Après GILLES, ce fut au tour de Catherine Leduc, anciennement du duo Tricot Machine, de se produire sur scène jeudi soir aux Apéros FEQ au District St-Joseph.
C’était la première fois à Québec que Catherine Leduc venait pour y présenter son projet solo. Quelque peu fébrile, elle s’est bien entourée de ses complices Matthieu Beaumont (claviers), Maxime Castellon (basse), Guillaume Éthier (batterie) pour l’occasion. Leduc a su me captiver, tout comme la foule, par sa folk psychédélique aux accents de dream pop. Elle a pris de l’aisance sur scène.
Catherine Leduc offre un son bien différent de celui de son ancien duo. Elle sait comment doser les chansons plus mélancoliques – Un bras… et Rookie(Houston, Anticosti, Un bras de distance avec le soleil) – et d’autres plus rythmées. Elle a son univers bien à elle. Ses musiciens l’accompagnent brillamment, tout en lui laissant la place. Pour une première fois sur scène, Leduc a utilisée une harpe électronique qui a ajouté une touche de nouveauté aux pièces.
Au cours de l’heure de sa présence sur scène, nous étions dans un autre monde, presque comme sur un nuage. Elle a un projet qui lui colle à la peau.
Jeudi dernier, c’était le coup d’envoi pour les soirées Apéros FEQ au District St-Joseph. 24 artistes seront en compétition pour gagner leur place sur une des scènes du Festival d’été de Québec et pour le grand prix de 10 000 $.
C’est tout en douceur que GILLES a débuté sa performance pour séduire le jury et les curieux. Le groupe qu’on avait vu auparavant au Festival d’été de Québec et au Festif de Baie St-Paul a eu un été chargé avec plusieurs performances. Ils ont donc gagnés en maturité et ils ont toujours du plaisir à jouer ensemble sur scène.
Les anciens de l’Ampli ont réussi à mélanger à la fois des chansons d’amour (T’as jeter les yeux sur moi, Télégramme) et des chansons qui font réfléchir (Laxmi, Sortir de la ville). Ils ont aussi utilisés, avec justesse, l’actualité pour jouer la pièce Les voisins, en lien avec la tuerie à Las Vegas plus tôt dans la semaine.
Leur interprétation de The Boxer de Simon & Garfunkel était bien réussie, toute en harmonie et en douceur. Ils ont terminé le spectacle avec leur chanson Passé Pékin.
Si on se fie à la qualité du spectacle de ce soir, il y a fort à parier que les juges auront des choix déchirants à faire pour choisir qui se méritera les prix en jeu.
Ce jeudi, les Apéros FEQ accueillent Catherine Leduc. 18 heures, District Saint-Joseph. Entrée libre.
Une ambiance festive règne toujours à la shop du Trou du Diable – Wabasso, alors que les habitués se réunissent pour venir profiter de spectacles de qualité et de bonnes bières brassées sur place. En ce début de saison automnale, nous avions droit à une programmation très colorée pour la soirée.
C’est l’Ontarien Friendly Rich, déjà venu à Shawinigan l’an dernier, qui a ouvert le bal en cassant son français, mais en y allant de compliments pour charmer le public. « Que vous êtes beaux », disait-il, et voilà, j’étais conquise. Il a récemment lancé son 11e album studio en carrière, The Great Blue Heron, qu’il trimbale en petite tournée pour 6 dates au Québec et en Ontario. Dans une entrevue accordée au Huffington Post, il disait qu’en spectacle, sa grande force est au niveau du lien avec l’audience, ce que j’ai pu remarquer durant sa prestation. Toujours prêt à faire une petite blague pour présenter ses chansons, faisant participer le public de manière humoristique (ex.: le faire claquer des doigts entre les différentes chansons, le faire répéter des bouts de chansons impossibles, le faire siffler, etc.) il s’amusait tout autant que les gens présents à la shop.
Il veut également partager le meilleur de sa musique et encore une fois, mission accomplie! Ne connaissant aucunement ce qu’il faisait, j’ai été captivée par les mélodies folkloriques, aux sonorités de bluegrass par moment, et même de country. Que ce soit par le biais du talent de Steve Ward au trombone, le son impressionnant de la guitare de Phil Miles et le rythme endiablé de Joe Sorbara aux tambours. Friendly Rich s’est entouré de musiciens brillants. Les 4 parties de Terry Fox Suite ont été particulièrement intéressantes. Je pouvais imaginer l’athlète pendant son marathon de l’espoir être accompagné de cette trame musicale. Une belle surprise de découvrir cet artiste qui accumule les projets intéressants (il a notamment fait la musique du Tom Green Show) et qui ne cesse de surprendre.
S’ensuit alors les majestueux Jardin Mécanique, que j’ai vu il y moins d’un an au regretté Cabaret Satyre. À ce moment-là, je les découvrais avec un plaisir incommensurable, lors de la journée de l’Halloween. C’était le moment opportun pour un tel spectacle! Cette fois, je savais que j’appréciais déjà l’univers qu’ils proposent: un opéra rock d’horreur qui valse autour des thèmes de la révolution, de l’apocalypse et du pouvoir. Les trois personnages, Augustache, Camélius et Edwidge, sont tous affublés de costumes et de personnalités caricaturales que l’on comprend rapidement. De plus, leur talent fait tôt de captiver l’audience et de la faire sauter à pieds joints dans le sombre monde du sinistre Théâtre Tintamarre.
À nouveau, ils m’ont impressionnée de par leur justesse incroyable, l’efficacité des différentes interventions théâtrales entre les chansons et l’évolution de l’opéra. J’ai également confirmé ma passion pour la rythmique des tambours de Philippe Coulombe et du côté dramatique intense qu’elle apporte aux chansons. Chacun des membres du trio macabre utilise autant ses forces vocales qu’instrumentales. Francis Gagnon, Philippe Coulombe et Sylvain de Carufel sont magistraux dans leur interprétation du déviant Augustache, du narcissique Edwidge et du tourmenté Camélius. Je le répète, mais un spectacle de Jardin Mécanique dans une ambiance automnale, lorsque ça refroidit tranquillement à l’extérieur, c’est immanquablement parfait. Seule petite déception: j’ai vu deux fois le même épisode, mais j’aurais adoré découvrir quelque chose de nouveau, ou alors voir le premier épisode!
Truckfighters est probablement le meilleur groupe au monde, et pourtant une tournée américaine n’arrive pas assez souvent, encore moins un passage à Québec puisque leur dernier show dans la ville date d’il y a 3 ans sur les Plaines d’Abraham en première partie de Soundgarden. Samedi soir, ils étaient venus avec 2 autres représentants du stoner rock pour venir transpirer de la bière, et moi de voir les lumières fumantes de l’Anti Bar fusionner avec eux.
Floating Widget, Montréal, Canada.
1er groupe sur la scène à 20h30 pétantes, ce groupe de Montréal à l’influence Sabbathique et Voivoidienne (note : ils ont fait un morceau avec le chanteur). L’énergie est là, les riffs sont lourds, la voix est rauque, les échanges avec le public tout fonctionne.
Telekinetic Yeti, Dubuque, Iowa, USA.
Quand soudain, 2 barbus aux cheveux longs s’installent sur scène. Grosse batterie, grosse guitare à 7 cordes et des pédales à n’en plus finir. Un effort de mise en scène se fait sentir avec 2 spotlights, dont un contrôlé manuellement par le pied du chanteur/guitariste. Musicalement, c’est assez fort, ca part nettement dans le psychédélique avec toutes sortes de wah-wah et de distortion, ca reste lourd et efficace.
Truckfighters, Örebro, Suède.
Ozo, Dango et Pezo prennent le relai. Une setlist de 7 morceaux sur une assiette en carton, ca parait court comme concert, mais le secret des chasseurs de camions réside surtout dans l’improvisation. Des morceaux d’en moyenne 7-8 minutes se voient rallonger de 5-6 minutes avec des sections plus légères et atmosphériques. L’interaction avec le public est toujours aussi démente avec Dango pouvant se permettre un bain de foule sans souci de câblage, même si quelques fois c’était le public qui éteignait accidentellement ses pédales pour cause de bousculade excessive. Le groupe s’est aussi permis de donner le micro à des fans pour chanter ou hurler les paroles. Et puis question énergie, comment te dire ? C’est assez difficile de prendre en photo un guitariste qui saute toutes les 10 secondes, surtout si tu es complètement devant la scène.
J’ai encore mal à ma nuque quand je me penche en avant.
On peut dire que les astres étaient bien alignés le 27 septembre dernier : Olivier Bélisle (auteur-compositeur-interprète à l’imagination fertile) se produisait à la Librairie Saint-Jean-Baptiste (lieu idéal pour voir des prestations intimistes) dans le cadre de Route d’artistes (des tournées qui amènent les artistes jouer à quelques pouces de votre grosse face).
Pour un gars qui donnait son septième show en huit soirs, Bélisle n’avait pas l’air trop fatigué! L’auteur d’Une fois par jamais nous a joué ses chansons à personnages de sa douce voix un brin grave, chansons qu’il a présentées avec humour, notamment en nous lisant des extraits de livres qui se trouvaient sur les rayons de la bibliothèque derrière lui. C’est un peu ça, Route d’artistes et Olivier Bélisle : du monde qui sait nous mettre à l’aise pour qu’on passe un beau moment.
C’était devant un public conquis d’avance que Charles-Auguste s’est produit hier.
En première partie, c’est l’auteur-compositeur Jordan Jack. Nouveau dans la scène folk à Québec, ses chansons en anglais, et une bilingue, gagnent du public. Prenant de plus en plus d’assurance sur scène, il sera à suivre dans les prochains mois.
Puis, l’auteur-compositeur Charles-Auguste Lehoux et Jonathan Sonier ont réchauffé la salle. Prenant le pari de l’authenticité et d’un public attentif, ils ont ponctué le spectacle de confessions en lien avec les chansons interprétées. Jonathan Sonier, le guitariste de Charles-Auguste, accompagne celui-ci avec justesse et ajoute de la profondeur. Le contrebassiste Thierry Sterckeman a lui aussi mis sa touche aux chansons de Lehoux. Deux reprises, Dixie et Dimanche au soir à Châteauguay, sont venues s’ajouter aux chansons provenant du EP Les Miettes. Le mini-album, qui sortira le 26 octobre prochain, permet à Charles-Auguste de tirer son épingle du jeu avec son folk authentique. Dans son univers où les histoires de filles se mélangent à quelques périodes plus sombres, j’ai facilement embarqué dans sa musique. Aimer peut-être a reçu une belle dose d’amour et de participation d’une foule qui aurait pris des chansons de plus. Une expérience sans nul doute gravée dans leur mémoire.
AVANT-GARDE : Mouvement, groupe littéraire, artistique qui est à la tête des innovations, des progrès et qui souvent rompt avec le passé.
Préface
Juin 1967. Les Beatles révolutionnent l’industrie du disque avec la sortie de leur album concept Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Le disque compte aussi nombre d’innovations techniques qui influencent encore les sonorités de groupes actuels. Septembre 1969. Abbey Road et sa célèbre pochette. Sur le disque, on entend Georges Harrison au Moog, un synthétiseur qu’il contribue à populariser. Derrière le groupe mythique, les admirateurs passionnés qui les ont portés et qui leur ont permis de marquer l’histoire. Sans parler de King Crimson, Van der Graaf Generator, Genesis, Harmonium… 1969, 1967, 1967, 1972… Le bon vieux temps, quoi ?
J’ai un secret pour vous. Vous qui êtes passionnés par l’avant-garde d’avant. Il y a encore une avant-garde aujourd’hui, des musiciens impressionnants, des moments magiques où la musique se décloisonne pour trouver un nouveau chemin. C’est ce que le Pantoum a voulu démontrer samedi dernier en présentant une programmation audacieuse pour l’ouverture de sa sixième saison de spectacles. Alors, cessons de nous apitoyer sur la fin d’une époque et prêtons l’oreille à celle qui commence.
Devant nous, un homme et ses machines : des amplis entassés près d’une table où l’on retrouve nombre de molettes dont le fonctionnement m’échappe. Jeux complexes de retour de feedback. De cet hybride s’échappe une grappe de sonorités aux couleurs d’une violente vivacité. Les basses obscures jurent avec les fréquences aigües et suraigües qui écorchent l’oreille par leur brillance.
Drone, électro, atmosphérique…appelez ça comme vous voulez. C’est surtout une expérience éprouvante, bouleversante, aux confins de la musique. On cherche à s’accrocher au rythme qui se dessine puis qui envoûte par sa pulsation. On se perd dans la forêt de sons qui ne se suivent pas. Le chanteur de SUUNS réussit ici encore, en projet solo, à faire sortir de la musique une force brute, magnétique comme le regard d’un serpent.
CHIENVOLER
Après avoir pris une grande bouffée d’air frais dehors, on est prêts pour CHIENVOLER. Ça promet : ils ont tellement d’instruments que la scène déborde dans la moitié de la salle. Les six musiciens s’installent et l’aventure commence…Ce qui suit est indescriptible.
Le groupe semble n’avoir qu’un seul corps – comme une hydre à six têtes et je ne sais combien de bras qui explorent les subtilités d’une même rythmique interne. Les influences qui ressortent du mélange sont aussi diverses que les instruments utilisés (saxophones, clarinette basse, bağlama, synthés – pour ne nommer que ceux-là). C’est plus que du prog, c’est une musique de chimère.
Le Moog (salut Georges Harrison) rappelait le «bon vieux temps» ; le saz faisait voyager au Moyen-Orient ; les mélodies éclatées aux bois faisaient écho aux soli endiablés de Charlie Parker ; un bref épisode a capella, clin d’œil au flamenco ; les rythmes élaborés faisaient honneur à Igor Stravinski. Et ce ne sont que quelques facettes de cet énorme polyèdre qu’il nous a été donné d’entendre.
Le groupe a terminé avec une grande finale bien psychédélique qui nous a amenés au comble de l’extase. Heureux sont ceux qui ont pu assister à la chose, car apparemment les membres du groupe ne peuvent se réunir que rarement. Chapeau bas à Jérémi Roy (Esmerine, Bellflower), Félix Petit (FELP, Oblique, Yokofeu, Bellflower), Gabriel Godbout-Castonguay (Yokofeu), William Côté (Bellflower), Martin Rodriguez (Cabezón) et Alex Dodier (Shpik, Bellflower).
Recevoir le projet de Radwan Ghazi Moumneh dans les murs du Pantoum était une sorte de fantasme pour ses deux cofondateurs, Jean-Étienne et Jean-Michel. Accompagné par le projectionniste et cinéaste Charles-André Coderre, le musicien d’origine libanaise nous a présenté un univers où les instruments (en l’occurence le Buzuk) et les techniques vocales arabes rencontrent les synthétiseurs et l’esthétique électronique.
Les spectateurs sont restés captivés du début à la fin. Une expérience enveloppante, intense. Les mélodies élaborées du musicien avaient pour nous occidentaux une dimension presque mystique, qui était amplifiée par les effets sonores. Les projections ne faisaient que nous plonger davantage dans cet univers singulier. Tirées de cinq machines vintage (16mm) et de bobines maniées à la main, elles présentaient des images filmées et développées par Coderre. Même l’air chaud qui sortait des ventilateurs – on fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on a – nous transportait dans un ailleurs éloigné.
Un des meilleurs spectacles du Pantoum
Le pari de l’audace était risqué. De leur côté, les organisateurs ainsi que les musiciens ont assuré : le spectacle était éclaté, de haut calibre et l’ambiance, agréable. Le public, celui qui a fait l’effort de se déplacer pour découvrir (ouf, c’est difficile !), en a vu de toutes les couleurs. Et les absents ? Vous connaissez le proverbe.
Oppressante, métissée ou éclectique, la musique qu’on a goûtée tenait certainement de l’avant-garde. Eh oui, il y a une avant-garde d’aujourd’hui. Une musique de demain. Mais y aura-t-il assez d’oreilles pour l’entendre ? Assez de bras pour la porter vers les sommets de l’histoire ?
Je dois vous confesser ceci… (Presque) jeune Mauricien, je n’ai jamais eu l’occasion d’aller encore au Cercle de Québec. Je le sais, quand on collabore à ecoutedonc.ca, c’est un crime de lèse-majesté. Il a donc fallu donc un événement spécial pour enfin régler ce problème: un spectacle de Pierre Kwenders.
La salle de spectacle est construite d’une manière que je trouve plutôt brillante; davantage en largeur pour cadrer aux dimensions de la scène. Ainsi, lorsqu’on se retrouve au centre, on a vraiment l’impression que notre vue est complètement immergée dans la prestation. Concernant le spectacle dont le présent article fait l’objet, cet aspect géométrique change complètement la manière de vivre notre soirée. Ce n’est pas pour rien que l’endroit s’appelle Le Cercle – Lab vivant.
Après ce moment d’émerveillement, un empereur arrive sur scène… Pas nécessairement celui des Bantous, mais celui qui décide du commencement et de la finalité du temps et de l’espace. En trois ans, le personnage scénique de Kwenders a évolué, et pour le mieux. Autant il y a trois ans il était une bête de scène initiant un gros party, autant, en 2017, quelque chose de magique se produit: Le temps était en effet suspendu et l’espace avait été avalé par un univers musical non seulement original et intéressant, mais par un raz-de-marée de plaisir, de professionnalisme, d’émotions et de jambes incapables de ne pas bouger, même pour les moins déliés d’entre nous.
L’auteur-compositeur-interprète a commencé sa prestation avec la pièce WTFU. En entendant les notes, on est supris par la pureté du son de la guitare de Vincent Duhaime Perreault (qui, paraît-il, accompagne Kwenders que depuis deux semaines, à mon grand étonnement) et de la basse d’Olivier Pépin. J’avais quasiment l’impression d’entendre des notes comme s’ils ne sortaient pas d’une console de son, mais plutôt tout droit sorties des cordes, comme si on était juste en face.
De son côté, la batterie et les percussions électroniques de Philippe Bilodeau apportent des rythmes enlevants et encore plus entraînants qu’en studio. Notons également les consoles électroniques de Pépin qui rendent possibles des effets renforçant l’ambiance ensorcelante. Par exemple, l’assistance a pu entendre des effets de voix qu’on retrouvent sur le dernier album de Kwenders, Makanda – At the End of Space, the Beggining of Time, comme des échos ou de la superposition.
L’éclairage, très travaillé, contribue également à rendre la soirée magique. Qu’il soit plutôt tamisé pour créer un effet d’intimité pour Rendez-vous ou cinématographique (l’usage de la fumée et des jeux de lumières sont vraiment loin de donner un résultat «quétaine» ou forcé), cet aspect du spectacle, combiné à la vue en largeur, démontre un souci du détail dont certains vétérans devraient prendre note.
Les chansons, quant à elles, se retrouvent habillées d’une attention particulière dans leur version en spectacle. L’exemple le plus frappant est la dernière présentée: Woods of Solutide. Si en studio on plane, sur scène, on se promène dans le Sahara avec une version blues désertique évoquant Tinariwen.
Cette soirée va sans doute s’inscrire dans le top 5 des meilleurs spectacles que j’ai vu ces cinq dernières années…
Ouf, ça en fait du monde qui passe sur une scène! Pour le lancement de leur premier album, Mon Doux Saigneur a décidé de s’organiser un mini festival au Cercle en cette chaude soirée de septembre. La soirée était belle, le monde était content, les groupes étaient en feu, on a donc tous passé un très beau moment.
Simon Kearney
Le rock de Simon est sincère, sans détour et puissant. Il est à base de solides compositions supportées par une brochette de bons musiciens et assaisonné par une belle présence scénique. Laissez le tout mijoter et savourez sans modération. En effet, les musiciens savent très bien se débrouiller, en particulier le sujet principal du groupe, qui livre des solos de guitare agiles et bien sentis. Il a présenté des mélodies accrocheuses tout au long de son (court) moment sur scène qui ont réuni, en chantant et en tapant des mains, le public sans cesse grandissant. Du rock, il y en a beaucoup à Québec, mais peu de groupes arrivent à la qualité que Simon et sa bande proposent. Le trio guitare, basse et batterie a bien réchauffé la foule pour le début de cette belle soirée.
Zagata
Ce groupe, c’est le projet de Jesse Proteau (oui, oui, le frère de Joey). D’ailleur, Joey (Ego Death de son petit nom) participe à son projet comme guitariste. Zagata propose une musique très pop où les beaux synthés de Marie-Pierre Bellefeuille apportent une petite touche rétro années 80 au groupe. Les musiciens sont tous très bons, ils exécutent à la perfection leur rôle et Jesse prend celui de rock star très au sérieux. Leur musique détonnait cependant lors de cette soirée. Elle m’a semblé un peu superficielle, vide de contenu artistique. Les textes sont très pauvres: ils décrivent souvent la vie urbaine avec des histoires d’amours qui ne fonctionnent pas ou des histoires de boîtes de nuit. Ce groupe n’avait pas vraiment sa place juste avant Mon Doux Saigneur, on les aurait beaucoup plus appréciés au Show de la Rentrée (la veille) ou dans une soirée dansante au District. C’est une pop rassembleuse et commerciale qui divertit plus qu’elle satisfait notre appétit de mélomane.
Mon Doux Saigneur
L’anticipation était palpable. Je pensais qu’on serait une poignée d’adeptes à boire leur musique lors de la soirée, mais finalement, c’est devant un Cercle bien rempli que la formation Mon Doux Saigneur a débuté le spectacle de lancement de leur premier album. Leur musique est sincèrement délicieuse, elle vient chercher exactement ce dont on a besoin, parfois en nous réconfortant et parfois en nous faisant danser. Ce rock franco comme on l’aime a une petite touche folk grâce au lapsteel, manié d’une main de maître par David Marchand. Les gars ont vraiment l’air doux avec leurs barbes, les petites lunettes du bassiste Étienne Dupré, leurs bières sans gluten. On pourrait qualifier cet indie-rock de «rock sans gluten» (aucunement péjoratif). On a eu droit a de belles balades qui évidement, se sont fait couvrir par les discussions trop fortes du Cercle (maudit…). Le groupe nous a remerciés plusieurs fois pour notre écoute, alors que le public ne le méritait vraiment pas. Merci à cette très belle formation d’être passée par Québec nous livrer leur album (procurez-vous le maintenant!) ainsi qu’un spectacle flamboyant.
Paupière
Peut-être que c’était une erreur de placement des groupes, peut-être que quatre groupes pour un jeudi soir à Québec, c’est un peu ambitieux, mais la salle s’est drôlement vidée avant Paupière. C’est dépassé minuit que le trio électro-pop a foulé les planches un peu fatiguées de cette soirée. L’heure tardive et le manque d’énergie de la foule n’a pas empêché le groupe de livrer une performance énergique, mais quand même marquée par quelques moments de découragement dû au caractère passif des auditeurs. Vers la moitié du spectacle, deux des musiciens ont ensevelit une des chanteuses sous une montagne de gros rubans roses, ce qui a ajouté un caractère un peu excentrique à leur prestation. Avec les synthés et les séquences, Paupière a présenté une synth-pop très actuelle avec un son 80’s tant à la mode ces temps-ci. C’était tout de même un bon spectacle, bien que je suis convaincu que la formation soit capable de beaucoup plus.
Ce dimanche 10 septembre était une date très attendue pour l’équipage du Village en chanson de Petite-Vallée ainsi que pour les milliers de personnes qui ont senti leur coeur fendre lorsque le Théâtre de la Vieille Forge est parti en fumé le 15 août dernier. Bien que le projet semblait ambitieux, l’équipe du Centre Vidéotron ainsi que tous les généreux donateurs ont eux raison du succès qu’attendait cette soirée. C’est en effet plus de 5500 spectateurs qui se sont déplacés dans la capitale pour témoigner de leur amour à Petite-Vallée et son entité culturelle.
Mettre l’épaule à la roue
Le chiffre de 50 artistes annoncé quelques jours après la tragédie en promettait déjà beaucoup sur le spectacle. Bien que quelques artistes annoncés préalablement n’aient pas fait apparition sur scène, personne ne s’en est vraiment rendu compte. Les Louis-Jean Cormier, Paul Piché et Catherine Major de ce monde ont comblé la scène à leur façon, tout en simplicité et en humilité. Les grandes scénographies ont été mises de côté dans le but unique d’unir la voix de chacun d’entre eux à celle des spectateurs. On se sentait comme à Petite-Vallée, dans un grand party de famille.
Bien que l’ensemble du spectacle fut mémorable, quelques épisodes ont été pour ma part plus émouvants. Je pense entre autres à la présence, en vidéo, de Monsieur Gilles Vigneault. Son unique apparition rappelait l’importance de la cause pour laquelle nous étions tous rassemblés. La chanson rassemble, elle remémore des souvenirs et elle marque des générations comme peu de choses savent le faire. Il en est la preuve vivante. Le duo « amoureux » de Yann Perreau et Vincent Vallières a marqué en quelque sorte l’apothéose du spectacle alors que la salle s’est transformée en grande messe, avec les lampions allumés et le silence de l’assistance. C’est toutefois Fanny Lebreux, soeur d’Alan Côté, directeur du Village en chanson, qui a offert une des plus belles prestations de la soirée en interprétant Ma Gaspésie, chanson écrite par Marc Chabot, et dernière à avoir résonné entre les quatre murs du théâtre.
Pour tout dire, ce spectacle n’était au fond qu’un prétexte. Un prétexte pour tous se réunir autour de Petite-Vallée, autour du feu, avec la musique au centre de tout comme elle l’a toujours été et comme elle continuera de l’être.
La première poussée
Pour clore la soirée, c’est Alan Côté qui a pris la parole, entouré de tous les artistes de la soirée. Ému, il a accueilli le chèque arrondi de 250 000 $ remis par messieurs Pierre-Karl Péladeau et Régis Labeaume. Cette somme inespérée augure pour le mieux et lance de plus belle la campagne de solidarité déjà bien entamée.
C’est aussi en primeur qu’on apprenait l’identité des artistes-passeurs de l’édition 2018 du Festival en chanson de Petite-Vallée, qui sont Louis-Jean Cormier et Marie-Pierre Arthur. C’est en s’entourant de sa famille qu’Alan Côté mentionnait pouvoir reconstruire son théâtre.
Pour contribuer à votre façon à la reconstruction du Théâtre de la Vieille Forge, on vous invite à consulter la campagne de solidarité Autour du feu. L’objectif est d’atteindre le million de dollars avant 2018.