendre sur une glace et Moïse, la bonne nouvelle.

    Malgré les textes très intéressants, il n’y a aucune révolution au niveau de la sonorité punk/métal, qui d’ailleurs, se confond parfois. Le contenu propre au Québec, mais aussi à la région de Québec, ce qui peut, et devrait, conscientiser plusieurs d’entre nous sur divers sujets. Le manque de cohérence musicale au rythme de l’album peut venir déranger, nous sentons que ce disque est un amalgame de simples sans lien entre eux. Par contre, l’écoute fut très agréable et les textes irrévérencieux des gars d’Achigan sont magnifiques. Après quelques écoutes, on se rend compte qu’il y a de nombreux vers d’oreille qui pourraient décidément devenir des pièces cultes de la musique punk québécoise. L’écoute en vaut la chandelle, et je n’ose imaginer ce que ça aura l’air sur scène.

    [bandcamp width=100% height=120 album=2186724294 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=1198372837]

    Le lancement officiel de l’album La Société du Mépris aura lieu au Knock-Out (832 Rue Saint-Joseph Est) le 10 septembre 2015 en formule 5 à 7 en ouverture d’Envol et Macadam. Le groupe ouvrira ensuite pour MAP à Montréal lors du festival POP Montréal le 18 septembre prochain ainsi qu’à Rouyn et Sherbrooke les 19 et 26 septembre. Pleins de bonnes occasions de voir un bon shows de punk à roulette francophone!

    Matthieu Paquet-Chabot

    9 septembre 2015
    Albums
    Achigan, Knock-Out, La Société du Mépris, MAP, Mort aux pourris, Pop Montréal, quebec
  • [ALBUM] «Portraits de famine», Philippe Brach

    [ALBUM] «Portraits de famine», Philippe Brach
    Crédit Photo: LePetitRusse
    Crédit Photo: LePetitRusse

    À l’écoute de Portraits de famine (après avoir capoté), on constate à la fois une continuité et une rupture par rapport au premier album de Philippe Brach.

    Musicalement, tout d’abord, on y retrouve la même diversité dans les inspirations que sur La foire et l’ordre. Que ce soit dans les sons vieillots de la guitare de Nos bleus désirs ou encore dans les accents gipsy-rock d’Héroine, les styles se mélangent et s’équilibrent pour donner quelque chose d’indescriptible et de varié. Cependant, on y sent aussi rapidement l’influence des nouveaux collaborateurs de Brach. De fait, Louis-Jean Cormier (réalisateur de l’album) et Klô Pelgag (qu’on peut entendre dans Si proche et si loin à la fois) semblent avoir laissé des traces de leurs univers respectifs dans l’album. Personnellement, je n’ai rien contre l’ajout des cordes et arrangements classiques ainsi que les passes plus rock-indie à la Karkwa, mais il aurait été possible de mieux les intégrer encore au son de Brach.

    Côté paroles et univers entourant le disque, plusieurs thèmes noirs, les favoris de l’auteur-compositeur-interprète, sont revisités : la folie, la mort et le morne ont encore leur place sur Portrtaits de famine. Brach explore aussi beaucoup les travers de la famille, ce qui constitue en un sens la ligne directrice de l’album. Or, si le ton avait été donné par La foire et l’ordre, Philippe Brach se lance complètement dans le sombre avec ce nouvel opus. «C’est clairement pas avec cet album-là que tu vas te recoudre les veines», avait lancé Philippe Brach lors de sa dernière entrevue avec nous : il avait raison. L’atmosphère de Portraits de famine est beaucoup plus lourde, et si l’on compare les chansons semblables des deux albums, on voit clairement la chute vers le plus noir. Dans ma tête, avec ses «on est ben», laisse place à Monsieur le psy avec ses «c’tu moi qui comprends mal ou la balloune va m’péter dans face?». L’Amour au temps du cancer brise encore plus le cœur que T’aurais pas pu nous prendre à deux, Héroine remplace C’est tout oublié et ainsi de suite. Cette lourdeur, même si elle est encore savamment balancée et teintée de comique ou de douceur, montre Brach sous un visage plus brusque, plus cynique qu’avant. Cependant, il faut s’y attarder pour s’en rendre compte, sans quoi la musique nous emporte hors du sombre, à l’exception près du monologue intitulé Divagation parlementaire, qui laisse franchement un arrière-goût amer. Du bonbon pour amateurs de chocolat et d’humour noir.

    Portraits de famine est disponible dès aujourd’hui en magasins ou en ligne.

    Marie-Ève Fortier

    4 septembre 2015
    Albums
    Philippe Brach
  • [ALBUM] Philémon Cimon – «Les femmes comme des montagnes»

     

    Philémon Cimon - Les femmes comme des montagnes (Audiogram)
    Philémon Cimon – Les femmes comme des montagnes (Audiogram)

    Il avait à peine 20 ans, Philémon, quand je l’ai entendu la première fois. C’était en 2004, à Québec, dans un projet-école chapeauté par le Théâtre Petit-Champlain. Si je me souviens bien, ses mots se précipitaient dans un phrasé rappelant celui de Jean Leloup. Sur scène, il avait l’air timide et à l’aise à la fois. Pudique et loquace. C’était charmant. Je devinais bien alors que sa plume censée, sensible et un peu absurde allait le mener quelque part. Mais j’étais loin de me douter que je recevrais son premier album d’aussi loin, d’une autre époque même, comme une vieille carte postale perdue.

    ! Viva Cuba Libre !

    C’est donc en 2009, alors qu’il était en voyage à La Havane, qu’il décida de rassembler quelques musiciens locaux et d’enregistrer Les sessions cubaines, album qui en a séduit plusieurs grâce à ses bouleversantes chansons d’amour (Et pourquoi pas mourir ensemble, Vaincre l’automne) et son extraordinaire authenticité. Puis à l’hiver 2014 paraît  L’été, album enregistré à Montréal, sur lequel l’auteur-compositeur-interprète nous offre un mélange de ballades tendres et/ou déchirantes (Je veux de la lumière, Chose étrange) et de délicieuses pièces pop-rock (Soleil blanc, Au cinéma), parfois même un tantinet 60’s (Julie July, Moi j’ai confiance).

    Pour clore ce cycle de création entamé à Cuba, il nous présente maintenant l’excellent Les femmes comme des montagnes. Enregistré à La Havane, cette fois avec ses complices québécois (Philippe Brault à la basse, Nicolas Basque à la guitare, David Payant à la batterie et aux percussions), son cousin Papacho au piano et les potes du Conjunto Chappottín (qui se sont pointés à la dernière minute), ce troisième album se veut l’amalgame des dernières années de voyage, d’écriture et de collaborations musicales. Si on sent parfois bien les couleurs cubaines, notamment grâce aux trompettes et aux longues phrases du piano (toutes sublimes sur Je t’ai jeté un sort), ce sont nettement les sonorités pop-franco orchestrales des années 70 qui dominent (Des montagnes, La musique, Maudit). Même qu’on a l’impression que l’auteur s’en confesse sur la très accrocheuse Vieille blonde…

    J’ai revu la rue Des Chênes ma vieille blonde

    J’ai fait un Joe Dassin de moi ma vieille blonde

    J’avais les yeux fripés de larmes ma vieille blonde

    J’ai fait un Joe Dassin de moi ma vieille blonde

    Et au-dessus de tout, ce qui lie ces trois albums, c’est la douce voix de Philémon, atypique certes, mais troublante de sincérité et toujours juste dans l’émotion, qu’elle caresse ou qu’elle écorche. Ce sont aussi ses textes, merveilleusement poétiques, libres, charnels et inspirés. D’ailleurs, avant d’écouter, je vous recommande de feuilleter le livret qui, tel un recueil de poésie, est agréable à lire, de la citation de Cervantès aux crédits et remerciements.

    Mes coups de cœur : Des Montagnes (fabuleuse chanson qui est, à mon avis, le climax des trois albums, tant pour le texte que la musique), le petit groove funky et le solo de guitare de La musique, les amours perdues de Sur la ville et la pièce Des morts et des autos, dont le texte sombre contraste avec la musique langoureuse de slow de fin de soirée qui le porte. Mention spéciale aux arrangements de cordes et de trompettes du talentueux Guido del Fabbro qui sont tout simplement parfaits!

    Lancement d’album à Rouyn-Noranda
    VENDREDI 4 SEPTEMBRE – 19h
    CABARET DE LA DERNIÈRE CHANCE

    Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue
    Entrée gratuite

    Lancement d’album à Montréal
    MARDI 8 SEPTEMBRE – LE NATIONAL – 19h

    Entrée gratuite avec preuve d’achat de l’album
    Albums en vente sur place

    Pour plus d’infos : http://philemonchante.com/nouvelles.php

    [bandcamp width=100% height=120 album=3543522604 size=large bgcol=ffffff linkcol=f171a2 tracklist=false artwork=small track=3788369696]

    Julie Fradette

    4 septembre 2015
    Albums
    Audiogram, Cuba, Joe Dassin, Montréal, philémon cimon, Philippe Brault
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