Oh boy, s’il y a quelque chose qu’on a beaucoup fait cette année, c’est voir des artistes sur scène. Que ce soit en salle, dans des bars ou sur la grande scène d’un festival, les artistes et groupes qui suivent ont grandement ému nos collaborateurs.
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2015 en rappel : ALBUMS
Cette année, au lieu de vous offrir un ou deux gros top 50 (d’autres blogues le font mieux que nous), nous avons consulté les membres de l’équipe ecoutedonc.ca pour connaître leurs coups de coeur dans diverses catégories. On commence aujourd’hui avec nos albums de l’année.
Jacques Boivin – rédacteur en chef
Valérie Vinet – rédactrice
Karina Tardif – coordonnatrice de rédaction, Mauricie
1. Loud Lary Ajust, Blue Volvo
2. Ariane Moffat, 22h22
3. Milk and bone, Little mourning
4. Philippe Brach, Portraits de famine
5. Jean Leloup, À Paradis City
Jay Kearney – photographe
1. Galaxie – Zulu
2. Joel Martel et les Mécaniciens de l’Amour – Un bon moment
3. Kurt Vile – B’lieve i’m going down
4. DeerHunter – Fading Frontier
5. Unknown Mortal Orchestra – Multi Love
Matthieu Paquet-Chabot – rédacteur
1. Milk & Bone – Little Mourning
Un album tellement rafraichissant dans le paysage musical québécois. Du bonbon pour les oreille
2. Kendrick Lamar – To Pimp A Butterfly
Lamar a totalement réinventé le rap avec les touches jazz et funky. Sans compter les textes poignants sur chacune des pièces
3. Galaxie – Zulu
Ça faisait un bail que le Québec n’avait pas reçu une si grosse dose de rock
4. Jean Leloup – À Paradis City
Quelle belle surprise que le retour du chanteur plus en forme que jamais, autant sur scène que sur album
5. Le Couleur – Dolce Desir EP
Ce n’est peut-être pas un album entier, mais ce EP est extraordinaire. Les mélodies sont enlevantes et d’une qualité sans précédent.
Julien Baby-Cormier – rédacteur
François-Samuel Fortin – rédacteur
Marion Desjardins, photographe
Alice Beaubien – rédactrice
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Mes albums préférés de 2014
Bonjour tout le monde,
Bon, après un faux départ il y a deux semaines, voici enfin la liste de mes albums préférés de 2014, présenté dans le cadre de mon bilan de fin d’année. C’est pas faute d’avoir essayé, je vous jure. Mais voyez-vous, ecoutedonc.ca est une activité qui, bien que plaisante et valorisante, ne demeure qu’un passe-temps. Sébastien, notre spécialiste de la scène locale, a les deux mains dans le caca. De bébé. On le comprendra de privilégier sa progéniture à un blogue qui exploite ses talents pour la modique somme de rien du tout (les blogues, ces nouveaux sweatshops). De mon côté, mon travail de traducteur occupe mes journées et le soir, mes enfants aiment bien me rappeler qu’il n’y a pas que la musique dans la vie. Le blogue avance plus vite que moi et ça m’oblige à réagir et à réfléchir sur son avenir (je veux continuer, mais je ne pourrai pas le faire seul). On s’en reparlera au retour des fêtes. Mais je vais sûrement lancer un appel à l’aide, j’aime mon projet et il semble qu’il a besoin de grandir.
D’ailleurs, si vous voulez participer à la rédaction de ce blogue, n’hésitez pas à m’en faire part par courriel à jacquesboivin@test.ecoutedonc.ca. Tous les sujets sont ouverts, mais en 2015, nous continuerons le travail amorcé cette année en précisant notre mandat : nous sommes toujours généralistes, mais nous ferons de notre mieux pour mieux couvrir la scène locale.
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Soyons honnêtes, au Québec, 2014 a été une bonne année côté offre de disques. Des petits nouveaux, comme Bernhari ou The Seasons, ont su nous impressionner avec un premier album solide. D’autres jeunes artistes ont profité de leur deuxième album pour se tailler une place parmi nos artistes à surveiller. Je pense à Antoine Corriveau, David Giguère, Monogrenade… Certains, comme Serge Fiori, faisaient un retour après plus de 25 ans d’absence. Cela détonne un peu avec le reste du monde, où 2014 a été une bonne année, sans être spectaculaire.
Monter un palmarès comme celui-ci, c’est une tâche colossale… et ingrate. C’est d’ailleurs pourquoi je parle toujours de mes albums préférés plutôt que des meilleurs albums de l’année. Anyway, quand on voit à côté de quoi je suis passé cette année faute de temps, peut-on parler de « meilleurs albums »?
Avant de lancer le palmarès, voici quelques albums qui ne se sont pas qualifiés, mais que vous aimerez très probablement :
Arkells – High Noon (Universal)
Les rockers ontariens ont décidé d’agrémenter leurs compositions d’éléments pop accrocheurs. Du Canadian Rock agrémenté d’une touche de soul. On tape du pied et on se surprend même à bouger les épaules!Lake Street Dive – Self-Portraits (Signature Sounds Recordings)
Je dois l’avouer, j’ai découvert le groupe plusieurs mois après la sortie de l’album (à Bonnaroo, pour être plus précis). Self-Portraits, c’est une joyeuse rencontre entre le jazz, le soul, la pop et le country. Le genre d’album qui vous rend instantanément de bonne humeur.Sunfields – Habitat (Exit Sign Music)
La formation montréalaise nous a offert un album qui sent l’été. En toute simplicité. Un album tout à fait accessible qui s’écoute à 120 sur la 20. Sans tomber dans l’archi-référentiel, on reconnaît certaines influences, dont celle de Wilco. Et Drunken Choir est sublime.Ty Segall – Manipulator (Drag City)
Un son juste assez sale pour les fans de garage. Des guitares partout, une voit haut-perchée toujours agrémentée de quelques effets. Des riffs salement efficaces. It’s Over déménage. Un album auquel j’aurais aimé consacrer plus de temps.Weird Al Yankovic – Mandatory Fun (RCA)
Yankovic a un grand talent qui n’a d’égal son sens de l’humour. Il n’y a qu’à voir ce qu’il a fait avec sa parodie de Royals, de Lorde, qui devient tout à coup une chanson désopilante sur le papier d’aluminium! À réécouter pour rire un bon coup.Willows – Willows
La franco-manitobaine Geneviève Toupin s’est trouvé un nom de scène qui colle magnifiquement au projet qu’elle a lancé cet été. Cet album résolument folk est une invitation au voyage à travers les déserts et les montagnes.On commence à la page suivante!
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Vingt albums québécois que nous aimons particulièrement
Tiens, pour célébrer la Saint-Jean-Baptiste (ou la fête nationale, si vous préférez), pourquoi pas dresser une liste de vingt des albums québécois que je préfère? Évidemment, ce sont mes goûts, peut-être que votre liste sera complètement différente. D’ailleurs, pourquoi ne pas en discuter dans les commentaires ci-dessous?
Suite de l’autre côté…
Arcade Fire – The Suburbs (2010)
Le groupe collectif montréalais aura ouvert de nombreuses portes aux artistes québécois partout dans le monde. Karkwa et Malajube n’auraient probablement pas pu tourner aux États-Unis, en chantant en français de surcroît, sans les efforts d’Arcade Fire pour mettre la scène indé montréalaise sur la map. De nombreux critiques auraient plutôt inscrit Funeral ou Neon Bible dans cette liste, mais pour moi, The Suburbs représente le sommet de l’oeuvre d’Arcade Fire jusqu’à maintenant avec un thème universel(lement nord-américain), qui touche tout le monde qui a déjà vécu dans le 450 ou dans le 83 (ou dans n’importe quelle autre banlieue-dortoir). Un album qui se déguste lentement, à plusieurs reprises. Et qui se transpose à merveille sur scène.
Chanson à écouter en boucle : Deep Blue. Chanson en apparence toute douce, toute simple, mais d’une richesse incroyable. Chaque écoute apporte encore aujourd’hui sa découverte. Ma chanson préférée d’Arcade Fire.
https://www.youtube.com/watch?v=cDIRT_NEMxo
Avec pas d’casque – Astronomie (2012)
Mon album préféré de 2012, toutes langues confondues. Pour Astronomie, Stéphane Lafleur et ses complices ne se sont pas contenté d’enregistrer un album à saveur folk. Ils ont repoussé allègrement les limites du genre grâce à des arrangements sublimes, à une instrumentation atmosphérique qui vole haut et à des paroles imagées qui nous font voyager.
Un grand album qu’on écoutera encore dans vingt ans.
Chanson à écouter en boucle : Personnellement, je préfère Talent, une pièce paresseuse, mais lumineuse, qui plane et nous fait planer.
Les colocs – Dehors novembre (1998)
Dernier album des Colocs avant la mort tragique de Dédé Fortin. Avec 16 ans de recul, on comprend tout le mal-être de Fortin, on saisit tous les messages pourtant peu subtils laissés partout sur l’album. Même si à chaque écoute, un malaise subsiste encore, Dehors novembre est l’album le plus abouti des Colocs, et les chansons qu’il renferme devraient passer le test du temps sans aucun problème. La fantastique Belzébuth, une pièce de plus de neuf minutes, ouvre l’album avec une des plus belles histoires jamais endisquées au Québec : une métaphore sur la liberté.
Chanson à écouter en boucle : Le répondeur me donne encore le motton chaque fois que je l’entends. C’est une chanson si triste, si cruellement poignante. La solitude fait mal, surtout lorsqu’on cherche à s’y complaire.
Les cowboys fringants – Break syndical (2002)
Si le premier album officiel était plein de chansons loufoques, Break Syndical est un album fortement engagé qui a touché toute une génération droit au coeur. On s’est reconnus dans En berne. On a tous un membre de notre famille qui est parti dans l’Ouest, comme dans Toune d’automne. On regarde tous les manifs avec un oeil cynique, comme dans La manifestation. Reste encore des chansons drôles, comme Heavy metal et Salut mon Ron! Musicalement, il s’agit d’une belle rencontre entre le trad québécois et l’americana. C’est encore le sommet du groupe.
Chanson à écouter en boucle : Ruelle Laurier. Parce qu’elle vous arrache le coeur.
Daniel Bélanger – Rêver mieux (2001)
Avec Rêver mieux, Daniel Bélanger a montré sa grande polyvalence. On le connaissait surtout pour ses albums de chansons pop teintées de folk, mais à l’arrivée des années 2000, il a ajouté quelques sonorités électroniques pas piquées des vers à sa guitare acoustique et à ses paroles toujours aussi riches et colorées. Chante encore a des airs de pièce trip-hop un brin soul. Le refrain de Dans un spoutnik est prophétique : « Six milliards, six milliards de solitudes, six milliards, ça fait beaucoup. »
Chanson à écouter en boucle : Revivre. Un constat claque-sur-la-gueule. Une chanson coup de pied au derrière. Après tout, que peut-il se produire de pire que rien?
Fred Fortin – Joseph Antoine Frédéric Fortin Perron (1996)
Un album qui n’a jamais connu le succès qu’il mérite. Son plus grand classique, Moisi moé’ssi, a eu plus de succès lorsque l’académicien William Deslauriers l’a repris (en y enlevant tout le coeur que Fortin y met lorsqu’il la chante). C’est pas grave, d’une façon ou d’une autre, Fortin et son complice Olivier Langevin auront cimenté leur place dans le paysage musical québécois pour les années à venir.
Dans cet album, Fortin montre l’étendue de son talent d’auteur-compositeur-interprète et de musicien en passant joyeusement d’un genre à l’autre.
Chanson à écouter en boucle : Moisi moé’ssi est un incontournable. Chantée par Fortin, cette pièce déborde de sincérité. On sent très bien quand il appuie sur certains mots pour passer son message. Une chanson d’amour virile, mais sincère. Toute à l’image de Fortin.
Harmonium – L’Heptade (1976)
Album tout simplement parfait. Pour la richesse de ses arrangements. Pour son instrumentation incroyable, orchestrale. Pour l’harmonie des voix, qui se marient parfaitement à celle, magnifique, de Serge Fiori. Pour les paroles écrites par ce dernier, qui atteignent sur L’Heptade un niveau rarement atteint avant et ensuite.
Un album ambitieux. Probablement le plus ambitieux de l’histoire du rock québécois. Pourtant, cet album montre qu’Harmonium avait tout à fait les moyens de ses ambitions.
Si vous vous demandez encore pourquoi les baby boomers vouent un culte à Serge Fiori, c’est en grande partie à cause de cet album, sorti le jour de la victoire historique du Parti Québécois le 15 novembre 1976.
Chanson à écouter en boucle : J’ai envie de vous répondre platement aucune. Cet album s’écoute n’a de sens que si on l’écoute d’un bout à l’autre. Mais si vous voulez en avoir juste un petit aperçu, écoutez Le premier ciel.
Jean-Pierre Ferland – Jaune (1970)
Notre Sgt. Pepper’s bien à nous. Jaune a révolutionné la chanson québécoise, que ce soit par son modernisme dans l’interprétation ou par les techniques d’enregistrement qui étaient enfin à un niveau équivalent à ce qu’on trouvait ailleurs.
On connaît tous les chansons qui composent cet album magnifique, que ce soit God is an American ou Quand on aime, on a toujours 20 ans.
Jaune est un des rares albums québécois francophones connus à l’extérieur de la francophonie.
Chanson à écouter en boucle : Le petit roi. Une des plus belles chansons jamais écrites sur nos terres. Classique instantané qui vient rejoindre ceux de Leclerc et de Vigneault.
https://www.youtube.com/watch?v=zezSZ7Zpmhw
Jean Leloup – Le dôme (1996)
Si Jaune de Jean-Pierre Ferland est notre Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, Le dôme est sans contredit notre OK Computer. Le troisième disque de Jean Leloup, que ses fans désespéraient d’entendre, a vraiment marqué l’histoire musicale du Québec. Complètement en accord avec son époque tout en étant avant-gardiste, cet album a pavé la voie à des tas d’artistes pas tout à fait conventionnels.
Un album qui refuse toutes les étiquettes, un album personnel et universel, un classique intemporel.
Chanson à écouter en boucle : Il serait facile de répondre « toutes » tellement elles sont toutes devenues des classiques, mais avouons-le, Le monde est à pleurer est toujours irrésistible.
https://www.youtube.com/watch?v=QnhwExZweac
Lhasa – La llorona (1997)
Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette jeune femme emportée bien trop tôt par la maladie. Les musiques étaient fantastiques. Les paroles chantées par Lhasa avaient beau être en espagnol, on avait l’impression de les comprendre tellement elle y mettait de l’intensité. El Desierto frappe droit au coeur.
Un album qui allait permettre aux Québécois de s’ouvrir musicalement sur le monde.
Chanson à écouter en boucle : El Pajaro. J’ai des raisons personnelles de l’adorer, celle-là, mais son rythme changeant, son refrain puissant, sa guitare, son accordéon, tout est magnifique dans cette chanson.
Malajube – Trompe-l’oeil (2006)
Les fans connaissaient la bande à Julien Mineau depuis Le compte complet, paru en 2004, mais le commun des mortels a découvert le groupe avec cette petite bombe indie pop-rock aux accents un peu psychédéliques. Tout à coup, le champ gauche se rapprochait du centre.
L’album a ses faiblesses, Julien Mineau n’a jamais été le meilleur parolier au monde, mais musicalement parlant, on se trouve dans un univers unique au Québec.
L’album est rempli de chansons qui sont déjà devenues des classiques Montréal -40° C, Pâte filo, La monogame, Ton plat favori, Fille à plumes, Étienne d’août…
Chanson à écouter en boucle : St-Fortunat est probablement la chanson qui se prête le mieux aux paroles extrêmement naïves de Mineau. Un requiem OUA-OUAOUARON!
[bandcamp width=100% height=120 album=1669147013 size=large bgcol=333333 linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=3434833031]
Mara Tremblay – Les nouvelles lunes (2005)
L’artiste montréalaise avait obtenu d’excellentes critiques pour ses deux premiers albums, Le chihuahua et Papillons. Si le premier était l’album de jeunesse qui tire à bout portant sur toutes les conventions et que le deuxième était l’album des amours déçues, toujours aussi intense mais rempli de tristesse, Les nouvelles lunes était en quelque sorte l’album de la maturité, zen, contemplatif. Le country-trash est devenu country-folk. La hargne a été remplacée par la douceur. La distorsion a fait place à la sobriété.
L’album avait reçu un accueil plutôt favorable à l’époque, mais avec du recul, maudit qu’il a bien vieilli. Tremblay, Langevin et François Lafontaine (!!!), entre autres, ont fait un boulot incroyable à la réalisation.
Chanson à écouter en boucle : J’aurais pu prendre Douce lueur ou Poussières, mais j’ai opté pour Grande est la vie. Une chanson inspirante, un rayon de lumière même quand il fait trop sombre.
Michel Rivard – De Longueuil à Berlin (1980)
Avant de devenir un monstre de la chanson d’ici, Michel Rivard avait un gros penchant pour le country. On peut facilement l’entendre sur les albums de Beau dommage et sur son premier album, Méfiez-vous du grand amour. Le public a donc été surpris d’entendre Rivard laisser tomber le country pour pimenter son folk de sonorités jazz. Pourtant, le résultat est sublime. Le saxophone sur Le beau party est délicieux. Quand il chante Le monde a besoin de magie, on voit le chapiteau, le cirque qui se déroule devant nous.
Surtout, il y a La chanteuse (juillet 1969), une magnifique ballade imagée comme seul Rivard peut le faire. Et La triste histoire de ma virginité. Qui n’est pas si triste que ça, au contraire.
Chanson à écouter en boucle : Le retour de Don Quichotte. Classique des classiques. Écrite en hommage à Claude Jutra. La maladie d’Alzheimer qui commence à frapper et qu’on connaissait encore mal à l’époque.
Ce n’est pas la version de l’album, mais la chanson est toujours aussi belle…
Offenbach – Tabarnac (1974)
Enregistré pendant la tournée du groupe en Europe en même temps que le film du même nom (un flop monumental), Tabarnac montre tout le savoir-faire de la bande à Gerry Boulet pré-Traversion, avant qu’Offenbach ne devienne l’immense groupe d’arena rock qu’il est devenu à la fin des années 1970. Sur Tabarnac, on a droit à un blues-rock progressif solide.
C’est sur cet album qu’on trouve Promenade sur mars, (« l’homme que je suis, quoi qu’il en pense, n’a pas accès, ni de près, ni de loin »), qui est devenu l’un des plus grands classiques de la chanson québécoise. Vous avez sûrement tous entendu la version En fusion, ou la version live au Forum, mais l’originale est sublime (malgré sa fin en queue de poisson). On y trouve aussi Ma patrie est à terre et Québec Rock, que tous les fans d’Offenbach connaissent par coeur. Et L’Hymne à l’amour, en version un peu brouillonne, mais toujours aussi touchante.
Chanson à écouter en boucle : Ether. J’ai un faible pour cette pièce de rock atmosphérique sans compromis. Une des meilleures du groupe.
Patrick Watson – Adventures in Your Own Backyard (2012)
Certains lui préfèrent un des albums précédents de Watson, mais Adventures in Your Own Backyard est mon album préféré de Patrick Watson. Aérien sans être trop planant, orchestral sans être pompeux, lumineux sans être nunuche, cet album est tout simplement fantastique et me donne des frissons chaque fois que je l’écoute.
Un grand album de la part de ce Montréalais.
Chanson à écouter en boucle : Into Giants. Ce duo avec Erika Angell (Thus Owls) respire la joie et le bonheur. C’est beau, c’est bon et c’est touchant.
Paul Piché – L’escalier (1980)
Après le succès incroyable d’À qui appartient le beau temps?, qui a fait connaître Paul Piché comme un redoutable chanteur folk, l’auteur-compositeur-interprète a remis ça avec L’escalier, un album phare et engagé qui n’a toutefois pas obtenu tout le succès mérité, malgré la présence du plus grand classique de Piché. Pourtant, cet album ne manque pas d’excellents moments. La pièce d’ouverture, J’étais ben étonné, est pleine de rage. À côté de toi, toute en douceur, donne un autre point de vue sur la même situation. Une autre combinaison, Un sourire/Avec l’amour, est belle dans sa mélancolie du début et sa grande tristesse de la fin. La pièce titre est le classique que vous connaissez.
Chanson à écouter en boucle : La rue Berri, une chanson folk méconnue, une autre métaphore sur la lutte des petits contre les puissants, qu’affectionnait particulièrement Piché à l’époque avant de devenir le beau bonhomme chanteur de charme de Sur le chemin des incendies.
https://www.youtube.com/watch?v=DVhQkPkKZXA
Plume Latraverse – All Dressed (1978)
J’avoue que j’aurais pu prendre à peu près n’importe quel album de Plume enregistré dans les années 1970 (dont Pommes de route, avec Stephen Faulkner). Mais All Dressed est l’album qui comprend ma chanson préférée de l’oncle Pluplu.
Il n’y a pas ces grands classiques que sont Rideau ou Bobépine, mais c’est avec cet album que j’ai eu mon premier contact avec l’americana et le bluegrass. Juste pour ça, il mérite d’être dans cette liste.
Chanson à écouter en boucle : Les pauvres. Dans cette chanson de dix minutes, tous les préjugés sur les pauvres passent un par un. Le plus triste, c’est qu’ils sont toujours d’actualité.
Richard Desjardins – Tu m’aimes-tu? (1990)
Il roulait sa bosse depuis de nombreuses années, mais il a fallu Tu m’aimes-tu? pour que Richard Desjardins et sa poésie sortent enfin de l’ombre. Et Dieu qu’on a aimé cet album! Encore aujourd’hui, chaque écoute de cet album me donne son lot de frissons.
Sur Tu m’aimes-tu?, Desjardins jongle avec l’amour et l’humour, passant de la chanson au country sans aucun complexe. On apprécie les classiques Tu m’aimes-tu, Le bon gars et … Et j’ai couché dans mon char. Pourtant, ce sont les pièces moins connues qu’on revisite avec le plus grand plaisir.
Chanson à écouter en boucle : Le meilleur exemple de la poésie de Desjardins se trouve dans Va-t’en pas, une pièce d’une telle beauté qu’elle m’arrache une larme à chaque écoute.
Robert Charlebois – Fu Man Chu (1972)
Son album avec Louise Forestier a probablement une plus grande valeur historique et Québec Love contient sûrement un plus grand nombre de classiques, mais Fu Man Chu est à mon humble avis l’album le plus réussi de Charlebois.
Tout d’abord, c’est tout un album de guitares, omniprésentes à tous les degrés de distorsion d’un bout à l’autre de l’album. Il y a aussi la pièce-titre, Fu Man Chu, qui est une oeuvre épique de près de 10 minutes aux arrangements riches et complexes et aux rythmes irrésistibles.
Tout un clin d’oeil à 2001, l’odyssée de l’espace!
Chanson à écouter en boucle : Le mur du son. Pour les guitares, pour la batterie et pour les paroles de Mouffe. Une de ses plus belles.
Les soeurs Boulay – Le poids des confettis (2013)
Ces deux filles-là sont débarquées dans nos vies avec un maxi, puis un album qui a fait fondre nos coeurs. La sobriété des arrangements, la sincérité dans leur jeu, la parfaite harmonie de leurs voix et de leurs instruments.
Leurs chansons sont universelles, mais en même temps, elles ne peuvent venir d’ailleurs que de chez nous. C’est peut-être pour cette raison que cet album de folk-pop s’est démarqué dans un genre qui commence à être surpeuplé.
Certaines pièces sont des cadeaux : Stéphane Lafleur a écrit la ô combien troublante Ôte-moi mon linge et la jolie Ton amour est passé de mode. Mais les filles n’en avaient pas vraiment besoin. Leurs propres compositions sont elles-mêmes magiques. T’es pas game vient titiller l’orgueil d’à peu près tout gars de la ville normalement constitué. Et faites attention, elles peuvent se payer Des shooters de fort sur ton bras!
Un grand album qui met la barre très haute pour ces deux jeunes femmes fort talentueuses.
À écouter en boucle : Où la vague se mêle à la grand route. Ça sent bon la Gaspésie et le Golfe. Les transitions entre les tons sont sublimes.
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Photos : Bonnaroo 2012
Que de beaux souvenirs! À regarder pendant que je rédige mes critiques de la semaine. 🙂
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Mes chansons préférées de 2013
Pardonnez-moi d’avoir pris tout ce temps, j’avais quelques petits problèmes à régler avant de passer à cette liste que vous attendez avec impatience (mettons).
Voici donc mes 80 chansons préférées de l’année qui se termine, classées en ordre alphabétique :
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6-5000, par Born Ruffians
Il y a un petit côté vieil indie rock des années 1990 qui ne me déplaît pas chez ces Ontariens. 6-5000 est une bonne chanson rock au tempo variable.
A New Life, par Jim James
La première fois que j’ai entendu A New Life, j’ai eu le coup de foudre. Cette déclaration d’amour, qui commence tout en douceur, gagne en intensité jusqu’à son explosion. Le chanteur de My Morning Jacket y respire un bonheur contagieux. Rien ne peut mal aller après avoir entendu A New Life.
Afterlife, par Arcade Fire
Si Reflektor a un petit côté sombre, Afterlife porte de son côté un message d’espoir, que ce soit dans les paroles (Can we just work it out?) ou dans sa musique irrésistiblement festive. Une grande chanson.
Another is Waiting, par The Avett Brothers
Du folk-pop convenu, mais mauditement bien réussi. Les frères Avett savent écrire des chansons simples, mais rassembleuses.
Another Century, par Mark Berube
La plus rock des chansons de son dernier album, Russian Dolls. Berube y met tout son grand talent d’auteur-compositeur-interprète. Ça bouge, les arrangements sont géniaux et il y a toujours quelque chose d’inattendu au tournant.
Armée de montgolfières, par Jason Bajada
Après s’être fait remarquer en anglais, Jason Bajada décide de chanter dans la langue de Molière. Cette première incursion a donné d’excellents résultats, dont cette chanson pop à la structure simple, mais aux textures complexes.
Avocado, Baby, par Los Campesinos!
Ils sont de retour et ils sont plus intenses que jamais! Dans Avocado, Baby, Gareth Campesinos! a l’air de souffrir comme jamais, malgré les choeurs, la musique déjantée et la frénésie en nombreuses couches qui caractérise si bien ce groupe.
Azamane Tillade, par Bombino
On peut venir du Niger, faire de la musique traditionnelle touareg et rocker comme personne. Voilà ce que Bombino fait dans Azamane Tillade. La réalisation de Dan Auerbach ne gâche rien, bien au contraire. À la première écoute de cette chanson, on ne peut être qu’impressionné. Ensuite, on se laisse simplement entraîner.
Bad Habit, par Foals
Dans les premières mesures, on se sent plongé dans une chanson pop qui rappelle les années 1980. La voix aiguë de Yannis Philippakis a tôt fait de nous ramener en 2013. C’est très mélodieux, atmosphérique. De la pop indé intelligente.
Bombs Away, par Eels
Après une année de découvertes de toutes sortes, il y a quelque chose de réconfortant dans le fait de retrouver l’univers étrange d’E et de son groupe. La beauté de l’écriture de E, c’est le fait qu’il ne se contente pas d’écrire des chansons. Il raconte des histoires, installe des univers, constitue des ambiances. Bombs Away montre ce que l’Américain est capable de faire quand il est en forme.
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Mes 50 albums préférés de 2013
Comme je le fais chaque année, quelques avertissements pour débuter :
J’ai écouté en moyenne 3 nouveaux disques par semaine cette année, mais j’ai décidé de ne pas aller plus loin. Les disques (y compris les « plus anciens », vous savez, ceux qui sont sortis il y a plus de trois semaines) n’ont pas de date de péremption et j’ai décidé de continuer à écouter mes disques préférés quand ça me tentait. Il faut choisir ses causes.
C’est pour ça que je ne vous offre pas un « best of 2013 ». Naaaan. Avec tout ce que j’ai raté (j’ai la liste, y’a sûrement 5-6 albums là-dedans qui pourraient facilement se glisser dans mon top 20), je ne peux pas trop jouer les Jos Connaissant.
Tout ce que je sais, c’est que 2013 m’a semblé une année faste côté musique, sauf peut-être pour les hipsters constamment blasés. À un point tel qu’avant de commencer le décompte lui-même, je vais y aller de quelques mentions honorables :
Daniel Bélanger – Chic de ville : Après avoir flâné dans l’électronique, l’atmosphérique et les albums concept, Daniel Bélanger fait un retour dans la simplicité des mots et de la musique en couchant ses paroles sur un fond de rockabilly pas du tout désagréable.
Iron And Wine – Ghost on Ghost : La nouvelle offrande de Sam Beam demeure profondément ancrée dans l’indie folk lumineuse et allumée.
Gaëtan Roussel – Orpailleur : Oui, Ginger était supérieur. Mais Orpailleur est loin d’être dénué d’intérêt. Un grower, comme on dit. Et Roussel continue de s’éloigner le plus qu’il peut de Louise Attaque.
Lee Harvey Osmond – The Folk Sinner : Je suis un peu passé à côté de celui-là. Un très bon album folk. La voix de Tom Wilson est magistrale et les quelques collaborations de Margo Timmins, des Cowboy Junkies (remember them?) sont sublimes. On aurait aimé prendre le temps de l’écouter comme il faut. Avec le temps des fêtes, ce ne sont pas les occasions qui manquent.
Jérôme Minière – Danse avec Herri Copter : Album électro sans prétention aucune, avec quelques collaborations intéressantes. On est loin de Le vrai, le faux, mais on ne s’ennuie jamais.
The Strumbellas – We Still Move on Dancefloors : Si vous ne vous sentez pas trop agressés par le fait que cet album n’est qu’une collection de tout ce qui a été à la mode dans la dernière année, si ça ne vous dérange pas d’entendre Mumford & Sons, The Lumineers, Of Monsters and Men et autres Avett Brothers passés au blender, vous allez apprécier cet album pas mauvais du tout, mais un peu trop convenu à mon goût.
Foxygen – We are the 21st Century Ambassadors of Peace and Magic : Avec cet album, Foxygen prend la place que MGMT n’est pas capable de prendre en pop psychédélique. Ça manque encore un peu de subtilité, mais au moins les jeunes savent où ils s’en vont.
Misteur Valaire – Bellevue : Le plus récent album d’un groupe qui refuse de vieillir et qui continue à faire de la grosse musique de party pour jeunes sur le bord de la vingtaine. Extrêmement efficace.
Lorde – Pure Heroine : Premier album réussi pour la jeune Néo-Zélandaise de 16 ans. On lui souhaite de gagner en maturité sans perdre le reste.
Dawes – Stories Don’t End : Un autre grower, que j’apprécie beaucoup plus qu’à la première écoute. Un album facile à digérer dès le départ, mais rempli de petits bijoux Just Beneath the Surface, comme Tylor Goldsmith le dit si bien.
Edward Sharpe and the Magnetic Zeros – Edward Sharpe and the Magnetic Zeros : Un troisième album en dents de scie pour la troupe d’Alex Ebert. On aurait envie de leur dire qu’il n’est pas nécessaire de sortir un album complet chaque année et qu’ils peuvent attendre d’avoir assez de bon matériel ou faire paraître des EP. Il y a quelques perles sur cet album, dont Please! et This Life, qui font pleurer tellement ce sont de jolies chansons.
Chantal Archambault – Les élans : Si vous aimez votre folk teinté de country, ce très bon petit album vous réchauffera le coeur. Bien écrit, bien réalisé, bien interprété, bien apprécié.
Grouplove – Spreading Rumours : Mes attentes étaient si élevées! Et Ways to Go était si joyeuse et remplie d’énergie! Que s’est-il passé? Une de mes grandes déceptions de 2013. Pourtant, l’album est loin d’être mauvais, c’est juste que la douce folie qui caractérise ce groupe semble s’être un brin estompée.
Tegan & Sara – Heartthrob : Les jumelles Quin ont plongé dans la grosse pop et ont offert leur album le plus ambitieux à ce jour. C’est une bonne chose pour la musique pop.
Mes 50 albums préférés de 2013? Ça commence à la page suivante!
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Mes 20 spectacles préférées de 2013
Pour l’auteur de ces lignes, 2013 a encore été une bonne année côté spectacles. En fait, ce fut une très grosse année pour Québec. Je vais d’ailleurs consacrer un article complet à ce sujet dans les prochains jours, le temps de terminer la compilation de mes deux principaux palmarès.
Mais bon, tout ça pour dire que même si j’ai vu quelques prestations de moins qu’en 2012, ce fut quand même une année faste. Ce sont pas moins de 64 prestations (à ne pas confondre avec spectacles – il peut y avoir plus d’une prestation dans un show, on n’a qu’à penser aux premières parties, qui peuvent parfois être meilleures que la tête d’affiche) qui ont été enregistrées par mes yeux et mes oreilles et ce, à Québec, à Montréal et à Saratoga Springs (près d’Albany, NY). Des petits shows gratuits, des shows d’aréna, des shows extérieurs. Des aller-retour à Montréal pour voir des noms qu’on ne peut rêver de voir qu’au Festival d’été à Québec. Une saucette à Pop Montréal, qui est le festival le plus cool ces temps-ci. Onze soirs sur onze au FEQ. Des nouveaux venus. Trois légendes en 10 jours (Wonder, Dylan, McCartney). Plein de beaux souvenirs.
Avant d’aller plus loin avec mon top 20, quelques spectacles dignes de mention qui ont manqué le palmarès de peu :
Paul McCartney – 23 juillet 2013, Plaines d’Abraham – On dira ce qu’on voudra, mais même à 71 ans, le Beatle a encore le tour. C’était un excellent show, mais rien qui ne dépassait 2008 ou le show que j’ai vu en 2010 au Centre Bell. Il avait quand même renouvelé une bonne partie de son matériel tout en conservant les favoris du public. Paul sait plaire à son public. En passant, son nouvel album, New, est loin d’être piqué des vers!
Karim Ouellet – 6 juillet 2013, Parc de la Francophonie – Le charismatique renard de la pop franco s’est fait une belle gang de nouveaux fans ce soir-là. Débordant de charisme, à l’aise sur la scène, charmeur et blagueur, on a droit à tout le contraire du petit gars sage et timide qu’il semble être dans la vraie vie.
The Black Keys – 6 juillet 2013, Plaines d’Abraham – Il semblerait que les premières parties étaient excellentes, dont celle de Father John Misty. Mais bon, je tenais à voir Karim Ouellet. Nous sommes arrivés juste à temps pour l’excellente prestation du duo Auerbach-Carney, quoique l’effet de surprise de 2011 n’y était plus et que le point de vue était plutôt ordinaire… Musicalement parlant, on a eu droit à un tonnerre de blues-rock joué à la perfection. Les gars ne sont pas du genre à s’asseoir sur leurs lauriers, même s’ils sont en vacances, ils sont sûrement en train de nous concocter trois albums et quatre tournées pour la prochaine année. Le pire, c’est qu’on va être là, fidèles au rendez-vous.
Machinegun Suzie/Gros Mené/Jon Spencer Blues Explosion – 10 juillet 2013, Impérial de Québec – Tout d’abord, un groupe de filles qui rockent solide et qui réchauffent une foule qui va passer la soirée à pisser la sueur. Ensuite, des gars du Lac qui rockent encore plus solide, un blues rock sale, qui égratigne. Enfin, le champion lui-même, qui rocke comme si on était encore en 1969! Une soirée programmée à la perfection.
Bon. Finies les mentions honorables. Passons à mes 20 spectacles préférés de 2013 :
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Mes albums préférés de 2012
Décembre commence. J’ai beau être dans le jus, j’ai tellement aimé vous dire avec qui j’avais passé 2011 dans mes oreilles, je n’ai pas pu m’empêcher de préparer une liste semblable pour 2012.
Quelques petits aveux avant d’aller plus loin. Premier aveu : j’ai manqué beaucoup d’artistes, de disques et de vagues. Gangnam Style? Même pas vu. Pour de vrai. Deuxième aveu : mettre 2012 en rotation et tomber sur Madonna après Avec pas d’casque… elle est pas belle, l’époque dans laquelle on vit?
Bon. Assez perdu de temps. La liste est sur la page suivante.
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Retour en arrière : Pink Floyd « The Wall »
Pink Floyd
The Wall
(Columbia)
30 novembre 1979
Comme le méga-spectacle de Roger Waters sur les Plaines d’Abraham approche très rapidement, pourquoi ne pas effectuer un petit retour en arrière et écouter l’album sur lequel ce spectacle est fondé? Avec le recul, est-ce que cet album est aussi bon qu’on l’a prétendu à l’époque? Mon opinion…
Pas facile d’écouter un album qu’on connaît par coeur comme s’il s’agissait d’une nouveauté. Surtout lorsqu’il s’agit d’un album qui a aussi fortement marqué notre adolescence. The Wall existait déjà depuis sept ou huit ans la première fois que j’ai entendu l’album. C’était déjà un classique d’un groupe mythique en plein mélodrame devant les tribunaux et la période The Wall était passablement responsable de tout ce fouillis.
The Wall est le onzième album studio de Pink Floyd. On connaît tous ce qui a mené à sa création, surtout au Québec. Pendant le dernier concert de la tournée In the Flesh, qui avait lieu au Stade olympique de Montréal, Roger Waters, le bassiste (et principal auteur-compositeur du groupe) a craché au visage d’un fan trop turbulent. L’expérience a été assez traumatisante pour Waters lui-même, qui a voulu ensuite jouer caché derrière un mur.
Le mur en question n’est pas que physique pendant les spectacles, il est aussi symbole d’abandon et d’isolement, ce qui a inspiré The Wall à Waters, qui a créé Pink, un personnage semi-autobiographique (comme Waters, Pink a perdu son père à la guerre) également inspiré de Syd Barrett (premier guitariste de Pink Floyd, a quitté le groupe en raison de graves troubles mentaux). Une mère étouffante, des enseignants tyranniques, une épouse infidèle, la drogue, chaque élément devient une brique de plus dans le mur (all in all it was just a brick in the wall…). Je ne vous raconte pas le reste de l’histoire, des fois que…
Pour bien comprendre comment l’album a été conçu, il faut comprendre les contraintes de l’époque (contraintes qui, avec la dématérialisation de la musique, n’existent plus aujourd’hui). En 1979, le disque compact n’existait même pas. Un album double comme The Wall était donc enregistré pour être pressé sur deux disques vinyles (quatre côtés). Les mouvements de The Wall (oui, on peut parler de mouvements) correspondent à chacun de ces côtés, et ils contiennent chacun une introduction et une conclusion (par exemple, le côté 2 commence par Goodbye Blue Sky et se termine par Goodbye Cruel World).
Personnellement, je n’ai jamais trouvé The Wall aussi bon que certains spécialistes le prétendent. C’est un bon disque, mais c’est loin d’être le meilleur de Pink Floyd. Faut dire que Dark Side of the Moon et Wish You Were Here, c’est dur à battre. J’ai toujours préféré le côté plus atmosphérique de Pink Floyd. Je dois l’avouer, je suis un fan de David Gilmour et des ses tendances plus folk-blues. À la fin des années 1970, Roger Waters était de plus en plus un punk dans l’âme. Et moi, punk je n’ai jamais été. J’ai donc eu beaucoup de mal à m’accrocher à The Wall en raison de son côté mélodramatique qui ne laissait plus beaucoup de place à l’imagination. Tout au long de l’album, on a l’impression d’être pris par la main et de se faire dire quoi penser, quelle émotion avoir.
Évidemment, The Wall est un album de Pink Floyd pendant les années 1970, ce qui veut dire que sans être le meilleur album du groupe, ça demeure un méchant bon disque. La batterie de Nick Mason est toujours réglée comme un métronome, les claviers de Richard Wright (qui s’était fait mettre à la porte du groupe pendant l’enregistrement du disque, mais qui a ensuite été embauché comme claviériste de studio) ajoutent beaucoup à l’ambiance des pièces et surtout, David Gilmour y joue de la guitare comme jamais, que ce soit en mode disco avec Another Brick in the Wall ou en mode épique avec Comfortably Numb.
Ah, Comfortably Numb. Probablement la plus belle pièce écrite par le groupe. Une composition de Gilmour qui s’insère parfaitement dans l’univers de Waters. Un petit moment d’extase pour finir le troisième mouvement. Un des plus beaux solos de guitare, qu’il faut absolument entendre live au moins une fois dans sa vie.
Si vous aimez les albums rock qui s’écoutent d’une traite, qui racontent une histoire, The Wall est un excellent choix d’album. Pour les autres, ben… il est un peu comme le mouton du Petit prince… faut être patient pour l’apprivoiser.
Par contre, tout le monde pourra apprécier le spectacle qui nous attend samedi.
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