Les premières neiges de l’hiver. Ces moments magiques où le temps semble s’arrêter pour laisser place à un sentiment de nostalgie et de bien être sincère. Cet instant où tu retombes en enfance et tu souhaites marcher sous les gros flocons toute la nuit avant de rentrer à la maison te faire un gros chocolat chaud.
C’est dans cet état que le public se trouvait alors que nous marchions, en pleine contemplation, dans les rues du Petit-Champlain sous cette tombée de neige. L’expérience d’un spectacle au Théâtre du Petit-Champlain se vit avant même de pénétrer les lieux; se promener dans les vieilles rues d’un des plus vieux quartiers en Amérique du Nord prépare les mélomanes à la soirée qu’ils vont vivre. Et quelle soirée nous avons passé!
Le spectacle d’Antoine Corriveau est conçu pour des salles intimes, où les gens sont assis et où personne ne dérange pour permettre à l’auditeur de profiter pleinement de la poésie soutenue de l’artiste. Le Théâtre du Petit-Champlain répond à toutes ces attentes et encore plus. Tous les mots se rendaient à nos oreilles avec une clarté impressionnante et la balance du son ne nous a pas rendus sourd, même si certains passages auraient pu être envahissants.
Seul sur scène, Corriveau débute cette soirée muni d’une guitare classique avec «Rendez-vous», premier titre sur son plus récent opus (Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter). Tout de suite, l’introspection débute et le public se plonge dans son univers poétique à la fois magnifique et sombre. La voix grave de Corriveau déclame les textes sans mélodies extravagantes pour faire ressortir les mots sans compromis. Si le public n’était pas déjà convaincu après les premières chansons de la soirée, «Deux animaux» a certainement ému l’assistance. Les musiciens ont su nous déchirer les entrailles et nous faire pleurer, si ce n’est qu’avec «Parfaite», ce slam qu’Antoine livre avec fougue sur des boucles sonores montées par la violoncelliste Marianne Houle et soutenus par le reste du groupe. La dernière pièce de la première partie nous laissa sur notre faim avec le magnifique titre «Et tu penses que je veux», apparaissant sur Les ombres Longues.
Les yeux pleins d’eau, les jambes molles, le public se mérite une petite pause pour se remettre de ses émotions. « J’ai visité des coins sombres de mon cerveau », « Je me suis remis en question ce soir », sont des phrases qui peuvent être entendues lors d’un entracte d’un spectacle d’Antoine Corriveau.
Après une petite jasette sur le sens de la vie, avec notre voisin, Corriveau rapplique seul sur scène avec «Deux Visages», une chanson qui figure sur l’album qu’il a écrit pour Julie Blanche. Dès les premières notes du piano, on sait tout de suite que «Les hydravions de trop» va faire mal, mais pourtant on en redemande. Je crois que lorsqu’Antoine se met au piano, il se passe quelque chose de fort, le public hypnotisé se laisse démolir par la musique qui vient toucher juste à la bonne place. L’exécution incroyable de «Noyer le Poisson» et «Les trous à rats» provoque un rappel qui en provoqua un autre. Lors des spectacles intimes comme celui-ci, le deuxième rappel est souvent marquant, car il n’est pas prévu et il relève de la spontanéité et de l’humeur de l’artiste. Nous en voulions plus et Antoine Corriveau semblait bien s’y plaire en ce temple de la chanson. C’est seul à la guitare qu’il interpréta sous recommandation du public «Le temps des coupes à blanc» (NDLR : recommandation crée avec un enthousiasme assez manifeste par notre collaborateur Julien Baby-Cormier, qui était également présent), ce bijou de chanson qu’il avait justement réarrangé pour son spectacle solo de Coup de coeur francophone.
On ne ressort pas indemne d’une soirée avec le récipiendaire du Lucien du meilleur album indie rock au GAMIQ de cette semaine. Une partie de nous même a changé lors de cette soirée en raison de l’ambiance intimiste, la poésie déchirante, les passages musicaux très lourds et puissants.
Le 7 décembre prochain, Antoine jouera à l’Usine C à Montréal avec 15 cordes, 2 batteurs, un percussionniste, un bassiste et un pianiste. C’est certainement un concert qui vaudra le déplacement dans la grande ville!
Ah, Agrirock! J’avais souvent entendu parler (toujours en bien) de toi, il fallait bien que j’aille constater par moi-même ce qui te rend si charmant!
Le Festival Agrirock célèbre l’arrivée de l’automne dans un torrent de décibels qui déferle sur le centre-ville de Saint-Hyacinthe. À partir de son quartier général, le très sympathique bar Le Zaricot, la musique s’invite dans de nombreux lieux (parfois inusités) visités par de non moins nombreux curieux. Rien de trop compliqué, rien de trop grandiose, juste une belle programmation remplie d’artistes qu’on aime découvrir et redécouvrir. Pas de choix déchirants (les shows se succèdent), pas de course contre la montre entre deux lieux (on marche bien davantage ailleurs, d’ailleurs), on peut consacrer tout notre temps à la musique.
Nous sommes donc allés, il y a quelques jours, assister aux deux tiers de la cinquième édition de ce festival qui vient de tomber dans la liste de mes coups de coeur. On a manqué la journée du jeudi (avec Bad Dylan, Georges Ouel, Robert Fusil et les chiens fous ainsi que Tintamare), travail oblige, mais on a manqué bien peu de choses du vendredi et du samedi. On vous présente ça sous forme de léger compte rendu accompagné de quelques photos!
Après avoir passé l’après-midi du vendredi à flâner dans le centre-ville (traduction : boire du cidre avec les guêpes au Zaricot), direction Fréquences le disquaire pour un petit tête à tête avec Antoine Corriveau. J’ai vu ce gars-là jouer dans presque toutes les formations possibles à toute heure du jour, mais jamais je ne l’avais vu seul avec sa guitare. Ça fait quand même un petit choc d’entendre toutes ces chansons, d’ordinaire si joliment arrangées, se retrouver toutes nues! S’il avait bien préparé quelques chansons pour l’occasion, au milieu de sa prestation, il a laissé le public choisir… Pauvre de lui, un spectateur lui demande de jouer Corridor, sa si magnifique reprise de la chanson de Laurence Jalbert. Corriveau s’essaie, mais il peine à trouver les bons accords (à sa défense, c’était la première fois que je l’entendais ailleurs qu’à la télé). Un Antoine à la bonne franquette, sans filet, qui s’essaie devant le public. On l’aime de même.
Direction l’entrée du Zaricot où les rappeurs de La Carabine s’exécutent. C’est énergique, les gars débitent leur flow avec entrain, la présence d’une batterie donne un rythme qui semble plaire aux spectateurs de la terrasse. On est peut-être un peu trop timides pour aller groover devant les gars malgré leurs invitations à le faire, ça ne veut pas dire que le public n’apprécie pas. Je vous avoue que j’aimerais bien les revoir dans un contexte différent (parce que j’avoue qu’entre Corriveau et Tire le coyote, j’étais peut-être pas trop dans un mood pour écouter du rap…).
On retourne chez Fréquences, cette fois pour une prestation qui avait été annoncée à peine quelques jours plus tôt, soit celle de Tire le coyote. Seul avec son fidèle Shampouing, on a pu entendre des versions acoustiques de quelques-unes de ses belles chansons tirées de Désherbage. Le magasin s’est rapidement rempli, même la gang de Matt Holubowski, qui jouait ailleurs en ville ce soir-là (dans un cadre autre que celui d’Agrirock) est passée faire un tour. Comme ce fut le cas avec Corriveau, le plaisir résidait dans l’interprétation toute nue de ces chansons si magnifiquement arrangées sur l’album, le tout présenté avec humour et simplicité, comme toujours. Gros pouce en l’air pour sa Jeu vidéo, adaptation fort réussie de Video Games d’une certaine Lana Del Rey.
On retourne au Zaricot, cette fois pour ne plus en sortir avant la fin de la soirée. On nous avait promis un traitement choc : Chocolat, Duchess Says et Les Breastfeeders.
Le premier groupe, celui mené par Jimmy Hunt, est toujours plaisant à voir et à entendre. On ne sait pas dans quel mood les musiciens seront (ça va de plutôt sage à complètement déchaîné), mais on sait que ça va être bon. Chocolat nous envoie des tonnes de briques au visage, une brique à la fois. Guillaume Éthier, qui jouait de la batterie avec le groupe pour une première fois, marquait le rythme avec énormément d’assurance. Les fans de Rencontrer Looloo et de Tss Tss en ont eu pour leur argent. Les guitares bien fuzzées nous ont fait bien voyager, à peu près autant que le saxophone de Christophe Lamarche-Ledoux. (En passant, on va pouvoir revoir Chocolat avec Cobrateens et Mauves au Pantoum le 25 novembre prochain… on vous le dit tout de suite, comme ça, vous pourrez mettre ça à votre agenda!)
La soirée se poursuit avec le post-punk déjanté de Duchess Says. On a pu entendre les chansons de Sciences nouvelles, le dernier album, ainsi que quelques plus vieux morceaux. On ne vous le cachera pas, la vraie vedette du groupe, c’est sa chanteuse, A-Claude, probablement la meilleure bête de scène qu’on a pu voir tout le week-end. Et les spectateurs le lui ont bien rendu : le job de photographe n’était pas de tout repos avec les mosh pits enthousiastes et spontanés! On se disait qu’après ça, les Maskoutains n’auraient plus d’énergie pour la suite…
On s’est trompé!
Notre vendredi soir s’est terminé avec Les Breastfeeders, qui étaient accompagnés d’un « nouveau » guitariste, un certain… Sunny Duval, qui a renoué (avec un plaisir manifeste) avec son ancien groupe! Si Les Breasts n’ont toujours pas de nouveau matériel à nous offrir (on en est encore à Dans la gueule des jours, paru en… 2011), c’est pas grave. On a droit à un show de greatest hits, comme le dit si bien Luc Brien! Pendant plus d’une heure, on danse, on sue, on regarde Johnny Maldoror se pitcher partout, on est juste heureux de retrouver Sunny en train de rocker comme un petit bum. Mais on a quand même hâte d’entendre du nouveau.
Après une bonne nuit de sommeil et un copieux déjeuner, il y avait Joëlle Saint-Pierre qui nous attendait avec son vibraphone et son clavier dans un café santé. Saint-Pierre a pris le temps d’expliquer son instrument (et la différence entre un xylophone et un vibraphone) aux curieux présents pour l’entendre jouer. Il y avait même un ado lui-même joueur de vibraphone qui observait attentivement son jeu. Saint-Pierre chantait ses chansons de sa douce voix qui se mariait magnifiquement bien avec les ondes émises par le vibraphone. Des chansons que vous pouvez entendre sur son fort joli album Et toi tu fais quoi.
Je suis passé rapidement voir Vedana qui s’exécutait au marché. Malheureusement, j’ai manqué une bonne partie de la prestation – j’avais laissé quelques éléments essentiels à ma chambre et à mon retour, le groupe avait déjà fini. Dommage, ça jazzait pas mal!
On s’en va ensuite au Bilboquet pour voir Les Louanges en formule Vincent Roberge solo. Une prestation qui m’a surpris par la vulnérabilité de Roberge, d’habitude trop cool (dans le bon sens). Cette fois, sans le groove de ses musiciens, on a eu droit au côté sensible de Vincent. Des sonorités moins jazzées, plus signer-songwriter qui lui vont très bien.
Pour voir le groupe suivant, on n’avait qu’à traverser la rue et entrer dans une galerie d’art où nous attendaient nos amis de De la Reine. On avait arrangé l’espace d’une drôle de façon : le groupe jouait à l’entrée, et les spectateurs étaient répartis entre l’arrière de la galerie, où on avait installé des sièges, et l’extérieur (on avait ouvert la porte de garage). Derrière le groupe, de belles toiles remplies de couleurs qui accompagnaient bien la musique pigmentée de De la Reine. Le trio de Québec nous a présenté ses chansons pop-rock-groovy-cool qu’on commence à bien connaître. Des morceaux efficacement interprétés grâce à la voix toujours parfaite d’Odile, du jeu de guitare de Vincent et des mains magiques de Jean-Étienne (qui alternent entre sa batterie et son clavier).
On avait déjà vu Louis-Philippe Gingras jouer dans un dépanneur, mais là, dans un restaurant spécialisé en shish taouk, on vous avoue qu’on est abasourdi! Difficile de mieux accompagner la poésie savoureuse des chansons du quotidien de Gingras qu’avec une belle odeur de patates à l’ail qui vient nous chatouiller les narines pendant que le troubadour nous chante Tigre géant, cet hymne grandiose à ce grand petit magasin! Gingras était en pleine forme devant un public aussi occupé à écouter qu’à savourer un bon petit début de souper.
Chose que j’aurais dû faire… j’ai eu faim toute la soirée, maudit!
On retourne au Zaricot pour un dernier droit pas piqué des vers et qui commence avec Lydia Képinski, qui me demande, pendant qu’elle s’installe, si je suis pas tanné de la voir. Ben Lydia, pour une fois qu’il ne pleut ou qu’il ne neige pas pendant que je te vois, maintenant que je sais qu’il n’y a pas de risque que la génératrice tombe en panne juste au moment où je peux pleinement profiter de ton show plutôt que de te prendre en photo, non, je ne suis pas tanné!
Fidèle à son habitude, Képinski se lance avec sa chanson inspirée des Mystérieuses cités d’or (que les spectateurs chantent avec entrain le moment venu). Oui, il y a bien eu quelques chansons de son EP (divine Brise-glace avec une finale pendant laquelle Blaise Borboël-Léonard se déchaîne au violon, et toujours trépidante Andromaque), mais on a aussi entendu sa reprise space des Temps fous, de Daniel Bélanger. J’ai même eu droit à Pie IX (que je ne me souviens pas d’avoir entendue à Québec)! Mais pas d’Apprendre à mentir, qui est probablement sa plus connue. En revanche, un gros direct au menton de Mélanie Joly et de nombreux sourires! Et quelques fans à l’avant qui connaissaient les chansons de Lydia par coeur (je te jure, y’avait pas juste moi).
Gros Soleil était mieux connu sous le nom de Les Truands. Le groupe originaire du coin avait visiblement de nombreux amis sur place, parce que ça communiquait beaucoup dans les deux sens, toujours dans la bonne humeur. La prestation a été divisée en deux : la première avec le matériel de Gros Soleil, la deuxième avec celui (et la formation) des Truands. Une heure pendant laquelle on a touché à pas mal toute la palette du rock. Un show qui a fait plaisir aux fans, qui se donnés à fond!
Pour le clou de la soirée au Zaricot, on nous a réservé une primeur : le grand retour de Keith Kouna en solo!
Un Keith Kouna qui aurait bien pu annuler son spectacle : un petit Kouna est venu au monde il y a à peines quelques heures et le chanteur avait très peu dormi ces derniers jours! Quoiqu’avec la prestation qu’il a donnée, on se dit qu’une chance que Kouna n’était pas en forme… Comme toujours, l’auteur-compositeur-interprète a communié avec son public pendant que ses (excellents) musiciens ajoutaient de la couleur à ses tableaux pas toujours jolis de la société dans laquelle on vit. Si on a eu droit à quelques morceaux choisis de son nouvel album (qui paraissait quelques jours plus tard), on a aussi eu droit à de nombreux classiques qui ont permis aux spectateurs de se défouler à fond. Parmi les nouvelles, il y a cette Vache, qui risque d’entrer dans vos têtes pour ne plus jamais en sortir.
Mais le vrai clou de la soirée, c’était Gab Paquet! D’ailleurs, vous me pardonnerez si je suis bref, c’est que voyez-vous, une fois de temps en temps, il est plus plaisant de participer au spectacle que de l’analyser. Surtout quand on peut danser comme s’il n’y avait pas de lendemain en criant les paroles des chansons comme 90 % des spectateurs présents. Cathartique. Et rempli d’amour.
Une fois le spectacle fini, direction le lit. C’était déjà la fin. Deux jours qui ont passé follement vite, même si l’ambiance d’Agrirock est plutôt relaxe. Aucun show en opposition, aucun choix déchirant. Une programmation linéaire, mais variée et équilibrée qui a donné une longue série de bons moments.
Chapeau à la petite gang d’organisateurs d’Agrirock qui font visiblement ça pour l’amour. De la musique, mais surtout de leur ville, qu’ils animent toute l’année durant!
Ça finit bien un gros été de festivals. En graffignant en douceur!
Oh que oui! Le Festif! est commencé! Baie-Saint-Paul s’est mis sur son 31, les festifs sont nombreux, les organisateurs sont souriants, les bénévoles adorables, la musique est bonne, la bière goûte de quoi, tout va bien!
Sauf peut-être un peu de pluie. Mais bon, ça a juste fait tomber l’humidité!
Émile Gruff
Le public était prêt pour débuter les festivités. L’excitation était palpable à la scène Desjardins. Émile Gruff semblait bien content de monter sur scène pour ouvrir cette 8e édition du Festif. Il n’est pas étranger à Baie-Saint-Paul, en plus d’avoir gagné le prix du public cette année au Cabaret Festif de la Relève, il vient d’emménager en ville. Ouvrant la scène Desjardins, Émile présenta ses chansons un brin folk. Il nous chanta des chansons aux textes qui nous raconte ses histoires. L’auteur-compositeur-interprète a quitté Montreal pour aller à Baie-Saint-Paul il y a peu de temps. Père de quatre enfants, il a une approche très rationnelle des textes, s’inspirant de ses faits vécus. Il semble bien à l’aise avec le public et celui-ci semble bien l’apprécier en retour.
Belle vitrine pour lui. Nous souhaitons tout le meilleur pour la suite de son parcours. (Louis-Solem Perot)
Miss Sassoeur et les Sassys
Venu d’un autre univers, Miss Sassoeur et les Sassys se pointe, resplendissant, prêt à livrer son numéro très bien préparé. Leurs harmonies vocales ambitieuses et complexes nous accrochent à leurs voix ainsi que leurs textes. Leur style nous rappelle le temps glorieux des cabarets des années 30, mais avec une touche franchement éclatée. C’est justement grâce à cette singularité qui les a fait gagner le prix du jury au Cabaret du Festif (et le prix ecoutedonc.ca 2017 – on a bien hâte de les inviter à Québec). Ils ont réussi à faire pousser des cris d’animaux à la foule de plus en plus grandissante de la scène Desjardins. Bêtes de scènes, ne les manquez pas lorsqu’ils passeront près de chez vous. (Louis-Solem Perot)
Valaire
Après une brève interruption du spectacle par l’averse, Valaire est venu réchauffer la foule comme il se doit. Avec leur musique tantôt électro, tantôt plus funk, la formation nous en a fait voir de toutes les couleurs. Ils ont des costumes, des chorégraphies, des cuivres, tous les éléments sont réunis pour que la fête commence. Après quelques chansons, on a même eu droit à une apparition surprise de notre Karim Ouellet national qui est monté sur scène pour quelques chansons. Plus leur spectacle avançait, plus l’ambiance était à la fête et le public sautait de partout. C’est à ce moment que j’ai saisis l’énergie du Festif: une foule de jeunes mordus de spectacles et de musique qui n’attendent qu’à passer un moment extraordinaire. Et ça pour de l’extraordinaire, vous êtes à la bonne place. (Louis-Solem Perot)
Caravan Palace
Quand il n’y a qu’une scène sur un site et que tu ne veux pas faire attendre trop longtemps la foule entre deux spectacles tu fais quoi? Tu places Loco Locass dans un escalier extérieur surplombant la foule, je te jure que ton problème est réglé. Et c’est exactement ce que le Festif a décidé de faire juste avant Caravane Palace et c’était très bien joué.
C’est avec les sens un peu amoindris (merci merci de ne pas choisir Coors comme bière officielle), que la foule, munie d’un enthousiasme débordant, accueillie la formation Française Caravane Palace. Leur spectacle est bien préparé, les musiciens sont virtuoses et la chanteuse n’a pas de difficulté à nous transmettre son énergie. L’électro-swing, ça rejoint tout le monde. C’est rythmé, original, impressionnant et ça fait danser. Et pour ça, Baie-Saint-Paul sait danser. Colotis Zoé, la chanteuse, a même lâché: « Je comprends mieux pourquoi on appelle ce festival ainsi ». Le public en redemandait encore et encore, c’était enivrant. C’était leur dernière date d’une tournée Nord-Américaine avant de préparer leur prochain album. Un excellent spectacle qui posa très bien le ton des prochains jours. (Louis-Solem Perot)
Antoine Corriveau
Le Festif nous conviait en primeur dans la chapelle des petites Franciscaines pour un concert de fin de soirée avec Antoine Corriveau. Dans ce décor à la fois majestueux et un brin inquiétant; deux qualificatifs qui s’appliquent également à l’artiste, la foule a eut droit à tout qu’un moment. Corriveau, dans son accoutrement habituel, s’est d’abord présenté seul avec sa guitare classique pour nous servir une version dépouillée de la merveilleuse pièce Rendez-vous, profitant au passage de la réverbération naturelle, un bonus fort appréciable tout au long du concert. Son trio de musiciens est ensuite apparu pour l’intense interprétation de Juste un peu. Ce fut la première preuve du travail remarquable du batteur Stéphane Bergeron, anciennement de Karkwa, dont le jeu est constamment en nuances et en inventivité rythmique. Le groupe a principalement puisé dans son dernier album Cette chose qui cognait au fond de ta poitrine sans pouvoir s’arrêter, soulignant au passage que la présentatrice de CHYZ (Émilie Rioux) est l’une des rares à avoir pu annoncer le groupe sans altérer le nom de son album. Il a ajouté que sa maison de disques n’aimait pas trop l’idée de ce long titre, mais après avoir eu la maturité de les questionner sur le pourquoi de cette hésitation, il est allé de l’avant avec ce titre casse-gueule.
La foule à aussi pu profiter d’une nouvelle composition, un rare « downer » selon son auteur, une pièce sombre sur la rupture amoureuse; sujet de chanson populaire, mais ici exploité avec un angle prometteur. Il n’aura pigé qu’une paire de chansons sur son album précédent: une version quasiment psychédélique de Tu es comme la nuit ainsi qu’une magnifique version du Nouveau vocabulaire. Pour le rappel, Antoine Corriveau s’est armé d’un micro sans fil pour retrouver son groupe à l’arrière de la chapelle pour nous offrir une version ultimement inquiétante des Hydravions de trop à l’orgue. Cette première soirée fut une grande réussite, et on peut sans conteste supposer que le festival voudra réitérer l’expérience avec d’autres artistes. La barre sera cependant haute pour trouver un aussi bon « fit » que le divin Corriveau!… (Julien Baby-Cormier)
Après une frousse causée par une pluie torrentielle, les spectateurs ont pu voir émerger la jeune prodige du jazz avec son piano et ses deux comparses, soit les réputés Jim Doxas à la batterie et Adrian Vedady à la contrebasse. Ces trois musiciens ont d’abord collaboré ensemble sur le deuxième et plus récent album de l’auteure-compositrice-interprète, soit Living in Twilight. Un titre d’album (Vivre dans le crépuscule en français) qui détonne avec la chimie, l’énergie et la candeur du trio. Caractéristiques qui se transforment en une arme redoutable lors des spectaculaires ponts musicaux pouvant durer entre 45 secondes et trois minutes. Durant la pièce I Want To Be Happy, version Oscar Peterson, les baguettes de Doxas semblent être la continuité de son corps possédé par un volcan tandis que les doigts de Vedady glissent comme par magie et par instinct sur les cordes de son instrument. Pocock éblouit également avec son piano à queue. La cinquantaine de spectateurs, devenue une centaine vers la fin du spectacle malgré une Mère Nature d’humeur « gripette », a pu se délecter autant des compositions originales (So Long ou la pièce-titre de l’album susmentionné aux airs country) que des reprises surprenantes, notamment Someone Like You d’Adele. Ce gros succès s’incarnant en abus de sucre industriel est devenu un morceau subtilement couvert d’un doux enrobage de miel vocal et instrumental.
PS : Un grand merci à madame Pocock de m’avoir écrit à la main la liste des pièces ! Un grand merci également à Benoît Larivière, qui a eu l’amabilité de me laisser, sous son chapiteau où se trouvait sa console, écrire mes notes au début du spectacle. -David Ferron
LES RINGOS – SCÈNE LES VOIX LIBRES – 18 H
« Salut Trois-Rivières, on est un jeune groupe émergent de Liverpool. » C’est comme ça que Marc Chartrain a présenté son quatuor composé de André Papanicolaou, Éric Goulet et Antoine Gratton (qui remplaçait Marc Déry pour l’occasion).
Les gars se sont amusés à jouer les succès des Beatles comme si c’était leurs propres créations. En plus, ils sont drôles et ne se prennent pas au sérieux. Ce que j’ai surtout aimé c’est qu’on ne dirait pas un groupe hommage qui reprend le concept initial des Beatles . Ce sont juste quatre gars qui s’amusent à jouer les chansons qui les ont marqués ; des chansons qui ont pourtant été reprises des milliers de fois ! Leur son très rock et l’ambiance amicale qu’ils ont créée avec le public a donné un spectacle rempli d’authenticité, d’humour et de nostalgie. -Karina Tardif
THE FRANKLIN ELECTRIC – SCÈNE LES VOIX MULTIPLES – 19 H
C’était la troisième fois que The Franklin Electric assurait une prestation au Festivoix, dont en 2014 en première partie d’Half Moon Run. Le groupe a visiblement un attachement particulier avec le public trifluvien pour avoir débuté la tournée de Blue Ceiling, leur deuxième album, à Trois-Rivières.
Après une averse intense, les rayons du soleil traversaient en faisceaux lumieux entre les arbres du Jardin des Ursulines et offraient un cadre majestueux au spectacle. J’ai été surprise par la qualité du spectacle auquel j’allais assister dès que j’ai entendu la voix de Jon Matte lors de la première pièce, Resistance. L’authenticité et la précision musicale de l’album est vraiment intéressante à constater sur scène et c’est pourquoi je vous recommande d’assister à l’un de leur spectacle.
Ils font naturellement participer la foule grâce à leurs paroles pleines d’onomatopées qui dégagent un effet rassembleur. En effet, The Franklin Electric séduit avec ses chansons en crescendo accrocheur. Cependant, c’est davantage leur instance folk que le groupe réussit à faire ressortir lorsque les membres se rassemblent autour du micro pour nous offrir des moments acoustiques exceptionnels. Par exemple, lors de la pièce So far, les membres ont débuté avec les deux guitares et une trompette, en douceur, pour ensuite revenir à leur position initiale et terminer en puissance. – Marianne Chartier-Boulanger
ANTOINE CORRIVEAU – SCÈNE LES VOIX UNDERGROUND – 23 H
De retour en terre natale, c’est devant un Zénob très rempli qu’Antoine Corriveau a joué hier soir. Il n’avait pas été présent au Festivoix depuis trois ans, et les gens étaient heureux de le voir. C’est sur Rendez-vous, première pièce de son dernier album, Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter, qu’il a commencé le spectacle. Pour avoir eu la chance de voir Corriveau à plusieurs reprises, cette soirée était complètement différente de ce que je connaissais de l’auteur-compositeur-interprète. Il a un don pour véhiculer des émotions dans ses textes et dans son interprétation, mais il peut autant être introspectif qu’intense et rock. J’ai été agréablement surprise de découvrir des pièces plus longues et des solos de guitare sentis. Le contraste entre sa visite à la Taverne m’a permis de mieux comprendre l’entrevue accordée à Valérie.
J’ai apprécié le beau mélange entre les nouvelles chansons et celles de l’album Les ombres longues, ainsi qu’en rappel, une reprise de Corridor de Laurence Jalbert. Il avait fait ce morceau dans le cadre de l’émission Pop de Jam qui n’a pas fait long feu mais qui nous aura au moins donné cette chanson qu’il a adaptée avec une justesse désarmante. Il reste que ma plus grande joie a été lorsqu’il a commencé les premières notes de Je sors dehors, tirée de Les ombres longues, que je n’avais jamais eu la chance de voir en live, et qui m’a bouleversée par sa beauté. – Caroline Filion
L’automne passé, Antoine Corriveau nous livrait l’album Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter, qui du reste s’est hissé dans plusieurs palmarès des meilleurs albums de 2016. Malgré la saison estivale des pintes sur les terrasses, ce disque mélancolique reste efficace et plonge encore son auditeur dans un état de recueillement. Intense sur scène, Antoine Corriveau foulera plusieurs planches cet été, notamment celles de la Chapelle des petites Franciscaines de Marie le 20 juillet prochain lors du Festif! de Baie-Saint-Paul. Le set up annonce un moment intime et profond à l’intérieur d’une ambiance survoltée. Les habitués du Festif! savent de quoi je parle.
En lice pour le Music Polaris Prize, L’auteur-compositeur-interprète m’a lancé un coup de fil pendant lequel nous avons épluché quelques aspects de son dernier opus. Antoine s’est également prêté au jeu du quiz musical avec générosité, ce qui risque de plaire aux curieux.
La musique
C’est dans l’idée de faire les choses autrement qu’Antoine Corriveau s’est engagé dans un processus créatif qui l’aura mené vers ce qui deviendra son troisième album en carrière. En collaboration avec Nicolas Grou à la réalisation, Stéphane Bergeron à la batterie, Marianne Houle aux arrangements de cordes et Rose Normandin aux arrangements de cuivres, Corriveau a réalisé son désir de se libérer du carcan musical folk où la guitare prime pour laisser la chance aux autres instruments d’asseoir leurs lignes mélodiques sur les chansons. C’est à partir d’ébauches de pièces composées à la guitare que les 5 musiciens ont plaqué des mélodies qu’ils ont cherché à développer le plus possible : « Au niveau de la musique, on l’a fait beaucoup à cinq. On est parti des versions de mes maquettes de chanson. Une fois qu’on avait enregistré les progressions d’accords, les voix pis le groove, ben on enlevait , si tu veux, les instruments rythmiques comme la guitare et le piano pour voir un peu quel autre genre de mood on pouvait donner. Tout le monde tirait un peu la couverte de son bord. Quand c’était pas les brass, c’était les cordes, c’était le piano, c’était la guitare. Tout le monde a de grosses parts mélodiques dans chaque chanson. On a vraiment construit l’album de façon à ce que tout ça puisse cohabiter. Ça fait en sorteque chaque part a sa place dans le mix et que personne ne se pile dessus et que ça sonne aéré. Au final, c’est un résultat quand même chargé avec les cordes, les brass, mais ça demeure simple».
La période qui précède l’enregistrement a également eu son rôle à jouer dans l’aboutissement des mélodies imposantes de l’album. C’est d’ailleurs lors de la semaine de pré-production que la magie a opéré entre les musiciens: « Ce qui a peut être influencé les arrangements et la production c’est la semaine de pré-prod au début du processus. Pendant 6 jours, on a juste défriché les chansons, fait le tour pour voir comment on pouvait les arranger, vers quelle direction on les apporte. C’est là que la synergie de groupe a comme buildé la base des chansons ». Afin de recréer cet espace temps créatif, Corriveau et ses acolytes se sont réunis quelques jours au studio à la fin du processus d’enregistrement : « Quand on a enregistré l’ensemble à corde, on a dû le faire dans un plus grand studio. On s’est pris, vers la fin de la production, un trois jours de plus comme pour boucler la boucle. On voulait finir l’album comme on l’avait commencé avec la pré-prod avec Stéphane, Marianne et Nicolas. On se disait que tout était là dans les chansons et on se demandait comment on pouvait les fucker up! Qu’est-ce qu’on pouvait ajouter? On voulait s’amuser et essayer des affaires. C’est ce qui explique aussi l’esprit collaboratif derrière le disque».
Les textes
Dans les Ombres longues, son album précédent, Antoine Corriveau jonglait entre les thèmes de la rupture et du Printemps érable de manière à laisser à l’auditeur le loisir d’interpréter le sens des textes comme il le voulait. Or, les propos du dernier album seraient plus explicites selon l’artiste puisqu’ils sont tirés de sa réalité. Corriveau s’explique : « J’ai l’impression que l’écriture de ce disque-là est plus claire et plus limpide de ce que j’aurais pu écrire dans le passé parce que c’est très collé quand même sur moi. Mais à la base, je suis parti du thème – en fait j’avais lu des articles sur le tourisme macabre. C’est des gens qui vont visiter Tchernobyl, Auschwitz. Cette fascination pour la mort, les trucs un peu dark… On a tous un peu une partie de nous un peu voyeur. C’est présent dans le psyché humain, l’intérêt de toujours un peu pousser les limites, voir à quoi ça se ressemble un peu plus loin. Mais tsé, jusqu’où tu vas avant que ce soit trop loin?»
Antoine raconte également qu’il devait s’approprier ces imageries macabres afin de pouvoir écrire ces chansons et leur insuffler un aspect plus personnel. Ainsi, l’histoire derrière la 8e chanson de l’album, Musique pour la danse, est tirée d’une véritable expérience vécue à Cuba avec un ami où des femmes issues d’un contexte social défavorable courtisaient les voyageurs pour un peu d’argent: « C’est un voyage que j’ai fait à Santiago de Cuba. J’étais avec un ami, on était deux gars dans la trentaine et on se faisait constamment harceler par les filles pour du sexe. Pis chaque soir, quand on se couchait, on entendait la musique live des bars jusqu’aux petites heures. Je trouvais le contraste frappant entre les situations vraiment tristes qu’on avait vécues avec des filles qui sont un peu désespérées et la musique cubaine super joyeuse. C’est ce que j’essayais d’illustrer dans cette chanson».
Entre l’ombre et la lumière
Une fois l’album terminé, Antoine Corriveau avoue qu’il s’est écoulé quelque temps avant de pouvoir assimiler ce qu’il venait de produire : « Ça m’a pris quelques écoutes avant de catcher ce qui se dégage comme feeling d’ensemble. J’ai le sentiment que c’est peut être un disque qui est quand même chargé, qui ne se digère pas facilement. Mais en même temps, c’est un disque qu’on a fait sans trop se poser de questions, en suivant notre instinct». Par ailleurs, Antoine Corriveau se questionne sur la nécessité de souligner systématiquement les côtés sombre et mélancolique de son oeuvre: « Le trois quart de la musique anglo-saxonne est comme ça. Tout le monde trippe justement sur Nick Cave, Radiohead, PJ Harvey. Ces bands là vont venir à Montréal et remplir de grosses salles et personne ne se pose de question. J’ai l’impression que c’est un peu à cause que les textes sont en français et qu’au Québec on accorde peut-être une plus grande importance à ça que quand on écoute de la musique d’ailleurs». L’artiste souhaiterait qu’on ne lui appose pas l’étiquette du «prince des ténèbres», car bien que les textes soient plus sombres que l’album précédent, il demeure que la musique est davantage touffue et éclatée: «Dans le choix de l’orchestre à corde et des brass un peu flamboyants, c’est sur qu’il y a un côté tragique grec, c’est intense! En même temps, on écoute ça pis on trippe. C’est justement un trip de faire ça après le disque précédent qui était plus dans le folk pis dans le rock. Je sens que je fais autre chose et c’est ça qui fait que je suis excité ». Pour Antoine Corriveau, l’intérêt de faire de la musique est justement d’évoluer et de mélanger des références musicales différentes pour aboutir à un résultat qu’il n’a jamais entendu auparavant : «C’est une ambition que j’ai pour tous mes disques; d’essayer de nouvelles affaires. Je pense qu’un jour je ferais un disque dansant pis pour moi, ça va être normal».
Le quiz musical
Vinyle, CD ou Streaming?
Vinyle. Parce que je suis attaché à l’objet, mais surtout au principe d’album. J’aime les albums qui sont des touts et tant qu’à rester stické sur un support physique, je préfère celui qui a la meilleure qualité audio. J’aime aussi que le Artwork soit gros. J’aime le côté tangible du vinyle qui vient avec l’obligation de tourner le disque de bord. T’as pas le choix d’être dans le moment présent et te concentrer sur la musique, sur l’album.
Tes trois albums cultes?
Attends un peu, je vais aller devant mes vinyles, ça va m’aider un peu! Déjà je te dirais Bringin It All Back Home de Bob Dylan. Ça c’est pas mal mon album d’île déserte. Je pense que je dirais Le Dôme de Jean Leloup. Je vais te dire aussi Roots de Curtis Mayfield.
Qu’est-ce que tu écoutes quand tu te déplaces, que t’es en mouvement?
Honnêtement, j’aime écouter de tout parce que j’écoute beaucoup de musique quand je suis en mouvement justement. J’aime beaucoup écouter la musique avec des headphones. Donc quand je marche, j’écoute beaucoup de musique. Je suis beaucoup le mood et c’est vraiment trippant pour moi de mettre de la musique dans le char, parce que j’aime choisir la musique qui va fitter avec la route sur laquelle on est et le moment dans lequel on est. Par exemple, quand on est en tournée et qu’on a dormi deux heures, que tout le monde est poqué, je sais que c’est la toune The Greatest de Cat Power qui doit jouer. Ensuite j’enchaîne avec d’autre pièces. J’aime le concept de playlist que je choisis. Je suis pas du genre à me mettre sur random et accepter ce qu’on me donne.
Qu’est-ce que tu écoutes quand t’es dans le mood for love?
Le mood for love… J’aime ben la musique instrumentale. Sinon, un de mes classiques lover c’est Blue Hawaii Elvis.
Quelle musique te fait grincer des dents?
Ben des affaires, honnêtement! Je trouve quand même qu’il y a beaucoup de marde qui sort. J’ai de la misère avec Nicolas Ciccone. J’ai ben de la misère. La surenchère vocale quand l’émotion passe pas et que t’essaies juste d’éblouir avec tes capacités vocales. Je décroche dans ce temps là.
Quelle serait ta musique de prédilection pour tes funérailles?
Bob Dylan. C’est pas mal celui qui revient tout le temps.
Dans le cadre de la tournée Osheaga, Safia Nolin s’arrêtait à St-Casimir accompagnée d’Antoine Corriveau dans la foulée de sa série de spectacles gratuits. C’était sous forme de tirage que les places gratuites étaient distribuées à ceux qui s’étaient inscrits sur le site du festival.
Pour la première partie, Antoine Corriveau a pris place sur une petite chaise avec sa guitare, la tête dénudé de chapeau. Ses longs cheveux cachaient juste assez son visage pour nous mettre dans une ambiance chaleureuse. Bien qu’il a plus d’albums à son actif et d’années d’expérience dans le corps que Safia, rares étaient les personnes qui connaissaient l’une ou l’autre des six chansons de son répertoire qu’ils nous a interprétées. Pour ma part, c’est surtout la partie d’Antoine Corriveau qui m’a plu de cette soirée (désolé Safia, tu sais que je t’aime, mais on s’est trop vu ces derniers temps).
C’est la pièce Rendez-vous qui a démarré la soirée, comme elle le fait sur son plus récent album Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter. Avec sa guitare comme unique instrument, il nous a transportés à travers une ambiance très sobre avec Constellation. J’ai adoré entendre ses nouvelles chansons sans orchestration. On ne se le cachera pas, ce qui fait qu’on aime Antoine, c’est l’intensité dans sa voix, et elle était encore plus accentuée sans enrobage musical.
Ses yeux nous regardaient quelques fois, entre deux chansons et trois, quatre coups d’harmonica. J’ai eu l’impression qu’il nous a lancé, dans les quelques minutes qu’il avait pour faire son spectacle, ses chansons préférées de ses trois albums. Entre autres, il nous a interprété Aoûtement de son tout premier disque, St-Maurice/Logan, et Le nouveau vocabulaire qu’on retrouve sur Les ombres longues, mon album préféré d’Antoine Corriveau. Il nous a aussi offert Les trous à rats du dernier album. (Karina Tardif)
J’ai été très étonnée de voir que, contrairement à ses passages partout au Québec dans plusieurs salles, peu de gens s’étaient déplacés à la salle des Grands Bois pour assister au spectacle de Safia. Je dois dire, par contre, que la qualité de l’assistance était indéniable. Tous étaient très attentifs et applaudissaient bruyamment. Ça faisait un beau contraste avec la douceur et la subtilité de l’interprétation de la jeune artiste.
En septembre, ça fera deux ans que Limoilou est sorti, et en salle, on peut entendre quelques nouvelles chansons dont la magnifique Les chemins, qui explore un autre registre vocal de Safia. On ose croire que le prochain album sera dans la même veine que Limoilou, soit des chansons douces et mélancoliques aux sonorités folk.
On a également pu entendre quelques-unes des reprises qui se retrouvent sur Reprises, Vol. 1 sorti en novembre 2016, soit Ayoye, D’amour et d’amitié et Loadé comme un gun. Ce segment du spectacle rassemble Safia et Joseph Marchand, son guitariste, autour d’un microphone. C’est très intime et ça change la dynamique.
Safia Nolin a ensuite poursuivi avec quelques pièces seule avec sa guitare, pour ensuite terminer avec ses chansons les plus connues, soit Ce matin, Igloo et pour terminer, Noël partout.
Bien que la prestation des deux artistes aient été superbes, je crois que l’événement n’a pas été suffisamment promu par le festival, qui offrait des spectacles gratuits méritant clairement une plus vaste audience. Cela nous donne par contre droit à un spectacle intimiste et exclusif. (Caroline Filion)
Le 8 mai dernier, une série de concerts gratuits a été annoncée par le festival de musique OSHEAGA. C’est la gagnante du Félix de révélation de l’année à l’ADISQ 2016, Safia Nolin, qui part en tournée en compagnie d’Antoine Corriveau pour trois des quatre dates. On se rappelle que l’an dernier, la tournée mettait en vedette Salomé Leclerc, Jason Bajada et Mon Doux Saigneur alors qu’en 2015, c’était Les Hay Babies avec invités.
La tournée Osheaga s’arrêtera cette année dans quatre villes : le 2 juin à Sherbrooke au Théâtre Granada, le 7 juin à Rimouski dans le Sous-marin Onondaga, le 8 juin à St-Casimir à la (notre) Taverne, et le 21 juin à Toronto pour Osheaga x WXNE au Drake Hotel.
Ils ne s’arrêteront donc pas trop loin de chez nous, et de plus, le spectacle est totalement GRATUIT. Par contre, il faut s’inscrire sur la page du festival et gagner nos places pour avoir l’opportunité d’assister à l’un de ces spectacles.
C’est bien simple, on se rend au osheaga.ca, ensuite on clique sur la section « Osheaga présente ». Il y a sur cette page une liste de concerts qui sont présentés indépendamment de la programmation régulière du festival. On clique ensuite sur l’un des concerts de Safia Nolin et on s’inscrit au tirage. Après quelques confirmations, on espère être contacté quelques jours avant le spectacle pour avoir la chance d’y assister.
Encore une fois, la Taverne de St-Casimir réussit un bon coup pour la visibilité de sa salle de spectacle située dans un coin de moins en moins méconnu.
Je me confesse, j’ai découvert Antoine Corriveau il y a peu de temps. Malgré tout le bien que j’entendais à son sujet, je n’avais pas encore pris le temps de découvrir sa musique. J’arrivais donc à la Taverne avec l’esprit ouvert, prête à toute éventualité.
Il y a de ces soirées où l’on se sent privilégié d’être à un endroit. Une impression que rien n’existe outre ce que l’on a devant nos yeux. Une bulle se crée. C’est le sentiment que j’ai eu vendredi dernier, en compagnie d’Antoine Corriveau et de ses musiciens.
Tout d’abord, la talentueuse Marianne Houle, qui habite son violoncelle (et tous les instruments auxquels elle joue) et signe la musique entière de la pièce Parfaite se retrouvant sur Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter. Elle a également collaboré aux arrangements et à plusieurs autres chansons de l’opus. S’ajoute ensuite Charles Duquette, maître des tambours dosant à merveille les rythmes doux, mais tout de même affirmés. C’est finalement François Zaïdan à la basse qui vient compléter la mélodie avec une cadence très lascive se mariant à merveille avec la guitare. Tous ces artistes de talent accompagnent Antoine Corriveau dans toute sa prestance mêlée de désinvolture.
Devant les quelques chanceux qui se sont retrouvés à St-Casimir, Corriveau a ouvert le bal avec Rendez-vous. D’emblée, on cerne la profondeur de sa voix, mais également celle de ces textes. C’est mélancolique et ça grafigne de par sa belle fragilité assumée. Je crois que ses propos et sa voix sont tellement en symbiose, ils sont au service l’un de l’autre.
L’auteur-compositeur-interprète est bien conscient de l’intensité de ses propos, ce qui l’amène à désamorcer un peu ceux-ci en entrecoupant les chansons de blagues et d’anecdotes, comme la fois où il s’est étouffé pendant Le nouveau vocabulaire devant Gilles Vigneault.
Lorsqu’ils ont interprété Deux animaux, j’ai perçu l’émotivité dans la voix d’Antoine Corriveau sur les notes plus hautes, ce qui était particulièrement touchant. C’est pour moi un des moments fort du spectacle. Parfaite surprend également de par ses allures de slam. Une mélodie très dramatique et un texte poétique qui m’évoque la peur d’aimer.
Même s’il n’y avait pas foule, les gens présents connaissaient sans aucun doute Antoine Corriveau et avaient envie de profiter au maximum de sa présence à St-Casimir. Par deux fois il est revenu pour jouer deux chansons, jusqu’à épuiser le répertoire des chansons que connaissaient les musiciens.
J’ai eu de la difficulté à décrire l’effet que peut avoir l’artiste quand on assiste à son spectacle autant que lorsqu’on écoute ses albums. Ça s’immisce à l’intérieur et ça ne veut pas te quitter. Cependant, il faut être prêt à se laisser emporter dans la profondeur et être dans un état d’esprit propice.
Cette journée de fête des amoureux (qu’on a passé loin de nos tendres moitiés) était particulièrement chargée. Des vitrines un peu partout en 5 à 7 et en fin de soirée, plein de monde partout… et ça a encore vraiment fini tard. À travers tout ça, nous avons pris le temps d’assister au spectacle de lancement de Raton Lover (on vous en reparle un peu plus tard!)
OFF Rideau – 5 à 7 Société oblique/Boîte Beluga à La Ninkasi
(Par Marie-Ève Duchesne)
La Ninkasi présentait mardi soir un spectacle en collaboration avec La Société Oblique et Boîte Béluga. Tour à tour, ce sont San James, Val Thomas, Nicolas Patterson et le groupe Floes qui ont réchauffé les amoureux (et amoureuses) de musique.
San James, projet solo de Marilyse Senécal, a été la première à entrer sur scène. Sa douce pop aux accents de synthétiseurs qu’on a pu entendre sur son EP No One changes overnight a un quelque chose de Charlotte Cardin dans la voix. Elle en a interprété quatre pièces, soit I Never Do, Winter Again, Please Don’t Say et In the End. Une belle présence scénique et quelques conversations avec le public ont conquis bien des coeurs.
Puis c’est la révélation pour plusieurs médias, Val Thomas qui a monté sur scène. Elle a joué la chanson Maze, qui est son premier extrait d’un EP à venir en mai. Les pièces étaient plus courtes et seulement à la guitare lors du spectacle, mais cela permettait de mettre de l’avant la voix chaude de Thomas.
Nicolas Patterson a été lui aussi chaudement accueilli par le public. Lui qui sortait dernièrement son EP Everything is Changing n’a pas manqué de discuter avec le public et de les faire chanter dans sa dernière chanson. S’accompagnant de sa guitare comme instrument de percussion et de rythme, les gens ont tout à gagner à le découvrir.
Le groupe de Québec Floes a fermé le bal avec son électro-pop évolutive et bien planante. Samuel, Simon et Pier-Philippe étaient en plein contrôle de leurs instruments et ont aussi charmé le public de la Ninkasi.
En somme, beaucoup de belles découvertes!
Rideau – Vitrine, Théâtre Petit-Champlain
(Par Jacques Boivin)
Thomas Hellman
Le défi de Hellman était assez corsé : présenter en vingt minutes un aperçu convaincant d’un show théâtral tiré de ses Rêves américains. Hellman et ses deux musiciens se sont parfaitement tirés d’affaire grâce aux belles chansons tirées du vieux répertoire blues et folk américain.
Samuele
La jeune Montréalaise est débarquée avec toute sa gang pour interpréter quelques belles chansons. Toute souriante, Samuele a rapidement mis les délégués dans sa petite poche de derrière en jouant comme une fille (faut la voir réciter Égalité de papier devant un public toute ouïe, qui boit ses paroles revendicatrices), en se permettant une petite chorégraphie avec ses musiciens (après tout, il n’y avait pas d’enjeu, hein?) et en s’éclatant ferme à la guitare sur La sortie. M’est d’avis qu’on va la revoir souvent!
Antoine Corriveau
Petit plaisir égoïste pour votre humble serviteur qui n’était plus en mode découverte, mais en mode total groupie. Accompagné de ses fidèles musiciens, Corriveau nous a présenté quelques pièces qui se voulaient un aperçu de son spectacle régulier, pièces tirées de Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter, mon album préféré de 2016. Que ce soit avec Les contours clairs, Deux animaux, Parfaite ou Les Trous à rats, Corriveau a su convaincre de nombreux délégués qui ne tarissaient pas d’éloges dans l’autobus du retour! Sourire en coin, je me disais qu’ils n’avaient encore rien vu…
Rideau – Vitrine présentée par Bonsound au Cercle
(Par Marion Desjardins)
Les Deuxluxes
Après plusieurs compte-rendus sur des spectacles des Deuxluxes, quoi dire de plus ? Sinon, qu’ils sont toujours et autant des bêtes de scène. Ils ne sont que deux, et ça sonne comme 10. Ils entraînent plus que facilement la foule avec eux (foule qui d’ailleurs semblait être venue en partie pour eux) et bien sûr, il sont magnifiques ! Bref, un début de soirée OFF rideau parfait.
I.D.A.L.G
De retour dans la ville quelques jours seulement après leur dernier passage, ils ont déployé une fougue que j’avais vue oui, au OFF cet été, mais jamais autant ! Je dois avouer être déjà vendue à I.D.A.L.G côté musique, mais leur présence sur scène mardi soir a dû en convaincre plusieurs autres.
Shash’U
Fin de soirée digne des festivals qui finissent très tard: IDALG cède la place à Shash’U. On a perdu quelques personnes en cours de route, mais ceux qui sont restés ont tous dansé ! Mention spéciale à l’intégration de la pièce Ce matin de Safia Nolin: je ne m’y attendais pas et c’était absolument parfait ! Je serais pas mal prête à parier qu’on va le revoir encore une fois sur quelques programmations cet été!
OFF Rideau – Vitrine de fin de soirée à La Ninkasi
(Par Nicolas Padovani)
Les Passagers
Elle porte bien son nom cette formation de Montréal. On se sent embarquer dans un navette spatiale : c’est planant, c’est rapide et ca bouge beaucoup. Arrive un moment où l’on rentre effectivement dans l’espace grâce aux multiples synthétiseurs. Et vu que c’était la St-Valentin, la chanteuse nous a recommandé de flatter la cuisse de notre voisin pendant qu’on se laisser entraîner dans leur nouvel univers. C’était un décollage.
Fuudge
Que dois-je dire de nouveau sur ces 4 fantastiques à part qu’ils continuent à impressionner et à accrocher automatiquement leur public avec leur son lourd et psychédélique. Moi même qui porte un bonnet de King Crimson sur le crâne en permanence, je ne peux juste plus les détester. Ca va chercher le King, Queens of the Stone Age et chatouiller les Beatles en même temps. Ca te secoue. C’était les turbulences.
Violett Pi
Et à partir de là, la navette de la Ninkasi était bien complète pour venir voir les 4 violettes toutes vêtues de robes et de jupes. On entend »en apesanteur, en apesanteur avec toi » rappé en boucle sur fond de punk facon Les Goules, mais c’est encore plus énervé et plus vilain que les prédécesseurs de la soirée. On s’accroche du mieux qu’on peut, on se répète »Jusqu’ici, tout va bien » et on finit par atterrir. C’était un voyage.
Phoque OFF – Le Pantoum
(Par Jacques Boivin)
Anatole
Paraît qu’Anatole a fait une petite virée Nouvelle L.A.-Québec juste pour montrer aux diffuseurs québécois ce qu’il avait dans le ventre (et montrer son ventre aussi). Version condensée du spectacle qu’on a eu l’occasion de voir une ou deux (centaines de) fois. Évidemment, Anatole s’est montré sensuel, salace, lascif et décadent. Comme on l’aime. Et de nombreux fans s’étaient déplacés aussi, question de pouvoir danser comme des déchaînés sur Discollins avec votre humble serviteur qui, l’espace d’une chanson, s’est totalement abandonné.
Gab Paquet
Autre favori du blogue, Gab Paquet est venu nous présenter quelques chansons de son cru, dont la désormais classique Consommations. Évidemment, le public, déjà émoustillé par Anatole, s’est déchaîné et chanté en choeur avec Paquet et son band de feu. Encore une fois, on a chanté, dansé, fait la fête et on a voulu faire l’amour avec Gab, qui nous l’a bien rendu en faisant quelques tours sur le parterre pour nous dire quelques mots doux dans le creux de l’oreille…
Mauves
Question de finir la soirée en beauté, Mauves est venu présenter quelques chansons très coco. On s’est amusés à faire du headbanging au rythme de J’ai tout essayé, on a chantonné sur Nouvelle-Calédonie, et on a trippé sur les morceaux plus atmosphériques du groupe. On en aurait juste pris un peu plus, question de faire durer le plaisir…
Présenter en concert un album aussi riche en arrangements et aussi fourni en musiciens que Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter peut s’avérer un exercice casse-gueule, surtoutla première fois. Or, Antoine Corriveau entouré d’un solide trio de musiciens a démontré à quel point ses nouvelles chansons, même légèrement dévêtues, conservent toute leur âme et leur charge émotive. Corriveau avait l’air franchement heureux de commencer cette tournée et la foule, très attentive, quoiqu’éparse (où étiez-vous gens de Québec?), a eu la chance inouïe d’assister aux premiers balbutiements du spectacle et donc d’observer des musiciens en danger, mais en pleine possession de leurs moyens.
La performance a débuté avec Rendez-Vous, une pièce magnifique où les violons, comme sur plusieurs morceaux, ont fait place auxlignes de clavier chirurgicales de Marianne Houle. Celle qu’on a pu voir derrière le violoncelle avec le groupe Monogrenade a été la femme à tout faire de la soirée passant des bidouillages divers, aux claviers, au violoncelle, tout en ajoutant sa voix avec parcimonie sur plusieurs chansons. La chanson Deux animaux interprétée après Contours clairs a confirmé que l’album ne nous serait pas servi en ordre, un bon moyen de surprendre l’auditeur. Le rythme entêtant de cette pièce évoquant Blonde Redhead, époque Misery is a butterfly, se transpose à merveille en concert. Si l’épique Juste un peu a contribué à hérisser davantage le poil sur nos bras, Constellations souffre un peu de l’absence malheureuse, quoique tout à fait compréhensible, de Fanny Bloom. Une grosse partie de l’âme de cette chanson résidant dans cet échange entre la voix imposante de Corriveau et celle plus lumineuse de Bloom, on suppose que Marianne, qui a une superbe voix, préfère ne pas chanter la section féminine de cette chanson. Parfaite, cette courte pièce poétique plus parlée que chantée, se transpose quant à elle à merveille en spectacle; la montée dramatique y étant encore plus efficace en concert… un moment fort.
Quelques « succès souvenirs » ont aussi fait leur chemin dans la liste de pièces du concert dont Tu es comme la nuit, Noyer le poisson et La Tête en marche particulièrement pertinente dans l’univers sombre et puissant de Cette chose qui cognait… Gros coup de coeur pour l’interprétation bouleversante des Hydravions de trop, pièce mélancolique, s’il en est une, qui était aussi la plus dépouillée au programme. Antoine Corriveau a terminé son tour d’horizon du nouvel album avec deux pièces parmi les plus fortes de sa discographie: Les trous à rats et l’énergique Croix blanche, toutes deux diablement efficaces malgré l’absence de tous ces violons qui semblaient essentiels; l’apport mélodique de tout le monde sur scène comblant le vide laissé par l’absence de la vingtaine de musiciens sur l’album. Corriveau est ensuite revenu sur scène interpréter deux chansons en solo dont une pièce inédite malheureusement écartée du nouveau disque s’intitulant Deux femmes, douce ballade guitare/voix/harmonica qu’on entendra peut-être sur une parution future. Ce dernier a d’ailleurs remercié sa maison de disque, les très locaux Coyote Records de lui avoir permis d’avoir un titre si long! On peut imaginer Fiona Apple avoir des discussions similaires avec sa maison de disque!
Il est impossible d’ailleurs de passer sous silence l’incroyable contribution de Stéphane Bergeron à la batterie. Il avait bien sûr un rôle important au sein de Karkwa et il suit Corriveau depuis un certain temps déjà, mais placé directement à sa droite sur scène, l’ampleur de son talent irradie littéralement, tant son jeu empreint de subtilités et de petites variations apportent beaucoup aux compositions touffues d’Antoine Corriveau.
En première partie, Simon Paradis a présenté les pièces de son album L’issue du soir. Il a entrepris son spectacle avec la très « beatlesque » Express de minuit pour ensuite enchaîner des morceaux comme Appartement et Corbeau. Il a présenté le tout en mode solo-piano à l’exception de 2 pièces à la guitare accompagnées par la musicienne Jane Ehrhardt au piano, dont l’efficace Jupiter. Si les mélodies sont fortes et accrocheuses, on sentait la nervosité dans la voix de Paradis qui manquait parfois d’aplomb devant la foule attentive.