On le sait déjà, toutes les fêtes deviennent magiques lorsque Gab Paquet et sa bande en prennent le contrôle. Cette année, c’est une véritable messe de minuit qui a eu lieu au Cercle le 14 décembre dernier. Le groupe présentait son spectacle pour une dernière fois en 2017 dans le cadre d’une mini-tournée de trois jours organisée par Le Pantoum. Et du monde, il y en avait à la messe !
Miss Sassoeur & les Sassys
C’est devant un Cercle bien plein que le lauréat du prix ecoutedonc.ca du Cabaret Festif – et, accessoirement, du prix du jury! – venait défendre son Gospel de Ruelles. Jacques Boivin, qui présentait le groupe, a sommé gentiment (Jacques : Ouin…) les admirateurs de Gab, certains plus incontrôlables que d’autres, de prêter l’oreille.
Une fois sur scène, la chanteuse et ses trois choristes se sont lancés dans leur introduction énergique, déballant leurs chansons à l’esthétique Motown avec beaucoup d’attitude et de dance moves. Leur musique, toujours aussi rafraîchissante, mélange la culture afro-américaine à notre propre bagage historique, avec des textes où se confrontent et s’entremêlent anglais, français et québécois.
On était heureux de réentendre leurs titres qui, pour moi, sont devenus de vrais vers d’oreille (Rythmitou, la Rengaine), mais aussi de découvrir leur nouvelle formule améliorée : lors des deux dernières pièces, un DJ les a accompagnés sur scène pour ajouter des beats à ce spectacle principalement centré autour des harmonies vocales. Une direction intéressante à prendre pour Miss Sassoeur & les Sassys, bien que quelques ajustements soient encore à faire.
Bien sûr, Gab Paquet n’allait pas faire les choses comme tout le monde. Bien sûr, il sait faire lever les foules. Bien sûr, ça allait être flamboyant. Mais on ne s’attendait pas à la vague d’énergie qui allait se déployer sur nous dès les premières pièces !
Pour comprendre cela, il faut d’abord savoir une chose. Avec les années, le public du chanteur de charme a évolué : je l’ai vu jouer autant sous le signe de la confidence devant des initiés en liesse que sur des scènes qui le livraient à un public encore à conquérir. Depuis, la Paquetmania s’est répandue hors des Cercles intimes de la star pour contaminer un public qui ne sait pas trop encore ce qui se passe. Le résultat se mesure lors de soirées comme celle de jeudi dernier, alors que la foule faisait littéralement pleuvoir ses acclamations sur le chanteur.
Dès Ton appel à frais virés, les spectateurs se sont donc déchaînés, certains arborant paillettes, pads ou autres signes de frivolité. Tout s’est ensuite enchaîné très rapidement, sans temps morts. Un vrai feu d’artifice avec ses moments flamboyants : Gab faisant du bodysurfing ou ne pouvant retenir sa joie, les récits nous menant de fil en fil aux chansons comme Soucoupes Volantes, etc. Et comme dans tout feu d’artifice, le bouquet final en a mit plein la vue (et les oreilles): après le grand succès Consommations, les musiciens se sont lancés dans une version disco rock de Minuit, chrétiens pour terminer en beauté avec un pot-pourri juste assez kitsch. Pendant ce temps, on sautait, on dansait, ou bien on chantait en chœur des paroles maintenant élevées au rang d’hymnes.
Pour moi, qui n’ai pas eu une dose suffisante de Gab Paquet cette année, ce fut une révélation: un spectacle encore mieux rodé, toujours plus dynamique, qui équilibre bien ses frivolités et ses performances musicales solides. Le groupe a atteint un autre palier de sa carrière et ça se sent. On leur souhaite de continuer sur cette voie en 2018, et on sait qu’on prendra plaisir à les suivre encore longtemps. Parce que la force de Gab Paquet, c’est de se tailler une place dans notre tête avec ses chansons, mais aussi dans notre cœur avec ses manières de charmeur.
Des artistes de Québec qui se sont distingués cette année, il y en a eu plusieurs! On pense, entre autres, à Gabrielle Shonk, qui a enfin lancé son premier album chez Universal, ou à Tire le coyote, qui continue de faire le plein de fans, un excellent album à la fois. Mais toutes proportions gardées, c’est Gab Paquet qui se mérite le titre officieux d’artiste de l’année d’ecoutedonc.ca!
Après avoir lancé Santa Barbara à l’automne 2016, le phénomène Gab Paquet ne pouvait que prendre de l’ampleur. Même si le début de l’année a été plus tranquille, tout a changé au début juin, lorsque le charmant chanteur a présenté son spectacle aux Francofolies de Montréal. On le sait, on y était (pour le fun, mentionnons-le).
Dans les rêves les plus fous, on aurait pu espérer un peu plus d’une centaine de curieux qui partent et qui viennent entre deux prestations et en profitent pour regarder ce chanteur au romantisme flamboyant. Eh bien, selon notre oeil de lynx, qui évaluait la densité de la foule derrière nous, ils étaient plus de 500 (dont de NOMBREUX fans avec des affiches ou des fausses moustaches) à chanter en choeur les chansons de Paquet. On a même vu Keith Kouna, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, assister au spectacle!
On a d’ailleurs un petit clip inédit à vous présenter (oui, oui, inédit), enregistré par un spectateur de 10 ans présent ce soir-là (on ne dira pas que c’est le fils du dictateur bienveillant), question de nous replonger dans ce moment glorieux.
Pour un artiste, un tel moment, ça se savoure longtemps! Sauf pour Gab, qui repart immédiatement présenter son spectacle en sillonnant les routes du Québec. Partout, la même réaction : des curieux qui restent scotchés et des fans qui portent le pad et la moustache pour l’occasion.
Tout ça, question de rester en voix pour ce qui allait être son plus gros spectacle en carrière (jusqu’à maintenant) lorsqu’il a assuré la première partie de Michel Louvain au Festival d’été de Québec. La partie ne serait pas facile : les fans de Michel Louvain ont leur propre conception de ce qu’est un chanteur de Charme et il se pouvait que Paquet s’éloigne un peu trop de leur idéal… Heureusement, la Gab Nation est débarquée en grand, tellement qu’il n’y avait plus de place dans les enclos réservés aux festivaliers debout (c’est-à-dire pas mal tout le monde qui n’était pas là pour Louvain) Ça débordait de partout! On a vu des affiches, des enfants arborant le pad et la moustache, des jeunes, des moins jeunes, autant dans les enclos que dans les allées et autour de l’enceinte!
Avec tout ce soutien, les choses ne pouvaient que bien se passer! Et lentement, mais sûrement, au fil d’une prestation où Paquet et son (gros) orchestre ont tout donné, on a vu les têtes grises se dégriser et les mines rabougries se détendre. Soixante-quinze minutes plus tard, la foule était conquise!
Mais qu’est-ce qui suscite tant l’engouement chez Gab Paquet? Pourquoi devient-on inévitablement un fan (comme votre humble serviteur) quand on le voit sur la scène? Outre le charme indéniable du chanteur sur scène et partout ailleurs, il y a le travail acharné de Paquet et de son band. On a pu le constater au passage de Gab au Cabaret Festif! de la relève en 2016, où il a remporté le prix du jury : tout était poli, rodé au quart de tour. Les gars et les filles ont longuement pratiqué leurs deux numéros (qui, contrairement à plusieurs, étaient assez différents). Gab a démontré à plusieurs, ces soirs-là, que les mots « original » et « brouillon » ne sont pas synonymes.
Ce qui explique le succès de Gab, c’est aussi ses musiciens, qui sont, avouons-le, excellents. Tight, qu’on dit en bon français. La formation actuelle, composée de Claudia Gagné (basse), Jean-Étienne Collin-Marcoux (batterie), Hugo Le Malt (guitare) et Odile Marmet-Rochefort (claviers), assure, comme on dit en France. Que ce soit par leur jeu ou par leur personnalité, ces musiciens bien de chez nous se démarquent!
On ne peut passer sous silence la qualité des chansons de Paquet, sans lesquelles notre chanteur de charme n’aurait rien pour briller sur scène. Ses chansons pop, qui rappellent parfois l’esthétique des chanteurs français des années 1980 tout en ayant été dépoussiérée et remise au goût du jour, sont tout simplement magnifiques. Non, les paroles ne se méritent pas un Nobel de littérature, mais elles cadrent parfaitement avec l’univers de Paquet. Et les mélodies, accrocheuses au possible, sont une suite inépuisable de vers d’oreille (qui ne sont même pas trop fromagés). Continental Sélect, Consommations, Soucoupes volantes, Vibration transe, Fais l’amour avec moi, Relations sexuelles, Casio pad & moustaches, Santa Barbara, Ton appel à frais virés, Coach de vie, Les voyous, Diamants, Partouzes, Santa Barbara Chérie, voilà des chansons qui nous entrent dans la tête pour ne plus jamais en ressortir. Des chansons entraînantes, qui nous donnent le goût de danser et chanter à l’unisson les refrains étrangement fédérateurs (« Ça fait plaisir! »).
Bien sûr, l’essentiel repose sur le charme de Paquet. Le pad et les moustaches ne sont que des accessoires qui reflètent la personnalité du chanteur de charme, qui ne les utilise que pour amplifier ses propres traits. C’est pour ça que le jeu de Paquet est si naturel : il joue à peine! Il EST romantique de même, demandez-le à sa tendre moitié!
C’est pour ça qu’au GAMIQ en novembre dernier, il a fait un tabac en interprétant un pot particulièrement pourri (et fabuleusement exécuté) de ses plus grands succès. Et c’est pour cette raison que vous ne pouvez pas rater son dernier spectacle de l’année à Québec (juste à temps pour cet article, imaginez-vous donc), qui aura lieu ce jeudi le 14 décembre au Cercle! (La première partie, assurée par notre coup de coeur au Cabaret Festif! de la relève 2017, Miss Sassoeur et les Sassys, est une présentation d’ecoutedonc.ca!)
Après les maxis Ressac (2014) et Les arômes (2016), Medora lance finalement son premier long jeu : Ï (i tréma). Évoluant dans le milieu depuis maintenant plus de quatre ans, le groupe a tôt fait de laisser tomber l’épithète «Old» qui précédait son nom. Cette première métamorphose était à l’image du processus de définition artistique qui allait suivre au fil des spectacles et des compositions. Avec Ï, le groupe semble cerner véritablement son identité tout en se défaisant de ses étiquettes. On en a parlé avec les quatre musiciens : Vincent Dufour, Charles Côté, Aubert Gendron et Guillaume Gariépy.
Composition expérimentale
Selon le groupe, la genèse de Ï a d’abord été l’occasion de tester une nouvelle façon de composer. «V’là un an, en fait, Charles et moi, on est allés à mon chalet dans l’idée de faire un album», nous raconte Vincent, le chanteur. «Ça faisait un ou deux ans qu’on avait accumulé des riffs, des mélodies. On a composé les premiers embryons des pièces… une vingtaine en tout. Après ça, on les a toutes réarrangées en band. » Le gros de la composition s’est produit de cette façon, bien que le processus se soit poursuivi tout au long de l’été.
L’ensemble du groupe y a trouvé son avantage, aux dires des musiciens. «Les Arômes, ça a été composé les quatre ensemble, puis ça menait à des débats, des conflits. Tandis que là [Vincent] apportai[t] une idée, puis on dirait que vu que l’idée était déjà construite, on avait comme moins tendance à la débattre», explique Aubert. «Oui, elle avait son contexte», réplique Vincent. «Ça faisait aussi que les pièces étaient plus solides, je trouve, comparé aux Arômes», a ajouté Guillaume.
Plus solides, mais aussi plus senties et émancipées. Comme si, dans certaines pièces telles que Tsunami, on pouvait entendre «quelque chose qui grondait à l’intérieur», pour reprendre les mots du chanteur. Pourquoi ? «Quand tu as une idée, si tu restes tout seul avec toi‑même [pour composer], tu sais où aller. Pas besoin de la communiquer… Pas besoin de la rationaliser», explique-t-il. Selon lui, cela désentrave le processus de création.
Un collage musical méticuleux
Par ces moyens, le groupe en est arrivé à rassembler une multitude de nouveau matériel. La matière première de l’album était là, mais c’était loin d’être terminé. «La rythmique, la basse, tout ça a été changé… Les structures ont bougé», énumère Vincent. Comme un collage musical, les pièces ont été montées et travaillées dans le détail, couche par couche.
Ce qui reste sur le disque a d’ailleurs été sélectionné méticuleusement : «On avait quarante riffs, mais on en a choisi sept là-dedans», précise Charles. «Le Maine, justement, c’était les mélodies de deux tounes qu’on a mises ensemble», ajoute Vincent à titre d’exemple.
«Je me rappelle que la première fois que j’ai écouté [les maquettes], je me suis dit : shit, l’album est déjà composé», raconte Aubert. «En fait, au début, je ne pensais pas que ça allait changer tant que ça…», ajoute-t-il. «Ça a changé en estie!», rétorque Charles. «Ça, c’est Alex», précise-t-il.
Préproduction – Une collaboration qui a porté ses fruits
Le guitariste parle ici d’Alexandre Martel (Anatole, Mauves… a-t-il-vraiment-besoin-de-présentation ?), qui a collaboré avec le groupe à titre de réalisateur. «On s’est dit que ça nous prendrait un réalisateur pour l’album, explique Charles. Parce que je ne suis pas prêt à dire qu’on est des geeks de son et puis parce que… prendre des décisions sur le son d’un album et sur quelle piste est la meilleure, quelles tounes garder ou ne pas garder…»
«On est trop proche des tounes [pour ça]», complète Vincent. Et pour eux, la personne toute désignée s’est imposée rapidement. Ayant travaillé avec Martel pour leur spectacle des Arômes, ils avaient apprécié sa façon franche et directe de travailler. Mais surtout, ajoute Vincent : « Ce qu’Alex sait bien faire ‑ et ça, je pense que c’est la plus grande qualité pour un réalisateur ‑ c’est qu’il comprend où on veut aller. Il nous amène là, alors qu’on ne serait peut‑être pas capables d’y aller par nous‑mêmes parce qu’on est trop proche de nos tounes. Et il essaie toujours de nous amener encore plus loin.»
La pièce Les tracas dans les cellules de la tête illustre bien comment les musiciens ont été amenés à sortir de leur zone de confort, à retravailler leur matériel lors de la préproduction. À la blague, le groupe l’aurait transfigurée pour lui donner des airs d’afrobeat. «À ce moment-là, ça se passait tellement qu’Alex ne voulait pas qu’on doute, explique Vincent. Il nous a poussés dans cette direction-là.» Bien que la pièce originale fût déjà montée à ce moment-là, ils ont finalement refait toute la maquette, ce qui donne à la pièce sa saveur actuelle.
La question des étiquettes
Au-delà même de l’exotique trame de fond des tracas, l’album dans son ensemble revêt des couleurs nouvelles. «Ce que je retiens surtout de i tréma, c’est qu’au final en écoutant l’album tu passes par plusieurs sons différents», conclut le chanteur. «Notre trip, c’était d’avoir la plus grande ouverture… Parce qu’il fallait se redéfinir d’une façon», ajoute-t-il.
En effet, avec Ï, Medora a voulu se défaire d’une étiquette : «C’est tellement facile de chanter en français, d’avoir des guitares électriques et de se faire associer à [d’autres groupes indie-rock franco]», poursuit Vincent. «Les gens t’étiquettent, et c’est facile de rester conservateur. Je pense qu’on l’a été dans nos deux premiers EP parce qu’on n’avait pas la maturité ou l’audace de dépasser ça. Là, en ayant un réalisateur aussi qui nous poussait à aller plus loin, on s’est ouvert.»
Charles Côté renchérit : «En fait, on écoute tous de la musique très variée. On n’écoute pas rien que de l’indie-rock. Si on a fait une toune afrobeat, c’est parce que j’en écoute, de l’afrobeat. Et Aubert, lui, écoute du jazz… je pense qu’avec cet album‑là, on s’est permis de faire fuck off.»
D’autres fils conducteurs
En se permettant de piger dans d’autres styles, Medora décidait de pencher du côté de l’éclectisme instrumental. Faut-il voir l’album comme un ensemble disparate ? Pas selon Vincent Dufour : «C’est plus le type de composition qui, selon moi, a donné une couleur forte [à l’album]. Et il y a quand même un son Pantoum qui vient ramener ça un peu, là.»
«Il n’y a aucun band au Pantoum qui sonne comme nous, je trouve», proteste Charles. «Non, avoue le chanteur, mais on a enregistré au Pantoum et je trouve que juste ça, ça se transpose [dans notre musique]». On pourrait aussi mentionner l’uniformité donnée par la direction artistique et qui transparaît à l’écoute.
Charles Côté, lui, s’est montré disposé à nous présenter un autre fil conducteur fort de l’album : les textes. Il nous a raconté comment le thème de l’album lui est venu à l’esprit.
Plonger dans l’univers d’Ï
«J’ai bien tripé sur La Grande Bellezza, un film italien de Paolo Sorrentino qui est sorti v’là deux, trois ans», raconte Charles. «Dans ce film‑là, selon ma perception du film, il essaie de recenser toutes les formes de beauté possibles. Il passe par l’amour, la jeunesse, la naïveté, l’art, la sculpture, l’architecture, la foi en Dieu, des trucs comme ça. Je trouvais que c’était comme un sujet de base qui était éclatable sur plusieurs autres microthèmes qui gravitent autour de ce thème central là. »
Une rencontre aurait ensuite amené l’auteur à donner un angle particulier à son thème. «Ça a donné la drive de l’album, en fait. Ce n’était pas tant que j’ai écrit l’album sur cette fille‑là. C’était plutôt l’énergie que j’avais à ce moment‑là. C’est ce qu’on sent dans les textes.»
Qu’elles parlent des deux personnages fictifs revenant à plusieurs reprises – Mïra et le narrateur – ou encore d’histoires vécues par le groupe et son entourage, les paroles gravitent ainsi autour des thèmes de l’amour, de l’amitié, de l’obsession. «Il y a aussi beaucoup de références au regard et à la désorientation, au fait d’être un peu étourdi», précise Charles. « Dans une des pièces, le narrateur fait une commotion et il y a comme un rappel de plusieurs phrases qui sont venues avant dans l’album, dans les textes.»
L’album se déroule en effet comme une longue histoire dont Mïra est le point central. «Je l’ai appelée comme ça parce que je trouvais que ça sonnait bien, mais surtout parce qu’en espagnol, c’est ‘regarder’.» C’est d’ailleurs dans la pièce qui porte son nom que se trouve la clé de compréhension du titre de l’album : Ï (i tréma).
«Pour moi, [i tréma] c’est juste le meilleur de ce qu’on a fait depuis le début», conclut Vincent. « Les tounes étaient meilleures, on avait plus de maturité pour les structures des chansons… On a fait un travail de préproduction, ce qui fait qu’à mon avis [i tréma] a la notoriété qu’un premier album doit avoir.»
Constatez-le par vous-même, après Ressac et Les Arômes, c’est réellement un produit peaufiné et travaillé que nous présente le groupe local. Un produit à leur image et qui, en résonnant dans vos oreilles, vous attrapera les tripes et le cœur.
Et en spectacle ?
D’ailleurs, vous aurez notamment l’occasion de l’entendre en vrai le 31 août prochain au Cercle. Et ce sous une formule qui, à en croire mon verbatim, risque d’assurer :
EDC : Qu’est‑ce que vous allez faire à partir de votre lancement, partez‑vous en tournée, faites‑vous des shows?
MEDORA : Oui, pas mal de shows.
EDC : Oui. Puis ça va avoir l’air de quoi en show, c’est‑tu quelque chose qui…
MEDORA : Ah, c’est un grand mystère.
EDC : Vous ne savez pas encore, vous allez voir quand vous allez…
MEDORA : Mais dis, dans l’article : ils nous ont dit que ça allait être incroyable, pyrotechnie assurée, puis on va s’arranger pour qu’il y en ait vraiment au show.
…Attention aux étincelles!
– 30 –
Un énorme merci à Tatiana Picard pour la transcription de l’entrevue-mastodonte-casse-tête
Ça commence avec une trame musicale lascive, alors qu’on se doute qu’Anatole fera une entrée remarquée. Il descend les trois marches du Zénob cigarette au bec, affublé d’un éventail et d’une tenue rose très excentrique (pattes d’éléphant en prime!), mais qui n’est pas étonnante venant de lui. La première pièce se fait plus en douceur, montrant plutôt l’étendue du talent vocal d’Anatole. Par contre, dès qu’il entame L.A./Tu es des nôtres, l’énergie monte d’un cran, et toute la salle se met à danser.
Anatole et son groupe viennent de Québec, mais ils sont rendus des habitués de la ville de Trois-Rivières depuis un moment déjà. Les amateurs sont toujours au rendez-vous pour une prestation haute en couleur livrée par Anatole et ses musiciens. On entendait par contre un petit bourdonnement bruyant à l’arrière du bar qui m’a fait me retourner à quelques reprises, car j’avais envie de profiter de la prestation.
Plusieurs fois durant la soirée, on remarque la complicité entre les membres du groupe et le chanteur vedette. Pas une fois, malgré tout ce que celui-ci peut faire, les musiciens ne décrochent. Je crois que tous les instruments du groupe finissent par passer sous la langue d’Anatole (comme on peut le voir sur quelques photos des spectacles antérieurs). J’ai beau m’y attendre, je suis toujours un peu surprise de le voir se présenter devant moi, dans ma bulle, pour chanter les paroles de ses chansons.
Alors qu’il interprète Le grand sommeil, il se dirige vers le bar. « C’est pour ça que vous avez payé », clame-t-il. En effet, j’avoue apprécier particulièrement le moment où il s’étale sur le bar pour chanter à quel point il est fatigué.
Il a « terminé » avec Discollins, en dansant avec pratiquement tout le monde qui se trouvait dans le Zénob, et ensuite, il est revenu habillé dans son traditionnel costume de squelette. Il repousse toujours un peu les limites au nom de l’art, ce qui m’a finalement amené à une conclusion : il n’y a pas de règles pour Anatole.
Fâché
En première partie, on avait droit au projet musical de Benoit Perreault, bien connu de la Mauricie. Une guitare électrique, quelques pédales, et une trame pour s’accompagner (car il fait tous les instruments à l’enregistrement, mais c’est un peu difficile en spectacle d’y arriver!). Il jouait avec une belle intensité malgré les soucis, quoique j’ai eu de la difficulté à saisir si les problèmes de son étaient voulus pour amplifier le personnage, ou si c’était vraiment réel. Le public n’était pas super réceptif, et le fait que Benoit jouait de dos à l’assistance n’aidait pas à la situation, mais j’ai tout de même su apprécier les mélodies de guitare électrique.
Samedi dernier, le grand squelette dandy Anatole était de retour sur scène à Québec après une absence de quelques mois. En période transitoire avant de s’enfermer pour l’écriture et l’enregistrement du successeur de L.A./Tu es des nôtres, le prophète de la Nouvelle L.A. est venu présenter quelques nouvelles chansons en plus de pousser quelques pièces maintenant classiques de la scène locale.
Comme toujours, l’entrée en scène était spectaculaire. Faut dire qu’Anatole a pu se servir de la célèbre machine à boucane du Cercle (vous savez, celle dont on aime bien rire de temps en temps) pour ajouter un élément visuel digne du prophète qu’il est! Pendant que ses musiciens se lancent sur leurs instruments, Anatole monte, éventail et cigarette à la main, dans un costume digne des plus grands designers de Paris. Il a pris du galon, notre ami!
Le reste, vous le connaissez si vous avez déjà vu la formation sur scène : pendant que les musiciens jouent avec hargne, Anatole chante, crie, se promène sur scène et sur le parterre, monte sur les haut-parleurs, crache au visage des méchants médias qui l’utilisent pour vendre du papier avec leurs faux scandales (je pense que c’est nous, ça), s’étend lascivement de tout son long, que ce soit sur la scène ou sur le bar, où il susurre des mots doux aux spectatrices qu’il ne se lasse jamais d’impressionner. Évidemment, il s’attaque au clavier d’un de ses musiciens (y’avait-il de la #POUD dessus? J’avais pas le bon angle!) et fait plein de gestes ultra-suggestifs qui en auraient choqué plus d’un si on avait été ailleurs que dans la ville où Anatole a installé son pied-à-terre. Comme on l’aime!
Comme je le disais un peu plus haut, en plus de ses hits, Anatole a profité de son passage pour mettre à l’essai quelques nouveaux morceaux qui semblent indiquer que notre homme n’a pas perdu la touche magique. Comment on dit ça, déjà, « évolution dans la continuité »? Quelque chose du genre.
Le concert s’est terminé par le « C’EST MA TOUNE » de nombreux disciples, soit la toujours dansante Discollins, où Anatole s’est même permis un brin de body surfing. Glorieux. Pour nous récompenser de notre enthousiasme, Anatole est revenu sur scène pour interpréter un autre de ses grands succès, soit Grosse massue, qui n’a rien enlevé à Sledgehammer!
Hologramme
En première partie, la formation Hologramme n’a pas eu de mal à faire bouger les spectateurs présents avec son électro-pop instrumental dansant. Si l’attitude du groupe sur scène est beaucoup plus calme et posée que celle du groupe qu’il précédait, les rythmes, eux, invitaient aux déhanchements et à l’échange de grands sourires. C’est une bonne chose : les gens étaient beaucoup trop occupés à danser pour discuter bruyamment! Faut dire qu’avec des morceaux irrésistibles comme l’explosive Les bohèmes, on ne peut pas faire autrement.
Party réussi! Mais on va devoir se passer du prophète pendant un moment, le temps qu’il renouvelle sa bonne nouvelle…
Mercredi dernier, nous avons repris nos bonnes habitudes et avons pris l’apéro au District Saint-Joseph où recommençaient les Apéros FEQ organisés par le Festival d’été de Québec. On vous rappelle le concept : chaque mercredi, un artiste ou un groupe de la « relève » vient se mettre en vitrine pour avoir la chance de jouer sur une des scènes du Festival d’été.
Cette semaine, la scène locale était au menu : De la Reine est venue présenter les chansons de son mini-album aux juges et aux spectateurs. Le trio (accompagné d’un bassiste pour l’occasion) a passé près d’une heure à jouer les équilibristes sur le fil qui lie l’intensité et la douceur. La douceur, c’est bien sûr Odile Marmet-Rochefort. L’intensité, c’est les baguettes magiques de Jean-Étienne Collin-Marcoux. Entre les deux, les riffs groovy de Vincent Lamontagne.
Si vous aimez la pop bien faite, un brin jazzée, intelligente et sensuelle et que vous avez manqué cette prestation, vous pourrez vous reprendre au Cercle le 26 janvier prochain : De la Reine sera en première partie de Harfang. Le groupe sera également au Zénob (Trois-Rivières) le 27 et à La Petite Boîte Noire (Sherbrooke) le 25 février.
Jeudi dernier, notre squelette dandy préféré lançait son (magnifique) jeu de tarot en offrant un spectacle dans un sous-sol du Cercle survolté et rempli à craquer. Faut dire que de nombreux curieux étaient descendus à l’invitation de Philippe Brach, qui donnait juste avant un concert à guichets fermés dans la grande salle. N’empêche, les curieux étaient de plus en plus minoritaires et l’armée grandissante de fans d’Anatole avait tôt fait de conquérir les meilleures places autour des instruments des groupes.
Tout d’abord, la formation montréalaise Yokofeu a ouvert le bal avec son rock francophone aux accents progressifs et psychédéliques, un son bien à la mode ces temps-ci, mais il y a un petit plus chez ces jeunes hommes fort créatifs, une belle harmonie et un sens de la mélodie qui nous permet de suivre le fil même si les chansons sont plutôt longues. En plus, c’est dansant, voire un brin tribal, probablement ce petit côté post-punk. Francis Rose, charismatique chanteur qui parle peu, mais qui s’exprime énormément par ses pas de danse et l’espèce d’état de transe dans lequel il embarque quand la musique est lancée, mène la barque pendant que ses musiciens (Pierre-David Girard, Maxime Drouin, Gabriel Godbout Castonguay et Félix Petit) lui donnent musicalement tout l’espace nécessaire pour s’exprimer. Prestation extrêmement solide.
Anatole a ensuite enflammé l’enfer dans un concert qu’il a dédié à « son » Prince (après tout, Anatole est le roi de la nouvelle L.A.). Concert de plus en plus rodé, chaque musicien possède son « personnage » (rien de plus drôle que de voir Cédric Martel, d’ordinaire si gentil et souriant, n’avoir d’ami que son amplificateur, pendant que Jean-Étienne Collin-Marcoux tape du drum avec une rage qu’on ne lui connaissait pas – Simon et Jean-Michel semblent mener des messes noires aux claviers) et Alex Martel, de son côté, s’abandonne à la danse lascive. Visiblement en terrain conquis, Anatole se laissait aller, allant même jusqu’à chanter en bobettes à un moment donné (il était fatigué, voyez-vous…). C’est dans ce contexte qu’on a pu apprécier ses chansons, dont Discollins, qui a tout d’un hit assuré. Même assis tranquille à prendre des notes, on se surprend à danser comme s’il n’y avait pas de lendemain. Seul petit bémol : au rappel (bien mérité), Anatole commence à avoir la (mauvaise?) habitude de reprendre des chansons qu’il a jouées pendant le spectacle. Acte de rébellion contre le rappel automatique? Façon de rendre le rappel moins prévisible en jouant toutes les chansons pertinentes pendant le programme principal? Manque de matériel? Quel que soit le cas, ça laisse un peu le critique sur son appétit. Rien contre Discollins, qui a été rejouée (comme L.A./Tu es des nôtres), bien au contraire, mais comme Anatole attire les foules comme le Christ attirait ses fidèles, prêts à voir le même concert à plusieurs reprises, ça commence à faire un peu redondant.
Mais t’sé, quand tout ce que tu trouves à chialer, c’est le fait que le groupe joue deux fois ta chanson préférée…
Ah fait, allez donc signer la pétition pour qu’Anatole chante avec Peter Gabriel au Festival d’été de Québec! Me semble que ça serait un beau moment!
On avait hâte en titi d’entendre le premier album complet de notre pieuvre percussive! Eh ben voilà, Claudia Gagné alias L’Octopus lance son premier album jeudi au Fou-Bar (en 5 à 7).
Question de vous donner l’eau à la bouche, nous avons réussi à obtenir une copie de l’album et après de très dures négociations (du type « Ça te tente-tu? » « Oui! » « Cool! »), Claudia et la gang de Pantoum Records vous offrent la chance de l’écouter avant tout le monde ici même.
Bien sûr, Hugo LeMalt gratte la guitare comme lui seul sait le faire et Daniel Hains-Côté accompagne tout le monde à la batterie. L’album, enregitsré quelque part en Beauce, a été réalisé par Hugo Lebel (Les Goules). Bon, assez parlé, allons maintenant savourer les chansons intimistes de la pieuvre!
Bonne écoute!
Merci à Claudia, à La Palette et à Pantoum Records!
La période d’écoute de l’album est maintenant terminée, mais n’ayez crainte, vous pouvez le faire sur Bandcamp :
C’est après des mois de travail que la gang du Pantoum et leurs invités nous présentaient, hier soir, le disque OPEN HOUSE QC. Cet album se veut un projet permettant de valoriser la scène émergente foisonnante de la ville de Québec. Il regroupe 11 titres d’auteurs-compositeurs locaux réarrangés par BEAT SEXÜ et interprétés par eux ainsi que différents artistes collaborateurs de la ville. Même la pochette, faite main, a été imprimée et assemblée à Québec par Le Coin. Le résultat ? Beaucoup de bonne musique à se mettre dans ses oreilles, certainement quelques découvertes ainsi qu’un gros party pour célébrer tout le travail accompli et la talent de la communauté musicale de Québec. Et un party, c’en a été tout un hier !
Les portes ouvrant à 21h, on a pu tout d’abord prendre une bière et admirer le décor scintillant mis en place par Carol-Anne Charette et Pier-Anne St-Jean. Il faut savoir que BEAT SEXÜ ne fait rien à moitié : boules (avec un S !) disco, paillettes, machine à bulles et autres fantaisies étaient au rendez-vous, sans compter tous les costumes et habits qu’on nous dévoila plus tard. Plusieurs membres du public, eux aussi, s’étaient gâtés sur les paillettes et les guirlandes. Vers 23h, le groupe monte sur scène devant une salle bien remplie, où l’on pouvait retrouver, rassemblée, une bonne partie des collaborateurs du projet et des musiciens de la communauté de Québec. Étaient aussi présents les trippeux de shows, les habitués dont je fais partie, ainsi que quelques nouveaux visages.
Jouant les pièces de l’album les unes après les autres (mais pas dans l’ordre), les musiciens sur scène trouvaient toujours un moyen de renouveler l’énergie et l’enthousiasme ambiant. Dans l’ensemble, on a eu droit à une prestation très réussie sur le plan technique et qui faisait sentir la belle complicité présente entre les artistes. En effet, sans que ce soit nécessairement les mêmes que sur l’album, le groupe a invité sur scène des artistes différents pour chaque chanson ou presque, de sorte qu’un bon roulement se faisait et apportait toujours quelque chose de nouveau. La musique en tant que telle, imprégnée du caractère suave, festif, disco-pop de BEAT SEXÜ, variait pour adopter des styles et des ambiances différentes selon les interprètes et auteurs-compositeurs des pièces. Peu importe ce qu’on peut penser de la musique populaire, il faut savoir que celle qu’on nous a présentée hier soir se démarquait tout d’abord par sa créativité et par le talent qu’elle mettait de l’avant.
Nommer tous les collaborateurs et tous les bons coups de la soirée serait interminable. Il faut cependant souligner quelques moments forts. On a aimé les performances de nos showmen locaux que sont Brun Citron et le fameux alter ego d’Alexandre Martel : Anatole. Ce dernier s’est d’ailleurs promené dans la foule en chantant Le reste du temps, aussi déstabilisant qu’à son habitude, puis a été à l’origine d’une des (nombreuses) crises cardiaques potentielles de l’agent de sécurité, puisqu’en s’allumant une cigarette il a été suivi par un certain nombre de musiciens et de spectateurs. Côté performance musicale des interprètes invités, on peut souligner le solo de guitare de Hugo LeMalt sur Trasher le dancefloor, l’interaction du rappeur Webster avec le public sur X-Girlfriend, l’intensité et le style de Jane Ehrhardt quand elle a interprété sa propre pièce ainsi que la finale ornementée d’Odile Marmet-Rochefort sur celle de son homonyme Odile DuPont. Tout ça sans compter le house band du Pantoum, BEAT SEXÜ, qui s’est donné toute la soirée.
Il ne faut pas non plus passer à côté du clou du spectacle, lorsque Gab Paquet a fait son apparition, accompagné d’applaudissements tonitruants. Le public, fêtard, gonflé à bloc, avait gardé le plus gros de son énergie pour cette finale. Amorcée tout en douceur (sur un fond peut être trop bruyant, mais qui s’est vite calmé à coup de chut), Papa, maman, bébé, amour a explosé ensuite tout d’un coup avec l’énergie que seul BEAT SEXÜ sait dégager. Gab Paquet s’est en outre laissé porté par une confiance aveugle envers le public lors de sa prestation et a fait un bodysurfing aussi inattendu qu’inspirant. Après lui, notre collègue Simon Provencher s’est lui aussi gâté en la matière, au grand déplaisir du gardien de sécurité, qui en était déjà à sa crise cardiaque no.2. La troisième suivit de près, puisqu’après cette performance intense (on nous a même lancé des paillettes !), c’est BEAT SEXÜ qui est revenu en force au rappel pour présenter deux de ses titres originaux. La force des choses étant ce qu’elle était à cet apogée du fun, les danseurs de la foule se sont retrouvés par dizaines sur scène, dans une apothéose de musique festive.
En somme, ce fût une excellente soirée, qui entre facilement dans la catégorie des meilleurs spectacles que j’ai vus à vie. Et c’est arrivé grâce à l’énergie et au talent d’artistes d’ici, ce qui est encore plus beau. Afin d’en savoir plus sur ce projet et ses nombreux collaborateurs, je vous invite à consulter leur bandcamp et à écouter, à partager leur musique. Comme l’ont dit dans un discours émouvant Jean-Étienne Collin Marcoux et Jean-Michel Letendre-Veilleux, principaux organisateurs du projet, il faut célébrer et partager la richesse de la Ville de Québec, parce qu’on a la chance d’avoir une scène locale éblouissante, et qu’on l’oublie trop souvent.