Vendredi dernier, l’auteur-compositeur-interprète Daran était de passage en formule solo au Centre culturel Pauline-Julien de Trois-Rivières dans le cadre de sa tournée Le monde perdu, son plus récent album. Ce dernier a d’ailleurs remporté le plus récent Félix pour la mise en scène de l’année et l’on comprend vite pourquoi dès les premières minutes du spectacle. Car outre la musique, le spectacle est grandement axé autour des projections de films sur lesquelles l’artiste Geneviève Gendron dessine littéralement par-dessus par l’entremise d’un ordinateur, chose qui parait assez audacieuse. Ce travail artistique vient compléter et enrichir les courts métrages propres à chaque chanson.
Le logiciel a même dû être créé, car il n’en existait aucun permettant de dessiner sur du vidéo a fait savoir Daran. La dimension multimédia que prend le spectacle a d’ailleurs agréablement surpris le public. C’est le genre de spectacle qu’on aurait pu présenter en pleine salle de cinéma tellement que l’attention des gens est portée sur l’écran plutôt que sur le musicien.
Au cours de sa performance de près d’une heure et demie, le Français qui a adopté le Québec il y a cinq ans a interprété l’intégralité des pièces de son plus récent album de même que quelques pièces qui datent comme Dormir dehors. Semblant timide au départ, le public s’est tout de même permis d’interagir et de participer avec Daran au fur et à mesure que la soirée avançait. Au final, les spectateurs ont grandement apprécié le passage du chanteur.
En guise de première partie, les spectateurs ont pu voir à l’œuvre Kensico qui présentait les pièces de son dernier album White Sage. Pour plus d’information ou pour connaître les prochaines dates de la tournée, vous pouvez visiter le www.daran.ca.
Un line-up québécois, 3 ambiances très cohérentes, le spectacle post-rock de samedi dernier au scanner s’annonçait excellent. Effectivement Noise Insn’t noise ne s’est pas trompé en bookant le même soir Cyanide Eyes, C H R I S T et Milanku.
Une ambiance pesante (et ce n’est pas négatif !) de post-rock était très présente au scanner. Je vous conseille d’aller faire un tour sur le bandcamp des groupes si vous ne les connaissez pas déjà, surtout Milanku, la tête d’affiche.
Pendant que la faune médiatique était à Montréal ou devant la télé pour célébrer #notremusique, vos fidèles reporters d’ecoutedonc.ca avaient la lourde tâche de couvrir le concert de Xavier Rudd & The United Nations. Eh qu’on était à plaindre, hein? 😉
Rudd et ses complices sont venus présenter leur plus récent album, Nanna, qui marque une différence marquée par rapport aux albums précédents du troubadour australien. Au folk de feu de camp rassembleur qui le caractérisait si bien depuis le début de sa carrière, Rudd a fait place à un croisement entre le folk et le reggae qu’il a agrémenté de teintes de worldbeat. Pour ce faire, il a recruté une équipe de musiciens et de choristes talentueux qui lui donnent la réplique de belle façon. On avait donc bien hâte de voir ce que cette bande de joyeux drilles avait dans le ventre. Et comment les vieilles chansons de Rudd allaient être transposés dans cet univers bien coloré. Et métissé.
C’est donc dans un Capitole bien rempli (un dimanche soir, de surcroît) que Xavier Rudd et ses United Nations sont arrivés après un long entracte. Je ne vous nommerai pas les chansons parce que je connais plus ou moins Rudd, mais je vous avoue que ça commençait plutôt bien. Rudd se promenait joyeusement pieds nus, chapeau bien vissé sur la tête, la guitare en bandoulière. Ses deux choristes l’accompagnaient avec leurs voix puissantes, pleines de soul. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Arrive Follow the Sun, tiré de son album précédent Spirit Bird (2012), qui avait connu un grand succès au Canada. Tiens, me voilà en terrain connu. Je n’étais pas le seul : le public était heureux du virage reggae de Rudd, mais c’était visiblement pour le vieux matériel qu’il s’était déplacé. Follow the Sun a donc reçu un très bel accueil, digne de cette fort jolie chanson. Les arrangements des autres chansons plus anciennes étaient parfois un peu moins réussis : difficile d’intégrer et de réarranger de vieilles chansons qu’on avait l’habitude de jouer tout seul, en homme orchestre, maintenant qu’on a un band complet à sa disposition!
Rudd et ses Nations unies se sont montrés fort généreux, se donnant entièrement pendant chacune des chansons. Le public, lui, était heureux, dansant aussitôt qu’il en avait l’occasion. Même le balcon, où je m’étais installé sagement pour écouter le show, était particulièrement dansant!
Évidemment, les moments forts du spectacles ont été ceux où il est allé s’asseoir seul avec sa guitare pour chanter ses magnifiques chansons. De nombreux calumets se sont allumés un peu partout dans la salle, sous l’oeil circonspect des agents de la salle. L’harmonie était parfaite. La communion, totale.
De quoi me faire oublier que j’ai manqué trois discours de remerciement de Leloup.
Emmanuel Jal
La première partie était assurée par Emmanuel Jal, un jeune artiste originaire du Sud Soudan et maintenant établi à Toronto. Ancien enfant soldat qui en a vu de toutes les couleurs, il a tenu à se présenter au public en slammant. Tout le monde était toute ouïe. Quant à la prestation, les pièces de Jal s’écoutent beaucoup plus pour les paroles, dans lesquelles il raconte sa vie, ses valeurs, ses rêves. Et il faut le voir danser d’un bout à l’autre de la grande scène avec une énergie immense. Impressionnant. Jal a terminé sa prestation en faisant monter quelques spectateurs, qui ont dansé avec lui. C’était joyeux et émouvant.
Jeudi soir dernier avait lieu la première soirée cachée de la saison au bar La chasse-Galerie. Ces événements, organisés par CFOU en collaboration avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), ont lieu une fois par mois et ont pour principe de ne révéler l’artiste invité que la journée même de la prestation. Pour débuter l’année en grand, c’est nul autre que Klô Pelgag qui a ouvert le bal. La soirée fut teintée d’absurdité et de magie à l’image de cette jeune artiste. Retour sur ce spectacle et entrevue avec une fille pétillante.
Klo PelGag, Chloé Pelletier Gagnon de son vrai nom, est originaire de Gaspésie. Elle s’est vite démarquée par son talent indéniable pour manier les mots, sa voix fragile et insaisissable ainsi que par sa personnalité éclatante. Son premier album, l’Alchimie des monstres, a eu un franc succès, l’amenant même jusqu’en Europe. De retour depuis quelques temps d’une tournée européenne, Klô a monté sur la scène trifluvienne pour faire ce qu’elle fait de mieux: époustoufler et surprendre.
Les nombreux spectateurs présents ont eu droit à une prestation haute en couleurs. Les chansons s’enchaînaient avec fluidité, chacune amenant son lot d’émotions et nous faisant voyager loin de tout univers connus. La douce voix de Klô résonnait dans le bar avec son éclat habituel, chargée de frissons, de puissance et de magie, réchauffant au passage le cœur de la cent vingtaine de privilégiés présents. Entre deux mélodies, Klô y allait de commentaires des plus absurdes, portant fièrement son onepiece de squelette et divaguant sur des sujets sortis de nul part. À un moment donné, en plein milieu d’une chanson, elle est même allée verser une bière sur son batteur qui, il faut le spécifier, ne portait qu’un chandail bedaine et un speedo. La jeune artiste qui dit rechercher la surprise lorsqu’elle va voir des spectacles peut se venter d’en donner à revendre à son public.
Klo PelGag va terminer sa longue tournée le 12 Décembre prochain au club soda. Pour l’occasion, elle se fera raser les cheveux sur scène. Nous l’avons questionnée sur les raisons de cet acte « Je le fais pour plusieurs raisons, mais j’avais juste envie de me raser la tête, de faire fuck. Genre la pression de l’humain sur son image c’est horrible de nos jours. Peut-être que ça a toujours été comme ça, mais je vivais pas à ces époques là non plus. J’ai l’impression que l’image, elle prend tellement d’importance. Tout le monde est tout le temps en train de se regarder dans le miroir ou même dans les fenêtres du métro. C’est vraiment triste, c’est rendu plus important ça pour les gens que d’autre chose. En tout cas j’ai juste le gout de faire fuck, fuck off, fuck toute.» La jeune artiste mêle également ce désir de se débarrasser de sa pilosité capillaire à une bonne cause, comblant ainsi son envie d’aider des gens. Elle s’est donc associée à l’organisation Leucan.
Klô PelGag souvent reconnue pour la justesse de ses textes et la magie de sa voix nous a également confié son désir d’exploiter son talent dans autre chose que la chanson. « J’aimerais ça, mais je suis pas encore capable de l’assumer. J’aimerais ça peut-être faire un recueil un jour. Un recueil de poésie, de nouvelles ou même un roman… J’ai plein de choses qui m’intéressent en fait.» Pour le moment, elle se contentera de l’écriture de son prochain album. Son imagination débordante qui donne lieu à des chansons colorées est déjà à l’ouvrage. « C’est juste plein d’affaires qui trainent dans mon cerveau depuis un boutte et j’ai pas eu le temps de me dédier complètement à ça parce que je suis toujours en tournée depuis deux ans. Mais là, je vais pouvoir juste me consacrer à ça». Pour son deuxième album, elle souhaite changer ses habitudes d’écriture. Le premier à été écrit en majorité dans la maison familiale où elle puisait son inspiration de la faune et la flore des Bas-Laurentides.« J’essaie de me sortir un peu de ça tsé les habitudes, alors je vais essayer d’écrire un petit peu partout» L’artiste refuse de se donner un thème pré-établi et souhaite laisser libre recours à son imagination pour l’écriture de ses prochains textes.
Pour terminer l’entrevue en beauté, nous y sommes allés avec quelques questions en rafales:
On est entre nous, après la longue tournée que tu viens de faire, est tu tannée de chanter tes tounes?
(rires) Non, je suis pas tanné. C’est sûr que quand on faisait des six semaines intenses, d’être dans un camion tout le temps avec sept personnes, à un moment donné, à la fin de la tournée, on était très très très épuisés pis c’était peut-être moins nouveau, mais quand je prend une genre de petite pause après et que je retrouve le monde, j’aime ça. Je ne ferai pas autant de spectacles pour le prochain album, parce que là c’est ça, j’ai fait beaucoup trop de spectacles. (rires)
Ta recommandation musicale du moment?
En ce moment, j’écoute beaucoup Nick Drake et Elliott Smith. De la musique triste dans l’fond. Je suis également en train de redécouvrir les Beach Boys. Y’a Philippe Brach aussi qui va sortir un album, Je l’aime bin, il est drôle.
Ta Recommandation littéraire du moment ?
J’ai lu Karoo de Steve Tesich. C’est vraiment bon! Pis là, je lis tous les livres de cette maison d’édition là qui s’appelle Monsieur Toussaint Louverture. C’est vraiment drôle, les livres sont vraiment beaux et souvent bons. Mais je lis pas vraiment vite, alors ça va me prendre du temps.
Qu’est-ce que tu préfères du public français?
Il y a souvent du monde bizarre, mais ce n’est pas tout le temps nécessairement l’fun. À un moment donné, il y avait un couple de français qui s’étaient déguisé en Québécois et qui sont rentrés dans notre loge pendant qu’on se changeait. Ils agissaient comme si on se connaissait, ils nous sautaient dessus, et il y avait comme un fille en bobette dans l’coin c’était juste vraiment bizarre. C’est ça, il y a vraiment des personnages drôles. On a même établis une liste des personnages les plus étranges qu’on a rencontré en tournée.
Qu’est-ce que tu préfères du public Québécois?
Ils sont plus libres et spontanés. Le public français est comme plus respectueux. Ils ne parlent pas parce qu’ils pensent que c’est ça le respect et à la fin du spectacle, là ils sont un petit peu moins gênés mais c’est ça. Je pense que les Québecois sont comme plus lousses, alors ça c’est l’fun.
Klo Pelgag est entrée dans le milieu de la musique grâce, entre autre, à sa personnalité rafraichissante et spontanée, mais c’est son talent immense qui lui a permis de s’y ancrer. Malgré le succès qu’elle connait, elle reste une jeune fille pétillante, énergique et tellement authentique. On lui souhaite de continuer sur sa lancée et de ne jamais perdre l’étincelle qui la rend si unique.
Klo Pelgag sera en spectacle le 10 décembre prochain au Grand Théâtre de Québec! Pour plus d’informations, visitez le http://www.grandtheatre.qc.ca/spectacles/klo-pelgag-1810.html
Crédit photo: Charles Fontaine & Izabelle Dallaire ( https://www.facebook.com/izabelle.dallaire.photographe/?fref=ts)
La dernière fois qu’Eman & Vlooper sont venu à Trois-Rivières, c’était pendant le Dôme CFOU, pour la soirée hip-hop avec Alaclair ensemble et Loud Lary Ajust. En fait, Vlooper était absent, mais Eman a complètement assuré la première partie de cette soirée mémorable.
C’est donc vendredi le 6 novembre dernier que le bar L’embuscade a misé juste en faisant venir Eman & Vlooper, avec Yerly en première partie.
C’est certain qu’avec un spectacle qui commence à minuit, il faut s’attendre à ce que les gens soient déjà pas mal saouls. C’est aussi le genre de soirée où tu retrouves les artistes sur la terrasse en train de parler et boire avec tout le monde. Ce genre d’ambiance, même avant que le spectacle ne soit commencé, on ne voit pas ça partout et ça a donné le ton à la prestation d’Eman & Vlooper, amicale, énergique, respectueuse et éclatée à la fois.
On a eu droit aux chansons de l’album XXL, lancé il y a déjà plus d’un an, ainsi qu’à une nouvelle pièce, qui paraitra sur un futur album. Sur scène, les gars sont d’une humilité charmante et ont un plaisir fou à nous divertir et à s’amuser avec nous, autant Eman, qui chante et rap, que Vlooper, qui fait jouer ses beats. La place était remplie et je pense que les gens ont compris que nous sommes chanceux de les avoir avec nous parce que les gars sont sur une lancée incroyable dans le milieu du hip-hop québécois. D’ailleurs, ils viennent tout juste de remporter le Félix pour l’Album hip-hop de l’année et leur talent et leur professionnalisme les mènera certainement encore plus loin.
La soirée s’est terminée avec Eman qui est descendu de la scène pour chanter Back to me avec les gens dans la foule. Comme vous pouvez tenter de le voir sur cet vidéo maison, un peu sombre je m’en excuse, le public a été plus que ravi de cet initiative d’Eman.
Dire qu’on avait hâte de voir notre ami Pilou présenter les chansons de son projet solo relève de l’euphémisme. J’avais eu un avant-goût l’hiver dernier lorsqu’il avait fait la première partie de Jay-Jay Johanson au Petit-Champlain, mais mardi, Peter Henry Phillips (le pseudonyme adopté pour ce projet) nous présentait son album au complet, accompagné de ses complices. Une foule relativement peu nombreuse (on était un mardi soir, quand même), mais visiblement connaisseuse, s’était rassemblée au Cercle pour l’écouter.
On ne se fera pas de cachettes : l’interprétation des chansons était très fidèle à l’album. On avait parfois l’impression d’entendre The Origin directement de la table tournante. Faut dire que Phillips a une voix incroyable, et que ce qu’il vous donne sur disque, c’est ce qu’il vous donne sur scène : une voix à la fois douce et puissante, avec un petit grain qui vient nous chercher dans les moments les plus douloureux. Du vrai WYHIWYG! Mais ne vous attendez pas à des solos de guitare époustouflants ou à des envolées lyriques incroyables, ce qui est tout à fait normal au tout début d’un cycle. Je dis ça, mais sur Dreamcatcher, Phillips me fait un peu mentir avec une finale époustouflante, encore plus intense sur que l’album.
En plus des chansons de The Origin (on adore I WannaGo, un bijou de folk-pop qui tire pas mal sur le country), Phillips nous a offert quelques chansons de son maxi paru en 2014, notamment les magnifiques Secret et Bloom (au premier rappel).
Le spectacle s’est terminé sur la savoureuse reprise de Repartir à zéro, de Joe Bocan, que Phillips avait interprétée tout récemment à l’émission Pop de Jam! de Musique Plus.
Pilou est un artiste chevronné, ça se voit par sa grande aisance sur scène, et ce premier spectacle solo marque un maudit beau point de départ. On a hâte de voir comment le projet Peter Henry Phillips va évoluer au fil des mois. On sera là à son retour à Québec. Promis.
Pour ce s’quatre novembre au soir, Québec avait rendez-vous au Cercle pour y voir un groupe légendaire du country et du rock : The Sadies, originaire de Toronto, était en ville! Les frères Dallas et Travis Good, toujours accompagnés de Mike Belitsky et Sean Dean, sont venus nous présenter quelques chansons de leur vaste répertoire (le groupe a été formé en 1994). Le programme était passablement varié, les frères Wood avaient sorti leurs habits du dimanche, on allait avoir du plaisir.
Et du plaisir nous avons eu. Je vous avoue bien humblement que je ne connaissais pas beaucoup le répertoire des Sadies, quoique j’avais pas trop détesté leur dernier album, Internal Sounds, qui date déjà de 2013, alors j’étais en mode découverte pendant que Jay s’amusait à croquer ces messieurs fort expressifs. Le spectacle offert par les Sadies était tout à fait dans mes cordes : du country, du rock n’ roll, beaucoup de belles mélodies, des riffs qui torchent, à la fin, on en aurait pris au moins autant.
Seule ombre au tableau, le public avait plus ou moins répondu à l’appel. Baaaaaaah, la quantité était remplacée par la qualité et avouons-le, c’est toujours agréable d’avoir un peu d’espace pour danser et lâcher joyeusement son fou, surtout quand le groupe devant nous semble avoir un fun noir.
J’aurais donc dû mettre mon chapeau de cowboy.
The Maggoty Brats
Le groupe folk-punk de Québec avait visiblement ses fans car le devant de la scène n’a pas trop pris de temps à se charger. C’est une bonne chose. L’énergie était contagieuse et même votre humble serviteur, d’ordinaire plutôt tranquille en mode découverte, s’est surpris à taper joyeusement du pied à plus d’une reprise. Ça donne le goût d’aller se chercher Folklore noir, leur plus récent album lancé au début de l’année, au Knock-Out. Ou sur Bandcamp.
Les Revenants
Si vous vous souvenez bien, j’avais vu Les Revenants au Coup de grâce musical de Saint-Prime, où ils sont rapidement devenus mon coup de coeur de l’automne. Leur country-rock fuzzé un brin psychédélique m’était apparu comme une révélation, comme Épouvantails, d’ailleurs. Ma crainte, c’est que j’avais vu un spectacle plutôt tranquille à Saint-Prime (ils assuraient la première partie de Mara Tremblay et le public, plutôt âgé, était assis) et j’avais peur de voir une baisse d’énergie chez les spectateurs. Comme je me suis trompé! Un pépin technique a forcé Jimmy Beaudoin et ses complices à modifier quelque peu leurs plans. À un point tel qu’ils se sont dit Fuck that! et nous ont offert une prestation sur le 220. Des reprises assez punk, merci! Des chansons d’Épouvantails avec encore plus de mordant, comme cette magistrale Rien ne saigne comme un pouce, que j’aimais déjà d’un amour tendre.
Une baisse d’énergie, vous dites? Ce fut plutôt le contraire!
J’entrai vers 10h dans ce bar légendaire qu’est le Bistro Plus. Qu’a-t-il de si particulier ? C’est que le temps a oublié d’y faire son œuvre. Quand on y entre, on se retrouve directement catapultés dans les années 1980. En attendant la première partie, quelques personnes discutaient près du bar et d’autres dansaient sur du ABBA devant la scène. Scène, il faut le souligner, plus qu’appropriée pour la musique de ce soir-là : murs de miroirs, boules disco et autres surprises étaient au rendez-vous.
C’est alors que les musiciens d’Anatole, semblables à des astronautes dans leurs habits blancs, ont fait leur entrée sur scène. Comme à son habitude, le squelette dandy s’est laissé désirer avant d’arriver dans son accoutrement typique. Il a déclamé un speech prophétique bien senti pour ensuite commencer en force avec une des chansons les plus rock de son répertoire sinon assez psycho-synthé-disco-pop. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Anatole, c’est un groupe mythique de Québec qui cherche à exploiter une des facettes de la scène souvent négligée par les artistes aujourd’hui : l’aspect théâtral d’un spectacle. Vous n’y reconnaîtrez point l’Alexandre Martel de Mauves, puisque le squelette qui chante devant vous a une tout autre identité. Au Bistro Plus, accompagné par des musiciens de talent (et qui plus est visiblement contents de jouer), ce dernier se déhanchait comme à son habitude, toujours plus déroutant que la veille. Les habitués du bar y ont même goûté, lorsqu’en commençant La Cassette le chanteur est monté (encore) sur une des tables pour les fixer du regard et chanter a capella entre deux gros silences déstabilisants pour les novices. Les admirateurs du groupe ont aussi eu droit à une nouvelle chanson surprise, qui tire du côté de la ballade.
Le Couleur a ensuite fait son entrée. Les quatre musiciens (dont deux percussionnistes) ont commencé d’emblée avec leur électro-disco tout droit sorti des années 1980 et avec la ferme intention faire lever le party. Un peu lent à suivre (les tables devant la scène n’ont pas aidé), le public s’est pourtant donné à la fin du spectacle avec ses meilleurs moves de danse. Les quelques personnes qui ne dansaient pas écoutaient du moins avec intérêt. Alternant pièces rapides et pièces plus down tempo, le groupe a su exploiter toutes les possibilités des synthétiseurs et des percussions (congas, cloches à vache, maracas, tambourine, batterie, drumpads, etc.). Ils tempéraient bien leurs pièces très rythmiques avec des sections plus planantes, une touche psychédélique bien appréciée pour compenser la répétitivité des années 80. La chanteuse, qu’on entendait peu, chantait dans un style qui peut s’apparenter à celui d’Indochine. Le groupe de Montréal a terminé avec ses chansons plus connues telles que Femmes et Club italien, pièce pour laquelle ils ont réalisé un vidéoclip. Ensuite, c’est avec une finale haute en couleurs, en bulles (parce que oui, tout ce temps il y avait une machine à bulles !) et devant les applaudissements enthousiastes du public que Le Couleur a terminé son spectacle, qui lui-même bouclait leur dernière tournée avant d’entrer en studio.
Ces deux groupes ont fait revivre la flamme disco du Bistro Plus le temps d’une soirée. J’aurais presque cru au voyage dans le temps. Et pourtant quelques chanceux seulement ont vécu cette soirée, qui aurait mérité foule.
Se présenter à un spectacle de rock canadien un soir de semaine à Québec, c’est accepter la fatalité. C’est comprendre que nous allons nous retrouver dans une ambiance intime imposée par un nombre très restreint de spectateurs. Bien sur, il y a des exceptions ! Dernièrement, nous avons eu droit à de belles foules pour Vietcong et Alvvays qui ont réussis à percer le mur culturel qui sépare le Québec du reste du Canada. Par contre, nous n’avons pas eu cette chance pour Dear Rouge, qui est pratiquement inconnu au Québec.
Et pourtant, le couple marié qui forme Dear Rouge, ainsi que les musiciens en satellites qui les accompagnaient dans la pénombre, nous ont offert une performance digne d’une diva de la pop dans un stade rempli à craquer. Sans trop se perdre dans des conversations qui seraient tombées à plat, face aux spectateurs peu nombreux, ils ont plutôt choisi de nous balancer tout ce qu’ils avaient sans rien demander en retour, faisant preuve d’un professionnalisme hors pair. Leurs compositions prennent aussi tout leur sens en spectacle lorsqu’elles sont illuminées par des faisceaux de lumières et portées par la charismatique Danielle McTaggart.
En renfort, directement de Winnipeg et ayant mobilisé le plus de spectateurs, Rah Rah a fait exploser le toit du Cercle ( pas pour vrai, là ) avec un indie rock à saveur très fruité. J’étais déjà un fan de leur dernier album, Vessels, qu’ils ont bien rendu sur scène. Il y régnait une belle énergie, alors que tous les membres du groupe ( à part le batteur ) étaient alignés devant nous pour nous présenter majoritairement leurs derniers tubes. Ils s’échangeait généreusement le micro entre les chansons, nous faisant passer d’une voix d’homme aux accents d’un Lou Reed qui n’aurait jamais pris de ketamine de sa vie à un vocal féminin éclaté et rempli de bonne humeur.
C’est Caveboy qui a ouvert le bal. Un band de Montréal qui en était à sa première visite à Québec et qui semble très prometteur. Ils sont définitivement à surveiller. Leurs premières chansons empruntaient plus à de la pop planante, à la Mozart’s Sister, pour ensuite débouler avec intensité vers un rock un peu psyché et sans relâche.
Le 3 novembre dernier, Izabelle Dallaire, photographe, a eu le bonheur d’assister au spectacle de l’artiste Ian Kelly au Gambrinus de Trois-Rivières. Une belle découverte et une grande chance de l’avoir avec nous le temps d’une soirée.