Pardonnez-nous le style un brin télégraphique, on est dans le jus, mais on voulait quand même vous montrer qu’en fin de semaine, vous alliez être fort occupés!
Jeudi 13 octobre
Lisa LeBlanc est à l’Impérial Bell (20 h). La première partie est assurée par Francis Faubert. Si Lisa donne la moitié du show de fou qu’elle a donné à Saint-Prime samedi dernier, ça va être toute une fête!
Dans la même veine, Damn The Luck, Cold Folks et Bobby Dove (+ Emilie Clepper, imaginez-vous donc) seront à L’Anti Bar et spectacles. Les portes ouvrent à 20 heures, le show commence à 21 heures.
Neighbors and Friends est aux Jeudis Chauds du Sacrilège. Dès 18h30.
Vendredi 14 octobre
Le Charme, Fuudge et Walrus nous invitent au Pantoum! Le Charme, qu’on a beaucoup aimé en spectacle cet automne, lancera son album Fitzcarraldo. Portes : 20 h.
Lemon Bucket Orchestra est au District Saint-Joseph. Est-ce que tous les membres de la formation seront capables de monter sur la minuscule scène du restaurant-salle de spectacle? 20 heures.
La Librairie Saint-Jean-Baptiste propose Petite musique de nuit par Bonhomme Setter. Dès 20 heures.
Les amateurs de jazz manouche apprécieront Des Sourcils, qui seront au Clarendon dans le cadre du Festival de jazz.
Au Cercle, Tintamare lancera également un nouvel album. La première partie est assurée par Street Meat. Portes : 20 h.
Samedi 15 octobre
Soirée de rock intense au Cercle avec Pup! Ajoutez à cela Pkew! Pkew! Pkew! et Cobrateens, et vous avez un samedi soir qui va vous déboucher les tympans. Les portes ouvrent à 19 h 30, le show commence à 21 h.
Le sympathique duo country-folk Dans l’Shed est à la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Dès 20 heures.
Caroline Savoie est au Vieux Bureau de poste.
Évidemment, ceci n’est qu’un bref aperçu de tous les spectacles présentés à Québec ce week-end. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter votre calendrier culturel préféré, notamment quoifaireaquebec.com.
Au début du mois, le duo le plus rock and roll du Québec, Les Deuxluxes, est venu présenter les chansons de l’album Springtime Devil paru il y a quelques semaines à peine. Il faisait chaud dans la petite salle de la rue Saint-Joseph et les nombreux spectateurs étaient visiblement fébriles (et assoiffés).
Bien sûr, tout ce beau monde s’est mis à crier lorsque Étienne Barry et Anna Frances Meyer sont montés sur scène dans leurs magnifiques vestons blancs. Des premières notes de Queen of them All à la toute fin du rappel, l’ambiance était électrique et nos deux rockeurs chevelus ont su tenir les spectateurs en haleine en les faisant danser, chanter, crier, lever les mains et j’en passe. Évidemment, les yeux sont rivés sur Anna, déesse du rock, qui chante, bouge et joue avec une telle assurance que c’en est gênant pour nous, simples mortels. Et puis on l’avoue : on n’a jamais vu personne jouer du lap steel avec une telle fougue. Quand les lumières se sont allumées, c’est un public fatigué, mais ravi, qui est allé retrouver le couple à la table de marchandises.
En première partie, Yardlets a balancé ses chansons indie rock comme on lance une tonne de briques, qu’on a reçue au visage avec un grand plaisir. Sam Goldberg Jr. et ses complices se sont amusés, cachés derrière un écran de fumée plutôt opaque. Le rythme était bon, le public dansait joyeusement, ça allait être une maudite belle soirée.
Dans le cadre de la série ORBITE des Nuits psychédéliques, le Pantoum a accueilli hier soir une faune assez différente de celle qu’on y trouve à l’habitude. Surtout vêtus de noir, grandes barbes et cheveux longs, ils (et elles, mais sans les barbes) étaient venus apprécier l’intensité des trois groupes à l’affiche : Metacognition, Hopital et Grand Morne.
Metacognition
C’est Metacognition qui a commencé le spectacle vers 21h30 avec ce qu’on pourrait qualifier d’une expérience sonore. Son de guitare déformé par les multiples distorsions, sons synthétiques réglés à la console, tout n’était que son et le peu de notes qu’on a entendu évoquaient les sifflements de machine plus que des instruments quelconques. Le résultat : du noise qui rappelle la musique contemporaine des années 1945 (musique concrète et bruitisme). À la fin de la performance, le public a chaudement applaudi les musiciens.
Hopital
Hopital nous a ensuite présenté son rock uptempo au rythme complexe et changeant. L’atmosphère harmonique, créée à l’aide une guitare électrique et de samples, était constante et plutôt répétitive, ce qui se rapprochait d’un effet de transe. Le public écoutait, attentif, et plusieurs hochaient la tête. Il faut saluer l’intensité du duo (batteur et guitariste), qui m’a rappelé la verve de Yonatan Gat lorsque je les avais vus au Festival OFF 2015.
Grand Morne
Finalement, aux alentours de 23h, Grand Morne prend place sur scène. Les gens se pressent sur le parterre pour voir le groupe, qui lançait hier soir son dernier album : Recifer. Ils nous ont balancé à la figure leur stoner prog. Qu’est-ce que c’est ? Des instruments électriques qui jouent des airs machiavéliques dans le registre très grave et avec beaucoup de distorsion sur un beat qui oscille entre le très lent et le très rapide. Une musique pour hocher de la tête et avoir l’air méchant. Si certains ont trouvé que le groupe était quelque peu répétitif dans sa musique, d’autres y ont trouvé un aspect coloré et poétique.
Chronique du vestiaire #1: les sons fatigués des crottes de nez
Simon Provencher, un habitué/bénévole du Pantoum ainsi qu’un rédacteur chevronné, se permet d’envahir mes articles pantoumesques pour y mettre sa touche de folie.
J’ai un défaut, un seul: je me fouille encore dans le nez. J’ai essayé souvent d’arrêter, sans succès. Je le fais sur un disque de Fet.Nat, je le fais en prenant vos manteaux, je le fais en tentant de séduire les quelques filles présentes au Pantoum, je le fais en écoutant Absolutely Free et je le fais en vous redonnant votre manteau. J’entends en sourdine le bruit assourdissant du premier groupe alors que le vestiaire entame un vinyle de Wild Domestic. Je vais aux toilettes… drôle d’odeur quand je vais en chercher une bonne croquante, peut être que je ne me suis pas assez lavé les mains. Marie-Ève me dit que ça ne la dérange pas… elle n’a pas de manteau. Je monte voir Hôpital. Je trouve ça excellent et je fouille à outrance.
Si vous avez eu la malchance de vouloir découvrir de la nouvelle musique vendredi soir, de sortir de chez vous pour vous baigner dans la culture avec un grand C, vous avez été en contact avec mes muqueuses, avec mes crottes de nez, avec un grand C.
Mercredi soir, j’ai eu la chance d’assister à un concert semi privé avec des jams aventureux truffés de mélodies hypnotisantes et de prouesses rythmiques. Un band de New York et un band de Québec, les deux situés dans le champ gauche du rock, ont occupé la scène de l’Anti.
Le premier des deux, c’est le Charme, anciennement connu sous le sobriquet bunuelien «Le Charme Discret de la Bourgeoisie», un quatuor de Québec qui a connu maintes transformations au fil des ans mais pour qui on sent une sorte d’apogée en ce moment, avec la parution d’un excellent nouvel album prévue pour le 14 octobre prochain au Pantoum. Le set a débuté avec l’excellente «Refus Global», une pièce de Fitzcarraldo, et a pour l’essentiel été constitué du répertoire de ce nouvel opus. L’ensemble a manifestement une belle complicité et une belle créativité et le tout est interprété avec justesse, témoignant d’un réel progrès à bien des égards. C’était la mise en bouche toute désignée pour ouvrir la voie au délire-déluge qui allait suivre.
Pour ceux qui n’ont jamais vu Yonatan Gat, c’est assez difficile à rendre justice à l’expérience en mots, comme pourront en témoigner ceux qui l’ont vu au Festival OFF 2015 ou aux Nuits Psychédéliques 2016. D’abord, tout se passe sur le plancher des vaches, le band refusant de monter sur le stage depuis aussi longtemps que je les connais, préférant s’installer au beau milieu de la foule (relativement clairsemée pour l’occasion, je dois l’admettre). Les lumières environnantes s’éteignent avant la performance et les lampes du groupe, une rouge d’abord pendant l’intro menée par le guitariste qui donne son nom à la troupe, puis une verte qui donne le signe d’envoi au bassiste et au batteur qui offriront une trame musicale quasi ininterrompue pour la prochaine heure. Le principe est généralement le même: des jams frénétiques inondent les oreilles des spectateurs pour lier entre elles les pièces des deux plus récentes parutions, Iberian Passage et Director, toutes deux chez Joyful Noise. Au beau milieu d’une de ces transitions improvisées, Joe Dassin s’invite pour une dizaine de secondes ce qui m’a fait bien rire, alors que Yonatan interprète au passage une partie de la mélodie de «L’Été Indien», avec la face du gars qui se demande si son public va catcher la joke. La performance a été somme toute fort généreuse, comme d’habitude, et ce malgré la petite assistance réunie sur place, insuffisante pour énergiser vraiment les musiciens qui n’en ont finalement pas eu besoin pour donner une performance survoltée. Le batteur donnait parfois l’impression qu’il allait prendre feu, alors que les deux autres ne donnaient pas non plus leur place.
L’Anti a offert un beau contexte intime, d’autant plus intime qu’elle était à moitié vide, me donnant l’occasion d’assister somme toute à mon meilleur concert de Yonatan Gat, musicalement parlant, avec aucune note qui n’échappait à mon attention et une sonorisation plus qu’adéquate. Mais bon, il aurait pu y avoir deux fois plus de gens que je ne m’en serais pas porté plus mal. Dommage que les gens n’aient pas répondu à l’appel en masse, mais le concert était donc doublement plus précieux. Vous pouvez heureusement vous consoler avec les photos, une gracieuseté de Llamaryon.
Ah, la rentrée musicale! Les mélomanes et les médias courent partout dans la ville comme des poules pas de tête pour essayer de tout voir. Jusqu’à ce qu’on arrive au premier show du Pantoum. Là, le temps s’arrête, le temps de déguster pendant quelques heures.
Cette année, le show d’ouverture avait une petite twist. Aucun nom d’artiste n’avait été dévoilé au préalable (même si on avait eu quelques indices qui permettaient de deviner un ou deux noms). Même les personnes impliquées ont fait mine de ne rien savoir. Même Simon Provencher (La Fête, ecoutedonc.ca), que j’ai croisé en entrant, n’a pas voulu me dire qui jouait. J’ai probablement posé la mauvaise question…
J’allais le savoir quelques minutes plus tard.
Qui vois-je monter sur scène avec Samuel Gougoux et Laurence Gauthier-Brown? SIMON PROVENCHER (sale traître), mesdames et messieurs! L’honneur d’ouvrir cette nouvelle saison du Pantoum allait donc à :
Victime
Le trio « vegan punk rock » (description de Simon) déplace de l’air, c’est le cas de le dire! Les morceaux défilent à un rythme infernal, au grand plaisir des spectateurs qui se lâchent lousses (du moins, aussi lousses qu’ils peuvent, la foule est compacte ce soir!). Laurence chante, joue de la basse et du clavier en même temps, Simon torture sa guitare pendant que Samuel caresse ses caisses avec un brin de tough love.
Évidemment, ça s’est terminé comme ça a commencé : très vite!
Landisles
Après s’être fait nettoyer les oreilles ben comme il faut, c’est au tour de Landisles, formation originaire de Gatineau, de monter sur scène. Leur synth-pop un brin funky a un petit je-ne-sais-quoi qui me plaît, moi, vieillard qui a connu les années 1980 pendant l’adolescence. Musique parfaite pour un film bon cop-bad cop de l’époque mettant en vedette un Belushi ou un Murphy (pourquoi pas les deux). Parfait pour les scènes de poursuite en voiture! Sur le parterre, ça danse joyeusement. Même les photographes se déhanchent en prenant leurs photos. Merci pour ce petit moment de nostalgie!
Bad Dylan
On vous avoue assez candidement qu’après l’entrevue que Marie-Eve a réalisée avec J-E, on avait pas mal deviné la tête d’affiche et on en était bin bin bin contents. Ce mélange d’électro, de psychédélique et de percussions chaudes a été chaleureusement accueilli par un parterre qui dansait tellement qu’on en ressentait les vibrations à côté de la cuisine, là où je me suis réfugié pour écouter sagement et prendre des notes. Bien que ça ne soit pas tout à fait ma tasse de thé, il faut admettre que les membres du groupe se sont montrés extrêmement convaincants dans leur proposition. M’est d’avis qu’on va les revoir très bientôt!
La salle Multi a dansé au son de la musique de We Are Wolves jeudi dernier, pour le lancement à Québec de leur quatrième album, Wrong. Le trio rock montréalais, parfois électro, parfois post-punk, souvent les deux à la fois, a su transmettre son énergie à un public qui n’était pourtant pas si nombreux (il fallait faire un choix difficile entre plusieurs bons shows ce soir-là).
Ils ont joué quelques-unes de leurs nouvelles chansons, notamment Wicked Games, qui déborde d’énergie. Celles-ci montrent une évolution par rapport à leurs albums précédents tout en conservant leur style unique et reconnaissable. Nous avons également pu entendre nombre de chansons que le public enthousiaste reconnaissait dès les premiers accords, comme Coconut Nights, Paloma, Blue ou Magique, pour ne nommer que celles-là.
Un super bon show qu’on aurait voulu voir durer encore!
C’est bon n’est-ce pas? Réjouissez-vous, Wrong est disponible depuis vendredi!
En première partie, nous avons pu entendre Adam Strangler, groupe montréalais, et leur rock un peu planant. Alors que la salle se remplissait peu à peu, ils furent suivis par Void Republic et sa musique électro qui a su faire danser.
Si on se fie à la foule massée près de la petite scène de L’Anti Bar et spectacles jeudi dernier, la visite de KROY, alias Camille Poliquin, était fort attendue. La jeune femme vient tout juste de lancer un joli premier album intitulé Scavenger, une proposition promise à un bel avenir autant ici qu’à l’étranger.
Accompagnée de deux musiciens, Poliquin s’installe derrière sa quincaillerie, qu’elle ne quittera qu’à la fin du concert. La bande est entourée de petits poteaux qui forment ensemble un système d’éclairage sophistiqué tout en conservant un caractère intimiste. Pas besoin de plus, nous sommes là pour écouter. De toute façon, c’est pas comme si Camille allait se mettre à faire des chorégraphies à la Beyoncé.
Dès les premières notes de Hull, qui commence également l’album, les spectateurs se taisent et ouvrent grands leurs yeux et leurs oreilles. Sur Bones, on commence à taper joyeusement du pied. Sur scène, le trio prend son pied, Poliquin chante ses airs tristes avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles.
Toutes les fois que j’ai croisé Poliquin (avec KROY, Milk and Bone et autres), j’ai eu la même réflexion : Quelle voix! Douce, cristalline, juste, une voix de petite fille qui raconte des histoires un brin macabres. Et sur Stay, Poliquin réussit sur scène à faire ce qu’elle fait si bien sur disque : nous faire planer et nous préparer à la très trip-hop Days et son groove langoureux.
Poliquin glisse quelques mots çà et là entre les chansons avec une chaleur qui détonne avec la froideur de la musique. Elle nous présente ses musiciens (Guillaume Guilbault, fidèle au poste aux claviers, et Charles Blondeau, véritable métronome à la batterie), avec qui elle a déjà beaucoup de plaisir (nous n’en sommes qu’au deuxième concert de ce cycle, après tout).
Fallait s’y attendre, KROY n’a pas une grosse discographie et après près d’une heure, tout était déjà terminé. On en aurait tellement pris davantage! On se reprendra à son retour. Et en attendant, on pourra se rabattre sur la venue de Milk and Bone au Cercle en décembre prochain.
Scavenger est disponible dès maintenant sur vos plateformes et chez vos disquaires préférés.
Ego Death
Quelle belle idée que de programmer Joey Proteau (et frangin Jesse, dont on va vous parler très bientôt) et son projet Ego Death avant KROY! À première vue, on aurait pu croire que le folk très intimiste d’Ego Death s’éloignerait trop de la pop électro de KROY, mais non, au contraire, ce sont deux univers qui se sont complétés à merveille.
Les voix douces des deux frères Proteau créent ensemble de magnifiques harmonies accompagnées de guitares totalement au service des mots. On n’a qu’une envie : écouter ce que Proteau a à dire et souhaiter une suite à Grief, un EP aussi court qu’excellent (vous comprendrez que je le trouve trop court). Ce fut sûrement une belle découverte pour plusieurs.
La curiosité et l’amour pour le groupe Arcade Fire ont attiré énormément de gens à l’Anti Bar et Spectacles en cet autre jeudi soir pluvieux sur Québec cité. Décidément, l’automne est débarqué en ville! En effet, l’Anti a frappé un grand coup en mettant la main pour une soirée, sur le projet DJ de Win Butler, co-leader d’Arcade Fire alias DJ Windows 98.
À mon arrivée, il y a déjà une belle ambiance dans la salle, quoique la foule est plus en mode jasette que steppette.
La proposition de DJ Duchesse est pourtant invitante aux déhanchements avec ses enchaînements efficaces de groove funky, soul et disco. Cette dernière dégage une belle énergie sur scène, ce qui peu à peu anime les personnes présentes qui réchauffent enfin comme il se doit, le ‘dancefloor’, agrémenté d’une énorme boule argentée. Durant cette prestation entraînante, Win Butler, portant un beau chapeau de cowboy peau de vache, se permet un bain de foule assez discret mais accessible, discutant gentiment avec ceux qui osent se présenter à lui.
Le public est définitivement venu pour découvrir ce que le chanteur charismatique a à présenter aux platines. Entre les 2 DJ, aucun temps mort, Windows 98 prenant le relais de la Duchesse avec une chanson soul à souhait qui reste dans le ton proposé jusqu’à maintenant. Le public est plus à l’écoute et s’avance vers la scène éclairée sobrement de rouges lumières tamisées.
Histoire que tous saisissent bien le concept, Win prend alors le micro et déclare en français ‘C’est pas un spectacle, tu peux danser si tu veux!’ suivi du tube des années 90 ‘Gangsta’s Paradise’ de Coolio. On repassera pour l’originalité mais cela fait son effet sur la piste. Pour la suite, on restera dans le thème ‘discothèque du passé’ avec des succès d’ABBA, de Donna Summer au ‘ Rock Your Baby’ de George McCrae.
On s’entend que M. Butler n’a pas besoin de jouer les DJ dans les bars pour arrondir ses fin de mois. Plus la soirée avance, plus il s’amuse et visiblement se fait plaisir en partageant son amour de la musique. Prenant le micro à quelques reprises pour chanter ou cognant sur sa cloche à vache, on retiendra ce beau moment durant ‘Sexual Healing ‘ de Marvin Gaye dans une version plus rythmée où la foule claque des mains en s’exclamant très fort au diapason avec le maître de cérémonie.
Au final, il y en a pour tous les goûts, pigeant dans les répertoires de MIA, Nine Inch Nails et Bowie, pour en nommer que quelque-uns. Ce mélange hétéroclite a semblé en dérouter plus d’un qui ont quitté rapidement, s’attendant peut-être à retrouver ce qui se fait sur Grande-Allée, mais d’autres se sont ajoutés pour continuer la fête dansante et diversifiée, somme toute classique de DJ Windows 98.
«Québec c’est plate.» Vous l’avez déjà entendue aussi, celle-là ? Eh bien, on peut remercier l’entièreté de notre scène locale et émergente, qui nous permet de démentir cette affirmation. Parmi ses différents acteurs, on compte les membres fondateurs du Pantoum, devenu un véritable centre culturel pour les musiciens de la ville et d’ailleurs. Ils nous invitent d’ailleurs ce vendredi à sortir une fois de plus de notre zone de confort pour aller voir un spectacle de la rentrée dont la programmation est entièrement inconnue : ils nous gardent la surprise. À l’occasion de cet évènement, nous sommes allés interroger les deux musiciens à l’origine de cet endroit mystérieusement caché quelque part près du coin de la patate.
Mais qu’est-ce que le Pantoum ?
Certains me le demanderont. À la base, c’était le projet de deux musiciens qui avaient envie de créer un «espace multifonctionnel doublé d’une communauté et de gens qui travaillent à développer la scène […], le tout recoupé dans un même espace», comme l’explique l’un d’entre eux. Cette idée, Jean-Michel Letendre Veilleux et Jean-Etienne Collin Marcoux (aux ambitions aussi grandes que leurs noms composés) la mènent à bien depuis 2012. Depuis, le Pantoum s’est doté d’une salle de spectacle, de studios de pratique et d’enregistrement, d’un service de sérigraphie ainsi que d’une boîte de diffusion et de production d’évènements relativement récente (Pantoum Records).
«Pendant longtemps le projet de label est resté un peu plus latent, puis finalement on a décidé de grossir notre équipe quand on a commencé à avoir un peu plus de groupes qui étaient vraiment nés du Pantoum, je pense entre autres à BEAT SEXÜ […]. On s’est dit que ça prenait vraiment un organisme de plus qui supporte ces bands-là et c’est là qu’on a décidé de partir la maison de disques, qui devient de plus en plus officielle, de plus en plus sérieuse depuis un an et demi ou deux ans», nous explique Jean-Etienne.
En effet, le Pantoum cherche surtout à répondre aux besoins des musiciens plus ou moins indépendants qu’ils regroupent : «C’est un peu ça l’objectif du Pantoum, ajoute Jean-Etienne. Il y a plein de services ici. Toi t’es un band indépendant, tu prends ce dont tu as besoin dans le pool.» Ils visent donc non seulement à regrouper tous les services qu’un band indépendant à Québec a besoin, mais aussi à personnaliser ces services en fonction du groupe avec lequel ils travaillent : «On n’appuie pas de la même façon des projets comme Le Charme, versus BEAT SEXÜ, versus Gab Paquet », conclut-il. En outre, la collaboration des groupes avec d’autres acteurs (maisons de disques, salles de spectacles, etc.) est favorisée par l’offre non exclusive de services au Pantoum, qui vise surtout à ouvrir les horizons de ces groupes.
Afin de parvenir à ces résultats, le duo est soutenu par une large équipe de bénévoles qui les aident à maintenir les activités du Pantoum ainsi qu’à organiser différents projets et évènements, comme le spectacle de la rentrée de vendredi.
Le show de la rentrée du Pantoum
«Chaque année, on essaie de garder cet aspect-là un peu d’essayer de faire en sorte que les gens viennent et soient prêts en général, dans d’autres salles de spectacle, à débourser pour aller découvrir quelque chose qu’ils ne connaissent pas, m’explique Jean-Michel. J’pense que ça fait partie de notre manière de travailler à l’émancipation de la curiosité chez les gens.»
Cette année, la stratégie est simple : personne ne saura quels groupes ils vont voir jouer. «On leur impose d’avoir du fun, c’est un peu ça l’idée», ajoute Jean-Etienne. Cette idée de surprise plait beaucoup aux organisateurs, qui aiment se permettre des programmations complètement éclectiques. «Cette année, explique Jean-Etienne, il y a quand même une certaine liaison entre les bands. Il y a des trucs qui les unissent, mais ça reste tout de même trois univers complètement différents.»
Mais encore, à quoi peut-on s’attendre ? Selon les deux organisateurs, le spectacle devrait plaire autant aux novices qu’aux plus grands mordus de la scène indépendante. Au sujet de la tête d’affiche, Jean-Etienne nous confie que c’est «quand même un band qui actuellement vit une belle hype à Québec, qui a fait des shows cet été à Québec, et au OFF, et au Show de la Rentrée de l’université.» Ce dernier fera sans doute plaisir à ceux qui le connaissent comme à ceux qui le découvrent.
Le deuxième groupe, qui n’a joué qu’une seule fois à Québec dans un Rock & Pabst l’an passé, toujours selon les dires de Jean-Etienne, est encore très peu connu et constitue une «belle découverte pour la crowd d’ici». Finalement, le premier groupe qui jouera ce soir-là provient directement de la Ville de Québec, mais il est apparemment encore très jeune et donc encore à découvrir. «Tout le monde va trouver son compte dans ce genre de soirée là», conclut Jean-Etienne.
Un aperçu de la saison prochaine
Le spectacle de la rentrée amorcera aussi la nouvelle saison du Pantoum, qui est d’une certaine façon en continuité avec les saisons précédentes : «L’esprit de la place, c’est un espace de découvertes, explique Jean-Michel. Ça peut parfois déroger un peu de ça, mais dans l’ensemble le but de l’endroit c’est de faire découvrir des groupes et que cet endroit serve à des groupes qui en ont vraiment besoin.» C’est pourquoi il y aura au menu des groupes comme The Luyas (16 décembre), dont certains éléments sont connus et qui dans l’ensemble méritent de l’être, ainsi que Le Charme, groupe signé Pantoum qui lancera son album le 14 octobre prochain en compagnie de Fuudge.
Parlant de déroger, il ne faut pas manquer de parler de l’attendu lancement d’album de Chocolat, qui aura aussi lieu dans les murs du Pantoum en novembre. Pourquoi faire une exception pour un groupe aussi connu dans le milieu que Chocolat ? «Notre clientèle habituelle, explique Jean-Etienne, c’est quand même le genre qui trippent énormément sur Chocolat. Donc c’est un peu un cadeau qu’on fait à cette gang-là.» Parce que oui, le Pantoum gâte aussi ses spectateurs. «Et en même temps la gang de Chocolat, ce sont des musiciens avec qui on travaille à d’autres moments dans l’année et qui avaient vraiment envie de faire ça ici parce que c’est un projet qui leur tient à cœur et qu’ils ont envie de faire avec des amis plutôt que dans une salle de spectacle lucrative», conclut-il.
Autrement, quelques groupes en tournée viennent aussi s’insérer dans la programmation. C’est le cas de Walrusqui, bien qu’ils soient devenus «le genre de band qui n’ont peut-être plus besoin de passer par le Pantoum» aux dires de Jean-Michel, passent par là le 14 octobre et seront donc accueillis par le Pantoum pour une soirée aux côtés de Le Charme et Fuudge.
Le Club Paradis : un nouveau projet dans les parages
Parmi les derniers évènements dans lesquels le Pantoum s’est investi, on peut compter Open House QC, le Mammifest et le SPOT, pour lequel ils s’occupaient de l’évènementiel. Ces différents projets ont surtout pour but de faire rayonner la scène locale, qui est parfois(souvent) trop méconnue. Cette année encore, le Pantoum travaillera activement dans cette perspective par l’entremise de son partenariat avec le tout nouveau Club Paradis, sur Grande Allée.
«Le Club Paradis c’est pas quelque chose qu’on avait de prévu cette année, explique Jean-Etienne. On s’est fait approcher par Isaac Larose [l’auteur des Catfight Friday au Boudoir], qui est derrière le projet, qui est soutenu aussi par les propriétaires de la Taverne Grande Allée. […] Isaac proposait en fait d’exporter un concept de spectacle du Pantoum, qui est un concept très différent, très indie, dans une place qui est complètement loufoque : Grande Allée. » Attiré par le concept et charmé par l’ambiance intime de la salle, le Pantoum a accepté le projet.
C’est donc une sorte de pèlerinage par lequel le Pantoum cherchera à faire tout autant un «espèce de fuck you poli à Grande Allée» que de créer un «poste avancé de musique underground», qui d’habitude ne sort pas trop des limites de la Basse-ville, tel que l’explique Jean-Etienne.
Le Club Paradis, avec le Pantoum, fait aussi le pari d’aller chercher un nouveau public. «Il y a beaucoup d’enthousiastes de musique à Québec, poursuit Jean-Etienne. Au Festival d’Été, ce ne sont pas seulement des gens de l’extérieur qui consomment les spectacles. C’est principalement des résidents de la ville.» Et pourquoi ne viennent-ils pas en plus grand nombre aux spectacles de la scène locale et émergente ? «Est-ce que c’est parce que la Basse-ville fait peur, se demande Jean-Etienne. Est-ce qu’on est trop dans notre petit monde en Basse-ville ? L’idée c’est donc de créer quelque chose qui va être en Haute-ville, qui se frotte un peu aux trucs plus mainstream et aux trucs plus classiques.»
C’est comme ça qu’ils espèrent aller chercher des gens qui traînent sur Grande Allée et qui, curieux, entreront peut-être au Club Paradis. «Et là au lieu de tomber sur un chansonnier quétaine, ajoute Jean-Etienne, ils vont tomber sur un show de musique underground taggué Pantoum et à ce moment-là nous on espère qu’ils vont tripper sur ce qu’ils vont vivre.» Et si l’on se fie à la réaction des nouveaux visiteurs au Pantoum («Hein, il y a ça à Québec !»), selon le duo, le charme risque d’opérer.
Plus concrètement, le Club Paradis offrira donc, sous l’égide du Pantoum, des «soirées à 12 piastres dans un Club un petit peu perdu où tu vas avoir une espèce d’ambiance de feu», tel que décrit par Jean-Etienne. Ça commence dès demain, ce jeudi, avec IDALG et Funk Connection, et ça se poursuivra à raison d’un spectacle ainsi que quelques DJ sets par mois. C’est ce qu’ils ont décidé d’appeler les soirées Pantoum Paradise. «C’est lefun de pouvoir sortir des murs du Pantoum, conclut Jean-Michel. Il y a beaucoup de choses qui prennent du sérieux et ça commence à être vraiment excitant de manœuvrer ça.»
Pis, c’est tu plate Québec d’après vous ? Je vous mets au défi de le vérifier par vous-même.
C’est une belle idée qu’ont eue Arté Boréal et Le Cercle de tenir, jeudi dernier, une soirée folk au cours de laquelle les amoureux de la plume et des cordes allaient pouvoir se régaler : pas moins de neuf artistes se sont succédés sur la scène de la salle de la rue Saint-Joseph! Photoreportage :
Le tout a commencé avec Alex Fortin, qui a lancé les festivités seul à la guitare. Il a plus tard invité deux autres musiciens, Rami Filo à la basse et Hubert Michaud à la lap steel. Folk tranquille, mais sincère. Et du Wilco en prime!
Quelques minutes plus tard, Cold Folks se présentait en duo (Gabrielle Bégin au banjo et David Raymond Leblanc à la guitare) pour nous faire faire un petit voyage dans le temps. Plusieurs classiques folk et bluegrass se sont succédés. C’était juste assez entraînant pour conserver l’attention du public venu en grande partie voir le duo suivant.
Les Ontariennes francophiles de Scarlett Jane étaient visiblement très attendues si on se fie à la réaction des spectateurs (qui restaient loin derrière faute de place assise à l’avant, qui formait un trou béant… on prend des notes : la formule cabaret, c’est plus efficace). Le temps d’installer quelques tables de plus à l’avant, voilà, l’ambiance est dix fois plus agréable et on peut se concentrer avec bonheur sur les magnifiques compositions et reprises du duo. Elles chantent si bien ensemble!
Pour continuer, Timothy Luke Dawson prend place seul sur scène. Il nous montre au passage que s’il est bien de savoir écrire des chansons, y’a rien de mal à bien interpréter celles des autres. Allez donc écouter son maxi Old Lovers, disponible sur Bandcamp!
Jérôme St-Kant suit, accompagné de Simon Kearney (et de son sac à dos!). Se présentant comme étant Régis Labeaume, le jeune Jérôme a su démontrer en deux interventions et trois chansons tout son humour (et son esprit tordu). On en aurait voulu un peu plus, mais ce ne sont pas les occasions qui risquent de manquer!
J’ai terminé ma soirée avec Josué Beaucage, chanteur de Who Are You. La voix de Beaucage fait parfois penser à celle de Cat Stevens, surtout là, dans son plus simple appareil (guitare-voix). On espère avoir plus de nouveau matériel sous la dent!
J’ai malheureusement dû m’arrêter là, il était déjà passé minuit! J’aurais bien aimé voir les autres artistes au programme. Gageons qu’on va avoir la chance de se reprendre. Les organisateurs prévoient déjà une suite à cette soirée et c’est tant mieux. Faudra peut-être juste penser à raccourcir un peu les soirées… quitte à en faire plus!