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  • Critique : Muse – « The 2nd Law »

    Muse
    The 2nd Law
    (Warner)
    2 octobre 2012

    Si je me fie à mes statistiques de visite, vous étiez très nombreux à attendre deux trucs : mon retour, et le nouvel album du trio britannique Muse, qui ne laisse personne indifférent. Fidèle à son habitude, le groupe fait paraitre The 2nd Law quelque trois ans après l’album précédent, le mega-succès mondial The Resistance, qui a propulsé Matthew Bellamy et ses comparses dans la stratosphère.

    Si Resistance était l’album qui mettait un terme aux comparaisons avec Radiohead pour les remplacer par Queen (Bellamy ne veut-il pas être à la fois Freddie Mercury et Brian May?), The 2nd Law les ramène vers Radiohead et Queen tout en étant fortement inspiré par un certain Sonny Moore, 24 ans, mieux connu sous le nom de Skrillex. On y reviendra.

    Qui dit Muse dit gros rock pompeux, plus grand que nature, lourd à souhait et à la limite du prétentieux. D’autres critiques ont utilisé le terme « grandiloquent » et je dois avouer qu’ils n’ont pas tort. Vous les connaissez, ils ne sont pas du genre à avoir peur des grands mots et Supremacy ouvre le bal comme on s’y attend. Des grosses guitares, du gros orchestre, la chorale des grosses polices, et Bellamy qui casse des fenêtres en chantant plus aigu que jamais. Ça ne peut pas mieux répondre aux attentes que ça.

    Une première surprise suit : Madness est une chanson pop tout ce qu’il y a de plus classique, même si certains croient déjà entendre des similitudes avec le dubstep de Skrillex. Vraiment. On dirait que les couplets ont été composés par George Michael! Le plus ironique, c’est que cette chanson pop toute en finesse et en subtilité (finesse? subtilité? parle-t-on VRAIMENT de Muse, ici?) fait partie des bijoux de l’album. Franchement, c’est bon!

    Panic Station est, de son côté, un espèce de croisement entre Queen et Red Hot Chili Peppers. C’est rythmé, les fans vont adorer.

    Supremacy était la chanson officielle des Jeux olympiques de 2012. Elle représente parfaitement le groupe dans tout ce qu’il y a de plus prétentieux et pompeux. Je peux comprendre pourquoi les athlètes peuvent s’en inspirer : il faut un gros ego pour en apprécier un autre!

    Follow Me est une autre pièce qui étonne. Premièrement, la montée toute électronique est assez étrange pour un groupe axé sur la grosse guitare comme Muse. Mais attendez. Vlà la chute. LA DROP! OUI, LA DROP! Grosse chute, comme les amateurs de dubstep les aiment tant. AVEC UNE GUITARE! Sur le coup, on est soufflé. Puis on se dit que dans le rock, si y’a un groupe qui pouvait nous faire le coup de la drop à part Radiohead, c’était bien Muse. Attendez-vous à ce que les remix brostep envahissent les bars à douches d’ici quelques mois.

    Je viens de parler de Radiohead? Ça tombe bien, parce que la prochaine chanson, Animals, semble avoir été écrite par Thom Yorke. C’est tout de même étonnant. On a passé quoi? Douze, treize ans à se faire dire que Muse était un digne successeur de Radiohead alors que Bellamy avait autre chose en tête et que Thom Yorke faisait tout pour se distancier du son OK Computer? Eh ben voilà, il ne faudra qu’Animals pour que le lien soit plus étroit que jamais. Morning Bell, quelqu’un?

    Si vous aimez U2, vous aimerez Big Freeze.

    Un peu plus loin, on retrouve les deux premières pièces écrites et chantées par Christopher Wolstenholme, Save Me et Liquid State. Petit vent de fraîcheur. Wolstenholme n’est pas Bellamy et ces deux chansons ont leur personnalité propre qui détonnent un peu. Save Me en particulier avec ses accents très indie rock mélodieux et atmosphérique. Liquid State ressemble plus à du Muse en raison des guitares plus lourdes, mais la voix de Wolstenholme, qui est plus métallique, donne un ton plus rock à la pièce.

    L’album se termine avec The 2nd Law, une pièce en deux parties, dont la première est carrément du dubstep et copie-colle les recettes du genre. Oui, c’est impressionnant de savoir qu’il ne s’agit que de guitares remplies de distorsion et que la batterie n’est pas programmée, mais si j’avais voulu entendre Skrillex, c’est son album à lui que j’aurais acheté.

    Au fond, un album fort inégal pour un groupe qui a toutefois le mérite de vouloir toujours aller plus loin après six albums alors que tant d’autres se contentent de faire du surplace après un gros tube. Comme toujours, les fans aimeront, les détracteurs détesteront et les autres passeront leur chemin.

    Cependant, le spectacle associé à cet album risque d’être quelque chose. Je vais certainement y aller.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Ek0SgwWmF9w&w=640]

    Jacques Boivin

    3 octobre 2012
    Albums
    2012, 2nd Law, 6/10, Critique, Muse, octobre
  • Critique : Alabama Shakes « Boys & Girls »

    Alabama Shakes
    Boys & Girls
    (ATO/Rough Trade)
    10 avril 2012

    Sur les forums musicaux, quand on demande quels sont les groupes à surveiller à Bonnaroo et à d’autres festivals cet été, quelques noms sont répétés de façon très régulière, notamment celui d’un groupe d’Athens, en Alabama, Alabama Shakes, qui vient tout juste de faire paraître son premier album intitulé Boys & Girls.

    On comprend pourquoi une certaine aura les entoure, ceux-là! Le groupe, dirigé par Britanny Howard, nous donne un rock teinté de soul et de blues tout droit sorti des années 1960-1970, et ce, dès la première chanson (qui est aussi le premier simple), Hold On, aux riffs accrocheurs et à la voix puissante.

    Howard a une voix parfaite pour ce qu’elle chante, soit de la soul puissante, à la limite du gospel, et le rock pratiqué par son groupe a un petit côté garage qui accompagne extrêmement bien cette voix. Dans la balade You Ain’t Alone, Howard répète « you ain’t alone, just let me be your ticket home » comme si, en devenant une sorte de mantra, ces paroles pouvaient nous libérer de notre chagrin.

    Be Mine est une des chansons les plus intenses que j’ai entendues depuis le début de l’année. Il s’agit d’un blues-rock presque parfait, où la musique, la voix et le texte sont en symbiose, et qui vient vous déculotter avec une finale complètement déjantée.

    Si la première impression est toujours la meilleure, on a droit ici à un groupe promis à un brillant avenir. À emmener avec soi dans tout roadtrip qui se respecte.

    [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=Le-3MIBxQTw&w=320]

    Jacques Boivin

    18 avril 2012
    Albums
    8/10, alabama shakes, avril 2012, boys & girs, Critique
  • Critique: Grimes « Visions »

    Grimes
    Visions
    (4AD)
    21 février 2012

    C’est une « amie » sur Facebook qui m’a présentée au phénomène Grimes l’an passé. Claire Boucher, une petite artiste multidisciplinaire de Vancouver qui fait de la musique à partir de gadgets numériques au goût du jour. Installé à Montréal depuis 2006, elle ne donne pas juste dans la musique, mais la dance, la performance, la vidéo, etc. Comme je disais, une artiste multidisciplinaire.

    C’est difficile d’étiqueter un style musical à son pseudo, car elle à touché à bien des genres avec ses quatre disques en deux ans. Celui-ci est beaucoup plus…pop? Ouin…

    Genesis, est la première pièce à attirer mon attention, une sonorité japonaise, qui n’a rien à voir avec le créationnisme, quoiqu’original, non pas originel! Un amalgame de mots utilisé plus à des fins de mélodies que de message. C’est plutôt de la légèreté musicale, autant par les mélodies vocales, que par l’utilisation d’échantillonnage midi, clavier numérique, loop, etc. Elle est seul la petite, donnons lui une chance. C’est robotique, numérique, digitale, quantitative en variations sonores, voir parfois un peu répétitif.

    C’est un album d’ambiance pour subwoofer, une musique de fin de nuit. Imaginez un chat, en torsions de gauche à droite, en boule, se lèche, s’étire; c’est exactement l’image qui me vient en tête quand j’entends sa voix. C’est naïf et hypocrite à la fois. Doux et griffant.

    ***C’est tellement pas le genre de musique qui s’apparaître à l’environnement dans lequel je me trouve actuellement; grosse lumière fluorescente, écouteur aux oreilles. Peut être que si j’étais sur une piste de danse, dans un petit bar miteux, entouré de petit garçon soucieux de leur look, de petites filles habillées en H&M de la tête au pieds, je comprendrais mieux la musique de Claire Boucher. Oui, je le dis haut et fort, de la musique de hipster, mais ça n’enlève absolument rien à son talent.***

    Visiting Statue met en vedette une voix quasi Ono-esque, loopé sur fond de clappements à la Peaches, très souvent des sons atypiques de Peaches, trop souvent peut-être, mais rien à voir avec le style trash. J’ai bien de la misère à m’en dissocier. Tiens, encore!

    Colour moolight (Antiochus) me rappel Prince, When Doves Cry. La voix de Boucher est si fragile que je pourrais facilement m’imaginer que c’est une  qui pleure. Une fragilité émotive qui d’ailleurs, se sent très bien sur Skin.

    En somme, Visions est une création atmosphérique exemplaire, qui scelle «le marché » surtout pour la vente de tickets, car Grimes viens tout juste de terminer une petite tournée à guichet fermé à New York. Si La Fourmi Atomique pouvait encore exister, ça aurait été l’endroit par excellence pour voir Grimes à Québec.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=T3iAoxHb8B8&w=320]

    Allison Van Rassel

    18 avril 2012
    Albums
    Allison Van Rassel, Critique, Grimes, Mars 2012, Visions
  • Critique : Amylie « Le royaume »

    Amylie
    Le royaume
    (Audiogram)
    10 avril 2012

    Quelle drôle de bibitte printannière que ce deuxième album d’Amylie!

    Premièrement, c’est un album sur lequel on peut difficilement coller une étiquette. Est-ce un album purement pop? De l’indie au féminin? Une folie d’auteure-compositrice-interprète? Le dernier défi d’Antoine Gratton? C’est un peu tout et rien de tout ça en même temps.

    D’un côté, c’est bien. On mélange les genres, on passe sans gêne du cabaret (sublime Colombe) à la pop très old-school (jouissive Les filles), en passant par la pop très soul (Tais ta tête). C’est bien écrit, c’est bien joué, et on s’amuse beaucoup avec les paroles.

    De l’autre, on cherche un fil conducteur. On se promène d’une chanson à l’autre sans trop savoir sur quoi s’accrocher. C’est beau, la richesse, mais là, vraiment, on s’éparpille. Rien de grave, du moins pas au point de nous faire changer de disque. Juste un petit irritant qui devrait s’estomper de lui-même au prochain album ou même en spectacle.

    Parlons de la réalisation d’Antoine Gratton. Oh! Qu’on reconnaît sa griffe sur ce disque! Les arrangements complexes, la touche d’électro jouxtant le big-band, c’est du Gratton tout craché. Encore un travail de pro par un des meilleurs dans le domaine.

    Au final, les points positifs sont de beaucoup supérieurs aux négatifs. Vous aurez du plaisir à écouter cet album.

    [vimeo=http://vimeo.com/39446255 w=320]

    Jacques Boivin

    14 avril 2012
    Albums
    7/10, amylie, Critique, le royaume
  • Critique : Lisa LeBlanc « Lisa LeBlanc »

    Lisa LeBlanc
    Lisa LeBlanc
    (Bonsound)
    26 mars 2012

    Bon, vous avez sûrement été témoins du buzz autour de la jeune auteure-compositrice-interprète acadienne. Vous avez probablement entendu son gros hit, Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde. Pis, est-ce que ça vous a convaincu d’acheter l’album? Le cas échéant, bravo, vous avez fait un bon choix. Sinon, rassurez-vous : au-delà du buzz, il reste beaucoup de talent, des bonnes chansons et un brillant avenir.

    Cerveau ramolli ouvre l’album avec une énergie assez incroyable. Le rythme est rapide, les guitares de Louis-Jean Cormier (en break de Karkwa) se marient merveilleusement bien au Banjo de LeBlanc, les paroles vont droit au but (ça… c’est le cas tout au long de l’album!), franchement, on a droit à du folk qui rocke!

    Ça se poursuit avec Du duvet dans les poches et Motel, deux pièces sales, poussiéreuses… du folk de grange (pour faire un parallèle avec le rock de garage) tout à fait honnête. En fait, les trois premières pièces du disque me rappellent une autre artiste du même genre (quoiqu’aux accents plus country), qui avait accolé l’étiquette « trash » à ses compétitions (voir TREMBLAY, Mara). On y retrouve la même urgence de s’exprimer, de faire des vagues.

    Petite pause avec Juste parce que j’peux et Câlisse-moi là. Cette dernière a un côté blues écorché vif qui fait mal. Intense, mais sincère.

    Après un bref retour aux chansons plus rythmées, on ressent enfin, avec Lignes d’Hydro, l’influence de Cormier. Ses riffs sortent tout droit d’une pièce de Karkwa, la mélodie et le rythme ne sembleront pas inconnus aux fans du groupe. N’empêche, il s’agit, avec Cerveau ramolli, de ma pièce préférée de l’album.

    Le reste de l’album est beaucoup plus tranquille on y retrouve les rares longueurs. En quelque part, c’est bien que celles-ci se trouvent à la fin… Notons toutefois Kraft Dinner. Quelle belle idée, cette chanson. « Au pire, on rira ensemble, on mangera du Kraft Dinner, c’est tout c’qu’on a d’besoin. » Et l’album se termine en beauté, avec Aujourd’hui…

    Franchement, pour le premier album d’une jeune femme de 21 ans, on en ressort agréablement surpris. C’est bon, c’est intelligent malgré le vocabulaire parfois un peu déroutant, et c’est intemporel. Vous allez encore écouter ce disque quand vous serez vieux. 😉

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=cYipXVojZYo&w=320]

    Jacques Boivin

    12 avril 2012
    Albums
    2012, 8/10, avril, Critique, Lisa LeBlanc
  • Critique: Sharon Van Etten «Tramp»

    Sharon Van Etten
    Tramp
    (Jagjaguwar)
    7 février 2012

    Tramp c’est du rock doux et âpre, avec une philosophie grunge aux mélodies vocales très féminines qui met de l’avant des frustrations, voir même un mal de vivre. Par contre, la voix de Sharon est si délicate, que c’est quasi impossible de croire en ses frustrations.

    Mais la dichotomie fonctionne aux arrangements, souvent seulement piano, guitare, accommodé d’un air nonchalant de batterie qui se perd un peu au fond d’un marais d’émotions.

    Et parlons en des arrangements, car c’est All I Can qui sonne le plus, comme si elle se devait de porter le titre de l’album. «We all make mistakes», dit-elle en ton défendeur, engagée dans un refrain bondé de guitare. We Are Fine, présente une voix masculine comme si elle venait défendre ses sentiments, «its ok to feel», raconte elle en plus à ce moment-là. Peu importe le titre, je sens qu’elle s’est submergée d’émotions négatives, puissantes, noires. C’est donc bien personnel. Complètement franc.

    Les paroles sont épiques, la musique minimaliste et à la fois full, quoi que différente de la Sharon de Epic et Because I Was in Love. On sent qu’à partir de cet album, Sharon s’ouvre à un tout autre monde. D’ailleurs, la photo de pochette témoigne qu’elle est plus audacieuse (un beau clin d’œil  à John Cale) non pas dans sa féminité, mais avec ses émotions. Ça ne serait pas surprenant d’apprendre qu’elle est admiratrice de PJ Harvey!

    Définitivement un des meilleurs albums paru février, 2012.

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=uWUs4ZxMRWs&w=320]

    Allison Van Rassel

    13 mars 2012
    Albums
    2012, Allison Van Rassel, Critique, février, Sharon Van Etten, Tramp
  • Critique : Ariane Moffatt « MA »

    Ariane Moffatt
    MA
    (Mo’Fat/Audiogram)
    27 février 2012

    MA, quatrième album de nouvelles compositions de l’auteure-compositrice-interprète-bidouilleuse electro-pop la plus connue au Québec, était attendu, c’est le moins qu’on puisse dire.

    Est-ce que dame Ariane satisfait à ces attentes? Ça dépend… si ce qui vous plaît chez elle, c’est son côté Poussières d’ange, désolé, eh ben vous allez être déçus. Si, pour vous, Ariane Moffatt c’est Jeudi 17 mai ou Farine Five Roses, procurez-vous ce disque à tout prix.

    Album bilingue, fignolé presque à 100 % par Ariane Moffatt en solo (par là, je veux dire qu’elle a écrit les paroles, composé les musiques, joué les instruments, joué aux réalisatrices et aux productrices presque toute seule – soyons francs, on peut difficilement avoir plus indé que ce disque), MA est un des meilleurs albums que j’ai entendus ces derniers mois. Et vous savez que de bons albums, il en est passé entre mes deux oreilles.

    Je me demande tout de même pourquoi elle a osé écrire la moitié des chansons de l’album en anglais. Surtout qu’elle arrive à faire groover notre langue comme personne d’autre n’est arrivé à le faire auparavant. Mon corps est un bijou sur le plan de la langue. Ça prend un talent fou pour arriver à avoir un débit aussi fluide avec une langue qui est faite pour être parlée et écrite, mais qui a tant de mal à être chantée. Le refrain de La pluie et le beau temps va s’incruster dans la tête d’à peu près tout le monde comme le pire des vers d’oreille… « On ne parle jamais trop de la température / La pluie et le beau temps, c’est pas banal ». Tout ça dans une ambiance urbaine, électronique, jeune qui ne se trouve généralement qu’en anglais.

    En même temps, il faut admettre que ces chansons en anglais sont des chansons fichtrement bien foutues qui n’ont ab-so-lu-ment rien à envier à qui que ce soit sur la scène indie. Oui, en anglais, on a l’impression que c’est moins original, surtout si on est, par exemple, fan de Goldfrapp, qui joue dans des registres semblables quoique plus éthérés. On reconnaît quand même la griffe d’Ariane sur ces chansons.

    Sur le plan musical, eh ben voilà. C’est de l’électro-pop au goût du jour, savamment arrangé et orchestré, pimenté de toutes sortes d’instruments et d’effets que je ne nommerai pas, parce que je n’ai pas que ça à faire. Hotel Amour, qui commence tout doucement avec ses synthés et finit avec beaucoup de rythme et des arrangements des plus complexes, constitue un excellent exemple.

    Le plus admirable, c’est qu’il n’y a, à vrai dire, aucune redondance d’une chanson à l’autre. Chacune a son rythme, son son, son histoire, ses mots, sa chaleur ou sa froideur. Et ça, c’est une grande qualité.

    Bon, voilà, il y a longtemps qu’un album ne m’a pas fait autant parler… vous aurez compris que j’ai beaucoup apprécié. Que j’y aille avec mon coeur ou avec ma tête, je dois concéder qu’Ariane Moffatt nous donne, avec MA, un grand album, probablement le plus grand album pop québécois de la présente génération. Conformément à ma politique, je ne lui donnerai pas une note de 10. Pas tout de suite. On va attendre un peu voir si, avec du recul, cet album est aussi génial qu’à ses 3-4 premières écoutes.

    Maintenant, ne reste plus qu’à souhaiter que cet album influence toute une nouvelle génération d’artistes qui, comme Ariane Moffatt, auront envie de repousser encore plus loin les limites de la pop au Québec.

    [vimeo=http://vimeo.com/37378034 w=320]

    Jacques Boivin

    27 février 2012
    Albums
    9/10, ariane moffatt, Critique, février 2012, ma
  • Critique: Air «Le Voyage dans la Lune»

    Voyage dans la LuneComme on restaure une toile, Air s’applique à l’œuvre cinématographique de Georges Méliès Le Voyage dans La Lune datant de 1902. Un quasi-théâtre filmé, muet, de quelques dizaines de minutes qui témoignent d’un voyage aller-retour pour la lune. Ce court métrage est en fait considéré comme étant la première pellicule attitré au genre science-fiction.

    Parade est en quelque sorte la pièce qui célèbre ce grand voyage. J’adore le piano est les harmonies qui ressemblent à une voix de sirène. Soudainement, je suis projeté dans l’Iliade d’Homère….non, c’est une Moon Fever, probablement ce à quoi ressemble l’apesanteur. Ensuite, je me sens englouti dans un tourbillon interstellaire grâce à Sonic Armada, une sorte de perte de contrôle. Je suis embrouillé; Who Am I Now?

    [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=gA_MqOVKYr0&w=320]

    Sans s’attarder au fait que cet album est en réalité une trame sonore, les pièces de Voyage dans La Lune sont présentées comme des photographies, collées une à une. Déjà dès Seven Stars, la deuxième pièce, on sent qu’une aventure approche. On y entend les étoiles briller dans un battement d’excitation, un décompte et voilà, Air nous projette dans un univers énigmatique.

    Pink Floyd n’aurait pas pu faire mieux!

    Allison Van Rassel

    13 février 2012
    Albums
    Air, Albums, Allison Van Rassel, Critique, Georges Méliès, trame sonore, Voyage dans la Lune
  • Critique : Feist « Metals »

    Vous avez ce rendez-vous avec une femme superbe, que vous avez déjà vue à quelques reprises. Les premiers rendez-vous étaient particulièrement réussis et vous avez trouvé un grand nombre d’atomes crochus avec la femme en question. Tout d’abord, elle était d’un naturel désarmant, ce qui est plutôt rare de nos jours. Vous avez apprécié sa douceur, qu’elle soit sérieuse ou qu’elle montre sa joie de vivre. Et quelle joie de vivre! Elle était fan des Bee Gees, aimait bien les marionnettes de Sesame Street et n’hésitait jamais à faire quelques pas de danse sur le tapis roulant de l’aéroport. Toutes les couleurs, les plus vives comme les plus neutres, lui allaient bien. On n’a même pas commencé à parler de sa passion!

    On comprendra donc que ce rendez-vous imminent, vous l’attendez depuis longtemps. Votre coeur commence à battre un peu plus vite, un peu plus fort. Votre souvenir des premiers rendez-vous est si positif, si intense, vous ne voulez pas être déçu. Surtout pas.

    Elle vous joue un tour. Elle arrive un petit peu plus tôt que prévu. Vous la voyez dans le judas de la porte. Elle est tout simplement magnifique. Elle s’est habillée d’une manière assez sobre, mais malgré tout, elle est d’un chic fou. Vous ouvrez et lui souriez timidement. Elle retourne votre sourire avec l’assurance de celle qui en a vu d’autres. Malgré tout, vous remarquez que quelque chose a changé chez la jeune femme. Un brin de mélancolie teinte son regard et ses propos, qui sont pourtant toujours lancés avec autant de passion et de vigueur. On sent chez elle une fragilité qu’elle cachait bien auparavant.

    Vous prenez vos affaires, et vous sortez. Vous marchez, main dans la main. Elle se dévoile, elle se raconte, elle se met à nu. Malgré cette mélancolie qui entoure ses paroles, impossible de faire semblant de ne pas voir sa chaleur. Elle est là, elle est tout près, vous pouvez sentir son souffle. Ce petit bout de perfection appuie sa tête sur votre épaule et vous êtes bouleversé.

    Malgré cette mise à nu, elle ne tombe pas dans l’indécence gratuite. Ce qu’elle veut, c’est votre coeur. Elle l’a depuis longtemps, mais là, elle va l’avoir pour un bon bout de temps.

    Vous la prenez dans vos bras et vous dansez, seuls, dans la pénombre, au milieu de nulle part. Bien que la nuit soit fraîche, vous ressentez cette flamme qui brille et réchauffe vos coeurs. Vous aimeriez que ce moment s’étire, qu’il ne se termine jamais. Heureusement, votre baladeur est muni d’une touche répétition. Vous allez en avoir besoin au cours des prochains jours.

    Écouter How Come You Never Go There :
    [soundcloud url= »http://api.soundcloud.com/tracks/20887905″ params= »show_comments=false&auto_play=false&color=ff7700″ width= »100% » height= »81″ ]

    Feist – « Metals » (Arts and Crafts)
    (en vente le 4 octobre prochain – en spectacle le 3 décembre au Métropolis de Montréal, le 5 décembre au Centre national des arts d’Ottawa et le 6 décembre au Grand théâtre de Québec)

    On donne :

    (9/10)

    Remarque : J’aimerais demander pardon à tous mes lecteurs qui préfèrent une critique claire et nette. Mais bon, vous comprendrez que je perds un peu mon sens critique quand il s’agit de Feist. Fallait que je dise les choses autrement. 🙂

    Jacques Boivin

    27 septembre 2011
    Albums
    9/10, Critique, Feist, Metals, Septembre 2011
  • Critique : Salomé Leclerc « Sous les arbres »

    Disons-le sans détour : Il y a beaucoup de PJ Harvey et de Cat Power dans les chansons de Salomé Leclerc. Ce ne sont pas les seules influences qu’on retrouve sur Sous les arbres, le premier album de l’auteure-compositrice-interprète de 25 ans, mais elles sont très frappantes (l’ouverture, la très jolie Partir ensemble, est un exemple probant). Dommage qu’on ait senti le besoin d’enrober ces influences d’un vernis propret qui fait perdre en sincérité tous les gains en accessibilité.

    Enregistré en France et réalisé par l’artiste française Emily Loizeau, Sous les arbres est un album folk mélancolique très conventionnel qui ne réinvente pas la roue, mais qui a le mérite d’être en français. D’ailleurs, la plume de Leclerc, sans être des plus mémorables, est tout à fait adéquate. La jeune femme sait écrire, elle maîtrise sa langue et elle a tout le temps devant elle pour peaufiner son art. Quant à la musique, il n’y a absolument rien à redire : les arrangements (de Leclerc elle-même) sont superbes et font la part belle à l’artiste, les mélodies, quoique parfois un peu trop grises, retiennent notre attention.

    Quelques chansons sortent du lot : la pièce titre, Sous les arbres, qui est mélancolique à souhait, Love, naïve, Love, véritable cri du coeur, et Tourne encore, qui est probablement la chanson la plus légère et pop de l’album.

    En résumé, Sous les arbres est un premier jalon pour Salomé Leclerc. Après quatre années à peaufiner son art, elle nous offre une oeuvre aboutie qui rend justice à son grand talent. Les attentes seront très, très élevées pour son deuxième album.

    En attendant, savourons celui-ci. Richard Séguin va ENFIN avoir de la concurrence dans la catégorie folk au gala de l’ADISQ 2012! 😉

    [youtube http://www.youtube.com/watch?v=Kt6TRmesFxk]

    Salomé Leclerc « Sous les arbres » (Audiogram)

    On donne :

     (7/10)

    Jacques Boivin

    20 septembre 2011
    Albums
    2011, 7/10, Critique, Salomé Leclerc, septembre, Sous les arbres
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