Ouf, ça en fait du monde qui passe sur une scène! Pour le lancement de leur premier album, Mon Doux Saigneur a décidé de s’organiser un mini festival au Cercle en cette chaude soirée de septembre. La soirée était belle, le monde était content, les groupes étaient en feu, on a donc tous passé un très beau moment.
Simon Kearney
Le rock de Simon est sincère, sans détour et puissant. Il est à base de solides compositions supportées par une brochette de bons musiciens et assaisonné par une belle présence scénique. Laissez le tout mijoter et savourez sans modération. En effet, les musiciens savent très bien se débrouiller, en particulier le sujet principal du groupe, qui livre des solos de guitare agiles et bien sentis. Il a présenté des mélodies accrocheuses tout au long de son (court) moment sur scène qui ont réuni, en chantant et en tapant des mains, le public sans cesse grandissant. Du rock, il y en a beaucoup à Québec, mais peu de groupes arrivent à la qualité que Simon et sa bande proposent. Le trio guitare, basse et batterie a bien réchauffé la foule pour le début de cette belle soirée.
Zagata
Ce groupe, c’est le projet de Jesse Proteau (oui, oui, le frère de Joey). D’ailleur, Joey (Ego Death de son petit nom) participe à son projet comme guitariste. Zagata propose une musique très pop où les beaux synthés de Marie-Pierre Bellefeuille apportent une petite touche rétro années 80 au groupe. Les musiciens sont tous très bons, ils exécutent à la perfection leur rôle et Jesse prend celui de rock star très au sérieux. Leur musique détonnait cependant lors de cette soirée. Elle m’a semblé un peu superficielle, vide de contenu artistique. Les textes sont très pauvres: ils décrivent souvent la vie urbaine avec des histoires d’amours qui ne fonctionnent pas ou des histoires de boîtes de nuit. Ce groupe n’avait pas vraiment sa place juste avant Mon Doux Saigneur, on les aurait beaucoup plus appréciés au Show de la Rentrée (la veille) ou dans une soirée dansante au District. C’est une pop rassembleuse et commerciale qui divertit plus qu’elle satisfait notre appétit de mélomane.
Mon Doux Saigneur
L’anticipation était palpable. Je pensais qu’on serait une poignée d’adeptes à boire leur musique lors de la soirée, mais finalement, c’est devant un Cercle bien rempli que la formation Mon Doux Saigneur a débuté le spectacle de lancement de leur premier album. Leur musique est sincèrement délicieuse, elle vient chercher exactement ce dont on a besoin, parfois en nous réconfortant et parfois en nous faisant danser. Ce rock franco comme on l’aime a une petite touche folk grâce au lapsteel, manié d’une main de maître par David Marchand. Les gars ont vraiment l’air doux avec leurs barbes, les petites lunettes du bassiste Étienne Dupré, leurs bières sans gluten. On pourrait qualifier cet indie-rock de «rock sans gluten» (aucunement péjoratif). On a eu droit a de belles balades qui évidement, se sont fait couvrir par les discussions trop fortes du Cercle (maudit…). Le groupe nous a remerciés plusieurs fois pour notre écoute, alors que le public ne le méritait vraiment pas. Merci à cette très belle formation d’être passée par Québec nous livrer leur album (procurez-vous le maintenant!) ainsi qu’un spectacle flamboyant.
Paupière
Peut-être que c’était une erreur de placement des groupes, peut-être que quatre groupes pour un jeudi soir à Québec, c’est un peu ambitieux, mais la salle s’est drôlement vidée avant Paupière. C’est dépassé minuit que le trio électro-pop a foulé les planches un peu fatiguées de cette soirée. L’heure tardive et le manque d’énergie de la foule n’a pas empêché le groupe de livrer une performance énergique, mais quand même marquée par quelques moments de découragement dû au caractère passif des auditeurs. Vers la moitié du spectacle, deux des musiciens ont ensevelit une des chanteuses sous une montagne de gros rubans roses, ce qui a ajouté un caractère un peu excentrique à leur prestation. Avec les synthés et les séquences, Paupière a présenté une synth-pop très actuelle avec un son 80’s tant à la mode ces temps-ci. C’était tout de même un bon spectacle, bien que je suis convaincu que la formation soit capable de beaucoup plus.
Arrivée devant la porte du District Saint-Joseph autour de 18h15, j’entends déjà des notes de guitares traverser les murs pour se rendre à mes oreilles. En entrant, on m’annonce que Simon Kearney en est déjà à sa deuxième pièce, au plus grand plaisir des spectateurs attentifs qui sont attablés ça et là.
Sur scène, le chanteur et guitariste est accompagné par ses deux acolytes habituels : Pépito et «G the king» respectivement à la basse et à la batterie. J’ai le plaisir de reconnaître Hey Man, tirée de La vie en mauve, album que le jeune (mais expérimenté) adepte du rock a sorti en septembre 2015.
Il nous déballe ensuite un lot de nouvelles chansons où percent parfois des pièces connues. Entre deux exécutions, Kearney nous raconte l’histoire de ses chansons, nous fait la jasette. On le sent à l’aise autant entre ses pièces que pendant, alors que le groupe lorettain s’adonne visiblement à jouer avec plaisir et intensité.
Les nouveaux titres sont un bon augure pour la suite de la carrière de l’artiste. Alors que les textes nous transportent dans différents univers (comme celui d’un appartement duquel un homme regarde les filles ou encore celui d’un poulet amouraché d’un ange), la musique nous surprend.
La voix de Simon Kearney, qui s’est renouvelée en puissance et en versatilité, s’en va explorer plus souvent les graves avant d’aller chatouiller les aigües. Spirit en est un bon exemple. On se frotte aussi à des sonorités nouvelles, parfois un peu plus planantes, qui rappellent les The police de ce monde et où se cache un soupçon de Jimmy Hunt. Les mélodies sont accrocheuses sans être fades et laissent toujours la part belle aux impressionnants solos de guitare.
Kearney sera en spectacle avec sa bande à Montréal le 22 mars au Matahari Loft en compagnie de Mort Rose.
Cette été si tu as envie d’une petite sortie musicale à l’extérieur de la ville, mais pas trop loin, je te conseille Chaudière-Appalaches ou plus précisément Beaumont et St-Jean-Port-Joli. C’est certain qu’il va te falloir un ami qui sait manier le volant, mais t’as besoin de lui pour un minime 40 minutes ou pas plus qu’une heure et quart, pour la seconde destination, si tu pars de Québec. Profites-en pour apporter ton stock de dodo puisque dans ces deux évènements il est possible de camper juste à côté du site question de te laisser profiter de la bière locale offerte.
Les Vendredis en Musique au Parc Vincennes
Le concept est très simple : tout les vendredis dès le 24 juin un spectacle vous est offert gratuitement au Parc Vincennes à Beaumont. Des consommations sont vendues sur les lieux (provenant de la Microbrasserie de Bellechasse) mais rien ne vous empêche d’en apporter. Lors de ces rendez-vous, il est impossible que ce soit complet. Le parc est en fait un ancien camping, donc il y a suffisamment d’espace pour tous les lecteurs d’écoutedonc.ca. On a entre autres pu y voir dans les années précédentes: Raton Lover, Les Chercheurs d’Or et les Québec Redneck Bluegrass Project. Cette année les soirées sont présentées en plateau double et en tant que fière Beaumontoise, je devrais y être pour Les Louanges et Simon Kearney le 22 juillet, ainsi qu’à De la Reine et Anatole le 29 juillet.
Si vous dormez au site voisin (avec Motel et Camping), vous irez faire un tour le lendemain sur le bord du fleuve: il y a une belle descente de 232 marches ! Notez qu’il y a la présence de JP Couët le 15 juillet mais puisque c’est en plein FEQ, je vais me reprendre au BivouaK’alooza !
Un petit nouveau qui a su accrocher l’attention avec sa programmation incroyable: Les Deuxluxes, Canailles, Philippe Brach, JP Couët, Québec Redneck Bluegrass Project et Bernard Adamus rien de moins ! Le tout est entre midi et minuit le 27 août au Domaine de Gaspé à Saint-jean-port-joli. Il y a aussi une mention comme quoi d’autres artistes allaient être dévoilés pour la portion qui se déroule à l’intérieur jusqu’à 3h du matin ! Pour un minime 15$ il est possible de camper sur les lieux et les produits de la microbrasserie Ras L’Bock seront en vente sur place en plus de la nourriture des restaurateurs du coin.
C’est à noter que Saint-Jean-Port-Joli est tout aussi magnifique que Beaumont côté paysage et vous fera voir autre chose que ce que la ville vous offre à longueur d’année. N’oubliez pas à votre retour de choisir la 132 et préparez votre argent de poche pour les top marchés aux puces de bord de route !
Bon, vous le savez, l’été dernier, nous avons nous aussi succombé au charme du Festif! La gang de Baie-Saint-Paul ressemble beaucoup à la nôtre : des passionnés qui donnent sans compter, qui se lèvent très tôt et se couchent très tard par amour pour notre culture et nos artistes. C’est d’ailleurs pour cette raison que nos amis organisent depuis plus de cinq ans un volet concours qui donne aux artistes de demain la chance de montrer ce qu’ils ont dans le ventre. Jusqu’à maintenant, plus de 72 artistes auront bénéficié du Cabaret Festif!, dont quelques chouchous d’ecoutedonc.ca tels que Philippe Brach, Émile Bilodeau et Simon Kearney.
Eh ben voilà, le Cabaret Festif! de la relève est de retour pour une sixième édition, qui se déroulera à la Salle Multi de l’Hôtel Le Germain de Baie-Saint-Paul les samedis 23 janvier, 6 février, 20 février et 26 mars. Cette année, le Cabaret était très heureux de nous annoncer un nouveau partenariat avec SIRIUS XM, qui agira à titre de co-présentateur de la 6ème édition du concours, en compagnie de DERYtelecom, fidèle partenaire de l’événement. À une plus petite échelle, on vous annonce aussi qu’un petit bloguscule de Québec s’ajoute à la liste des partenaires. Yep, ecoutedonc.ca saute à pieds joints dans l’aventure. On vous en reparle un peu plus bas.
Le porte-parole de la sixième édition est nul autre que Dany Placard, qui sera présent le 23 janvier pour pousser quelques tounes (on est déjà prêts pour les na na na na na). Placard croit, comme nos amis de Baie-Saint-Paul et nous-mêmes, en la diffusion de la musique émergente à l’extérieur des grands centres et à l’importance d’offrir au public des régions une multitude de styles et de catégories d’artistes et ce, à l’année longue (ça aussi, on va s’en reparler, mais une autre fois).
Pour les participants, il devient encore plus intéressant de s’inscrire tant la qualité des prix offerts est intéressante :
Le grand prix du jury offrira au gagnant, en plus d’une place dans la programmation de la 7e édition du Festif!, une bourse en argent de 5000 $ (offerte par Sirius XM). À cela s’ajoute une grande tournée des médias de la région de Québec, 1000 $ de promo à CKRL, ainsi qu’une prestation et une formation radio à CHYZ.
Le public aura toujours droit de cité lors des trois soirées de qualification, mais cette fois pour déterminer l’artiste qui se rendra a un vote internet. Le candidat ayant obtenu le plus de votes ira directement à la finale, lors de laquelle le public couronnera enfin la personne qu’il veut voir dans la programmation du Festif en plus de remporter la bourse DERYTELECOM de 2000 $!
Plusieurs événements et établissements partenaires, dont, le Festival de Chanson de St-Ambroise, le Festival de la Chanson de Tadoussac, le Domaine Forget, La Fascine, l’Auberge de Jeunesse de la Malbaie et le Marché Public de Baie-St-Paul, seront tous présents afin de remettre un prix à l’un de nos finalistes en l’incorporant dans leur prochaine programmation.
Autre nouveauté, un des 4 finalistes aura la chance de remporter le prix de la « Tournée Charlevoisienne ». L’artiste choisi s’arrêtera donc à La Fascine, à l’Auberge de Jeunesse de la Malbaie et au Marché Public de l’Hotel Germain de de Baie-St-Paul. Un jury spécial sera formé afin de déterminer qui sera l’heureux élu.
Enfin, ecoutedonc.ca offrira à l’un des finalistes un ensemble assez sympa : couverture complète, entrevue de fond, séance photo professionnelle, prestation de type showcase et plus encore. On peut dire qu’on va braquer notre radar sur ce finaliste pendant un bon bout de temps. On a bien hâte de participer nous aussi!
Les artistes et les groupes intéressés à participer sont invités à remplir le formulaire d’inscription sur la page du Festif avant le 16 décembre 2015.
On vous parlera donc beaucoup du Cabaret Festif! de la relève cet hiver. Ça tombe bien, nous piaffons d’impatience de vous montrer tout ce talent!
Oh que Le Cercle – Lab vivant était content d’annoncer cette belle nouvelle ce matin, surtout au lendemain de cette belle sélection comme finaliste de la catégorie Salle de spectacles de l’année au GAMIQ (on sait à qui téter un lift)! Voyez-vous, la salle de la rue Saint-Joseph annonce en ce moment même un nouveau partenariat fort important avec Première Ovation (de la Ville de Québec). Une belle contribution financière de l’organisme permet au Cercle de présenter une nouvelle plateforme musicale qui laisse toute la place à la relève.
Ça s’appelle Le grand Boum. Qu’est-ce que c’est? Il s’agit d’une toute nouvelle série de concerts mettant en vedette des artistes de la scène dite émergente et ce, dans de nombreux styles : rock, pop, jazz, électropop et folk. Vous allez me dire « mais le Cercle fait déjà plus que sa part, non? », ce à quoi nos amis du Cercle semblent répondre NON de façon assez retentissante.
Donc, pour l’automne, Steve Guimond, infatigable directeur de la programmation du Cercle, ainsi que son équipe, ont concocté tout un menu. En plus de tout ce qu’on vous a déjà annoncé!
Le Grand Boum sera inauguré ce vendredi 2 octobre par la jeune chanteuse Liana Bureau, de Québec. L’ancienne participante à La Voix (ils sont partout, ces jours-ci!) nous promet un spectacle pop et Rn’B comme on en voit trop rarement à Québec. Ça devrait être assez rafraîchissant.
On pourra également voir, entre autres, Raton Lover, Peter Henry Philips, le Winston Band (à voir!), Jérôme Casabon, nos amis de BEAT SEXÜ, X-Ray Zebras et Popléon. Ajoutez à cela du jazz de qualité et des ateliers de formation.
Les billets du Grand Boum sont disponibles sur lepointdevente.com. Vous pourrez également vous procurer des forfaits-découverte (2 spectacles dans le même style pour 19,99 $ + taxes et frais de service) à partir de vendredi matin.
Vilain Pingouin n’a jamais arrêté de tourner et Rudy Caya écrit encore des chansons qui viennent nous chercher. N’empêche, samedi soir, il y avait un air de nostalgie à ce spectacle soulignant le 25e anniversaire du premier album de Vilain Pingouin dans un Cercle rempli de quadragénaires pour l’occasion. C’était un de ces soirs où votre humble serviteur n’avait pas l’impression d’être parmi les plus vieux dans la salle. Et c’était un de ces soirs où il connaissait toutes les chansons par coeur.
Le groupe s’est pointé sur scène sans son chanteur pour lancer les festivités avec un Passe-moi le celt on ne peut plus énergique. Il n’en fallait pas plus pour que le public manifeste sa joie. Sans attendre un instant, les gars ont poursuivi avec François, au début de laquelle un Rudy Caya prêt à faire la fête est monté sur scène. Chanceux, Caya. Il avait une chorale à lui tout seul! Tout le monde chantait. Le gars de la sécurité chantait. Les employés au bar chantait. Je chantais en prenant mes photos. Je gagerais que même la portière chantonnait joyeusement! Voilà, ça allait être un de ces concerts de type bouillon de poulet : prévisible mais délectable.
Je dis « prévisible », mais je n’avais pas prévu que Vilain Pingouin installerait une table et deux chaises sur scène pour y inviter à tour de rôle des spectateurs à s’y assoir et à manger du gâteau (d’anniversaire). « Vous allez voir comment ça sonne ici », lance Caya avec un grand sourire, avant de lancer Délinquance, puis son plus grand succès solo, Mourir de rire. Que tout le monde chante en choeur, bien entendu.
On a eu la visite d’Hugo Mudie, qui est venu en pousser une petite avec le groupe. Sur le côté de la scène, la communauté des rockeurs chums de Caya chante avec autant de plaisir que les fans sur le parterre. Caya, de son côté, n’a pas l’air d’un gars qui a eu un ACV il y a à peine quatre mois. Il nous rappelle que Vilain Pingouin ne s’est jamais arrêté et qu’il écrivait encore constamment de nouvelles chansons. Comme La faim du monde, une chanson récente qui montre que la plume de Caya est toujours aussi juste.
Après un petit segment plus doux (faut bien donner la chance à un couple d’amoureux de danser un slow sur la scène au son de Sous la pluie), la fête reprend de plus belle avec Le droit de chialer et Marche seul, qui finissent de mettre le feu au Cercle. Après avoir invité tout le monde à poursuivre la fête de l’autre côté après le spectacle, les gars de Vilain Pingouin ont terminé ce concert avec vigueur, entonnant Le train et Merci, une belle façon de donner tout ce qui reste dans la tank avant de rallumer les lumières.
Pendant quelques heures, j’étais à nouveau un petit jeune de 17 ans plein d’idéaux qui chantait OOH OOH OOOH, je marche seul le poing levé avec plein d’autres ados de mon âge. Merci, les gars.
Simon Kearney
Écoutez, on ne perdra pas trop de temps, on vient à peine de voir Simon pas plus tard que mercredi et il était excellent. Cette fois-ci, il était en duo acoustique avec son (contre)bassiste Christophe. Toujours aussi à l’aise, toujours aussi heureux d’avoir une place où jouer ses tounes, Simon a rocké la guitare acoustique comme il rocke la six-cordes électrique, avec un entrain et une énergie qui se sont répandus chez les spectateurs qui ont remplacé leurs applaudissements polis du début en applaudissements nourris à la fin.
On aurait apprécié une meilleure qualité d’écoute, à l’image de celle qui régnait quand Vilain Pingouin est monté sur scène, mais Simon, lui, a plus que tenu sa part du contrat.
Installés dans un coin du Pub universitaire, le trio de jazz manouche a commencé la soirée en beauté. Bien que la formule 5 à 7 incite à écouter d’une oreille en soupant avant le Show de la rentrée, Des Sourcils méritaient qu’on leur accorde toute notre attention de temps en temps. Ils ont enchaînés «reprises» (en jazz ce ne sont pas vraiment des reprises) et compositions avec une adresse particulière, leur style demandant vitesse et précision. Leur musique vous aurait donné l’impression d’être dans un petit Café de Paris. Leur compos étaient juste assez audacieuses tout en collant au style qu’ils ont choisi, et les reprises intéressantes. Ils ont entre autres livré un All of me presque méconnaissable. (MEF)
19h30 – Simon Kearney
C’est un Simon Kearney visiblement impressionné de jouer dans le milieu universitaire, ou il n’a pas encore mis les pieds, qui est monté sur la scène de la terrasse avec la dure tâche d’accueillir le public. Après une rencontre timide entre celui-ci et l’auteur-compositeur-interprète au son de Hey man et du Moine, l’ambiance s’installe tranquillement. Les gens se rapprochent, Simon se déchaîne sur sa guitare et laisse ses autres musiciens s’amuser dans quelques solos de cuivres ou de basse. Il nous offre encore des versions uniques et réarrangées de ses pièces, dont une, Allez voir ailleurs, qui ne se trouve pas sur ses disques. Le tout a fini en beauté lorsqu’en plein milieu de Fais-moi mal le trompettiste a fait…une demande en mariage (oui oui) ! (MEF)
20h30 – Raton Lover
Voilà un groupe d’ici qu’on avait hâte de revoir (dire que notre première rencontre a eu lieu à 800 km de Québec)! La formation de Simon Lachance, Martin Plante, Simon Guénard, Frédérick Desroches et Éric Blanchard, qui avaient manifestement leurs fans sur la très chic terrasse du Pub (dont le toujours sympathique Papi Limoilou, qui danse avec plus de vigueur que la majorité des petites jeunesses qui l’entourent), a offert une autre prestation enjouée, jouant avec un bonheur contagieux le rock sous (presque) toutes ses formes. Que ce soit avec leurs propres compositions (je l’ai dit à Gaspé et je le répète, y’a du Wilco dans les chansons de ce groupe) ou leurs reprises (dont cette traduction de Why Don’t We Do It On The Road, des Beatles, qui devient Pourquoi qu’on le fait pas dans mon char), les membres de Raton Lover ont confirmé ce qu’on savait tous déjà depuis un moment : nos amis ratons ont le coeur à la fête! (JB)
22h – Caravane
La foule, déjà pas mal nombreuse, a pris une ampleur assez incroyable pendant qu’on attendait l’arrivée des quatre rockeurs chargés de clore la soirée sur la terrasse. Dominic Pelletier arrive avec un pot de miel en mains. Raphaël Potvin est plus blanc qu’un drap passé à l’eau de javel. Heureusement, Danahé Côté et William Drouin sont en forme. On savait que Dominic avait des problèmes de voix (ça a été annoncé officiellement sur les Twitteurs). Il a d’ailleurs appelé en renfort la toujours souriante Odile Marmet-Rochefort, qui l’a accompagné aux choeurs pendant une bonne partie du spectacle. De son côté, Raphaël avait un gros virus, mais tel un guerrier de la basse, il était fidèle au poste, la basse en main.
Les problèmes de santé n’ont pas empêché les gars de Caravane de faire ce qu’ils font de mieux : donner un sapré bon show rock. Ça commence sur les chapeaux de roues avec Black Dog, les pièces de Chien noir défilent sans temps mort ou presque, Papi Limoilou danse avec joie, même sur scène, Electric Feel de MGMT sonne mieux que lorsque MGMT la joue, pis la finale est digne de faire exploser des feux d’artifice au-dessus du Desjardins tellement Lonely Boy est endiablée. Le public n’en demandait pas autant et on a vu des gens surfer sur les spectateurs, des mosh pits et quoi encore! Je suis rentré dans le Desjardins en me disant qu’une chance que les gars étaient pas en forme, ils aurait bien mis le feu à la place, sinon! (JB)
Depuis quelques années, on remarque une recrudescence d’excellents artistes et groupes rock qui veulent se faire connaître (et qui y parviennent). Pas besoin de chercher très loin, on ne parle que de ça ici-même sur ecoutedonc.ca. Ça me rappelle mon entrée dans le monde des adultes, lorsque j’ai terminé mon secondaire et commencé mon cégep dans les alentours de 1990.
Mise en contexte
On sortait d’une période plutôt sombre sur le plan musical au Québec. Oui, les « grands esprits » Paul Piché, Michel Rivard et Richard Séguin ont tenu le fort, même Pagliaro faisait encore des albums, mais les jeunes, eux, s’étaient tournés vers les Américains, les Britanniques… et les Français. Pendant que notre scène était encore imprégnée du rock et du folk des années 1970, le reste de l’Occident sortait du New-Wave et entrait à pieds joints dans la dernière décennie du 20e siècle. En même temps que les Nirvana, Nine Inch Nails et autres groupes qui allaient changer la donne. Une fois de plus.
Heureusement, de jeunes artistes québécois avaient faim et ils voulaient jouer de la musique comme ils en entendaient quand ils allaient aux Foufs ou à la Fourmi. Jean Leloup et sa Sale affaire nous contaminaient avec leur folie. Daniel Bélanger proposait une relecture moderne du folk-pop (il le propulsera plus tard dans un Spoutnik). Les Parfaits Salauds débarquaient avec leurs cuivres. Et il y avait ce groupe que j’ai aimé beaucoup dès que j’ai entendu Le train et Salut salaud pour la première fois : Vilain pingouin. Le premier album (homonyme) avait pris bien des gens par surprise en raison de sa qualité et de son originalité, tant du côté des textes que de la musique. D’un côté, les textes étaient particulièrement engagés et collaient parfaitement aux préoccupations des jeunes de l’époque : le racisme, le suicide, la politique, le mal de vivre, tout y passe. Les X et les Y se sentent enfin interpellés. Musicalement, la troupe de Rudy Caya et ses complices mélange joyeusement le folk-rock américain à la Springsteen et l’esprit festif des Pogues avec de nombreux éléments du rock alternatif français (on peut sentir l’influence de groupes comme Bérurier noir dans des chansons comme Régime de fer). Des instruments qu’on n’a aucunement l’habitude d’entendre viennent agrémenter les chansons du groupe : banjo, accordéon, cuivres accompagnent les guitares qui s’alourdissent sur Roche et roule, un des meilleurs albums de rock québécois des années 1990.
C’est à la première montréalaise du groupe au vieux Club Soda, le 24 avril 1991, que j’ai commencé ma manie d’arriver des heures à l’avance pour avoir la meilleure place dans la salle (la bière sur le stage!). Je me souviens de ce spectacle comme si c’était hier. Un groupe nerveux en raison de la présence des nombreux médias, mais qui offrait un spectacle rodé au quart de tour (à l’époque, on tournait partout au Québec avant de triompher à Montréal…). Au rappel, une fois les médias partis (la fameuse tombée, celle qui n’existe plus aujourd’hui), Rudy s’est senti beaucoup plus à l’aise et le party, déjà bien pris, est devenu démentiel. J’avais 17 ans à l’époque.
Ça va?
Près de 25 ans plus tard, me voilà dans un café de Place d’Youville, assis en face d’un gars visiblement heureux d’être en vie et capable de faire encore ce qu’il aime aujourd’hui. Caya nous a fait une petite peur ce printemps, victime d’un AVC. « La réhabilitation suit son cours », me répond-il lorsque je lui demande comme va la santé. « Ça progresse plus vite que ce qu’on avait anticipé. Je suis patient à propos de certaines choses et moins patient sur d’autres. » Alors qu’on lui a dit qu’il aurait besoin d’un an pour être complètement rétabli, il fonctionne déjà très bien quatre mois après l’accident et il espère pouvoir se considérer rétabli dans deux mois. Les médecins lui ont dit que c’était sa tête de cochon et son mode de vie qui l’avaient dirigé vers l’AVC. La même tête de cochon allait travailler de pied ferme pour reprendre toutes ses forces.
Sa tête de cochon. Rudy Caya aime la vie et il est prêt à se battre pour elle. « Je veux continuer encore longtemps. Je dis souvent que ma retraite, je vais la prendre au cimetière. »
Du rock en français qui bûche? Oui, ça se fait!
Le show du 12 septembre prochain sera un peu spécial. Ce sera le jour du 25e anniversaire du lancement du premier album de Vilain Pingouin. Je dis à Rudy qu’il y a toute une génération de nouveaux fans à conquérir, des jeunes qui ne connaissent pas le groupe, mais qui ont la chance de vivre un boum créatif semblable à la période au cours de laquelle Vilain pingouin est apparu. « Je suis pas mal sûr qu’on vit un autre âge d’or du côté de la musique québécoise, présentement. Indépendamment de la langue. » Ce n’est pas parce qu’il a choisi de chanter en français qu’il a quelque chose contre l’anglais. « Mon grand-père est un Américain de Boston. Un Irlandais. Les trois quarts de ce que j’ai écouté étaient en anglais. J’ai appris à adorer le français parce que mon père était prof de français. J’aime les deux langues, mais je suis plus à l’aise en français parce que j’ai grandi dans une société francophone. »
J’ai envie d’en savoir plus sur les influences de Vilain pingouin à l’époque. On sent autant Springsteen que la chanson française dans les chansons écrites par Caya. On remarque tout le métissage, tous ces instruments qui pouvaient nous sembler insolites parce qu’on avait perdu l’habitude de les voir. « Mes années formatrices musicalement, je les ai vécues dans un creux pour la musique québécoise », raconte Caya. Il ne restait à peu près plus qu’Offenbach. Caya, lui, préférait de loin Black Sabbath. « Au début du groupe, quand on nous demandait nos influences on donnait des réponses comme les Clash. Nos interlocuteurs insistaient : « oui, mais du côté francophone? » ». Trop jeune pour Beau dommage et Harmonium. Ça lui prenait quelque chose de plus heavy. La seule référence d’ici pour le jeune Caya, c’est un album en anglais de Pagliaro. « Un chef-d’oeuvre, aussi bon que le meilleur des Eagles ou des Allman Brothers. » Avec son groupe précédent, Les taches, Rudy va en France. Il y découvre La mano negra, Bérurier noir et plein d’autres. « OK, ça se fait! De la musique arrache comme j’aime, du punk, du metal qui brasse, mais avec une attitude. » Il trouve sur la scène française une subtilité qu’il ne retrouve pas sur la scène américaine. Les Français vivaient, cinq ans avant leurs cousins québécois, une belle période d’effervescence créative sur tous les plans. « J’ai signé avec Boucherie Records (la maison des Garçons bouchers). On allait aux partys de la Mano Negra, On s’est rendus compte que du rock en français, comme ma génération l’aime, c’est possible. » Même le nom Vilain pingouin est calqué sur l’approche française un objet, une qualité. Comme les Négresses vertes, par exemple.
À quoi s’attendre le 12 septembre
On retourne à la raison première de cette journée de promotion à Québec : le spectacle que Vilain pingouin donnera au Cercle le 12 septembre prochain. Rudy Caya nous avertit : on va avoir mal à la tête! « Mets du Tom Waits pas trop loin, pis attends-toi de te lever pis d’être dans la brume jusqu’à au moins une heure, une heure et demie. » Aucun invité surprise n’est prévu, c’est le 25e de Vilain Pingouin avec… Vilain Pingouin. Ensuite, la tournée se poursuit. « Honnêtement, on n’a jamais arrêté. On a toujours fait 15-20 shows par année! C’est pas un retour des Pingouins. » Si on lui demande comment se déroulent les retrouvailles, Caya répond « pareil comme à toutes les années. » Le fait que la présente série de spectacles correspond avec le 25 anniversaire du groupe amène une plus grande visibilité, mais Vilain Pingouin a toujours été actif.
Caya compose encore, il y a de nouvelles chansons sur l’anthologie (Les belles années, sur étiquette Pingouin Records), et il y en avait aussi sur l’album live paru au début des années 2000. Il aime bien jouer ses anciennes chansons, question de remercier son public pour la belle carrière qu’il a eue (et qu’il a encore, disons-le), jouer Le Train comme on s’y attend, nous voir sauter de joie en chantant, l’adrénaline que tout ça donne, mais il n’est pas nostalgique. Le chanteur avoue n’avoir aucun disque de Vilain Pingouin : « Mes enfants ont une copie du dernier vinyle, mais moi, j’en ai pas. » S’il apprécie le passé, il apprécie encore plus le présent et l’avenir. « Pourquoi vivre une moitié de vie pis la revivre après? J’en ai une complète, je veux la vivre au complet! »
Un nouvel album, avec ça?
Tant qu’à parler de nouveautés, on parle d’un éventuel album complet : « Je vais sûrement préparer un album solo. Monter 12 chansons avec les Pingouins, avec nos jobs, c’est difficile. On y va à coup de quatre tounes. Comme on l’a fait avec l’anthologie. » Quand il se met en mode composition, Caya est all-in. C’est pour cela que le prochain album risque de ressembler à une compilation de sa participation à divers projets. Par exemple avec Bod’haktan. « C’est mes chums. J’ai envie de jouer avec eux, pas juste par marketing! » Caya est aussi un fan fini de Sandveiss. Du stoner en plein dans ses cordes. « Ce qui est le fun avec ces bands-là, c’est que leurs tounes sont bonnes, mais c’est le trip de chums que le monde va voir. Ils ont l’impression de faire partie de la gang. » Il parle aussi des Épicuriens, « un band de ska. On pourrait appeler le projet Rudy SCaya. » Il nomme aussi Fidel Fiasco et termine avec les Pingouins. Finalement, ça donnerait un album d’une douzaine de chansons avec quatre ou cinq groupes différents. « Et ça veut pas dire que je chanterais chaque toune, donner d’autres couleurs, c’est le fun! »
Bon ben salut, salaud!
J’ai gardé mes questions les plus délicates pour la fin. Est-ce qu’il serait possible de sortir une chanson comme Salut, Salaud en 2015 et avoir le même effet qu’en 1990? Après tout, on en sait plus sur la dépression et d’autres maladies mentales responsables d’un bon nombre de suicides. Rudy reconnaît que ces maladies existent, mais si son regard était déjà perçant, on le voit s’animer comme il ne l’avait pas fait avant. Il me répond que l’effet aurait été le même parce que les gens se sont reconnus dans la chanson. « C’est une histoire qu’une fille m’a racontée, et j’ai mis en paroles et en musique les sentiments qu’elle a exprimés. » Quand les gens lui racontaient leur histoire, Caya ne comprenait pas vraiment, c’était une situation qu’il n’avait jamais vécue lui-même! « De façon dont on m’en parlait, j’avais l’impression que j’avais bien compris le message de cette fille-là. »
Ces sentiments, il a eu l’occasion de les ressentir lui-même il y a trois ans quand le père de la meilleure amie de sa fille a commis l’irréparable. Dans le cercle d’amis de sa fille, il était l’autre papa-poule, celui qui faisait toujours des lifts aux filles pour s’assurer de leur sécurité. Quand il a fait ça, Caya a dit : « Mon tabarnak! T’as pas le droit de dire à ta fille que c’est une solution! J’accepterai jamais que tu rejettes tes problèmes sur les autres! » Réaction très forte, certes, mais si vous êtes passé par là, vous l’avez ressentie, ne dites pas le contraire. « Jamais je vais donner à mes enfants ce message-là, que le suicide, c’est la solution. C’est toute ma vie, pis n’importe qui qui oserait même penser leur faire du mal, il n’a aucune idée de la tempête! Impossible que je sois cette personne-là. »
Te retourne pas, sur Roche et roule, est un peu le yang du yin qu’est Salut, salaud. Caya a une anecdote au sujet de cette chanson : « C’était à un genre de conférence de la SOCAN. On devait apporter une chanson et un panel en faisait la critique. On ne voulait pas brûler des tounes qui seraient peut-être un succès, on s’est dit qu’on allait prendre la moins hit dans le tas. On a pris cette chanson-là. On s’est fait dire « Ah, la structure est bizarre », pis là, Claude Rajotte a dit « Attention, c’est Vilain Pingouin, vous savez pas qui ils sont, je les ai eus comme invités et je vous le dis, le rock québécois est sur le bord de changer avec des bands comme Vilain Pingouin. » Wow, j’avais tellement de respect pour Claude, pis c’était le seul qui avait compris de quoi la chanson parlait. » Pour Caya, être normal dans un monde comme le nôtre, c’est pas normal. Avoir des problèmes, c’est normal, et comme de nombreux musiciens, il lui est arrivé de lancer ce genre de cri d’alarme. « Pour 90 % du monde, cette chanson-là leur est passée 100 pieds au-dessus de la tête. Les 10 % qui sont sensibles à ça, eux, l’ont compris. »
Le droit de voter, c’est aussi (mais pas juste) le droit de chialer
On parle de deux chansons de circonstance en cette campagne électorale, deux chansons toujours aussi criantes d’actualité : Le droit de chialer et, bien entendu, Viva l’élection. « La seule chose que je regrette de cette chanson-là, c’est que c’est pas comme ça que je l’entendais, j’aurais voulu faire du Setzer big band bien avant Setzer, du big band arrache. Mais bon, j’aime la chanson, j’aime les paroles, j’aime le swing, ça manque juste de trompettes et de trombones à mon goût. » Viva l’élection est encore totalement d’actualité. Les panneaux électoraux, les beaux discours… « C’est triste de voir que ça n’a pas changé, que c’est le même manège! » Quel que soit le parti! Caya ajoute : « Un gars qui joue au hockey, que ce soit pour les Bruins, les Black Hawks ou les Nordiques, il joue au hockey. Un politicien de carrière, c’est pareil. On change de parti deux, trois fois, l’idéologie n’est pas nécessairement à la base de leurs motivations politiques. La vie de politicien les intéresse. C’est pareil chez les musiciens! On en voit qui veulent devenir des rock stars parce que c’est le mode de vie qui les intéresse plutôt que l’idée de faire de la musique.
Caya indique qu’il a changé d’idée à propos de Le droit de chialer : « Dans ce temps-là, c’est ce que je pensais. La chanson, c’est ma version française d’If you want to bitch, vote. Avec le recul, je me suis rendu compte que voter, c’est tellement pas suffisant à moins que ça soit une bonne excuse pour se déculpabiliser et se déresponsabiliser. Si tu veux vraiment que les choses changent, oui, va voter, c’est une des étapes, mais c’est la plus facile. Faut que tu t’impliques dans un dossier que tu te connais. Je me rappelle de Michel Chartrand qui disait à Bernard Derome qu’il ne voulait pas gagner. « Mais si vous ne voulez pas gagner, qu’est-ce que vous faites là? » Il a répondu quelque chose comme « Un gouvernement est aussi bon que son opposition. » Il voulait être le chien de garde. C’est parfait, il voulait jouer son rôle. » Selon Caya, les intentions de Chartrand étaient bonnes et pures. « Dire que le gouvernement ou les syndicats, c’est de la marde, c’est dire que le monde, c’est de la marde. Ils représentent le monde. Ce qu’ils en font, comment ils le manipulent, le corrompent, ça, c’est une autre histoire. » Le problème, selon lui, ce ne sont pas les institutions, mais ce que nos représentants en font. Ce n’est pas vrai qu’on peut rien faire. « Personne ne me contrôle si je ne l’écoute pas. « Ouais, mais t’as pas le choix! » Mais oui j’ai le choix! « Mais t’auras pas d’argent, t’auras pas ci, t’auras pas ça! » J’men câlice. Garde-le, ton argent! Là, il peut pu rien faire. » Le seul pouvoir qu’ont ces personnes, c’est celui qu’on leur donne.
Déjà une demi heure!
Je regarde l’heure. Ça fait déjà plus de 30 minutes qu’on jase. Rudy Caya a une autre entrevue avant d’aller se reposer. On se serre la main, on se dit à samedi le 12. Je quitte le café avec une certitude : je vais arriver tôt au Cercle samedi, question d’être en avant. La bière sur le stage. En train de crier Ooh ooh ooh, je marche seul! avec du monde de 18 à 55 ans. Ça devrait être une bonne soirée.
En plus, Caya va avoir la chance de rencontrer un autre trippeux de musique puisque c’est Simon Kearney qui assurera la première partie. Grosse semaine pour Simon, qui joue également au Show de la rentrée ce mercredi soir.
Le spectacle est à 20 heures, les portes ouvrent à 19 heures, et les billets sont disponibles à la billetterie du Cercle et sur lepointdevente.com.
Un gros buzz entoure Simon Kearney depuis un certain temps. Depuis, en fait, qu’il a lancé un premier maxi alors qu’il n’avait que 17 ans. C’est que son rock mélodieux aux accents parfois un brin psychédéliques a de quoi faire tourner bien des têtes. Ceux qui ont eu la chance de le voir en spectacle savent que le jeune homme possède déjà pas mal tous les atouts pour être une figure importante de la scène musicale québécoise (je parle pas juste de la ville, ici). Pas du genre trop pressé, Simon a peaufiné ses habiletés et composé d’autres chansons, qu’il a enregistrées sous la direction d’un certain Antoine Gratton. Le résultat? Deux ans plus tard, il nous présente La vie en mauve, un album de 16 chansons au son desquelles on passe trois jolis quarts d’heure.
Sans perdre de temps, Kearney donne le ton avec Hey Man, une chanson qui part doucement, mais qui montre de quel bois le jeune auteur-compositeur-interprète se chauffe : du rock à guitares lent, langoureux, chaud, celui qu’on écoute en regardant l’asphalte fondre au soleil. Quand on cherche les références (c’est tellement à la mode, les albums référentiels), on n’en trouve que très peu, et cela est une bonne chose : si Kearney s’inspire des autres, il le fait à sa manière!
On aime beaucoup quand Kearney joue les rockeurs comme sur Comme un acide. C’est là qu’il est à son meilleur, quand il se déchaîne sur les refrains. Sur Chaminao, on reconnaît une voix féminine, celle de Camille Poliquin (Milk & Bone), qui se marie donc bien à la guitare de Kearney! Et puis sur Megan, Kearney se transforme en Beatle pendant un petit moment. Ah, voilà, y’en a, des références!
Les pièces se suivent et se ressemblent un peu, du pop-rock un peu slacker sur les bords, mais tout à coup, on tombe sur une bombe : J’aurais dû la tuer, encore une fois avec Camille Péloquin qui complète Kearney à merveille. Un gros blues-rock sale et un brin cacophonique qui, selon LP Labrèche du Canal auditif, ferait frémir ceux qui ont capoté sur le cas d’Action Bronson. OK, on comprend assez facilement ici qu’il s’agit d’une histoire, y’aura donc pas de polémique. Pis oui, on irait bien faire les 400 coups avec Camille nous aussi! Ah, c’est pas d’elle que tu voulais parler? N’empêche qu’il s’agit des cinq meilleures minutes de l’album. Tout simplement jouissif!
Je n’ai pas parlé de la réalisation d’Antoine Gratton? C’est bon signe, vous ne trouvez pas? Gratton ne s’est pas trop imposé, il a laissé le talent de Kearney s’exprimer tout en sachant bien guider le jeune homme. Non, c’est pas parfait, les paroles trahissent parfois l’âge du jeune multi-instrumentiste, mais quand on écoute La vie en mauve, on sait que ce jeune homme sera dans le décor très longtemps. Reste à parfaire son écriture, à gagner en maturité, à voir du pays.
La première fois que j’ai vu Kearney sur scène, j’ai eu le même feeling que lorsque j’ai vu Jake Bugg : s’il ne s’enfle pas trop la tête, s’il reste bien ancré au plancher, ce jeune homme, qui a tout le talent du monde, va aller loin, très loin.
Marjo, tu voulais des flammèches? Je te présente Simon Kearney. J’espère que tes devil horns sont prêtes, tu vas en avoir besoin!
Depuis les quelques années que je le connais, Simon Kearney a fait beaucoup de chemin. C’est aussi ce qu’a voulu rappeler Nicolas Lemieux, le directeur de Sphère Musique, juste avant de laisser place à l’artiste. Il a découvert Simon sur Internet alors qu’il n’avait que 13 ans et qu’il publiait des vidéos sur YouTube. Maintenant à 19 ans, avec beaucoup de spectacles et de compositions derrière la cravate, Simon Kearney était vraisemblablement prêt à nous livrer un premier album.
Sur scène, il a offert une belle prestation qui témoigne elle aussi de sa progression : chansons plus travaillées, plus d’aisance sur scène et surtout un fun tangible à jouer devant la salle pleine du Cercle, en partie occupée par des amis proches et de la famille. Comme toujours, le spectacle a donné l’impression d’une soirée entre amis, avec en prime du rock authentique, assumé et à fleur de peau. Les pièces en tant que telles, réarrangées sur scène comme dans l’album, reflétaient encore plus qu’avant la variété musicale qu’a tenté d’aller chercher l’auteur. Et ce ne sont que des vers d’oreille. Je vous mets au défi d’écouter l’album et de ne pas en avoir au moins une qui vous trotte dans la tête.
En somme, la soirée s’est bien déroulée, on a eu droit à des chansons encore jamais entendues en spectacle ainsi qu’à des solos endiablés et les quelques remerciements chaleureux de l’artiste reconnaissant ont coulé de source. Tout comme quelques autres perles de la scène québécoise, Simon Kearney saura vous charmer et je ne doute pas qu’il fasse encore beaucoup parler de lui prochainement.
Pour plus d’info sur l’album, vous pourrez lire la critique de Jacques Boivin qui sort ce mercredi. Le disque est disponible un peu partout et, si vous êtes déçu de l’avoir manqué, Simon Kearney jouera sur la terrasse du Pub de l’Université Laval dans le cadre du Show de la rentrée le 9 septembre prochain.