AVANT-GARDE : Mouvement, groupe littéraire, artistique qui est à la tête des innovations, des progrès et qui souvent rompt avec le passé.
Préface
Juin 1967. Les Beatles révolutionnent l’industrie du disque avec la sortie de leur album concept Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Le disque compte aussi nombre d’innovations techniques qui influencent encore les sonorités de groupes actuels. Septembre 1969. Abbey Road et sa célèbre pochette. Sur le disque, on entend Georges Harrison au Moog, un synthétiseur qu’il contribue à populariser. Derrière le groupe mythique, les admirateurs passionnés qui les ont portés et qui leur ont permis de marquer l’histoire. Sans parler de King Crimson, Van der Graaf Generator, Genesis, Harmonium… 1969, 1967, 1967, 1972… Le bon vieux temps, quoi ?
J’ai un secret pour vous. Vous qui êtes passionnés par l’avant-garde d’avant. Il y a encore une avant-garde aujourd’hui, des musiciens impressionnants, des moments magiques où la musique se décloisonne pour trouver un nouveau chemin. C’est ce que le Pantoum a voulu démontrer samedi dernier en présentant une programmation audacieuse pour l’ouverture de sa sixième saison de spectacles. Alors, cessons de nous apitoyer sur la fin d’une époque et prêtons l’oreille à celle qui commence.
Devant nous, un homme et ses machines : des amplis entassés près d’une table où l’on retrouve nombre de molettes dont le fonctionnement m’échappe. Jeux complexes de retour de feedback. De cet hybride s’échappe une grappe de sonorités aux couleurs d’une violente vivacité. Les basses obscures jurent avec les fréquences aigües et suraigües qui écorchent l’oreille par leur brillance.
Drone, électro, atmosphérique…appelez ça comme vous voulez. C’est surtout une expérience éprouvante, bouleversante, aux confins de la musique. On cherche à s’accrocher au rythme qui se dessine puis qui envoûte par sa pulsation. On se perd dans la forêt de sons qui ne se suivent pas. Le chanteur de SUUNS réussit ici encore, en projet solo, à faire sortir de la musique une force brute, magnétique comme le regard d’un serpent.
CHIENVOLER
Après avoir pris une grande bouffée d’air frais dehors, on est prêts pour CHIENVOLER. Ça promet : ils ont tellement d’instruments que la scène déborde dans la moitié de la salle. Les six musiciens s’installent et l’aventure commence…Ce qui suit est indescriptible.
Le groupe semble n’avoir qu’un seul corps – comme une hydre à six têtes et je ne sais combien de bras qui explorent les subtilités d’une même rythmique interne. Les influences qui ressortent du mélange sont aussi diverses que les instruments utilisés (saxophones, clarinette basse, bağlama, synthés – pour ne nommer que ceux-là). C’est plus que du prog, c’est une musique de chimère.
Le Moog (salut Georges Harrison) rappelait le «bon vieux temps» ; le saz faisait voyager au Moyen-Orient ; les mélodies éclatées aux bois faisaient écho aux soli endiablés de Charlie Parker ; un bref épisode a capella, clin d’œil au flamenco ; les rythmes élaborés faisaient honneur à Igor Stravinski. Et ce ne sont que quelques facettes de cet énorme polyèdre qu’il nous a été donné d’entendre.
Le groupe a terminé avec une grande finale bien psychédélique qui nous a amenés au comble de l’extase. Heureux sont ceux qui ont pu assister à la chose, car apparemment les membres du groupe ne peuvent se réunir que rarement. Chapeau bas à Jérémi Roy (Esmerine, Bellflower), Félix Petit (FELP, Oblique, Yokofeu, Bellflower), Gabriel Godbout-Castonguay (Yokofeu), William Côté (Bellflower), Martin Rodriguez (Cabezón) et Alex Dodier (Shpik, Bellflower).
Recevoir le projet de Radwan Ghazi Moumneh dans les murs du Pantoum était une sorte de fantasme pour ses deux cofondateurs, Jean-Étienne et Jean-Michel. Accompagné par le projectionniste et cinéaste Charles-André Coderre, le musicien d’origine libanaise nous a présenté un univers où les instruments (en l’occurence le Buzuk) et les techniques vocales arabes rencontrent les synthétiseurs et l’esthétique électronique.
Les spectateurs sont restés captivés du début à la fin. Une expérience enveloppante, intense. Les mélodies élaborées du musicien avaient pour nous occidentaux une dimension presque mystique, qui était amplifiée par les effets sonores. Les projections ne faisaient que nous plonger davantage dans cet univers singulier. Tirées de cinq machines vintage (16mm) et de bobines maniées à la main, elles présentaient des images filmées et développées par Coderre. Même l’air chaud qui sortait des ventilateurs – on fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on a – nous transportait dans un ailleurs éloigné.
Un des meilleurs spectacles du Pantoum
Le pari de l’audace était risqué. De leur côté, les organisateurs ainsi que les musiciens ont assuré : le spectacle était éclaté, de haut calibre et l’ambiance, agréable. Le public, celui qui a fait l’effort de se déplacer pour découvrir (ouf, c’est difficile !), en a vu de toutes les couleurs. Et les absents ? Vous connaissez le proverbe.
Oppressante, métissée ou éclectique, la musique qu’on a goûtée tenait certainement de l’avant-garde. Eh oui, il y a une avant-garde d’aujourd’hui. Une musique de demain. Mais y aura-t-il assez d’oreilles pour l’entendre ? Assez de bras pour la porter vers les sommets de l’histoire ?
Je dois vous confesser ceci… (Presque) jeune Mauricien, je n’ai jamais eu l’occasion d’aller encore au Cercle de Québec. Je le sais, quand on collabore à ecoutedonc.ca, c’est un crime de lèse-majesté. Il a donc fallu donc un événement spécial pour enfin régler ce problème: un spectacle de Pierre Kwenders.
La salle de spectacle est construite d’une manière que je trouve plutôt brillante; davantage en largeur pour cadrer aux dimensions de la scène. Ainsi, lorsqu’on se retrouve au centre, on a vraiment l’impression que notre vue est complètement immergée dans la prestation. Concernant le spectacle dont le présent article fait l’objet, cet aspect géométrique change complètement la manière de vivre notre soirée. Ce n’est pas pour rien que l’endroit s’appelle Le Cercle – Lab vivant.
Après ce moment d’émerveillement, un empereur arrive sur scène… Pas nécessairement celui des Bantous, mais celui qui décide du commencement et de la finalité du temps et de l’espace. En trois ans, le personnage scénique de Kwenders a évolué, et pour le mieux. Autant il y a trois ans il était une bête de scène initiant un gros party, autant, en 2017, quelque chose de magique se produit: Le temps était en effet suspendu et l’espace avait été avalé par un univers musical non seulement original et intéressant, mais par un raz-de-marée de plaisir, de professionnalisme, d’émotions et de jambes incapables de ne pas bouger, même pour les moins déliés d’entre nous.
L’auteur-compositeur-interprète a commencé sa prestation avec la pièce WTFU. En entendant les notes, on est supris par la pureté du son de la guitare de Vincent Duhaime Perreault (qui, paraît-il, accompagne Kwenders que depuis deux semaines, à mon grand étonnement) et de la basse d’Olivier Pépin. J’avais quasiment l’impression d’entendre des notes comme s’ils ne sortaient pas d’une console de son, mais plutôt tout droit sorties des cordes, comme si on était juste en face.
De son côté, la batterie et les percussions électroniques de Philippe Bilodeau apportent des rythmes enlevants et encore plus entraînants qu’en studio. Notons également les consoles électroniques de Pépin qui rendent possibles des effets renforçant l’ambiance ensorcelante. Par exemple, l’assistance a pu entendre des effets de voix qu’on retrouvent sur le dernier album de Kwenders, Makanda – At the End of Space, the Beggining of Time, comme des échos ou de la superposition.
L’éclairage, très travaillé, contribue également à rendre la soirée magique. Qu’il soit plutôt tamisé pour créer un effet d’intimité pour Rendez-vous ou cinématographique (l’usage de la fumée et des jeux de lumières sont vraiment loin de donner un résultat «quétaine» ou forcé), cet aspect du spectacle, combiné à la vue en largeur, démontre un souci du détail dont certains vétérans devraient prendre note.
Les chansons, quant à elles, se retrouvent habillées d’une attention particulière dans leur version en spectacle. L’exemple le plus frappant est la dernière présentée: Woods of Solutide. Si en studio on plane, sur scène, on se promène dans le Sahara avec une version blues désertique évoquant Tinariwen.
Cette soirée va sans doute s’inscrire dans le top 5 des meilleurs spectacles que j’ai vu ces cinq dernières années…
À Québec, il n’y a pas plus gros événement après le Festival d’été et Envol et Macadam que le Show de la rentrée de l’Université Laval organisé par la CADEUL. Chaque année, la population estudiantine (et les mélomanes de Québec) envahit les diverses scènes du pavillon Alphonse-Desjardins pour acclamer de nombreux groupes d’ici dans une variété de styles. L’affiche de l’édition 2017 était plutôt alléchante, présentant entre autres The Franklin Electric, Chocolat et Koriass… et plusieurs autres!
Sans plus tarder, voici notre compte rendu de la soirée.
Jérome Casabon – Pub universitaire
Jérome Casabon et ses trois acolytes se sont occupés de mettre l’ambiance sur la terrasse du pub universitaire en début de soirée. Le musicien a poussé ses chansonnettes avec énergie et enthousiasme, et ce malgré la timidité du public. On a aimé réentendre des classiques tirés de son projet précédent (Casabon) tels que en bas dans rue ou encore hamac, mais aussi découvrir quelques titres de Pas pire content, son dernier album paru en mars dernier. Anciennes comme nouvelles pièces ont un caractère très entraînant et s’accompagnent de paroles calembouresques relatant les évènements improbables d’un quotidien. (Marie-Ève Fortier)
Bleu Jeans Bleu – Pub universitaire
C’est à 20 h (O.K., 20 h 10) que la joyeuse bande de Claude Cobra a investi la terrasse du Pub Universitaire. En grande forme, les gars de Bleu Jeans Bleu ont interprété toutes les pièces de leurs deux albums, Haute Couture (Gold) et Franchement Wow. Le public a eu droit à de solides interprétations des plus grands succès radiophoniques du groupe (Vulnérable comme un bébé chat, Cashmere, J’te gâte all dressed et Fifth wheel), ainsi qu’à un avant-goût de leur prochain opus. La bonne humeur était contagieuse, entretenue par les anecdotes et les questions loufoques adressées aux étudiants entre chaque chanson. Le groupe s’est offert quelques clins-d’œil empruntés à des classiques par des solos des plus endiablés. L’hilarant spectacle a également été ponctué de moments tendres, tels que l’interprétation de C’est en Speedboat que je t’aime et Épile-moi le dos, lesquelles furent dédiées aux vieux couples formés pendant les premiers jours de la session. À la fin de la prestation, j’avais mal aux joues à force d’avoir trop souri. (Jean-Philippe Grenier)
Helena Deland – Grand Salon
La dernière fois que nous avons vu, la température n’était pas du côté d’Helena Deland. J’ai retrouvé l’auteur-compositrice-interprête au Grand Salon. En grande forme, avec ses acolytes Alexandre, Cédric et Marc-Antoine, elle m’a rapidement charmée par sa bonne humeur contagieuse. À la fois, plus douce dans des moments comme Baby ou encore plus rock avec Aix, je ne savais pas à quoi m’attendre en entrant dans le Grand Salon. Helena nous a réservée plusieurs nouvelles chansons à paraître prochainement sur un album et s’amusait réellement sur scène. La native de Québec a repris avec sa touche rock la chanson Dreams (originalement de Fleetwood Mac). Un énorme coup de coeur pour A Stone is a Stone jouée durant cette performance qui me donne hâte à la suite. (Marie-Ève Duchesne)
Zagata – Atrium
Tiens, entre le folk-pop tendre d’Helena Deland et le gros rock abrasif de Victime, il y a la pop vitaminée de Zagata. On va en profiter pour tendre l’oreille quelques minutes (pas plus, j’étais quand même un peu à la course). Jesse Proteau et sa bande ne réinventent peut-être pas la roue, ce n’est pas du gros folk introspectif, mais pour se déhancher dans un contexte festif, difficile de faire mieux, même si certains morceaux sont un peu plus sombres et méritent pleinement une oreille attentive. En plus des chansons qu’on a entendues à quelques reprises (en anglais), Zagata a proposé quelques nouveaux morceaux en français (yeah!). Citons Marie-Ève Fortier à propos de la « genre quatrième toune » (désolé Jesse, on ne connaît pas encore les titres par coeur) : « Ca allait jouer avec les profondeurs sombres de mon âme en me chatouilant les années 80! » Le genre de prestation qu’on était bien content de rattraper en sortant de l’Amphithéâtre HQ! (Jacques Boivin)
Victime – Salle Hydro-Québec
Le trio de Victime a lancé la soirée en grand sur la scène CHYZ avec son dance-punk déjanté. Dans la même lignée que Suuns, le groupe semble déconstruire la musique et lui donner une gueule brute. Résultat : une masse violente d’énergie presque pure qui sort des motifs rythmiques répétés de la basse, des rythmes de batterie élaborés et des effets discordants de la guitare.
La chanteuse, Laurence Gauthier-Brown, surprend par la diversité de ses intonations alors qu’elle crie, murmure, s’exclâme – tout ça en français, s’il vous plait. «Mais je vous jure que ça se danse», assure-t-elle d’ailleurs au public juste avant la fin. Et elle a raison, même si le public s’est montré un peu trop timide pour le prouver. (Marie-Ève Fortier)
Bellflower – Grand Salon
Le groupe Bellflower continuait la soirée avec indie-pop riche en textures a rapidement accroché mes oreilles. La chanteuse, Em Pompa, m’a surprise par le nombre d’instruments qu’elle jouait. Il a fallu de deux chansons pour embarquer la foule et la faire danser. Accompagnée par huit autres musiciens, l’énergie qu’ils dégageaient, nous soulevait et nous imprégnait. Impressionnant, le trio d’instruments à vents (trompettes, saxophones et flûte traversière) ponctuait joliment les chansons à grande intensité. Le groupe montréalais en a profité pour faire plusieurs chansons de son EP The Season Spell comme Cryin’ Shame et Strangers. En somme, une autre belle découverte musicale. (Marie-Ève Duchesne)
The Blaze Velluto Collection – Salle Hydro-Québec
C’était au tour de The Blaze Velluto Collection de prendre le relais. Les six musiciens ont tôt eu fait de m’impressionner par la versatilité de leur musique. Bien campé dans la vibe qu’il devait y avoir à Woodstock en 1969, le groupe de Québec a d’abord présenté des pièces qui flirtaient avec un country enjoué et dansant. On a ensuite glissé vers un rock et un folk digne des Dylan de ce monde, puis quelques pièces ont même revêtu leur plus bel habit progressif et psychédélique.
La diversité des pièces était bien rendue par l’exécution des musiciens, que ce soit en matière de choristes, de flûte traversière, de congas ou d’instruments plus traditionnels. L’énergie du groupe a tôt fait de se communiquer aux premières rangées, qui semblaient déjà connaître plusieurs titres, tirés pour la plupart de Weatherman, leur long-jeu paru en mars dernier. (Marie-Ève Fortier)
The Franklin Electric – Grand Salon
Considérant la quantité de spectacles se déroulant en même temps, il est rare qu’un groupe fait salle comble lors du Show de la Rentrée. Ce sera donc mission accomplie pour The Franklin Electric, qui aura testé la capacité maximale du Grand Salon, forçant même quelques retardataires à rebrousser chemin. C’est sur la barre des 23 heures que les quatre musiciens se sont lancés sur scène, où le chanteur Jon Matte y a entonné ses refrains pop qui ont fait vibrer le Grand Salon du début à la fin de la prestation. Aucune différence à faire entre les pièces de premier et du plus récent opus paru, tout le monde y était et battait le rythme en chantant tels des hymnes les refrains d’Unsatisfied, Old Piano ou encore Someone Just Like You. S’il fallait forcer pour trouver un point négatif (tiens, faisons-donc l’exercice) : quelques adaptations live ou quelques jams lors du spectacle auraient été fort appréciés, qui a semblé sonner en tout point comme les albums. (Anthony Fournier)
Mauves – Salle Hydro-Québec
Les vilains garnements originaires de Limoilou précédaient d’autres vilains garnements (Chocolat) et ils n’allaient pas s’en laisser imposer! Offrant, comme d’habitude, une prestation énergique, le quatuor s’est laissé aller comme si la vie de chacun des membres en dépendait. On n’a pas pu rester jusqu’à la fin (question d’attraper quelques minutes de Koriass avant d’aller se coucher… on n’a plus vingt ans), mais on a eu le temps d’apprécier les quelques chansons très Coco qu’on a entendues, dont l’échevelée J’ai tout essayé et la beatlesque Nouvelle-Calédonie. Ce n’est que partie remise, parce qu’un show de Mauves, ça te recrinque le squelette! (Jacques Boivin)
Koriass – Atrium
La scène hip-hop fait très bonne mine au Québec par les temps qui courent, et le Show de la Rentrée utilise le populaire créneau musical de grande façon pour remplir ses salles (peut-on leur en vouloir ?). C’est un Koriass early bird qui s’est présenté sur scène, devant une scène gonflée à bloc par la prestation précédente de Brown, qui a toutefois quitté la scène 20 minutes plus tôt que prévu. Problème pour Koriass ? Absolument pas. Le rappeur, aussi co-porte-parole de campagne Sans oui, c’est non! a sauté sur scène avec l’appétit du loup pour lancer succès par-dessus succès de son large catalogue musical, accompagné par un house band qui peinait à se faire remarquer (outre le batteur, qui peinait à tenir la cadence) derrière toute la place que prenait Koriass, occupé à donner une leçon de théâtre à n’importe qui voulant apprendre comment utiliser l’espace de scène. Bodysurfing, public sur scène, refrain résonnant dans l’atrium, tout y était pour la tête d’affiche du Show de la Rentrée. (Anthony Fournier)
Malheureusement, nous n’avons pas eu la chance d’assister aux prestations de Brown (trop pris à courir partout pour prendre des photos) et de Chocolat (il se faisait tard… on se reprendra dans quelques jours à Agrirock… où on ne donne pas cher de ce qui restera du Zaricot après leur passage). Somme toute, nous en avions assez vu pour constater à quel point les jeunes universitaires sont de party, même lorsque la musique est plus tranquille. On aurait peut-être apprécié que le monde lâche son hamburger pendant la prestation du pauvre Jérome Casabon, qui jouait sur une terrasse pleine, mais devant un parterre composé de vos humbles serviteurs… Heureusement que certaines personnes sont venues danser en ligne à la fin de la prestation!
À l’an prochain, même si à chaque année, on se dit qu’on est too old for that shit!
Pour sa deuxième édition, Saint-Roch Expérience a convié les foodies et les mélomanes de Québec sur la très chic rue Saint-Joseph pour une journée 100 % locale. C’est ainsi que nous avons pu assister toute la journée à de nombreuses prestations d’artistes de la région de Québec. Si le lecteur habitué d’ecoutedonc.ca connaît très probablement tous ces artistes, le grand public, lui, a fait un grand nombre de découvertes, parfois dans des lieux inusités…
On vous avertit tout de suite : malheureusement, nous n’avons pas pu voir tout le monde étant donné nos effectifs réduits (si jamais ça vous tente de joindre notre équipe…).
15 h : Anatole – EXOSHOP
Quoi de mieux pour lancer les festivités que notre squelette dandy le mieux habillé de Québec? Et quoi de mieux d’un magasin spécialisé dans la culture skate pour faire découvrir le phénomène Anatole? Dès le départ, les curieux étaient très nombreux… et il y avait beaucoup d’enfants, qui semblaient beaucoup apprécier le coloré personnage (qui leur a décoché quelques sourires et clins d’oeil complices). Alexandre Martel (qui incarne le personnage d’Anatole) avait une grosse journée devant lui (en plus de ses trois prestations, il accompagnait Joey Proteau dans Ego Death et il jouait au gros jam session de fin de soirée), mais ça ne l’aura pas empêché de se donner à fond dans sa synth-pop venue tout droit de la Nouvelle L.A. (Jacques Boivin)
15 h 30 : Gab Paquet – Place FRESK
On va passer rapidement vu que Louis-Solem l’a également vu au District Saint-Joseph, mais bon Dieu qu’il y avait du monde pour la prestation de Gab Paquet à la place FRESK! Encore une fois, de nombreux curieux, mais on a pu reconnaître un très grand nombre de fans du chanteur à la chevelure charmante! Et bien entendu, Gab a donné une prestation époustouflante dans ce qui était un terrain de jeu sur mesure pour lui. Toujours bien épaulé par des musiciens de feu, Paquet s’est servi de tout ce qui lui tombait sous le pied pour sauter, faire des pirouettes et se faire aller les cheveux au vent (qui était plutôt présent), de quoi donner à la nombreuse foule présente d’aussi nombreuses raisons de sourire à pleines dents. (Jacques Boivin)
16 h 30 : Laurence Castera – L’Intermarché
Saint-Roch Expérience a fait sourciller plus d’une personne avec ses lieux insolites pour les prestations. Une de ces idées farfelues, qui comportait quelques défis techniques, en a cependant valu la peine. L’Intermarché a accueilli Laurence Castera et Pierre-Olivier Fortin. Entre les salades préparées, les gâteaux faits maison et d’une ambiance feutrée à base de guitare et de batterie, le tout s’est bien agencé aux chansons de Castera. L’auteur-compositeur-interprète en a profité pour chanter quelques chansons de son album Le Bruit des mots, comme J’te mentirais, En attendant une pièce marquée d’espoir, tout à fait à propos. Quelques personnes semblaient légèrement déstabilisées, mais cet endroit a permis à plusieurs de faire de belles découvertes musicales. Vertige a terminé l’ensemble de chansons, par une participation de la foule. En somme, un excellent moment en bonne compagnie qui nous a ouvert l’appétit pour d’autres prestations. (Marie-Ève Duchesne)
17 h : Anatole – Coyote Records
Revêtu de sa robe turquoise et de son foulard rose, le grand Anatole nous accueillait dans les bureaux de Coyote Records. La diva du rock sexü a encore une fois prouvé qu’elle est authentique et sait livrer un spectacle marquant. Lors de la très excellente chanson Le grand sommeil, Anatole s’est levé sur le comptoir de Coyote pour ensuite s’y coucher comme sur un piano à queue. Quelques personnes ont été un peu déstabilisés par le caractère provoquant du personnage, alors que les habitués regardaient d’un œil amusé les curieux à ce spectacle haut en couleurs. Il livre vraiment un spectacle de musique-performance où les moments théâtraux prennent une place importante dans la mise en scène. Anatole en spectacle, c’est une expérience typique de St-Roch. (Louis-Solem Pérot)
17h30 : Harfang – Place FRESK
Sous une forme épurée avec une contrebasse et une batterie minimaliste, le groupe de Québec Harfang a joué au coeur de la ville, devant la tour FRESK. L’ambiance était familiale. Malgré un vent qui semblait refroidir les spectateurs – mais pas Harfang – les cinq musiciens ont réussi à braver la température et le vent qui se levait. Ils nous ont réservé tout un spectacle basé sur les plus récentes pièces de l’album Laugh Away the Sun, comme Lighthouse, As You Sing et aussi une très jolie reprise de 8 (circle) de Bon Iver. Les mélodies du groupe ont réussi leur pari : nous réchauffer nos coeurs en attendant d’aller voir d’autres concerts. (Marie-Ève Duchesne)
17 h 30 : Gab Paquet – District Saint-Joseph
Le grand Gab a encore une fois démontré qu’il est le roi. St-Roch Expérience permet aux artistes de rejoindre un public qui n’auraient pas eu la chance de les voir. Gab Paquet a certainement beaucoup profité de cette vitrine, car on entendait beaucoup de réactions de surprise en découvrant son personnage de chanteur de charme. Comme on l’a vu à son spectacle avant Michel Louvain, il sait toujours faire lever les foules, même les plus sceptiques. La scène du District était très étroite, Gab était un peu limité dans ses mouvements, mais les obstacles physiques ne l’ont pas empêché de sauter lors de Coach de Vie ou bien de faire bouger ses fesses pour Diamant. Bien entendu, c’était la folie pour Papa, Maman, Bébé, Amour et Consommations alors que plusieurs fans chantaient allègrement sous le regard amusé des passants les paroles absurdes et rassembleuses de Gab Paquet. C’est toujours un grand moment avec Gab. (Louis-Solem Pérot)
18 h 30 : Val Thomas – L’Intermarché
St-Roch Expérience a visé juste en plaçant une scène à l’Intermarché. L’idée était originale et les artistes ont embarqué à fond dans le concept. Val Thomas était accompagnée par le fidèle Kenton Mail muni d’un snare et d’une ride qui a réussi à très bien faire sonner son petit kit malgré tout. Vincent Lamontagne était à la guitare acoustique et (surprise) Isabelle Cormier était au violon et aux harmonies vocales pour ce spectacle charmant. Ayant vu Val Thomas à deux reprises dans le passé, je dois dire que sa voix se marie très bien avec celle d’Isabelle et le violon vient apporter un côté un peu plus Americana, vieux folk que la guitare électrique d’Alexandre Pomerleau. Cette artiste s’est fait beaucoup remarquer cette année entre autre parce qu’elle livre toujours une prestation impeccable et qu’elle rayonne de bonheur lorsqu’elle joue. C’est toujours un très beau moment passé en sa compagnie, on a hâte de voir la suite pour elle. (Louis-Solem Pérot)
19 h : Harfang – L’Ampli de Québec
La scène de l’Ampli était vraiment bien. C’était une des plus grandes scènes des concerts de la journée et l’endroit étant bien configuré, tout le monde pouvait bien voir. Par contre, la salle a eu des soucis techniques tout au long du spectacle, un des haut parleurs ne fonctionnant pas très bien, il altérait un peu la qualité du son du spectacle. Sinon, le groupe a été impeccable. Cette pop bien réfléchie et complexe demande précision et cohésion, Harfang regroupe très bien ces deux éléments. Ils ont surtout fait des chansons de leur plus récent album que plusieurs chantaient en chœur, même s’il est difficile de se rendre aux notes aiguës que Samuel Wagner va chercher. Bravo à la formation pour leur rigueur et leur prestation impeccable. (Louis-Solem Pérot)
19 h 30 : The Seasons – Devant le District Saint-Joseph
Bien joué St-Roch Expérience, bien joué. Faire jouer The Seasons dehors sur St-Joseph en début de soirée alors qu’il fait beau donne un spectacle énergique où la foule volumineuse incite les artistes à en donner plus. C’était les artistes les plus grand public de la journée et plusieurs se bousculaient pour voir un peu Hubert qui a très vite retiré son haut pour le plus grand plaisir de ces dames, et peut-être messieurs aussi, s’ils en ont envie. Les gars sont coulés dans le rock 60’s bien dansant qui déménage. Ils en ont fait chanter et danser plusieurs avec leurs gros succès. «Aaaahhh, c’est eux qui ont fait cette chanson là!» est sûrement la phrase la plus entendue à un spectacle des Seasons. Tout le monde connaît leurs chansons sans vraiment le savoir. Ils ont donné un très bon spectacle, on a juste plus hâte de les voir ce soir à l’Impérial. (Louis-Solem Pérot)
20 h : Laura Lefevbre – L’Intermarché
Après le rock mouvementé, on a eu besoin de se reposer le tympan avec Laura Lefebvre qui nous proposait une formule bien spéciale. Elle était en duo avec Joey Proteau (Ego Death) et ils ont décidé de monter un spectacle de reprises de chansons des années 50 et 60 pour le plus grand bonheur de son public. Laura ne semblait pas réaliser ce qu’il se passait autour d’elle : « J’étais certaine qu’on allait être une musique d’ambiance pendant que le monde faisait leur épicerie, je m’attendais pas à avoir un public attentif, merci! » Nous avions affaire à deux superbes chanteurs, leurs voix se mariant très bien. On a même pu entendre deux compositions originales de Laura bien accrocheuses. Cette musique est vraie, cette musique est belle et sincère. Nous avons passé un super beau moment et surveillez ses apparitions, nous passons toujours un très bon moment. (Louis-Solem Pérot)
20 h : Val Thomas – Brasserie Artisanale La Korrigane
Au même moment, se déroulait le concert de Val Thomas. L’endroit, qui reçoit déjà des groupes pour ses soirées à micro ouvert, semblait un peu à l’étroit pour quatre musiciens. Cependant, c’est toujours un plaisir de voir Val Thomas avec sa pop aux accents folk. Sa présence sur scène a bien été reçue par son auditoire. Avec ses musiciens Kenton Mail (batterie), Guillaume Sirois (basse) et Alexandre Pomerleau (guitare), ils formaient un tout et avaient une chimie parfaite entre eux. Toujours un coup de coeur pour la pièce Maze, que je ne me lasse pas d’entendre. (Marie-Ève Duchesne)
21 h : «Jam session» Talents d’ici – Impérial Bell
Saint-Roch Expérience a fait preuve d’audace en programmant plusieurs concerts dans des lieux inusités. Pour célébrer le talent local (et il y en avait sur cette scène!), ils ont su mettre ensemble la crème de la crème dans un Impérial Bell qui n’a pas tardé à afficher complet (on a même dû ouvrir le balcon). Pour cette fin de journée, on a mis de l’avant l’esprit de famille et la grande complicité entre les artistes qui règne à Québec.
Caravane nous a décoiffé avec son rock en français, qui allait dans tous les sens. Le quatuor avec le chanteur Dominic Pelletier a su réveiller la foule. Puis c’était au tour de Pascale Picard de nous accueillir dans son monde avec Haunted Spaces. Elle a enchaîné avec Gate 22, qui a été chantée avec la foule. Le groupe The Seasons a ensuite partagé la scène avec elle pour faire un duo, tout en énergie et en rock des années 60′. Hubert en a profité pour faire plusieurs bains de foule et pour faire plusieurs covers. Anatole est monté sur scène pour un duo sur You Get What You Give. Tout en sensualité avec son ensemble jaune ocre, la foule semblait apprécier. Le temps de trois chansons, nous étions dans l’univers pour L.A / Tu es des nôtres. En se déhanchant, il a aussi séduit des gens à travers la foule.
Gabrielle Shonk nous a ensuite réservée plusieurs chansons de son album à paraître le 29 septembre prochain. Les univers des artistes ont été arrangés des mains de Simon Pednault. Habit a été fredonnée par plusieurs personnes. Tire le Coyote a ensuite chanté Jolie Anne autour d’un micro avec Shonk. Les énergiques Chainsaw et Calfeutrer les failles ont été dynamités par la présence de Shampouing à la guitare. Le mélange des styles se mariait ensemble et il y en avait pour tous les goûts autant avec Karim Ouellet et Koriass. (Marie-Ève Duchesne)
Conclusion
L’année dernière, l’équipe de 3 E avait misé gros en organisant ce qui ressemblait à un mini festival d’été. Certains spectacles avaient été couronnés de succès, d’autres un peu moins (surtout en raison du temps maussade). Les ajustements apportés cette année apportaient une dimension beaucoup plus humaine au volet musical de l’événement (malheureusement, on n’a pas eu trop le temps de déguster tout ce qui s’offrait çà et là… et ça sentait bon un peu partout!). Cette idée de présenter des artistes de Québec dans des lieux souvent visités, mais pour des raisons autres qu’une prestation, était géniale.
Bon. Je vous avoue que je n’ai pas eu trop de neuf à me mettre sous la dent, connaissant bien l’ensemble des artistes au menu. Mais j’imagine la personne de Québec qui écoute la radio commerciale et se tient normalement sur les Plaines pendant le Festival d’été voguer d’un lieu à l’autre pour découvrir ce que nous avons de mieux à offrir. Cette personne a pu entendre un peu de tout, de la pop déjantée d’Anatole et Gab Paquet au folk (rock ou pas) de Laura Lefebvre, Val Thomas et Ego Death, en passant par la pop indé de Laurence Castera, les atmosphères feutrées d’Harfang et le bon vieux rock bien rétro de The Seasons, indé de Medora ou bien bluesé de Caravane. Elle a dû se rendre compte que notre scène, qui ne joue que très peu sur les ondes (et dont on parle aussi peu dans les grands médias, quoique certains font de grands efforts pour les mettre en valeur), a un dynamisme hors du commun (qui fait jaser de plus en plus loin).
Cette scène locale, on a continué à la célébrer dans un Impérial Bell bondé (à la grande surprise de pas mal tous les intervenants – une surprise doublée d’un grand bonheur). Des artistes plus établis se sont joints aux artistes plus émergents et ont partagé ensemble de beaux moments.
Malheureusement, on a manqué le spectacle du rappeur français MHD de dimanche. Trop exténués par ce samedi complètement fou.
Non, tout n’était pas parfait, c’était parfois le chaos entre les prestations qui ont souvent commencé en retard parce qu’un artiste devait courir d’un lieu à l’autre… Mais ce chaos, qui peut parfois surprendre parce que l’événement était organisé par des gens qui ont l’habitude de voir plus gros, avait un petit côté charmant qui peut nous rappeler d’autres événements et festivals de taille plus modeste. Ce côté charmant, ecoutedonc.ca s’y trouve comme un poisson dans l’eau. Mis à part quelques petits ajustements somme toute mineurs (en laissant aux artistes le temps de bien se préparer avant d’entrer en scène, par exemple), on souhaiterait que l’équipe de 3 E ne touche à rien.
De toute façon, avec tout le talent qu’on a ici, on peut facilement répéter l’expérience avec une autre bande d’artistes complètement différents!
À répéter absolument l’an prochain. On réserve déjà notre samedi! (Jacques Boivin)
Le week-end dernier, nous sommes sortis un brin de notre zone de confort pour assister à une nouvelle édition du festival Envol et Macadam, qui fait la part belle aux artistes émergents qui déménagent. Trois journées de rock, de punk, de metal, de ska et quoi encore!
Note : On n’a pas vu tous les shows… mais Jacques a pris des photos de la soirée de vendredi – vous les trouverez dans la méga galerie de photos en bas de l’article!
Jeudi 7 septembre
Scoundrel
Ce jeune quatuor masculin issu de la banlieue de London, UK, a poursuivi le bal avec une courte prestation donnant dans le punk-grunge-ish, n’ayant pour l’instant que quelques chansons à leur actif. Sur le plan musical, le rendu de leur EP de deux titres est intéressant dans le genre, voire prometteur. Toutefois, leur prestation manquait peut-être de maturité, notamment au plan de la justesse vocale. Le chanteur, doté d’une énergie un peu indomptée, tentait de connecter avec la foule entre les chansons avec un succès mitigé. Doit-on blâmer ses interventions ultra empressées, le stress, le bonheur d’être présent, un simple manque de maturité? « Just play! », a-t-on pu entendre pendant le spectacle. Plus de musique, moins de small talk, voilà qui serait bien! (Tatiana Picard)
NastyDudes
En voilà un drôle de nom pour décrire de jeunes gens aux bouilles aussi sympathiques! Ne sachant absolument pas à quoi m’attendre de ce quatuor hongkongais, je dois avouer que mon intérêt – et celui de la foule, je pense bien – n’a fait que s’accroître au fil de leur prestation, en anglais et en mandarin. Offrant des sonorités plutôt standard du rock et du heavy metal abondamment inspirées des légendes des années 70-80 (AC/DC, Aerosmith, Bon Jovi, Whitesnake, pour ne nommer que ceux-là), le band a trouvé rapidement les moyens de faire embarquer les festivaliers avec ses refrains accrocheurs et faciles à chanter. Le chanteur fort charismatique au mignon accent avait de l’énergie à revendre et occupait bien la scène. Rares sont les groupes prêts à jouer avant leur heure, mais NastyDudes avait carrément la broue dans le toupet. Aucune roue n’a été réinventée, mais c’était somme toute bien agréable et plutôt original. (Tatiana Picard)
Diamond Head
Encore une fois cette année, Envol et Macadam a été pour moi et pour bon nombre de festivaliers une suite de découvertes, et Diamond Head était également du lot en ce qui me concerne. Bien que je ne connaissais du groupe que le nom, j’avais quand même une petite idée du genre de musique auquel m’attendre. La délicieuse Shawi Beach aidant, j’ai pu savourer toute l’ampleur de ce phénomène musical britannique transcendant les décennies. Si j’oublie le long historique du groupe et que je me concentre sur ce que j’ai vu et entendu à l’Anti, j’ai été tout simplement éblouie par la prestance et le registre impressionnant du chanteur actuel (Rasmus Bom Andersen) et jetée par terre par le savoir-faire indiscutable du guitariste et cofondateur du groupe, Brian Tatler. D’ailleurs, le fait d’observer ces deux-là côte-à-côte sur scène est quand même évocateur des nombreuses transformations qu’a pu vivre le groupe au fil du temps (considérant leur différence d’âge et de style). Diamond Head nous a offert avec générosité ses plus grands succès dont certains ont façonné l’image du heavy metal, notamment It’s Electric, Am I Evil, In the Heat of the Night, et j’en passe. Nos oreilles furent régalées. (Tatiana Picard)
DJ Yella (N.W.A)
La soirée s’est terminée tardivement avec un DJ set hip hop bien rodé, gracieuseté DJ Yella. Il s’agit d’un rappeur, DJ et producteur straight outta Compton (en Californie) bien connu du milieu et roulant sa bosse depuis fort longtemps également, ayant travaillé en collaboration avec d’autres grands dans le genre tels que Dr Dre et Eazy-E. Mon état d’ébriété un peu pas mal avancé à cette étape ne me permet cependant pas de dire avec exactitude ce qu’il a joué, mais on peut affirmer qu’il porte bien son nom, et que ça groovait pas mal sur la piste de danse! (Tatiana Picard)
Voici quelques photos du vendredi 8 septembre (d’autres en bas)
Samedi 9 septembre
The Planet Smashers
La table était mise pour le groupe montréalais The Planet Smashers, qui fête ses vingt ans dans le paysage musical ska. Connu du public de Québec et ailleurs, ils ont fait leur bonheur en chantant leurs classiques comme Fabricated, Blind, J’aime ta femme et plusieurs autres. La foule a participé et a surpris le chanteur du groupe en s’assoyant et sautant en même temps pendant Surfing In Tofino. Autant les plus jeunes, car il y avait beaucoup de familles, que les plus vieux avaient du plaisir. À voir et à revoir, si vous en avez la chance! (Marie-Eve Duchesne)
Guttermouth
Puis, le ska a fait place au punk-rock de Guttermouth. Dès She’s Got the Look, l’énergique (et visiblement sur un autre planète que nous) Mark Adkins, a été dans la foule. Le rythme lourd et saccadé de la formation californienne ne semblait pas vouloir s’arrêter. Les moshpits et circle pits battaient leur plein. (Marie-Eve Duchesne)
Bodh’aktan
L’ambiance festive d’Envol et Macadam a continué avec Bodh’aktan. La formation trad-punk québécoise contrastait avec le groupe précédent. Les musiciens ont su rapidement nous embarquer avec eux avec leur grand énergie. Au son de divers instruments comme la cornemuse, le violon, l’accordéon et la mandoline, nous étions à la merci de la fête, pour notre plus grand bonheur. Des pièces comme Ici et Les Fantômes de L’Écoutille m’ont fait danser. Des refrains et couplets faciles à entonner ont rapidement rassemblé les festivaliers. Une belle découverte pour moi hier soir. (Marie-Eve Duchesne)
Streetlight Manifesto
Fort d’une quinzaine d’années d’histoire, ce fut au tour de cette bande de musiciens hors pair de nous en mettre plein la vue et les oreilles sous le légendaire viaduc basse-villois avec son punk-ska engagé et déjanté. Quelques minutes avant le début du spectacle, un jeune homme passablement éméché à nos côtés nous a expliqué avec beaucoup de ferveur qu’il les avait vu à de nombreuses reprises et qu’ils donnaient toujours un excellent show. Eh bien, je peux maintenant confirmer les dires de l’étranger! Comment ne pas tomber d’admiration pour les joueurs d’aérophones qui s’époumonent presque sans relâche pendant plus de 90 minutes? En outre, j’ai rarement vu une foule aussi participative sur le plan vocal dès la première chanson (Watch It Crash). La suite de la prestation : une ascension sur l’échelle de l’intensité autant sur scène que dans la foule, jambes au ciel se succédant à bonne vitesse sur les airs de We Will Fall Together, Receiving End of it All, What A Wicked Gang Are We, Forty Days, The Blonde Lead The Blind, pour ne nommer que celles-là. La chanson A Moment of Silence, entre autres, semble avoir résonné fort chez bon nombre de festivaliers présents, qu’on pouvait entendre crier à tue-tête :
A moment of silence, please, for those who never get the chance They show up to the party, but they’re never asked to dance The losers, the liars, the bastards, the thieves The cynicists, the pessimists, and those that don’t believe in nothing
Un spectacle bruyant, dansant, suintant, bref, à l’entière satisfaction des nombreux fans présents. Mention spéciale aux efforts du chanteur dans la langue de Molière : « Arrête! Vous êtes trop sympas! » Bien, vous aussi, chose! (Tatiana Picard)
— Petit interlude de Jacques, qui est arrivé au Cercle avant Tatiana et qui a pu voir la powerjpop très bien ficelée des trois filles de Mutant Monster —
Barry Paquin Roberge
Décidément mon coup de cœur du festival. Je ne sais trop comment le dire autrement : c’était juste parfait. J’ai dévoré ce spectacle d’un bout à l’autre et j’en aurais redemandé. De Montreal Beach, Barry Paquin Roberge (pour Étienne Barry – moitié des Deuxluxes –, Sébastien Paquin et Alexis Roberge) nous ont garroché avec tout plein de tendresse leur rock garage psychédélique rétro qui donne envie d’onduler avec tout son corps.
C’est peut-être rétro, mais ça a une petit touche hyper actuelle et rafraîchissante. Il y a quelque chose d’hypnotisant et de touchant dans les effets du clavier, les rendus vaporeux des voix et des harmonies, les audacieux aller-retour entre les gammes, les fuzz… Le titre de leur premier album, Voyage Massage, décrit à merveille leur spectacle qui fait du bien à l’âme. Maudite belle ambiance au Cercle! On a pu goûter notamment aux savamment travaillées Pawnshop Bargain, Hug or Kiss et Wonders & Cries. Les trois beaux velus, accompagnés de l’électrisante Anna Frances Meyer (autre moitié des Deuxluxes) à la flûte traversière (!), nous ont fait surfer sur une vague d’amour et de paix nous faisant oublier tous nos soucis. Je vous les recommande sans aucune réserve. (Tatiana Picard)
Les Deuxluxes
On croyait avoir eu droit à la cerise sur le sundae avec Barry Paquin Roberge, mais c’était juste une cerise, parce que sur le sundae, finalement, y’avait deux cerises. Mon corps fatigué a su combattre l’endormissement avec un grand verre de cidre bien froid en attendant l’entrée un peu tardive du sensuel duo Barry/Meyer qui, rappelons-le, étaient également du spectacle précédent. Ont-ils su reprendre leurs esprits afin de tout donner à nouveau, au plus grand plaisir d’une foule particulièrement hilare?
Oui. Oh que oui.
J’avais souvent entendu parler du fameux « traitement Deuxluxe », sans en comprendre vraiment la portée. Maintenant que j’y ai goûté, je peux achaler le monde avec ça à mon tour, youpi! Le traitement Deuxluxe, c’est un ticket VIP vers un rock ‘n’ roll épuré (deux guit qui tuent), performé sans complexes ni tabous par un Étienne Barry aussi talentueux qu’impassible et une Anna Frances Meyer au sommet de sa forme vocale, le tout, enrobé d’une bonne couche de sexy et de shiny. On a gueulé, on a fait nos devil horns, on s’est trémoussé autant que possible malgré nos verres à la main, certains se sont frottés; bref, on a aimé en maudit. Allez écouter leur petite nouvelle Tobacco Vanilla et dites vous qu’en live, c’est encore plus de la bombe. ENCORE PLUS! (Tatiana Picard)
Conclusion
Alors, comment on a aimé notre Envol et Macadam? Bruyant. Et enjoué. Et si on se fie aux mots de nos camarades rédactrices, dansant en maudit. Les organisateurs peuvent une fois de plus se péter les bretelles pendant une heure ou deux avant de reprendre le collier : on est prêts pour l’an prochain!
Pour sa quatrième édition, le spectacle de la rentrée de l’UQTR tel qu’on le connaît a frapper fort avec sa programmation. Les personnes présentes ont pu se régaler avec la bière du Trou du Diable et du Temps d’une Pinte, pendant que la scène extérieure Vidéotron accueillait Foreign Diplomats, Canailles et Les Cowboys Fringants.
Foreign Diplomats
En spectacle, les gars de Foreign Diplomats ne se contentent pas de reproduire leurs chansons telles qu’elles sont sur l’album. Ils s’amusent en ajoutant des variantes dans la voix ou en mettant plus l’accent sur certains mots ou certaines notes. Ça donne une ambiance un peu enfantine au spectacle, ce qui m’a beaucoup plu. Tous vêtus d’un t-shirt blanc, les gars ont offert une prestation très solide qui donnait juste le goût de danser. Le chanteur, Élie Raymond, était intense dans ses mouvements et il ne s’est pas gêné pour parler avec la foule. Bien que les spectateurs n’étaient pas nombreux à ce moment-là encore, une bonne partie de ceux qui étaient là connaissaient et chantaient les paroles. Plusieurs m’ont même mentionné être venu les découvrir, puisqu’ils avaient aimé ce qu’ils avaient entendu en écoutant l’album pour la première fois lorsque le dévoilement du groupe a été fait, en août dernier.
Avec seulement un album et un EP à leur actif, les gars sont tout de même très professionnels et n’ont pas l’air de débutants du tout. Je trouve que leur style ressemble peu à ce qui se fait au Québec, et ça ne me surprendrait pas de les voir grimper en popularité ailleurs qu’ici. Ils ont un son léché qui mène à une ambiance de fête en spectacle, ce qui a suscité mon intérêt et qui m’a rappelé la fois que je les avais découvert au Ti-Petac il y a quelques mois déjà. Sur scène, ils ont bien sûr joué les chansons de leur album que j’aime beaucoup telles que Queen+King et Lily’s Nice Shoes, qui est ma favorite d’entres toutes. – Karina Tardif
Canailles
C’est pour se préparer à la venue des Cowboys Fringants que Canailles est monté sur scène. L’énergie de ses huit membres, neuf membres en réalité en raison de la présence de Lisa Fortin, une accordéoniste invitée qui remplaçait Alice Tougas-St-Jak affligée par une tendinite, préparait bien le terrain pour les festivités de la rentrée de l’UQTR. Canailles a commencé le spectacle avec des pièces de son dernier album, Backflips. Le groupe transmettait bien aussi son plaisir de la scène en s’adonnant à différentes chorégraphie comme un petit french cancan ou un accroupissement du groupe pour laisser la place à un solo de contrebasse d’Antoine Tardif. Ils ont fait quelques chansons de leurs albums antérieurs. Ils sont revenus avec Dimanche et Parle-moi, deux pièces de leur premier album Manger du bois. Ils ont lancé la fin avec leur plus longue pièce, Fromage, qui a une durée de dix minutes sur l’album Ronds-points et qu’ils se sont amusés à étirer en spectacle. À ce moment-là, on pouvait dire qu’on assistait en personne à un jam de Canailles. Ils ont finalement enchaîné avec Chu brûlé qui met encore une fois Antoine Tardif de l’avant avec un débit rapide et très folklorique, mais cette fois-ci avec sa voix. – Marianne Chartier-Boulanger
Les Cowboys Fringants
On s’entend pour dire que les étudiants de l’UQTR ont eu droit à un spectacle de la rentrée plus qu’exceptionnel, avec une finale digne des gros festivals du Québec. Les Cowboys Fringants sur le campus de Trois-Rivières, je ne crois pas que nous allons avoir la chance de revoir ça de sitôt. J’étais autant excitée d’assister au spectacle que de voir l’engouement des étudiants pour la soirée. Il était facile de prévoir que la majorité de la foule allait se retrouver devant la scène pour les vedettes de la soirée, à 21 h 30. En forme comme jamais, le groupe a commencé avec Bye bye Lou, premier titre de l’album Octobre paru en 2015. L’appréciation du public pour ce dernier opus est encore aussi incroyable, et les chansons me font retomber en adolescence, lorsque Break syndical est sorti. Par la suite, ils ont interprété les classiques de presque chaque album, comme La manifestation, la Reine, 8 secondes, Paris-Montréal, En berne, et l’excellente Octobre. Un moment marquant du spectacle pour l’étudiante que je suis fut quand Jean-François Pauzé, à la guitare, a dit dans le micro « eh, ho! récréo » et que, par la suite, Karl Tremblay a enchaîné et l’a répété tout au long du spectacle. Je sentais tout d’un coup que mon programme universitaire faisait partie intégrante du spectacle, ce qui m’a bien fait rire. Fidèle à leurs habitudes, les Cowboys Fringants se sont déchaînés pour leur public qui était en feu et qui transmettait de l’énergie au groupe. Encore une fois, quelques chanceux ont eu droit à des ballons pendant la chanson La dévisse, et tous les gens présents ont eu la chance d’assister à un spectacle de la rentrée de l’UQTR qui restera dans nos mémoires longtemps! – Caroline Filion
Le week-end dernier avait lieu le Mile Ex End Musique Montréal, un joli festival urbain organisé sous le viaduc Van-Horne, à Montréal. Au menu, beaucoup de musique, une ambiance qu’on promettait familiale, un pop-up shop et un cadre urbain qui n’est pas sans rappeler une partie d’Envol et Macadam (beaucoup de béton).
La programmation était alléchante : Cat Power, City and Colour, Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor assuraient la tête d’afffiche, ce qui est déjà beaucoup, mais le reste du programme me plaisait également beaucoup!
Parti tôt de Québec samedi matin, je suis arrivé un peu avant midi pour me familiariser avec les lieux. La grande scène est complètement à l’extérieur dans un gros stationnement. La deuxième scène est collée sur le viaduc… sous lequel les spectateurs vont se masser. Enfin, la troisième scène, où étaient présentés les spectacles plus intimes, était en retrait, tout près de la voie ferrée.
C’est d’ailleurs à cette scène que j’ai fait mon premier arrêt pour Maude Audet. La jeune femme lance ce mois-ci un nouvel album inititulé Comme une odeur de déclin. C’est d’ailleurs avec le premier extrait de cet opus, l’excellente Galloway Road, qu’Audet se lance sur scène. Les guitares ont davantage de mordant et la voix d’Audet se fait plus douce, éthérée. Ça se remarque même sur les plus vieilles chansons. Bien entourée (notamment par Martien Bélanger à la guitare et Émilie Proulx à la basse), Audet livre ses chansons tout simplement, sans artifices.
Quelques minutes plus tard, Adam Strangler faisait balancer ses riffs indie rock teintés de new wave. Le groupe, qui a sorti un EP au printemps dernier en plus de l’excellent Ideas of Order en 2016, est très solide sur le plan musical, mais soyons francs : les gars semblaient un peu trop fraîchement sortis du lit. Comment dire? Ça manquait un brin de présence…
Après une Audet réservée et des Adam Strangler encore un brin endormis, je me suis dirigé vers la grande scène pour y voir Aliocha. Celui-ci rayonnait (peut-être à cause du soleil qui était franchement bon). La pop ensoleillée du jeune homme était parfaite dans les circonstances. Il s’est permis d’inviter Charlotte Cardin à chanter quelques notes avec lui.
Suivait notre bon vieux Tire le coyote et son band de course. De Confetti à Moissoneuse-batteuse, Pinette et ses acolytes ont proposé une prestation folk très électrique où Shampouing et Simon Pedneault s’amusaient ferme avec leurs six cordes. Contrairement à sa prestation à La Grosse Lanterne, où on avait l’impression que le public découvrait Tire le coyote, ici, Pinette avait beaucoup de fans qui n’avaient pas besoin de se faire prier pour crier leur appréciation et taper des mains! Ce qui a semblé galvaniser le groupe. Une seule nouvelle chanson au programme : Tes bras comme une muraille tirée de Désherbages, qui paraîtra à la fin du mois.
Un de mes coups de coeur de la fin de semaine, c’était Megative, un collectif de Brooklyn (dont Gus Van Go, ancien Me, Mon & Morgentaler) qui se sert du reggae comme toile de fond, mais qui y colle toutes sortes d’influences (par exemple une attitude un peu punk, une touche de hip hop). L’énergie déployée par les différents membres du groupe est contagieuse et ça danse joyeusement chez les spectateurs.
Après un petit en-cas, j’arrive juste à temps pour attraper Matt Holubowski, qui a le soleil drette dans ses lunettes. Le même soleil éclaire le gros « soleil » jaune au milieu de la scène, et c’est magnifique. Et c’est la même chose pour la musique qui nous entre dans les oreilles. Un truc qui exige une certaine qualité d’écoute, mais derrière le côté folk d’Holubowski, il y a ce rock atmosphérique très gratifiant. On finit par planer avec Matt et sa bande.
Ça s’est gâté un peu pour Cat Power. L’auteur-compositrice-interprète compose de bien jolies chansons qu’on adore sur disque, mais c’est un peu différent sur scène. Si la musique de Cat Power se défend super bien sur disque et si l’interprétation était juste en ce beau samedi soir, Marshall était tellement crispée et stressée par la moindre petite perturbation (un tout petit peu de feedback, une foule un brin indisciplinée) qu’elle avait l’air d’un fantôme. À la guitare ou au piano, il y avait comme un courant d’air froid qui circulait entre la scène et le public. Dommage. Parce que la musique était belle!
Mon samedi soir s’est terminé avec City and Colour. Dallas Green et ses musiciens ont offert tout un numéro de pop aux accents folk devant la plus belle foule de la soirée. Nul doute que de nombreuses personnes sont venues sous le viaduc Van-Horne juste pour le plaisir d’entendre la musique de Green. Je ne suis toujours pas super fan du projet, mais il faut reconnaître qu’il a bien évolué au fil des ans…
La journée du dimanche était était complètement différente en raison de la pluie. Une méchante pluie froide, pas très forte, mais constante, qui pourrait te tuer un festival. Heureusement, le programme de la journée promettait!
Helena Deland semblait agréablement surprise de voir les nombreux parapluies qui se massaient devant la petite scène. La jeune femme à la douce voix nous a offert son folk-pop atmosphérique et feutré. Rien pour chasser la pluie, mais un maudit beau moment pareil. Par rapport à ce qu’on peut entendre dans nos haut-parleurs à la maison, l’interprétation live des chansons d’Helena a un peu plus de chien et de mordant, ce qui est loin d’être désagréable.
Bien à l’abri sous le viaduc, parmi les membres du public, Kid Koala a décidé de se jouer de la météo peu clémente et de passer un paquet de chansons qui parlent de pluie d’une manière ou d’une autre. Comme toujours, le DJ prend son pied, exécute sa magie avec une liste de pièces qui donnaient le goût de chanter, de danser et de sourire, tant chez les petits que chez les grands. Personne ne sera surpris d’apprendre que le kid a enfilé son costume de koala. Qui lui a bien servi quand il est allé faire participer les enfants à une belle grosse piñata en forme de pieuvre. Une prestation au cours de laquelle on a même pu entendre du Milli Vanilli! Oh, pis vous savez ce qui bat un gros train de personnes? Quatre trains en formation concentrique! Juste du fun!
Pauvre Lydia Képinski. Pleine d’assurance, un petit sourire en coin, Lydia n’allait pas craindre une petite averse, elle a déjà vu pire. Avec ses deux musiciens, Lydia chante de sa voix aiguë et désinvolte (oui, oui, ça peut être désinvolte, une voix) ses chansons qui ratissent large en mélangeant la chanson, le rock, la pop et le trip-hop. Elle nous interprète bien à sa manière Les temps fous, de Daniel Bélanger. Aussi bien dire qu’elle se la réapproprie totalement. Comme toujours, c’est la savoureuse Brise-glace qui me rentre dedans comme une tonne de briques avec sa longue finale où le trio (dont Blaise Borboën-Léonard qui passe du clavier au violon et vice versa) nous fait presque entrer en transe. C’est pendant Andromaque que ça s’est un peu gâté… juste au moment où la (longue) chanson gagne en intensité, bang, plus d’électricité sur la scène et la jeune femme doit rebrousser. Et nous aussi.
La pluie tombe encore fort, mais ce n’est pas grave, on retourne sous le viaduc pour l’auteure-compositrice-interprète Suzanne Vega venue jouer l’intégrale de Solitude Standing, son album le plus populaire, qui a 30 ans cette année. Ouf, le fait de me rendre compte que j’étais ado quand j’écoutais Luka en boucle (à l’époque, c’était « play » – « rewind ») sur ma cassette de tounes enregistrées à la radio. Les chansons les plus connues sont au début de l’album, ça va commencer fort. En effet, tout le monde écoute attentivement Vega lorsque celle-ci interprète Tom’s Diner a capella. Et tous ceux qui ont l’âge de le faire chantent le refrain de Luka avec Vega. Entourée de ses trois musiciens chevronnés, Vega n’aura aucun mal à conserver l’attention de la foule jusqu’à sa revisite de Tom’s Diner en formation complète cette fois-ci. Une chance qu’on a eue!
J’ai enfin pu voir Andy Shauf et entendre quelques chansons de The Party interprétées dans ma grosse face! Malgré la grosse pluie (qui a forcé l’arrêt du spectacle pendant quelques instants le temps d’enlever l’eau de la scène), on a musicalement été gâtés avec de magnifiques arrangements (dont des instruments à vent). La grande majorité des gens que j’observent écoutent religieusement, même si Shauf n’est pas l’homme le plus charismatique de la planète (ce qui ne l’a pas empêché de décocher quelques sourires… à ses musiciens!). Quand ce qu’on nous joue est bon…
Retour sous le viaduc pour une des prestations que j’attendais le plus de ma fin de semaine : Basia Bulat. J’ai froid, je suis pas mal trempé (malgré les protections que j’avais). C’est là que je prends la décision de partir… après ce petit tour de chant. Visiblement heureuse de jouer à deux pas de chez elle, Bulat nous a offert un gros paquet de bonbons provenant surtout de Good Advice (ce fol album réalisé par Jim James). Une voix plus sûre que jamais, un sourire qui ne veut pas s’en aller, des musiciens qui font une belle job pour enrober le tout, vous avez là la recette du succès!
C’est malheureusement là que mon Mile Ex End s’est terminé. Oui, j’ai manqué Patrick Watson et Godspeed You! Black Emperor, mais je n’en pouvais plus, la pluie a eu raison de moi et je suis retourné à Québec un peu plus tôt que prévu. Mon camarade Stéphane Deslauriers parle de la fin du festival sur Le canal auditif.
Même s’il aurait peut-être besoin d’un peu d’amour, le site proposé par le Mile Ex End convenait parfaitement à un festival de cette envergure, une grosse fête de quartier (payante, mais tout de même abordable quand on regarde la qualité de l’affiche). On n’a aucun mal à imaginer que ce festival qui partait de rien cette année pourra tirer son épingle du jeu sur ce plan. On a bien utilisé le viaduc Van-Horne (élément salvateur de mon dimanche après-midi) et on y a accroché un éclairage qui renforçait le look un brin industriel des lieux.
Une fête de quartier ne suscite pas nécessairement l’intérêt des mêmes personnes que des festivals de plus grande envergure. Ce qu’on a pu voir le week-end dernier, c’est un public très éclectique, amateur de musique en tous genres et venu en très grand nombre en famille (y’avait beaucoup d’enfants). Un public qui a pu profiter d’une ambiance festivalière où presque tout avait été prévu pour le plaisir des petits… et des grands!
Oh, bien sûr, on aurait apprécié une meilleure sélection de bières (mais bon, la 50 faisait la job) pour accompagner la belle bouffe offerte par les camions de rue présents.
La sélection musicale était plutôt intéressante, surtout sur un élément important : la quasi parité hommes/femmes dans la programmation. Le plus drôle, c’est que ça n’a même pas eu l’air d’être forcé. Sur ce plan, on peut lever notre chapeau. Et souhaiter que Mile Ex End revienne l’an prochain avec un mandat peut-être un peu mieux défini (fête de quartier ou événement touristique? C’était pas toujours clair…).
Jeudi dernier, le chanteur de charme Gab Paquet était en concert à l’Espace parvis de Limoilou. Voir Gab, son pad, sa moustache et son band jouer sur le parvis d’une église, c’était beaucoup moins déroutant qu’on peut le penser! En effet, l’attrait de Gab est multigénérationnel, comme en témoignent les nombreux enfants (qui se sont fait dessiner des moustaches) et les nombreuses grand-mamans (qui avaient probablement découvert le phénomène en attendant Michel Louvain au Festival d’été de Québec). Quoi de mieux, alors, qu’un lieu rassembleur pour un artiste qui l’est tout autant?
Bien entendu, nous ne pouvions pas manquer ce rendez-vous avec l’interprète de Santa Barbara, Consommations, Casio pad et moustache et Relations sexuelles! Et c’est avec Ulysse, mon petit monstre de 10 ans, que j’ai assisté à un nouveau triomphe du charmeur chanteur.
Voici quelques photos de la soirée prises par Ulysse :
Beau programme triple jeudi dernier à L’Anti… et beaucoup de féminité!
Tout d’abord, Val Thomas nous a présenté les chansons qui composeront sont EP qui paraîtra en novembre. Ceux qui, comme nous, ont déjà vu Val à quelques reprises cette année auront peut-être eu peu de neuf à se mettre sous la dent, ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas eu de plaisir, bien au contraire! J’ai pu assister à l’évolution de ce projet et Val et sa bande sont plus tight que jamais.
Ensuite, Thus Owls est venu présenter quelques nouvelles chansons, ce qui a fait plaisir au fan que je suis. En effet, ça fait du bien d’avoir du nouveau matériel quelque deux ans après la sortie du EP Black Matter. Bien appuyés par un Samuel Joly toujours aussi précis et complexe à la batterie, Erika et Simon Angell proposent toujours une musique aérienne qui se situe entre le Canada de Simon et la Suède d’Erika. Erika a une des voix les plus hallucinantes (merci Julien pour l’adjectif) qu’on peut entendre tandis que le jeu de Simon à la guitare, qu’il manie avec un archet ou une brosse à dents, est à lui seul digne d’un intérêt soutenu.
Enfin, lorsque les membres de Blood and Glass sont montés sur scène avec leur lampes frontales (un essai intéressant – et peu coûteux – sur le plan visuel, mais un peu frustrant pour le photographe, mais hé, c’est pas pour moi qu’on fait le show!), on savait que la game venait de changer. Venu nous présenter Punk Shadows, sorti au printemps dernier, le quatuor mené par Lisa Moore a su capter l’attention des spectateurs présents grâce à la théâtralité de la chanteuse/claviériste et aux solides mélodies du groupe (composé également de Morgan Moore, Robbie Kuster et Mélanie Bélair). On a eu droit à un programme solide, bien équilibré, qui a lentement mais sûrement donné le goût aux spectateurs de se lever et apprécier le spectacle.