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  • Critique : Nine Inch Nails – « Hesitation Marks »

    NIN - Hesitation MarksLes fruits de l’hésitation

    De celui qui a martelé pendant plusieurs années « Nothing can stop me now », Hesitation Marks surprend d’abord par son titre. Fort d’une œuvre bien établie, Trent Reznor semble en effet bien peu hésitant dans ce neuvième album de Nine Inch Nails.

    Après une courte introduction instrumentale aux sonorités étranges, une véritable tradition pour le groupe, l’album ouvre avec force sur Copy of A. NIN y brille aussitôt par sa maîtrise de la superposition successive de rythmes électros. La progression est rapidement entraînante, et ce titre, pourtant moins violent que pouvait l’être Mr. Self Destruct, Somewhat Damaged, The Beginning of the End ou 1,000,000 en tant qu’ouvertures des albums précédents, est d’une force et intensité des plus envoûtantes.

    Suit aussitôt Came Back Hunted, premier extrait de l’album, qui séduit par sa nouveauté et sa familiarité. Ici comme ailleurs sur l’album, on croit être en présence d’un hybride : une touche de The Fragile, un air de Year Zero, un écho de With Teeth… Une formule qui varie d’une pièce à l’autre, sans vraiment sombrer dans un moule ou un modèle prédéfini.

    Avec All Time Low, un véritable tour de force, NIN explore des rythmes plus funk, tout en rappelant un brin Capital G, qui déjà sortait du territoire musical habituellement ratissé par le groupe. La pièce semble même inclure un clin d’œil, intentionnel ou non, à une célèbre mélodie des jeux Final Fantasy.

    D’autres parallèles se succèdent : un rythme électronique plutôt minimaliste rappelant le Radiohead des dernières années traverse Disappointed, tandis qu’un certain air de The Cure est au cœur d’Everything, rare morceau de NIN chargé positivement.

    Various Methods of Escape, tantôt calme et plaignard, tantôt puissant et rempli d’espoir, partage cette même veine positive. Véritable chanson d’affirmation, cette pièce place les guitares au premier plan, une utilisation bien précise sur cet album aux multiples textures, et devient ainsi un des moments forts du disque.

    Running, aux rythmes pratiquement tribaux, rappelant certains Ghosts, lui succède et emprunte un tout autre parcours, sans toutefois perdre d’efficacité. En outre, c’est sans doute le moment de l’album où NIN se rapproche le plus de How to Destroy Angels.

    Somme toute, Hesitation Marks guide son auditeur d’une sonorité à l’autre, et pourrait sembler hésitant dans ses expérimentations et sa variété. Mais lorsqu’on place l’album dans le contexte de l’œuvre, l’hésitation vient du processus de création de l’album en soi, du chemin qui a mené, de 1988 à 2013, à Hesitation Marks. L’hésitation est un constat de Reznor sur sa propre œuvre. Ce qu’il révèle sur Find My Way, morceau le plus intime de l’album, est d’une part un regret, d’une part une errance : “You were never meant to see /All those things inside of me / (…) I have been to everyplace / I have been to everywhere / I’m just tryin’ to find my way”. On sent donc une longue et profonde réflexion chez Reznor, une quête à tâtons qui a conduit à apprentissage et une expérience de vie. S’il emprunte ici et là à ses anciens albums, et s’il en ignore certains autres, c’est qu’alors qu’il se cherche continuellement, il arrive aussi parfois à se trouver. Tandis que certains fans ont instantanément monté aux barricades à l’écoute de certains des nouveaux titres, les accusant essentiellement de ne pas être The Downward Spiral, plusieurs autres ont rapidement su apprécier la nouvelle maturité du groupe. Une hésitation qui en vaut la peine, donc, puisque l’album est sans doute l’un des meilleurs et des plus cohérents du groupe depuis The Fragile.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=TgwrxcO48N8&w=480]

    Stéphane Desjardins

    3 septembre 2013
    Albums, Non classé
    Hesitation Marks, Nine Inch Nails, septembre 2013
  • Critique : Volcano Choir – « Repave »

    Volcano Choir - RepaveJustin Vernon a mis Bon Iver sur la glace, le temps de savoir composer avec l’immense succès qu’il a connu. Ça n’a pas empêché ce boulimique créatif de se lancer dans toutes sortes de projets (allant même jusqu’à se partir un petit band de soul-rock – les Shouting Matches – ou à mettre sa main un peu partout sur le dernier Kanye).

    Volcano Choir est un de ces à-côtés de Vernon, un mariage entre le collectif post-rock Collections of Colonies of Bees et le troubadour d’Eau Claire, Wisconsin. Le premier album, Unmap, avait connu un certain succès d’estime et se distinguait quand même pas mal de For Emma, Forever Ago, le premier album de Bon Iver.

    De son côté, le nouvel album, intitulé Repave, semble la suite logique de Bon Iver, tant dans l’atmosphère que dans les instrumentations et la voix de Vernon. Tout y est : la voix de fausset, le plus que parfait mélange d’instruments acoustiques et de synthés, l’atmosphère froide, mais intense. Mais en mieux. Comme si Collections of Colonies of Bees avait donné à Vernon le peu qui lui manquait pour dépasser ses propres limites.

    Ça commence dès les premières secondes de Tiderays. Les premières secondes laissent toute la place à un orgue, qui est rejoint rapidement par une guitare acoustique au son pur et à la voix en plusieurs couches de Vernon. Évidemment, on n’en reste pas là. L’intensité grimpe lentement et on a des frissons quand la chanson se termine. Acetate bouge un peu plus, et il fait bon d’entendre d’autres voix que celle de Vernon dans les choeurs.

    Comrade est du pur Vernon. Couplets ultra-atmosphériques, mais relativement calmes, ce qui ne nous empêche pas de savoir que le refrain va nous en mettre plein la gueule. Les attentes sont plus que satisfaites, on voit nos poils se hérisser instantanément. Émotion pure qui se poursuit sur Byegone, une des pièces les plus solides de l’album, qui se laisse dévoiler lentement pendant que Vernon chante avec un rythme presque Rn’B (écoutez comme il faut et fermez les yeux, vous allez voir le flow, je vous jure!).

    Alaskans est belle comme une soirée d’hiver sur le bord du foyer. Vernon sort sa voix grave (qui ressemble donc à celle de Chris Martin, de Coldplay – peut-être pour ça qu’il préfère chanter en falsetto). Dancepack est une des rares chansons de l’albums qui donne au moins le goût de taper dans les mains pendant que Vernon nous invite à prendre note qu’il y a toujours un trou dans notre coeur. Keel, un autre de ces crescendos dont Vernon a le secret, nous porte à croire qu’un doublé Justin Vernon-Patrick Watson constituerait une soirée parfaite que rien ne pourrait jamais battre musicalement. Rien à redire sur Almanac, une clôture géniale qui résumé très bien l’album.

    Comme le reste de l’oeuvre de Vernon, Repave est un album qui se déguste les yeux fermés, l’attention totalement portée sur la musique douce, mais intense de Volcano Choir. Quand Almanac se termine (beaucoup trop tôt), on a l’impression de sortir d’un rêve teinté de blanc, de froid, de neige. Vernon et ses acolytes poussent encore plus loin la douce mélancolie et ils réussissent à se surpasser, ce qui est une tâche difficile quand on a déjà quelques-uns des plus beaux albums des 10 dernières années derrière la cravate.

    Si Vernon a de la misère à composer avec le succès, il n’a aucun mal à composer de la bonne musique.

    À écouter l’esprit et le coeur ouverts.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=f4dZbJHT7_4&w=480]

    Ma note : offset_9

    Jacques Boivin

    1 septembre 2013
    Albums
    9/10, Critique, Justin Vernon, Repave, septembre 2013, Volcano Choir
  • Critique : Horrorshow – « King Amongst Many »

    Horrorshow - King Amongst Many

    Pour ma première chronique sur ecoutedonc.ca, j’ai décidé de sortir des styles de musique habituellement mis en vedette ici, et de vous présenter un excellent album de rap australien.

    Horrorshow ne fait pas du rap d’automobile avec un subwoofer dans le coffre et un rétroviseur qui vibre. C’est du rap qui s’écoute avec des écouteurs et un café dans le bus du matin, avec une chaîne stéréo maison quand on a quelque chose d’important à préparer, avec un matelas ou un sofa et le livret des paroles, avec un verre à la main et plein de monde qui groove dans une petite salle…

    Parce que King Amongst Many est un album mesuré, subtil. Manifestement, Solo et Adit, les deux membres d’Horrorshow, sont des passionnés de musique. Leurs instrumentaux sont riches, vivants et propres. Ils respirent le blues, le jazz, le funk, l’électro, le tribal et plus encore. Ajoutez à ça le lyrisme d’élite qu’exhibe généreusement Solo dans chacune de ses pièces, et vous obtenez un album qui surprend coup sur coup par sa profondeur.

    La musique est rythmée sans devenir agressive. Les paroles laissent place à une démarche artistique authentique et ambitieuse qui jette regard critique sur l’humanité, avec une perspective historique toujours franche, souvent touchante, et parfois brutale. Trop souvent, la scène rap devient une tribune pour le narcissisme. Horrorshow ne tombe pas dans le piège. La performance vocale irradie la confiance en soi : les couplets sont clairs et posés, et les refrains sont amples et pleins d’âme. On ne peut pas dire que Solo rappe avec le flow le plus magnétique sur terre, mais dans le cas de King Amongst Many, c’est le prix à payer pour que l’on puisse bien comprendre ses textes si brillamment travaillés.

    Si vous ne connaissez pas Horrorshow, je vous suggère fortement de les découvrir, et quoi de mieux pour ça qu’une version acoustique d’un des hits de leur album précédent.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Kn60nQ_ZZKo&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jean-François Melançon

    1 septembre 2013
    Albums
    8/10, Albums, Horror Show, King Amongst Many, septembre 2013
  • Critique : Sunny Duval – « Amour d’amour »

    Sunny Duval - Amour d'amour

    Vous avez certainement déjà vu ou entendu Sunny Duval. Il est omniprésent. Il a fait partie des Breastfeeders, remplacé brièvement Jean-François Pauzé des Cowboys Fringants, fait la fête avec de nombreux artistes montréalais, écrit des livres et des chroniques et il a même osé enregistrer deux albums solo.

    Amour d’amour est le troisième album de François « Sunny » Duval, un album enregistré en partie en Louisiane (et ça paraît) et où le rock n’ roll côtoie le country et la musique cajun. Disons-le tout de suite, Duval n’est pas un chanteur à voix. Elle est juste, elle est correcte, mais ce n’est pas l’instrument de Placido Domingo, mettons. Cependant, notre cowboy rockeur, séduisant comme dix, sait s’adjoindre de jolies voix : Victoria Lord (qui a fait partie de Jolie Jumper) et une certaine Mara Tremblay (qui a vraiment l’air de s’amuser comme jamais… et d’avoir à nouveau vingt ans… ah, l’amour!).

    À votre avis, de quoi peut bien parler un album qui s’appelle Amour d’amour? Dix points pour tous ceux qui ont répondu l’amour! Duval chante l’amour, plus particulièrement le bonheur d’être en amour. Les déchirures, la douleur, la peine, à quelqu’un d’autre. Lui, il est fou d’elle, il aime ça quand on l’appelle son amour, il trouve donc que ça sent bon les fleurs d’oranger et il chante son country quand il est loin d’elle. Il donne à Ta face un air cajun irrésistible.

    Pas de doute, le gars est heureux en amour.

    La musique est à l’avenant : rock and roll uptempo, cuivres, guitares, mélodies entraînantes, beaucoup d’accents du Sud (country, cajun), exactement le genre de musique parfaite pour se remonter le moral.

    Non, ce n’est pas parfait, mais c’est sincère et sympathique. On n’est pas obligés de pleurer à chaque album, hein?

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=JGe9MXAkzcw&w=480]

    Ma note : offset_7

    Jacques Boivin

    28 août 2013
    Albums
    7/10, Amour d’amour, août 2013, Sunny Duval
  • Critique : Alex Nevsky – « Himalaya mon amour »

    Alex Nevsky - Himalaya mon amourJ’allais commencer cette critique en vous parlant de la machine Québecor qui a été mise à contribution pour la promotion du nouvel album d’Alex Nevsky. Puis, pendant que j’écoutais l’album, je me suis dit que Nevsky méritait beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux que de se faire traiter de saveur du mois.

    Himalaya mon amour is that good, qu’on dirait chez nos voisins. Si vous êtes de nature aventurière, arrêtez de lire maintenant et garrochez-vous chez votre disquaire pour acheter l’album. Aucun regret possible. Si vous avez besoin d’être convaincu, poursuivez…

    Tout à fait de son temps, référentiel à souhait, le deuxième opus d’Alex Nevsky chante l’amour de façon magistrale, avec des refrains remplis de ooooh et de aaaah, tout en gardant un savant équilibre parmi les ingrédients. On y reconnaît les clins d’oeil à Edward Sharpe & The Magnetic Zeros, Arcade Fire, Patrick Watson, Karkwa, Perreau, Dumas et tous les autres, mais ceux-ci inspirent l’artiste au lieu de le pousser vers le plagiat.

    Himalaya mon amour, la pièce-titre au piano prédominant, constitue une entrée en matière langoureuse qui prépare l’auditeur à sa suite, Mieux vaut vivre pauvre, avec ses oooh et ses aaah obligatoires sur la scène indie pop en 2013. Les coloriés suit. Il s’agit d’une superbe chanson qui donne envie de danser, de taper dans les mains et de faire tournoyer sa partenaire. Cette chanson-là va tourner encore plus à la radio qu’On leur a fait croire, premier simple et premier clip de l’album, qui suit et qui est aussi magistrale. Nevsky est ludique, joue avec les mots et les sentiments, et il nous fait croire à l’amour. De son côté, La bête lumineuse, également uptempo, ajoute une touche de synthés, qu’on n’avait presque pas entendus depuis le début de l’album. La finale, d’une intensité incroyable, donne la chair de poule.

    Puis J’aurai des mains arrive. Le rythme de l’album ralentit et la mélancolie débarque. On pourrait croire que ce ralentissement de tempo, qui dure pas mal toute la deuxième partie de l’album, va nous ennuyer, mais c’est plutôt le contraire. Alors qu’on avait tendance à s’attarder au rythme et aux mélodies des cinq premières chansons, on s’intéresse tout à coup aux très belles paroles de Nevsky, qui fait mouche avec une chanson triste, mais pleine d’espoir. « L’homme est le plus beau des monuments quand il se tient debout ». Savoureux. Si tu restes est une chanson douce piano-voix qu’on écoute attentivement pour découvrir qu’il rend hommage à sa grand-mère.

    Tuer le désir est une de ces bombes qui commencent en douceur pour gagner en intensité au fil des secondes. Les choeurs donnent des frissons incroyables. On appelle ça des émotions, les amis. Pour Katharina et Je te quitterais, Nevsky troque son piano pour une guitare et se prête à un exercice de sobriété qui mettent une fois de plus sa plume en valeur. Disons que Nevsky semble avoir des ex pas très gentilles.

    Loin, à laquelle participent les voix d’anges des soeurs Boulay, est une belle chanson triste. Koh Tao, la seule pièce dans la langue de Cohen, ferme l’album en douceur en ne nous donnant qu’une seule envie : recommencer l’écoute de ce disque.

    Himalaya mon amour est d’une grande profondeur et méritera de nombreuses écoutes. Tassez-vous en haut, Nevsky est bien déterminé à prendre sa place parmi les meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes du Québec. Ce deuxième album est un argument assez convaincant.

    Le buzz est tout à fait justifié.

    [youtube http://youtu.be/_XASYGn_2nc&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    27 août 2013
    Albums
    8/10, Alex Nevsky, août 2013, Himalaya mon amour
  • Critique : Travis – « Where You Stand »

    Travis - Where You Stand

    Tiens, tant qu’à avoir fait deux critiques d’albums de chouchous de l’indie pop écossaise, allons-y avec un troisième…

    Connaissez-vous Travis? Pourtant, il s’agit d’un groupe qui roule sa bosse depuis une vingtaine d’années et qui a connu un certain succès en Europe. Why Does it Always Rain on Me ne vous dit vraiment rien? Sing? Side?

    Bon, OK, je vais les présenter. Il s’agit d’un groupe écossais qui joue de la pop intelligente et qui a ouvert la porte à des groupes comme Coldplay. C’est toujours bien orchestré, produit de façon professionnelle… on a envie de dire que c’est léché comme une crème glacée.

    Where We Stand est le premier album de Travis en cinq ans. Fran Healy, le chanteur, a pris le temps de bien recharger ses batteries avant de recommencer à écrire. Le résultat? Un peu mitigé, malheureusement. On ne demandera pas à Travis de se transformer en Franz Ferdinand et à rocker plus solidement, mais maudit que Where We Stand est tranquille. C’est bon, là. Un peu comme un bon grand verre de lait avant le dodo. C’est sain, c’est crémeux et ça aide à bien dormir.

    Pourtant, Mother, qui ouvre l’album, se voulait prometteuse. Arrangements complexes, Healy qui chante avec toute la subtilité qu’on lui connaît, question pertinente (« Why did we wait so long? »), belles harmonies, solo de piano avec des envolées vocales, un minimum d’intensité, vraiment, les espoirs sont très élevés. Ça continue avec Moving, une chanson pur Travis, couplet à voix grave, refrain à voix haute, et on recommence… C’est très efficace, on tape du pied, mais ça ressemble à tellement d’autres chansons indie pop 4/4… un peu décevant. Where You Stand est exactement dans le même moule.

    Il faut se rendre à la huitième pièce, New Shoes, pour entendre Healy et sa bande enfin sortir un peu de leur zone de confort. Et encore…

    Les pièces de Where We Stand sont toutes bien écrites et ont toutes leurs qualités. Le problème, c’est l’ensemble, un peu trop convenu à mon goût. À la longue, ça devient monotone. On va écouter une ou deux fois, on va intégrer à la liste de lecture aléatoire, et on va apprécier à petites doses par la suite.

    Dommage, après cinq ans d’absence sur disque, on aurait cru qu’il y aurait eu une plus grande urgence…

    [youtube http://youtu.be/TjKmQmsRlBk&w=480]

    Ma note : offset_5

    Jacques Boivin

    25 août 2013
    Albums
  • Critique : Franz Ferdinand – « Right Thoughts, Right Words, Right Action »

    Franz Ferdinand - Right Thoughts Right Words Right Action

    Alex Kapranos, chanteur de Franz Ferdinand, a toujours été très clair : son groupe fait de la musique pour faire danser les filles. Ça fait presque dix ans que les Écossais y parviennent sans trop de mal, même si les dernières années ont été plus difficiles.

    Right Thoughts, Right Words, Right Action, c’est un peu le retour en forme de Franz Ferdinand. Les mélodies, les riffs, la rythmique de la basse et de la batterie, tout est plus irrésistible que jamais et même les chansons plus lentes et langoureuses donnent le goût de taper du pied.

    S’il n’y a pas de coup de poing à la Take Me Out, on retrouve quand même d’excellents moments. Love Illumination est probablement la meilleure chanson que Kapranos ait écrite depuis son premier hit planétaire et elle représente fort bien le reste de l’album. Ce que Franz Ferdinand a perdu en agressivité, il l’a plus que regagné en subtilité et en finesse.

    Du bon pop-rock dansant et accessible comme il s’en fait de moins en moins. Non, ce n’est pas super cérébral, ce n’est pas un trip d’intello. C’est juste le fun. Il arrive parfois qu’on ait simplement envie d’avoir du plaisir. C’est ni plus, ni moins ce que Franz Ferdinand nous offre.

    Impossible de s’emmerder avec des pièces comme Bullet.

    Mais les gars, 35 minutes? C’est chiche. On commençait à peine à se réchauffer…

    [http://youtu.be/Ooq23i-QGBM&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    25 août 2013
    Albums
  • Critique : Belle and Sebastian – « Third Eye Centre »

    Belle and Sebastian - Third Eye CentreLe groupe écossais Belle and Sebastian a presque 20 ans. Ceux qui me connaissent vous le confirmeront : je suis un fan fini et j’ai réalisé un rêve cette année lorsque Stuart Murdoch et sa bande se sont pointés au Parc de la Francophonie en ouverture du Festival d’été dans une prestation qui a semblé en dérouter quelques-uns.

    C’est un peu normal… le groupe aurait pu jouer ses plus grands succès, mais quand on part en tournée pour faire la promotion d’une compilation de b-sides et de pièces difficiles à trouver, faut s’attendre à ce que même les fans finis comme moi soient en mode découverte.

    Avec The Third Eye Centre (et sa pochette une fois de plus très concept), le groupe nous offre donc sa deuxième compilation du genre (quoique la première, Push Barman to Old Open Wounds se concentrait surtout sur les simples, faisant ainsi un beau cadeau d’introduction). Aussi bien vous le dire tout de suite, vous ne trouverez ni fil conducteur, ni grand succès (sauf le remix d’I Didn’t See it Coming qui se trouve sur le vidéoclip de la chanson – les synthés sont beaucoup plus présent). Cependant, l’album fait la part belle à Stevie et à Sarah, qui y chantent plus souvent que d’habitude. En plus, il y a quelques petits bijoux : la magnifique Suicide Girl, la super dansante Your Cover’s Blown (un moment de génie qui ne fitte pas avec le reste de l’oeuvre), la très folky Stop, Look and Listen et la très appétissante Meat and Potatoes.

    Soyons honnêtes : si vous ne connaissez pas le groupe, il n’y a rien de vraiment intéressant à vous mettre sous la dent (quoique vous pourriez aimer Your Cover’s Blown parce qu’elle est vraiment très, très, très le fun). Allez plutôt vous chercher If You’re Feeling Sinister et Write About Love, qui couvrent très bien les deux époques de B&S. Toutefois, si vous êtes un maniaque comme moi et que vous possédez même la discographie complète de Looper (je vous vois googler, là!), vous allez, comme moi, avoir du gros fun.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=RZZlcS50qzw&w=480]

    Ma note : offset_7

    Jacques Boivin

    23 août 2013
    Albums
  • Critique : Valerie June – « Pushin’ Against a Stone »

    Valerie June - Pushin' Against a StoneOn entend souvent dire qu’à force de travailler fort et de s’améliorer, le succès finit par venir. Ce dicton s’applique vraiment à Valerie June, auteure-compositrice-interprète du Tennessee qui a roulé sa bosse pendant une dizaine d’années avant d’avoir la chance de signer un contrat de disques et de pouvoir se payer les services de l’omniprésent Dan Auerbach et de Kevin Agunas à la production.

    Le premier album, Pushin’ Against a Stone est un petit bijou de diversité qui navigue entre le folk, le blues, la pop et le gospel, tout ça avec une voix unique et un accent du sud craquant. Malgré les grands contrastes qui peuvent exister entre chacune des pièces, il faut reconnaître qu’il y a une belle unité dans cet album, probablement dans ce souci de respecter les traditions tout en y apportant sa touche personnelle.

    Tout cela donne un album authentique qui révèle un talent indéniable. On appréciera l’urgence de Workin’ Woman Blues, le côté givré de The Hour, l’esprit bluegrass de Tennessee Time et la présence de la guitare lourde d’Auerbach sur la pièce titre et sur Truth Be Told, de beaux blues au charme vieillot. Enfin, la pièce Shotgun laisse toute la place à la voix de June, qui se met à nu en chantant presque a capella et en nous donnant plein de frissons… tout en douceur.

    On adorera le travail des producteurs qui ne se sont pas trop imposés (Auerbach est parfait à la guitare sur les chansons où il participe) et qui ont laissé June se mettre en valeur.

    Pushin’ Against a Stone est un bijou d’authenticité qui nous fait découvrir une nouvelle artiste savoureuse. Si vous avez besoin de votre dose quotidienne d’autotune, n’achetez surtout pas cet album. Sinon, gâtez-vous. Cette fille-là, c’est un rayon de soleil.

    À tomber amoureux.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=nEhKbjrSfp4&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    22 août 2013
    Albums
    2013, 22 août, 8/10, Pushin’ Against a Stone, Valerie June
  • Critique : Stromae – √

    stromae-racinecarreeQu’elle était attendue, cette suite de Cheese! Non seulement était-elle attendue, mais en plus, le grand Paul Van Haver nous avait mis en appétit avec deux belles chansons (Formidable et Papaoutai). Disons qu’on commençait à s’impatienter.

    Puis voilà, √ (racine carrée) débarque chez nos disquaires. Il ne fallait que ça pour que je reprenne vie et que je laisse mon travail en plan quelques minutes pour vous partager mes impressions.

    Alors, s’agit-il d’un bon album? Oh, oui! Stromae a fait un fichu beau travail. Sa racine carrée, c’est sa célébration de sa dualité, qu’il exprime de maintes façons sur cet album. Descendant spirituel de Brel dans Formidable, débordant d’humour dans Moules frites (une chanson assez grivoise, merci), dansant et silencieux dans Merci (une chanson électropop instrumentale), il se permet un hommage dans Ave Cesaria et s’impose une chanson sous le thème de Carmen (pleine de références aux réseaux sociaux). Il continue ce qui l’a fait connaître, soit une musique dance qui nous donne le goût d’oublier nos soucis à laquelle il colle des paroles franchement déprimantes (Papaoutai et Bâtard en sont de parfaits exemples).
    Stromae prétend qu’il a du mal à écrire ses paroles. En écoutant Sommeil, remplie d’images et de poésie, on a envie de lui répondre « bullshit ». Et Avf, avec Maître Gims et Orelsan, est un ras-le-bol qui pourrait devenir un hymne des jeunes qui en ont assez des étiquettes et des querelles stériles.

    Où t’es, papa, où t’es?

    Musicalement parlant, on peut reprocher à Stromae d’avoir l’air de composer ses chansons avec Garageband et un clavier USB payé 100 $ chez Future Shop. Ouais, pis? L’émotion vient d’ailleurs. Le vrai vient de ses paroles. Et il a le sens de la mélodie, le bonhomme.

    Stromae vient de confirmer sa place parmi les bons auteurs-compositeurs-interprètes de la Francophonie. Ne reste plus qu’à souhaiter une visite chez ses cousins québécois. On pourrait peut-être en faire la suggestion à Louis Bellavance pour le FEQ 2014!

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=oiKj0Z_Xnjc&w=480]

    Ma note : offset_8

    Jacques Boivin

    20 août 2013
    Albums
    20 août 2013, 8/10, racine carrée, stromae
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