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  • Critique : Beth Orton – « Sugaring Season »

    Beth Orton
    Sugaring Season
    (ANTI-)
    2 octobre 2012

    Y’a des artistes qui s’inspirent beaucoup des autres (*tousse*MUSE*tousse*), et y’a des artistes qui inspirent beaucoup les autres. Beth Orton fait certainement partie de cette dernière catégorie. Feist, Laura Marling, Regina Spektor, Kathleen Edwards, elles sont nombreuses à avoir suivi les traces de cette jeune femme qui a été l’une des premières à mélanger folk et musique électronique (le fameux folktronica). Elle nous a d’ailleurs donné quelques bijoux avec les Chemical Brothers.

    Il n’en demeure pas moins que la plupart de ses meilleures chansons sont plus folk, qu’on pense à I Wish I Never Saw the Sunshine, Pass in Time ou Concrete Sky.

    Le dernier disque de Beth Orton, Sugaring Season, vient six ans après Comfort of Strangers, un disque qui est plutôt passé inaperçu. Sugaring Season comme… le temps des sucres! Drôle de titre pour un album parfait pour l’automne, juste assez mélancolique pour regarder les feuilles rougir puis tomber des arbres.

    Orton a peut-être laissé tomber le folktronica, il n’en demeure pas moins qu’on la reconnaît dès les premières notes de Magpie. La guitare et la voix ont beau être accompagnées de cordes et de voix, le ton ne fait aucun doute et le rythme est le sien, ça s’entend.

    Les musiciens qui accompagnent Orton font un travail impeccable. Les cordes touchent droit au coeur. La batterie est un métronome au rythme duquel on tape inévitablement du pied. Orton chante avec une émotion qu’on lui connaissait pas. Something More Beautiful vous donnera le goût de danser collé, collé avec quelqu’un que vous aimez. Call me the Breeze est pleine de couleurs. See Through Blue, qui a été écrite pour sa fille, est une valse amusante et entraînante. Mystery ferme l’album en beauté, comme le soupir d’une personne qui ne porte plus le poids du monde sur les épaules.

    Il serait surprenant que Beth Orton fasse le plein de nouveaux fans avec Sugaring Season. Après tout, elle ne jouit d’aucune rotation radio et l’album de compte pas de grand succès potentiel. Les fans, dont je suis, seront heureux de renouer avec une artiste vraie, qui nous livre un album fort d’un bout à l’autre. On ne s’ennuie pas un instant.

    [youtube=http://youtu.be/028lDfUo5MQ&w=640]

    Jacques Boivin

    4 octobre 2012
    Albums
    2012, 8/10, Albums, Beth Orton, octobre, Sugaring Season
  • Critique : Muse – « The 2nd Law »

    Muse
    The 2nd Law
    (Warner)
    2 octobre 2012

    Si je me fie à mes statistiques de visite, vous étiez très nombreux à attendre deux trucs : mon retour, et le nouvel album du trio britannique Muse, qui ne laisse personne indifférent. Fidèle à son habitude, le groupe fait paraitre The 2nd Law quelque trois ans après l’album précédent, le mega-succès mondial The Resistance, qui a propulsé Matthew Bellamy et ses comparses dans la stratosphère.

    Si Resistance était l’album qui mettait un terme aux comparaisons avec Radiohead pour les remplacer par Queen (Bellamy ne veut-il pas être à la fois Freddie Mercury et Brian May?), The 2nd Law les ramène vers Radiohead et Queen tout en étant fortement inspiré par un certain Sonny Moore, 24 ans, mieux connu sous le nom de Skrillex. On y reviendra.

    Qui dit Muse dit gros rock pompeux, plus grand que nature, lourd à souhait et à la limite du prétentieux. D’autres critiques ont utilisé le terme « grandiloquent » et je dois avouer qu’ils n’ont pas tort. Vous les connaissez, ils ne sont pas du genre à avoir peur des grands mots et Supremacy ouvre le bal comme on s’y attend. Des grosses guitares, du gros orchestre, la chorale des grosses polices, et Bellamy qui casse des fenêtres en chantant plus aigu que jamais. Ça ne peut pas mieux répondre aux attentes que ça.

    Une première surprise suit : Madness est une chanson pop tout ce qu’il y a de plus classique, même si certains croient déjà entendre des similitudes avec le dubstep de Skrillex. Vraiment. On dirait que les couplets ont été composés par George Michael! Le plus ironique, c’est que cette chanson pop toute en finesse et en subtilité (finesse? subtilité? parle-t-on VRAIMENT de Muse, ici?) fait partie des bijoux de l’album. Franchement, c’est bon!

    Panic Station est, de son côté, un espèce de croisement entre Queen et Red Hot Chili Peppers. C’est rythmé, les fans vont adorer.

    Supremacy était la chanson officielle des Jeux olympiques de 2012. Elle représente parfaitement le groupe dans tout ce qu’il y a de plus prétentieux et pompeux. Je peux comprendre pourquoi les athlètes peuvent s’en inspirer : il faut un gros ego pour en apprécier un autre!

    Follow Me est une autre pièce qui étonne. Premièrement, la montée toute électronique est assez étrange pour un groupe axé sur la grosse guitare comme Muse. Mais attendez. Vlà la chute. LA DROP! OUI, LA DROP! Grosse chute, comme les amateurs de dubstep les aiment tant. AVEC UNE GUITARE! Sur le coup, on est soufflé. Puis on se dit que dans le rock, si y’a un groupe qui pouvait nous faire le coup de la drop à part Radiohead, c’était bien Muse. Attendez-vous à ce que les remix brostep envahissent les bars à douches d’ici quelques mois.

    Je viens de parler de Radiohead? Ça tombe bien, parce que la prochaine chanson, Animals, semble avoir été écrite par Thom Yorke. C’est tout de même étonnant. On a passé quoi? Douze, treize ans à se faire dire que Muse était un digne successeur de Radiohead alors que Bellamy avait autre chose en tête et que Thom Yorke faisait tout pour se distancier du son OK Computer? Eh ben voilà, il ne faudra qu’Animals pour que le lien soit plus étroit que jamais. Morning Bell, quelqu’un?

    Si vous aimez U2, vous aimerez Big Freeze.

    Un peu plus loin, on retrouve les deux premières pièces écrites et chantées par Christopher Wolstenholme, Save Me et Liquid State. Petit vent de fraîcheur. Wolstenholme n’est pas Bellamy et ces deux chansons ont leur personnalité propre qui détonnent un peu. Save Me en particulier avec ses accents très indie rock mélodieux et atmosphérique. Liquid State ressemble plus à du Muse en raison des guitares plus lourdes, mais la voix de Wolstenholme, qui est plus métallique, donne un ton plus rock à la pièce.

    L’album se termine avec The 2nd Law, une pièce en deux parties, dont la première est carrément du dubstep et copie-colle les recettes du genre. Oui, c’est impressionnant de savoir qu’il ne s’agit que de guitares remplies de distorsion et que la batterie n’est pas programmée, mais si j’avais voulu entendre Skrillex, c’est son album à lui que j’aurais acheté.

    Au fond, un album fort inégal pour un groupe qui a toutefois le mérite de vouloir toujours aller plus loin après six albums alors que tant d’autres se contentent de faire du surplace après un gros tube. Comme toujours, les fans aimeront, les détracteurs détesteront et les autres passeront leur chemin.

    Cependant, le spectacle associé à cet album risque d’être quelque chose. Je vais certainement y aller.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Ek0SgwWmF9w&w=640]

    Jacques Boivin

    3 octobre 2012
    Albums
    2012, 2nd Law, 6/10, Critique, Muse, octobre
  • Critique : Passion Pit – « Gossamer »

    Passion Pit
    Gossamer
    (Columbia)
    24 juillet 2012

    Passion Pit aurait-il suscité des attentes trop élevées avec son premier album, l’excellent Manners, qui a pris tout le monde par surprise en 2010? C’est la question que je me suis posée tout au long de ma première écoute du successeur de Manners, Gossamer. L’album n’est pas mauvais, loin de là. Il s’agit même d’un très bon disque. Le problème, c’est qu’il n’y a plus d’effet de surprise et Michael Angelakos, le leader du groupe qui écrit toutes les pièces, suit ici sa propre recette, même s’il s’aventure çà et là hors des sentiers battus.

    La première chanson de l’album, Take a Walk, donne le ton assez clairement : omniprésence des synthétiseurs, gros beat, flot ininterrompu de paroles, refrain pas subtil du tout mais terriblement accrocheur. Aucun doute possible, c’est bel et bien du Passion Pit. Pourtant, il y a quelques différences (un riff de guitare!). Quant aux paroles, il s’agit de l’histoire d’un gars (comprends-tu) qui essaie de survivre à la crise économique américaine.

    Carried Away a un petit côté spécial : des choeurs accompagnent le falsetto d’Angelakos, gracieuseté du groupe a capella suédois Erato. Et quels choeurs! On trempe carrément dans la guimauve, ici, mais pour une fois, c’est dit de manière positive. Constant Conversations est la chanson surprise de l’album : on tombe dans le R n’ B un peu soul. Erato fait encore les choeurs de belle façon.

    Mirrored Sea est une pièce de Passion Pit typique qui n’aurait pas détonné sur Manners. Autre pièce surprenante, Cry Like a Ghost, grosse pièce pop très urbaine tout à fait dans l’air du temps. Il s’agit d’une des pièces que j’ai le plus hâte d’entendre en spectacle (si spectacle il y a…).

    Erato est de retour sur Love is Greed, une autre chanson qui suit la recette élaborée par Angelakos. Quant à It’s Not My Fault, I’m Happy, c’est probablement la chanson qui résume le mieux mon opinion de l’album : la chanson donne des frissons, mais il manque un tout petit quelque chose pour passer à un autre niveau comme le faisait Manners.

    L’album se termine sur une chanson aussi fascinante qu’inquiétante. Where We Belong raconte un incident qui a mené à une tentative de suicide d’Angelakos lorsqu’il avait 19 ans. À la lumière de ce qu’on sait aujourd’hui (Michael Angelakos a confirmé qu’il était maniaco-dépressif et il a fait un séjour dans un établissement psychiatrique de l’État de New York cet été, ce qui a causé l’annulation de quelques spectacles), on ne peut qu’espérer qu’Angelakos gagnera son combat.

    Gossamer est l’oeuvre d’un homme troublé en quête de son identité propre. C’est un bon disque. De la bonne pop. Avec un son unique, même s’il rappelle souvent l’album précédent. Si vous ne vous creusez pas trop la tête et voulez de la musique qui semble joyeuse et dansante, Gossamer vous plaira. Si vous vous attardez un tant soit peu aux paroles et à l’attitude du chanteur, vous aurez peut-être, comme moi, envie de prendre Michael Angelakos dans vos bras et lui demander comment ça va.

    Techniquement, Passion Pit sera à Osheaga le 5 août prochain. Je dis bien techniquement, parce qu’on ne sait pas comment ira Angelakos rendus là. Je sais à quel point un spectacle de Passion Pit, ça peut être cool et lumineux. Mais je sais aussi que je préférerais un troisième album de Passion Pit avec un Angelakos qui maîtrise ses démons qu’un show quelques mois avant qu’il ne fasse une grosse connerie.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=dZX6Q-Bj_xg&w=640]

    Jacques Boivin

    20 juillet 2012
    Albums
  • Critique : 120 Days « 120 Days II »

    120 Days
    120 Days II
    (Splendour)
    5 mars 2012

    Je me suis assise confortablement. Ai branché les écouteurs dans mon vieux portable. Ai monté le volume un tantinet. Ai cliqué sur « Play ». Ai fermé les yeux.

    Frissons. High de quarante-trois minutes. Je me suis shooté le deuxième album de 120 Days, un quatuor de jeunes immatures propulsé dans le monde des grands en 2006 grâce au succès retentissant de leur premier disque éponyme. Il aura fallu cinq grosses années au groupe norvégien pour concevoir leur p’tit deuxième, mais cette période aura, à mon avis – et au leur –, été essentielle.

    120 Days II nous offre un son plus virulent, plus intuitif et des développements hal-lu-ci-nants. Il vous donnera envie un jour de danser à en perdre haleine jusqu’aux petites heures du matin, le jour suivant, de vous donner corps et âme à un projet ardu. En gros, faites une croix sur le Red Bull. Les premières notes de l’album (Spacedoubt) ne laissent planer aucun doute sur l’identité des auteurs. Des synthés qui étourdissent, des bruits futuristes et atmosphériques qui font rêver debout, des incursions agressives de basse qui font gricher les oreilles, des percussions artificielles mais oh combien vibrantes qui nous rentrent dedans comme un solide jab; c’est du 120 Days tout craché. Et de cette gymnastique sonore, on en veut toujours plus.

    Le talent de 120 Days réside avant tout dans leur musique, ce dont ils ne se cachent pas; le chant occupe une place accessoire, ce qui caractérise habituellement l’électro-indus/expérimental/dance/appelez-ça-comme-vous-voulez (j’ose dire que c’est bien ainsi, car l’effet « cacanne » dans la voix du chanteur me rebute quelque peu). On y goûte tout de même ici et là, bien qu’on ne peut s’empêcher d’être un brin déçu de ne pas pouvoir apprécier l’accent scandinave de nos jeunes Vikings.

    Je ne suis pas prophète, mais mon petit doigt me dit que, si des groupes comme Kraftwerk ou Neu! vous branchent, l’expérience 120 Days à saveur électro années 80-ish devrait vous plaire. J’attends avec une grande impatience leur venue de ce côté de l’Atlantique.

    [youtube=http://youtu.be/gOQHOf65-Rg&w=320]

    Tatiana Picard

    19 avril 2012
    Albums
    120 Days, ambient, électro, Mars 2012, Norvège, Tats
  • Critique : Alabama Shakes « Boys & Girls »

    Alabama Shakes
    Boys & Girls
    (ATO/Rough Trade)
    10 avril 2012

    Sur les forums musicaux, quand on demande quels sont les groupes à surveiller à Bonnaroo et à d’autres festivals cet été, quelques noms sont répétés de façon très régulière, notamment celui d’un groupe d’Athens, en Alabama, Alabama Shakes, qui vient tout juste de faire paraître son premier album intitulé Boys & Girls.

    On comprend pourquoi une certaine aura les entoure, ceux-là! Le groupe, dirigé par Britanny Howard, nous donne un rock teinté de soul et de blues tout droit sorti des années 1960-1970, et ce, dès la première chanson (qui est aussi le premier simple), Hold On, aux riffs accrocheurs et à la voix puissante.

    Howard a une voix parfaite pour ce qu’elle chante, soit de la soul puissante, à la limite du gospel, et le rock pratiqué par son groupe a un petit côté garage qui accompagne extrêmement bien cette voix. Dans la balade You Ain’t Alone, Howard répète « you ain’t alone, just let me be your ticket home » comme si, en devenant une sorte de mantra, ces paroles pouvaient nous libérer de notre chagrin.

    Be Mine est une des chansons les plus intenses que j’ai entendues depuis le début de l’année. Il s’agit d’un blues-rock presque parfait, où la musique, la voix et le texte sont en symbiose, et qui vient vous déculotter avec une finale complètement déjantée.

    Si la première impression est toujours la meilleure, on a droit ici à un groupe promis à un brillant avenir. À emmener avec soi dans tout roadtrip qui se respecte.

    [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=Le-3MIBxQTw&w=320]

    Jacques Boivin

    18 avril 2012
    Albums
    8/10, alabama shakes, avril 2012, boys & girs, Critique
  • Critique: Grimes « Visions »

    Grimes
    Visions
    (4AD)
    21 février 2012

    C’est une « amie » sur Facebook qui m’a présentée au phénomène Grimes l’an passé. Claire Boucher, une petite artiste multidisciplinaire de Vancouver qui fait de la musique à partir de gadgets numériques au goût du jour. Installé à Montréal depuis 2006, elle ne donne pas juste dans la musique, mais la dance, la performance, la vidéo, etc. Comme je disais, une artiste multidisciplinaire.

    C’est difficile d’étiqueter un style musical à son pseudo, car elle à touché à bien des genres avec ses quatre disques en deux ans. Celui-ci est beaucoup plus…pop? Ouin…

    Genesis, est la première pièce à attirer mon attention, une sonorité japonaise, qui n’a rien à voir avec le créationnisme, quoiqu’original, non pas originel! Un amalgame de mots utilisé plus à des fins de mélodies que de message. C’est plutôt de la légèreté musicale, autant par les mélodies vocales, que par l’utilisation d’échantillonnage midi, clavier numérique, loop, etc. Elle est seul la petite, donnons lui une chance. C’est robotique, numérique, digitale, quantitative en variations sonores, voir parfois un peu répétitif.

    C’est un album d’ambiance pour subwoofer, une musique de fin de nuit. Imaginez un chat, en torsions de gauche à droite, en boule, se lèche, s’étire; c’est exactement l’image qui me vient en tête quand j’entends sa voix. C’est naïf et hypocrite à la fois. Doux et griffant.

    ***C’est tellement pas le genre de musique qui s’apparaître à l’environnement dans lequel je me trouve actuellement; grosse lumière fluorescente, écouteur aux oreilles. Peut être que si j’étais sur une piste de danse, dans un petit bar miteux, entouré de petit garçon soucieux de leur look, de petites filles habillées en H&M de la tête au pieds, je comprendrais mieux la musique de Claire Boucher. Oui, je le dis haut et fort, de la musique de hipster, mais ça n’enlève absolument rien à son talent.***

    Visiting Statue met en vedette une voix quasi Ono-esque, loopé sur fond de clappements à la Peaches, très souvent des sons atypiques de Peaches, trop souvent peut-être, mais rien à voir avec le style trash. J’ai bien de la misère à m’en dissocier. Tiens, encore!

    Colour moolight (Antiochus) me rappel Prince, When Doves Cry. La voix de Boucher est si fragile que je pourrais facilement m’imaginer que c’est une  qui pleure. Une fragilité émotive qui d’ailleurs, se sent très bien sur Skin.

    En somme, Visions est une création atmosphérique exemplaire, qui scelle «le marché » surtout pour la vente de tickets, car Grimes viens tout juste de terminer une petite tournée à guichet fermé à New York. Si La Fourmi Atomique pouvait encore exister, ça aurait été l’endroit par excellence pour voir Grimes à Québec.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=T3iAoxHb8B8&w=320]

    Allison Van Rassel

    18 avril 2012
    Albums
    Allison Van Rassel, Critique, Grimes, Mars 2012, Visions
  • Critique : Patrick Watson « Adventures in Your Own Backyard »

    Patrick Watson
    Adventures in Your Own Backyard
    (Secret City)
    17 avril 2012

    Dans la vie, on croise deux genres de groupes : ceux qui passent leur temps à se renouveler (et à se perdre) et ceux qui peaufinent leur art jusqu’à ce qu’ils le maîtrisent parfaitement. Dans cette deuxième catégorie, on a trop souvent des groupes qui tombent trop facilement dans la redite, puis on a Patrick Watson.

    Dès les premiers accords (de piano) de Lighthouse, on sait très bien à qui on a affaire. Les membres du groupe ne nous réservent pas vraiment de surprises (sauf cette petite saveur sud-américaine qui apparaît çà et là), se contentant plutôt de nous offrir des chansons incroyablement belles, qui s’écoutent un brin d’herbe au bec.

    Ces chansons, Watson les chante joliment avec sa voix de fausset et les membres du groupe les jouent avec un plaisir contagieux. On devient accro très rapidement à des bijoux comme Quiet Crowd ou Words in the Fire.

    Adventures in Your Own Backyard sera sans aucun doute un des albums les plus écoutés cet été chez les fans de pop indé. Il est parfait comme musique d’ambiance et en écoute active, c’est exactement le genre d’album qui fait rêver.

    Ne reste qu’à souhaiter leur passage au Festival d’été!

    [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=IgyLgbGEi_k&w=320]

    Jacques Boivin

    15 avril 2012
    Albums
    2012, 9/10, adventures in your own backyard, avril, indie pop, patrick watson
  • Critique : Amylie « Le royaume »

    Amylie
    Le royaume
    (Audiogram)
    10 avril 2012

    Quelle drôle de bibitte printannière que ce deuxième album d’Amylie!

    Premièrement, c’est un album sur lequel on peut difficilement coller une étiquette. Est-ce un album purement pop? De l’indie au féminin? Une folie d’auteure-compositrice-interprète? Le dernier défi d’Antoine Gratton? C’est un peu tout et rien de tout ça en même temps.

    D’un côté, c’est bien. On mélange les genres, on passe sans gêne du cabaret (sublime Colombe) à la pop très old-school (jouissive Les filles), en passant par la pop très soul (Tais ta tête). C’est bien écrit, c’est bien joué, et on s’amuse beaucoup avec les paroles.

    De l’autre, on cherche un fil conducteur. On se promène d’une chanson à l’autre sans trop savoir sur quoi s’accrocher. C’est beau, la richesse, mais là, vraiment, on s’éparpille. Rien de grave, du moins pas au point de nous faire changer de disque. Juste un petit irritant qui devrait s’estomper de lui-même au prochain album ou même en spectacle.

    Parlons de la réalisation d’Antoine Gratton. Oh! Qu’on reconnaît sa griffe sur ce disque! Les arrangements complexes, la touche d’électro jouxtant le big-band, c’est du Gratton tout craché. Encore un travail de pro par un des meilleurs dans le domaine.

    Au final, les points positifs sont de beaucoup supérieurs aux négatifs. Vous aurez du plaisir à écouter cet album.

    [vimeo=http://vimeo.com/39446255 w=320]

    Jacques Boivin

    14 avril 2012
    Albums
    7/10, amylie, Critique, le royaume
  • Critique : Lisa LeBlanc « Lisa LeBlanc »

    Lisa LeBlanc
    Lisa LeBlanc
    (Bonsound)
    26 mars 2012

    Bon, vous avez sûrement été témoins du buzz autour de la jeune auteure-compositrice-interprète acadienne. Vous avez probablement entendu son gros hit, Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde. Pis, est-ce que ça vous a convaincu d’acheter l’album? Le cas échéant, bravo, vous avez fait un bon choix. Sinon, rassurez-vous : au-delà du buzz, il reste beaucoup de talent, des bonnes chansons et un brillant avenir.

    Cerveau ramolli ouvre l’album avec une énergie assez incroyable. Le rythme est rapide, les guitares de Louis-Jean Cormier (en break de Karkwa) se marient merveilleusement bien au Banjo de LeBlanc, les paroles vont droit au but (ça… c’est le cas tout au long de l’album!), franchement, on a droit à du folk qui rocke!

    Ça se poursuit avec Du duvet dans les poches et Motel, deux pièces sales, poussiéreuses… du folk de grange (pour faire un parallèle avec le rock de garage) tout à fait honnête. En fait, les trois premières pièces du disque me rappellent une autre artiste du même genre (quoiqu’aux accents plus country), qui avait accolé l’étiquette « trash » à ses compétitions (voir TREMBLAY, Mara). On y retrouve la même urgence de s’exprimer, de faire des vagues.

    Petite pause avec Juste parce que j’peux et Câlisse-moi là. Cette dernière a un côté blues écorché vif qui fait mal. Intense, mais sincère.

    Après un bref retour aux chansons plus rythmées, on ressent enfin, avec Lignes d’Hydro, l’influence de Cormier. Ses riffs sortent tout droit d’une pièce de Karkwa, la mélodie et le rythme ne sembleront pas inconnus aux fans du groupe. N’empêche, il s’agit, avec Cerveau ramolli, de ma pièce préférée de l’album.

    Le reste de l’album est beaucoup plus tranquille on y retrouve les rares longueurs. En quelque part, c’est bien que celles-ci se trouvent à la fin… Notons toutefois Kraft Dinner. Quelle belle idée, cette chanson. « Au pire, on rira ensemble, on mangera du Kraft Dinner, c’est tout c’qu’on a d’besoin. » Et l’album se termine en beauté, avec Aujourd’hui…

    Franchement, pour le premier album d’une jeune femme de 21 ans, on en ressort agréablement surpris. C’est bon, c’est intelligent malgré le vocabulaire parfois un peu déroutant, et c’est intemporel. Vous allez encore écouter ce disque quand vous serez vieux. 😉

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=cYipXVojZYo&w=320]

    Jacques Boivin

    12 avril 2012
    Albums
    2012, 8/10, avril, Critique, Lisa LeBlanc
  • Critique: Sharon Van Etten «Tramp»

    Sharon Van Etten
    Tramp
    (Jagjaguwar)
    7 février 2012

    Tramp c’est du rock doux et âpre, avec une philosophie grunge aux mélodies vocales très féminines qui met de l’avant des frustrations, voir même un mal de vivre. Par contre, la voix de Sharon est si délicate, que c’est quasi impossible de croire en ses frustrations.

    Mais la dichotomie fonctionne aux arrangements, souvent seulement piano, guitare, accommodé d’un air nonchalant de batterie qui se perd un peu au fond d’un marais d’émotions.

    Et parlons en des arrangements, car c’est All I Can qui sonne le plus, comme si elle se devait de porter le titre de l’album. «We all make mistakes», dit-elle en ton défendeur, engagée dans un refrain bondé de guitare. We Are Fine, présente une voix masculine comme si elle venait défendre ses sentiments, «its ok to feel», raconte elle en plus à ce moment-là. Peu importe le titre, je sens qu’elle s’est submergée d’émotions négatives, puissantes, noires. C’est donc bien personnel. Complètement franc.

    Les paroles sont épiques, la musique minimaliste et à la fois full, quoi que différente de la Sharon de Epic et Because I Was in Love. On sent qu’à partir de cet album, Sharon s’ouvre à un tout autre monde. D’ailleurs, la photo de pochette témoigne qu’elle est plus audacieuse (un beau clin d’œil  à John Cale) non pas dans sa féminité, mais avec ses émotions. Ça ne serait pas surprenant d’apprendre qu’elle est admiratrice de PJ Harvey!

    Définitivement un des meilleurs albums paru février, 2012.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=uWUs4ZxMRWs&w=320]

    Allison Van Rassel

    13 mars 2012
    Albums
    2012, Allison Van Rassel, Critique, février, Sharon Van Etten, Tramp
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