ecoutedonc.ca

ecoutedonc.ca

archives
  • Accueil
  • Site original
  • Critique : Cindy Bédard – « Fille du vent »

    Critique : Cindy Bédard – « Fille du vent »

    La plupart des lecteurs urbains de ce blogue ne le savent peut-être pas, mais s’il y a un genre qui vend des disques, c’est bien le country. Bon, peut-être pas à Québec et à Montréal, mais en région, ça a toujours été populaire. Jamais à la mode, jamais démodé. Plus près de nous (les zurbains), le grand public a longtemps pu goûter aux pièces d’Isabelle Boulay et Laurence Jalbert, qui chantent des pièces qui se rapprochent beaucoup du genre. Même dans les coins cool et branchés de nos villes, le country commence à avoir ses fans, grâce à des artistes qui n’ont pas eu peur de se mouiller comme Mara Tremblay (et ce qu’elle a longtemps appelé son country-trash, heureux mélange de sensibilité et des guitares sales d’Olivier Langevin), ou à des artistes plus folk qui nous rapprochent de cette musique qui a toujours été plus près de nous qu’on le croit (le folk trash de Lisa LeBlanc, le folk folk des Soeurs Boulay, le bluegrass de Canailles, le folk expérimental d’Avec pas d’casque). On a même vu des artistes dits émergents ne plus avoir peur de dire qu’ils jouent du country même s’ils y ajoutent un trait d’union (le country-folk de Chantal Archambault, de Dany Placard ou de Tire le Coyote en sont des exemples).

    Cindy BédardArrive Cindy Bédard, une auteure-compositrice-interprète de Saint-Tite qui vient tout juste d’être signée par nul autre qu’Audiogram et qui lancera, le 13 mai prochain, son premier album, le bien nommé Fille du vent.

    Bédard fait du country. Point barre. Du country assumé et assuré. Des chansons tristes, des peines d’amour, des longs voyages, tous les thèmes traditionnels y sont. Des chansons qui débordent de sincérité sans tomber dans la mièvrerie d’une Taylor Swift. N’empêche, on a l’impression que les gars de Saint-Tite ne sont pas très très gentils et que les roadtrips vers la ville ont été nombreux.

    Musicalement parlant, rien à redire, Bédard sait composer de belles mélodies, simples et efficaces et elle n’a rien à envier à de nombreux autres compositeurs plus expérimentés. Parlant d’artistes expérimentés, il faut entendre Paul Daraîche l’accompagner sur J’fais ma luck. Beau. Tout simplement beau.

    Quand on connaît les conditions d’enregistrement des albums country au Québec (parlez-en à MC Gilles), on pourrait croire qu’on mis le paquet pour la belle blonde, qui a confié la réalisation de l’album à Éloi Painchaud. Ce dernier a fait un boulot absolument impeccable sans nécessairement tomber dans le piège de la surproduction. Oui, la réalisation est propre, mais elle laisse toute la place au talent de l’artiste et de ses musiciens.

    Disons-le franchement, Cindy Bédard frappe un grand coup direct au cœur avec Fille du vent, qui devrait connaître un très grand succès populaire en campagne comme en ville. Superbe entrée en matière, tant pour elle que pour vous.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=f-efyrgnUqk&w=480]

    Cindy Bédard – « Fille du vent » (Audiogram)
    8/10

    Jacques Boivin

    12 mai 2014
    Albums
    8/10, Cindy Bédard, Fille du vent
  • Critique : Feathership – « Howl »

    Critique : Feathership – « Howl »

    Disons-le d’entrée de jeu, si vous cherchez quelque chose qui repousse les limites de la musique, Howl, du duo Feathership, n’est pas pour vous. La proposition de Jean-Philippe Sauvé (Jay Pea) et Vincent Blain est se situe dans le folk-pop tout ce qu’il y a de plus traditionnel (ce que j’appelle de la pop de grange), mais les chansons sont extrêmement bien écrites, et surtout, elles sont superbement jouées par le duo, qui s’est entouré d’excellents musiciens pour l’occasion.

    FeathershipDès la première pièce de cet album, on se trouve en terrain connu avec une pièce qui n’est pas sans rappeler City and Colour, Iron and Wine ou Bears of Legend tant dans la mélodie que dans les arrangements. On apprécie la voix de Jay Pea, douce, mais assurée, qui se rapproche parfois de celle de Dallas Green (Howl, Buried Shame), parfois de celle d’un Stuart Murdoch post-2000 (Missing You, jolie incursion dans la chamber pop de Belle and Sebastian).

    Oui, Howl est archi-référentiel, mais ce qui pourrait être un gros défaut est en fait sa principale qualité. Le duo maîtrise parfaitement le genre (et ses nombreux sous-genres, comme en témoigne l’explosive Tumbling et l’électrique Silent Frame, que je conseillerais d’ajouter à toute liste de lecture préparée pour un roadtrip) et on prend un malin plaisir à écouter chacune des pièces. En fait, ma plus grande déception, c’est le fait que l’album ne dure que 31 maigres minutes. Qui passent très, très, très vite.

    Premier album réussi pour Feathership, donc. Retenez bien le nom de ce duo, j’ai l’impression qu’on va en entendre parler longtemps.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1507578566 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=1425513886]

    Feathership – « Howl » (Maisonnette)
    8/10

    En passant, si vous êtes à Montréal et que vous souhaitez assister au lancement de l’album le mardi 6 mai à 20 heures, au studio Vox, consultez le lien suivant :

    https://www.facebook.com/events/252558858283233/

    Jacques Boivin

    5 mai 2014
    Albums
    8/10, Feathership, Howl
  • Critique : Philippe B – « Ornithologie, la nuit »

    Critique : Philippe B – « Ornithologie, la nuit »

    L’auteur-compositeur-interprète-réalisateur Philippe B nous avait déjà gâtés il y a quelques années avec son superbe Les variations fantômes, truffé d’échantillonnages de musique classique et d’une pas pire lourdeur sur le plan du drame. Pour Ornithologie, la nuit, le nouvel opus qu’il propose aujourd’hui, l’artiste a eu envie de faire les choses un peu plus simplement, tant sur le plan musical que sur le propos.

    Philippe BPhilippe B a façonné Ornithologie, la nuit comme une fiction autobiographique où l’auditeur suit un personnage (appelons-le Philippe B) la nuit pendant un an, de l’automne à l’été. Le résultat : 14 petites histoires nocturnes, 14 petites anecdotes racontées un peu à la manière de Woody Allen, 14 chansons douces, mais remplies d’émotions.

    Sur le plan de la musique, rien à dire. Philippe B s’est surpassé. Les oreilles de l’auditeur apprécieront tant la simplicité de la mélodie et des arrangements que leur sincérité et les émotions suscitées. Cependant, cette musique ne prend tout son sens que lorsqu’elle est accompagnée des paroles savamment écrites par Bergeron. Par exemple, la musique de Calorifère est mélancolique, mais les paroles qui l’accompagnent sont carrément tristes.

    Philippe B a voulu qu’on écoute cet album comme on observe les oiseaux, et ça paraît. Si, au départ, on a du mal à bien saisir l’animal, on s’attache toutefois au personnage qui évolue au fil de l’album. On le voit passer de la tristesse du Biscuit chinois à la lumière de Nous irons jusqu’au soleil, jusqu’à la fausse libération (succédée d’un emprisonnement) dans Lucioles.

    Ornithologie, la nuit est un bel album, une oeuvre complète qui demande de l’attention pour être appréciée à sa juste valeur. On s’assied, on écoute et on savoure l’histoire qui se déroule entre nos deux oreilles. Oeuvre artistique complète. Travail de maître artisan.

    À écouter la tête et le coeur ouverts.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1748103071 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=48334438]

    Philippe B – « Ornithologie, la nuit » (Bonsound)
    8/10

    Jacques Boivin

    22 avril 2014
    Albums
    8/10, Ornithologie la nuit, Philippe B
  • Critique : Les Hay Babies – « Mon homesick heart »

    Critique : Les Hay Babies – « Mon homesick heart »

    Vous avez sûrement entendu parler de ces trois charmantes filles du Nouveau-Brunswick qui jouent du folk avec un accent tout ce qu’il y a de plus charmant. Vous les avez même probablement entendues sur leur EP Folio, paru en 2012. Après trois tonnes et quart de spectacles un peu partout, voilà Katrine Noël, Julie Aubé et Vivianne Roy avec leur premier album, Mon homesick heart, qui met en valeur les nombreux talents du trio.

    Hay BabiesLa musique des Hay Babies est tout sauf déroutante. On se tient dans les limites de la folk-pop accessible (mon terme préféré, « pop de grange », serait approprié dans le cas présent) et les fans de Lisa LeBlanc, des soeurs Boulay et de Mumford and Sons ne devraient pas être trop déstabilisés.

    Cependant, les filles ont quand même osé aller un peu plus loin que le trio « banjo-ukulélé-guitare-jolies voix en harmonie » et les mélodies proposées attirent nos oreilles qui n’avaient pas tant d’attentes. On a particulièrement aimé des pièces comme Trop frette, qui donne des frissons, et Des fois j’me demande, une vraie de vraie chanson country moderne qui manque si cruellement dans le paysage francophone.

    On doit absolument applaudir le travail solide de réalisation de François Lafontaine, qui devait trouver une place à ces trois filles-là dans un genre qui compte de nombreux joueurs. Elle est loin l’époque où Mara Tremblay portait seule le genre sur ses épaules. Aujourd’hui, il faut se démarquer et c’est ce que les Hay Babies parviennent à faire. Ajoutez à cela des membres de Patrick Watson et la batterie énergique (et souriante) de José Major, et vous avez un album qui fait vibrer vos tympans… et votre coeur.

    Les membres du trio disent qu’elles voulaient éviter de sonner comme Mumford and Sons. C’est réussi. Il y a déjà plus de variété et de subtilité dans cet album que dans l’ensemble de l’oeuvre de la bande à Marcus Mumford.

    Mon homesick heart a peut-être quelques petites imperfections, comme l’ordre des pièces qui aurait peut-être pu être mieux réfléchi, mais celles-ci ne sont pas assez graves, ni suffisantes, pour déranger l’auditeur.

    Est-ce que les Hay Babies ne seront qu’un feu de paille? Malgré leur jeune âge, Katrine, Julie et Vivianne ont tout ce qu’il faut pour réussir et durer… même si elles ont déjà mis la barre très haute.

    [bandcamp width=100% height=120 album=2513474803 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=1013797861]

    Les Hay Babies – « Mon homesick heart » (Simone Records)
    8/10

    Jacques Boivin

    17 avril 2014
    Albums
    8/10, Les Hay Babies, Mon Homesick Heart
  • Critique : Chloé Lacasse – « Lunes »

    Critique : Chloé Lacasse – « Lunes »

    Tout le monde mérite une deuxième chance. Prenez Chloé Lacasse. J’avais plus ou moins aimé son premier album (y’avait comme un choc entre la voix très aérienne de l’artiste et l’électronique lourd, froid et omniprésent), mais j’avais adoré sa prestation au Festival d’été de Québec l’an dernier.

    Chloé LacasseC’est donc avec un intérêt renouvelé que j’ai plongé dans Lunes, ce nouvel opus que madame Lacasse a coréalisé avec Antoine Gratton et enregistré avec ses complices Gratton, Benoit Bouchard, Vincent Carré, Marc-André Landry et André Lavergne (en plus de la participation du quatuor Orphée, et ses cordes, sur quelques chansons). Et wow, dès les premières notes de Rien pour moi, on sent qu’on est dans un univers complètement différent de celui proposé sur son album homonyme.

    La voix aérienne de la jeune auteure-compositrice-interprète se mêle parfaitement aux mélodies et aux arrangements atmosphériques. Et les paroles… je n’en parle jamais assez dans mes critiques, mais ici, ça en vaut la peine. Chloé Lacasse a une plume superbe. Toujours simple sans être simpliste, imagé tout en laissant la place à l’imagination, comme ici sur Renverser la vapeur :

    Ils sont des milliers un peu comme nous
    Qui en ont assez de se taire et surtout
    Qui rêvent de crier un bon coup

    Musicalement, on a l’impression d’un album bio, truffé d’instruments acoustiques et électriques et marqué par le piano omniprésent de Chloé Lacasse, qui marque autant la mélodie que le rythme. Les cordes sur certaines chansons donnent des frissons, tandis que les synthétiseurs et les ordinateurs se font beaucoup plus subtils.

    Même si dans l’ensemble, l’album est excellent, certaines pièces sortent du lot : Un oiseau dans la vitre est tout simplement jouissive et constitue un excellent condensé de tout ce que je viens de lancer. Voix aérienne, mélodie atmosphérique, mélodie et rythme marqués par le piano… paroles sublimes, vous comprenez le topo. Chloé Lacasse fait dans la haute voltige dans une chanson qui parle plutôt d’embrasser le ciment. Écoute sans parler, plus active, est un brin psychédélique avec ses cordes envoûtantes. J’aime le groove de Le piège, une chanson qui permet à l’artiste de montrer un côté plus animal. Des bidouilleurs auraient probablement beaucoup de fun à la remixer, celle-là.

    Lunes se méritera encore de nombreuses écoutes. Les albums qu’on a envie d’écouter du début à la fin, avec leurs petites lenteurs, leurs montées, leurs descentes, sont rares. En voilà un.

    Stratosphérique.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=tVKkcv_IJmo&w=480]

    Chloé Lacasse – « Lunes » (Vega Musique)
    8/10

    Jacques Boivin

    11 avril 2014
    Albums
    8/10, Chloé Lacasse, Lunes
  • Critique : Elbow – « The Take Off and Landing of Everything »

    Critique : Elbow – « The Take Off and Landing of Everything »

    Le groupe britannique Elbow est considéré chez lui comme un des plus grands groupes des dernières décennies. Les fans adulent Guy Garvey et sa bande et les professionnels reconnaissent la contribution extraordinaire du groupe à la musique pop britannique.

    Elbow

    Il faut dire qu’il n’y a rien de vraiment choquant ou d’inaccessible dans la pop teintée de folk d’Elbow, même si les membres du groupe refusent de faire de nombreux compromis qui leur permettraient de faire des tonnes de fric. Un genre de Coldplay avec de l’intégrité et un respect de ses racines tout en n’ayant pas peur de sortir des sentiers battus.

    The Take Off and Landing of Everything est le sixième album d’Elbow et ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts sauront apprécier le léger virage entrepris tout en affichant plus que jamais sa filiation avec Genesis, époque Peter Gabriel (est-ce l’influence du Real World Studios, où l’album a été enregistré?), que Garvey apprécie énormément.

    Cet album parle des petites fins, des grands débuts, des arrivées, des départs (Garvey a mis fin à une longue relation amoureuse), de la quarantaine, quoi. Dit de même, ça a l’air triste, mais non, au contraire, les chansons de cet album sont généralement remplies d’une belle sérénité. On reconnaît la situation, on se retrousse les manches, pis on travaille à l’améliorer.

    Musicalement parlant, The Take Off and Landing of Everything touche droit au coeur. Même si les paroles sont sereines, la musique, elle, demeure un brin mélancolique. Les influences de Gabriel sont indéniables. Dans certaines chansons, on sent que Garvey et sa bande ont écouté du Justin Vernon récemment. Les pièces sont longues (elles dépassent toutes les 5 minutes, sauf trois – et sur ces trois, il y a une chanson de 4 min 56). Les textures sont enveloppantes, les arrangements sont riches et complexes.

    The Take Off and Landing of Everything est un album parfait pour une fin d’hiver qui s’allonge. On accepte sereinement sa situation, ce qui ne veut pas dire qu’il ne reste pas un brin de mélancolie.

    Pour ceux qui aiment les choses qui font mouche tout en douceur.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=cqnIbueM5fE&w=480]

    Elbow – The Take Off and Landing of Everything (Polydor)
    8/10

    Jacques Boivin

    12 mars 2014
    Albums
    8/10, Critique, Elbow, mars 2014, The Take Off and Landing of Everything
  • Critique : David Giguère – « Casablanca »

    Critique : David Giguère – « Casablanca »

    On dit que David Giguère n’avait rien écrit depuis la parution de son premier album, Hisser haut. Mais voilà, le comédien-chanteur a vécu une peine qui semble difficile à avaler et il a eu besoin de faire sortir le méchant. Et ça a sorti vite et bien, puisqu’il nous arrive avec un deuxième album minimaliste, introspectif, qui a peu de ressemblances avec tout ce que vous avez écouté récemment, malgré une lointaine parenté avec le matériel du groupe britannique The xx.

    David GiguèreCe savant mélange de folk, de pop et d’électro, où les paroles prennent une place considérable (après tout, cet album est un exutoire). Pas besoin de lire entre les lignes, Giguère est d’une sincérité telle qu’on ressent un petit malaise avec notre voyeurisme. Malaise ou pas, on veut savoir, on veut écouter. Payer une verre au chanteur pour qu’il se raconte et qu’il se sente mieux.

    Si j’ai parlé des xx tout à l’heure, c’est pas pour rien : il arrive souvent qu’on se retrouve dans le même genre d’ambiance dénudée, froide et étouffante. Mais plutôt que de copier les Britanniques, Giguère y met son grain de sel en y ajoutant des refrains forts, remplis d’une émotion sincère.

    Grand moment de grâce pendant Albert Prévost, magnifique, touchante. David, si on se voit, toi et moi, fais-moi penser de te faire un câlin. Pour cette chanson. Et pour le reste de ce disque.

    Touchant et unique dans notre paysage.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=7TglPrFnFL0&w=480]

    David Giguère – « Casablanca » (Audiogram)
    8/10

    Jacques Boivin

    5 mars 2014
    Albums
    8/10, Albums, Casablanca, David Giguère, mars 2014
  • Critique : Serge Fiori – « Serge Fiori »

    Critique : Serge Fiori – « Serge Fiori »

    S’attaquer à un disque de Serge Fiori, c’est un gros morceau. Un très, très gros morceau. À cause de la vie de l’homme. À cause de la légende. À cause du simple fait qu’il s’agit de l’homme qui a composé ce qui est selon moi le plus grand album de l’histoire du rock québécois (l’Heptade d’Harmonium, une oeuvre de génie du début à la fin). Alors, quand on écoute le premier disque en 28 ans de Serge Fiori, qui porte simplement son nom, on est un peu nerveux.

    Serge FioriÉcoutez, je vais sortir le méchant tout de suite, ça va être plus facile d’écrire le reste ensuite. Parce que oui, j’ai un peu de méchant à faire sortir.

    Les paroles du premier extrait de l’album, Le monde est virtuel, m’horripilent. Rimes faciles, anglicismes inutiles. Ça m’a pris quelques écoutes avant de pouvoir me rendre au milieu de la chanson (là où ça commence à être vraiment intéressant). Je veux bien croire que les paroles sont inspirées des statuts Facebook de Fiori, il est tellement capable de mieux (comme il le montre plus loin). C’est très dommage parce que si on réussit à faire abstraction des paroles, cette chanson-là, écrite comme un clin-d’oeil à Harmonium avec l’usage de la douze cordes, des changements de rythme et des chants qui donnent des frissons, est musicalement fort intéressante.

    Autre chose : on sent que Fiori était parfois tiraillé entre le plaisir d’offrir quelque chose de nouveau et le fait qu’il sait que ses fans seront nostalgiques. C’est joli, les clins d’oeil à Harmonium, mais une des meilleures chansons de l’album, à mon avis, est Démanché, un blues-rock entraînant avec sa petite touche de soul qui vient de la chaleur des cuivres. Quand on sait que ce nouvel album pourrait ne pas avoir de suite, c’est dommage.

    C’est dommage parce que musicalement parlant, Serge Fiori est d’une beauté à couper le souffle. Fiori n’a pas perdu la main, loin de là! En fermant les yeux, on n’a aucun mal à s’imaginer Seule, une chanson touchante que Fiori a écrite pour sa mère. On avait oublié à quel point Serge Fiori a une voix magnifique. Chaude. Douce, même dans les moments les plus intenses, comme on le constate sur Jamais, qu’il chante en duo avec Monique Fauteux.

    L’album est un savant mélange de chansons folk-pop aux refrains à chanter à l’unisson et de moments plus atmosphériques et introspectifs (ce qui n’empêche pas certains moments jouissifs, comme les dernières minutes de Laisse-moi partir où les cuivres donnent un caractère grave et solennel, ni des blues moqueurs comme Zéro à dix).

    Alors qu’on connaissait Fiori surtout pour son jeu de guitare, c’est au piano qu’il opte de terminer cet album. Avec de la trompette. Et des cordes. Sur Si bien, Fiori termine sur une note optimiste. Lumineuse. Une fois l’album terminé, on se sent bien. On a même oublié les frustrations du début.

    Que cet album soit entre nos mains aujourd’hui, il s’agit déjà d’une réalisation incroyable pour Serge Fiori. Pour cette raison, nous l’en félicitons. Quant à l’album lui-même, si on l’évalue au mérite, sur la même échelle que celui de Real Estate, de Kandle ou de David Giguère plus tard cette semaine, Serge Fiori n’a absolument rien à envier. Bien des gens viennent de trouver leur trame sonore du printemps (envoyez ces gens ici, il y a tellement de bons albums folk qui peuvent accompagner ce disque, on va leur en conseiller quelques-uns).

    Vous savez quoi? C’est un excellent choix.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=QmoecCqAKKY&w=480]

    Serge Fiori – « Serge Fiori » (GSI Musique)
    8/10

    Jacques Boivin

    4 mars 2014
    Albums
    8/10, Albums, mars 2014, Serge Fiori
  • Critique : Beck – « Morning Phase »

    Critique : Beck – « Morning Phase »

    Le plus sympathique des scientologues est de retour… et il est plutôt tranquille! Bah, ce n’est pas la première fois qu’il nous fait le coup de l’album folk-pop introspectif. On n’a qu’à se rappeler Sea Change, le meilleur album de son répertoire, et de loin.

    BeckBeck est excellent quand il mélange le country, le grunge et le rap. Il est capable de faire danser tout le monde en même temps. Mais c’est quand il est tranquille, une guitare à la main, qu’il est à son meilleur.

    Morning Phase reprend exactement là où Sea Change nous avait laissés. Guitare acoustique. Piano. Peu d’effets, et ceux-ci sont très subtils. Airs tristes. Beaucoup d’adieux. Quelques réflexions. Heureusement, contrairement à Sea Change, le Beck Hansen de Morning Phase est beaucoup plus optimiste et serein.

    On a donc droit à un Beck moins lourd, qui, malgré sa volonté d’exprimer des émotions très vives, a également voulu offrir autre chose qu’un vulgaire Sea Change 2 en offrant des compositions d’une grande complexité pour des pièces qui pourraient simplement être de simples guitare-voix. Écoutez Blue Moon, une des plus belles pièces de l’album, créée avec soin avec ses pièces qui semblent s’imbriquer l’une dans l’autre.

    Malgré sa grande beauté, Morning Phase peut parfois être pénible, par exemple pendant Wave, qui aurait été plus à sa place sur une bande sonore de film qu’au beau milieu d’un album déjà très tranquille. Heureusement, Don’t Let It Go nous ramène rapidement dans le droit chemin…

    Dans l’ensemble, il s’agit d’un excellent album, mais il se peut que vous ayez envie de décrocher à certains endroits. Prenez une pause, écoutez autre chose et retournez-y plus tard. Ça vaut la peine.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=WIWbgR4vYiw&w=480]

    Beck – « Morning Phase » (Fonograf/Capitol)
    8/10

    Jacques Boivin

    25 février 2014
    Albums
    8/10, Albums, Beck, mars 2014, Morning Phase
  • Critique : Jay Malinowski & The Deadcoast – « Martel »

    Critique : Jay Malinowski & The Deadcoast – « Martel »

    Oh, quel projet ambitieux que ce Martel de Jay Malinowski, que vous connaissez sûrement pour son travail comme chanteur du groupe Bedouin Soundclash. Ambitieux, mais des plus intéressants en raison de son sujet, mais aussi en raison de la façon dont il est livré.

    Jay MalinowskiPour Martel, Malinowski a laissé tomber le reggae et les influences mariachi de ses aventures passées pour mettre en musique les histoires que son grand-père lui racontait à propos d’un de ses ancêtres, Charles Martel,  un marin d’origine française. Pas besoin de vous dire qu’on nage dans un tout autre univers.

    S’entourant des cordes de The Deadcoast, les 18 chansons de Martel sont autant de ports d’escale que l’on visite les oreilles grandes ouvertes; on ne sait jamais, l’émerveillement peut venir de n’importe où, que ce soit des notes vibrantes du piano sur Donzoko Blues, du refrain redoutablement accrocheur de Patience Phipps, du choeur viril de Singapore Sling ou d’une reprise de Sloop John B (vous avez peut-être déjà entendu la version des Beach Boys).

    Si vous voulez en savoir plus sur le projet Martel, visitez le site Web www.whoismartel.com. Ça se savoure très bien en écoutant la jolie musique de l’album en même temps.

    Maudit beau projet.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=bIy-HlZSXpo&w=480]

    Jay Malinowski & The Deadcoast – « Martel » (Pirates Blend)
    8/10

    17 février 2014
    Albums
    8/10, Albums, février 2014, Jay Malinowski & The Deadcoast, Martel
Page précédente
1 2 3 4 5
Page suivante

Proudly Powered by WordPress