J’écoutais Sorcière, la première pièce de l’album d’EL MOTOR, intitulé Le monstre, qui est déjà dans les bacs des disquaires depuis quelques semaines. Ça commence avec des riffs accrocheurs, puis tout à coup, j’entends une voix qui ne m’est pas étrangère qui demande « pourquoi as-tu une poupée vaudou de Filo sur ton frigo ». Puis cette mélodie… j’ai déjà entendu quelque chose du genre… encore un de ces groupes archi-référentiels qui pastichent tout ce qu’ils écoutent, me dis-je.
Je commence à lire la bio du groupe. Deux noms me rappellent quelque chose. Pierre-Alexandre Bouchard et Frédéric Boivin. Voyons, j’ai déjà vu ça quelque part…
Parenthèse : pendant une longue période, soit entre 2002 et 2008 environ, j’ai été totalement à l’extérieur du circuit musical. Bien sûr, j’écoutais quelques nouveautés de temps en temps, mais j’étais juste bien heureux avec tout le matériel accumulé pendant ma période radio étudiante. Je n’ai donc pas entendu ce premier EP d’EL MOTOR (dont on dit pourtant le plus grand bien). Et comme je suis un peu loin de la scène montréalaise (question de distance), je n’ai pas vu le groupe en spectacle. Fin de la parenthèse.
… quand j’ai lu qu’ils avaient fait partie de la formation Trémolo, qui a beaucoup tourné à CHYZ lorsque j’y sévissais.
OK, on est donc en terrain connu et ce que je croyais être des références, ben c’était Bouchard, Boivin et leurs comparses être eux-mêmes.
Je disais donc que j’écoutais Sorcière, qui ouvre Le monstre, le nouvel album d’EL MOTOR. Riffs accrocheurs, mélodie entraînante, beaucoup de répétitions dans les paroles, touche subtile de claviers. Si c’est votre genre de musique (c’est le mien), vous allez apprécier la première partie de l’album. Ça joue dans ces eaux-là pas mal tout le long du côté A.
Autre parenthèse : C’est drôle, cette nouvelle mode de faire des albums qui semblent destinés au vinyle, avec deux parties distinctes bien coupées au milieu. Nevsky avait fait la même chose! Fin de la parenthèse.
À l’époque de Trémolo, j’avais un faible pour les textes de Bouchard, même s’ils étaient un peu naïfs. J’aurais peut-être dû écouter le premier EP d’EL MOTOR avant de préparer ma critique, question d’avoir quelques repères de plus dans l’évolution de l’écriture du chanteur. Il n’en demeure pas moins que la poésie qui me plaisait tant à l’époque est toujours présente, même qu’elle sert mieux la musique que jamais (je sais, je sais, ça devrait être l’inverse, mais bon, on est déjà à mille lieues des paroles ultra naïves d’un Julien Mineau).
Il est donc un peu ironique que la meilleure chanson de l’album soit la psychédélique et enivrante Avec le monstre, un bijou instrumental de six minutes qui raconte, sans paroles, une histoire fantastique à quiconque ferme les yeux et se laisse emporter. Voyage garanti, substances illicites pas nécessaires.
Avec le monstre marque un point tournant vers une pop plus psychédélique qui se poursuivra pendant la deuxième moitié de l’album. Saint-Boniface semble avoir été écrite en Angleterre en 1968, Le funiculaire est riche en pianos et en harmonies et Perte totale possède une belle énergie et des guitares qui rockent et Nos territoires ferme la marche tout en douceur, même si on a une montée soudaine d’intensité au milieu de la pièce.
Non, Le monstre ne réinvente rien, et franchement, c’est bien tant mieux. Je ne crois pas que c’était la prétention d’EL MOTOR, qui cherche plutôt à nous convaincre de sa capacité à livrer des pièces simples, mais efficaces. Riches, mais accessibles. Des chansons qui bougent, mais qui rendront pas votre voisin agressif. Quand on sait qu’ils ont jeté aux poubelles une première version de cet album, c’est peut-être une bonne chose, finalement.
Surtout, Le monstre, c’est un album qui sent le live. Tant mieux, parce que l’ampli au max avec quelques autres fans, ça va rocker pour vrai. Vivement la tournée.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=zZfDOUF39Ws&w=480]
Site Web du groupe : http://elmotor.ca
Ma note :