Hé oui! C’était bel et bien le dernier chapitre de la saga Love Suprême, tournée du charismatique MC Koriass. Pour cette clôture en sol limoilois, Korey était précédé par KNLO, ce fameux post-rigodoneux. Clin d’oeil à Watts et son rap/rock, chargé de mettre la table avant l’arrivée des principaux intéressés.
Remerciements spéciaux à Jacques Boivin d’avoir prêté son talent de photographe pour le «rap jeu» et à Sabrina Martin pour ses notes dans mon calepin de gribouillis.
KNLO
Que ce soit en solo ou collectivement avec Alaclair Ensemble, on doit s’attendre à un moment groovy quand KNLO est dans les parages. Pour l’occasion, M. Craquenuques s’est entouré de la famille. En compagnie de Caro Dupont et Sev Dee (K6A), Ogden alias Robert Nelson est monté sur scène pour compléter B.B.I.T.C. «On représente Hochelaga, Ste-Foy, Limoilou, le Bas-Canada» s’écria Akena avant l’excellente justecayinque. L’auditoire se dégourdissant les jambes tranquillement, on a eu droit à une panoplie de belles chorégraphies des artistes. Principalement sur Tabac Indien dont l’exécution était digne d’un cours de zumba. Par la bande, il a poursuivi avec un bel hommage à la métropole et à son pote Lou Phelps sur Ville-Marie. Personnellement, mon petit velours de la prestation fut clairement Merci alors que mademoiselle Dupont l’accompagna à la flûte traversière. Non, Eman n’y était pas pour sa partie, mais on ne peut pas toujours beurrer notre pain avec du caramel à l’érable. Une perfo déconstruite parsemée de freestyles sortant drôlement de l’ambiance créée sur sa galette Long jeu.Un honnête prélude pour l’arrivée du deuxième «K» de la soirée.
Koriass
Après presque deux ans à répandre le love suprême aux quatre coins de la province et même en France, Emmanuel Dubois a choisi son quartier de résidence pour clore cette belle tournée. Pour ma part, il s’agissait de ma troisième séance de «cœurs avec mes deux mains» et la plus intime sans aucun doute. Malgré la proximité, on ressentait une réticence du public sur quelques chansons et Korey ne s’est pas caché pour le mentionner. Malgré tout, la marchandise a été livrée d’une main de maître par Koriass et ses musiciens. D’entrée de jeu, on a été frappé au visage par l’incisive Pardon. Ensuite, la foule a été particulièrement captivée par Zombies, cette hymne ou critique sociale aux milles et une références. Se sont succédé par la suite Nulle part, Sorry, Endurance et Légendaire. Constat après cet enchainement, «Korey Hart» n’a pas oublié son flow à la maison. Par la suite, on a fait notre «baby shower dans un after hour» sur la version modifiée de Blacklights. Nous sommes allés dépenser nos «comptes épargnes sur des onces de Jack» sur la puissante Devenir Fou issue de Rue des saules.
Le MC s’est permis quelques courtes pauses pour des anecdotes de famille, ainsi que sur son entourage dans le quartier. À la quête d’une serviette par cette chaleur accablante, il continua avec «ouvre ta fenêtre» et son gag d’en ouvrir une au même instant. Toujours près de son public, il a l’habitude d’amener un fan sur scène pour rapper avec lui. Cette prestation à la frontière de Limoilou et Vanier ne faisait pas exception à la règle. Belle récompense et expérience pour cet amateur particulièrement attentif comparativement à certains de ses homologues.«Est-ce qu’il y a des enfants de l’asphalte dans la salle ici ce soir?». Difficile d’imaginer une meilleure fin que celle-ci, avec ce titre phare de son répertoire. Simulant un rappel, il cracha une deuxième fois pardon, cette fois, sans instruments et sur un rythme effréné.
Soulignons la perfomance de Gabriel «Gabou» Lajoie à la basse, de DJ Nerve aux platines et le travail de son, pas toujours simple, de Gregory Carrier Bonneau.Somme toute, La Source de La Martinière aura été théâtre d’une représentation finale non sans embuches, mais plus que satisfaisante.
Sur ce, attendons son prochain matériel de pied ferme et d’oreilles impatientes!
L’année 2017 tire à sa fin, mais il reste encore quelques beaux pestacles à nous mettre sous la dent! Nos diffuseurs vont d’ailleurs être fort occupés pendant le temps des Fêtes, aucune raison de vous ennuyer, donc, entre deux partys!
Voici notre sélection de spectacles à voir pendant cette période plus que festive :
Gab Paquet (+ Miss Sassoeur et les Sassys) – Le Cercle, 14 décembre
On vient de le nommer artiste de l’année à ecoutedonc.ca, c’est pas pour rien! Gab Paquet, c’est du bonbon pour les yeux et les oreilles. Le flamboyant chanteur de charme vous convaincra par sa fougue, ses déhanchements et son regard craquant. Préparez-vous à voir un shag divin sous les paillettes de Gab Paquet!
Quant à la première partie, Miss Sassoeur et les Sassys, vous serez séduits par le gospel de ruelle proposé par la formation qui a mérité le prix du jury (ainsi que le prix ecoutedonc.ca) du dernier Cabaret Festif! de la relève!
Gabrielle Shonk – Grand Théâtre de Québec, 14 décembre
L’auteure-compositrice-interprète Gabrielle Shonk a lancé cet automne un premier album qui a été très bien reçu par la critique. Ses chansons folk-pop bourrées de soul sauront en attendrir plus d’un. Pour sa rentrée québécoise, Shonk se paie le Grand Théâtre! Pari risqué? En fait, au moment d’écrire ces lignes, il ne restait plus que quelques billets qu’on vous invite à saisir sans tarder!
Anthony Roussel – Librairie St-Jean-Baptiste, 14 décembre
Juste pour nous compliquer la tâche davantage, un autre beau petit show qu’on aimerait bien voir (et vous proposer), c’est celui que présentera Anthony Roussel dans l’intimité de la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Son plus récent album, La gymnastique de l’amour, a fait tourner quelques têtes avec ses mélodies accrocheuses et pas mal atmosphériques. À surveiller!
Koriass X KNLO – La Source de La Martinière, 16 décembre
Pour conclure le cycle Love Suprême en beauté, Koriass présentera un concert à La Source de La Martinière. Dernière occasion de voir le rap théâtral du jeune homme avant un petit bout! De son côté, le Bas-Canadien KNLO devrait nous faire groover en masse! Si vous connaissez la petite salle limouloise, vous savez que le plafond risque de se retrouver dans le parc voisin!
Solids (+ Los et Mundy’s Bay) – L’Anti Bar et Spectacles, 26 décembre
Vous avez besoin de quelque chose qui rocke pour faire passer le ragoût de patte de votre grande-tante Louise (ou le cari au tofu de votre oncle Bastien-Olivier)? Le Boxing Day a été difficile? La solution à tous vos maux : la formation rock Solids qui investira L’Anti pour nous inviter à hocher joyeusement la tête!
La Caravane des fêtes IV : La messe de minuit – La Nef, 27 décembre
Y’avait des restants de ragoût de patte ou de cari au tofu dans le frigo? Vous avez encore besoin d’énergie? Eh ben les gars de Caravane vous ont monté un autre show juste pour célébrer le temps des Fêtes (ou Noël, pour ne pas déplaire à certains). Et pour qu’on se sente encore plus à la messe de minuit, ça va se passer à La Nef! On nous promet tout un party! Et les deux groupes invités, Harfang et Mort Rose, ne sont pas à dénigrer non plus, oh que non! D’un côté, une pop atmosphérique accrocheuse, de l’autre un petit rock and roll sympathique qui donne le goût de danser. Plus le temps passe, plus on a hâte!
Orloge Simard (+ Pass) – Impérial Bell, 29 décembre
Un autre truc qui commence à devenir une tradition, c’est la beuverie le show de fin d’année d’Orloge Simard. Ne me demandez pas pourquoi, le monde vire fou en la présence du philosophe baieriverain et de son band de musiciens déchaînés. Mais cette folie provoquée par l’aucuncadrisme (la philosophie d’Orloge) est contagieuse et il y a fort à parier que ça ne sera pas une soirée facile à l’Impérial pour les plus doux!
Mais c’est parfait pour se préparer à monter au Lac Saint-Jean fêter le Jour de l’An!
En prévision du festival SOIR du vendredi 11 août, on est montés à Montréal un peu plus tôt et sommes tombé sur cette soirée 100% rap queb. On a fait nos curieux et finalement on a dansé toute la nuit avec un beau public enthousiaste.
Cette soirée était en fait le lancement de la nouvelle boîte de production artistique Mandragore. Ce projet «enraciné dans la culture locale» est l’initiative du jeune et dynamique Renaud Paquette qui souhaite se lancer dans la gérance d’artiste, le booking ainsi que l’organisation d’événements. Il est déjà gérant de trois groupes: Jambori Jambora, Michaëlle Richer ainsi que notre bien-aimée Fria Moeras de Québec. Le jeune entrepreneur a visé grand pour son coup d’envoi en allant chercher KNLO, une figure du rap queb bien établie dans la scène québécoise grâce au collectif Alaclair Ensemble. Il a ainsi prouvé son sérieux dans le domaine et son désir de jouer dans la cour des grands.
RBV
Les Racailles de Basses-Villes (ou RBV) ont allumé la foule pour le début de cette soirée. Leur musique, très festive, glorifiant la fête et le bon temps passé entre amis nous a permis de faire grimper de quelques degrés la Casa del Popolo, déjà bien chaude. Les paroles, aux allitérations et assonances nombreuses, nous ont fait penser à la musique des mots qu’on retrouve chez Loco Locass (mais sans le contenu militant de ce groupe). Leur musique bien « funky », avec une bonne touche de «boom bap», nous rappelle tout de suite L’Amalgame et leur poésie évoque quant à elle Alaclair Ensemble. C’est à ce moment que l’on comprends que Renaud Paquette a fait un travail de maître pour le booking, chaque groupe rappelant un élément d’un des autres. RBV possèdent une bonne maîtrise de la langue, ils font quelques référents culturels intéressants et nous invitent à la fête. Cependant, comme dans plusieurs spectacles de rap, les paroles ne sont pas toujours bien compréhensibles et on perd plusieurs mots, surtout avec les répétitions en groupe des fins de phrases qui ne sont pas toujours parfaitement synchronisées. Parfois, c’est l’articulation qui se ramollit, ce sont les fins de phrases qui moins précises ou la maîtrise de la distance du micro qu’il faut retravailler. On a passé un beau moment avec la formation RBV, qui a permis au public d’arriver dans une ambiance festive.
L’amalgame
Les groupes de rap, c’est une grosse famille. Chaque membre termine les verses des autres et tout le monde se tient pour ne former qu’un tout. La formation, bien ancrée dans la culture des jeunes montréalais, réussit très bien à démontrer leur cohésion et leur unité. Au lieu de simplement finir en groupe les phrases du soliste, ils s’alternent, faisant ainsi un contrepoint de mots finement ficelé. Depuis 2011, le collectif a sorti plusieurs EP/albums avec lesquels on peut voir une évolution bien marquée ainsi qu’un ton bien défini. Sur scène, leur chorégraphie verbale est sans reproche et ils savent bien rendre leurs chansons. Ils ont interprété beaucoup de chansons de leur plus récent album, Congé sur l’île ainsi que l’excellente Fu Funk de leur projet funk/rap Suprême Sans Plomb en collaboration avec Of Course. Vers la fin de leur set, ils nous ont dévoilé des chansons plus introspectives de leur nouveau EP «Corde à linge» qui sortira en septembre. Ce groupe de rap fait définitivement partie de mes coups de coeur de la relève du hip-hop montréalais.
KNLO
Ce projet solo du membre d’Alaclair Ensemble est très authentique. Il respecte les racines du collectif tout en ayant une couleur bien à lui. En plus de son excellent beat maker, KNLO est accompagné de Caro Dupont, aussi membre de Miss Sassoeur & les Sassys, qui chante et qui a même sorti sa flûte traversière pour une pièce. KNLO présente un projet bien ancré dans le «post-rigodon» aux accents funk, avec quelques chansons à répondre et des freestyles impressionnants. Il a tout d’abord débuté avec une intro bien jazz, en chantant avec Caro Dupont. On reconnaît alors les influences de sa collaboratrice. Il a enchaîné avec plusieurs titres de son album «Long Jeu», son premier vrai album solo. On a même pu entendre des nouvelles chansons jamais présentées avant, pour notre plus grand bonheur. Le rappeur d’expérience sait livrer un bon spectacle et faire lever la foule d’enthousiastes.
La soirée était une réussite. Merci et bravo à Renaud Paquette pour l’organisation! Je vous invite à suivre le développement de la nouvelle boîte de production Mandragore.
On dit que l’appétit vient en mangeant. Ainsi, après avoir goûté quelques nouveautés et revu quelques visages connus aux Alliances et aux chemins d’écriture vendredi dernier, on a poursuivi sur notre lancée en se promenant de scène en scène. Compte-rendu d’une soirée qui nous en a fait voir de toutes les couleurs.
Menoncle Jason – Site Belle Gueule
On a pu attraper quelques chansons de Menoncle Jason tandis qu’on transitait entre le Café du Fjord et l’Hôtel Tadoussac. Ceux qui aiment le country n’auront pas été déçus : chapeau de cowboy, lunettes de soleil et chemise de fermier étaient autant au rendez-vous que ces accents particuliers qui font du country ce qu’il est. Ajoutez à cela le charmant accent néobrunswickois du chanteur, et vous avez le portrait. Les mélodies qui s’inspiraient librement de l’univers country et pop-rock pigeaient autant du côté du Elvis tardif que du blues ou du calypso.
Sarah Toussaint-Léveillé – Salle Marie-Clarisse
Une salle comble attendait l’auteure-compositrice-interprète ainsi que ses trois musiciens dans le sous-sol de l’Hôtel Tadoussac. Sarah Toussaint-Léveillé s’est introduite avec une singulière anecdote d’accouchement, ce qui marquait le début de ses interactions rigolotes et on ne peut plus charmantes avec le public.
L’artiste s’est ensuite lancée dans Ta tempête, l’une des nombreuses pièces de La mort est un jardin sauvage qui furent interprétées ce soir-là. Cet album paru en février 2016 a été entièrement réarrangé par les trois musiciens qui l’accompagnaient : Jérémi Roy (contrebasse), Fany Fresard (violon) et Marianne Houle (violoncelle). Une version feutrée où dominaient les cordes, puisque Sarah Toussaint-Léveillée elle-même alternait principalement entre guitares acoustique et électrique.
Cela se prêtait très bien aux pièces très senties de l’artiste : on sentait qu’un véritable dialogue s’était établi entre sa voix feutrée et celle des cordes, qui suivaient jusqu’à ses plus infimes inflexions. L’expressivité des instruments et l’exactitude des musiciens ont vraiment rendu vivante l’âme de ces chansons aussi théâtrales, originales et poétiques que leur auteure.
En somme, s’il me faut nommer un moment fort de la journée (et Ludvig Germain Auclair seconde), je peux sans hésitation choisir la prestation de Sarah Toussaint-Léveillé. Ce fut envoûtant du début à la fin.
L’Osstidtour Par Ludvig Germain Auclair
La soirée funk-rap de l’Osstidtour a débuté avec KNLO en première partie, qui a alterné des prestations solo ou en tandem avec différents invités (Eman, Sandy, etc.). Brown constituait la seconde partie de cette soirée festive. Le trio intergénérationnel a donné une performance énergique et qui amalgamait les groove. La chimie évidente du rap arythmique et parfois absurde de KNLO avec le son old school de Brown faisait définitivement dans l’hétéroclite et le marginal, un son qui diffère d’un rap plus conventionnel.
La foule a su apprécier vivement la vibe émise par cette prestation ; beaucoup venaient d’aussi loin que Montréal pour l’Osstidtour et pour faire bouncer le sous-sol de l’église de Tadoussac. La finale avec tout Alaclair Ensemble, le groupe de post-rigodon emblématique, a permis une clôture enflammée par ledit public, plus que content de représenter le Bas-Canada tous ensemble en ces petites heures du 1er juillet. Ce dernier a surtout eu droit à des pièces tirées du récent opus LesFrères Cueilleurs, mais aussi à quelques classiques comme Capoté, Mammifères et même J’tanné d’attendre.
À surveiller – Dimanche 2 juillet 2017
Vous connaissez l’adage? L’avenir – et la bonne musique – appartiennent à ceux qui se lèvent tôt. Pour les courageux qui se rendront aux Dunes demain dès 10h (si la température le permet), ils auront la chance de voir La Bronze et Le Couleur comme ça ne se reverra sans doute jamais. Du disco et de l’électro en version acoustique, ça garantit un réveil électrisant!
Ensuite, en journée, c’est l’occasion de vous rattraper si vous n’avez pas déjà vu Sages comme des Sauvages et leur musique aux couleurs du monde, Wallace et leur chanson swing rock ou encore les mythique Hôtesses d’Hilaire, qui sauront mettre du piquant dans votre fin de soirée.
C’est aussi le soir où deux légendes se partageront les projecteurs: Daniel Bélanger fera vibrer les coeurs à l’Église à 22h et Gab Paquet ajoutera sa touche de yabadabadou au Gibard vers minuit.
Je commence sérieusement à me demander ce que les gars d’Alaclair Ensemble mettent dans leurs céréales, parce que les exploits se multiplient à un rythme où nous, les gens normaux, arrivons avec peine à les compter. Le pire, c’est que la plupart d’entre eux ont aussi une ptite-moyenne-grande famille et qu’ils préparent la relève humaine de qualité pour demain. Les gars viennent de droper ensemble un album assez génial et très très hip hop en plus de s’apprêter de partir pour un megatour avec Brown et Koriass, puis séparément, ils ont l’air pas mal bookés de leurs bords respectifs aussi.
D’abord, les deux que je connais depuis le plus longtemps et qui sortent d’Accrophone: Eman sort un album adulé par la critique et couronné à l’ADISQ, Claude Bégin est dans le RougeFM All-star avec ses chansons et celles qu’il a produites pour Karim Ouellet.Ensuite, Ogden et Maybe font aussi courir (et jumping jacker) les foules à toute vitesse avec leur projet parallèle Rednext Level, mi cour d’école mi neuf à cinq, ça c’est sans compter le fait que Ogden AKA Bobby Nel est aussi derrière le gros succès du Punch Club!, une ligue de street impro qu’il a cofondé et qui a le vent dans les voiles depuis. Également, VLooper est derrière les machines avec Alaclair, mais aussi avec un certain Eman mentionné précédemment, puis aussi, au sein d’un projet avec sa copine Modlee (entendue sur XXL mais aussi dans des projets antérieurs et gratuits sur bandcamp, Flowers, toujours avec VLooper). Enfin, le récemment partiellement rebaptisé, ou reboombaptisé, KNLO, lui aussi père de famille et membre émérite d’Alaclair, en plus d’être membre du K6A (Jam est d’ailleurs au nombre des invités de marque sur l’album).
Acteur principal d’un court-métrage annonciateur de quelque chose de gros pour l’an 16, KNLO a longtemps été un des beatmakers principaux d’Alaclair Ensemble, étant prolifique à souhait sur les machines et ayant par ailleurs publié une bonne dizaine de volumes d’instrumentaux gratuits, disponibles comme la plupart des projets mentionnés dans cet article au sein de la section « musique » du site alaclair.com Le court-métrage L’an 16 dévoilé plutôt laissait augurer quelque chose de gros et n’a pas menti ou exagéré les traits pour construire le hype: Long Jeu dépasse les attentes, même si tout ce que je connais des gars ont mis la barre très haute, incluant le très récent Frères Cueilleurs publié sur 7ième Ciel, comme l’opus dont il est question ici et celui qu’Eman & VLooper ont dûment ADISQé l’an passé. KNLO, tout comme E&VL et Alaclair Ensemble sur leur plus récent disque, poursuit avec brio la hiphopisation du post-rigodon-bas-canadien.
Long Jeu, c’est le premier vrrrai album de KNLO malgré plein de belles affaires du passé (Flattebouche c’était un assez bon mixtape pour passer pour un album mais bon), avec une intro qui rappelle les aventures de Canaw Cocotte & Cocotte Pondu Sur les terres d’Armand Viau, c’est à dire que c’est de la nouvelle musique à base de soul et de funk pas mal champ gauche (post-motauwn?). Ça dure à peine une minute, ça se passe en compagnie de la dulcinée Caro Dupont, également membre du groupe Miss Sassoeur & les Sassys qui carbure à ce genre d’harmonieux délires musique-voix, et puis ça reste ancré au plus profond de la tête en plus mettre de bonne humeur. Ensuite, c’est une avalanche de gros hits jusqu’à la fin du disque, à un point tel que les mots peineront certainement à rendre justice à tout ce qui est mis en oeuvre ici.
Écoutez le premier extrait Justecayinque assez souvent pour avoir tout saisi ce qui se passe et on s’en reparlera. C’est très ludique et très brillant, comme le vidéo qui popularise la pièce aussi, très créatif avec beaucoup d’impact aussi; j’ai pas entendu de tracks aussi dopes depuis longtemps, et j’en envie de l’écouter sur repeat jusqu’à l’an prochain, j’exagère à peine. Les références sont parfois obscures mais toujours judicieuses, on jongle avec les mots, les hommages à des artistes présents et futurs, on jongle aussi avec des sens multiples (le terme « double sens » ne suffisant pas non plus à rendre justice aux prouesses lyricales (je sais que ça se dit pas, lyrical, en français)). Parmi ses acolytes de la troupe de post-rigodon bas-canadien préférée de tout le monde, on retrouve Eman sur l’excellente Merci et Ogden sur l’hallucinante B.B.I.T.C. Les pièces Ville-Marie avec Lou Phelps et Coquillages avec la dulcinée susmentionnée Caro Dupont, c’est aussi deux moments forts de l’album. Je n’entrerai pas trop dans les détails parce que je recommande à tous d’aller voir par soi-même le prodige à l’oeuvre.
Tous comptes faits, ça va prendre plus que plusieurs écoutes pour digérer cette galette et c’est vraiment pas parce qu’elle est indigeste, au contraire. C’est juste qu’elle est bourrée de tellement de nutriments que nos organismes moyennement évolués doivent s’armer d’une patience bovine pour bien assimiler les ingrédients. Les références et sens multiples qui sont cachés ici et là vous remercieront de votre patience, et préparez vous à être agréablement surpris continuellement sur une assez longue période. « Jamais vu ailleurs des bonnes valeurs de même nahmean. »
Chaque parution de la troupe de post-rigodon bas-canadienne préférée de tout le monde me rend fébrile. Il faut dire qu’Alaclair Ensemble a frappé fort dès sa première parution, en plus de permettre que soit galvaudé le terme « ovni musical » pour décrire 4.99 la galette cosmique sortie tout droit de nulle part selon bien des observateurs, mais qui se trouvait être le fruit de plusieurs années de collaborations et d’échanges entre des membres influents des deux scènes rapqueb, la plus underground et la plus commerciale. Diverses parutions officielles et moins officielles se sont succédées, accompagnées par des tas de ces shows ultra divertissants qui ont fait leur marque de commerce, un peu partout au Québec. Si leur première parution a été transposée sur vinyle cet été, rebaptisée pour les circonstances en 24.99, gracieuseté de la boîte locale P572 qui offrait au groupe sa première aventure dans les sillons, c’est vraiment Les Frères Cueilleurs qui marque un nouveau chapitre à bien des égards pour le groupe cette année.
Il y a deux mois et demi, lorsque le compte de l’étiquette rapqueb par excellence, les Disques 7ième Ciel, a publié la vidéo d’ «Alaclair High» sur son compte youtube, on a compris que les gars faisaient pour la première fois affaire avec une étiquette de disque, après avoir été courtisés et avoir refusé des offres que d’autres auraient, et ont effectivement accepté. Ils semblaient jusqu’alors préférer conserver intégralement leur indépendance, vendre des CDs et donner la musique en ligne. Est-ce désormais chose du passé?
Malgré certaines appréhensions, on devait admettre que les gars étaient de retour en force avec le clip de leur premier extrait. La pièce occupe le centre de l’album qui est très bien monté et constitué à 100% de pièces fort intéressantes ; all killer no filler comme ils disent. D’entrée de jeu, on constate que l’album est très hip hop, moins axé sur le post-rigodon-bas-canadien, étiquette signifiant pour moi la signature musicale plus éclatée que le groupe a fait connaître, alliage électro-rap-r&b déjanté festif et groovy, souvent dansant. Certains pourraient être tentés d’employer le terme «linéaire» pour décrire l’album, mais je préférais de loin «cohérent» et garder le terme «linéaire» pour référer au fait que le groupe nous propose une véritable ligne du temps du hip hop, une leçon d’histoire à moitié réinventée en mieux. Est-ce que c’est un hasard si l’arrivée du groupe sur une étiquette rap précède la parution de leur album le plus rap à date, et si c’en est pas un, est-ce que ça signifie une perte d’indépendance? En fait on s’en fout de tout ça, à condition que la musique soit bonne et cet album, c’est de l’or pur.
Même s’il est un peu moins éclectique, le disque est loin d’être monotone. Diverses facettes du hip hop sont mises à l’honneur, des sonorités oldschool aux plus modernes, et le groupe joue avec tout ça en prouvant une fois de plus qu’il a de la culture et une créativité foisonnantes. Les pièces changent souvent boutte pour boutte en plein milieu, mais chaque changement même abrupt va de soi, l’album étant très bien monté, et les transitions, dans les pièces ou entre les pièces, étant toutes soigneusement calculées. Certains hits ressortent plus particulièrement du lot, mais le disque s’écoute très bien d’un couvert à l’autre. Les excellents, variés et hautement divertissants beats, en partie gracieuseté de Mash, un des fondateurs du groupe qui est moins présent aujourd’hui (d’ailleurs son visage ne figure pas aux côté des six autres sur la pochette), mais surtout de VLooper, l’homme-fort qui accompagne également Eman dans ses aventures solo et qui a également produit trois albums de beats en collaboration avec KenLo, le troisième disque figurant dans le triple faux-album Musique bas-canadienne d’aujourd’hui sous l’intitulé Un Piou Piou parmi tant d’autres. Assez parlé du passé, maintenant on parle du présent et du futur.
«Coucou les coucous», c’est beaucoup plus qu’une intro, avec un refrain tiré du cahier de règlements du studio loué pour enregistrer l’album, chanté/susurré en post-dub par Eman, accompagné des chants auto-tunés de KenLo, suivi de remerciements de Maybe Watson, et d’un beau petit verse de Robert Nelson aka Ogden. Celui-ci montre quant à lui divers styles sur cet album, délaissant un peu le personnage et son accent folklorique pour adopter un style plus sérieux pas mal efficace aussi, et ce dès le début de la pièce suivante, «La chicane». Celle-ci est une pièce un peu plus sombre avec trois des gars, qui coupe aux deux tiers pour introduire un nouveau beat, Eman étant sur le premier beat juste après Ogden et KenLo complétant le trio sur le deuxième beat. Encore une fois, on n’entend pas systématiquement tous les gars sur chaque morceau, mais leur présence est quand même bien balancée d’un bord à l’autre du disque. La courte «Mash» enchaîne d’ailleurs avec Maybe Watson mis à l’avant-plan dans la première partie, sur un beat aux accents nostalgiques qui change aussi aux deux tiers pour un truc vraiment nice et plus lumineux sur lequel, je crois, un Eman sur l’hélium virtuel vient répéter quelques mots imagés. «Fouette» s’ouvre et se ferme avec KenLo, qui fait encore des prouesses, surtout dans le dernier verse, et les trois autres MCs y font aussi de très bonnes performances. À date, les beats sont variés et imaginatifs, un peu dans tous les spectres du hip hop, mais sans qu’un moment particulièrement « oomph » se soit imposé particulièrement. «Est-ce que l’album sera plus linéaire?», ose-je me demander à ce point de mon écoute, pour avoir la réponse en double, et pas à peu près, dès le refrain de la prochaine chanson.
«Ça que c’tait» c’est vraiment une grosse bombe sale, super grimy-trap-je-sais-pu-trop catchy à mort et parfaite pour hocher de la tête à s’en décrocher une cervicale. Encore une fois, y a un changement abrupt à la fin qui est introduit avec brio pour présenter Eman un peu autotuné pour chanter, puis Maybe Watson qui chante l’autre partie avec sa vraie voix après un bon petit verse, le monde à l’envers par rapport aux habitudes de chant. Ce cinquième morceau ouvre une suite de purs hits qui dure jusqu’à la fin et qui donne envie de réécouter tout de suite l’album, avec l’intuition que la seconde écoute va révéler une exclusivité de hits finalement sur ce disque, et donc un album à écouter en loop. La leçon d’histoire rap susmentionnée prend une tangeante plus explicite avec la pièce «Les infameux» où les références aux canons du hip hop sont plus ou moins claires selon, mais où on peut entendre les gars émuler entre autres tantôt Snoop et Nate Dogg (Claude Bégin est moins présent sur cet album mais flamboyant ici en Nate Dogg), tantôt Biggie Smalls, Bootie Brown de Pharcyde et Prodigy de Mobb Deep, le groupe auquel le titre réfère.
Ensuite, ben c’est «Alaclair High» qui est complètement hypnotisante et qui gagne pas mal la course de la meilleure track, un peu de justesse avec deux-trois autres pièces redoutables qui la talonnent, et grâce peut-être à la longueur d’avance qu’elle avait par rapport aux autres et à l’effet accoutumance-amour. Le tempo reste pas mal bas sur «Mes gars shoot» qui enchaîne à merveille après le single-déjà-classique, la vibe est excellente et les refrains chantés sont toujours appréciés. «Humble French Canadians» est un autre highlight, avec un beat sombre et groovy qui accueille des petits verses-showcase qui s’enchaînent rapidement et montrent le talent d’Eman, KenLo et Ogden, avec un bridge émotif gracieuseté d’Eman, puis un autre de ces bienheureux changements de fin de track qui permettent à presque deux fois de beats d’entrer sur l’album, accompagné d’un verse plus long et bien serré de la part de Maybe Watson.
En faisant penser à du vieux rap français mais avec un rythme très minimaliste, l’instru de «Bazooka Jokes» offre une excellente séance de chillage aux oreilles et un excellent support pour les refrains et le verse final de Kenlo, seules parties avec un drum pour faire le beat, et les verses des trois autres gars, qui se couchent pas sur un drum mais sur une grosse basse et un court échantillon. La pièce suivante profite de la séance de relaxation préalable pour jeter un beat lent sombre et gangsta bien tonitruant, qui achève les vertèbres cervicales amochées par «Ça que c’tait». La pièce, qui est un autre des moments forts de l’album et qui s’appelle «Sauce pois», nous propose encore un changement de beat vers la fin et un long extrait au pitch changé, tiré d’une entrevue de Claude Dubois à propos de l’enregistrement de Mellow Reggae, c’est plutôt comique et ça s’achève sur une citation de circonstance après le beat qu’on vient d’entendre, où «y avait des basses qui bouffaient toute» sans que ce soit négatif dans ce cas-ci.
Encore une autre pièce au tempo assez bas s’ensuit, «Sous-sol po fini», une autre belle occasion d’apprécier le mix hallucinant de l’album, avec les backs vocaux vraiment ludiques et bien localisés dans les oreilles. Le beat propose encore un excellent mélange de rétro et de futuriste et c’est l’occasion pour Eman de prouver une fois de plus sa versatilité, lui qui impressionne du début à la fin de l’album et qui raflerait probablement l’étoile du match si ce genre de truc existait pour les disques, ce qui n’enlève rien à la performance des autres qui sont également au sommet de leur forme.C’est aussi la deuxième sur trois pièces consécutives avec des skits à la fin, celle-ci qui semble présenter KenLo imitant quelqu’un qui trip pas mal. Lorsque la dernière commence, on sent un peu plus le post-rigodon-bas-canadien refaire surface, «DWUWWYL» ou dowhatyouwantwithyourlife, plutôt dansante et dans le sillage lointain de «Fastlane», une pièce de leur plus récent «Toute Est Impossible» réalisée sur un beat du producteur montréalais Kaytranada. Au milieu de la pièce, la musique baisse un peu et une histoire vraiment l’fun est racontée par ce que je m’aventurerais à identifier comme Eman avec le pitch vocal baissé. La présence d’une pièce plus dansante en fin d’album laisse-t-elle augurer un prochain disque de cet acabit? Est-ce qu’il est beaucoup trop tôt pour y penser? Est-ce que les gars vont ben faire ce qu’ils veulent avec leurs vies? Et moi avec la mienne? En tous cas, je sais ce que je vais faire: réécouter l’album de ce pas, peut-être un peu parce qu’il se termine abruptement et nous donne envie d’en avoir plus, le défaut de sa qualité étant de donner l’impression d’être court, mais juste parce qu’il passe trop vite, en étant aussi bon.
Je pense que la vaste majorité des fans de la première heure vont aimer cet album et que celui-ci leur permettra par ailleurs de se faire des nouveaux fans dans la scène rap plus traditionnelle, étiquette de disque aidant. Avec ça, le groupe est allé chercher tout le streetcred qu’ils avaient besoin pour fermer une fois pour toutes le caquet à ceux qui disent que les gars font pas du rap. S’ils étaient dans une sphère à part, ils appartiennent maintenant de plein droit à l’univers rapqueb et dominent maintenant sans contredit cette planète aussi. D’une part c’est plus classique, la bride est tenue plus serrée, les délires se font assigner des cases horaires, on jongle moins avec les styles, mais d’autre part, ça reste totalement Alaclair Ensemble, c’est truffé de références à leur musique et à d’autres trucs, et leur imagination débordante trouve dans les diverses versions du hip hop «normal» un terrain de jeu où l’innovation reste permise et l’expérimentation valorisée.
Allez voir le pendant spectaculaire de ce nouveau disque et vous le procurer par la même occasion, dans la grosse ou dans la petite ville, ou encore sur leur page bandcamp.