On s’attendait au grandiose – rien de moins – à l’occasion du dernier spectacle d’Anatole tel qu’on l’avait connu jusque-là. Le squelette dandy a bien sûr choisi de faire les choses à sa manière : pour souligner la mue de son avatar et annoncer la nouvelle bonne nouvelle musicale, Anatole s’est mis en scène successivement au Bal du Lézard, puis au Scanner. Compte-rendu d’un spectacle audacieux, aux retentissements quasi bibliques.
Ancien Testament
Comme autour de la table lors du dernier repas, les fidèles du royaume de la Nouvelle L.A. furent nombreux à se masser devant la petite scène limouloise du Bal. L’endroit, bien choisi pour son aspect intime et initiatique, accueillit bientôt le divin prophète et ses apôtres, dans leur habituel accoutrement squelettique et éthéré.
C’est avec ce qu’on aurait pu appeler l’énergie du désespoir – de la dernière fois – que le groupe se lança. Enfilant les unes après les autres les pièces de L.A. / Tu es des nôtres, les musiciens s’en donnèrent à cœur joie tandis que, parmi la foule, le chanteur choisissait ses victimes. Dansant, crachant, foudroyant du regard l’auditoire, Anatole faisait exploser les barèmes d’intensité. En symbiose avec les mains habiles de ses instrumentistes, qui manipulaient les pièces avec expertise, il nous fit atteindre les sommets de la grâce sur Grosse Massue, pour ensuite nous faire plonger dans l’abîme avec Le grand sommeil.
C’est à ce moment que survint sa chute. Des convulsions prirent la vedette, qui se débattit jusqu’au dernier instant pour nous livrer son message lyrico-prophétique. Soudain, il s’affala dans un tumulte musical de plus en plus dissonant. C’était la fin d’une ère. Procession funèbre jusqu’à la sortie du Bal, où l’on emmena le corps, l’âme en peine. Mais déjà, un soubresaut d’excitation électrique parcourait les spectateurs : cette mort marquait un passage, le début d’autre chose…
Nouveau Testament
Passèrent donc les fidèles du Bal du Lézard jusqu’aux sombres anfractuosités du Scanner, lieu propice aux révélations dionysiaques. De nouveaux visages apparurent aussi. En moins d’une heure, la nouvelle salle se remplit tout autant, voire bien plus que la première.
L’entrée en matière du groupe se fit en simplicité, sous la couleur de nouveaux costumes. Bien sûr, Anatole se fit attendre quelque peu avant de paraître, un habit glamour lui moulant le corps. Au son de la sensuelle Isaac, nos papilles auditives se réveillèrent lentement.
De l’ancien Anatole, le groupe a gardé le regard hypnotique de son chanteur, qui scrutait la foule en canalisant tous les regards. Il a gardé le son franchement eighties, qui s’est d’autant plus assumé dans les nouvelles pièces présentées. Celles-ci redoublaient d’ailleurs d’inventivité sur le plan des motifs mélodiques ou rythmiques exploités.
Brandissant ses nouvelles pièces comme les Tables de la Loi, Anatole fit rapidement grimper l’intensité au tapis grâce à un mélange explosif de dansant et de percutant. Quelques classiques de l’ancien Anatole vinrent ponctuer les nouvelles révélations, au plaisir des fidèles qui pouvaient alors crier leurs serments en chœur. Suivant les lubies de la vedette tels de véritables pantins musicaux, les spectateurs subjugués se sont libérés de leurs réserves pour danser, hocher de la tête, sauter, crier.
L’apparition subite de ce nouvel Anatole devra nous contenter jusqu’en mai, nous a-t-il lancé en fin de spectacle, avant de faire ses adieux définitifs à la pièce Discollins. Et maintenant ? Il ne nous reste qu’à attendre le Jugement dernier, la mémoire empreinte encore des sensations extatiques de ce moment privilégié.
Halloween. Jour fatidique où, selon la légende, la paroi qui sépare le monde des morts de celui des vivants se fragilise. Par définition, c’est une soirée où tout est permis, où les costumes ajoutent à la frénésie du moment. Un moment magique. C’est dans cette ambiance que nous a accueillis le Pantoum le 29 octobre dernier. Si l’an dernier nous avions eu droit aux frayeurs du gore, cette fois c’est le mystique qui a pris l’avant-scène – littéralement.
Pure Carrière
Pure Carrière était chargé de lancer le bal masqué. Accompagnés par Kenton Mail à la batterie, Jean-Michel Letendre Veilleux et Laurence Gauthier-Brown ont fait vibrer leur pop impressionniste juste assez déjantée. Bien qu’ils nous aient avoué avoir peu pratiqué ensemble, on pouvait apprécier la précision avec laquelle les rythmes du batteur venaient appuyer les lubies des deux autres musiciens.
Au cours de leur prestation, on a pu entendre quelques classiques comme Bolero, avec ses «Ben oui, ben non !», ou encore Né Fucké. Mais le groupe nous a aussi fait cadeau de trois gros bonbons; si les trois nouvelles pièces présentées avaient toutes cette saveur rock-psych-slacker délavé qu’on aime, elles exploraient aussi des sujets originaux. À dire vrai, contrairement aux plateformes électorales des candidats à la mairie de Québec, des pièces telles que Ménage magique ou Hiro nous parlaient de sujets qui nous intéressent vraiment et qui nous concernent. Sérieusement, tout le monde aimerait se réveiller et que son ménage se soit fait tout seul, non ?
Place à la magie !
Après cette belle entrée en matière, le public a profité d’un moment de pause pour discuter et boire dans l’ambiance chaleureuse du Pantoum. Comme chaque fois, on s’est retrouvés à mi-chemin entre le party de famille, la soirée dans une confrérie d’étudiants et le spectacle émergent classique. On a pu admirer les costumes des spectateurs et du personnel jusqu’au moment de l’entrée sur scène de L’Étrange Ray.
L’Étrange Ray – communément appelé Monsieur Dionne – c’était la petite douceur que le Pantoum nous offrait cette année : eh oui ! pourquoi pas un spectacle de magie entre deux sets musicaux ? Littéralement massés devant la scène, les spectateurs incrédules ont observé le drôle de bonhomme qui s’exécutait devant eux d’abord avec un regard sceptique, puis successivement amusé, étonné, surpris et hilare. On a eu droit à tous les classiques – la pièce de monnaie, les cartes, les foulards… – et encore plus. De quoi faire plaisir à la majorité.
Choses Sauvages
Malgré tout, l’envie de faire la fête et de danser nous démangeait bien fort au moment où Choses Sauvages est finalement monté sur scène. Et on a été servis ! Les ayant vus pour la dernière fois en compagnie d’Anatole au Sous-Sol du Cercle il y a belle lurette, je ne pouvais savoir à quoi m’attendre. Quelle n’était pas ma surprise de les voir débarquer habillés tout pareil comme les apôtres du squelette dandy, le chanteur parodiant Anatole lui-même ! Sur cette belle blague d’Halloween, le groupe s’est lancé dans un tourbillon de musique entraînante et irrésistible.
Avec maintenant six musiciens sur scène, Choses Sauvages savent doser parfaitement le groovy et le planant, maniant autant la flute traversière que les synthés ou encore les classiques guitares et basse. Le groupe a présenté par pelletées ses nouvelles chansons – cette fois en français, s’il vous plait! On a notamment pu reconnaître l’Épave Trouée, un simple paru l’année dernière. Les chansons les plus marquantes restent celles qui, ralentissant le rythme, se sont mérité le titre de «tounes sexy». Mais impossible de réentendre ou connaître le nom de cette musique enivrante qui, distribuée seulement aux fidèles spectateurs, sera éventuellement cristallisée sous la forme d’un album à paraître l’année prochaine.
J’aimerais vous en dire davantage, mais j’étais bien trop occupée à danser pour prendre des notes ! Le tout s’est fini de façon improbable sur un medley de Green Day avec un mosh pit rempli de couleurs et d’étoffes déguisationnelles. De quoi bien finir cette soirée carnavalesque.
AVANT-GARDE : Mouvement, groupe littéraire, artistique qui est à la tête des innovations, des progrès et qui souvent rompt avec le passé.
Préface
Juin 1967. Les Beatles révolutionnent l’industrie du disque avec la sortie de leur album concept Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Le disque compte aussi nombre d’innovations techniques qui influencent encore les sonorités de groupes actuels. Septembre 1969. Abbey Road et sa célèbre pochette. Sur le disque, on entend Georges Harrison au Moog, un synthétiseur qu’il contribue à populariser. Derrière le groupe mythique, les admirateurs passionnés qui les ont portés et qui leur ont permis de marquer l’histoire. Sans parler de King Crimson, Van der Graaf Generator, Genesis, Harmonium… 1969, 1967, 1967, 1972… Le bon vieux temps, quoi ?
J’ai un secret pour vous. Vous qui êtes passionnés par l’avant-garde d’avant. Il y a encore une avant-garde aujourd’hui, des musiciens impressionnants, des moments magiques où la musique se décloisonne pour trouver un nouveau chemin. C’est ce que le Pantoum a voulu démontrer samedi dernier en présentant une programmation audacieuse pour l’ouverture de sa sixième saison de spectacles. Alors, cessons de nous apitoyer sur la fin d’une époque et prêtons l’oreille à celle qui commence.
Devant nous, un homme et ses machines : des amplis entassés près d’une table où l’on retrouve nombre de molettes dont le fonctionnement m’échappe. Jeux complexes de retour de feedback. De cet hybride s’échappe une grappe de sonorités aux couleurs d’une violente vivacité. Les basses obscures jurent avec les fréquences aigües et suraigües qui écorchent l’oreille par leur brillance.
Drone, électro, atmosphérique…appelez ça comme vous voulez. C’est surtout une expérience éprouvante, bouleversante, aux confins de la musique. On cherche à s’accrocher au rythme qui se dessine puis qui envoûte par sa pulsation. On se perd dans la forêt de sons qui ne se suivent pas. Le chanteur de SUUNS réussit ici encore, en projet solo, à faire sortir de la musique une force brute, magnétique comme le regard d’un serpent.
CHIENVOLER
Après avoir pris une grande bouffée d’air frais dehors, on est prêts pour CHIENVOLER. Ça promet : ils ont tellement d’instruments que la scène déborde dans la moitié de la salle. Les six musiciens s’installent et l’aventure commence…Ce qui suit est indescriptible.
Le groupe semble n’avoir qu’un seul corps – comme une hydre à six têtes et je ne sais combien de bras qui explorent les subtilités d’une même rythmique interne. Les influences qui ressortent du mélange sont aussi diverses que les instruments utilisés (saxophones, clarinette basse, bağlama, synthés – pour ne nommer que ceux-là). C’est plus que du prog, c’est une musique de chimère.
Le Moog (salut Georges Harrison) rappelait le «bon vieux temps» ; le saz faisait voyager au Moyen-Orient ; les mélodies éclatées aux bois faisaient écho aux soli endiablés de Charlie Parker ; un bref épisode a capella, clin d’œil au flamenco ; les rythmes élaborés faisaient honneur à Igor Stravinski. Et ce ne sont que quelques facettes de cet énorme polyèdre qu’il nous a été donné d’entendre.
Le groupe a terminé avec une grande finale bien psychédélique qui nous a amenés au comble de l’extase. Heureux sont ceux qui ont pu assister à la chose, car apparemment les membres du groupe ne peuvent se réunir que rarement. Chapeau bas à Jérémi Roy (Esmerine, Bellflower), Félix Petit (FELP, Oblique, Yokofeu, Bellflower), Gabriel Godbout-Castonguay (Yokofeu), William Côté (Bellflower), Martin Rodriguez (Cabezón) et Alex Dodier (Shpik, Bellflower).
Recevoir le projet de Radwan Ghazi Moumneh dans les murs du Pantoum était une sorte de fantasme pour ses deux cofondateurs, Jean-Étienne et Jean-Michel. Accompagné par le projectionniste et cinéaste Charles-André Coderre, le musicien d’origine libanaise nous a présenté un univers où les instruments (en l’occurence le Buzuk) et les techniques vocales arabes rencontrent les synthétiseurs et l’esthétique électronique.
Les spectateurs sont restés captivés du début à la fin. Une expérience enveloppante, intense. Les mélodies élaborées du musicien avaient pour nous occidentaux une dimension presque mystique, qui était amplifiée par les effets sonores. Les projections ne faisaient que nous plonger davantage dans cet univers singulier. Tirées de cinq machines vintage (16mm) et de bobines maniées à la main, elles présentaient des images filmées et développées par Coderre. Même l’air chaud qui sortait des ventilateurs – on fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on a – nous transportait dans un ailleurs éloigné.
Un des meilleurs spectacles du Pantoum
Le pari de l’audace était risqué. De leur côté, les organisateurs ainsi que les musiciens ont assuré : le spectacle était éclaté, de haut calibre et l’ambiance, agréable. Le public, celui qui a fait l’effort de se déplacer pour découvrir (ouf, c’est difficile !), en a vu de toutes les couleurs. Et les absents ? Vous connaissez le proverbe.
Oppressante, métissée ou éclectique, la musique qu’on a goûtée tenait certainement de l’avant-garde. Eh oui, il y a une avant-garde d’aujourd’hui. Une musique de demain. Mais y aura-t-il assez d’oreilles pour l’entendre ? Assez de bras pour la porter vers les sommets de l’histoire ?
Après les maxis Ressac (2014) et Les arômes (2016), Medora lance finalement son premier long jeu : Ï (i tréma). Évoluant dans le milieu depuis maintenant plus de quatre ans, le groupe a tôt fait de laisser tomber l’épithète «Old» qui précédait son nom. Cette première métamorphose était à l’image du processus de définition artistique qui allait suivre au fil des spectacles et des compositions. Avec Ï, le groupe semble cerner véritablement son identité tout en se défaisant de ses étiquettes. On en a parlé avec les quatre musiciens : Vincent Dufour, Charles Côté, Aubert Gendron et Guillaume Gariépy.
Composition expérimentale
Selon le groupe, la genèse de Ï a d’abord été l’occasion de tester une nouvelle façon de composer. «V’là un an, en fait, Charles et moi, on est allés à mon chalet dans l’idée de faire un album», nous raconte Vincent, le chanteur. «Ça faisait un ou deux ans qu’on avait accumulé des riffs, des mélodies. On a composé les premiers embryons des pièces… une vingtaine en tout. Après ça, on les a toutes réarrangées en band. » Le gros de la composition s’est produit de cette façon, bien que le processus se soit poursuivi tout au long de l’été.
L’ensemble du groupe y a trouvé son avantage, aux dires des musiciens. «Les Arômes, ça a été composé les quatre ensemble, puis ça menait à des débats, des conflits. Tandis que là [Vincent] apportai[t] une idée, puis on dirait que vu que l’idée était déjà construite, on avait comme moins tendance à la débattre», explique Aubert. «Oui, elle avait son contexte», réplique Vincent. «Ça faisait aussi que les pièces étaient plus solides, je trouve, comparé aux Arômes», a ajouté Guillaume.
Plus solides, mais aussi plus senties et émancipées. Comme si, dans certaines pièces telles que Tsunami, on pouvait entendre «quelque chose qui grondait à l’intérieur», pour reprendre les mots du chanteur. Pourquoi ? «Quand tu as une idée, si tu restes tout seul avec toi‑même [pour composer], tu sais où aller. Pas besoin de la communiquer… Pas besoin de la rationaliser», explique-t-il. Selon lui, cela désentrave le processus de création.
Un collage musical méticuleux
Par ces moyens, le groupe en est arrivé à rassembler une multitude de nouveau matériel. La matière première de l’album était là, mais c’était loin d’être terminé. «La rythmique, la basse, tout ça a été changé… Les structures ont bougé», énumère Vincent. Comme un collage musical, les pièces ont été montées et travaillées dans le détail, couche par couche.
Ce qui reste sur le disque a d’ailleurs été sélectionné méticuleusement : «On avait quarante riffs, mais on en a choisi sept là-dedans», précise Charles. «Le Maine, justement, c’était les mélodies de deux tounes qu’on a mises ensemble», ajoute Vincent à titre d’exemple.
«Je me rappelle que la première fois que j’ai écouté [les maquettes], je me suis dit : shit, l’album est déjà composé», raconte Aubert. «En fait, au début, je ne pensais pas que ça allait changer tant que ça…», ajoute-t-il. «Ça a changé en estie!», rétorque Charles. «Ça, c’est Alex», précise-t-il.
Préproduction – Une collaboration qui a porté ses fruits
Le guitariste parle ici d’Alexandre Martel (Anatole, Mauves… a-t-il-vraiment-besoin-de-présentation ?), qui a collaboré avec le groupe à titre de réalisateur. «On s’est dit que ça nous prendrait un réalisateur pour l’album, explique Charles. Parce que je ne suis pas prêt à dire qu’on est des geeks de son et puis parce que… prendre des décisions sur le son d’un album et sur quelle piste est la meilleure, quelles tounes garder ou ne pas garder…»
«On est trop proche des tounes [pour ça]», complète Vincent. Et pour eux, la personne toute désignée s’est imposée rapidement. Ayant travaillé avec Martel pour leur spectacle des Arômes, ils avaient apprécié sa façon franche et directe de travailler. Mais surtout, ajoute Vincent : « Ce qu’Alex sait bien faire ‑ et ça, je pense que c’est la plus grande qualité pour un réalisateur ‑ c’est qu’il comprend où on veut aller. Il nous amène là, alors qu’on ne serait peut‑être pas capables d’y aller par nous‑mêmes parce qu’on est trop proche de nos tounes. Et il essaie toujours de nous amener encore plus loin.»
La pièce Les tracas dans les cellules de la tête illustre bien comment les musiciens ont été amenés à sortir de leur zone de confort, à retravailler leur matériel lors de la préproduction. À la blague, le groupe l’aurait transfigurée pour lui donner des airs d’afrobeat. «À ce moment-là, ça se passait tellement qu’Alex ne voulait pas qu’on doute, explique Vincent. Il nous a poussés dans cette direction-là.» Bien que la pièce originale fût déjà montée à ce moment-là, ils ont finalement refait toute la maquette, ce qui donne à la pièce sa saveur actuelle.
La question des étiquettes
Au-delà même de l’exotique trame de fond des tracas, l’album dans son ensemble revêt des couleurs nouvelles. «Ce que je retiens surtout de i tréma, c’est qu’au final en écoutant l’album tu passes par plusieurs sons différents», conclut le chanteur. «Notre trip, c’était d’avoir la plus grande ouverture… Parce qu’il fallait se redéfinir d’une façon», ajoute-t-il.
En effet, avec Ï, Medora a voulu se défaire d’une étiquette : «C’est tellement facile de chanter en français, d’avoir des guitares électriques et de se faire associer à [d’autres groupes indie-rock franco]», poursuit Vincent. «Les gens t’étiquettent, et c’est facile de rester conservateur. Je pense qu’on l’a été dans nos deux premiers EP parce qu’on n’avait pas la maturité ou l’audace de dépasser ça. Là, en ayant un réalisateur aussi qui nous poussait à aller plus loin, on s’est ouvert.»
Charles Côté renchérit : «En fait, on écoute tous de la musique très variée. On n’écoute pas rien que de l’indie-rock. Si on a fait une toune afrobeat, c’est parce que j’en écoute, de l’afrobeat. Et Aubert, lui, écoute du jazz… je pense qu’avec cet album‑là, on s’est permis de faire fuck off.»
D’autres fils conducteurs
En se permettant de piger dans d’autres styles, Medora décidait de pencher du côté de l’éclectisme instrumental. Faut-il voir l’album comme un ensemble disparate ? Pas selon Vincent Dufour : «C’est plus le type de composition qui, selon moi, a donné une couleur forte [à l’album]. Et il y a quand même un son Pantoum qui vient ramener ça un peu, là.»
«Il n’y a aucun band au Pantoum qui sonne comme nous, je trouve», proteste Charles. «Non, avoue le chanteur, mais on a enregistré au Pantoum et je trouve que juste ça, ça se transpose [dans notre musique]». On pourrait aussi mentionner l’uniformité donnée par la direction artistique et qui transparaît à l’écoute.
Charles Côté, lui, s’est montré disposé à nous présenter un autre fil conducteur fort de l’album : les textes. Il nous a raconté comment le thème de l’album lui est venu à l’esprit.
Plonger dans l’univers d’Ï
«J’ai bien tripé sur La Grande Bellezza, un film italien de Paolo Sorrentino qui est sorti v’là deux, trois ans», raconte Charles. «Dans ce film‑là, selon ma perception du film, il essaie de recenser toutes les formes de beauté possibles. Il passe par l’amour, la jeunesse, la naïveté, l’art, la sculpture, l’architecture, la foi en Dieu, des trucs comme ça. Je trouvais que c’était comme un sujet de base qui était éclatable sur plusieurs autres microthèmes qui gravitent autour de ce thème central là. »
Une rencontre aurait ensuite amené l’auteur à donner un angle particulier à son thème. «Ça a donné la drive de l’album, en fait. Ce n’était pas tant que j’ai écrit l’album sur cette fille‑là. C’était plutôt l’énergie que j’avais à ce moment‑là. C’est ce qu’on sent dans les textes.»
Qu’elles parlent des deux personnages fictifs revenant à plusieurs reprises – Mïra et le narrateur – ou encore d’histoires vécues par le groupe et son entourage, les paroles gravitent ainsi autour des thèmes de l’amour, de l’amitié, de l’obsession. «Il y a aussi beaucoup de références au regard et à la désorientation, au fait d’être un peu étourdi», précise Charles. « Dans une des pièces, le narrateur fait une commotion et il y a comme un rappel de plusieurs phrases qui sont venues avant dans l’album, dans les textes.»
L’album se déroule en effet comme une longue histoire dont Mïra est le point central. «Je l’ai appelée comme ça parce que je trouvais que ça sonnait bien, mais surtout parce qu’en espagnol, c’est ‘regarder’.» C’est d’ailleurs dans la pièce qui porte son nom que se trouve la clé de compréhension du titre de l’album : Ï (i tréma).
«Pour moi, [i tréma] c’est juste le meilleur de ce qu’on a fait depuis le début», conclut Vincent. « Les tounes étaient meilleures, on avait plus de maturité pour les structures des chansons… On a fait un travail de préproduction, ce qui fait qu’à mon avis [i tréma] a la notoriété qu’un premier album doit avoir.»
Constatez-le par vous-même, après Ressac et Les Arômes, c’est réellement un produit peaufiné et travaillé que nous présente le groupe local. Un produit à leur image et qui, en résonnant dans vos oreilles, vous attrapera les tripes et le cœur.
Et en spectacle ?
D’ailleurs, vous aurez notamment l’occasion de l’entendre en vrai le 31 août prochain au Cercle. Et ce sous une formule qui, à en croire mon verbatim, risque d’assurer :
EDC : Qu’est‑ce que vous allez faire à partir de votre lancement, partez‑vous en tournée, faites‑vous des shows?
MEDORA : Oui, pas mal de shows.
EDC : Oui. Puis ça va avoir l’air de quoi en show, c’est‑tu quelque chose qui…
MEDORA : Ah, c’est un grand mystère.
EDC : Vous ne savez pas encore, vous allez voir quand vous allez…
MEDORA : Mais dis, dans l’article : ils nous ont dit que ça allait être incroyable, pyrotechnie assurée, puis on va s’arranger pour qu’il y en ait vraiment au show.
…Attention aux étincelles!
– 30 –
Un énorme merci à Tatiana Picard pour la transcription de l’entrevue-mastodonte-casse-tête
Comme la plupart des festivaliers qui se trouvaient à la 34e édition du Festival de la chanson de Tadoussac, notre équipe a fait le plein de musique, de découvertes, d’émerveillement et de fête dans le décor bucolique de la ville maritime. Retour sur cet expérience intense et sur ce qui en est ressorti.
L’équipe (de deux) est unanime : la musique poétique et le charme de Sarah Toussaint-Léveillée sur scène nous ont absolument envoûtés. Pour ma part, j’ai aussi fait l’heureuse découverte de Sages comme des Sauvages, un groupe européen aux sonorités métissées et colorées. Leur contagieuse bonne humeur a aussi contribué à l’expérience. Finalement, il faut souligner la qualité de la performance de Le Couleur, qu’on connaît déjà, et ce en particulier après de nombreux changements de programme quant à leur spectacle.
2 – On s’y attendait, mais…
Daniel Bélanger et Les Hôtesses d’Hilaire ont aussi été des moments forts du festival pour nous. Ces deux spectacles sont venus nous chercher à leur façon par leur intensité.
3 – Une panoplie de styles musicaux
D’un spectacle à l’autre, on pouvait facilement passer de la pop dansante au rock alternatif ou encore de la musique du monde au country. Cette cohabitation des styles que permettait la programmation du festival en rendait l’expérience beaucoup plus riche.
4 – Le public était au rendez-vous
Je retiens la présence du public, autant quantitativement que qualitativement, comme étant l’un des éléments marquants de cette année. Parmi les spectacles qu’on a couverts, il n’y en a pas eu plus d’un ou deux qui n’ait pas attiré assez de monde pour avoisiner la pleine capacité de chaque salle. Jeune ou moins jeune, le public était toujours au rendez-vous, ce qui a largement contribué à l’ambiance chaleureuse que j’ai pu retrouver presque à chaque fois.
5 – La présence sur scène des artistes
Que ce soit Émile Gruff avec ses anecdotes, Samuele qui confronte son public avec le sourire, Lydia Képinski ou La Bronze avec leur attitude, Sarah Toussaint-Léveillée avec son charisme un brin loufoque ou encore Serge Brideau des Hôtesses d’Hilaire avec ses grands discours sur le féminisme juste avant Boule Boule, il semblerait que les artistes émergents de la 34e édition aient presque tous eu leur façon bien à eux d’animer les foules. Grâce à cela, on a pu non seulement apprécier de la bonne musique, mais aussi d’excellents shows. Chapeau à ces artistes qui n’attendent après personne pour assumer leur musique et leur univers !
6 – Les aléas de la température
Météo obligeant, on a vu peu de spectacles sur les deux scènes extérieures aménagées par le festival, et ce bien que le soleil se soit pointé le bout du nez plus d’une fois au cours de la longue fin de semaine. Ça n’a pas été un plus grand mal, étant donné que cela a permis le déplacement de quelques spectacles au charmant Café du Fjord, où les chemins d’écriture et Sages comme des Sauvages ont trouvé l’atmosphère intime qui leur convenait.
7 – Un festival pédestre
Étant donné la distance entre les scènes et la façon dont la programmation était faite, on était amenés à se promener beaucoup dans la ville pour attraper les spectacles au vol. Et c’est tant mieux, puisque Tadoussac nous offrait un décor magnifique dans lequel se promener pendant le festival. On aurait peut-être même aimé que le festival nous amène à découvrir encore plus de petit lieux sympathiques et inusités.
8 – Opportunités de découverte
Lorsqu’on a regardé la programmation au moment de sa sortie, on a surtout retenu les noms des artistes qu’on connaît bien : Les Deuxluxes, La Bronze, Les Hôtesses d’Hilaire, Saratoga, Bernhari, Louis-Jean Cormier et j’en passe. Cependant, il est vrai que ce festival a aussi apporté son lot de découvertes finalement.
D’une part, les spectacles regroupés sous le nom de Les Alliances offraient une belle formule pour nous introduire à de nouveaux artistes. Même si on en connaissait plusieurs, on a notamment pu découvrir avec intérêt Maxime Auguste et s’émerveiller à nouveau devant le talent des Samuele et Lydia Képinski de ce monde.
D’autre part, les chemins d’écriture étant particulièrement intéressants cette année, ils nous ont fait retenir quelques noms. Lou-Adriane Cassidy, MCC et Simon Daniel, que je ne connaissais pas, ont d’ailleurs particulièrement retenu mon attention.
9 – On est tristes d’avoir manqué
The two Birdz et Gab Paquet au Gibard, Saratoga sous le chapiteau Desjardins ainsi que Les Deuxluxes au Site Belle Gueule.
10 – Pensée insolite
Qu’est-ce que Matt Holubowski, Samuele, Sarah Toussaint-Léveillée, Sages comme des Sauvages et d’autres encore avaient en commun ? Ils ont tous utilisé au moins à une reprise le ukulele : est-ce un instrument dont la popularité serait en recrudescence ? Il y a là matière à réflexion !
Plus les jours avançaient, plus notre expérience festivalière se transformait en parcours du combattant. Cumulant plus de belles découvertes que d’heures de sommeil, Ludvig Germain Auclair et moi-même avons pour une dernière fois couru de scène en scène dans le décor bucolique d’une Tadoussac ensoleillée. Compte-rendu d’une journée de clôture forte en émotions.
Spectacle surprise – Scène Hydro-Québec
On était heureux de retrouver Le Couleur à 13h ainsi que La Bronze à 15h dans le cadre des prestations surprises, étant donné que leur spectacle matinal aux Dunes avait été annulé. Encore une fois, nombreux sont ceux qui furent au rendez-vous.
Les membres de Le Couleur se sont d’abord frayé un chemin à travers leur panoplie d’instruments (percussions diverses, claviers, synthés…). Cela n’en prend pas moins pour rendre vivante leur disco-pop éclectique et accrocheuse. Pigeant dans les années 60 à 80 sur le plan des sonorités et des styles, les deux percussionnistes, le claviériste/bassiste et la chanteuse créent une musique qui – en plus d’être recherchée et vivante – fait irrésistiblement succomber à la fièvre de la danse. La preuve, c’est que vers la fin de leur set même les spectateurs les plus timides s’étaient levés pour nous montrer leurs meilleurs moves – qu’ils les aient appris tout récemment ou directement dans les années disco. Chapeau au groupe qui a livré une performance énergique : on se serait cru dans un club italien au paroxysme d’une soirée bien avancée.
La Bronze a pris la relève vers 15h. Véritable boule d’énergie, la chanteuse Nadia Essadiqi own la scène avec sa personnalité assumée et son attitude chaleureuse. Sa musique, assurée par les excellents musiciens Clément Leduc (claviers) et Francis Brisebois (a.k.a. Funklion, à la guitare), est aussi percutante qu’accrocheuse. On a pu entendre des titres des deux disques du groupe, au son desquels le public tapait des mains ou se laissait aller à hocher la tête. Visiblement, ça le démangeait de danser une fois de plus, puisque tous se sont levés à la demande du groupe pour Rois de Nous, pièce titre de son dernier album.
Il serait scandaleux de passer sous silence la contribution Simon Lévesque au son. Débarqué directement de Montréal avec Le Couleur, il a permis aux deux groupes de livrer un groove de qualité en maniant habilement les platines.
Wallace – Chapiteau Desjardins
Originaire de Sète, petite ville du sud de la France, Wallace a su mettre de la joie dans les cœurs de ceux qui s’étaient présentés à leur spectacle de 19h. Le trio amalgamait la chanson française et le manouche – mais aussi l’électro et le rock. En plus d’être original, ce mélange complétait bien l’univers à la fois éclectique et senti du chanteur : on changeait de style comme on passait des baleines aux souvenirs de vagabonds.
Daniel Bélanger – Scène Québécor
Ce n’est pas sans difficulté que je peux parler du spectacle de Daniel Bélanger, puisque ce moment a tenu du rêve du début à la fin. En pigeant généreusement dans le répertoire précédant Paloma, son dernier opus, Bélanger a fait plaisir à un public qui était déjà conquis. Lui aussi, il semblait heureux d’être présent parmi nous : son enthousiasme transparaissant derrière le ton candide de ses interventions.
Plusieurs moments forts se sont détachés du lot. Les pièces Fous n’importe où ou encore Parapluie sont à compter parmi celles qui se sont démarquées, mais le paroxysme de la soirée a malgré tout pris forme pendant Rêver mieux, alors que le public mêlait sa voix à celle, inimitable, de l’auteur-compositeur-interprète.
Pendant que la musique nous transportait ailleurs, les musiciens faisaient des pieds et des mains – littéralement – pour insuffler la vie à cette chimère majestueuse. Il était d’ailleurs impressionnant de voir le percussionniste et multi-instrumentiste Alain Quirino à l’œuvre, et ce tout particulièrement lorsqu’il maniait le Theremin pendant Intouchable et immortel. Acolyte de Daniel Bélanger depuis maintenant près de 15 ans, il a su rendre honneur à sa réputation de virtuose.
Gab Paquet – Le Gibard [OFF]
Trop tard, nous avons appris que pendant qu’on perdait la tête avec Daniel Bélanger, Gab Paquet enflammait le Gibard. On n’est même pas arrivés à temps pour la dernière goutte de ce suave élixir ! Qu’à cela ne tienne, nous sommes retournés faire la fête avec Les Hôtesses d’Hilaire qui clôturaient officieusement la soirée à l’auberge de jeunesse de Tadoussac.
Les Hôtesses d’Hilaire – Site Belle Gueule
On n’a vraiment pas regretté notre décision, parce que c’est une expérience complètement différente de la veille qui nous attendait auprès du groupe acadien.Les Hôtesses d’Hilaireavaient prévu le coup : nouvelle robe, nouvelles interventions tout aussi naturelles et efficaces avec le public, nouveau set. On a même pu entendre C’est Glen qui l’a dit, que le groupe semble garder pour les occasions spéciales.
Le public, lui aussi, vibrait différemment de la veille au son du rock prog psychédélique du groupe. C’était peut-être le manque de sommeil, mais au lieu de s’agiter dans tous les sens il se tenait plus calme – non sans quelques soubresauts – et écoutait activement. L’ambiance permettait de bien se concentrer sur la qualité de la musique des Hôtesses d’Hilaire, ce qui est parfois plus difficile quand on se pitche partout.
Les musiciens se sont d’ailleurs surpassés en ce dernier spectacle (le troisième en trois jours, faut-il le rappeler ?). MDMA ainsi que Hilaire à boire ont été le terrain de jeu dans lequel ils se sont déchaînés dans des parties instrumentales largement improvisées et parfaitement calibrées pour prolonger la tension jusqu’aux finales extatiques. Sérieusement, et terminons notre ultime compte-rendu tadoussacien là-dessus, si tous les hommes savaient faire l’amour comme les Hôtesses savent jammer, il n’y aurait plus aucune femme insatisfaite au lit.
On atteignait samedi dernier le cœur de la 34e édition de festival de la chanson de Tadoussac. Au menu, plusieurs spectacles aussi alléchants les uns que les autres. En attendant d’être dotés du don d’ubiquité, nous avons sillonné sans relâche les rues de Tadoussac en quête de découvertes musicales et d’émotions fortes. On a parfois pu régaler pleinement notre appétit, et parfois on devait écourter le plaisir pour voler vers la prochaine destination. Compte-rendu d’un buffet de bouchées musicales qui a su égayer cette journée pluvieuse.
Joseph Edgar – Chapiteau Desjardins
Par Ludvig Germain Auclair
Bien connu de par le succès radiophonique qu’est Espionne russe, le natif de l’Acadie Joseph Edgar nous a servi une prestation digne de ce nom samedi soir au chapiteau Desjardins. Un spectacle acoustique qui constituait d’ailleurs une première pour lui, qui d’habitude se présente avec un attirail instrumental « rock électrique ». Cela n’a en rien altéré sa prestation, qui se voulait charismatique et qui dégageait une force sonore digne de ce nom.
Outre son titre Espionne russe, Joseph Edgar nous a choyés avec d’autres chansons de son répertoire moins connues mais qui se voulaient tout aussi puissantes, que ce soit par son accent acadien bien assumé ou ses jeux de guitares énergiques, merveilleusement soutenus par l’accordéoniste (Geneviève Toupin) et le contrebassiste (Alex Pépin). Le public a été vite ravi par le talent et la présence scénique du trio acoustique, qui a livré une performance peut-être un peu courte, mais certes appréciable. Un spectacle qui méritait d’être vécu et qui donne envie de répéter l’expérience « Joseph Edgar ».
Sages comme des Sauvages – Café du Fjord
La prestation de Sages comme des Sauvages – un duo coloré et exotique venu tout droit d’Europe – a mis dans le cœur du public le soleil qu’il n’y avait pas dans le ciel. Ce dernier, qui remplissait à rebord le Café du Fjord, s’est montré enthousiaste et très participatif face aux deux oiseaux colorés. Derrière les musiciens, une panoplie de petits instruments à cordes (violon, mandoline, ukulélé, guitare) que manipulait savamment Ismaël Colombani. Ava Carrière, pour sa part, s’occupait d’assurer le rythme à coup de pied ou de tambourin. Le duo chantait aussi à parts égales, en harmonie, ensemble ou en contrepoint, ce qui donnait un résultat très complet pour si peu d’individus.
Leur musique métissée s’inspire de sonorités pigées un peu partout dans le monde : en les écoutant, on a l’impression que la chanson française perce à travers des myriades de couleurs indiennes, orientales, gitanes, latines, mais surtout créoles. Tout pour nous apprendre à nous faire danser sur nos chaises, comme l’a dit la chanteuse à la blague. Sages comme des Sauvages ont d’ailleurs rendu justice à cet univers éclaté avec leur performance assumée et leur agréable présence sur scène.
Urbain Desbois – Chapiteau Desjardins
On a attrapé quelques pièces d’Urbain Desbois entre deux spectacles. Véritable personnage, il était agréable à écouter autant dans ses pièces que lorsqu’il interagissait avec le public. On a eu droit à diverses anecdotes et petites histoires ludiques – où peut-il bien aller chercher ça ? On pouvait aussi se poser la question quant à ses thèmes, qui rassemblés lui font un univers éclaté qui parle autant des sortes de pain que des hommes qui soulèvent 40 000 tonnes.
Ses chansons blues rock s’avéraient être musicalement solides grâce au talent de ses musiciens : Philippe Dussault (guitare), Michel Dufour (batterie) et Annick Beauvais (basse). Les paroles sont aussi teintées de son humour intelligent, ce qu’on pouvait notamment constater sur Survicissitudes. Cela semble avoir fait plaisir aux spectateurs rassemblés sous le Chapiteau Desjardins, qui n’ont pas manqué d’exiger un rappel.
Matt Holubowski – Scène Québecor
Décidément, cette 34e édition du Festival aura été l’année des salles combles. Les bancs de l’Église étaient en effet bien remplis pour accueillir Matt Holubowski. Parfois en solo, souvent accompagné de ses quatre musiciens (guitare, batterie, violoncelle, contrebasse), l’artiste a présenté des pièces tirées de ses deux albums : Ogen, old Man (2014) et Solitudes (2016).
Matt Holubowski a tôt fait de nous absorber dans son monde teinté de rêve et de mélancolie. Tel qu’il l’a recommandé dans l’une de ses chaleureuses interventions, on a pu tout simplement rentrer dans notre bulle et nous laisser porter par son indie-folk-pop. Timides, quelques sonorités blues délavé ressortaient parfois dans une touche d’harmonica ou dans les effets de la guitare. L’ensemble était bien équilibré et bien exécuté.
Pour couronner le tout, la voix soul et indie de Matt Holubowski montrait tour à tour sa douceur et son amplitude. On l’a senti sortir parfois des sentiers battus, notamment dans ses quelques titres en français ou encore sur Wild Drums, et on aurait voulu sentir plus de pareils dérapages.
Soucy – Gibard [OFF]
Avant d’aller aux Hôtesses d’Hilaire, on a fait un détour par le Gibard pour écouter Soucy, une formation qui a beaucoup fait parler les festivaliers depuis sa première prestation dans le cadre du OFF du festival. Encore une fois, on n’était pas surpris de trouver le petit bar du bord de mer bondé de monde.
Les musiciens s’exécutaient malgré le bruit et ont livré une performance aussi travaillée que déjantée. Soucy, c’est d’abord un chanteur-diva au charisme sombre et déstabilisant. C’est ensuite ses trois acolytes tout aussi comédiens : deux choristes/danseurs et un claviériste, qui fait aussi office de tête de Turc lors des interventions foisonnantes du chanteur. Ensemble, avec leurs costumes, ils avaient vraiment des gueules de super vilains, ceux qu’on finit par apprécier plus que les héros !
La musique, quant à elle, semblait sortir tout droit d’une comédie musicale de style cabaret à la chicago. Paraît qu’ils ont aussi un set beaucoup plus dansant, mais on a dû s’esquiver avant la fin ! De quoi faire passer le fiel de leurs thèmes dérangeants avec un peu de miel-pop.
Les Hôtesses d’Hilaire – Site Belle Gueule
Vers minuit, nombreux sont les festivaliers qui ont convergé vers le Site Belle Gueule pour voir et entendre Les Hôtesses d’Hilaire (quoi de mieux pour fêter le Canada tous ensemble!?). Et malgré leur passage à Petite-Vallée la veille (sans compter le voyagement), les musiciens ont donné tout un spectacle. Avec les interventions et la robe de Serge Brideau, les chansons rock-prog comico-engagées néo-brunswickoises, les solos et parties instrumentales généreuses, le groupe a su tenir le public en haleine jusqu’à la toute fin.
L’effet a été presque immédiat. Dès la deuxième ou la troisième pièce on a sauté, on a dansé, on s’est poussés, on est tombés, on s’est fait relever, on s’est débattu joyeusement dans les mêlées au son des nombreux hits du groupe : MDMA, Super Chiac Baby, Machine à bière, Fais Faillite (pour laquelle les Deuxluxes sont remontés sur scène), Regarde-moi, et j’en passe.
Le groupe a aussi présenté une nouvelle pièce, qui figurera sur son prochain album. Tout aussi juteuse, tout aussi énergique (mais aussi country), Acadie fut une belle découverte. L’apothéose a eu lieu sur Hilaire à boire, qui s’est étirée encore et encore dans la partie instrumentale.
Les spectateurs en ont redemandé pour un ultime rappel. On a senti que le public était prêt à en prendre d’avantage, et que les Hôtesses auraient encore pu en donner, mais toute bonne chose ayant une fin il fallait laisser la place aux autres artistes. On gardera de cette soirée d’heureux souvenirs d’ivresse, et aussi une couple de vers d’oreille.
On dit que l’appétit vient en mangeant. Ainsi, après avoir goûté quelques nouveautés et revu quelques visages connus aux Alliances et aux chemins d’écriture vendredi dernier, on a poursuivi sur notre lancée en se promenant de scène en scène. Compte-rendu d’une soirée qui nous en a fait voir de toutes les couleurs.
Menoncle Jason – Site Belle Gueule
On a pu attraper quelques chansons de Menoncle Jason tandis qu’on transitait entre le Café du Fjord et l’Hôtel Tadoussac. Ceux qui aiment le country n’auront pas été déçus : chapeau de cowboy, lunettes de soleil et chemise de fermier étaient autant au rendez-vous que ces accents particuliers qui font du country ce qu’il est. Ajoutez à cela le charmant accent néobrunswickois du chanteur, et vous avez le portrait. Les mélodies qui s’inspiraient librement de l’univers country et pop-rock pigeaient autant du côté du Elvis tardif que du blues ou du calypso.
Sarah Toussaint-Léveillé – Salle Marie-Clarisse
Une salle comble attendait l’auteure-compositrice-interprète ainsi que ses trois musiciens dans le sous-sol de l’Hôtel Tadoussac. Sarah Toussaint-Léveillé s’est introduite avec une singulière anecdote d’accouchement, ce qui marquait le début de ses interactions rigolotes et on ne peut plus charmantes avec le public.
L’artiste s’est ensuite lancée dans Ta tempête, l’une des nombreuses pièces de La mort est un jardin sauvage qui furent interprétées ce soir-là. Cet album paru en février 2016 a été entièrement réarrangé par les trois musiciens qui l’accompagnaient : Jérémi Roy (contrebasse), Fany Fresard (violon) et Marianne Houle (violoncelle). Une version feutrée où dominaient les cordes, puisque Sarah Toussaint-Léveillée elle-même alternait principalement entre guitares acoustique et électrique.
Cela se prêtait très bien aux pièces très senties de l’artiste : on sentait qu’un véritable dialogue s’était établi entre sa voix feutrée et celle des cordes, qui suivaient jusqu’à ses plus infimes inflexions. L’expressivité des instruments et l’exactitude des musiciens ont vraiment rendu vivante l’âme de ces chansons aussi théâtrales, originales et poétiques que leur auteure.
En somme, s’il me faut nommer un moment fort de la journée (et Ludvig Germain Auclair seconde), je peux sans hésitation choisir la prestation de Sarah Toussaint-Léveillé. Ce fut envoûtant du début à la fin.
L’Osstidtour Par Ludvig Germain Auclair
La soirée funk-rap de l’Osstidtour a débuté avec KNLO en première partie, qui a alterné des prestations solo ou en tandem avec différents invités (Eman, Sandy, etc.). Brown constituait la seconde partie de cette soirée festive. Le trio intergénérationnel a donné une performance énergique et qui amalgamait les groove. La chimie évidente du rap arythmique et parfois absurde de KNLO avec le son old school de Brown faisait définitivement dans l’hétéroclite et le marginal, un son qui diffère d’un rap plus conventionnel.
La foule a su apprécier vivement la vibe émise par cette prestation ; beaucoup venaient d’aussi loin que Montréal pour l’Osstidtour et pour faire bouncer le sous-sol de l’église de Tadoussac. La finale avec tout Alaclair Ensemble, le groupe de post-rigodon emblématique, a permis une clôture enflammée par ledit public, plus que content de représenter le Bas-Canada tous ensemble en ces petites heures du 1er juillet. Ce dernier a surtout eu droit à des pièces tirées du récent opus LesFrères Cueilleurs, mais aussi à quelques classiques comme Capoté, Mammifères et même J’tanné d’attendre.
À surveiller – Dimanche 2 juillet 2017
Vous connaissez l’adage? L’avenir – et la bonne musique – appartiennent à ceux qui se lèvent tôt. Pour les courageux qui se rendront aux Dunes demain dès 10h (si la température le permet), ils auront la chance de voir La Bronze et Le Couleur comme ça ne se reverra sans doute jamais. Du disco et de l’électro en version acoustique, ça garantit un réveil électrisant!
Ensuite, en journée, c’est l’occasion de vous rattraper si vous n’avez pas déjà vu Sages comme des Sauvages et leur musique aux couleurs du monde, Wallace et leur chanson swing rock ou encore les mythique Hôtesses d’Hilaire, qui sauront mettre du piquant dans votre fin de soirée.
C’est aussi le soir où deux légendes se partageront les projecteurs: Daniel Bélanger fera vibrer les coeurs à l’Église à 22h et Gab Paquet ajoutera sa touche de yabadabadou au Gibard vers minuit.
Le visage changeant de la météo n’a pas découragé les spectateurs hier tandis que se déroulait la première journée complète de festivités. À travers la vaste sélection de possibilités musicales, on a choisi d’axer notre parcours autour de la découverte musicale. Compte-rendu des deux vitrines de découvertes du festival : les chemins d’écriture et les alliances d’Hydro-Québec. Si vous les avez manqués, tous ces artistes jouent à nouveau aujourd’hui.
Les Alliances : 13h à 17h à l’Espace pro
Les chemins d’écriture : 15h au Café du Fjord
Un autre article à paraître sur les spectacles de la soirée !
Les Alliances – Scène Hydro-Québec
Cette année, ecoutedonc.ca a eu la chance de présenter au public les cinq artistes qui se succédaient en après-midi sur la scène extérieure d’Hydro-Québec. Portant ensemble le nom de Les Alliances, les sets d’une quarantaine de minutes chacun nous ont permis un rapide tour d’horizon des différents univers de ces auteurs-compositeurs-interprètes. Bien installés dans nos chaises, on s’est laissé porter par cet air de découvertes.
13h – Émile Gruff
Déroutante un brin, authentique et chaleureuse. La musique d’Émile Gruff est à son image. Entre les pièces, il discute avec un public rapidement conquis, qui gardera d’ailleurs le sourire aux lèvres tout au long de la performance. Pendant qu’il joue, avec ses deux acolytes, il chante son quotidien (celui de ses enfants, de ses chums de gars) et sa guitare l’accompagne.
Tout était en place pour installer une ambiance décontractée, ce qui allait bien avec le petit soleil d’après-midi. Décidément, il n’y avait pas de meilleure façon de briser la glace ! Le chansonneur a terminé avec sa trilogie de Baie-Saint-Paul, un ensemble de pièces racontant son épopée de déménagements et qui ne manque pas moins d’humour que le reste de son répertoire.
14h – Laurence-Anne
Le ciel s’est assombri vers 14h et le vent a pris un fond frais. La pluie menaçait de tomber, mais finalement la météo n’a fait qu’aider la foule à se plonger dans l’univers plus sombre de Laurence-Anne. Accompagnée au clavier, à la voix et aux «machines» par Noémie De Lorimier, elle a égrené ses compositions électro-folk les unes après les autres.
Rapidement, on a pu saisir pourquoi elle qualifie sa musique de folk mystère : les champs lexicaux exploités entraient parfois dans le domaine de l’étrange tandis que les harmonies donnaient une teinte onirique à l’ensemble. Les notes graves dominaient à la guitare tandis que la voix vaporeuse de Laurence-Anne s’envolait vers les aigües.
15h – Samuele
Sous les premières gouttes de pluie Samuele a pris la relève. Elle n’avait pas peur de la pluie, pas plus que du monde qu’elle confronte le sourire aux lèvres. Avec le mordant qu’on lui connaît, elle a présenté les pièces de son premier long jeu sorti en avril dernier : Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent. Le contrebassiste Alex Pépin complétait le portrait tantôt en assurant le rythme, tantôt en complétant la mélodie à l’archet.
La prestation de l’auteure-compositrice-interprète a eu un effet électrifiant sur la foule, qui se laissait porter autant par son énergie débordante que par la force des mots qu’elle nous balançaient sous forme de slam, entre les pièces. En touchant à des sujets de son univers musical, ces poésies urbaines avaient de quoi renverser.
16h – Maxime Auguste
Maxime Auguste a pris la relève et l’atmosphère a encore été transformée. On s’est retrouvés au calme, au chaud malgré les nuages, comme autour d’un feu de camp. En formule réduite, il était accompagné par Philippe Caron Turbide au clavier et à la voix alors qu’ils se partageaient les percussions. Armé d’une guitare l’auteur-compositeur-interprète déballait ses chansons country-folk honnêtes aux textes à la fois ludiques et touchants.
Les interactions entre les musiciens et le public se sont aussi faites sous le signe de la bonhommie. Maxime Auguste présentait son univers, ses thèmes et ses chansons, qui revêtent toutes une couleur unique. Le public écoutait attentivement et son enthousiasme timide est vraiment ressorti lors de Mon équipe, alors que l’artiste nous a fait tous collaborer pour crier ensemble.
17h – Lydia Képinski
Le soleil est ressorti juste à temps pour la prestation de Lydia Képinski. Il a attiré avec lui un maximum de spectateurs, comblant les espaces derrières les chaises et les transats installés pour l’occasion. En formule trio, l’artiste a fait d’emblée s’envoler son électro-pop franco aux tranchants rock.
Plus que réjoui, le public a semblé être impressionné par la musique de Lydia Képinski. Ses arrangements travaillés ainsi que ses textes poétiques ont la particularité de sortir du lot dans un style qui est beaucoup exploité de nos jours. On ne peut pas comparer Lydia Képinski à quelqu’un d’autre : c’est ce qui fait la force de sa musique. Il faut aussi dire que sa reprise unique de Les temps fous a su lui gagner quelques admirateurs.
Même si on la connaît plutôt bien (allez chercher son nom dans notre site web, pour voir), on a eu la belle surprise d’un set où les chansons inédites dominaient. On a pu entendre ou réentendre des titres tels que Les routes indolores (qui ne me sort plus de la tête) ou encore Pie IX. Titres qui, on l’espère, sont le présage d’un éventuel album complet.
Les chemins d’écriture – Café du Fjord
La température ayant épargné Les Alliances, elle a cependant fait opérer ensuite une sorte de magie différente: c’est donc bien à l’abri dans le Café du Fjord, la pluie battant contre les vitres, qu’on a assisté à la performance conjointe des huit artistes émergents des chemins d’écriture.
Cette quinzième édition se faisait nouvellement dans le cadre de Destination chanson fleuve, un parcours qui réunissait déjà depuis près d’un mois les auteurs-compositeurs-interprètes dans différents ateliers et spectacles ayant lieu à Montréal, Québec, Tadoussac et à Petite-Vallée. Cela a sans doute contribué, avec l’aspect intimiste du café, à créer cette atmosphère chaleureuse qui régnait autant entre les artistes que dans le public.
Se succédant les uns aux autres, chaque fois largement encouragés par le public, les artistes ont présenté tantôt des compositions solo, tantôt des duos. Ils s’entraidaient, se passaient le micro et s’accompagnaient à divers instruments. On les sentait très soudés, comme nous l’expliquait leur présentateur. Les artistes nous ont ainsi respectivement fait plonger dans leurs mondes dans une panoplie de styles qui ratissaient bien large.
On a pu apprécier la poésie imagée et la guitare rythmée de Simon Daniel. Les compositions d’Étienne Fletcher nous transportaient loin sur la route ou dans nos souvenirs. Marie-Claudel Chenard (a.k.a. MCC) nous a impressionné avec sa voix claire, son jeu de guitare élaboré et son univers original. Rose Bouche brodait des envolées vocales travaillées sur fond de pop sentimentale. Les chansons légères de Boule nous racontaient l’été de Normandie et ses altercations avec les bouffeurs de pizza. La voix grave et traînante de Lou-Adriane Cassidy se mariait à la perfection à celle, vaporeuse, de Laura Babin. Il y avait aussi un dialogue entre leurs univers, chargé en émotions pour le premier et riche en poésie pour le second. On a retrouvé un Juste Robert heureux de partager son univers inexplicablement touchant avec de jeunes passionnés.
Bien rodés, les musiciens ont enchaîné le tout sans anicroche et le résultat d’ensemble s’est avéré impressionnant. Définitivement, la cuvée 2017 des chemins d’écriture était remarquable, et on se doute que la camaraderie entre les recrues y soit pour quelque chose.
Le Festival de la chanson de Tadoussac a lancé hier soir sa 34e édition sous le signe de la réjouissance. Spectacles intérieur comme extérieurs ont su faire danser les festivaliers jusqu’au petit matin. Suivez le parcours qu’a fait notre équipe en ce jour 1 et découvrez ce qu’on vous recommande pour la suite !
Les Cowboys Fringants – Scène Québecor
On avait enlevé presque tous les sièges au Presbytère de Tadoussac pour accueillir ce groupe qui n’a plus besoin de présentation. Les sept musiciens ont fait leur apparition sous les clameurs d’un public très nombreux, mais surtout enthousiaste. On était prêt pour une grosse soirée.
Les Cowboys ont livré d’emblée la marchandise en commençant avec des morceaux cultes tels que La Manifestation et La Reine. Exprimant à quelques reprises leur joie d’ouvrir pour le Festival de la chanson, ils l’ont maintes fois démontrée à travers leur énergie contagieuse et leur impressionnante intensité.
Avec un répertoire qui s’échelonne sur maintenant 20 ans et la renommée du groupe en sa terre natale, il n’est pas étonnant qu’un moment fort n’en ait pas attendu un autre. On peut notamment souligner l’énergie qui se dégageait de la foule pendant Ti-Cul (le parterre au complet sautait avec la même fougue que les musiciens). Les pièces comme Plus rien, pour leur part, savaient amener leur lot de frissons.
Après deux généreux sets, le groupe a terminé avec un triple rappel pendant lequel on a pu entendre la festive Le shack à Hector autant que la touchante Les étoiles filantes.
Samito – Site Belle Gueule
On s’est rapidement déplacés à l’auberge pour attraper le spectacle de Samito. En compagnie de ses trois musiciens, il a graduellement installé une ambiance chaleureuse et dansante avec ses rythmes exotiques.
Samito pouvait compter sur un bassiste et un batteur efficaces ainsi que sur les généreux solos de guitares de son autre acolyte. Passant de l’anglais à d’autres dialectes avec fluidité, le chanteur troquait aussi parfois son micro pour un synthétiseur le temps d’une envolée instrumentale. Tiku la hina s’est avérée être le moment fort de la soirée, la pièce ayant visiblement déjà fait son chemin jusqu’aux oreilles des spectateurs auparavant.
Résultat : une musique électro-pop qui amalgamait à parts égales les influences américaines et africaines. Tout pour plaire au public toujours grandissant et prêt à interagir avec le chanteur en dansant ou dans son jeu d’appel et réponse.
Carotté – Site Belle Gueule
Sur fond de bruits de scie, les six musiciens de Carotté sont arrivés dans leurs habits traditionnels trafiqués : ceinture fléchée, chemises carreautées et raquettes étaient au rendez-vous. Célébrant les racines québécoises en y mêlant de fortes tendances punk – ou c’est peut-être le contraire – le groupe réunit selon leurs dires des traditions qui partagent avant un goût prononcé pour la fête. Le tout a donc permis au public des cowboys de continuer sur leur lancée et de se bousculer joyeusement.
Ils ont farfouillé dans notre vaste répertoire pour en sortir en en trafiquer nombre de chansons à répondre, de thèmes qui nous sont chers («la bièèèère !», par exemple) et d’histoires de lac ou de chalet. Dans le fond musical, le trio guitare-basse-batterie rencontrait le banjo, le violon de violoneux et la planche à laver. De quoi donner envie de danser le rigodon en se pitchant partout !
À surveiller en ce vendredi 30 juin
Après une soirée qui nous a bien réchauffés pour la suite, place à une journée riche en découvertes. Entre 13h et 18h, on aura la chance de rencontrer les différents artistes participant au spectacle Les Alliances. Ce sera l’occasion de découvrir des artistes à surveiller tels que Laurence-Anne ou encore Maxime Auguste ou encore de retrouver quelques coups de cœur (on ne parle surtout pas de Lydia Képinski).
Ceux qui voudront poursuivre dans la découverte pourront enchaîner avec Les chemins d’écriture, spectacle de huit artistes émergents regroupés à Tadoussac dans le cadre d’une formation en écriture de chanson. Pour les amateurs de folklorique qui voudront pousser plus loin leur trip, il y aura dès 19h un projet éclaté regroupant chansons et contes traditionnels et portant le nom de Le Trésor d’Édouard Hovington.
La soirée offrira ensuite une panoplie de styles allant du country néo-brunzwickois (Menoncle Jason) au folk-pop (Sarah Toussaint-Léveillé) pour finir avec un véritable gros pâté (party) pendant lequel le rap québ de l’Osstidtour renversera le sous-sol de l’Église.