Hé qu’on avait hâte de retourner à Baie-Saint-Paul, où nos amis du Festif! (vous savez, le festival de fou auquel on assiste quasi-religieusement depuis quelques années) nous accueillaient samedi dernier pour la première soirée de qualifications de la huitième édition du Cabaret Festif! de la relève. Comme nous vous l’avons dit il y a quelques jours, nous aurons la chance de voir cet hiver douze excellents artistes de tous les horizons nous présenter leurs (beaux) projets musicaux. Leur premier objectif : se tailler une place pour la finale du 31 mars, où les participants auront la chance de remporter des prix d’une valeur totale de plus de 10 000 $ et des prestations au Festif! et ailleurs.
Cette année, l’événement est de retour au Cabaret de la Maison Otis (du moins pour les préliminaires) après quelques années passées dans la grande salle multi de l’Hôtel Germain. Et ben franchement, c’est une bonne nouvelle (même si le photographe en moi grognait un brin… pour rien, comme vous pouvez le voir plus bas). L’ambiance déjà relax du Cabaret (on vous l’a déjà dit, on ne s’y sent pas comme dans un concours) est renforcée par ce cadre intimiste.
Avant de commencer le concours proprement dit, les organisateurs du Cabaret ont eu la brillante idée d’inviter un jeune artiste longueuillois de 21 ans qui aurait tout le talent nécessaire pour participer lui-même au Cabaret. Un dénommé Émile Bilodeau, qui fait dans le folk du quotidien qui suscite un certain intérêt chez les spectateurs. Il a dû inviter quelques membres de sa famille à venir l’encourager : on entend du monde chanter ses chansons avec lui.
Blague à part, le porte-parole de cette édition du Cabaret a présenté quelques chansons, dont une plus récente qui montre que depuis qu’il est reparti avec les grands honneurs de la cinquième édition, la plume de ce jeune homme a pris beaucoup de maturité. Il a dû convaincre quelques adolescentes la veille lorsqu’il est allé chanter à la polyvalente du coin parce qu’elles occupaient toute l’avant-scène! Mais les voir chanter, les yeux pétillants et le sourire aux lèvres, les chansons d’Émile, chansons qu’elles connaissaient par coeur, c’est beau.
Fait chaud. On sue déjà pas mal, mais on a la chance de ne pas se trouver sous les projecteurs. On ne reste pas trop loin, parce que le premier groupe entre en scène, mais on irait bien se lancer dans un banc de neige (bien lourde et mouillée) dehors.
La première formation en lice est un duo folk de Québec nommé The Johans et composé d’Émilie Rochette et Cynthia Larouche. Premier constat : comment ont-elles fait pour passer complètement sous notre radar depuis leurs début? Bien qu’encore un peu vertes, les deux filles sont super talentueuses. Elles ont le sens de la mélodie, qu’elles affichent avec une belle authenticité, sans compter une belle présence sur scène (on est dans un concours et les grands prix comprennent des grosses prestations, alors c’est important!). Accompagnées de deux musiciens pour l’occasion, Émilie et Cynthia n’ont eu aucun mal à convaincre le public, qui a accepté leur proposition avec enthousiasme. Émotion et conviction assorties de mélodies efficaces. Je pense qu’on va revoir ces deux-là plus tôt que tard.
Laura Babin a ensuite foulé les planches pour nous présenter quelques-unes de ses chansons. Même si on l’avait déjà vue voler solo, il était intéressant ici de la voir proposer son rock aérien dans un trip à trois bien exécuté. On a Water Buffalo et ses couplets aussi lents que ses refrains sont intenses en tête depuis.
Parlant de trip à trois, ce sont Les Monsieurs qui ont le plus impressionné les membres du jury en cette première soirée. En formule trio (un membre était absents), les trois musiciens ont livré une prestation convaincante en menant une charge à fond de train. Des textes solides et engagés, une musique livrée avec énergie brute, un rock typiquement québécois, un projet prêt pour la scène, on peut comprendre pourquoi le jury les a choisis.
La soirée s’est terminée avec nos chouchous pantoumiens De la Reine. La pop groovy aux accents trip-hop d’Odile Marmet-Rochefort, Vincent Lamontagne et Jean-Étienne Collin Marcoux a visiblement plu aux Charlevoisiens qui ont écouté attentivement, sauf pour applaudir les prouesses de nos trois musiciens (surtout les solos de Vincent et les envolées d’Odile – qui m’impressionne chaque fois que je l’entends). Seul regret : vingt minutes ne suffisent pas pour saisir toutes les nuances de la proposition du groupe de Québec. De la Reine a remporté le vote du public, ex aequo avec The Johans; les deux formations seront donc du vote Internet qui se déroulera en mars prochain, juste avant la finale.
On a passé une maudite belle veillée à Baie-Saint-Paul avec quatre formations complètement différentes, mais toutes talentueuses. Sur papier, il était difficile de prévoir un gagnant. Après avoir vu les quatre prestations, il était encore plus difficile d’en déterminer un.
Ça annonce bien pour la suite. Prochain rendez-vous le 17 février avec Artifice Palace, Jessy Benjamin, Joey Robin Haché et Natation. Ben franchement, on sait pas qui va se démarquer. Et c’est bien ainsi! Billets en vente ici :
Ah, Agrirock! J’avais souvent entendu parler (toujours en bien) de toi, il fallait bien que j’aille constater par moi-même ce qui te rend si charmant!
Le Festival Agrirock célèbre l’arrivée de l’automne dans un torrent de décibels qui déferle sur le centre-ville de Saint-Hyacinthe. À partir de son quartier général, le très sympathique bar Le Zaricot, la musique s’invite dans de nombreux lieux (parfois inusités) visités par de non moins nombreux curieux. Rien de trop compliqué, rien de trop grandiose, juste une belle programmation remplie d’artistes qu’on aime découvrir et redécouvrir. Pas de choix déchirants (les shows se succèdent), pas de course contre la montre entre deux lieux (on marche bien davantage ailleurs, d’ailleurs), on peut consacrer tout notre temps à la musique.
Nous sommes donc allés, il y a quelques jours, assister aux deux tiers de la cinquième édition de ce festival qui vient de tomber dans la liste de mes coups de coeur. On a manqué la journée du jeudi (avec Bad Dylan, Georges Ouel, Robert Fusil et les chiens fous ainsi que Tintamare), travail oblige, mais on a manqué bien peu de choses du vendredi et du samedi. On vous présente ça sous forme de léger compte rendu accompagné de quelques photos!
Après avoir passé l’après-midi du vendredi à flâner dans le centre-ville (traduction : boire du cidre avec les guêpes au Zaricot), direction Fréquences le disquaire pour un petit tête à tête avec Antoine Corriveau. J’ai vu ce gars-là jouer dans presque toutes les formations possibles à toute heure du jour, mais jamais je ne l’avais vu seul avec sa guitare. Ça fait quand même un petit choc d’entendre toutes ces chansons, d’ordinaire si joliment arrangées, se retrouver toutes nues! S’il avait bien préparé quelques chansons pour l’occasion, au milieu de sa prestation, il a laissé le public choisir… Pauvre de lui, un spectateur lui demande de jouer Corridor, sa si magnifique reprise de la chanson de Laurence Jalbert. Corriveau s’essaie, mais il peine à trouver les bons accords (à sa défense, c’était la première fois que je l’entendais ailleurs qu’à la télé). Un Antoine à la bonne franquette, sans filet, qui s’essaie devant le public. On l’aime de même.
Direction l’entrée du Zaricot où les rappeurs de La Carabine s’exécutent. C’est énergique, les gars débitent leur flow avec entrain, la présence d’une batterie donne un rythme qui semble plaire aux spectateurs de la terrasse. On est peut-être un peu trop timides pour aller groover devant les gars malgré leurs invitations à le faire, ça ne veut pas dire que le public n’apprécie pas. Je vous avoue que j’aimerais bien les revoir dans un contexte différent (parce que j’avoue qu’entre Corriveau et Tire le coyote, j’étais peut-être pas trop dans un mood pour écouter du rap…).
On retourne chez Fréquences, cette fois pour une prestation qui avait été annoncée à peine quelques jours plus tôt, soit celle de Tire le coyote. Seul avec son fidèle Shampouing, on a pu entendre des versions acoustiques de quelques-unes de ses belles chansons tirées de Désherbage. Le magasin s’est rapidement rempli, même la gang de Matt Holubowski, qui jouait ailleurs en ville ce soir-là (dans un cadre autre que celui d’Agrirock) est passée faire un tour. Comme ce fut le cas avec Corriveau, le plaisir résidait dans l’interprétation toute nue de ces chansons si magnifiquement arrangées sur l’album, le tout présenté avec humour et simplicité, comme toujours. Gros pouce en l’air pour sa Jeu vidéo, adaptation fort réussie de Video Games d’une certaine Lana Del Rey.
On retourne au Zaricot, cette fois pour ne plus en sortir avant la fin de la soirée. On nous avait promis un traitement choc : Chocolat, Duchess Says et Les Breastfeeders.
Le premier groupe, celui mené par Jimmy Hunt, est toujours plaisant à voir et à entendre. On ne sait pas dans quel mood les musiciens seront (ça va de plutôt sage à complètement déchaîné), mais on sait que ça va être bon. Chocolat nous envoie des tonnes de briques au visage, une brique à la fois. Guillaume Éthier, qui jouait de la batterie avec le groupe pour une première fois, marquait le rythme avec énormément d’assurance. Les fans de Rencontrer Looloo et de Tss Tss en ont eu pour leur argent. Les guitares bien fuzzées nous ont fait bien voyager, à peu près autant que le saxophone de Christophe Lamarche-Ledoux. (En passant, on va pouvoir revoir Chocolat avec Cobrateens et Mauves au Pantoum le 25 novembre prochain… on vous le dit tout de suite, comme ça, vous pourrez mettre ça à votre agenda!)
La soirée se poursuit avec le post-punk déjanté de Duchess Says. On a pu entendre les chansons de Sciences nouvelles, le dernier album, ainsi que quelques plus vieux morceaux. On ne vous le cachera pas, la vraie vedette du groupe, c’est sa chanteuse, A-Claude, probablement la meilleure bête de scène qu’on a pu voir tout le week-end. Et les spectateurs le lui ont bien rendu : le job de photographe n’était pas de tout repos avec les mosh pits enthousiastes et spontanés! On se disait qu’après ça, les Maskoutains n’auraient plus d’énergie pour la suite…
On s’est trompé!
Notre vendredi soir s’est terminé avec Les Breastfeeders, qui étaient accompagnés d’un « nouveau » guitariste, un certain… Sunny Duval, qui a renoué (avec un plaisir manifeste) avec son ancien groupe! Si Les Breasts n’ont toujours pas de nouveau matériel à nous offrir (on en est encore à Dans la gueule des jours, paru en… 2011), c’est pas grave. On a droit à un show de greatest hits, comme le dit si bien Luc Brien! Pendant plus d’une heure, on danse, on sue, on regarde Johnny Maldoror se pitcher partout, on est juste heureux de retrouver Sunny en train de rocker comme un petit bum. Mais on a quand même hâte d’entendre du nouveau.
Après une bonne nuit de sommeil et un copieux déjeuner, il y avait Joëlle Saint-Pierre qui nous attendait avec son vibraphone et son clavier dans un café santé. Saint-Pierre a pris le temps d’expliquer son instrument (et la différence entre un xylophone et un vibraphone) aux curieux présents pour l’entendre jouer. Il y avait même un ado lui-même joueur de vibraphone qui observait attentivement son jeu. Saint-Pierre chantait ses chansons de sa douce voix qui se mariait magnifiquement bien avec les ondes émises par le vibraphone. Des chansons que vous pouvez entendre sur son fort joli album Et toi tu fais quoi.
Je suis passé rapidement voir Vedana qui s’exécutait au marché. Malheureusement, j’ai manqué une bonne partie de la prestation – j’avais laissé quelques éléments essentiels à ma chambre et à mon retour, le groupe avait déjà fini. Dommage, ça jazzait pas mal!
On s’en va ensuite au Bilboquet pour voir Les Louanges en formule Vincent Roberge solo. Une prestation qui m’a surpris par la vulnérabilité de Roberge, d’habitude trop cool (dans le bon sens). Cette fois, sans le groove de ses musiciens, on a eu droit au côté sensible de Vincent. Des sonorités moins jazzées, plus signer-songwriter qui lui vont très bien.
Pour voir le groupe suivant, on n’avait qu’à traverser la rue et entrer dans une galerie d’art où nous attendaient nos amis de De la Reine. On avait arrangé l’espace d’une drôle de façon : le groupe jouait à l’entrée, et les spectateurs étaient répartis entre l’arrière de la galerie, où on avait installé des sièges, et l’extérieur (on avait ouvert la porte de garage). Derrière le groupe, de belles toiles remplies de couleurs qui accompagnaient bien la musique pigmentée de De la Reine. Le trio de Québec nous a présenté ses chansons pop-rock-groovy-cool qu’on commence à bien connaître. Des morceaux efficacement interprétés grâce à la voix toujours parfaite d’Odile, du jeu de guitare de Vincent et des mains magiques de Jean-Étienne (qui alternent entre sa batterie et son clavier).
On avait déjà vu Louis-Philippe Gingras jouer dans un dépanneur, mais là, dans un restaurant spécialisé en shish taouk, on vous avoue qu’on est abasourdi! Difficile de mieux accompagner la poésie savoureuse des chansons du quotidien de Gingras qu’avec une belle odeur de patates à l’ail qui vient nous chatouiller les narines pendant que le troubadour nous chante Tigre géant, cet hymne grandiose à ce grand petit magasin! Gingras était en pleine forme devant un public aussi occupé à écouter qu’à savourer un bon petit début de souper.
Chose que j’aurais dû faire… j’ai eu faim toute la soirée, maudit!
On retourne au Zaricot pour un dernier droit pas piqué des vers et qui commence avec Lydia Képinski, qui me demande, pendant qu’elle s’installe, si je suis pas tanné de la voir. Ben Lydia, pour une fois qu’il ne pleut ou qu’il ne neige pas pendant que je te vois, maintenant que je sais qu’il n’y a pas de risque que la génératrice tombe en panne juste au moment où je peux pleinement profiter de ton show plutôt que de te prendre en photo, non, je ne suis pas tanné!
Fidèle à son habitude, Képinski se lance avec sa chanson inspirée des Mystérieuses cités d’or (que les spectateurs chantent avec entrain le moment venu). Oui, il y a bien eu quelques chansons de son EP (divine Brise-glace avec une finale pendant laquelle Blaise Borboël-Léonard se déchaîne au violon, et toujours trépidante Andromaque), mais on a aussi entendu sa reprise space des Temps fous, de Daniel Bélanger. J’ai même eu droit à Pie IX (que je ne me souviens pas d’avoir entendue à Québec)! Mais pas d’Apprendre à mentir, qui est probablement sa plus connue. En revanche, un gros direct au menton de Mélanie Joly et de nombreux sourires! Et quelques fans à l’avant qui connaissaient les chansons de Lydia par coeur (je te jure, y’avait pas juste moi).
Gros Soleil était mieux connu sous le nom de Les Truands. Le groupe originaire du coin avait visiblement de nombreux amis sur place, parce que ça communiquait beaucoup dans les deux sens, toujours dans la bonne humeur. La prestation a été divisée en deux : la première avec le matériel de Gros Soleil, la deuxième avec celui (et la formation) des Truands. Une heure pendant laquelle on a touché à pas mal toute la palette du rock. Un show qui a fait plaisir aux fans, qui se donnés à fond!
Pour le clou de la soirée au Zaricot, on nous a réservé une primeur : le grand retour de Keith Kouna en solo!
Un Keith Kouna qui aurait bien pu annuler son spectacle : un petit Kouna est venu au monde il y a à peines quelques heures et le chanteur avait très peu dormi ces derniers jours! Quoiqu’avec la prestation qu’il a donnée, on se dit qu’une chance que Kouna n’était pas en forme… Comme toujours, l’auteur-compositeur-interprète a communié avec son public pendant que ses (excellents) musiciens ajoutaient de la couleur à ses tableaux pas toujours jolis de la société dans laquelle on vit. Si on a eu droit à quelques morceaux choisis de son nouvel album (qui paraissait quelques jours plus tard), on a aussi eu droit à de nombreux classiques qui ont permis aux spectateurs de se défouler à fond. Parmi les nouvelles, il y a cette Vache, qui risque d’entrer dans vos têtes pour ne plus jamais en sortir.
Mais le vrai clou de la soirée, c’était Gab Paquet! D’ailleurs, vous me pardonnerez si je suis bref, c’est que voyez-vous, une fois de temps en temps, il est plus plaisant de participer au spectacle que de l’analyser. Surtout quand on peut danser comme s’il n’y avait pas de lendemain en criant les paroles des chansons comme 90 % des spectateurs présents. Cathartique. Et rempli d’amour.
Une fois le spectacle fini, direction le lit. C’était déjà la fin. Deux jours qui ont passé follement vite, même si l’ambiance d’Agrirock est plutôt relaxe. Aucun show en opposition, aucun choix déchirant. Une programmation linéaire, mais variée et équilibrée qui a donné une longue série de bons moments.
Chapeau à la petite gang d’organisateurs d’Agrirock qui font visiblement ça pour l’amour. De la musique, mais surtout de leur ville, qu’ils animent toute l’année durant!
Ça finit bien un gros été de festivals. En graffignant en douceur!
Paraît qu’il y avait du monde sur les Plaines. C’est ce qu’on a lu dans les journaux ce matin. On peut vous dire que c’était pas le seul endroit rempli au bouchon, car l’Impérial Bell affichait complet pas mal toute la soirée, et y’avait beaucoup de beau monde aussi à L’Anti!
Tour d’horizon de la troisième journée du Festival d’été de Québec.
Mais juste avant, nous aimerions féliciter Matt Holubowski, gagnant du prix Espoir FEQ 2017!
Floes, L’Anti Bar et spectacles
Ça faisait un petit bout qu’on n’avait pas vu le supertrio de Québec et j’avais bien hâte de voir si Simon Tam, Samuel Wagner et Pier-Philippe Thériault avait du nouveau à nous proposer. Eh ben oui, on est sortis du cadre du majestueux EP Shade & Mirror pour découvrir quelques nouvelles pièces, toujours aussi aériennes, quelque part entre Bon Iver le vieux stock de The Weeknd. Les boîtes à rythmes, les synthés et la guitare se marient encore parfaitement à la voix cristalline de Wagner tout en marquant une évolution subtile par rapport à l’ancien matériel. Une brise fraîche qui faisait du bien, tant au corps qu’à l’âme. (Jacques Boivin)
Gypsy Soundsystem Orchestra, Scène Hydro-Québec
Ce sont les Balkans en pleine face que l’on se prend avec ce septuor tout aussi sympathique qu’énergique. Pas aussi punk et irrévérencieux que Gogol Bordello, le groupe suisse en jette par contre tout autant, misant davantage sur un métissage passant la salsa, la soul, l’electro et le hip-hop. D’ailleurs, parmi les sept musiciens de très haut niveau, je lève mon chapeau à Paps (non, pas comme la bière), le très solide MC du band qui a su électrifier le Carré d’Youville pour insuffler, à l’aide d’un flow de feu et un charisme rare, un réel coup de foudre à la foule qui l’a fait sentir sans gêne plus le show avançait.
Un band qui prend aussi sincèrement son pied sur scène ne peut qu’entraîner tout le monde dans la fête! (Christian St-Pierre)
Avec Pas d’Casque, Impérial Bell
Avec Pas d’Casque ouvrait une soirée sous l’égide de Grosse Boite dans un Impérial plein à craquer. D’emblée, ils ont dès les premiers accords réussi à capter l’attention de la foule et ont su la conserver tout au long de leur performance, ce qui pour une première partie en temps de festival relève généralement du domaine de l’impossible. Si le concert à fait une belle part aux chansons d’Effets Spéciaux, c’est une mouture plus rock d’Intuition #1 qui a ouvert le spectacle. La troupe à Stéphane Lafleur avait même une surprise pour le public avec l’apparition des Soeurs Boulay pour chanter la fabuleuse Dommage que tu sois pris, j’embrasse mieux que je parle, pièce justement écrite d’un point de vue féminin. C’était merveilleux de voir Stéphanie et Mélanie visiblement émues d’être sur scène avec le groupe. Stéphane Lafleur a d’ailleurs mentionné que ce serait probablement sa seule occasion d’être «backing band». Le groupe a conclu sa performance avec la ballade Nos Corps (en ré bémol) sous des applaudissements nourris de la foule. Il y a fort à parier qu’ils ont vendu plusieurs albums aux non-initiés. Pour les initiés, l’absence de Mathieu Charbonneau (en tournée avec son autre groupe Timber Timbre) laisse un certain vide dans la palette musicale du groupe. Sans être central, il fait maintenant partie du décor. Ça a permis au guitariste de soutien d’être plus à l’avant-plan, mais le baryton et les claviers sont maintenant un ajout non négligeable au riche son du groupe. (Julien Baby-Cormier)
The Excitements, Scène Hydro-Québec
Après l’imbroglio de visa du jour d’ouverture, voici que la scène de Place d’Youville se trouve face à une autre situation délicate. À cause de soudains problèmes de santé affligeant la chanteuse et meneuse du band, la prestation de The Excitements a failli être compromise. Heureusement, bien qu’il ait eu lieu 30 minutes plus tard, le spectacle a débuté et la formation soul de Barcelone a livré une marchandise solide, qui a pris un cran d’émotivité devant la condition précaire de sa chanteuse. Avec sa crinière et ses allures félines, Koko-Jean Davis rappelle avantageusement Tina Turner avec une voix puissante et juste assez égratignée. Rodés au quart de tour, les musiciens ont livré une performance sans faille pour faire habilement preuve de toute la dignité exigée par les événements. En finale, Davis a dû répéter à plusieurs reprises sa reconnaissance et son amour à la foule, qui lui a rendu au centuple. Comme quoi les Québécois savent y faire quand humanité et compassion s’imposent. (Christian St-Pierre)
Pat Thomas and Kwashibu Area Band, Scène Hydro-Québec
Quand on annonce un vétéran de l’Afro Beat, on se fait certaines attentes. Celui qui a été nommé Voix d’or de l’Afrique en 1978 (!!!) a bien du millage et ça se fait sentir tout de suite. Je vais être franc, la musique du monde n’est pas nécessairement ma tasse de thé, mais Thomas et ses troupes ont dû envoyer 90 minutes de groove sans quasi aucune interruption, entraînant une foule réceptive avec eux. Public qui en a redemandé une fois le spectacle fini. En fait, la forte présence des brass, d’une guitare électrique très affirmée et, surtout, d’une ligne de basse en lead, nous rappelle avec aplomb les racines africaines de la soul et du funk. Mine de rien, c’est une leçon d’histoire, une passerelle entre tradition et modernité que nous ont donné Thomas et les dudes de Kwashibu. Et, je l’avoue, j’ai dansé. Avec beaucoup de plaisir en plus. Y a des moments où ça frisait la transe. Franchement, respect. Ce genre de show démontre toute l’importance que prend la scène Hydro-Quebec au FEQ. C’est le meilleur de notre monde que nous n’avons pas la chance de connaître qui s’y trouve, tout ça pour pas un rond. Québec, t’es privilégiée, j’espère que tu le sais. (Christian St-Pierre)
Les Soeurs Boulay, Impérial Bell
L’Impérial était plein à craquer pour accueillir Mélanie et Stéphanie pleines d’énergie avec un public conquis d’avance et du sirop pour la toux comme prétexte pour dire des niaiseries. Elles ont réarrangé la plupart des chansons tirées de leurs deux albums pour les rendre plus dansantes : Lola en confiture avec des « choubidouha », beat un peu electro à Alexandre et des « ouuuuuh-ap » sur Ôte-moi mon linge, entre autres.
On a fait connaissance avec leur directeur musical et tête de turc Gabriel Gratton grâce à sa reprise de Islands in the Stream de Kenny Roger et Dolly Parton, au grand plaisir des têtes blanches qui ont aussi apprécié Tous les cris les SOS (bonjour, Balavoine) et Pour que tu m’aimes encore, soutenues par Amelie Mandeville aux claviers et Marc-André Larocque à la batterie.
Un bon moment bon enfant qui ne nous a pas fait regretter P!nk une minute! (Marie-Laure Tremblay)
De la Reine, L’Anti Bar et spectacles
De la Reine fait ce qu’elle veut, tout le monde qui gravite autour de la scène de Québec le sait fort bien. Et ce soir, ce que De la Reine voulait faire, c’était faire plaisir à ses nombreux sujets avec sa pop sensible et intelligente qui nous fait vibrer de plus en plus au fil du temps. Jean-Étienne était toujours aussi groovy à la batterie, marquant le rythme tel un métronome aux accents jazz. Vincent jouait les guitar gods devant un nuage de fumée qui le rendait plus grand que nature. Et Odile… ah, ma chère Odile, t’étais en voix, souriante comme jamais (et vous savez qu’Odile sourit tout le temps, c’est tout dire!). Une véritable communion s’est produite entre le trio (en fait, un quatuor pour cette belle occasion) et son public, qui ne s’est pas fait prier pour danser.
Notons au passage cette magnifique adaptation en français de la chanson You and Whose Army, de Radiohead, qui nous a donné tellement de frissons que le groupe l’a joué… deux fois de suite! En temps normal, on aurait peut-être un peu grogné, mais les poils étaient à la verticale sur nos bras à la deuxième reprise! (Jacques Boivin)
Orloge Simard, Impérial Bell
Les filles sont parties, les gens, l’ambiance et l’odeur ont changé pour Orloge Simard, qui élève l’art de virer une brosse en religion à des centaines de joyeux convertis. Départ sur les chapeaux de roue, moshpit à la 2e toune, pogo et body surfing en choeur! Toute la salle hurlant contre les condoms, les cabanes à pêche ou les pendaison d’crémaillères. Quand un surfer tombe à terre, tout le monde s’assoit et rame en cadence, harangué par un claviériste fou… lorsque nous sommes partis, l’Impérial était en feu. On sent encore la robine ce matin! (Marie-Laure Tremblay)
La dernière fois que nos vies s’étaient croisées, il y a de cela presque deux ans, Safia Nolin et moi étions au Cercle dans un cadre assez intimiste. J’assistais à son premier spectacle en tant que tête d’affiche, ce qu’elle nous avait rapporté avec un enthousiasme fébrile. Vendredi dernier, alors que l’Impérial affichait complet, elle s’est montrée avec autant de simplicité qu’alors, déroulant ses chansons humblement et avec la douce passion qu’on lui connaît. Compte-rendu d’une soirée intime malgré les grands espaces et la foule.
Ego Death / De la Reine – Une entrée en matière solide
Avant que l’auteure-compositrice-interprète mette les pieds sur scène, elle a laissé deux groupes de la Vieille Capitale assurer sa première partie.
Ego Death s’est présenté à 20h tapantes. Joey Proteau et ses cinq musiciens – six si on inclut le gorille de peluche qui trônait à gauche de la scène – ont commencé la soirée en force. Dans un 30 minutes qui parut bien court, le groupe a exploré autant de nouvelles compositions que de pièces tirées de Grief, maxi autoproduit délivré en janvier 2016. Grâce à l’aplomb des musiciens et à la qualité du son dans la salle, les différents titres prenaient des allures de rock psychédélique, ce qui complétait bien leur noyau plus folk. Sans compter les harmonies vocales qui donnaient l’effet d’un véritable chant de sirènes (les vraies : celles, monstrueuses, qui attirent les âmes perdues dans leur gouffre par leurs mélodies cristallines).
Le public s’est montré très participatif au cours de cette première partie, allumant et agitant leurs téléphones «comme des lucioles» tout au long de la «chanson d’amour pas quétaine», tel que rapporté par son auteur. Et les spectateurs ont applaudi avec enthousiasme après la dernière chanson, un titre inédit et rempli de soupirs : Sweet Spirit / Love Spirit.
De la Reine a enchaîné avec un set retravaillé pour l’occasion. Tandis qu’Ego Death naviguait entre lourdeur et légèreté, le quatuor royal a su exploiter pour sa part la fibre onirique et planante de ses pièces autrement plus trip-hop, rock ou accrocheuses. Ai-je déjà mentionné que les chansons de la Reine sont en français ? Cela leur donne aussi un charme particulier.
Mis en valeur par la qualité sonore, mais aussi par les savants jeux de lumière de Kevin Savard, les musiciens ont livré une performance assumée. On a eu droit à des envolées lyriques autant du côté de la guitare que du chant, tandis que la section rythmique donnait de la chair à l’ensemble avec leurs lignes recherchées.
En plus des pièces de leur album homonyme, ils ont joué une nouvelle reprise ainsi qu’une composition qui promet pour la suite. De quoi faire danser certains spectateurs malgré le manque d’espace. Le tout s’est fini avec une version minimaliste de Le Poids qui jouait sur les silences.
Safia Nolin – L’heure de gloire
C’est acclamée – littéralement – que Safia Nolin a ensuite fait son entrée sur scène. Seule à la guitare pour la première pièce, elle a bientôt accueilli à ses côtés trois autres musiciens : Joseph Marchand, support moral et guitariste, Jean-Philippe Levac, batteur, ainsi que Philippe Brault, bassiste. Cette «formule spéciale» à quatre a donné beaucoup d’intensité aux pièces tirées de Limoilou, qui sont habituellement plus épurées.
Le traditionnel duo Safia – Joseph (guitares et voix) a cependant refait surface par intermittence lors du spectacle, tantôt quand les autres musiciens s’éclipsaient de la scène, tantôt à travers leurs discussions. À plusieurs moments pendant la soirée, on a d’ailleurs pu savourer leurs échanges candides et authentiques avec la foule. Entre Suzuki musique, les wapitis, et même les Babybels, on a abordé maints sujets éclectiques. C’est toujours touchant, à travers cela, d’entendre Safia Nolin s’adresser à son public comme on parle à des amis potentiels. Cela a grandement contribué à créer une atmosphère chaleureuse. Sans parler du majestueux silence qui régnait au parterre d’un Impérial sold-out (et on aurait dont aimé qu’il se prolonge jusqu’aux excellentes premières parties !).
Le duo s’y prêtant bien, c’est dans cette formule que l’artiste a présenté la plupart des reprises tirées de son album Reprises Vol. 1. Face à face, partageant le même micro, les deux musiciens nous ont chanté de douces versions de Loadé comme un gun ou encore de D’amour ou d’amitié. Quel n’a pas été notre étonnement lorsque, pour Calvaire, un invité surprise a mêlé sa voix à celle de Safia : un Boom Desjardins visiblement ému et qui a su faire chanter toute la foule en chœur. Il faut remercier le FEQ, organisateur du spectacle, pour cet avant-goût de l’été.
La soirée s’est ensuite poursuivie avec d’autres compositions originales entrecoupées de discussions. Une nouvelle chanson a été présentée, bleue de mélancolie comme les précédentes. Le groupe a terminé avec la pièce homonyme de l’album Limoilou ainsi qu’avec Ce matin. Entre les deux, on a eu droit à une (longue, mais drôle) chanson des remerciements.
En arrivant sur Saint-Joseph une quinzaine de minutes avant l’heure du spectacle, j’ai pu constater que plusieurs personnes faisaient la file pour entrer au Cercle. C’était peut-être la première fois que j’étais contente d’attendre dans un line-up, parce que c’était la récompense d’un groupe local qui persévère dans ce qu’il fait malgré les nombreuses difficultés de la scène émergente. La salle a en effet affiché complet dès 21h15, l’heure à laquelle De la Reinemontait sur scène pour débuter la soirée.
De la Reine
Alors que je me frayais un chemin parmi la masse de spectateurs en sortant du vestiaire, les premières notes du groupe commencèrent à danser dans mes oreilles. De la Reine avait préparé une introduction musicale qui nous amenait lentement vers son monde. J’ai fini par me rendre tout en avant, car à chaque endroit où j’arrêtais pour écouter j’étais malheureusement dérangée par des verbomoteurs qui n’ont d’ailleurs pas démordu de toute la soirée. C’est donc la tête collée sur les amplis que j’ai pu apprécier mon début de soirée.
Le groupe a livré une performance énergique, un véritable spectacle qui renouvelait les pièces de l’album. Tant pis pour ceux qui n’en ont pas profité, les autres spectateurs (que je pus apercevoir en avant) semblent avoir été conquis.
Harfang
J’ai pu me déplacer vers le premier rang juste à temps pour l’entrée de Harfang, qui fut acclamé par les spectateurs. Dès qu’il eut «cassé» sa première pièce, le groupe décupla d’intensité pour nous offrir un spectacle dynamique et bien rodé. Les musiciens avaient fait le choix judicieux de présenter les titres de Laugh Away The Sun dans le désordre et d’y insérer une ou deux chansons de leur maxi précédent. Résultat : leur prestation n’a été qu’un énorme crescendo vers le bloc final, lorsqu’ils ont joué l’une après l’autre Stockholm et Pleasure. Le public a d’ailleurs débordé d’enthousiasme en entendant ces simples qu’il semblait bien connaître. Disons que je n’étais pas la seule à connaître les paroles.
En écoutant l’album, on aurait pu se demander comment les chansons allaient être interprétées en spectacle. La réalisation ajoutait beaucoup d’effets issus du numérique, comme le groupe nous l’avait annoncé en entrevue (que vous pouvez lire ici). Ils ont d’ailleurs été fidèles à leur propos et ont su intégrer ces effets aux pièces, mais aussi aux jeux d’éclairage opérés par Kevin Savard.
Harfang a terminé la soirée en rappel avec UFO et Exposure, deux pièces tirées de Flood, nous laissant tout de même sur notre faim. Les musiciens, acclamés de plus belle à la fin de leur performance, semblaient être eux-mêmes dépassés par l’intensité des évènements. Ce n’est pas tous les jours en musique qu’on profite du fruit de son travail.
Tournée Harfang / De la Reine
Cette soirée marquait le début d’une tournée en compagnie De La Reine (visiblement une formule gagnante), qui se poursuivra jusqu’en mars.
JANVIER
26: Québec (Le Cercle)
27: Trois-Rivières (Le Zénob)
28: Gatineau (Le Petit Chicago)
FÉVRIER
2: Montréal (Le Divan Orange)
4: St-Casimir (La Taverne)
11: Ste-Anne-des-Monts (Le Malbord)
12: Québec (Showcase RIDEAU)
17: Chicoutimi (Le Sous-Bois)
18: La Malbaie (L’Auberge de jeunesse de la Malbaie)
Mercredi dernier, nous avons repris nos bonnes habitudes et avons pris l’apéro au District Saint-Joseph où recommençaient les Apéros FEQ organisés par le Festival d’été de Québec. On vous rappelle le concept : chaque mercredi, un artiste ou un groupe de la « relève » vient se mettre en vitrine pour avoir la chance de jouer sur une des scènes du Festival d’été.
Cette semaine, la scène locale était au menu : De la Reine est venue présenter les chansons de son mini-album aux juges et aux spectateurs. Le trio (accompagné d’un bassiste pour l’occasion) a passé près d’une heure à jouer les équilibristes sur le fil qui lie l’intensité et la douceur. La douceur, c’est bien sûr Odile Marmet-Rochefort. L’intensité, c’est les baguettes magiques de Jean-Étienne Collin-Marcoux. Entre les deux, les riffs groovy de Vincent Lamontagne.
Si vous aimez la pop bien faite, un brin jazzée, intelligente et sensuelle et que vous avez manqué cette prestation, vous pourrez vous reprendre au Cercle le 26 janvier prochain : De la Reine sera en première partie de Harfang. Le groupe sera également au Zénob (Trois-Rivières) le 27 et à La Petite Boîte Noire (Sherbrooke) le 25 février.
Le groupe local Harfangprésente aujourd’hui un nouvel extrait tiré de leur album Laugh Away The Sun, qui sortira le 20 janvier prochain. Cette pièce, intitulée Pleasure, est accompagné de matériel vidéo réalisé par Antoine Bordeleau.
Ce extrait audio et vidéo s’inscrit dans une volonté plus large d’offrir un contenu multimédia qui accompagnera le nouvel album. C’est aussi ce qui avait été fait pour Flood, le dernier maxi du groupe. David Boulet Tremblay, guitariste du groupe, nous en avait glissé un mot dans une entrevue à paraître bientôt: «Pour [les pièces de] Flood, chacune avait sa photo qui respectait un peu la tune», nous avait-il expliqué.
On peut donc s’attendre à d’autre contenu multimédia de la part de Harfang dans les prochains mois. D’ici là, le groupe lancera son album à Québec le 26 janvier prochain au Cercle, en compagnie du groupe De la Reine.
Restez aussi à l’affût pour la parution de notre entrevue de fond au sujet de l’album, qui sera publiée le jour de la sortie de Laugh Away The Sun.
Cette année, le Pantoum a décidé d’actualiser les traditions de Noël en organisant son propre pré-réveillon au Cercle. Ce fut l’occasion de réunir ceux qui contribuent de près ou de loin à cet organisme pour un bon vrai party, mais aussi de lancer Minuit, Pantoum, une compilation de reprises de Noël à laquelle ont participé différents artistes de la ville de Québec.
Entre l’ouverture des portes et la première prestation, les spectateurs étaient invités à prendre une bière (ou plus) pendant que Jean-Étienne Collin Marcoux mettait l’ambiance avec ses meilleurs vinyles de disco de Noël. Aux alentours de 22h, ce dernier est monté sur scène pour présenter la soirée : le show allait être un peu comme un buffet de Noël, il y en aurait pour tous les goûts. On a d’ailleurs commencé avec le canapé un peu étrange mais quand même bon : Isa Cobra nous a fait son interprétation prog de Greensleeves en solo à la flûte à bec.
La formule de la soirée, entre spectacle et party, était assez éclatée. On a eu droit à quelques prestations parfois espacées de moments où le DJ Jean-Lutin – qui portait vraiment un pull de lutin – prenait le relais. Vers 22h30, Headache24 est monté sur scène pour jouer quelques pièces, dont The Xmas Tradgedy, excellente pièce pour mettre du post-punk lo-fi dans ton noël.
Ce fut ensuite au tour de Sam «Sinatra» Wagner de nous présenter, en chemise et nœud pap, la reprise de Nat King Cole qu’il avait enregistrée avec Floes pour la compilation des fêtes. On l’aura rarement vu aussi crooner qu’au Pantoum de Noël avec sa coupe de vin et sa tuque de noël offerte par une admiratrice secrète (devinez qui). Low Batt (a.k.a Laurence Gauthier-Brown de VICTIME) a suivi juste après avec son Santa bebé franc et nonchalant. La dernière apparition solo de la soirée a été réservée à Émilie Rioux, qui nous a rappelé comment vivre le blues de Noël à la Elvis.
Après ces quelques prestations, les groupes nés des entrailles du Pantoum ont déferlé sur scène avec l’énergie qu’on leur connaît. De la Reine a ouvert le bal avec De la Reine au nez rouge. Le groupe a aussi fait revivre deux reines du pop pour un instant avec des reprises de Beyoncé et de Madonna, au grand plaisir des spectateurs (et surtout de Simon Provencher). Ceux-ci n’ont pas été mis en reste étant donné qu’Alex Martel/Anatole a enchaîné – et s’est déchaîné – avec Bienvenue dans mon cauchemar, une reprise traduite de la chanson d’Alice Cooper. Gros Jean-Mi (a.k.a Jean-Michel Letendre Veilleux) a pris le relais accompagné de ses choristes pour présenter un interlude sentimental : il a entonné Mon beau Civic, ode ironique à ce véhicule quatre cylindres.
C’est finalement BEAT SEXÜ qui est venu nous «pitcher le clou du spectacle dans face», tel que nous l’a décrit Jean-Étienne. En duo avec Anatole/Alex Martel, ils ont débuté en grand en présentant D.M.S.R. de Prince «en français SVP». On sait maintenant que les clôtures du deuxième étage du Cercle supportent bel et bien le poids du chanteur sans inhibition/avec talent. Deux chansons aux saveurs de canne à sucre ont suivi pour glorifier la naissance de «Jésus, le premier des Jedi» et pour faire groover Le reste du temps (des fêtes). Jean-Michel a fait un petit bain de foule sur Dirty Jim et a amené la soirée à son paroxysme en nous chantant Papa, maman, bébé, amour, véritable hymne à la joie pantoumesque.
La soirée s’est continuée jusqu’aux petites heures du matin avec l’aide du DJ Jean-Lutin. L’ambiance était bonne autant pour danser que pour prendre une bière et discuter entre amis. En somme, on a eu droit à une soirée éclatée et intense qui terminait bien la saison d’automne du Pantoum. D’ici les retrouvailles en janvier, vous pouvez mettre la main sur la compilation de Noël, qui se trouve encore sur Bandcamp au prix d’une contribution volontaire. Tous les sous ramassés iront à l’organisme du Pantoum. Sur ce, je vous souhaite aussi un merveilleux temps des fêtes !
Et oui, on l’a encore fait. Je suis de nouveau allée couvrir un spectacle d’Anatole accompagné du groupe De la reine. C’est qu’en fait c’était un peu spécial vendredi dernier puisque le tout se déroulait dans mon petit village natal. Évidemment, lorsqu’on a de la visite royale, on n’a pas le choix de bien l’accueillir donc c’est ce que j’ai fait. Je me suis rendue à Beaumont pour Les Vendredis en Musique, en après-midi, avec le soleil et le fleuve qui s’étaient mis beaux.
Tout d’abord, De la reine s’est montré parfait: fidèle à leurs habitudes. Les beaumontois étaient nombreux avec leurs petites chaises pliantes, attentifs à hocher la tête au son de la musique. Je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais j’attends avec impatience la sortie de leur album, qui jouera sans doute en boucle pendant quelques jours voir même quelques semaines.
Par la suite, la bête qu’est Anatole est arrivée sur scène. Je vais faire ça court: je sais qu’on a mille compte-rendus qui vous redisent à quel point on l’aime ! Je vais m’en tenir aux nouveautés. Des perles sont apparues sur son magnifique costume, Vincent (De la reine) est monté sur scène pour jouer une nouvelle pièce (!!!!!!) et Beaumont a osé danser et crier « Grosse Massue » ! Je pourrais aussi vous dévoiler que lors de mon arrivée en après-midi, Anatole semblait vouloir se recentrer sur la nature et des photos auraient été prises. À suivre…
Il reste que deux spectacles au Moulin du Parc Vincennes de Beaumont, ne les manquez pas, ne serait-ce que pour profiter du magnifique lieu. Plus de détails ici.
PS. Gens de Montréal, notre Anatole est en ce moment à Place d’Armes, courez !
En cette veille de fête du Canada, le français était à l’honneur à l’Anti le 30 juin dernier, avec deux formations, la première de Québec et la seconde de Granby, qui chantent dans la langue de Molière et qui lui font honneur en l’ayant bien déliée. Sans cérémonie, La Reine prend la parole armée de son séquenceur, appuyée par un fond minimal fourni par les musiciens qui tranquillement montent un build-up dont le point culminant donnera le coup d’envoi officiel à leur première chanson. La finesse, la subtilité, la retenue et la sensualité font partie de leur arsenal sonore, ce qui ne les empêche pas de jouer avec l’intensité pour dynamiser les choses. Les beats de Jean-Etienne Collin-Marcoux font appel au drum électronique et sont continuellement imaginatifs et groovys, alors que les riffs de Vincent Lamontagne tirent de sa guitare des hooks mémorables. Quant à Odile Marmet-Rochefort, elle occupe le centre de la scène et s’occupe très bien des vocaux, qui étaient toutefois moins mixés à l’avant-plan que sur disque, laissant plus de place à la musique constituée en grande partie par le synthétiseur dont elle jouait tout en chantant.
Les pièces choisies par De la Reine pour ce show en ouverture de Violett Pi mettaient davantage à contribution un vif déploiement d’énergie, qui bien que tout à fait de mise dans les circonstances, n’était pas ce à quoi j’aurais pu m’attendre. C’était mon baptême en show donc je ne connaissais que les deux titres de la cassette-EP parue plus tôt ce printemps, qui sont moins mouvementés que les pièces avec lesquelles ils ont lancé les festivités. L’intensité du jeu des musiciens étant montée d’un cran, ils mettaient ainsi très bien la table côté ambiance pour accueillir les sautes d’humeur de VioleTT Pi. La seconde pièce ne diminue pas le niveau d’énergie déployée, la musique est groovy et l’interprétation est très sentie de toutes parts et un nouveau build-up bien monté nous mène jusqu’à un canon vocal partagé entre la chanteuse-claviériste et le batteur-blagueur et « roux de secours », dixit Odile.La musique est très progressive et laisse une grande place aux vocaux, sans qu’elle fasse pour autant office de faire-valoir, l’équilibre étant bien maintenu entre musique et paroles. Le synthé, souvent à l’arrière-plan, devient tonitruant par moments, alors que des gros hooks de guitare et des beats variés, ludiques et lourds par moments continuent de former les chansons interprétées pendant le set. J’en suis encore à me dire que c’est pas mal plus intense que ce à quoi je m’attendais avec les pièces que je connaissais déjà quand l’occasion de comparer arrive officiellement, alors que le groupe amorce une interprétation intégrale de leur EP-cassette homonyme.
C’est donc d’abord « Danse » qui enchaîne, groovy comme toujours et plus captivante avec les musiciens qui la jouent devant nous. Le guitariste a troqué la six cordes pour la basse et on percevait des petites modifications ou variations d’intensité qui ajoutaient de l’impact à certaines transitions bien amenées. La face B poursuit sans transition avec « S’élever », où on apprécie encore une fois la version live, les différentes phases de la chanson étant bien mises à l’honneur, comme le moment où Odile joue avec des effets de machines pour rendre saccadés ses vocaux, durant le bridge un peu après le milieu de la pièce. Le set se poursuit avec une pièce simplement présentée par la chanteuse comme une chanson qu’elle aime beaucoup, et qu’on devine assez rapidement être la reprise de Destiny’s Child qui, selon ce qu’on m’avait dit, agrémentait généralement leurs sets, parce que « la reine fait ce qu’elle veut » après tout. C’est donc « Say my name » qui a été la seule pièce interprétée en anglais ce soir là, et elle semble avoir plu autant aux musiciens, qui avait l’air de bien s’amuser sur scène, et aux gens réunis à l’Anti, peut-être en bonne partie pour VioleTT Pi, mais malgré tout le plus souvent assez attentifs et respectueux pendant le set De La Reine. Après une généreuse dose d’applaudissements leur étant destinée, ces derniers ont amorcé leur ultime titre, présentée comme la petite nouvelle, qui nous prouvait encore une fois que leur truc est bien ficelé, avec une amorce toute en douceur et en retenue pour faire place à une belle montée en intensité jusqu’à un moment de déploiement encore une fois tout en retenue, surtout comparéà celui des pièces en début de set, plus mouvementées, ce qui a permis de terminer en beauté cette première moitié de soirée.
Encore beaucoup moins cérémonieux que De la Reine en guise d’amorce de concert, VioleTT Pi ont tout de suite balancé la sauce dès les premières secondes, avec une intro à moitié spokenword et à moitié rap-core, prenant l’auditeur par surprise alors que les lumières étaient toujours éteintes. L’intro, montée sur l’instrumentale de la pièce « Guillotine » des aventuriers de l’extrême que sont les californiens Death Grips, donnait bien le ton de la suite de la soirée, qui promettait de nous en faire voir de toutes les couleurs. Si les bands de ce soir étaient des couleurs, De la Reine auraient des teintes métallisées comme l’or et l’argent alors que Violett Pi aurait pour effigie un arc-en-ciel incluant une bonne dose de noir. Le bassiste-claviériste Sylvain Deschamps apparaît au coin de la scène, vêtu d’une robe rose fluo, alors que le chanteur-guitariste-compositeur Karl Gagnon arrive en short sport, l’autre guitariste Daniel Baillargeon en bobettes de vidange et grand châle noir et le batteur avec ce qui semble être un kit de boxeur. Le tout se déroule dans une ambiance très festive, les gens sont manifestement vendus d’avance et ils entonnent les paroles en coeur avec le chanteur de ce que je crois reconnaître pour « Héroïne », le morceau qui ouvre véritablement leur nouvel album Manifeste contre la peur, et qui donne une bonne idée du mélange des styles assez inusité qui constitue presque toutes leurs compositions, alliant le rock-électro-pop, la chanson et le noise au vocal presque porno-grind par moments. Le titre qui suit sur l’album enchaîne aussi ici, soit « La mémoire de l’eau », interprété avec intensité, le pop et le noise flirtant à qui-mieux-mieux encore une fois. Ils ont ensuite fait un retour en arrière avec le titre qui ouvre Ev, leur album de 2013, soit « Petit Singe Robot », tantôt rapcore, dancepunk ou encore gros rock avec une twist glam, avant un break deathcore presque crabcore. S’ensuit la pièce très appréciée du public « Princesse Carnivore », comme c’est le cas sur Ev, avant un retour au nouveau matériel avec « Bondage » et « Calude Gravol » encore très appréciées du public en délire. Plusieurs morceaux qui s’enchaînent bien et qui déploient la plupart du temps une énergie presque déconcertante, que le public canalise allègrement pour partir des slams festifs, qui carburaient au côté bien dans-ta-face de la musique de VioleTT Pi.
Les musiciens ont une forte présence scénique, et en viennent à un certain moment à quitter la scène pour animer la foule et le slam, laissant le chanteur seul sur scène pour un moment avant de le rejoindre pour relancer le bal après avoir aspergé l’assistance d’eau puis d’entonner éventuellement le titre « Opinel », qui peut rappeler Loco Locass pour son usage du phrasé saccadé et de l’allitération. Bien que sur disque aussi, on ait droit à des pointes explosives, la déflagration se fait beaucoup plus ressentir lorsqu’on en est témoin en personne. Toutefois, la charge sonore et le niveau d’intensité restent relativement constants, ce qui crée parfois à la longue un effet de monotonie, tout comme le fait que le mélange de styles, d’abord très inusité, finisse par dévoiler sa recette qui demeure dans des proportions similaires tout au long du concert, doublant l’effet de monotonie. À la longue, je constate que l’assistance apprécie manifestement plus que moi et semble encore capable d’en prendre alors que pour ma part, le long set réunissant presque tous les titres de leurs deux albums aura eu raison de moi avant la fin du concert. Reste que quelque chose d’aussi énergique et précis tout de même, l’amour et la violence distribués en parts égales, le tout avec des paroles originales et créatives, relève de l’exploit. Le succès du groupe est mérité et il y a manifestement beaucoup de travail derrière les compositions du groupe. Reste qu’au final, je crois que j’ai davantage apprécié la performance De La Reine, plus mature, avec son set un peu mieux dosé en ce qui a trait à l’intensité déployée, alors que Violett Pi fonctionnait toujours à plein régime.
Quoiqu’il en soit, vous avez vraiment manqué quelque chose si vous n’avez vu aucun de ces deux bands le 30 juin dernier. Vous avez toutefois la chance d’avoir un beau prix de consolation, avec les magnifiques et spectaculaires photos de Llamaryon.