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    [Entrevue] 2Frères

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    Jeudi soir, devant Petit impérial bien rempli, le duo 2Frères présentera son spectacle bâti autour des chansons de l’album Nous autres, qui connaît un joli succès populaire. Érik et Sonny Caouette ont voulu faire un album positif et familial, près de leurs valeurs et sur ce plan, ils ont bien réussi. J’ai eu l’occasion de m’entretenir quelques minutes en mai dernier. Qu’on aime ou pas leur musique, une chose est certaine : les frères Caouette sont des vrais. Des passionnés. Ça a donné une maudite belle discussion… et bien des préjugés dégommés!

    Une autre entrevue-fleuve de votre humble serviteur.

    J’avais écrit une question niaiseuse pour commencer.

    Est-ce qu’on est vraiment deux frères?

    Je le sais, ça, que vous êtes vraiment deux frères! Non, ma question est encore plus niaiseuse : Comment vous vous êtes rencontrés?

    [Rires]

    Comment est‑ce que vous en êtes arrivés à jouer de la musique, Chapais, c’est‑tu si plate que ça?

    Comment ça, c’est un beau hobby, jouer de la musique!

    Je veux dire… j’ai vu que vous avez commencé très jeunes, vos parents vous ont aidés, ainsi de suite!

    Bien, nos parents jouaient de la musique dans un groupe pour des événements corporatifs, des mariages, des choses comme ça, puis nous, bien, dès notre plus jeune âge, on a baigné là‑dedans puis ça… on est quatre enfants chez nous, il faut le dire, puis nous, on est les deux du milieu. Mais la plus vieille… on a une soeur plus vieille puis un frère plus jeune, qui n’ont aucun intérêt pour la musique. Mais nous, on a commencé à jouer de la musique assez tôt dans notre vie, puis ça a été de soi. On s’est tout simplement lancé dans l’aventure ensemble.

    Donc, une fois l’aventure lancée, je vois que vous avez commencé avec un duo de Soon et Caou. C’était quel genre de musique? Des compositions?

    Sonny : Non, du tout. Les composition sont arrivées plus tard. Soon et Caou, dans le fond, c’était un nom qu’on s’est trouvé parce que bon, Éric s’est toujours fait appeler Caou, moi, Soon pour Sonny, Caou pour Caouette, en fait. Puis on faisait des événements corporatifs, des mariages, des trucs de même. On ne faisait pas de compositions, on faisait uniquement des covers, des chansons des autres, puis c’était assez varié parce que nous, quand on était jeunes, on a été bercés par toutes sortes de musiques, et surtout du Québécois… du bon vieux Québécois : Beau Dommage, Laurence Jalbert et compagnie. Donc, je te dirais que ça rôdait autour de ça, même si on a… parce qu’on gagne notre vie avec des covers dans les bars aussi depuis cinq ans, puis on essaie de toucher à tous les styles, là, que ça soit du rock, du pop, du pop‑rock plutôt.

    Puis en cours, de parcours on a décidé de changer de nom parce que les gens nous débaptisaient toujours. Il ne savaient pas comment le prononcer, ils ne s’en rappelaient pas. Donc, à force de se faire débaptiser, on s’est penchés sur la question, puis finalement, on a opté pour 2Frères après une longue discussion.

    Érik : On a « brainstormé » longtemps quand même pour en arriver à quelque chose d’aussi simple que 2Frères. Ça s’est imposé comme une évidence parce que 2Frères, ça nous représente bien. On est vraiment du monde qui a des valeurs familiales bien ancrées : la famille, les amis et tout ça, on est comme ça. Donc 2Frères, aussitôt qu’on a sorti l’idée, ça nous a tout de suite plu. On s’est tout de suite reconnus là‑dedans, puis on a décidé d’y aller pour ça.

    Est‑ce qu’on risque de s’attendre à des déchirements à la Gallagher comme Oasis?

    Érik : Il y a quelqu’un qui a fait une comparaison à Oasis ce matin aussi. Non.

    Sonny : Mais, non, ça va… ça va très bien. On a une belle relation, puis le fait de partager… de partager une passion, aussi, ça nous rapproche, ça a tendance à nous rapprocher. Puis on est des personnes assez faciles… on a des caractères forts chacun, un et l’autre, mais on se complète bien dans la vie en général, puis on n’est pas rancunier, donc…

    Érik : Ni l’un ni l’autre, oui, ça fait que ça donne une grosse chance, disons.

    À part les collaborations puis les petits cadeaux sur votre album, les chansons sont souvent créditées « 2Frères ». Ça marche comment, votre processus de création?

    Sonny : Il y a eu beaucoup de collaboration, comme tu disais, mais les pièces qui sont à nous autres sur l’album, il y a « Maudite promesse », qui a malgré tout été travaillée, parce que dans le fond, «Maudite promesse» , elle a été écrite par nous, mais elle a été retravaillée avec Stéphane Dussault (des Respectables) par la suite, puis il y a «M’aimerais‑tu pareil» qui est une toune entièrement de nous autres. Puis pour le processus de création, habituellement, j’envoie le premier jet, paroles et musique, après ça, même si elle n’est pas terminée, je la présente à Érik, puis si ça nous plaît à tous les deux, bien là, on la peaufine puis on la termine ensemble. Et donc, il y a aussi… on a collaboré sur «Démons du midi» aux paroles et à la musique. En fait, la musique, oui, on a collaboré aux paroles et à la musique, puis la chanson Pépé aussi, on a fait la musique et on a travaillé le texte avec Stéphane Dussault.

    Érik : Il y a eu une collaboration dans Casseroles et clairons. On a fait une partie des paroles avec Steph Dussault et Jonathan Painchaud, et la musique est de Jonathan Painchaud et Stéphane Lévesque, un de nos amis de Sept‑Îles.

    Puis j’ai remarqué aussi une collaboration avec Alexandre Poulin, aussi, qui est comme pas mal hot ces temps‑ci…

    Sonny : Oui, c’est un artiste qu’on respecte depuis ses commencements, puis nous, ce qui nous plaît dans la musique, c’est surtout les paroles des chansons, quand il y a des histoires qui racontent quelque chose, finalement. Puis il y a comme… comme on avait un gros penchant pour Alexandre Poulin, bien, quand on a fait la rencontre de Mario, il nous a demandé s’il y avait des artistes qu’on aimerait voir écrire pour nous autres, puis nous autres, on a tout de suite pensé à Alexandre Poulin instantanément, puis il l’a contacté. On l’a rencontré, super swell le boy, vraiment fin. Puis il nous a envoyé une chanson qu’il avait déjà, qu’il n’avait jamais endisquée, mais qu’il avait déjà en banque.

    Érik : Puis il a décidé de nous l’offrir. Ça nous plaisait, ça fait qu’on a décidé de la prendre, tout simplement.

    Pour un gars comme moi qui a, bon, pas mal vécu son adolescence dans les années 1980, quand on entend Mario Pelchat, nous autres, on pense tout le temps Couleur passion, Pleure dans la pluie et compagnie. Bon, c’est sûr que je sais qu’il a beaucoup changé depuis. Même récemment, il a comme entrepris un gros virage plus country-folk. Comment c’est, travailler avec Mario?

    Sonny : Mario, c’est quelqu’un d’extrêmement généreux. C’est quelqu’un de… tu sais, pour ma part, je trouvais ça intimidant un peu. Non, mais pour vrai, je trouvais ça intimidant un peu parce que c’est quand même quelqu’un qui est dans le métier depuis 34 ans. C’est quelqu’un qui a du pif, quelqu’un qui a du flair, ça fait que juste de savoir au départ qu’il s’intéressait à nous autres, c’était extrêmement motivant. Mais je te dirais qu’en règle générale, c’est facile, travailler avec Mario. C’est quelqu’un avec beaucoup de caractère, mais c’est… il est un peu comme nous autres, il n’est pas rancunier. C’est quelqu’un qui est capable de dire les vraies affaires. On sait à quoi s’attendre avec lui, il ne nous fait pas de fausses promesses…

    Érik : On a toujours l’heure juste.

    Sonny : C’est quelqu’un de très droit.

    Érik : Ce qui est le plus important dans le domaine, je pense, quand tu travailles avec des gens, c’est d’avoir l’heure juste. Ce n’est pas un métier qui est facile, d’autant plus… plus que jamais en 2015, c’est difficile, mais ce qu’on veut, nous autres, c’est avoir l’heure juste, c’est avoir la vérité. Ce n’est pas… on ne veut pas qu’on nous dise ce qu’on veut entendre, on veut savoir ce qu’il en est réellement, puis c’est ce qu’on a avec Mario. C’est vraiment… il nous le dit toujours, tu sais. Ce n’est pas facile, même quand on a des bons coups. Il est toujours là pour nous rappeler que ça va bien, c’est le fun, tu sais…

    Sonny : Mais il n’y a rien de gagné.

    Érik : … c’est encourageant, mais il n’y a rien de gagné, il faut travailler fort, il faut continuer d’établir des stratégies puis de savoir ce qu’on fait puis où est‑ce qu’on s’en va, c’est super important pour lui. Il ne néglige absolument aucun détail. Il est minutieux, et puis il ne regarde pas les dépenses. Quand il sait que c’est important, go, on fonce, on le fait. Malgré l’industrie difficile qui bat de l’aile, lui, s’il sait que c’est important, il va mettre le budget nécessaire pour que ça fonctionne.

    Parlant d’industrie difficile, quand on y entre, je connais des artistes émergents de la région qui ont deux, trois, quatre jobs en plus de la musique, comment voyez-vous votre avenir à moyen ou à long terme? Est‑ce que vous êtes assez optimistes? Pensez-vous pouvoir vivre de ça décemment?

    Sonny : Bien, nous, ça fait déjà cinq ans qu’on vit de ça. On fait la tournée des bars aussi, il faut le dire, là, en chansonniers à deux, en faisant la tournée des bars, on a réussi à se bâtir un public qui est extrêmement fidèle, puis je pense que la proximité avec les gens, c’est le secret pour réussir dans l’industrie. Parce qu’aujourd’hui, la musique se pirate facilement, puis même si les gens l’achètent sur iTunes, bien souvent, ils vont acheter une toune, peut‑être deux. Dépendamment des chansons qu’ils aiment sur ton album. Donc, je pense vraiment que le secret, c’est la proximité avec les gens, puis on a la chance d’avoir un public qui n’est pas immense, mais qui est extrêmement fidèle.

    Érik : Je pense qu’il y a deux choses qui font aussi qu’on peut être proche de notre public comme ça : les réseaux sociaux qui sont une arme d’une force incroyable en 2015. Je pense que c’est impossible pour un artiste émergent de rejoindre le public sans les réseaux sociaux. Ça doit se faire, mais tu sais, en partant, tu pars deux kilomètres en arrière de tout le monde. Donc, il y a deux choses qui nous aident beaucoup : les bars et les réseaux sociaux, parce qu’avec les bars, on va vraiment rencontrer les gens un peu partout en région. C’est facile d’y aller, on y va en formule duo, on ne fait pas exclusivement nos chansons, donc on fait des covers aussi. On en profite pour…

    Pour glisser les vôtres?

    Érik : … pour peaufiner nos chansons à travers des covers. Ça nous permet de nous faire connaître par les gens, puis tu sais, dans un bar, l’ambiance est propice à développer des amitiés puis des liens parce qu’on prend un verre puis, tu sais, on a du plaisir avec les gens. On est là trois soirs de suite, ça permet aux gens d’amener des amis le lendemain puis tout ça. Ce sont tous des gens qui s’ajoutent sur notre page Facebook puis qui nous suivent. Quand on sort quelque chose, ils sont les premiers à partager, ils sont les premiers à être là, à cliquer j’aime puis à commenter, à acheter l’album, à se prendre en photo avec, à nous donner leurs commentaires, ça fait que c’est vraiment un lien direct avec les gens partout au Québec.

    J’ai noté les thèmes qui reviennent souvent dans vos chansons. Évidemment, il y a les traditionnelles relations amoureuses. Ça, je pense qu’en chanson, on ne s’en sauve pas. Mais la famille, vous disiez tantôt que c’était super important pour vous autres, c’est une grande… une valeur, je pourrais dire, fondamentale, le territoire, patriotisme, le hockey, même, une chanson sur les démons du midi, j’avais trouvé ça quand même bien drôle. Puis aussi cette chanson, « Les casseroles », ce sont quand même des mouvements sociaux… bon, j’imagine que vous allez chercher ça dans votre quotidien, cette inspiration‑là?

    Bien, on a beaucoup de collaboration aussi, mais c’est sûr que la famille, c’est une chose primordiale. On a toujours la chanson Roadtrip qui parle de notre métier de chansonnier sur la route qu’on pratique depuis cinq (5) ans, puis c’est important pour nous la diversité des textes. C’était vraiment important… c’était important de toucher à l’amour, évidemment, parce qu’on ne peut pas… c’est ce qui touche le plus les gens, les chansons d’amour, c’est souvent les chansons auxquelles les gens vont le plus s’identifier, mais des chansons comme « Démon du midi », on trouvait ça le fun d’aborder le sujet parce que c’est très peu exploité en musique, mais c’est quand même intéressant parce qu’on connaît tous quelqu’un, tu sais… Le gars avec qui on l’a écrit, Stéphane Dussault, il a 45 ans, et sa conjointe a 32 ans, tu sais. Ça fait que déjà, ça le touchait plus personnellement. Ça nous a aidés à bâtir la chanson, il connaît un peu le phénomène.

    Il y a 30 ans de différence entre mon père puis sa blonde. Je me suis dit en riant : « Heille, c’est mon père! » Mais le fait d’être personnel comme ça, j’en ai parlé avec d’autres artistes récemment puis ils me disaient : « Tu veux rejoindre le plus grand nombre de personnes possible, sois le plus personnel possible, parle de toi, parle de ce qui te touche, parle vraiment de tes émotions à toi, n’essaie pas de parler de celles des autres, tu n’es pas dans leurs souliers. » Vous autres, vous voyez ça comment, comme approche? J’imagine justement que vu que vous avez quand même un public qui est proche puis qui est fidèle…

    Sonny : C’est difficile à répondre comme question. Par contre, moi, je te dirais que des chansons comme «Maudite promesse», qui a été écrite pour une vraie rupture que j’ai vraiment vécue, bien quand tu vis les choses que tu écris, c’est plus facile de les transmettre à quelqu’un qui les vit aussi. Bien, il y a eu beaucoup de gens qui nous ont écrit parce que «Maudite promesse», ça a été notre… ce n’est pas notre dernier single parce qu’il y en a un autre qui vient de sortir, mais c’est notre avant‑dernier single puis elle a beaucoup tourné, puis il y a des gens qui nous écrivaient : « Wow, moi puis ma copine, on vient de se laisser, puis j’écoute votre toune en boucle pour X, X raison parce que je me vois dedans. » Puis la raison est que quand je l’ai écrit, je vivais aussi une peine d’amour. Je ne l’ai pas juste écrit en m’imaginant une peine d’amour, ça fait que d’écrire des chansons qu’on vit personnellement, ça permet de mieux transmettre les émotions que les gens qui vivent la même chose peuvent ressentir plus facilement. Comprends‑tu ma réponse?

    Érik : Je trouve ça… je trouve ça le fun pour un premier album d’avoir des chansons qui nous touchent personnellement.

    Sonny : Je te donne un exemple. Steve Marin, le réalisateur et directeur artistique de l’album, trouvait ça important qu’on se reconnaisse dans nos propres chansons, tu sais, qu’on ne fasse pas trop d’interprétation, qu’on le vive, tu sais, qu’on vive les chansons qu’on chante. La chanson Trente‑trois tours qu’Alexandre Poulin nous a donnée était au départ écrite à la première personne. Pour faire une histoire courte, la chanson était chantée au « je ». Le chanteur, l’interprète de la chanson vivait personnellement ce qu’il chantait, mais  c’était loin de nous parce que c’est un gars qui reste près du Mile‑End à Montréal. Il rencontre une fille dans le vieux magasin de disques où il travaille. Puis Steve a eu l’idée de la mettre à la deuxième personne, donc au lieu de « Je travaillais dans un magasin de disques », « Tu travaillais… », tu sais. Ça fait que c’est comme si on racontait l’histoire d’un chum.

    Érik : Nous autres.

    Sonny : C’est Steve Marin qui a écrit la pièce titre, «Nous autres», qui est notre plus récent extrait radio. Pas trop longtemps après qu’on se soit rencontrés, il a voulu écrire une chanson qui traitait de nos valeurs fondamentales : la famille, les amis, les enfants, vraiment tout ce qui est fondamental pour nous, finalement, là, puis il a écrit «Nous autres» qui parle du fait qu’on vient d’un petit village entre l’Abitibi puis le Lac‑Saint‑Jean, qu’on est devenu parents puis tout ça, puis ça nous a touchés beaucoup quand on a vu ça, on avait l’impression que c’était nous qui l’avions écrit. C’est ça que ça donne, l’impression, parce que quand tu vas sur une scène pour interpréter tes chansons, il faut que les gens à qui tu les chantes aient l’impression que c’est toi qui l’a écrit, même si ce n’est pas le cas. Céline est une grande interprète en ce sens‑là. Elle chante une chanson pareil comme si elle l’avait écrite.

    Érik : Éric Lapointe aussi.

    Sonny : Éric Lapointe.

    Éric Lapointe chante les mots de Tabra la plupart du temps comme si…

    Sonny : …comme si c’était les siens.

    Érik : Même quand il reprend une toune de Ferland, si tu n’as jamais entendu la version de Ferland, jamais tu peux te douter que ce n’est pas Lapointe qui l’a écrit, là.

    Sonny : Donc le fait d’avoir des chansons qui ont été écrites personnellement pour nous autres, ça nous permet de faire ça.

    2Frères Nous autres (MP3 Disques)
    2Frères Nous autres (MP3 Disques)

    J’ai cru remarquer que vous êtes très influencés par la musique d’ici, mais avez‑vous des influences extérieures aussi?

    Sonny : Moi, j’ai été beaucoup influencé par le rock quand j’étais jeune, le rock des années 1980. Je dis toujours que j’ai appris à jouer de la guitare sur du Ozzy Osbourne, puis c’était branché dans une DS2, full distorsion, l’overdrive dans le tapis, puis ça faisait saigner les oreilles. J’ai appris à jouer de la guitare là‑dessus, mais c’est sûr que j’ai été aussi beaucoup influencé par la musique québécoise. Moi, pour m’endormir le soir, j’ai une petite playlist, là, de vieilles tounes québécoises, du Laurence Jalbert, du France D’Amour, du Isabelle Boulay, du Beau Dommage, une playlist qui m’endort le soir parce que ça me rappelle des souvenirs quand j’étais jeune.

    Mais il n’y a pas beaucoup de… on n’est pas très rock.

    Érik : Pas très rock, mais dans l’avenir, on va… je pense qu’on va travailler un peu nos affaires, on va… parce que Sonny… Sonny, c’est un guitariste… un excellent guitariste, acoustique comme électrique. Puis je trouve personnellement que sur l’album, on n’a pas exploité encore, on n’a pas pas… puis c’est tant mieux, tu sais, c’est tant mieux qu’on n’ait pas tout fait sur le premier album

    Sonny : On se garde des surprises pour des albums à venir. Mais il y a bien des choses qu’on pourrait faire puis qu’on veut travailler. On en a parlé justement avec Steve Marin qui va réaliser notre deuxième album aussi, sur lequel on va commencer à travailler bientôt, même. Donc, il nous reste encore plein de surprises, là, pour un deuxième puis même un troisième album. On a des idées en tête déjà, là.

    Vous m’avez volé ma dernière question, justement. Vous parlez d’un éventuel deuxième album?

    Sonny : Écoute, c’est sûr et certain que nous autres, si on nous demande d’en faire 40, on va en faire 40. On veut vivre de ce métier là depuis toujours. Mais je te dirais que si le premier marche bien, il n’y a rien qui va nous empêcher d’en faire un deuxième, ça, c’est sûr. Mais il reste encore à gagner le public pour le premier, il vient de sortir quand même, il faut se laisser un peu de… il faut se laisser un peu de temps, mais je te dirais que c’est sûr et certain que si on nous demande de faire un deuxième album, bien, on va le faire, c’est sûr et certain. Si les radios embarquent, ça ne devrait pas être trop difficile.

    Érik : On espère que ça va bien aller, tu sais. Il n’y a jamais rien de gagné, même si ça va super bien, là.

     

    C’est sur ces mots fort lucides que l’entrevue s’est terminée. Bien sûr, on a jasé encore un peu après, on a parlé de nos familles, de hockey, comme si on était entre chums. C’est un peu l’ambiance qui va régner le 15 octobre prochain au Petit Impérial. Le spectacle sera présenté à guichets fermés. Pour ceux qui manqueront les frères Caouette, ils seront de retour le 14 avril prochain à l’Impérial Bell.

    Jacques Boivin

    14 octobre 2015
    Entrevues
    2Frères, Impérial Bell, Petit Impérial
  • [ENTREVUE + PRESTATION] Philippe Brach, Bonne journée, 16 septembre 2015

    [ENTREVUE + PRESTATION] Philippe Brach, Bonne journée, 16 septembre 2015

     

    Philippe Brach, c’est un artiste de talent qui a sa teinte particulière, son petit côté fucké et plein de passions bizarres. Pour le mettre à l’aise, on lui a concocté une entrevue et une performance à la bonne franquette, avec un petit brin de fantaisie. De son bord, il nous a souhaité une Bonne journée à sa façon.

     

    Pour ceux qui ne le connaissent pas, Philippe Brach en est depuis tout récemment à son deuxième album, intitulé Portraits de famine (dont on a fait la critique). Il s’est dit très content de la réception de celui-ci par le public et la critique, majoritairement positive à son égard : « J’suis content, très content. D’ailleurs hier il y a Claude Rajotte qui a donné un 9 sur 10 à l’album. J’tais très très très, très heureux». C’est un résultat auquel il fallait s’attendre, puisque l’artiste s’était déjà dit satisfait du travail mis sur son album au cours de notre dernière entrevue avec lui. Lorsqu’en plus on travaille avec Louis-Jean Cormier (qui réalisait l’album), pas le choix d’y aller à fond : «avec Louis-Jean tu sais ben que ça finit en fanfare pis toute,» explique-t-il en riant. «Scuse, c’est quand même assez difficile de faire une entrevue quand il y a un python royal», s’exclame déjà Philippe Brach, qui a tenu Mouton le serpent tout au long de notre entretien. Oui, vous avez bien lu: pour lui changer les idées, on a apporté un python royal à notre invité. Des fois, un brin de folie rajoute de beaux moments aux entrevues.

    Bref. Nous n’avons pas trop parlé de son travail avec Louis-Jean, question qu’il avoue s’être fait poser sans relâche depuis la parution de l’album. On lui a plutôt demandé comment s’était passée sa collaboration avec Klô Pelgag, qu’on peut entendre sur une des chansons de l’album et qui a fait une apparition dans un des spectacles de Brach : « Klô c’est une bonne amie ; elle est super ouverte, super cool…Elle est venue nous voir en studio, elle a fait les tracks qu’elle avait à faire pis après ça on est allés boire de la bière. J’étais content de travailler avec elle. Je l’ai connue au festival en chanson de Petite-Vallée, dans les rencontres qui chantent, il y a comme sept ans… Ouais, ça fait un boutte qu’on se connaît…» Et là, Mouton a fait son capricieux, ce qui a interrompu sa réponse, avant qu’il ajoute : «Bref ça faisait un boutte que je voulais travailler avec elle, pis c’était comme l’occasion parfaite finalement.» Le résultat est plus qu’intéressant, surtout du fait que leurs deux univers se recoupent parfois, tous les deux bizarres à leur façon. «Ouais, elle est capable d’être fuckée », réplique Brach en riant lorsque je le lui fais remarquer.

    Dans Portraits de famine, on touche à des sujets très variés, passant de l’avortement à la taxidermie. C’est que Brach a des sources d’inspiration aussi multiples pour ses textes que pour sa musique : «Des fois c’est très personnel, des fois c’est super fictif. Parfois, je m’inspire des gens qui m’entourent. Ça dépend vraiment tout le temps. » Né pour être sauvage, notamment, raconte l’histoire d’un animal… du point de vue de l’animal. Cependant, Brach nous avoue y mettre du sien dans toutes les histoires qu’il raconte, et même celle-là : « J’essaie souvent de faire un rapport à moi-même ou une espèce d’analogie à quelque chose d’autre dans mes chansons. Par exemple quand je parle de taxidermie.» Brouillant les cartes, on ne sait donc jamais quand Brach parle de faits purement fictifs ou quand il chante sa vie en sous-entendus. C’est peut-être ce qui rend ses chansons touchantes.

    Toujours est-il qu’il est convaincant même lorsque ses chansons parlent d’une situation qu’il n’a pas vécue, comme c’est le cas dans L’Amour aux temps du cancer. Cela nécessite un certain travail, explique-t-il : «C’est ça qui est tough aussi, de parler du cancer quand tu ne l’as jamais eu et d’essayer d’être le plus juste possible pour que ce soit vrai, senti… C’est tough en criss. Mais parler avec des gens qui ont vécu de près ou de loin le cancer ça aide.» Avec un bagage de 14 ans en improvisation théâtrale, il est normal que ce type de recherche, la construction de personnage, soit intéressant pour Brach. Il explore donc des horizons qui lui sont inconnus pour s’y immerger le temps d’une chanson: «En ce moment je suis en train d’écrire un texte sur la transsexualité, et il me manque de jus. Je n’aurai pas le choix d’aller voir des transsexuels ; va falloir que j’en parle avec eux pour bien les cerner parce que sinon je vais me mettre à dire n’importe quoi et ça ne sera pas très vrai.»

    En plus de ses talents d’improvisateur, Philippe Brach incorpore beaucoup d’éléments de ses autres passions dans sa musique. Notamment, on a pu constater qu’il aimait les animaux et les costumes grâce aux pochettes de ses deux albums. En outre, ayant une passion avouée pour le cinéma, il est normal que certaines de ses chansons soient «des histoires inventées vraiment de toutes parts, plus cinématographiques, comme des scènes de cinéma, littéralement». Ce goût de la mise en scène se retrouve aussi dans les spectacles de Brach, qui aime en mettre plein la vue. «Klô c’est pas la personne qui va le plus upstager, qui va être la plus show off», m’avait-il dit lorsqu’on parlait de sa collaboratrice. Elle a pourtant son genre sur scène, sa folie à elle, mais elle n’est pas le showman que Brach cherche à être.

    Ainsi, en plus du contenu, Philippe Brach soigne le contenant, le concept dans lequel il offre sa musique. C’est ce qui frappe lorsqu’il parle de son troisième album (l’autre est sorti il y a quelques semaines seulement !) : «Je suis déjà en train de penser au troisième album…J’y pense, mais j’ai juste quelques phrases de griffonnées. Je n’ai vraiment pas grand-chose au fond, mais je pense déjà au visuel de la pochette. Je commence déjà à ramasser des images que j’aime bien pour ça.» Il voit aussi cet opus éventuel comme étant le moyen d’explorer jusqu’au bout un autre de ses buzz, comme il les appelle : les chorales d’églises et les chants gospel. C’est un intérêt qu’il avait déjà manifesté dans sa première entrevue avec nous : «Ouin, je sais. J’veux pousser à bout cette idée-là, j’ai pas encore décroché de mon buzz. Donc j’ai l’impression que le troisième album ne sera vraiment pas pop ; plus soul, pas mal moins accessible, plus chorale, église… le genre de truc que j’me pète un buzz,» dit-il en ajoutant qu’il ne se soucie pas trop du fait que ça vende ou non avec cette formule.

    Brach aura bien le temps de changer d’idée ou d’approfondir son buzz, puisqu’il sera en tournée pour la prochaine année afin de présenter Portraits de famine. Avant qu’il prenne place pour la performance live, on lui a posé une dernière question. Comme, au fil des entrevues, Brach dévoile toujours de nouveaux passe-temps plus inusités les uns que les autres, on s’est demandé s’il n’avait pas une autre passion saugrenue à nous partager. En riant, mais quand même un peu sérieux, il nous avoue : «C’est un peu cave c’que je vais dire, mais je caresse le désir de tourner la roue à la Roue de fortune chez vous. J’achète pas de gratteux dans la vie… à part des Roues de fortune… Parce que mon rêve c’est d’être sélectionné pour tourner la roue,» dit-il avec un sourire en coin. «J’aimerais ça inviter tous mes amis, les costumer en gens un peu BS, pis jouer un personnage… Mais pour ça, il faut que j’en achète en crisse parce que si un jour j’deviens trop connu, ça va être moins possible. C’est ça. J’en achète en tournée, j’peux en acheter un shitload des p’tits gratteux de même.» On le croit, parce qu’il en avait même un avec lui pendant l’entrevue ! «Pis c’est vraiment juste pour le stunt. Le montant que je gagnerais, je pourrais le donner à une fondation. Quand je gagne de l’argent avec ces gratteux-là, je les crisse à la dompe pareil, j’vais même pas les échanger. C’est sûr que ma passion pour les animaux est pas mal plus forte que ma passion pour les Roues de fortune chez vous, mais ouais.»

    Alors, fans finis de Philippe Brach, vous saurez quoi lui pitcher à son prochain spectacle !

    Marie-Ève Fortier

    8 octobre 2015
    Entrevues
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  • [Entrevue] La Gypsy Kumbia Orchestra : la danse pour changer le monde !

    [Entrevue] La Gypsy Kumbia Orchestra : la danse pour changer le monde !

    Lors de leur passage au Cercle, j’ai pu m’entretenir avec Anit, violoniste et directeur musical de Gypsy Kumbia Orchestra. Mon petit calepin de notes n’était cependant pas assez efficace comme moyen de prise de note, j’ai donc décidé de rejoindre Anit par téléphone afin qu’il me raconte un peu son groupe. Voici ce que ça a donné:

    Salut Anit,

    J’aimerais en premier lieu que tu me dises c’est quoi au juste l’histoire de Gypsy Kumbia.

    Tout a commencé avec la Salsa descalza, un collectif de danseurs et de musiciens qui se sont donné pour objectif de faire connaître et partager la danse. Carmen et Sebastian du collectif avaient le rêve de créer le groupe afin de mélanger la musique des Balkans avec la musique Afro-colombienne. Et c’est Sébastien qui m’a demandé de faire la direction musicale du groupe. Avec un aussi gros groupe, c’est pratique d’avoir quelqu’un qui arrange les partitions et qui s’occupe de tout l’aspect musical. Ça fait maintenant trois ans depuis le premier concert. On a fait le tour de la Gaspésie, du Nouveau Brunswick et de l’Ontario. On est aussi allé un mois en Colombie en hiver 2014 ainsi qu’en France dans la vallée de la Loire ce printemps.


    Parle-moi un peu plus des influences musicales du groupe.

    C’est à part égale la musique afro-colombienne qui est très présente dans les percussions, particulièrement dans la tambora, l’alegre, le llamador et les maracas. Puis la musique des orchestres et fanfares de l’Europe de l’est. Normalement, dans les ensembles de l’Europe de l’est, on retrouve soit des cordes, soit des cuivres, mais avec la GKO on mélange les deux. Il y a bien quelques groupes qui font un peu dans cette veine, notamment Mahala Rai Banda, qui mélange violons, chants, cuivres, etc., mais ça demeure quand même hors du commun.


    C’est quoi la musique Afro-Colombienne?

    C’est un mélange de trois influences : les musiques autochtones avec la flute gaita et percussions, des musiques africaines noires et influences européennes. Il y a une cumbia plus traditionnelle avec percussions, flute, chants, et certains artistes reprennent ça aujourd’hui : Petrona Martinez, Toto La Momposina, puis los Gaiteros de San Jacinto, qui jouent la cumbia « ancienne », mais à une époque, dans les années 50 et 60, les gens faisaient des fanfares de big band pour faire danser les gens. Ça a donné une cumbia beaucoup plus arrangée avec la basse électrique et les cuivres. Puis la cumbia a eu une grande influence en Amérique latine. Plusieurs pays ont adopté leur propre version de cumbia comme, par exemple la chicha péruvienne. Le Mexique, la Bolivie, l’Argentine, le Chili et d’autres pays latino-américains ont tous aussi développé leur version de la cumbia. Des fois le rythme ressemble au reggae, son rythme polyvalent peut être repris tout en gardant la nature de base de la cumbia. La musique afro-colombienne englobe aussi une famille de plusieurs autres rythmes: porro, mapale, fandango, etc… On s’inspire de tout ce qui relève de ce genre de musique, autant du point de vue des mélodies que de l’instrumentation, mais aussi des rythmes et mélodies de l’Europe de l’est, notamment des rythmes impairs 9/8, 7/8, 9/4, qui sont des rythmes appartenant aux danses populaires de ces pays.

    Quels sont les défis à surmonter quand on a un projet de cette envergure ?

    Il ne manque pas de défis, tant au niveau de la gestion qu’au travail de création souvent collectif.
    Booking des spectacles et des tournées, demandes de subventions, gestion des finances, graphisme et publicité sans oublier bien sûr tout le travail au niveau de la danse, de la mise en scène et de la musique ! Beaucoup de membres du groupe sont proactifs dans la gestion et dans l’accomplissement des différentes tâches à faire, alors on y arrive!


    Comment ça se passe de ton côté pour la musique ?

    J’essaie d’être à l’écoute de ce qui nous inspire, et de ce qui inspire les musiciens. Puis je vise un juste milieu. Je ne fais pas des arrangements inutilement complexes, mais plutôt efficaces. Notre objectif premier demeure danser et faire danser. D’ailleurs les musiciens dansent lorsqu’on joue les arrangements. On cherche à faire une musique dansante et ressentie, qui donne des émotions fortes. Il y a aussi eu 4-5 autres membres du groupe qui ont contribué à l’album en tant que compositeurs. Le directeur artistique, Juan Perditi, a l’idée de base derrière le spectacle. Il a une vision pour la mise en scène et le déroulement du spectacle et je m’organise pour que la musique soit fidèle à cela !


    Est-ce que la réaction est la même partout ? Les gens dansent-ils toujours ?

    Oui ! J’ai trouvé que non seulement ils dansent, mais le spectacle plaît à un auditoire très divers, jeune, vieux, québécois, latino, gens de l’Europe de l’est, même les hipsters! Tout le monde y trouve son compte. On reçoit aussi beaucoup d’appréciation des amis musiciens qui ont des oreilles critiques, qui ont vu le chemin qu’on a fait ensemble et qui expriment des bonnes choses. Il faut dire que le groupe est très jeune – trois ans seulement – c’est donc toujours en croissance, en apprentissage musical, scénique, et notre capacité à rejoindre le public est toujours plus forte. Depuis nos débuts on remplit une fois par mois la Sala Rossa, qui est une salle de plus de 300 personnes, et récemment on a rempli le Club Soda pour le lancement juste après celui de Québec.


    Quand vous avez joué au Cercle en septembre, vous parliez de revenir jouer le mois prochain. Est-ce que ce sera le cas et à chaque mois? C’est quoi l’objectif pour les spectacles ?

    Depuis quelques années on souhaite pouvoir avoir une journée mensuelle à Québec comme celle que nous avons à Montréal. À Montréal on n’a pas de trop de problème à avoir notre public. On va voir pour ce qui est de Québec, si le public est capable de remplir la salle. Il faut dire qu’il y a aussi une grande diaspora colombienne à Québec donc il y a certainement un bon potentiel.

    Comment l’album a-t-il été produit ?

    Autant que possible, on a enregistré tous en même temps. Les solos ont été enregistrés en même temps aussi, il n’y a donc pas d’overdub sauf pour des questions de logistique. Lorsqu’un musicien ne pouvait pas être là par exemple. Donc, pour la plupart des instruments, on a tout fait en même temps, mais chaque groupe d’instruments dans une pièce différente pour se garder un certain contrôle dans la sonorité. L’album a été enregistré au studio Tone Bender avec Olivier St-Pierre [N.d.r. : pas moi!]. Je ne sais pas ce que toi tu retires comme émotion en écoutant l’album, mais c’est voulu dans le spectacle et dans le disque que chacun puisse en tirer son propre message. Il reste libre à l’interprétation. C’est notre approche artistique. Je suis satisfait que l’on exprime avec cet album un certain besoin de changement du système de valeurs qui domine dans la société. On sent partout ce besoin de renouveler notre société, notre être, nos actions et d’y arriver en se responsabilisant soi-même, en se donnant le droit d’être artiste, d’être un héros, d’être un vecteur de changement et ne pas s’attendre à ce qu’un élément extérieur amène ce changement. C’est un message constant dans ce qu’on fait.

    Est-ce que ça se reflète plus fortement dans une chanson particulière ?

    C’est présent partout dans l’album et dans le texte. Mais il y a bien une série de quatre chansons qui commencent avec Gaïa Bolo. Ces quatre chansons symbolisent la mère terre qui exprime sa déception envers ses enfants. Est figurée ensuite une époque de cataclysme écologique qui dévasterait la surface de la terre et qui apporterait du nouveau. S’ensuit la renaissance de la vie et des prochains chapitres de la belle époque de la planète. Il y aussi Alta Cima, où le texte dénonce l’accumulation de plus d’argent que ce dont on a réellement besoin. Il y a Maxicumbia où on utilise cette phrase qui dit qu’on n’est pas tous des artistes, mais qu’en tant qu’êtres, on a besoin d’être artistes. On a tous le droit de s’exprimer artistiquement, sans forcément être de grands artistes chevronnés. Tout le monde a le droit de s’approprier ce qu’il y a de beau dans les arts et de l’appliquer dans sa vie.


    Est-ce que tu veux dire quelques mots de l’album de ton autre groupe Ayrad ?

    Oui ! Il s’agit d’un tout autre type de production, très studio, très raffiné. Et le projet connaît un bon succès. On a été nommés aux Juno pour l’album de musique du monde de l’année ainsi qu’au Canadian music awards et à l’ADISQ. On est allés jouer pour l’ambassade Canadienne au Qatar, puis en Écosse au « Mela » d’Édimbourg. C’est un projet très intéressant où on s’inspire des racines de musiques marocaines avec des chansons très vieilles qui sont reprises ou des styles de musique qui viennent des villages ou des confréries soufies. On mélange ça avec un ensemble urbanisé : drum, guitare et basse électrique, percussion, hautbois, violon. C’est une formation peut-être un peu plus rock mais qui reflète aussi des côtés « roots » marocaine.

    Merci beaucoup pour ton temps Anit !

    Olivier P. St-Pierre

    6 octobre 2015
    Entrevues
    ADISQ, Ayrad, gypsy kumbia orchestra, Le Cercle
  • [ENTREVUE] Beat Market

    Matériel promotionnel envoyé par Lisbon Lux Records.
    Matériel promotionnel envoyé par Lisbon Lux Records.

    Quelques heures avant leur entrée en scène au Show de la Rentrée 2015 de l’Université Laval, le duo électro Beat Market nous a accordé une généreuse entrevue pour nous parler de leur nouvel opus ainsi que de leur concert à venir au Pantoum, le 2 octobre prochain. C’est dans leur loge que je rencontre, dans une ambiance très décontractée, les sympathiques Louis-Joseph Cliche et Maxime Bellavance.

    D’entrée de jeu, j’aborde le sujet du nouveau disque, Sun Machine. Simplement, la question est la suivante : «À quoi peut-on s’attendre de cet album?». Tout en souriant, ils me disent que ce sera du «gros son qui ressemble à un éléphant. Le drum sera lourd et teinté de synth». Rien ne sera subtil, «ce sera du dru lourd direct dans la face» rajoutent-ils. Leur dernier album, Red Magic, était plus disco et d’ambiance lounge selon eux. Ce sera totalement différent! Finalement, Louis-Joseph Cliche me dit en riant que Sun Machine est un album de sci-fi disco. Voyant mon interrogation, il m’en dit plus sur le genre qui est un dérivé du funk. Les sonorités et les inspirations viennent du monde de la science-fiction, car le duo est un grand fan de ce genre cinématographique.

    Parlant d’inspiration, je prends le temps de leur demander ce qui les a inspirés pour l’album. Il y en a plusieurs, mais la plupart sont issus du mouvement French Touch. Leur relation avec ce genre est bidirectionnelle. En effet, en plus d’être de grands fans du genre, ils apprennent énormément des maîtres de ce courant musical qui fait sont retour depuis quelques années avec des groupes tels que Le Couleur, Justice et M83. Les deux musiciens me disent se faire souvent comparer au duo Daft Punk! «Ce n’est pas rien» leur dis-je avec intérêt. Se faire comparer à un des plus grands duos de l’histoire de la musique électronique, c’est tout un honneur. Ils disent s’inspirer d’eux, tout en ajoutant des DJs tels que Deamdau5, Justice et Flying Lotus. Ce dernier est signé par le label américain Warp qui démontre de nombreuses similitudes avec la boite de production de Beat Market, Lisbon Lux Records. Nous en parlons vaguement, mais je ressens la passion dans les yeux des musiciens. Ils semblent adorer leur label qui est sincère et intègre dans le courant électronique au Québec. Ils me disent que ce label, qui signe entre autres Le Couleur et Das Mörtal, est d’une grande qualité. Je ne peux qu’être d’accord, car les artistes de leur catalogue sont tout simplement incroyables.

    [bandcamp width=100% height=120 track=1278547466 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Qu’en est-il sur scène? Je fais remarquer à Beat Market qu’ils font partie de la minorité des artistes électroniques qui jouent en mode Full Band plutôt qu’en DJ Set. Pourquoi avoir fait ce choix? «Parce que nous sommes des musiciens à la base». Ils en rajoutent sur le groupe Daft Punk en me disant que «les gars ont débuté avec des vinyles et des tables tournantes, c’est pour ça qu’ils sont encore là dedans, et c’est super ce qu’ils font avec ça. Nous, nous sommes d’une autre époque. Nous n’avons pas connu ce temps.» C’est une des explications de leur choix de jouer avec des instruments sur scène. Par contre, Maxime Bellavance me rappelle que le duo utilise quand même des ordinateurs sur scène, et qu’il y en aura de plus en plus dans le prochain concert. En effet, il me dit qu’il adore traiter le son d’une manière différente dans son ordinateur et que ce dernier devient un véritable instrument à part entière. Par contre, il reste que le groupe adore coeur en Full Band pour l’énergie que ça apporte sur scène et dans la salle.

    Au printemps dernier, le duo a traversé l’océan pour donner quelques concerts en Angleterre. J’en profite donc pour en savoir plus sur cette expérience qui semble très enrichissante. Les gars m’expliquent que le festival où ils ont joué deux concerts était très folk. La vibe de la foule était neutre, surtout pour les plus petits groupes. Après la quatrième chanson du show, «le public était en délire et tous les bras étaient dans les airs» me disent-ils. Ils sont super heureux de la réaction et ils me disent que ça super bien fonctionné de l’autre côté de l’océan. C’est d’ailleurs un des objectifs du label et du groupe pour l’aventure Sun Machine, car le duo veut traverser les frontières pour exporter sa musique. Maxime Bellavance me rappelle que leur musique étant sans paroles, c’est un peu plus facile de s’exporter. Par contre, voulant pousser la chose plus loin, quelques pièces incluant des collaborations avec des artistes anglophones sont en chantier. Sous quelle forme le projet verra-t-il le jour? Ils me disent que «ce n’est pas clair encore pour le moment. Probablement un EP à venir prochainement».

    Finalement, avant de se dire au revoir, je leur demande ce qu’ils nous réservent pour leur concert au Pantoum le 2 octobre prochain. «Ça va kicker des culs!» me lancent-ils en riant. Il y aura des costumes avec des LED programmables et un visuel impressionnant pour une salle si intime. En mode full band, ce concert risque d’être très couru et très impressionnant. C’est votre chance de les voir avant qu’ils s’exportent aux quatre coins de la planète.

    Le concert aura lieu au Pantoum le 2 octobre prochain. Vous ne savez pas c’est où le Pantoum? Écrivez-leur et ils vous donneront l’adresse, car cette dernière doit rester secrète.

    Matthieu Paquet-Chabot

    23 septembre 2015
    Entrevues
    Beat Market, Lisbon Lux Record, Lisbon Lux Records, pantoum, Sun Machine
  • [ENTREVUE] Navet Confit

    [ENTREVUE] Navet Confit

    Navet Confit faisait paraître son 7e album intitulé LOL vendredi dernier. J’ai eu la chance de m’entretenir avec Jean-Philippe Fréchette, l’homme à tout faire derrière l’absurde pseudonyme, pour parler de punk, de l’art de faire des spectacles spontanés, du plaisir de collaborer et de gingembre!

    Pour la première fois, on ne retrouve pas la mention « LP » dans ton titre. Était-ce voulu?

    Navet Confit: C’était le titre de travail, mais quand j’avais fini ça ne me tentait plus. Je m’étais mis des restrictions: avoir tel type de graphisme, tel type de sonorité puis que les albums soient numérotés. Cet album-là c’est un peu l’idée de faire table rase.

    La pochette de l’album est assez différente de ce que tu as choisi auparavant…

    NC: Pour vrai? (rires) Celle-là c’est moi qui l’ai fait.

    C’est la première fois que tu conçois la pochette seul?

    NC: Oui, j’ai appris Photoshop avec cette pochette-là. Je trouve ça drôle. Faut comprendre ici que je ne trouve pas ça beau et que ce n’était pas ça le but.

    (rires) En même temps, ça va bien avec le titre LOL…

    NC: Tout ça va dans le même sens. C’est une démarche à plusieurs têtes: la pochette, la musique, les relations de presse et l’imagerie qui va avec la promo. (ndlr voir les capsules de présentation des chansons sur youtube)

    crédit photo: famille
    crédit photo: famille

    Comment l’enregistrement de l’album s’est-il déroulé?

    NC: J’ai pas mal toujours été en campagne ou dans le bois pour faire ça. En une semaine on a enregistré toute la musique chez Pilou (Peter Henry Phillips) C’est un studio dans le bois en Estrie et c’est vraiment merveilleux. Tu es tranquille, tu travailles à ton rythme. Après j’ai fini ça tout seul pour faire les voix. Le trippe d’avoir enregistré ça en band ça s’entend aussi . On a enregistré « live », sans clique, en power-trio, assis ensemble à avoir du fun.

    Ce qui est différent de la trilogie sortie en 2013…

    NC: Il y avait des collabos surtout sur LP4, sinon j’ai beaucoup joué seul, le drum, la basse et la guitare.

    Est-ce que les trois disques avaient été enregistrés en ordre?

    NC: Non ça c’était un gros bordel. Je n’avais plus de label et je continuais à accumuler des maquettes, mais je ne sortais rien. C’est pour ça que j’ai tout sorti en même temps.

    Là tu as une maison de disque (La Meute) pour t’appuyer…

    NC: C’est ça… puis avant de sortir les 3 albums en même temps, j’avais tout ça et je ne savais pas quoi faire avec, mais je ne voulais pas nécessairement sortir ça DIY parce que l’énergie manquait. Aussi, c’est bien d’avoir l’endossement d’un label qui te fait confiance et qui sort tes affaires.

    Pour les spectacles de lancement, comment ça se passe?

    NC: On fait un show complet en trio; pas juste 3 chansons. De toute façon quand on commence à jouer ensemble, on n’est pas arrêtable. Les tounes étaient déjà montées (avant le premier show au FME il y a deux semaines) puisqu’elles ont été enregistrées live. Ce n’est pas comme remonter quelque chose construit en studio avec plein de programmation. Le passage à la scène est donc plutôt simple. En plus, le répertoire est vaste maintenant (7 albums et plusieurs EP) c’est le fun d’aller se promener dedans.

    Est-ce que le « setlist » change entre les shows?

    NC: Il y a un noyau central, mais je ne suis pas « stiff«  sur les « setlists« . J’aime la spontanéité. C’est plate d’aller voir deux fois le même artiste et d’entendre les mêmes commentaires entre les mêmes deux tounes. Tant qu’à ça, tu regardes le DVD ou tu écoutes l’album. Un spectacle c’est un art vivant et il faut se mettre en danger.

    Tu enregistres beaucoup de matériel. Est-ce qu’il en est resté qui ne cadraient pas sur LOL?

    NC: Oui quelques-unes… J’avais des chansons plus relaxes qui ne « fittaient » pas dans le cadre vraiment « punché » de LOL, le collage de tounes de 1 minute. Je ne voulais donc pas de chansons de 6 minutes psychédéliques planantes sur l’album.

    En même temps, il y a Mannequin de magasin qui vient 3 fois changer le rythme de l’album en apparaissant après 2-3 tounes plus punk…

    NC: Ça permet de reprendre une respiration, de repartir un cycle… comme le gingembre quand tu manges des sushis. (rires) C’est rassurant puis après tu es prêt pour goûter d’autres saveurs.

    En même temps les petites tounes aussi je trouve qu’elles font du bien à travers le flot  d’informations quoridien . C’est comme le collage de la pochette. C’est trippant, mais c’est aussi un peu un exercice de style. Je n’écoute pas de punk dans la vie. J’avais le goût de mettre ça à « broil » pour cet album-là; de faire quelque chose de plus radical.

    Il y a trois chansons de Carl-Éric Hudon sur l’album (Plumes et goudron, La jeune fille qui ignorait qu’elle était un fantôme et Un jour elle changera) . Comment ça s’est présenté?

    NC: C’est moi qui lui ai demandé, on se connait depuis longtemps. On a déjà eu un projet commun où on reprenait les tounes de nos répertoires avec des invités (Émilie Proulx, Benoit Fréchette, Lydia Champagne entre autres). Une fois on a monté un show grunge en trio et on avait fait des chansons que Carl-Éric n’avait jamais endisquées. En ce moment elles ne cadraient pas sur ses projets alors je lui ai demandé de me les prêter parce qu’elles « fittaient » super bien dans le style plus grunge du disque! On les jouait déjà, mais c’est lui qui les chantait avant.

    Ça sonne vraiment comme ton matériel…

    NC: C’est ça le fun d’interpréter et c’est là que tu vois si la job de donner une teinte à l’oeuvre a été bien fait. En interprétation, même dans des trucs comme la Voix, si l’interprète arrive à faire oublier l’auteur derrière et qu’on a l’impression que c’est ses tounes, on sait qu’il a mis le doigt sur quelque chose.

    Une question un peu difficile. Est-ce qu’il y a sur l’album une toune pour laquelle tu es particulièrement content?

    NC: J’aime le côté chimique de La jeune fille qui ignorait qu’elle était un fantôme. C’est proche d’un style que j’écoute beaucoup; shoegaze assez weird, très texturé, un peu surnaturel.

    Avant, en composition, j’y allais en empilade; beaucoup de couches d’instruments. Avec Pilou, la prise de son était plus élaborée, avec plusieurs micros installés à différentes distances, ça donne de quoi de plus large. La guitare prend plus de place et il y a moins de bébelles qu’on ne pourrait pas faire en show. Des fois ça devenait un peu schizophrénique avec toutes ces tracks. Pour Lol, c’était vraiment l’idée du power trio avec au final une couple « d’arrangeage » avec le gars des vues. J’ai fait de la prise de son et de la réalisation pour d’autres band, mais là avec Pilou j’ai pu me concentrer sur l’aspect artistique sans penser aux côtés techniques. Pour la réalisation, j’avais de toute façon une idée bien précise de ce que je voulais pour ce disque-là.

    Tu t’enlignes pour un automne chargé?

    NC: Oui, on a des shows jusqu’au mois de novembre, même si ce n’est pas intensif. Puis je travaille sur 2-3 shows de théâtre et je finis un court métrage comme compositeur. C’est vraiment l’fun tout ça parce que ça nourrit et je ne fais pas tout le temps la même affaire donc je n’en viens pas à détester ma job!

    Navet Confit est en spectacle de lancement le mercredi 23 septembre à La Vitrola à Montréal, puis le lendemain, 24 septembre, au Tam Tam Café à Québec sur le boulevard Langelier. Pour plus de détails, voir le site officiel.

    Julien Baby-Cormier

    22 septembre 2015
    Entrevues
  • [ENTREVUE] Safia Nolin

    [ENTREVUE] Safia Nolin
    _DSC7457
    Crédit: Marion Desjardins

    Safia Nolin vient à peine de lancer un des albums les plus attendus de l’automne. Un maudit bel album, en plus. Mélancolique à fond, Limoilou est la trame sonore parfaite d’un lundi pluvieux de septembre. Gros contraste avec la jeune femme dynamique, enjouée, aux yeux brillants qu’on a rencontré un mardi ensoleillé!

    _DSC7465Safia arrive à peine de Rouyn-Noranda, où elle a participé au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, un des plus beaux festivals de musique au Québec. « C’était fou! Je suis vraiment une grande fan de FME. Pour vrai! Je suis arrivée jeudi puis je suis partie lundi. Je suis restée un bout. » C’était son deuxième séjour au FME, son premier en tant qu’artiste sur l’affiche. « À chaque fois à la fin, je braille, ça n’a pas de sens parce que c’est trop nice puis c’est triste que ça finisse aussi vite. Ça pourrait bien durer deux semaines, le FME! »

    Safia Nolin Limoilou (Bonsound)
    Safia Nolin
    Limoilou (Bonsound)

    Je lui demande si c’était pour elle une façon de décompresser un peu avant la semaine de fou qui s’en venait. « C’est quand même stressant parce que j’avais de la promo puis j’avais des perfos tous les jours, mais j’aurais pété au frette dans un autre contexte. Mettons, cette semaine‑là dans un autre festival ou bien, comme, ailleurs, là, genre à Montréal, j’aurais pété au frette. Mais là, à Rouyn, ils savent tellement comment accueillir les gens, ça n’a pas de sens! » Entrée en scène de Marion, venue prendre quelques photos. Avant d’aller plus loin, les deux filles s’échangent d’autres anecdotes du FME (pendant que j’assiste à tout ça, en bon spectateur).

    _DSC7440La première fois que j’ai vu Safia, c’était il y a près de deux ans, au Cercle, en première partie de Groenland. Le spectacle était à guichets fermés. La fille qui est montée sur scène ce soir-là était plutôt nerveuse. « Oui, sacrement que j’étais nerveuse. » En plus, le public avait été particulièrement difficile ce soir-là. Ça parlait sans arrêt. Qu’est-ce qu’on fait dans ce temps-là? Safia me raconte qu’il lui était arrivé la même chose à Trois-Rivières, encore avec Groenland. C’était un party de grande brasserie, la bière coulait à flots, « ils les ramenaient, puis là, ils sont arrivés au show. J’étais comme what the fuck?« , mais tu sais, en même temps, c’est un genre d’exercice. Il faut que je me concentre pis que je joue pour la personne en avant qui m’écoute. »

    Pour les 3-4 qui ne le savaient pas encore, Safia vient de Québec. D’où, au juste? C’est dur à dire tellement elle a habité partout : « Je suis née à Sainte-Foy, j’ai vécu à Duberger, à Charlesbourg, je suis retournée à Sainte-Foy, on est allés à Montcalm, la haute-ville, les portes, Limoilou… » Puis Saint-Férréol-les-Neiges. Mais comme on peut le constater par le titre de l’album, Limoilou l’a marquée : « C’est là que j’ai commencé à écrire. C’est pour ça que je suis comme… c’est pour ça que mon album s’appelle Limoilou aussi, puis… fuck, c’est un beau quartier, là, c’est fucking un beau quartier. » À Montréal, elle se fait souvent demander ce que Limoilou veut dire. « C’est vrai que c’est un esti de mot weird. »

    _DSC6954Safia en profite pour nous révéler un secret : « Je suis tellement perdue à Québec, je ne me souviens de rien. C’est vraiment fucké, parce que les noms de rue sont pareils à Montréal. » Elle habite la métropole depuis deux ans. « À Montréal, tu es comme obligé de connaître les rues parce que c’est vraiment fait en quadrilatère. Ici, pas vraiment, tu sais, ça fait que… tu es un peu perdu. »

    L’album. Réalisé par Philippe Brault, aussi efficace qu’effacé. « Il est vraiment slacker. Ben, il n’est pas slacker, mais il est vraiment… il y va avec le flow, puis il s’adapte super bien aux artistes avec qui il travaille, tu sais. Phil pis moi, on se connaît vraiment bien. Il m’appuie depuis le début. Il savait ce que je voulais. Il sait ce que j’écoute, il sait ce que j’aime, il sait ce que je fais. Ça fait qu’on n’a pas tant eu besoin de se parler. On n’a pas fait de pré‑prod, on est allé en studio, puis on s’est assis puis on s’est dit : « Moi, je veux ça. » Moi, c’était juste, comme, le plus petit possible, tu sais, ce n’était pas… le moins d’instruments, là. »

    _DSC7438Ça a donné un album cru, minimaliste, mais rempli d’étincelles. Safia ne cache pas ses influences. Les marées sonne comme du Bon Iver. « Moi, la première influence que j’ai dit à Phil,  c’était genre, je veux que ça sonne comme For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver, parce que lui, il a eu la mononucléose puis il s’est enfermé dans un chalet pendant deux mois. J’étais comme : « je veux que ça sonne raw comme ça ». » Difficile de faire plus cru. On entend parfaitement les doigts glisser sur les cordes. Safia ajoute qu’on entend des trucs qui tombent. Même le chat s’en mêle!

    L’album a été enregistré live, de la façon la plus naturelle possible. Safia jouait, assise sur le divan, sans écouteurs. « Ça coulait, c’était vraiment hot! » Contrairement à l’album de Bon Iver, Limoilou a été enregistré en cinq petites journées. On parle de la durée de l’album : 43 minutes. « J’avais peur qu’il soit super long! » Au contraire, on a l’impression d’en avoir que pour une demi-heure.

    _DSC6937Les prochaines chansons pourraient être un brin différentes. « Quand je suis toute seule chez nous, je pense que là, en ce moment, je ne suis vraiment pas comme il y a trois ans, parce qu’à l’époque, j’étais au bout. J’étais vraiment… j’avais touché le fond, mettons, puis faire de la musique, ça m’a fait remonter. Je n’ai pas l’impression que mon deuxième album va être aussi dark. Peut-être que oui, mais d’une autre manière, tu sais. Il va falloir que je puise un petit peu plus loin, je pense. C’est juste que là, tu sais, ça, ça m’a comme guérie, de faire ça. »

    Mercredi, Safia retourne au Cercle, cette fois avec une bien plus grande confiance en elle et un spectacle qu’on dit solide. Ce sera son premier spectacle comme tête d’affiche! Comme au FME, elle sera accompagnée de Joseph Marchand (« mon pref’! »). Et c’est une de ses meilleures amies, Laura Sauvage (Vivianne Roy, des Hay Babies), qui assurera la première partie. « Elle est fucking bonne pis elle écrit crissement bien! Pour vrai. Moi, elle m’impressionne, pis j’ai hâte à ce show-là! » Un beau contraste entre Safia, dont les chansons sont d’une grande douceur, et Laura, qui est la rockeuse des Hay Babies, est à prévoir.

    On va être là.

    Safia Nolin sera au Cercle mercredi le 16 septembre à 20 heures (portes 19 h). Première partie : Laura Sauvage. Billets en vente au Cercle et sur lepointdevente.com.

    CONCOURS : Nous faisons tirer une paire de billets pour le spectacle de mercredi au Cercle. Plus de détails sur notre page Facebook!

    (Photos : Marion Desjardins)

    Jacques Boivin

    15 septembre 2015
    Entrevues
    Bonsound, Laura Sauvage, Le Cercle, Limoilou, Philippe Brault, Safia Nolin
  • [Entrevue] Grand Morne

    [Entrevue] Grand Morne

    Entrevue : Grand Morne

    Je me suis dis que pour Envol & Macadam, ça vaudrait la peine de faire une petite entrevue avec un band local. J’ai donc décidé de me gâter : Grand Morne étant, à mon avis (avec Millimétrik) l’un des efforts musicaux les plus intéressants de la Vielle Capitale, je me suis entretenu avec Max, le bassiste du groupe. Voyons ce que ça donne :

    crédit photo : Jay Kearney
    crédit photo : Jay Kearney

    O : D’abord salut Max de Grand Morne, merci d’avoir accepté de piquer une jasette avec moi. Je voudrais pas paraître vieux jeu mais je vais devoir te poser des questions bien bien banales pour commencer. Faut dire que c’est pas comme si y’avait quelque part sur le net quelque chose comme une « biographie » de votre groupe … la seule chose que vous semblez dire de Grand Morne c’est qu’il s’agit d’un band, et je cite : « INALTÉRABLE ÉNIGMATIQUE POUILLEUX VOLATILE [&] HEAVY ». Je ne peux que vous donner raison sur « énigmatique » et « heavy », mais je me doute bien que cette description n’est pas à prendre trop au sérieux ou du moins, qu’elle ne résume pas le tout de l’affaire. Bref, je me permet un peu de voyeurisme pour vous demander : d’où ça sort Grand Morne ? De quoi c’est parti ? C’est quoi l’histoire (tous les bands en ont une non?) derrière votre musique ?

    Max : L’histoire de Grand Morne est relativement simple, nous sommes trois boys de la région de l’amiante ayant fréquenté le même établissement scolaire. Bien des années plus tard notre passion pour la musique heavy nous a réunis et voici le résultat. Faut dire que nous avons eu un groupe avant qui se rapprochait plus d’un [groupe] punk garage francophone. Nous avons roulé notre bosse pendant quelques années et ensuite nous avons simplement splitté. Michel à décidé de partir son band Les Indiens et nous trois avons continué sous le nom de Grand Morne en accentuant le côté heavy. Je dois souligner que le Grand Morne en soi est un montagne située dans la région de l’amiante, un des rares vestiges des fonds océaniques existant il y a plus de 500 millions d’années. Les couches de laves basaltiques formant le Grand Morne sont plus qu’une simple « symbologie » pour nous.

    O : Parlant de votre musique, celle-ci tient résolument du « stoner ». Ça ne serait pas lui rendre justice cependant que de s’en tenir à ce seul qualificatif. J’ai été surpris à l’écoute de votre album éponyme de retrouver des sonorités thrash, doom, death et même prog. J’imagine que pour jouer dans un registre aussi varié il faut être pas pire mélomanes ?

    M: Je dois t’avouer que je trouverais fort déplaisant d’être confiné au stigma du « stoner » métal. Nous sommes fans de tout sorte de musique heavy en général et je crois important de ne pas se limiter aux contraintes d’un genre en particulier. Il n’y a rien de mal bien sûr à vouloir jouer dans un registre précis, mais je ne crois pas que c’est le cas avec Grand Morne. L’important est que les compos nous plaisent en premier lieu. Donc, aucun problème de notre part de juxtaposer un riff thrash à un plan Doom, à condition bien sûr que ça colle et que l’ensemble nous donne le goût de nous arracher la tête.

    crédit photo : Jay Kearney
    crédit photo : Jay Kearney

    O : Quelles sont vos sources d’inspiration ? Et quel genre de processus créatif se joue derrière votre musique ?

    M : Notre processus est assez typique je crois. Nous trois face à face dans notre petit local suintant à s’acharner avec des gros riffs sales. La bonne vieille méthode quoi ! Pour ce qui est de nos influences, je crois qu’elles sont assez variées, mais nous ne pouvons passer l’occasion de mentionner nos héros québécois VOIVOD et aussi les MELVINS qui est sans doute le groupe donc nous pouvons nous entendre le mieux comme étant un influence. Leur excentricité et le «je m’en foutisme » qui se dégage de leur imposante discographie est plus qu’inspirant pour nous.

    O : Parlant de votre premier disque, vous avez sorti celui-ci en 2013 et fait paraître une nouvelle pièce sur votre bandcamp en avril 2014. J’ai cru comprendre en parcourant votre page facebook que vous travaillez sur un second album. C’est pour bientôt ?

    M : En fait nous travaillons présentement sur un EP qui va paraître avant l’album. D’une durée de plus de 20 minutes, ce mini-album servira d’appetizer à l’album qui devrait paraître fin 2016. Nous travaillons présentement avec Ralp Malenfant qui a fait en autre l’excellent album de nos potes de Sandveiss. Nous avons aussi en tête de partager un split avec le groupe de Québec Crackgate. Bref, il y a plusieurs projets dans l’air pour l’instant, mais une chose certaine est que le EP va paraître dans les prochains mois. Sinon, nous allons continuer l’aspect visuel du band avec nos projections live, mais aussi avec un clip qui devrait paraître en parallèle avec la sortie de l’album.

    O : À quoi on peut s’attendre de ce deuxième Opus ?

    M : L’album sera sans aucun doute plus varié, nous voulons explorer des composantes que nous n’avions pas vraiment touchées jusqu’à maintenant. Sans changer la dynamique de Grand Morne, nous avons juste poussé nos idées à un autre niveau. Il y aura aussi quelques guests sur l’album dont au moins un qui saura prendre plusieurs par surprise. Malheureusement, je ne vais pas spoiler le punch mais chose certaine, nous sommes tous excités à l’idée de travailler avec d’autres musiciens qui ne sont pas nécessairement encrés dans le milieu métal. Je crois que c’est important pour nous de ne pas se limiter et d’explorer et ainsi inviter des amis à collaborer avec nous.

    O : Vous vous produisez de temps à autre sur les scènes de Québec : vous avez participé aux Nuits Psychélédiques et au Festival Off et vous vous produirez ce week-end à l’occasion d’Envol & Macadam (sauf erreur, c’est votre deuxième fois à E&M). Avez-vous l’ambition de faire sortir Grand Morne de la Vielle Capitale prochainement ?

    M : Avec les contraintes de la vie, c’est tough de réaliser tout ce qu’on voudrait, mais OUI nous avons bien l’intention de sortir de Québec. Avec la venue de l’album, cela va nous botter le cul à aller casser les oreilles au gens des autres régions.

    Crédit photo : Jay Kearney
    Crédit photo : Jay Kearney

    O : Difficile de ne pas avoir l’impression que le groupe à un gros « UNDERGROUND » d’étampé dans le front (pour autant qu’un band puisse avoir un front … pardonnez les figures de style ratées). Y’a-t-il quelque chose comme une appartenance au milieu underground ? Comment percevez-vous ce milieu à Québec ? Y a-t-il encore, selon vous, quelque chose comme de la musique underground, avec les nouveaux moyens de diffusion notamment ? Est-ce que c’est important que Grand Morne demeure, à un certain point, un band underground ?

    M : Nous avons partagé le stage autant avec des bands hardcore que death metal et l’idée de scène underground n’est pas vraiment une chose à laquelle nous pensons. Je vais même te dire franchement que l’étiquette underground pour moi est plus un fait inévitable qu’une idéologie à atteindre. Avec le style de musique que nous jouons, mes attentes sont plutôt réalistes envers la portée que peut atteindre Grand Morne. Nous préférons jouer devant une poignée de personnes qui saisiront vraiment notre band que devant des tonnes de gens qui ont aucune idée de quoi faire avec un band heavy instrumental. Cela dit, je ne voudrais jamais nous limiter à un public cible. Le fait d’être un band underground est plus une réalité qu’un but à conserver pour nous. Évidemment, c’est toujours le fun de performer devant de nouvelles personnes et c’est ainsi que nous entrevoyons la chose, un fan de gagné à la fois. De nos jours, ya tellement de bands qu’il est important de ne rien prendre pour acquis. L’important pour nous est de nous donner à 100% live et de se faire du fun. L’idéal reste tout de même de graviter autour d’autres bands appartenant à notre genre.

    O : Un mot pour la fin ?

    M : J’aimerais te remercier de prendre le temps de faire cet entretient avec nous. Comme nous en avons discuté ensemble, c’est toujours le fun de donner de l’exposure à de plus petit bands de la Vieille Capitale. Sinon, soyez à l’affut car plusieurs projets de Grand Morne devraient voir le jour sous peu. Peace.

    O : Merci Max !

    Québec, septembre 2015

    Olivier P. St-Pierre

    13 septembre 2015
    Entrevues
    Crackgate, Death Metal, Envol & Macadam, Festival OFF, Grand Morne, Heavy Metal, Nuits psychédéliques, Québec Underground, Ralp Malenfant, Sandveiss, Stoner, Voïvod
  • [ENTREVUE] Viet Cong

    [ENTREVUE] Viet Cong

    Rares sont les traîneux de sous-sol de Cercle qui ne connaissent pas Viet Cong. Au paroxysme du post-punk, le groupe s’attire les foudres amoureuses de la critique et du public. Les grands festivaliers ont pu les voir en première partie d’Interpol au FEQ cet été, les petits festivaliers eux, les ont entendu et vu les têtes de ceux qui ont mangé plus de croûtes. Forts de deux sorties, une cassette et un LP, le groupe sera au Cercle ce lundi 14 septembre, en compagnie de Greys.

     

    J’ai rejoint Viet Cong, au milieu de leur ritournelle européenne, par email, pour leur poser quelques courtes questions. La hâte à lundi me tracassant déjà assez l’esprit.

    Votre album éponyme est plutôt court, vous êtes vous restreint intentionnellement?

    Non, nous avons suivi le rythme de nos chansons. Nous en avions quelques autres qui ne correspondaient plus à la direction que nous avons prise avec l’album. Ceci étant dit, j’aime les albums plus courts et j’ai été très satisfait de sa longueur à la fin du processus.

    Vos paroles sont très intéressantes, vous utilisez souvent des thèmes et des constructions inhabituelles, quel est votre processus habituel, si vous en avez un?

    Je tire souvent nos paroles de conversations, ou d’observations sombres sur l’état des choses. Mais on doit tout prendre avec humour bien sûr.

    http://https://www.youtube.com/watch?v=hdMz7BUtOvk

    Les années 70 et 80, avec Bowie, Bauhaus, New Order et compagnie, semblent vous influencer beaucoup. Vous avez d’ailleurs couvert Dark Entries de Bauhaus sur Cassette. Comment est-ce que ça influence votre composition? Y a t’il d’autres influence que mes lecteurs pourraient ne pas connaître?

    Je ne sais pas exactement comment ça peut m’influencer, mais c’est vrai que nous écoutons beaucoup de musique de ces périodes et c’est certain que ça paraît dans nos chansons. Pour ce qui est des autres influences, nous aimons tous beaucoup This Heat. J’y retourne souvent et je trouve toujours quelque chose de nouveau, que ce soit dans la voix, l’instrumental ou dans la production. Ils ont fait deux albums, un EP et deux sessions en direct. Tout le monde devrait assurément les écouter et les découvrir. J’écoute aussi beaucoup de vieille musique de synthétiseurs avant-garde et ça affecte beaucoup notre écriture dernièrement.

    Vous faites beaucoup de blagues sur scène pour un groupe aussi sombre! Êtes vous plutôt sérieux et sombres dans vos vies de tous les jours?

    Non, pas du tout! Je dirais que nous sommes de gens biens et amusants? Les blagues nous représentent définitivement mieux que notre musique!

    Vous jouez à Québec ce lundi, comment vous sentez vous face à la scène musicale canadienne et de la place du Québec dans celle-ci?

    J’aime toujours aller à Québec, la ville ajoute vraiment quelque chose de spécial au Canada. C’est génial d’avoir deux villes aussi différentes que Québec et disons, Calgary ou Vancouver, dans le même pays. Pour ce qui est de la scène, je crois que l’entre influence et le mélange de différentes cultures créé un paysage musical très diversifié.

    Vous faites la tournée avec Greys, qui me semblent très intéressants, comment pourriez vous convaincre mes lecteurs de venir les voir ou d’acheter leurs albums?

    Ils doivent vraiment venir les voir, ils seront conquis immédiatement!

    http://https://www.youtube.com/watch?v=WFoDHNJCFXI

     

    Ne manquez pas Viet Cong et Greys ce lundi au Cercle! ed.ca y sera c’est garanti! <3

    Simon Provencher

    12 septembre 2015
    Entrevues
    cercle, punk, Viet Cong
  • [ENTREVUE] La Bronze

    [ENTREVUE] La Bronze
    La Bronze - Photo : Marion Desjardins
    La Bronze – Photo : Marion Desjardins

    Ce samedi, 20 heures, au Palais Montcalm, Nadia Essadiqi et ses camarades vous invitent à assister au spectacle de La Bronze, que les membres de l’équipe d’ecoutedonc.ca ont pu voir à quelques reprises au cours de la dernière année. La Bronze, c’est de la pop cool, sensuelle, un brin féline, rythmée à souhait et parfaitement ludique. On a même parfois l’impression d’avoir une version happy et dansante du trip-hop! Une bibitte originale sur nos scènes québécoises, qui prend petit à petit sa place… à plein de places!

    D’ailleurs, à son dernier passage (Festival d’été), Nadia s’est fait plein de nouveaux fans! Présentée juste avant Lights dans un Impérial Bell bien chaud, elle avait mis la barre bien haut pour l’Ontarienne avec une prestation énergique au cours de laquelle La Bronze avait la bougeotte! Là-haut, sur la galerie de la presse, on avait bien aimé.

    La Bronze - Photo : Marion Desjardins
    La Bronze – Photo : Marion Desjardins

    Ça valait la peine de piquer un brin de jasette avec l’auteure-compositrice-interprète-comédienne-dramaturge pour en savoir plus sur le spectacle qui s’en vient.

    Tout d’abord, je lui fais remarquer que son album aura un an la semaine prochaine (le 17). « C’est vrai », me répond-elle d’un air surpris, « t’as raison! » Que pense-t-elle de l’accueil qu’elle a reçu et du chemin parcouru avec l’album depuis? « J’avais pas vraiment d’attentes, mais il s’est passé tellement de belles choses depuis! On a fait des super shows, on a rencontré de super belles personnes, mon album a bien vécu, je suis vraiment ravie. »

    Ceux qui suivent le fil Facebook de l’artiste savent que La Bronze s’était terrée dans le bois, loin de tout, pour faire un petit camp d’écriture, question de préparer un prochain album qui semble vouloir arriver plus tôt que tard. « On planche là-dessus », me répond Nadia, « on devrait enregistrer ça cet hiver. » Un album probablement dans la même veine, mais qu’elle espère une coche au-dessus du premier.

    On parle un peu de sa dernière présence, des réactions positives que sa dernière présence au FEQ a suscitées. C’est quoi, le plan de match, quand on fait face à des gens qui ne nous connaissent pas et qu’on les gagne un par un? Sans hésiter, Nadia me répond qu’il n’y a pas de plan de match, qu’elle veut juste donner le meilleur show possible en donnant le meilleur d’elle-même et en nous faisant passer un bon moment.

    https://youtu.be/55-BtrxXXfM

    Parlons de son spectacle de samedi : est-ce qu’elle a déjà vu la première partie, Anatole (ce vil personnage à cause de qui nous avons presque été obligés de déclarer la guerre totale à Google)? « J’ai déjà vu des vidéos et j’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu. Je le trouve vraiment éclaté, il a une belle vibe, puis j’ai très hâte de le voir live. » Nous, on le sait, ça sent le coup de foudre musical entre le squelette dandy le L.A.moilou et la charismatique Nadia.

    Pour ce qui est de sa propre prestation, si vous aimez l’album de La Bronze, vous serez servis : « On va jouer presque l’intégralité de mon album pis on va faire plusieurs surprises. » Chanceux, vous pourrez entendre des exclusivités et des nouvelles chansons qui n’ont jamais été jouées devant public!

    La Bronze - Photo : Marion Desjardins
    La Bronze – Photo : Marion Desjardins

    Parlant de chansons qu’elle fait en spectacle, on a eu l’occasion d’entendre La Bronze une version toute personnelle de Formidable (réarrangée et traduite en arabe), de Stromae, qui n’est pas passée inaperçue lors de son passage au FEQ. Est-ce qu’on va pouvoir réentendre cette chanson-là un jour? « Complètement, c’est dans les plans, ça va sortir sous peu! »

    En attendant, il ne vous reste qu’à mettre vos souliers les plus confortables pour danser et aller chanter/danser avec La Bronze ce samedi. Bien entendu, nous serons là, des fois que vous manqueriez le show. Mais tenez-vous vraiment à vous contenter d’un résumé et de jolies photos alors que vous pouvez aussi avoir le spectacle dans une salle qui permettra aux artistes de la soirée de se promener comme bon leur semble?

    LA BRONZE + ANATOLE
    Palais Montcalm
    samedi 12 septembre, 20 heures
    13 $ – Détails

    Jacques Boivin

    11 septembre 2015
    Entrevues
    Anatole, La Bronze, palais montcalm, pop, vodka-pickle
  • [ENTREVUE] Rudy Caya (Vilain pingouin)

    [ENTREVUE] Rudy Caya (Vilain pingouin)

    Depuis quelques années, on remarque une recrudescence d’excellents artistes et groupes rock qui veulent se faire connaître (et qui y parviennent). Pas besoin de chercher très loin, on ne parle que de ça ici-même sur ecoutedonc.ca. Ça me rappelle mon entrée dans le monde des adultes, lorsque j’ai terminé mon secondaire et commencé mon cégep dans les alentours de 1990.

    Mise en contexte

    Photo : Adrien Le Toux
    Photo : Adrien Le Toux

    On sortait d’une période plutôt sombre sur le plan musical au Québec. Oui, les « grands esprits » Paul Piché, Michel Rivard et Richard Séguin ont tenu le fort, même Pagliaro faisait encore des albums, mais les jeunes, eux, s’étaient tournés vers les Américains, les Britanniques… et les Français. Pendant que notre scène était encore imprégnée du rock et du folk des années 1970, le reste de l’Occident sortait du New-Wave et entrait à pieds joints dans la dernière décennie du 20e siècle. En même temps que les Nirvana, Nine Inch Nails et autres groupes qui allaient changer la donne. Une fois de plus.

    Heureusement, de jeunes artistes québécois avaient faim et ils voulaient jouer de la musique comme ils en entendaient quand ils allaient aux Foufs ou à la Fourmi. Jean Leloup et sa Sale affaire nous contaminaient avec leur folie. Daniel Bélanger proposait une relecture moderne du folk-pop (il le propulsera plus tard dans un Spoutnik). Les Parfaits Salauds débarquaient avec leurs cuivres. Et il y avait ce groupe que j’ai aimé beaucoup dès que j’ai entendu Le train et Salut salaud pour la première fois : Vilain pingouin. Le premier album (homonyme) avait pris bien des gens par surprise en raison de sa qualité et de son originalité, tant du côté des textes que de la musique. D’un côté, les textes étaient particulièrement engagés et collaient parfaitement aux préoccupations des jeunes de l’époque : le racisme, le suicide, la politique, le mal de vivre, tout y passe. Les X et les Y se sentent enfin interpellés. Musicalement, la troupe de Rudy Caya et ses complices mélange joyeusement le folk-rock américain à la Springsteen et l’esprit festif des Pogues avec de nombreux éléments du rock alternatif français (on peut sentir l’influence de groupes comme Bérurier noir dans des chansons comme Régime de fer). Des instruments qu’on n’a aucunement l’habitude d’entendre viennent agrémenter les chansons du groupe : banjo, accordéon, cuivres accompagnent les guitares qui s’alourdissent sur Roche et roule, un des meilleurs albums de rock québécois des années 1990.

    C’est à la première montréalaise du groupe au vieux Club Soda, le 24 avril 1991, que j’ai commencé ma manie d’arriver des heures à l’avance pour avoir la meilleure place dans la salle (la bière sur le stage!). Je me souviens de ce spectacle comme si c’était hier. Un groupe nerveux en raison de la présence des nombreux médias, mais qui offrait un spectacle rodé au quart de tour (à l’époque, on tournait partout au Québec avant de triompher à Montréal…). Au rappel, une fois les médias partis (la fameuse tombée, celle qui n’existe plus aujourd’hui), Rudy s’est senti beaucoup plus à l’aise et le party, déjà bien pris, est devenu démentiel. J’avais 17 ans à l’époque.

    Ça va?

    Près de 25 ans plus tard, me voilà dans un café de Place d’Youville, assis en face d’un gars visiblement heureux d’être en vie et capable de faire encore ce qu’il aime aujourd’hui. Caya nous a fait une petite peur ce printemps, victime d’un AVC. « La réhabilitation suit son cours », me répond-il lorsque je lui demande comme va la santé. « Ça progresse plus vite que ce qu’on avait anticipé. Je suis patient à propos de certaines choses et moins patient sur d’autres. » Alors qu’on lui a dit qu’il aurait besoin d’un an pour être complètement rétabli, il fonctionne déjà très bien quatre mois après l’accident et il espère pouvoir se considérer rétabli dans deux mois. Les médecins lui ont dit que c’était sa tête de cochon et son mode de vie qui l’avaient dirigé vers l’AVC. La même tête de cochon allait travailler de pied ferme pour reprendre toutes ses forces.

    Sa tête de cochon. Rudy Caya aime la vie et il est prêt à se battre pour elle. « Je veux continuer encore longtemps. Je dis souvent que ma retraite, je vais la prendre au cimetière. »

    Du rock en français qui bûche? Oui, ça se fait!

    Le show du 12 septembre prochain sera un peu spécial. Ce sera le jour du 25e anniversaire du lancement du premier album de Vilain Pingouin. Je dis à Rudy qu’il y a toute une génération de nouveaux fans à conquérir, des jeunes qui ne connaissent pas le groupe, mais qui ont la chance de vivre un boum créatif semblable à la période au cours de laquelle Vilain pingouin est apparu. « Je suis pas mal sûr qu’on vit un autre âge d’or du côté de la musique québécoise, présentement. Indépendamment de la langue. » Ce n’est pas parce qu’il a choisi de chanter en français qu’il a quelque chose contre l’anglais. « Mon grand-père est un Américain de Boston. Un Irlandais. Les trois quarts de ce que j’ai écouté étaient en anglais. J’ai appris à adorer le français parce que mon père était prof de français. J’aime les deux langues, mais je suis plus à l’aise en français parce que j’ai grandi dans une société francophone. »

    J’ai envie d’en savoir plus sur les influences de Vilain pingouin à l’époque. On sent autant Springsteen que la chanson française dans les chansons écrites par Caya. On remarque tout le métissage, tous ces instruments qui pouvaient nous sembler insolites parce qu’on avait perdu l’habitude de les voir. « Mes années formatrices musicalement, je les ai vécues dans un creux pour la musique québécoise », raconte Caya. Il ne restait à peu près plus qu’Offenbach. Caya, lui, préférait de loin Black Sabbath. « Au début du groupe, quand on nous demandait nos influences on donnait des réponses comme les Clash. Nos interlocuteurs insistaient : « oui, mais du côté francophone? » ». Trop jeune pour Beau dommage et Harmonium. Ça lui prenait quelque chose de plus heavy. La seule référence d’ici pour le jeune Caya, c’est un album en anglais de Pagliaro. « Un chef-d’oeuvre, aussi bon que le meilleur des Eagles ou des Allman Brothers. » Avec son groupe précédent, Les taches, Rudy va en France. Il y découvre La mano negra, Bérurier noir et plein d’autres. « OK, ça se fait! De la musique arrache comme j’aime, du punk, du metal qui brasse, mais avec une attitude. » Il trouve sur la scène française une subtilité qu’il ne retrouve pas sur la scène américaine. Les Français vivaient, cinq ans avant leurs cousins québécois, une belle période d’effervescence créative sur tous les plans. « J’ai signé avec Boucherie Records (la maison des Garçons bouchers). On allait aux partys de la Mano Negra, On s’est rendus compte que du rock en français, comme ma génération l’aime, c’est possible. » Même le nom Vilain pingouin est calqué sur l’approche française un objet, une qualité. Comme les Négresses vertes, par exemple.

    À quoi s’attendre le 12 septembre

    Photo : Adrien Le Toux
    Photo : Adrien Le Toux

    On retourne à la raison première de cette journée de promotion à Québec : le spectacle que Vilain pingouin donnera au Cercle le 12 septembre prochain. Rudy Caya nous avertit : on va avoir mal à la tête! « Mets du Tom Waits pas trop loin, pis attends-toi de te lever pis d’être dans la brume jusqu’à au moins une heure, une heure et demie. » Aucun invité surprise n’est prévu, c’est le 25e de Vilain Pingouin avec… Vilain Pingouin. Ensuite, la tournée se poursuit. « Honnêtement, on n’a jamais arrêté. On a toujours fait 15-20 shows par année! C’est pas un retour des Pingouins. » Si on lui demande comment se déroulent les retrouvailles, Caya répond « pareil comme à toutes les années. » Le fait que la présente série de spectacles correspond avec le 25 anniversaire du groupe amène une plus grande visibilité, mais Vilain Pingouin a toujours été actif.

    Caya compose encore, il y a de nouvelles chansons sur l’anthologie (Les belles années, sur étiquette Pingouin Records), et il y en avait aussi sur l’album live paru au début des années 2000. Il aime bien jouer ses anciennes chansons, question de remercier son public pour la belle carrière qu’il a eue (et qu’il a encore, disons-le), jouer Le Train comme on s’y attend, nous voir sauter de joie en chantant, l’adrénaline que tout ça donne, mais il n’est pas nostalgique. Le chanteur avoue n’avoir aucun disque de Vilain Pingouin : « Mes enfants ont une copie du dernier vinyle, mais moi, j’en ai pas. » S’il apprécie le passé, il apprécie encore plus le présent et l’avenir. « Pourquoi vivre une moitié de vie pis la revivre après? J’en ai une complète, je veux la vivre au complet! »

    Un nouvel album, avec ça?

    Tant qu’à parler de nouveautés, on parle d’un éventuel album complet : « Je vais sûrement préparer un album solo. Monter 12 chansons avec les Pingouins, avec nos jobs, c’est difficile. On y va à coup de quatre tounes. Comme on l’a fait avec l’anthologie. » Quand il se met en mode composition, Caya est all-in. C’est pour cela que le prochain album risque de ressembler à une compilation de sa participation à divers projets. Par exemple avec Bod’haktan. « C’est mes chums. J’ai envie de jouer avec eux, pas juste par marketing! » Caya est aussi un fan fini de Sandveiss. Du stoner en plein dans ses cordes. « Ce qui est le fun avec ces bands-là, c’est que leurs tounes sont bonnes, mais c’est le trip de chums que le monde va voir. Ils ont l’impression de faire partie de la gang. » Il parle aussi des Épicuriens, « un band de ska. On pourrait appeler le projet Rudy SCaya. » Il nomme aussi Fidel Fiasco et termine avec les Pingouins. Finalement, ça donnerait un album d’une douzaine de chansons avec quatre ou cinq groupes différents. « Et ça veut pas dire que je chanterais chaque toune, donner d’autres couleurs, c’est le fun! »

    Bon ben salut, salaud!

    J’ai gardé mes questions les plus délicates pour la fin. Est-ce qu’il serait possible de sortir une chanson comme Salut, Salaud en 2015 et avoir le même effet qu’en 1990? Après tout, on en sait plus sur la dépression et d’autres maladies mentales responsables d’un bon nombre de suicides. Rudy reconnaît que ces maladies existent, mais si son regard était déjà perçant, on le voit s’animer comme il ne l’avait pas fait avant. Il me répond que l’effet aurait été le même parce que les gens se sont reconnus dans la chanson. « C’est une histoire qu’une fille m’a racontée, et j’ai mis en paroles et en musique les sentiments qu’elle a exprimés. » Quand les gens lui racontaient leur histoire, Caya ne comprenait pas vraiment, c’était une situation qu’il n’avait jamais vécue lui-même! « De façon dont on m’en parlait, j’avais l’impression que j’avais bien compris le message de cette fille-là. »

    Ces sentiments, il a eu l’occasion de les ressentir lui-même il y a trois ans quand le père de la meilleure amie de sa fille a commis l’irréparable. Dans le cercle d’amis de sa fille, il était l’autre papa-poule, celui qui faisait toujours des lifts aux filles pour s’assurer de leur sécurité. Quand il a fait ça, Caya a dit : « Mon tabarnak! T’as pas le droit de dire à ta fille que c’est une solution! J’accepterai jamais que tu rejettes tes problèmes sur les autres! » Réaction très forte, certes, mais si vous êtes passé par là, vous l’avez ressentie, ne dites pas le contraire. « Jamais je vais donner à mes enfants ce message-là, que le suicide, c’est la solution. C’est toute ma vie, pis n’importe qui qui oserait même penser leur faire du mal, il n’a aucune idée de la tempête! Impossible que je sois cette personne-là. »

    Te retourne pas, sur Roche et roule, est un peu le yang du yin qu’est Salut, salaud. Caya a une anecdote au sujet de cette chanson : « C’était à un genre de conférence de la SOCAN. On devait apporter une chanson et un panel en faisait la critique. On ne voulait pas brûler des tounes qui seraient peut-être un succès, on s’est dit qu’on allait prendre la moins hit dans le tas. On a pris cette chanson-là. On s’est fait dire « Ah, la structure est bizarre », pis là, Claude Rajotte a dit « Attention, c’est Vilain Pingouin, vous savez pas qui ils sont, je les ai eus comme invités et je vous le dis, le rock québécois est sur le bord de changer avec des bands comme Vilain Pingouin. » Wow, j’avais tellement de respect pour Claude, pis c’était le seul qui avait compris de quoi la chanson parlait. » Pour Caya, être normal dans un monde comme le nôtre, c’est pas normal. Avoir des problèmes, c’est normal, et comme de nombreux musiciens, il lui est arrivé de lancer ce genre de cri d’alarme. « Pour 90 % du monde, cette chanson-là leur est passée 100 pieds au-dessus de la tête. Les 10 % qui sont sensibles à ça, eux, l’ont compris. »

    Le droit de voter, c’est aussi (mais pas juste) le droit de chialer

    On parle de deux chansons de circonstance en cette campagne électorale, deux chansons toujours aussi criantes d’actualité : Le droit de chialer et, bien entendu, Viva l’élection. « La seule chose que je regrette de cette chanson-là, c’est que c’est pas comme ça que je l’entendais, j’aurais voulu faire du Setzer big band bien avant Setzer, du big band arrache. Mais bon, j’aime la chanson, j’aime les paroles, j’aime le swing, ça manque juste de trompettes et de trombones à mon goût. » Viva l’élection est encore totalement d’actualité. Les panneaux électoraux, les beaux discours… « C’est triste de voir que ça n’a pas changé, que c’est le même manège! » Quel que soit le parti! Caya ajoute : « Un gars qui joue au hockey, que ce soit pour les Bruins, les Black Hawks ou les Nordiques, il joue au hockey. Un politicien de carrière, c’est pareil. On change de parti deux, trois fois, l’idéologie n’est pas nécessairement à la base de leurs motivations politiques. La vie de politicien les intéresse. C’est pareil chez les musiciens! On en voit qui veulent devenir des rock stars parce que c’est le mode de vie qui les intéresse plutôt que l’idée de faire de la musique.

    Caya indique qu’il a changé d’idée à propos de Le droit de chialer : « Dans ce temps-là, c’est ce que je pensais. La chanson, c’est ma version française d’If you want to bitch, vote. Avec le recul, je me suis rendu compte que voter, c’est tellement pas suffisant à moins que ça soit une bonne excuse pour se déculpabiliser et se déresponsabiliser. Si tu veux vraiment que les choses changent, oui, va voter, c’est une des étapes, mais c’est la plus facile. Faut que tu t’impliques dans un dossier que tu te connais. Je me rappelle de Michel Chartrand qui disait à Bernard Derome qu’il ne voulait pas gagner. « Mais si vous ne voulez pas gagner, qu’est-ce que vous faites là? » Il a répondu quelque chose comme « Un gouvernement est aussi bon que son opposition. » Il voulait être le chien de garde. C’est parfait, il voulait jouer son rôle. » Selon Caya, les intentions de Chartrand étaient bonnes et pures. « Dire que le gouvernement ou les syndicats, c’est de la marde, c’est dire que le monde, c’est de la marde. Ils représentent le monde. Ce qu’ils en font, comment ils le manipulent, le corrompent, ça, c’est une autre histoire. » Le problème, selon lui, ce ne sont pas les institutions, mais ce que nos représentants en font. Ce n’est pas vrai qu’on peut rien faire. « Personne ne me contrôle si je ne l’écoute pas. « Ouais, mais t’as pas le choix! » Mais oui j’ai le choix! « Mais t’auras pas d’argent, t’auras pas ci, t’auras pas ça! » J’men câlice. Garde-le, ton argent! Là, il peut pu rien faire. » Le seul pouvoir qu’ont ces personnes, c’est celui qu’on leur donne.

    Déjà une demi heure!

    Je regarde l’heure. Ça fait déjà plus de 30 minutes qu’on jase. Rudy Caya a une autre entrevue avant d’aller se reposer. On se serre la main, on se dit à samedi le 12. Je quitte le café avec une certitude : je vais arriver tôt au Cercle samedi, question d’être en avant. La bière sur le stage. En train de crier Ooh ooh ooh, je marche seul! avec du monde de 18 à 55 ans. Ça devrait être une bonne soirée.

    En plus, Caya va avoir la chance de rencontrer un autre trippeux de musique puisque c’est Simon Kearney qui assurera la première partie. Grosse semaine pour Simon, qui joue également au Show de la rentrée ce mercredi soir.

    Le spectacle est à 20 heures, les portes ouvrent à 19 heures, et les billets sont disponibles à la billetterie du Cercle et sur lepointdevente.com.

    Jacques Boivin

    9 septembre 2015
    Entrevues
    Le Cercle, Rudy Caya, Simon Kearney, Vilain Pingouin
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